Jacques Duchemin des Cepeaux

Jacques Duchemin des Cepeaux

Jacques Duchemin des Cépeaux

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Jacques Duchemin des Cépeaux[1] (né le 27 mai 1784 - † mai 1858 Laval), historien (royaliste) de la Chouannerie et journaliste français.

Sommaire

Biographie

Origine

Fils d'Ambroise Duchemin de la Maisonneuve et d'Anne Foucault de la Morinière, Jacques Duchemin des Cépeaux, né en 1784, passa toute son enfance à Laval et partagea toutes les alarmes de sa famille pendant la Révolution française.

Révolution française

Son père était détenu comme suspect et l'enfant fut chargé, après qu'on lui eut soigneusement appris sa leçon, d'aller faire connaître aux prisonniers la levée d'armes de Jambe d'Argent et la victoire qu'il avait remportée à la Bodinière, au mois d'avril 1794. Il garda toujours une vive impression des évènements de la Révolution française à Laval ; la mort de Louis XVI avait consterné sa famille et frappé vivement sa jeune imagination.

Fonctionnaire

Il fit des études sommaires à Saint-Germain-en-Laye, dans le pensionnat de M. Mestro, 1799-1804. Son mariage en 1813 avec Julie Roche, veuve de Charles Frin-Cormeré, mère de deux enfants, ne le rendit pas heureux. Il n'était pas guerrier et accepta avec empressement la place de secrétaire général de l'administration des postes au royaume de Prusse que lui offrit son ami Henri Campan, auditeur au Conseil d'Etat. Cette mission dura du 28 mars au 8 novembre 1807. Le jeune fonctionnaire a laissé une relation inédite, écrite avec l'enjouement de la jeunesse qui n'exclut par les réflexions sérieuses, de son voyage en Allemagne. On le voit ensuite tenter l'étude de l'allemand, essayer une traduction de Werther, et commencer un roman resté inachevé : Mémoires d'un prisonnier, donner ça et là quelques lettres, deux ou trois pièces de vers, et raconter un voyage à la Trappe de Melleray.

Souvenirs de la Chouannerie

Vers 1820, il se mit à recueillir auprès des témoins survivants [2], les souvenirs de la chouannerie,. Il devint homme de lettres. Le manque de formation littéraire lui rendait très pénible le travail de la composition, et l'application soutenue lui était impossible. Il se mit néanmoins à l'oeuvre. Les mémoires écrits et les sources officielles lui manquaient. Les renseignements des hommes instruits furent insignifiants. Seuls les paysans, acteurs de la lutte, lui fournirent les éléments de son livre. Mais au prix de quels labeurs ! Comment tirer de ces récits diffus, sans suite, sans précision, exagérés, des données nettes ? Ce ne fut qu'en les confrontant et éliminant beaucoup. Je crois y être arrivé, dit-il avec satisfaction à la fin de son enquête.

Pour la plume novice du vieil auteur, c'était encore la tâche la plus pénible. Les encouragements d'ailleurs ne venaient pas. Les députés pourtant, surtout MM. de Bailly et Léon Le Clerc, lui obtinrent la promesse que le roi accepterait la dédicace de son ouvrage et que l'Imprimerie Royale s'en chargerait. Mais là, on voulut imposer des censeurs, des correcteurs, ce qui révolta sa susceptibilité. Installé dans une chambre d'hôtel à Paris pour rédiger et imprimer à la fois, il faillit succomber à la peine. A la 100ème page, il resta tout de bon malade et ne put aller qu'à la fin du premier volume sans se reposer tout à fait. Il obtint alors de présenter ce commencement de son ouvrage au roi, le 7 septembre, à Saint-Cloud.

Ecrivant pour lui-même et ses enfants, en 1835, après que la chute de Charles X eut justifié les critiques des légitimistes qui l'accusaient d'avoir méconnu ses vrais amis et les intérêts de sa propre cause, l'auteur ne se défend pas du malin plaisir de donner un tour comique au récit de cet évènement. Les scènes du jeune secrétaire du roi qui reçoit son projet de dédicace en mangeant des petits pâtés ; celles du dauphin battant du tambour sur sa botte, et de la dame de la dauphine qui ne peut faire son message, sont d'un caricaturiste. Du reste, M. Descépeaux ne manque pas non plus de nous conter ses mésaventures et de confesser sa petite vanité d'auteur et celà donne un style plaisant.

Publications

Il annonça la prochaine publication dans Les Affiches du 16 juillet 1825, sous le titre de Lettres de la Chouannerie. « Un accident imprévu et des circonstances indépendantes de la volonté de l'auteur » (cf. Affiches du 27 août 1825) firent retarder l'apparition du premier volume jusqu'au 5 septembre. La souscription ouverte à la Préfecture et dans les sous-préfectures avait réuni 82 adhérents, 175 au mois de septembre, parmi lesquels le Dauphin, les ducs de Berry, de Bourbon, les ministres, l'évêque du Mans, etc...

Le second volume ne donna pas lieu en janvier 1827 à une nouvelle présentation au roi, mais la dauphine fit savoir à l'auteur qu'elle avait lu deux fois de suite son premier ouvrage, et la duchesse de Berry lui fit demander par trois fois la suite de l'ouvrage. M. Tresvaux obtint, pour son ami, la croix de la Légion d'honneur, mais Joseph de Villèle ne voulut l'accorder que pour service srendus à la monarchie et non à l'écrivain des Lettres sur la Chouannerie. Pierre-Sébastien Laurentie et Félicité Robert de Lamennais furent les seuls à rendre compte sérieusement de son livre.

Le 20 janvier 1829, l'auteur annonce que le produit de la souscription sera distribué aux chouans pauvres et infirmes. Une contrefaçon fut publiée en Belgique. L'ouvrage fut tiré à 2 000 exemplaires ; il en restait 500 en 1835. L'auteur avait recueilli beaucoup de nouveaux détails, en avait publié le splus intéressants dans la Revue de Paris, le Rénovateur, etc, sous les titres : La dame de la Vendée, Un chef de canton, Le soldat Chouan, Une exécution militaire chez les Chouans.

Il préparait une seconde édition plus condensée, qui ne parut au mois de janvier 1853 en un seul volume intitulé Souvenirs de la Chouannerie [3]. Les Lettres ont été réimprimées par A. Goupil en 1896.

Avertissement

Une grande partie des biographies sur Jean Chouan repose sur l'ouvrage de Jacques Duchemin des Cépeaux, œuvre rédigée en 1825, à la demande de Charles X, œuvre partisane et comportant de nombreuses affirmations, parfois non-fondées ou non vérifiables. L'histoire de Jean Chouan comporte donc une part de légende.

Pour Léon de la Sicotière [4], Son livre est écrit avec une passion généreuse. Je dis passion, parce que c'est le mot que j'ai entendu employer pour le juger par des compatriotes de Duchemin, qui ne partageaient pas toutes ses opinions, mais qui ne pouvaient s'empêcher de rendre hommage à l'ardeur et à la loyauté de ses convictions, à la sincérité de ses récits. Ils lui reprochaient tout au plus, non pas d'avoir défiguré les faits ni les personnages, mais de les avoir quelque peu grossis et idéalisés.

Journaliste

En 1827, M. Descépeaux publia chez Feille-Grandpré à Laval : Relation du passage par Laval de S. A. Madame la Dauphine, le 16 septembre 1827 [5]. En 1825, il avait été nommé adjoint au maire de Laval. Il entra enfin dans le journalisme parisien : rédacteur en chef et co-propriétaire de la Quotidienne, 1829, rédacteur en chef du Courrier de l'Europe, janvier 1832, avec Laurentie, qui resta son ami, pour collaborateur. Il fut aussi rédacteur du Rénovateur.

Retour à Laval

En 1833, il rentra à Laval, et dans sa propriété aimée du Tertre de Nuillé-sur-Vicoin. Il voyagea d'ailleurs toujours beaucoup.

On le trouve à Laval : membre de la société d'archéologie, 1839 ; vice-président de la Société d'horticulture [6], 1846 ; président honoraire des Sociétés de l'industrie et d'horticulture de la Mayenne et membre de la commission de la bibliothèque, 1854.

En 1839, commencent ses Mémoires qu'il conduisit jusqu'en 1855. C'est un journal très personnel où les évènements n'ont presque pas de place. M. Descépeaux note chaque jour ses occupations, les visites faites ou reçues, l'état de sa santé pour s'en plaindre, ses voyages, ses jouissances littéraires ou artistiques. Il décrit les monuments de Paris, les musées, rend compte des pièces de théâtre ou des soirées musicales qu'il fréquente. Il se fait aussi le censeur de la société lavalloise. Quelques allusions seulement à ses travaux littéraires.

Une fugue qu'il appelle une escapade de jeune homme, le retient presque deux ans à Paris (1852-janvier 1854). Il s'y occupe à mettre la dernière main à ses Souvenirs sur la Chouannerie, 1er juin 1852.

C'est encore à Paris qu'il écrit le 12 janvier 1854 : J'ai fait marché avec Godbert pour imprimer un petit volume que j'intitule : Récits du pays du bocage. Il se compose d'une introduction à laquelle je travaille, de morceaux écrits à diverses époques et insérés dans les journaux et enfin de mon Séminariste si souvent retouché, abandonné et repris. Au mois de septembre 1854, l'ouvrage est publié [7].

En politique, il n'était pas pour les légitimistes ultra. Il ecrivait de ll'Indépendant de Charles Müller : Je désavoue tout à fait la marche et le ton de ce journal.

Sa vie qui n'avait pas été sans labeur, lui laissait pourtant une impression de vide. Il s'accusait de paresse, et exprimait son regret de ne s'être pas donné à des travaux sérieux. Décédé en mai 1858, ses obsèques eurent lieu à Laval le 15 mai 1858.

M. de Courtilloles d'Angleville a communiqué à l'abbé Angot les manuscrits laissés par l'auteur des Lettres sur la Chouannerie. Il a publié lui-même les pages qui se rapportent à la composition de son ouvrage et à la présentation du premier volume au roi [8].

Ambroisine-Anne-Antoinette Duchemin-Descépeaux, fille de M. Descépeaux, vicomtesse de Preaulx, et qui avait servi de secrétaire, tout enfant, à son père quand il recueillait le témoignage des survivants de la Chouannerie, est morte à Laval, âgé de 88 ans, le 27 février 1902.

Bibliographie

  • Lettres de la Chouannerie, 1825-1827, Paris, Imprimerie Royale, 2 vol. in-8 ;
  • Souvenirs de la Chouannerie, H. Godbert, imprimeur-libraire-éditeur, 25 rue de la Trinité, Laval, et Librairie E. Dentu, Palais-Royal, 13 galerie vitrée, Paris, 1855 ;
  • Récits du pays du bocage, 1855, de Jacques Duchemin des Cépeaux.

Voir aussi

Notes et références

  1. Orthographié Duchemin-Descepeaux par l'Abbé Angot (Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, tome II, p. 64). Mais ne pas confondre avec la Famille de Scépeaux.
  2. René Cottereau, Michel Morière, ...
  3. La seconde édition n'est donc pas « la reproduction presque littérale de la première ». Il y manque un certain nombre d'anecdotes et l'indication des anciens Chouans, des témoins oculaires dont l'auteur avait plus particulièrement consulté les souvenirs.
  4. La mort de Jean Chouan et sa prétendue postérité, Mamers, G. Fleury et A. Dangin, 1877, 38 p. [1]
  5. 19 p., in 8.
  6. Art auquel il consacrait ses loisirs en sa propriété du Tertre.
  7. Laval, 1855, in-12 de 408p.
  8. Bulletin, t. XXIV, p. 257-272.

Sources

« Jacques Duchemin des Cépeaux », dans Alphonse-Victor Angot, Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Goupil, 1900-1910 [détail de l’édition], t. II, p. 64 ; t. IV, p. 305-306.

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