Jean-Bernard de Pointis

Jean-Bernard de Pointis
Jean-Bernard Louis de Saint-Jean Baron de Pointis
Gravure représentant le baron de Poitis
Gravure représentant le baron de Poitis

Naissance 7 octobre 1645
en Vouvray
Décès 24 avril 1707 (à 62 ans)
à Champigny
Origine Royaume de France Royaume de France
Allégeance Royaume de France Royaume de France
Bandera de España 1701-1760.svg Royaume d'Espagne
Arme Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Grade Chef d'escadre des armées navales
Maréchal de camp des armées du roi Louis XIV
Lieutenant général d'Espagne
Années de service - 1705
Conflits Guerre de la Ligue d'Augsbourg
Guerre de succession d'Espagne
Faits d'armes Bombardement de Gênes
Expédition de Carthagène
Bataille navale de Vélez-Málaga
Bataille de Marbella
Distinctions Chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis
Autres fonctions Commissaire général de l'artillerie de la marine
Famille François Joseph de Saint-Jean, maréchal de camp

Jean-Bernard Louis de Saint-Jean[1], baron de Pointis, seigneur de Champigny-Chamussay et Sainte-Julitte, né à Vouvray en Touraine le 7 octobre 1645 et mort à Champigny le 24 avril 1707, est un officier de marine et corsaire français du XVIIe siècle. Formé par Duquesne et Tourville, il s'illustra par la prise de Carthagène, le 2 mai 1697. Il termine sa carrière avec le grade de chef d'escadre des armées navales.

Sommaire

Biographie

Origines et famille

Jean-Bernard de Saint-Jean, baron de Pointis descend d'une famille aristocratique venant du comté de Comminges en Ariège, dont l'origine remonte au XIIIe siècle[2]. La famille Saint-Jean de Poitis est confirmé dans sa noblesse en 1666, 1667, 1668 et 1669 par jugement des intendants des généralités de Guyenne, de Languedoc, de Toulouse et de Montauban[3]. Deux communes portent son nom : Pointis-Inard dans le canton de Saint-Gaudens et Pointis-de-Rivière, dans le canton de Barbazan.

Son père Hugues de Saint-Jean, le seigneur de Pointis, était sergent-major du régiment de Rambures et écuyer de Monseigneur d'Épernon. Sa mère, Marie de Morin, est la fille de Jean Morin, seigneur de la Turmelière, conseiller du roi, lieutenant-criminel au siège royal à Loches, dont il était maire[4].

Carrière dans la marine royale

Lutte contre les barbaresques en Méditerranée et Guerre de la Ligue d'Augsbourg

Entré jeune dans la Marine royale, il est lieutenant de vaisseau en 1677.

Dans les années 1680, il prend part à diverses expéditions sous les ordres de l'amiral Duquesne contre les barbaresques. Il se signale d'abord à l'attaque de Tripoli de Barbarie en 1681, et les deux années suivantes au bombardement d'Alger, au cours duquel il commande une galiote à bombes avec beaucoup de bravoure, et enfin lors de l'expédition punitive contre Gênes en 1684. D'Estrées ayant été envoyé contre Tripoli en 1685, Pointis a une nouvelle occasion d'augmenter sa réputation. Il brave le feu ennemi pour aller sonder l'entrée du port, ce qui facilite le rapprochement des vaisseaux français et l'établissement de nouvelles batteries. L'escadre part ensuite punir Tunis. il est nommé commissaire général de l'artillerie de la marine en 1687.

Pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg, il combat sous les ordres du maréchal de Tourville. Pendant la Bataille du cap Béveziers, le 10 juillet 1690, il commande un vaisseau de 66 canons dans l'avant-garde de l'armée de Tourville, qui inflige une défaite aux flottes combinées d'Angleterre et de Hollande, entre l'île de Wight et le cap Fréhel.

En 1691, sous les ordres de d'Estrées, il part combattre en Méditerranée. Le 22 juillet l'escadre arrive devant Alicante, et Pointis est chargé d'aller reconnaître la rade sous le feu de la ville. Il commande l'artillerie et déloge les ennemis de la place.

En 1693, à la création de l'ordre de Saint-Louis, il est reçu chevalier avec une pension de 1 500 livres, portée par la suite à 2 000 livres.

La prise de Carthagène des Indes

Le prise de Carthagène en 1697, le plus fameux exploit de Pointis.
Article détaillé : expédition de Carthagène.

Fin 1696, il appuie le projet de prendre l'établissement espagnol de Carthagène dans la mer des Antilles : l'entreprise avait paru si hardie que l'on avait beaucoup hésité à en adopter l'idée. Finalement, on lui confie dix vaisseaux, une corvette et plusieurs petits bâtiments emportant 2 800 hommes. Une compagnie de « capitalistes » prend en charge les frais de l'armement, à condition d'avoir sa part aux profits. Le 9 janvier 1697, Pointis part de Brest; le 1er mars il arrive à Saint-Domingue. Il y est rejoint par un corps de 650 flibustiers et de 400 volontaires Noirs affranchis, disposant d'une frégate et différents bâtiments augmentèrent ses forces, mis sur pieds par Jean-Baptiste du Casse, gouverneur de la colonie. Le 1er avril, la flotte met les voiles depuis le cap Tiburon et arrive devant Carthagène, le 12 du même mois. Le fort de Bocachica et d'autres postes qui défendaient l'approche de la place sont capturés. Pointis, blessé à la poitrine, est obligé de se faire porter le jour de l'assaut. Après plusieurs jours de bombardement, la ville capitule le 2 mai. Des ordres du roi prescrivent de garder la place et Ducasse en est nommé gouverneur. Mais bientôt, la maladie se propage au sein des troupes, les Français sont contraints de rembarquer, en ayant fait sauter les fortifications au préalable. Les richesses conquises lors de l'expédition sont évaluée à dix millions de livres[5]. Les flibustiers prétendent alors que la répartition du butin leur est défavorable et que leur part est inférieure à celle qu'on leur avait promis[6].

Lorsque l'escadre reprend la mer, le 1er juin, Pointis est si malade de la fièvre jaune qu'il est contraint de donner le commandement à un autre officier. Le flotte fait voile vers le cap Tiburon lorsqu'un aviso, expédié par l'intendant de la Martinique, prévient qu'une escadre anglaise de treize vaisseaux les attendait. Pointis, qui commençait à se rétablir, tient conseil, qui décide unanimement de déboucher par le canal de Bahama.

Malgré cela, les anglais sont en vue dans la nuit du 6 au 7 juin, fort de 29 bâtiments. Pointis ne dispose alors que sept vaisseaux et trois frégates, dont plus de la moitié des équipages sont malade. Malgré cette inégalité de forces, il n'hésite pas à se ranger en ordre de bataille. L'ennemi s'empare d'une flûte qui était à la dérive. Pointis, résolu de se défendre jusqu'au bout, force néanmoins les voiles, et par une manœuvre habile il parvient à échapper aux Anglais, qui se croyaient déjà maîtres des trésors, à la faveur du brouillard. Pendant le combat, ses vaisseaux s'étaient dispersés, et la prudence lui défendit de chercher à les rassembler. Il continue sa route vers l'Europe et fait une prise en chemin. Le 24 août il rencontre six vaisseaux anglais. Le combat dure quatre heures, mais il est interrompu par la nuit et Pointis parvient une nouvelle fois à s'échapper. Il arrive le 29 août à Brest, et ses vaisseaux rentrent les uns après les autres dans les ports de France.

L'expédition de Carthagène est le principal fait d'arme de Pointis, et sa campagne la plus célèbre. Ce raid est une totale réussite, il apporte à Pointis la fortune et lui gagne la faveur du roi Louis XIV[7].

Guerre de succession d'Espagne

Article détaillé : Guerre de succession d'Espagne.
Bataille navale de Vélez-Málaga, 24 août 1704

Pomu chef d'escadre de Languedoc en 1699[8], Pointis se voit confier la direction des corsaires de Dunkerque à la mort de Jean Bart en 1702, mais, sans grande expérience de la guerre de course et d'avantage habitué à la navigation en Méditerranée[9], il est bientôt remplacé par le chevalier de Saint-Pol.

Pendant la guerre de succession d'Espagne, il commande un vaisseau de l'armée navale du comte de Toulouse qui, le 24 août 1704, combat les Anglais au large de Malaga. Il est détaché avec dix vaisseaux, neuf frégates et 3 000 hommes de troupes de la marine pour soutenir le corps qui assiégeait Gibraltar, mais cette escadre, mal approvisionnée, est obligée d'aller se ravitailler à Cadix, en laissant cinq frégates dans la baie. Le 9 décembre, Pointis revient pour combattre les ennemis mais des vents contraires font échouer ses plans. Il parvient cependant à prendre trois bâtiments.

Attaque du rocher de Gibraltar par le chef d'escadre de Poinis, en 1705

Nommé maréchal de camp des armées du roi Louis XIV et lieutenant général d'Espagne il passe au service de Philippe d'Anjou, devenu roi d'Espagne. Il est envoyé malgré lui, en 1705, pour assiéger Gibraltar par mer. Il arrive sur la rade le 16 mars avec 13 vaisseaux. Le 18 mars, le gros temps éloigne huit vaisseaux, qui se réfugient à Malaga. Trois jours après, l'amiral Leake parait devant la place avec 35 vaisseaux. Pour ne pas sacrifier inutilement son monde, Pointis coupa ses câbles afin de s'éloigner. Les ennemis l’entourent : il se bat avec bravoure mais trois vaisseaux français sont emportés à l'abordage, le sien et un autre se fraient un chemin à travers la flotte anglaise et vont s'échouer sur la côte d'Espagne, où les capitaines les brûlent eux-mêmes après avoir coulé deux vaisseaux anglais et en avoir désemparé plusieurs. La bataille de Marbella est un échec, et Pointis se retire du service actif.

Épuisé, Pointis se retire et part habiter une maison de campagne à Champigny, près Paris. Il ne goûte pas longtemps au repos puisqu'il y décède le 24 avril 1707 à l'âge de 62 ans.

Postérité

« C'était, selon Charlevoix, qui ne l'aimait pas, un homme qui avait toute la valeur, l'expérience et l'habileté nécessaires pour se distinguer à la guerre, comme il a toujours fait. Il avait de la fermeté du commandement, du sang-froid et des ressources; il était capable de former un grand dessein et de ne rien épargner pour le faire réussir; mais il avait l'esprit un peu vain, et il a paru intéressé. »

Référence

  1. On trouve son nom parfois orthographié de la façon suivante: Desjean ou Desjeans. D'après les archives de la Marine, il semble que l'orthographe de Saint-Jean soit plus correcte. État sommaire des Archives de la marine antérieures à la révolution sur Google Livres, L. Baudoin, 1898, p. 687
  2. Annuaire de la noblesse de France, p. 212 et suiv.
  3. Henri Louis Duclos, p. 150
  4. Société archéologique de Touraine, 1855, p. 106
  5. Le gouverneur espagnol avait eu la précaution d'envoyer une partie des trésors dans l'intérieur des terres
  6. Sur les dix millions de livres de butin, Pointis, contre l'avis de Ducasse, leur fait remettre que 120 000 livres alors qu'ils en espérait un quart (soit deux millions et demi). Afin de prévenir tout soulèvement de la colonie, le Roi leur fait rendre 1 400 000 livres.
  7. Pour le remercier, le roi fait don à Pointis de mines de cuivre dans lesquelles se trouvaient des parcelles d'or et d'argent, près de l'abbaye Notre-Dame de Noyers, en 1694.
  8. Le texte de son brevet est reproduit dans l'Annuaire de la noblesse de France, p. 216.
  9. Patrick Villiers, p. 284

Sources et bibliographie

Liens externes


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