Jean-Eugène Robert-Houdin

Jean-Eugène Robert-Houdin
Jean-Eugène Robert-Houdin

Jean-Eugène Robert-Houdin, né à Blois le 7 décembre 1805 et mort à Saint-Gervais-la-Forêt le 13 juin 1871, est le plus célèbre illusionniste français du XIXe siècle, surnommé le « rénovateur de l'art magique ». Considéré comme l'un des plus grands illusionnistes et prestidigitateurs de tous les temps, à l'origine de presque tous les « grands trucs » de la magie actuelle, c'était aussi un grand constructeur d'automates.

Sommaire

Biographie

Né Jean-Eugène Robert à Blois, il allie plus tard à son patronyme le nom de sa femme, Cécile Églantine Houdin, pour ne pas brusquer sa famille. Il devient Robert-Houdin.

Après des études au collège d'Orléans, il se rend à Paris où il étudie l'horlogerie, l'électricité et la construction d'automates. Il dépose plusieurs brevets d'inventions. Il est le premier à perfectionner l'ampoule électrique à incandescence. Il répare entre autres le « Componium », ancêtre des robots musicaux. Ce travail lui apporte une notoriété certaine et, devenu horloger reconnu, il travaille pour la Maison Destouche. Il dépose en 1837 son premier brevet : un « réveil briquet ». Puis il crée des pendules mystérieuses dont le mécanisme est invisible, et enfin ses propres automates. Son « écrivain dessinateur », clou de l'Exposition nationale de 1844, est acheté par le célèbre Barnum et lui ouvre les portes du marchand Alphonse Giroux, pour qui il fabrique différents automates.

Il découvre l'illusionnisme dans le recueil d'un bonimenteur dénonçant le charlatanisme, le docteur Carlosbach[1], la science de l'escamotage, ancêtre de la prestidigitation. Remarié après la mort de sa première femme, il entame sa carrière de prestidigitateur.

Plaque commémorative, 11 rue de Valois à Paris, où avaient lieu les « Soirées fantastiques » de Robert-Houdin

Un collectionneur, le comte de L'Escalopier, devenu son ami, lui avance la somme nécessaire pour ouvrir un théâtre de magie à Paris. Le 3 juillet 1845 a lieu la première des « Soirées fantastiques de Robert-Houdin », 11 rue de Valois, au Palais-Royal. C'est le succès immédiat. Il y présente des automates magiques[2] tels que L'Oranger merveilleux, Le Pâtissier du Palais-Royal et Le Voltigeur au trapèze, ainsi que des expériences inédites comme La Bouteille inépuisable et La Suspension éthéréenne dont la conception et l'exécution envoient aux oubliettes le répertoire désormais désuet de ses prédécesseurs.

En quelques années Robert-Houdin fait fortune. Il laisse son théâtre, qui entre-temps s'était installé boulevard des Italiens, à son beau-frère Hamilton. Robert-Houdin retourne vivre à Saint-Gervais-la-Forêt près de Blois, dans une propriété, « Le Prieuré », dont il truque le jardin grâce à des commandes électromécaniques et des appareils qu'il a inventés pour surprendre ses visiteurs.

En 1888, le théâtre est vendu par ses héritiers à Georges Méliès, lui-même illusionniste, qui fonde l'Académie de prestidigitation en 1891. Georges Méliès suit ses traces en inventant les premiers trucages cinématographiques. Enfin, un certain Ehrich Weiss, connaîtra une célébrité mondiale sous son nom de scène, Harry Houdini, pseudonyme qu'il a adopté en hommage à Robert-Houdin.

Robert-Houdin s'intéresse à tout ce qui touche aux sciences et dépose de nombreux brevets. On lui doit les appareils permettant de mesurer les « touches » des escrimeurs, le taximètre, des appareils électromécaniques de contrôle à distance, certains instruments d’ophtalmologie.

Parallèlement, il publie ses mémoires et révèle ses procédés. Il publie aussi des articles pour La Grande Encyclopédie Larousse.

Éprouvé par le décès d'un de ses fils tué pendant la guerre de 1870, il s'éteint à Saint-Gervais-la-Forêt en 1871.

Mission en Algérie

François-Édouard de Neveu, chef du bureau politique à Alger, adjoint du général Randon, le tire de sa semi-retraite pour aller faire une tournée dans la colonie algérienne entre octobre et novembre 1856. Il a pour mission de montrer aux Algériens que les marabouts ne possèdent pas plus que lui de pouvoir inspiré de Dieu et qu'ils ne sont que des usurpateurs, de faux prophètes. Fomenteurs de révoltes dans les villages kabyles contre le colonisateur, les marabouts inquiétaient beaucoup le gouvernement français. Robert-Houdin raconte :

« Il fut convenu que je serais rendu à Alger pour le 27 septembre (1856), jour où devaient commencer les grandes fêtes que la capitale de l'Algérie offre annuellement aux Arabes. Je dois dire aussi que ce qui influença beaucoup ma détermination, ce fut de savoir que la mission [...] avait un caractère quasi politique. [...] On n'ignore pas que le grand nombre des révoltes [...] ont été suscitées par des intrigants qui se disent inspirés par le Prophète, et qui sont regardés par les Arabes comme des envoyés de Dieu sur la terre, pour les délivrer des [...] roumi (chrétiens). Or, ces faux-prophètes, ces saints marabouts qui, en résumé, ne sont pas plus sorciers que moi, et qui le sont encore moins, parviennent cependant à enflammer le fanatisme de leurs coreligionnaires à l'aide de tours de passe-passe [...][3]. »

Hommages

Statue à Blois devant la Maison de la magie

Publications

  • Confidences d'un prestidigitateur, une vie d'artiste, 2 vol., 1858 Texte en ligne sur Google Books : vol. 1 et vol. 2
  • Les Tricheries des Grecs dévoilées ; l'art de gagner à tous les jeux, 1861
  • Le Prieuré, organisations mystérieuses pour le confort et l'agrément d'une demeure (1867) Texte en ligne su Gallica
  • Note sur de nouveaux instruments propres à l'observation des divers organes de l'œil ainsi qu'à la manifestation des images entoptiques (1867)
  • Confidences et révélations, 1868. Réédition : Slatkine, Genève, 1980 Texte en ligne sur Gallica
  • Comment on devient sorcier : les secrets de la prestidigitation et de la magie, 1871
  • Magie et physique amusante, 1877

Bibliographie

  • Christian Fechner, La Magie de Robert-Houdin, une vie d'artiste, Boulogne : Éditions FCF, 2002, 2 vol. ; 2005, ISBN 9782907584050. 2 boitiers comprenant chacun 2 volumes.
Le quatrième volume contient des fac-similés des souvenirs des Soirées fantastiques dont la reproduction de deux modèles d'éventails, un DVD et un folioscope créé pour l'occasion sur les bases d'une série de photographies prises en studio par Disdéri. Ce folioscope a été finalisé d'après une idée ébauchée par Jean-Guy Fechner, frère cadet de Christian Fechner et ancien du groupe Les Charlots. Les ouvrages ont été mis en scène par Roger Faluci.
  • De nombreuses revues magiques françaises et étrangères ont consacré des numéros à Robert-Houdin, parmi lesquelles L'Illusionniste, Le Journal de la prestidigitation, Passez muscade, Magic, Genii, l'Escamoteur.

Films

Notes et références

  1. Jean-Eugène Robert-Houdin, Comment on devient sorcier. Une vie d'artiste. L'art de gagner à tous les jeux. Magie de physique amusante. Le prieuré, éditions Omnibus, 2006, p. 20 et suiv.
  2. Présentation des automates les plus célèbres de Robert-Houdin
  3. Jean-Eugène Robert-Houdin, op. cit., p. 383 et suiv.



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