Jean-Guy Talamoni

Jean-Guy Talamoni

Jean-Guy Talamoni, né le 6 mai 1960, à Saumur (Maine-et-Loire), est un homme politique corse se revendiquant du nationalisme corse. Il est militant du parti indépendantiste Corsica Libera et conseiller territorial à l’Assemblée de Corse (groupe « Corsica Libera »). Il est également conseiller municipal de Bastia (Haute-Corse) et membre du Conseil de la langue et de la culture corse. Il est avocat de profession. Il a publié plusieurs ouvrages, tant sur la politique dans l’île que sur la langue corse.

Sommaire

Enfance, famille, scolarité

Sa mère, Élisabeth Talamoni, née Ortega, aujourd’hui décédée, est née le 29 janvier 1938 au Maroc, d’une famille de nationalité française originaire d’Espagne. Son père, Antoine, est né le 30 mai 1934 au Maroc au sein d’une famille corse récemment arrivée de l’île. La mère d’Antoine, Marie-Claire Talamoni, née Alerini, est née le 29 avril 1910 à Pietra di Verde (Haute-Corse). Son père, Valentin, est né le 4 juillet 1903 à Vezzani (Haute-Corse). Les grands parents d’Antoine, tous originaires de Haute-Corse, sont nés à Pietra, Vezzani, Moita et Pietrosu.

Dans les années 1950, la famille Talamoni quitte le Maroc après y avoir passé une vingtaine d’années entrecoupée de séjours dans l’île. Tandis que le reste de la famille s'installe en Corse, Antoine se rend à Saumur avec son épouse Elisabeth, où il vient d’être muté comme instituteur, après avoir fait la guerre d'Algérie. C’est là que naîtra leur fils Jean-Guy. Quelques jours après cette naissance, le jeune couple et leur enfant s'installent définitivement en Corse, le père ayant obtenu une mutation à Morsiglia (Haute-Corse) pour la rentrée scolaire suivante. Par la suite, Antoine Talamoni enseignera dans différents établissements scolaires bastiais. Élisabeth ouvrira un commerce de librairie-papeterie dans le quartier de Toga, qu’elle exploitera pendant une vingtaine d’années. Le couple aura un second enfant, Charles-Éric, né le 12 mars 1965 à Bastia.

En ce qui le concerne, Jean-Guy effectuera toute sa scolarité à Bastia, de l’école maternelle au lycée. Il passe ses vacances dans le village de Pietra di Verde. Après son baccalauréat, il s’inscrira à la Faculté de droit de l’Université Aix-Marseille III à Aix-en-Provence, où il obtiendra sa maîtrise. Rentré à Bastia en 1985, il sera reçu à l’examen du DEA de Langue et civilisation corse. Le thème de son mémoire de DEA est l’étude d’un corpus de proverbes et locutions en usage à Pietra. Puis, il obtiendra le Certificat d’aptitude à la profession d’avocat. Il s’inscrira au Barreau de Bastia en 1988. Dès ses premiers mois d’exercice, il plaide dans des affaires politiques, notamment au « procès de Bordeaux » devant la cour d’assises spéciale (1988). Durant quelques années, il enseignera également à la Faculté de droit de l'Université de Corse Pascal-Paoli à Corte.

Sur le plan politique, la famille Talamoni est considérée comme plutôt de gauche, comptant en son sein plusieurs militants ou élus de cette sensibilité, notamment Charles Talamoni, maire de Pietrosu (Haute-Corse) dans les années 1970 et, à la même époque, Louis Talamoni, sénateur et maire de Champigny, ancien des FTP, vice-président du groupe communiste au Sénat. Les parents de Jean-Guy Talamoni votaient socialiste, avant le développement du mouvement régionaliste, puis autonomiste, dont ils furent assez tôt sympathisants.

Ses goûts : les masques africains, les livres anciens, les émissions d'histoire à la radio, la Catalogne, la peinture, les balades à vélo et les comédies musicales. L'un des ses auteurs préférés : Albert Memmi.Contrairement à une rumeur tenaçe , il n'est pas franc-maçon mais l'un des ses proches conseillers est un membre influent du Grand Orient de France.

Parcours

  • De la fin des années 1960 au début des années 70, suit ses parents aux réunions publiques de l’ARC, mouvement dirigé par les frères Simeoni.
  • Août 1975 : assiste, sous le chapiteau de l’ARC à Corti, au discours d’Edmond Simeoni annonçant les dramatiques événements d’Aléria.
  • 1976 : à 16 ans, adhésion à l’Unione di Liceani Corsi (ULC), syndicat lycéen s’inscrivant dans la "lutte de libération nationale".
  • De la fin des années 1970 auxannées 1980 : études de droit. Activités au sein du milieu étudiant corse d’Aix-en-Provence.
  • 1986 : D.E.A. de langue et civilisation corses à l’Université de Corti.
  • 1988 : prête serment, à Bastia, comme avocat ; première affaire politique avec le « Procès de Bordeaux », devant la Cour d’Assises spéciale. Activités au sein d’associations culturelles et de défense de l’environnement (lutte contre les incendies). Enseigne à la faculté de droit de l’Université de Corse.
  • 1988 : élu à l’exécutif de A Cuncolta Naziunalista, responsable de la commission « Droit et institutions ».
  • 1992 : élu à l’Assemblée de Corse sur la liste Corsica Nazione.
  • 1993 : accède au Conseil municipal de Bastia.
  • 1994 : élu Président du groupe Corsica Nazione à l’Assemblée de Corse. Il conduira dès lors les délégations nationalistes qui négocieront avec les différents ministres chargés des affaires corses, notamment Charles Pasqua, Jean-Louis Debré, Lionel Jospin, Daniel Vaillant et Nicolas Sarkozy.
  • 1994 : devient éditorialiste du journal « U Ribombu ».
  • 1994 : est l’un des fondateurs de la Federazione di i Travagliadori Indipendenti (FTI), syndicat de travailleurs indépendants.
  • Mars 1998, puis mars 1999 : conduit la liste Corsica Nazione aux élections de l’Assemblée de Corse (17% des suffrages et 8 élus en 1999, ce qui fait du groupe nationaliste le premier de l’opposition).
  • Courant 1999 : est l’un des animateurs du processus de réconciliation des nationalistes dit « du Fiumorbu », qui conduira au protocole de Migliacciaru de juillet 1999, dont il sera signataire.
  • Avril 1999 : élu président de la Commission des affaires européennes de l’Assemblée de Corse, qu’il dirigera jusqu’en 2004, entretenant, dans le cadre de ces fonctions, des relations régulières avec les autorités étrangères et communautaires.
  • Décembre 1999 : conduit la délégation nationaliste qui participe aux discussions, dans le cadre du processus dit « de Matignon », initié par Lionel Jospin.
  • Janvier 2000 : la Commission des affaires européennes de l’Assemblée de Corse, qu’il préside, publie un rapport intitulé « Une ambition européenne pour la Corse, environnement et identité au cœur du développement ». Ce projet, préfacé par l’économiste Alain Lipietz, sera présenté par les autorités corses à Paris et à Bruxelles au cours du processus de Matignon.
  • Mars 2001 : conduit la liste nationaliste aux élections municipales de Bastia.
  • Juillet 2001 : victime d’une tentative d’assassinat au colis piégé.
  • Novembre 2001 : publication d’un essai politique : « Ce que nous sommes » (DCL/Ramsay).
  • Mars 2004 : élu à nouveau à l’Assemblée de Corse, où il présidera le groupe nationaliste Unione Naziunale.
  • Avril 2004 : arrêté par le Raid le jour même de l’installation de la nouvelle Assemblée de Corse, dans le cadre d’une procédure antiterroriste. Après quatre jours de garde à vue et de graves affrontements à Bastia entre manifestants et policiers, il est remis en liberté.
  • Été 2004 : publication d’un ouvrage d’ethnolinguistique : « Dictionnaire commenté des expressions corses ».
  • Décembre 2004 : publication d’un livre d’entretien avec le journaliste politique Jacques Renucci : « Libertà ».
  • Avril 2005 : le parquet de Paris demande sa condamnation à trois ans de prison, dont deux fermes.
  • Mai 2005, relaxé par le tribunal correctionnel de Paris.
  • Juillet 2005 : Prix du livre corse pour son « Dictionnaire commenté des expressions corses ».
  • Janvier 2006 : création du mensuel « A Nazione », entièrement rédigé en langue corse.
  • Février 2006 : membre du « Cunsigliu di a lingua è di a cultura corsa », (Conseil de la langue et de la culture corse).
  • Mars 2010 : élu à nouveau à l’Assemblée de Corse, à la tête de la liste nationaliste de Corsica Libera.

Le procès de 2005

En avril 2004, Jean-Guy Talamoni est placé en garde à vue puis transféré à Paris dans le cadre d’une instruction correctionnelle. On l’accuse de s’être livré à une extorsion de fonds au préjudice de la société « Nouvelles Frontières » pour financer le journal nationaliste « U Ribombu ». Suite à une manifestation à Bastia et à de graves incidents, il est remis en liberté, mais la procédure suit son cours.

L’année suivante, il est traduit devant le tribunal correctionnel de Paris pour « Terrorisme : extorsion par violence, menace ou contrainte de signature, promesse, secret, fonds, valeur ou bien ». Le parquet demande sa condamnation à trois ans de prison, dont deux fermes.

Le 18 janvier 2005, par une conférence de presse tenue à Ajaccio, la Ligue des droits de l'homme apporte son soutien à Jean-Guy Talamoni, constatant que « les conditions d’un procès équitable sur la forme et sur le fond ne sont pas garanties ». La LDH annonce qu’elle sera « particulièrement vigilante sur le déroulement dudit procès » (Corse-Matin du 19 janvier 2005). Le 20 mai 2005, la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris « déclare Jean-Guy Talamoni non coupable et le relaxe des fins de la poursuite », précisant qu’ « aucun acte personnel, sous quelque forme que ce soit, ayant concouru aux faits d’extorsion de fonds n’est susceptible d’être imputé à Jean-Guy Talamoni. »

Œuvres

  • Ce que nous sommes, éditions DCL/Ramsay (2001).
  • Dictionnaire commenté des expressions corses, éditions DCL, Ajaccio (2004)
  • Libertà (entretiens avec Jacques Renucci), éditions DCL, Ajaccio (2005).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Sources

Notes et références



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