Jean-Marie Collot D'Herbois

Jean-Marie Collot D'Herbois

Jean-Marie Collot d'Herbois

Collot d'Herbois
Gravure d'Eugène Leguay d'après Jules Gaildrau.
Gravure d'Eugène Leguay d'après Jules Gaildrau.

Nom de naissance Jean-Marie Collot
Naissance 19 juin 1749
Paris
Décès 8 juin 1796 (à 46 ans)
Cayenne
Nationalité France France
Profession(s) Comédien, dramaturge, directeur de théâtre, Conventionnel

Jean-Marie Collot, dit Collot d'Herbois, né à Paris le 19 juin 1749 et mort à Cayenne en Guyane le 8 juin 1796, est un comédien, auteur dramatique, directeur de théâtre et député de Paris à la Convention nationale. Il vota la mort de Louis XVI.

Sommaire

Le comédien et dramaturge

Jean-Marie Collot est fils de Gabriel-Jacques Collot, un marchand-orfèvre parisien. On sait peu de chose sur ses premières années ; il semble toutefois que ses parents aient connu des difficultés financières, peut-être même une rupture.

À l'âge de 18 ans, il commença une carrière d'acteur, adoptant d'Herbois comme nom de scène. Il joua alors à travers la France et même l'Europe, de 1767 à 1784. Il se produisit notamment à Avignon, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Caen, Angers, Nancy, Marseille, Anvers, La Haye et enfin Lyon.

Collot arriva à Lyon en 1782 et y demeura deux ans. C'est à cet époque que s'insère l'épisode controversé des sifflets. Selon les témoignages du général Beurnonville et de Mme Jenny Chevalier, née Poirot, ancienne artiste, avec son mari, du théâtre de Lyon, précédé dans cette ville d'une détestable réputation, il y aurait été victime de déboires et d'échecs qui auraient suscité chez lui une rancune tenace[1]. Plusieurs auteurs contemporains, parmi lesquels Louis Marie Prudhomme[2] et Antoine François Bertrand de Molleville[3], affirment également que Collot d'Herbois, en tant que comédien, avait été régulièrement sifflé par le public lyonnais, ce qui, selon eux, aurait causé sa rancœur envers la population de la ville et inspiré la violence de ses actions à Lyon durant la Révolution. En revanche, d'après le témoignage de l'abbé Guillon de Montléon, écrivain royaliste par ailleurs très critique à l'égard de Collot, qui se trouvait à Lyon à l'époque, il ne reçut jamais « une pareille mortification », se comportait avec dignité, était reçu dans le monde et figura dans les fêtes organisées par l'intendant Flesselles[4],[5],[6].

Il fut engagé comme auteur dramatique et directeur du Théâtre de Genève, où, acteur le mieux payé, il touchait 6 000 livres[7]. De retour à Lyon en 1787, il y dirigea le théâtre avant d'obtenir une place à Genève le 22 février 1789[8].

Depuis 1772, il écrivait des pièces, qu'il signait de son patronyme accolé à son nom de scène : Collot d'Herbois. Certaines de ses pièces, comme Lucie ou les parents imprudents, drame en 5 actes et en prose créé le 14 mars 1772 et imprimé par Chappuis, un libraire bordelais[9], ou le Paysan magistrat, comédie en 5 actes et en prose imitée de Calderón, jouée à Bordeaux en 1781 et à Paris, au Théâtre Français, à partir du 7 décembre 1789[10], connurent un certain succès. Il cessa toutefois d'écrire lorsqu'il prit un emploi de direction, vraisemblablement assez lourd.

Avant avoir dirigé le théâtre de Genève, il rentra à Paris en 1789, s'installant au village de Chaillot.

Le révolutionnaire

La carrière politique de Collot d'Herbois commença avec sa participation au Club des Jacobins. Il s'illustra en participant au printemps 1791 à la défense des Suisses de Châteauvieux, accusés de mutinerie. Son renom s'accrut après son intervention en leur faveur et leur libération, obtenue grâce à ses efforts, son déplacement jusqu'à Brest pour les y chercher, le banquet citoyen qui célébra l'événement, furent à l'origine de l'un des rares poèmes publiés de son vivant par André Chénier. À l'automne 1791, il remporta un concours organisé par les Jacobins pour publier un almanach destiné à expliquer, en des termes aisément compréhensibles, les avantages de la monarchie constitutionnelle. C'est l'Almanach du Père Gérard, qui remporte un succès de diffusion certain et lui confère une grande popularité parmi le peuple parisien.

Ses opinions devinrent alors de plus en plus radicales, le portant à l'« extrême gauche » de l'opinion publique parisienne. Très populaire chez les Jacobins et chez les Cordeliers, il occupa peut-être un poste Commune insurrectionnelle et dans la journée du 10 août 1792. Président de l'assemblée électorale parisienne, il fut élu député de Paris à la Convention nationale, le 3e sur 14 avec 553 voix sur 573 votants, et siégea sur les bancs de la Montagne.

L'un des tous premiers à exiger l'abolition de la monarchie, il était en mission à Nice pendant le procès de Louis XVI. De retour pour le jugement, il vota pour la mort sans sursis. Opposé à la Gironde, il remplit encore plusieurs missions dans le Loiret, dans l'Oise et dans l'Aisne et présida l'assemblée du 13 au 27 juin 1793.

Collot d'Herbois en mission

Le 18 novembre 1792, Collot est envoyé avec Lasource et Guilloteau de Fonteany dans le pays de Nice, tout juste rattaché à la France, pour y enquêter sur les troubles qui avaient suivi l'arrivée des troupes françaises.[11] Il rendre en urgence à Paris pour voter la condamnation du roi en janvier 1793.

Il est ensuite envoyé dans la Nièvre et le Loiret avec Laplanche pour la levée des 300 000 hommes (mars à mai 1793) puis dans l'Oise avec Isoré pour s'occuper du ravitaillement de Paris (août à septembre 1793).[12]

C'est cependant sa mission à Lyon, après la chute de l'insurrection fédéraliste, qui est la plus célèbre.

Son rôle sous la Terreur

Partisan de la Terreur, il entra au Comité de salut public le 6 septembre 1793 en même temps que Billaud-Varenne.

Envoyé en mission à l'automne 1793, il commanda avec Fouché, Albitte et Laporte les représailles contre la révolte fédéraliste à Lyon. Ils y établirent un comité de démolition, en même temps qu'une commission révolutionnaire et un comité de séquestre. Les remparts et plus de deux cents maisons de Lyon furent démolis. La Terreur régna dans la ville, où la commission de justice multiplia les condamnations à mort. Le canon et la fusillade furent même temporairement préférés à la guillotine, jugée trop lente : « Collot d'Herbois a commis des atrocités à Lyon, écrit le général Gourgaud (Mémoires, I, 384-385), on ne conçoit pas comment il a pu faire fusiller cinq à six mille individus, et certes, dans une pareille ville, l'exécution de cinquante à soixante meneurs eût été au-delà du nécessaire. » Il a été au centre de l'affaire dite des « chemises rouges », suite à un mystérieux attentat par son voisin de palier (Henri Admirat) contre sa personne. Ce qui était une affaire de jalousie amoureuse a été présenté comme un complot de l'étranger contre la représentation nationale et Admirat fut exécuté, vêtu de la chemise rouge des assassins et empoisonneurs[13], avec Cécile Renault et cinquante trois soi-disant complices, le 29 prairial an II.

Cependant, dans les comités, la tension était de plus en plus vive : d'après Barras, particulièrement bien informé, Collot d'Herbois frappa Robespierre au cours d'une discussion très vive, conduisant ce dernier à s'éloigner dorénavant du Comité de salut public où il était en minorité depuis des mois: « Si la tyrannie méthodique, si la terreur organisée avaient un siège quelque part, écrivit Charles Nodier, c'était dans les comités de gouvernement depuis longtemps déjà désertés par Robespierre »[14]. Collot d'Herbois, comme Fouché, n'ignorait pas que Robespierre était parfaitement informé par Couthon, à qui ils avaient succédé à Lyon, des pillages et détournements dont la rumeur les accusait. Dubois-Crancé avait lui aussi témoigné en leur défaveur ; et à Collot et Fouché, inquiets, s'agrégèrent peu à peu un certain nombre de représentants à mauvaise conscience. Des listes de noms circulaient, et on disait que prochainement des accusations très graves seraient lancées par Robespierre et Saint-Just contre certains membres de la Convention.

Le 9-Thermidor, Collot d'Herbois présidait la Convention nationale et, avec Billaud-Varenne, Tallien et Fréron, il fut un des artisans du décret d'arrestation contre les deux Robespierre, Saint-Just, Le Bas et Couthon. C'est peut-être à lui que Robespierre lança cette célèbre apostrophe : « Me donneras-tu la parole, président d'assassins ? ».

Après Thermidor, Jean-Marie Collot-d'Herbois fut mis en accusation avec d'autres membres du Comité de salut public et du Comité de sûreté générale, sur dénonciation, notamment, de Lecointre. Il est décrété d'arrestation puis condamné à la déportation en Guyane en vertu du décret du 12 germinal an III (1er avril 1795), et il fut embarqué en même temps que Billaud-Varenne le 7 prairial an III (26 mai 1795) ; Barère et Vadier, également condamnés, ne furent pas déportés. Il mourut d'une fièvre à l'hôpital de Cayenne le 20 prairial an IV (8 juin 1796).

Quelques-unes de ses œuvres

  • Le Bénéfice
  • Le Bon Angevin ou l'Hommage du cœur
  • La Famille patriote
  • Lucie ou les Parents imprudents
  • Le Paysan magistrat
  • Socrate
  • Le Vrai généreux ou les Bons mariages
  • L'almanach du Père Gérard (Paris, 1791). Nouvelle édition sous le titre Etrennes aux amis de la Constitution française, ou entretiens du Père Gérard avec ses concitoyens (Paris, 1792)

Notes

  1. Bibl. Nat; manuscrits, Papiers du général Beurnonville qui recueillit à Berlin le témoignage de Mme Chevalier, première cantatrice du théâtre de Saint-Pétersbourg.
  2. Louis Marie Prudhomme, Histoire générale et impartiale des erreurs, des fautes et des crimes commis pendant la révolution française, à dater du 24 août 1787, 1796, P. XLIII du préliminaire, note 1.
  3. Antoine François Bertrand de Molleville, Histoire de la Révolution de France pendant les dernières années du règne de Louis XVI, Guiguet, 1803
  4. Aimé Guillon de Montléon (né à Lyon le 24 mars 1758, mort à Paris le 12 février 1842, premier conservateur à la Bibliothèque Mazarine), Mémoires de l'abbé Guillon de Montléon, tome II, chapitre XVI, pp. 332-333, cité par Louis Blanc, Histoire de la révolution française, tome X, 1858, p. 162.
  5. Selon Alphonse Balleydier, dans son Histoire politique et militaire du peuple de Lyon pendant la Révolution française, 1789-1795, Paris, L. Curmer, 1846, tome II, p. 227, « son talent de comédien était même exceptionnel et apprécié au point que de Flesselles, intendant du roi à Lyon, l'avait admis dans ses salons, séduit qu'il était par le mérite de l'artiste autant que par des vers élogieux qu'il lui avait adressés ».
  6. Dans Le théâtre à Lyon au XVIIIe siècle, 1879, 130 pages, Emmanuel Vingtrinier signale, p. 101, que « c'était l'acteur adulé des Lyonnais ».
  7. Genève-Lyon art et architecture au fil du Rhône, Georg, Revue Geneva, 1997, p.  27 (ISBN 2825705934).
  8. Annales révolutionnaires, Société des études robespierristes, E. Leroux, 1908, tome 1, p. 665.
  9. Henri Lagrave, « La Saison 1772-1773 au Théâtre de Bordeaux: étude du répertoire » dans Yves Giraud (dir.), La Vie théâtrale dans les provinces du Midi: actes du IIe colloque de Grasse, 1976, Gunter Narr Verlag, 1980, 259 pages, p.  218 (ISBN 387808885X), cite un extrait de la préface de Collot: « Le public a paru goûter cette pièce, et l'a vue plusieurs fois avec plaisir ».
  10. Georges Duval, Henri Marchal, Histoire de la littérature révolutionnaire, E. Dentu, 1879, 422 pages, p.  220; Jean-Chrétien Ferdinand Hoefer (dir.), Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, Firmin Didot frères, 1854, tome 8, p. 171.
  11. Michel Biard, Missionnaires de la République, p. 40.
  12. op. cit. p. 483.
  13. article 4, titre Ier, 1re partie, Code pénal de 1791
  14. Voir Charles Nodier, Souvenirs, 1831, p.189; Albert Mathiez, « la division dans les comités à la veille de Thermidor », Annales révolutionnaires, 1915, p. 70 ; Georges Lefebvre, « La rivalité des comités de salut public et de sûreté générale », Revue historique, 1935

Références

  • Michel Biard, Collot d'Herbois : légendes noires et Révolution, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1995. ISBN 2-7297-0512-0
  • Adolphe Robert, Gaston Cougny (dir.), Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, Paris, Bourloton, 1889, tome II, p. 155-156

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