Jean-Pierre Vigier (physicien)

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Jean-Pierre Vigier, né le 16 janvier 1920 et mort le 4 mars 2004, est un physicien français. Résistant, communiste, puis en rupture avec le Parti communiste français, il a été un des acteurs des événements de Mai 1968 en France.

La physique et la politique ont dominé la vie de Vigier. Son approche philosophique a toujours été matérialiste.

Il a participé à la fondation du CEA avant d'entrer au CNRS, étant en désaccord avec le projet de bombe atomique française.

Sommaire

Engagements politiques

Jean-Pierre Vigier adhérait en octobre 1940 au Parti communiste français[1]. Il a vingt ans et ne tardait pas à entrer dans la Résistance dans les maquis Francs-Tireurs et Partisans (FTP) de Haute-Savoie. Devenu membre de l'état-major national des FTP puis aux FFI il intégrait l'Armée française sous le commandement du général De Lattre de Tassigny, comme officier de l'état-major chargé des armements à l'inspection de l'armée de terre. Il quittait l'armée pour ne pas servir en Indochine. Cela puis son engagement contre la "deuxième guerre du Vietnam", lui valut la reconnaissance des dirigeants vietnamiens. Il fut un ami d'Hô Chi Minh qui le considérait comme « un libérateur du Vietnam » ; il était fier de ce passé de « baroudeur pour des idées »[2]. Le physicien travaillait ensuite auprès de Joliot-Curie, au Commissariat à l'énergie atomique (CEA), qui venait d'être créé. Joliot y aurait négocié son détachement[3]. Il quittait le CEA pour devenir un des assistants de Louis de Broglie au Centre national de la recherche scientifique (Voir plus loin cette notice).

Militant à la Fédération mondiale des travailleurs scientifiques, il s'impliquait plus directement au PCF après avoir passé en 1955 sa thèse de Physique. Il intervenait par deux fois à la tribune des Congrès de ce parti. En 1956, lors du XIVe Congrès, délégué de la fédération de Paris, il axait son intervention sur la nécessaire intervention du parti en tant que vecteur du matérialisme dans les disciplines scientifiques[4] En 1959, après être intervenu à la tribune du XVe du Congrès[5], il est élu, membre du Comité central de du Parti communiste français[6] . Lié par ses activités militantes contre la Guerre d'Algérie aux jeunes de l'Union des étudiants communistes (en 1960, Jean-Pierre Vigier intervient lors du 4{{e]}} Congrès de cette organisation en tant que représentant du Comité central du PCF[7]et à deux de ses dirigeants Philippe Robrieux et Serge Depaquit, et par son statut d'intellectuel, proche de Laurent Casanova, il est éliminé du Comité central deux ans plus tard, en 1961, lors de l'affaire Casanova-Servin, dans la même "charrette" que Jean Pronteau, Maurice Kriegel-Valrimont. Il participe ensuite activement aux mobilisations contre l'intervention américaine au Vietnam, en participant au Tribunal Russel, pour lequel il se rend au Nord-Vietnam afin de témoigner sur les crimes de guerre américains, puis en militant aux Comités Vietnam animés par des militants se situant à gauche du Parti communiste. Au plan international il soutient les mouvements anti-impérialistes qui se retrouvent dans la Conférence Tricontinentale puis dans l'Organisation latino-américaine de solidarité (OLAS) soutenues par Fidel Castro depuis La Havane[8].

En mai 1968, prenant parti pour les groupuscules "gauchistes", il assume la responsabilité de directeur gérant du journal Action, journal des Comités d'action regroupant l'UNEF, les comités d'action lycéens, le Mouvement du 22 mars et le SNESUP[9]. Cela lui vaut d'être exclu du Parti communiste. Associé à André Barjonet, démissionnaire de la CGT, à Gilbert Mury, adepte du Maoïsme, à Alain Geismar, et au leader de la Jeunesse communiste révolutionnaire, Alain Krivine, il signe fin mai des appels à créer un mouvement révolutionnaire, qui coordinerait les Comités d'action locaux[10] Le nom de Jean-Pierre Vigier ne semble plus apparaître après les événements de Mai-Juin 1968, dans la chronique politique française.

Recherches scientifiques

Jean-Pierre Vigier avait obtenu son doctorat en mathématiques de l'Université de Genève en 1946[11]. Après une courte période au CEA avec Frédéric Joliot-Curie, il était nommé assistant au laboratoire de Louis de Broglie (prix Nobel en 1929 pour la découverte de la nature ondulatoire des particules), au CNRS. Maître de recherches après sa thèse il tint ce poste jusqu'à sa retraite en 1982.

En fait, Einstein voulait que le jeune Vigier[12] soit son assistant, mais compte tenu des positions politiques de Vigier et le début de la guerre froide, il n'était pas possible pour lui d'obtenir un visa pour aller travailler avec Einstein à l'Université de Princeton.

Il est l'auteur de plus de 200 articles scientifiques, a co-écrit et publié un grand nombre d'ouvrages. Sa théorie du potentiel quantique permet de comprendre de quelle façon les particules communiquent entre elles, même si le potentiel ne comporte pas d’énergie.


Son engagement marxiste a influé sur ses recherches par un parti pris matérialiste et déterministe qu'il partageait avec Albert Einstein contre l'indéterminisme de la mécanique quantique. Jusqu'à son dernier jour il a pris parti pour Einstein contre Niels Bohr dans l'interprétation du Paradoxe EPR et cherché à imaginer des solutions restaurant le déterminisme. Pour les mêmes raisons d'athéisme il s'opposait à la théorie du Big Bang.

Notes et références

  1. Selon son témoignage, recueilli par Bernard Brillant en 1999. Cf Bernard Brillant, Les clercs de 68 (Bibliographie), page 349. Les détails suivants proviennent de cette source
  2. Selon Jean-Claude Pecker, dans la notice biographique que celui-ci publie dans le journal Le Monde, le 8 mai 2004.
  3. Michel Pinault, Frédéric Joliot-Curie, éditions Odile Jacob, Paris, 2000, page 348. Mais cet auteur cite Vigier, avec lequel il a eu un entretien, comme détaché du Ministère de l'Air.
  4. Cahiers du Communisme, N° spécial 14e Congrès, Le Havre, 18-21 juillet 1956. Pages 237-243.
  5. Cahiers du communisme, numéro spécial 15e Congrès, Ivry, 24-28 juin 1959, pages 280-290
  6. Philippe Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, tome 4, chronologie, p. 738, 767.
  7. Clarté, N° 32, p. 2, compte-rendu du Congrès "Nous avons quatre ans".
  8. Bernard Brillant, op. cit.
  9. Action, numéro 2, 13 mai 1968 : le nom de Jean-Pierre Vigier est le seul qui apparaisse dans le journal.
  10. Bernard Brillant, op. cit. p. 382, 385.
  11. Selon son biographe britannique Stanley Jeffers, cf lien externe
  12. Stanley Jeffers, déjà cité.

Bibliographie

  • Bernard Brillant, Les clercs de 68, édition Presses universitaires de France (PUF), Paris, 2003 <ISBN 2 13 053949 1>

Liens externes


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