Jean Gadrey

Jean Gadrey

Jean Gadrey, né en 1943, est un économiste français spécialiste des services. Il est professeur émérite à l'Université de Lille I[1]. Critique de la théorie économique néo-classique dominante en sciences économiques et du « néolibéralisme », il se consacre, depuis quelques années, à des recherches sur les indicateurs de richesse et les limites de la croissance économique. Il est notamment membre du Conseil scientifique de l'organisation altermondialiste Attac. Outre ses articles et livres scientifiques, il a publié de nombreux articles dans des revues de vulgarisation comme Alternatives économiques, ou dans les journaux Le Monde et Politis.

Sommaire

Travaux théoriques

Jean Gadrey est un spécialiste reconnu des services en France. Il a été pendant dix ans président de la commission « Commerces-services » du CNIS qui définit les grandes orientations des statistiques menées dans ce domaine. Il est en particulier l'auteur d'un « Repères » sur la socio-économie des services, d'un livre sur le mythe de la Nouvelle économie et d'un chapitre critiquant l'idée reçue selon laquelle « Il faut développer les petits emplois de service à faible productivité, comme le font les Américains »[2].

Jean Gadrey a réalisé au début des années 2000 une série de travaux critiques sur les indicateurs de richesse. Il a en particulier critiqué les aspects jugés absurdes de l'indicateur économique dominant qu'est actuellement le Produit intérieur brut, par exemple dans le livre collectif écrit en anglais et rassemblant des textes d'économistes critiquant le néoliberalisme (voir le mouvement Post-Autistic Economics). Sur ce thème, il a réalisé et publié récemment de nombreux travaux en collaboration avec sa collègue Florence Jany-Catrice[3].

Quand le président Nicolas Sarkozy a proposé le 8 janvier 2008 de mettre en place une commission présidée par le prix Nobel Joseph Stiglitz afin de développer une « réflexion sur les moyens d'échapper à une approche trop quantitative, trop comptable de la mesure de nos performances collectives » et d'élaborer de nouveaux indicateurs de richesse, Jean Gadrey a commencé par dénoncer les ambiguïtés de ce projet[4]. Mais, ayant obtenu des assurances quant à l'indépendance de ces travaux et à leur ouverture vers les contributions de la société civile, il a finalement accepté la proposition de Jean-Paul Fitoussi de collaborer aux travaux de cette commission en compagnie de quatre prix Nobel et d'une vingtaine d'autres économistes[5].

Activités militantes

Jean Gadrey a été membre du comité des 12 économistes pour le non au projet de Traité constitutionnel[6] et a animé de nombreuses conférences sur le sujet[7]. Il a notamment écrit à ce propos l'article « Conditions de travail, fonds structurels, services publics : Le virage néo-libéral des années 1990 en Europe » : après une critique largement documentée, il reprend dans l'annexe le projet d'une Europe sociale à construire[8].

Il a participé à l'amélioration et à la diffusion de l'indicateur des inégalités en France dit BIP 40 (contraction de l'inverse du sigle PIB et du CAC40) et est toujours membre du comité de rédaction du site qui en assure la diffusion[9]. Plus généralement, il privilégie dans ses analyses la dénonciation du développement des inégalités, aussi bien dans de nombreux articles de Alternatives économiques ou de Politis que dans son livre de 2006 sur "la fin des inégalités" ou dans l'ouvrage collectif dont il a coordonné la rédaction en 2005-2006 dans un groupe du Conseil scientifique de ATTAC.

Jean Gadrey remet en cause la religion de la croissance, laquelle met selon lui gravement en danger la planète du fait de ses effets sur l'environnement, sans augmenter de manière notable le bien-être à partir d'un certain niveau de richesse matérielle par habitant. Bien que critiquant par plusieurs aspects les thèses de la décroissance, il recommande une vision alternative à l'idéologie économiste répandue qui considère la croissance comme le moyen obligé du plein-emploi et comme un objectif incontournable[10].

Ayant accepté, malgré ses fortes réticences initiales, de participer à la commission Stiglitz chargée de réfléchir aux meilleurs indicateurs de bien-être, Jean Gadrey a lancé avec quelques amis dont Florence Jany-Catrice, Dominique Méda et Patrick Viveret un groupe de réflexion chargé de socialiser la réflexion alternative sur ce sujet. Ce groupe s'est intitulé Forum pour d'autres indicateurs de richesse (ou FAIR, acronyme en forme de clin d'œil qui signifie juste ou équitable en anglais)[11]. Il se réunit parallèlement à la Commission Stiglitz et a vocation à impulser le débat collectif sur le problème de la mesure, et donc de la définition, du progrès. Parmi ses premières manifestations, il faut noter la réunion à l'Assemblée nationale d'une "rencontre" ayant pour titre "Enjeux démocratiques d’une nouvelle approche de la richesse : de nouveaux indicateurs, oui, mais comment et pour quoi faire ?"[12].

Voir aussi

Bibliographie

  • 1979 : Nouveau cours d'économie politique, Tome 1, Editions Cujas, réédition en 1988.
  • 1981 : La Théorie économique libérale ou néo-classique.
  • 1984 : Nouveau cours d'économie politique, Tome 2, Editions Cujas.
  • 1987 : Les enjeux de la société de service avec Jean-Claude Delaunay, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques.
  • 1988 : Relations de service, marchés de services avec Jacques de Bandt, CNRS Editions.
  • 1992 : L'économie des services, éditions La Découverte.
  • 1996 : Services : la productivité en question, éditions Desclée De Brouwer.
  • 1998 : France, Japon, États-Unis : L'emploi en détail. Essai de socio-économique comparative, éditions PUF.
  • 2001 : Nouvelle économie, nouveau mythe ? ; suivi de Que reste-t-il de la nouvelle économie ? Paris, éditions Flammarion, (ISBN 2-08-080023-X).
  • 2002 : Manager Le Conseil, édition Ediscience.
  • 2002 : Émergence d'un modèle du service avec Philippe Zarifian.
  • 2003 : Socio-économie des services, éditions La Découverte.
  • 2005 : Les Nouveaux Indicateurs de richesse, avec Florence Jany-Catrice, éditions La Découverte[13]. Réédition actualisée en 2007.
  • 2006 : Pauvreté et inégalités : Ces créatures du néolibéralisme (direction de l'ouvrage), Fayard-Les éditions des mille et une nuits, 2006.
  • 2006 : En finir avec les inégalités, éditions Mango Littérature.
  • 2010 : Adieu la croissance, bien vivre dans un monde solidaire, éditions Alternatives Economiques & Les petits matins.

Liens externes

Notes et références


Wikimedia Foundation. 2010.

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