Jean Gaspard Vence

Jean Gaspard Vence

Jean Gaspard Vence né à Marseille en 1747, mort à Tonnerre en 1808 fut corsaire, contre amiral sous la Révolution et préfet maritime de Toulon.

Biographie

Une formation alternant commerce et marine du roi

Il s'embarque à 15 ans au commerce à Bayonne. Il sert ensuite un moment sur le vaisseau de guerre le Protecteur, fait de solides études de mathématiques, puis retourne naviguer au commerce. Il parcourt les côtes d'Afrique sur l'Auguste mais fait naufrage.

Corsaire et officier du roi pendant la guerre d'Amérique

Il sert d'abord comme capitaine corsaire sur le chebeck La Victoire battant pavillon américain et participe notamment à la prise de la Dominique. Il est alors considéré comme un corsaire redoutable et effectue nombre de prises. Il sert ensuite comme lieutenent de frégate sur le Languedoc de l'amiral d'Estaing avec lequel il se lie d'amitié. Il contribue à la prise de la Grenade à ses côtés. Il navigue ensuite sur différents bâtiments en Méditerranée mais fait naufrage près de Cadix, est revueilli par les Anglais qui le conduisent à Lisbonne. Il sert de nouveau auprès de d'Estaing sur le Terrible.

A la paix, il demeure à la Grenade comme capitaine de port pendant 4 ans. Il est mêlé à une sombre histoire de détournement de matériel entreposé et fortement accusé. Il passe en jugement en 1788, bénéficie de l'indulgence de la cour mais sans être clairement blanchi, aussi cette affaire le rendra toujours suspect aux autorités maritimes officielles dans la suite de sa carrière.

Contre amiral sous la Révolution

Revenu en France, il est promu capitaine de vaisseau en 1792 et finalement lavé de toutes les accusations anciennes portées contre lui à la Grenade. Il commande le vaisseau l'Heureux à Toulon, puis, nommé contre-amiral en novembre 1793 lorsque le Comité de Salut Public souhaite promouvoir des marins roturiers expérimentés pour combler les vides laissés par l'émigration massive des cadres de l'ancien "Grand Corps" des officiers de marine. Sur le Duquesne et avec une petite division, il se rend au Levant puis à Tunis pour prendre livraison d'une importante commande de blé alors que la France est en pleine famine. Son retour tarde et il est accusé de trahison; en fait, il connaît des difficultés avec le bey qui refuse d'exécuter la commande. Pléville le Pelley (Georges-René Pléville Le Pelley) est envoyé à Tunis pour le destituer et le remplacer; mais constatant la bonne foi et les efforts de Vence pour obtenir la livraison, il le confirme dans son commandement et revient à Paris plaider sa cause.

Finalement, Vence rejoint Toulon avec un convoi de 80 voiles et, le 2 avril 1794, force le blocus de trois vaisseaux anglais avec le seul Duquesne et la corvette la Fauvette, à la grande admiration des toulonnais qui l'accueillent en héros.

Quelques temps plus tard, il escorte un convoi au long des côtes atlantiques à destination de Brest mais, attaqué par l'escadre de l'amiral Cornwallis, il doit chercher refuge à Belle Île. L'escadre de Brest fait voile dans le but de lui porter secours: cette sortie sera un désastre connue sous le nom de "combat de Groix" lors duquel nombre de vaisseaux français s'enfuient piteusement.

Il commande en second à Brest aux côtés de Villaret-Joyeuse en 1796. Il s'oppose au projet d'expédition de Hoche à destination de l'Irlande compte tenu de l'état lamentable des vaisseau de l'escadre, du manque dramatique d'équipages aguerris et de la quasi absence de réserves de vivres. Lorsque Villaret est remplacé par Morard de Galles, Bouvet (François Joseph Bouvet de Précourt) succède à Vence. Deux mois plus tard, l'expédition sera une pantalonnade lamentable.

Après le coup d'état du 18 Fructidor, Vence est nommé commandant des armes à Toulon; en cette capacité, il participe activement à la préparation de l'escadre de Brueys qui conduit l'expédition d'Egypte. Le Consulat le nomme préfet maritime, toujours à Toulon, dès la création de cette institution. Toutefois, insuffisamment courtisan, Vence est rapidement en froid avec le ministre Denis Decrès qui le met à la retraite en 1803.

Vence se retire près de Chablis où il cultive la vigne jusqu'à sa mort en 1808.

Bilan

Malgré les conflits qu'il eut avec fonctionnaires et politiques, Vence fut respecté par ses pairs et supérieurs comme en témoigne le soutien sans faille qu'il reçu de l'amiral d'Estaing comme de Pléville le Pelley. Ceci, tant pour ses solides compétences de marin, que pour sa droiture et sa loyauté. Acquis à la Révolution mais ayant été formé sous l'Ancien-Régime, Vence fut beaucoup plus "marin" que "politique", ce qui n'était pas toujours une garantie de promotion et d'honneurs en ces temps troublés.

Jean Gaspard Vence était franc-maçon, noté comme "Second Expert" et comme "chevalier Rose-Croix" dans les états de la Loge La Douce Union à la Grenade en 1785; il fut aussi membre de la Loge Les Amis Réunis d'Auxerre à partir de 1804.

Sources

• Jean Marc Van Hille, Les vicissitudes d'un marin provençal, le contre-amiral Jean Gaspard Vence, Éditions du Service Historique de la Marine, Paris 1998.

• Georges Six, Dictionnaire biographique des généraux et amiraux de la Révolution et de l'Empire, Georges Saffroy éditeurs, Paris 1934.

• Georges Fleury, Le Corsaire Pléville le Pelley, Flammarion 2000.

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