Jean Moréas

Jean Moréas
Jean Moréas.
Portrait par Antonio de La Gandara.

Ioánnis A. Papadiamantópoulos (en grec : Ιωάννης Α. Παπαδιαμαντόπουλος), dit Jean Moréas, né à Athènes le 15 avril 1856 et mort à Saint-Mandé (Seine) le 30 avril 1910, est un poète symboliste grec d'expression française.

Sommaire

Biographie

Issu d'une famille distinguée d'Athènes,[1],[2] fils de magistrat, Jean Moréas reçoit une éducation française et vient à Paris en 1875 pour y faire ses études de droit. Il y fréquente les cercles littéraires, notamment les Hydropathes. Il rentre brièvement en Grèce avant de revenir se fixer à Paris vers 1880.

Il publie dans Lutèce et Le Chat noir et fait paraître ses premiers recueils poétiques, Les Syrtes en 1884 et Cantilènes en 1886. D'inspiration verlainienne, ces deux recueils pourraient se rattacher au mouvement décadent si leur auteur ne récusait celui-ci pour revendiquer l'étiquette « symboliste ». Il rejette en effet l'ésotérisme de la poésie décadente ainsi que l'ambiguïté de l'épithète et note que « la critique, puisque sa manie d'étiquetage est incurable, pourrait les appeler plus justement des symbolistes ».

Il développe cette conception dans le « Manifeste littéraire » qu'il publie dans le supplément littéraire du Figaro du 18 septembre 1886, qui fonde le mouvement symboliste en rompant tant avec le décadentisme qu'avec le Parnasse. Le 1er octobre 1886, Jean Moréas fonde en outre une revue, Le Symboliste, avec Paul Adam et Gustave Kahn.

Soyez symboliste.
Composition par Paul Gauguin pour La Plume avec le portrait de Jean Moréas (1891).

Selon lui, « la poésie symboliste : cherche à vêtir l'Idée d'une forme sensible qui, néanmoins, ne serait pas son but à elle-même, mais qui, tout en servant à exprimer l'Idée, demeurerait sujette, » ce qui suppose « un style archétype et complexe : d'impollués vocables, la période qui s'arcboute alternant avec la période aux défaillances ondulées, les pléonasmes significatifs, les mystérieuses ellipses, l'anacoluthe en suspens, tout trope hardi et multiforme. »

Moréas cherche à passer de la théorie à la pratique avec Les Demoiselles Goubert (1886), écrit en collaboration avec Paul Adam, grand roman symboliste qui connaît un échec complet. Le recueil de poésie Le Pèlerin passionné (1891) suscite une indifférence polie. L'auteur y prend déjà ses distances avec les influences germaniques et scandinaves sensibles dans une partie de l'inspiration symboliste.

Approfondissant cette esthétique, il se détourne du symbolisme pour fonder en 1892 l'école romane, qui veut rompre avec l’hermétisme et opposer à l'obscurité et aux brumes du nord la lumière du monde gréco-latin. Son recueil le plus célèbre, Stances (1899), illustre cette nouvelle ambition avec plus de bonheur que les œuvres antérieures, dans une langue d'une pureté classique qui rappelle André Chénier.

« L'Investiture »

Nous longerons la grille du parc,
À l'heure où la Grande Ourse décline ;
Et tu porteras - car je le veux -
Parmi les bandeaux de tes cheveux
La fleur nommée asphodèle.

Tes yeux regarderont mes yeux ;
À l'heure où la grande Ourse décline. -
Et mes yeux auront la couleur
De la fleur nommée asphodèle.

Tes yeux regarderont mes yeux,
Et vacillera tout ton être,
Comme le mythique rocher
Vacillait, dit-on, au toucher
De la fleur nommée asphodèle.

Le Pèlerin passionné (1891)

Œuvres

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  • Les Syrtes (1884)
  • Cantilènes (1886)
  • Le Pèlerin passionné (1891)
  • Stances (1893)
  • Contes de la vieille France (1904)
  • En rêvant sur un album de dessins (1911)

Références

  1. Robert A. Jouanny, Moréas, écrivain grec, ch. II "Histoire d'une Famille", Lettres Modernes Minard, Athènes, 1975, p. 51-53
  2. Ernest Raynaud "Jean Moreas: L'Homme: sa vie intime" en Jean Moréas et les "Stances'", Paris (1929), pp.11-12[1];

Bibliographie

Envoi de Jean Moréas
  • Jean de Gourmont, Jean Moréas, Paris, 1905
  • R. Georgin, Jean Moréas, Paris, 1930
  • J. Weber, Jean Moréas u. die französische Tradition, Nuremberg, 1934
  • A. Embiricos, Les étapes de Jean Moréas, Lausanne, 1948
  • R. Niklaus, Jean Moréas, a critique of his poetry and philosophy, La Haye, 1967
  • Robert Jouanny, Moréas, écrivain français, Paris, Lettres modernes, 1969
  • Robert A. Jouanny, Moréas, écrivain grec, Lettres Modernes Minard, Athènes, 1975

Liens externes


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