Jean Petitot (peintre)

Jean Petitot (peintre)
Jean Petitot
Portait de Jean Petitot

Naissance 12 juillet 1607
Genève
Décès 3 avril 1691
Vevey
Nationalité Coat of Arms of Geneva.svg Genève
Activité(s) Peintre en émail
Maître Pierre Bordier
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Jean Petitot I, dit « le Raphaël de la peinture en émail », né à Genève le 12 juillet 1607 et mort à Vevey le 3 avril 1691, est un peintre en émail genevois.

Le peintre en émail Pierre Bordier, dans l’atelier de joaillerie duquel le père de Jean Petitot, le sculpteur et architecte Saül Petitot, l’avait placé en apprentissage reconnut tant d’intelligence dans son jeune apprenti qu’il lui conseilla de s’adonner à la peinture. Petitot ayant profité de ses conseils, il s’ensuivit, entre le maître et l’élève, une étroite liaison qui dura autant que leur vie, sans que jamais la moindre jalousie ni le moindre refroidissement vinssent en relâcher les nœuds.

S’étant associés pour leurs travaux, leurs premiers essais furent bien accueillis. Dans le portrait, ils se partageaient la tâche : Petitot peignant les têtes et les mains où l’on exige plus de fini et Bordier se réservant les cheveux, les draperies et les fonds. L’élève avait fini par surpasser le maître qui reconnaissait ce fait sans amertume et sans envie. Dans l’intention de se perfectionner dans leur art, Bordier et Petitot se rendirent en Italie, d’où, après un séjour de quelques années dans ce pays, ils passèrent en Angleterre. Ayant retrouvé à Londres leur compatriote Théodore Turquet de Mayerne, ce dernier, qui était encore meilleur chimiste que bon médecin, les aida de ses conseils, et avec son secours ils firent, pour la préparation de leurs émaux, de précieuses découvertes ; leurs couleurs surpassaient en éclat tout ce que Venise et Limoges avaient jamais produit de plus beau.

Charles Ier, qui favorisait les arts, sut apprécier le talent de Petitot et il le créa chevalier et lui donna un logement à Whitehall. Il aimait à le voir travailler dans son atelier. Les principaux personnages de la Cour tinrent à honneur d’être peints par lui. On cite comme son chef-d’œuvre le portrait qu’il fit, en 1642, d’après Van Dyck, qui fut un de ses patrons auprès du monarque, de Rachel de Ruvigny, comtesse de Southampton.

Les troubles de la Révolution forcèrent Petitot à se retirer en France où sa réputation n’était pas sans l’avoir précédé. Aimant à entourer son trône de tout ce que les arts et dans les lettres comptaient d’éminent, Louis XIV donna à Petitot le titre de peintre du roi et le logea aux galeries du Louvre. Pendant la période de 36 ans qu’il vécut en France, Petitot exécuta un nombre considérable de travaux. Le musée du Louvre possède de lui une collection de cinquante-six portraits. Il ne s’occupa pas seulement de portraits, mais fut chargé par le roi de copier les tableaux de Mignard et de Le Brun.

À la suite du mariage que Petitot contracta, en 1651, avec Marguerite Cuper, mariage par lequel il devint le beau-frère de Bordier, les deux artistes rompirent aimablement leur association. La fortune qu’ils eurent à se partager s’élevait à plus d’un million, état prospère qui témoigne de leur vie laborieuse et réglée, car leurs prix étaient extrêmement modérés. Ayant perdu sa première femme, Petitot se remaria avec Magdelaine Bordier, nièce de son ami, et fille de Jacques Bordier, agent depuis 1664 de la république de Genève à Paris. Ces deux femmes lui donnèrent 17 enfants. En 1684, son beau-père étant mort, Petitot le remplaça dans son poste, sans renoncer à son titre de peintre du roi. Après la révocation de l’édit de Nantes, il sollicita la permission de se retirer dans sa patrie, mais on la lui refusa, Louis XIV trouvant bien étrange « qu’il voulût être le seul de son royaume qui fût exempté, ce que les longues années de son séjour en France ne pouvaient permettre ».

Comme il insistait pour quitter la France au lieu de se faire catholique, on l’arrêta et on l’emprisonna au For-l'Évêque, où Bossuet en personne lui fut envoyé pour tâcher de le persuader d’abjurer le calvinisme. La rigueur des moyens employés ne pouvant qu’ajouter à la force des arguments n’empêcha pas le prélat d’échouer. Pour vaincre son opiniâtreté, on l’enferma alors dans un couvent où il fut tenu au secret. Ces nouveaux moyens de persuasion eurent tout l’effet qu’on en attendait. Tant d’émotions avaient conduit le malheureux vieillard octogénaire aux portes du tombeau. Sous la date de Paris, 31 mai 1686, Mme Petitot écrivait à MM. du Petit-Conseil de Genève, que son mari avait été contraint « de signer comme les autres pour sortir de l’affreux lieu où il avait été un mois sans voir personne de sa famille ; » elle espérait « qu’avec le temps le Roi, voyant l’obéissance qu’il avait eue pour ses ordres, ferait quelque considération de la demande qu’ils avaient eu la bonté de lui faire d’un pauvre homme qui ne se consolera jamais d’avoir été contraint par les accès de fièvre qu’il a eus dans le couvent (appréhendant d’y demeurer) d’y faire ce qu’il a fait, en déclarant que ce n’étoit que par force. » On lit dans les Notes extraites des Registres du Consistoire par Cramer, sous la date du 22 mars 1687 : « Advisé de se contenter de la voie particulière à son égard, parce qu’il conste qu’il n’a point été à la messe. »

Désormais il n’y avait plus lieu à rigueur, l’« hérétique » était converti ; le monarque usa donc d’« indulgence » envers son vieux serviteur et permit enfin de sortir du couvent à Petitot, qui, dès qu’il eut recouvré sa liberté, n’eut plus qu’une pensée, celle de fuir un pays où les caprices d’un despote faisaient l’unique loi de l’État. Après bien des dangers, il réussit à regagner son pays natal avec une partie de sa famille en 1687. Dans une lettre adressée au Petit-Conseil, Petitot s’excuse de sa prétendue abjuration sur le refus du roi de lui permettre de sortir du royaume, refus qui l’avait « porté, dit-il, à la résolution de sortir d’entre les mains des personnes chez lesquelles on l’аvait relégué, pour revenir en sa famille, et avec elle chercher le pardon d’en haut et les consolations, et le moyen d’y vivre éloigné de ce qui s’oppose à la pureté du Christianisme. » Les enfants de Petitot restés à Paris allèrent implorer le pardon de leur père en se jetant aux pieds du roi qui eut la magnanimité de le leur accorder en disant qu’il pardonnait à un vieillard qui avait voulu être enseveli auprès de ses pères.

Petitot, de son côté, sembla renaître à la vie. Il se sentait rajeuni et reprit ses travaux avec ardeur. Le portrait qu’il fit alors du roi et de la reine de Pologne, est, dit-on, comparable à tout ce qu’il avait fait de mieux. Il travaillait à un portrait de sa femme, lorsqu’une attaque d’apoplexie l’enleva, à Vevey où il s’était retiré, dans la 84e année de son âge. Aucun de ses nombreux enfants ne s’est fait connaître. François, l’un d’eux, l’accompagna dans sa fuite à Genève avec ses sœurs. Un autre de ses fils, qui se livrait également à la peinture sur émail, alla s’établir à Londres.

Dézallier d’Argenville, dans ses Vies des plus fameux peintres, appelle Petitot « le Raphaël de la peinture en émail ». Celui-ci porta en effet son art à un haut degré de perfection, et laissa bien loin derrière lui tous ceux qui l’avaient précédé. « Si Petitot, dit Rigaud, ne fut point, à proprement parler, l’inventeur de ce genre[1] il perfectionna tellement l’emploi des couleurs, et porta l’exécution de ses ouvrages à un tel degré de mérite, que la première place lui est assignée par les contemporains, et que la postérité la lui a maintenue. – Ses émaux supportent l’examen aux plus fortes loupes, sans que l’effet général y perde rien ; aussi sont-ils regardés comme des ouvrages inimitables. » Cependant toute chose a son revers. Au jugement de Louis Dussieux, « Petitot avait donné au portrait en émail une perfection extrême, mais en même temps il avait porté à la peinture sur émail un coup funeste. En effet, en se livrant exclusivement au genre du portrait, il entrainait avec lui tous les autres émailleurs à ne plus faire que des portraits : c’est peut-être là une des causes réelles de la chute de la grande peinture sur émail et de la manufacture de Limoges[2]. »

L’Angleterre et la France possèdent les principales productions de Petitot. On ne cite de lui au musée de Genève que la Tente de Darius, d’après Le Brun, beau morceau qui n’est pas entièrement achevé. On voit dans ce même Musée un portrait de Petitot que l’on attribue au peintre Mignard.

Notes

  1. La peinture en émail, dû à Jean Toutin.
  2. Recherches sur l'histoire de la peinture sur émail dans les temps anciens et modernes, et spécialement en France, Paris, Leleux, 1841.

Bibliographie

  • Thierry Crépin-Leblond, Les Émaux peints du musée Condé à Chantilly, Le musée Condé, n° 56, octobre 1999, p. 2-7.

Sources

  • E. Haag, La France protestante, t. VIII, Paris, Joël Cherbuliez, 1858, p. 211-3.

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