Jerrican

Jerrican
Des jerricans.

Un jerrican (emprunt linguistique à l'anglais « jerrycan ») est un bidon pour carburant.

Sommaire

Histoire

En 1936, c'est en secret que les ingénieurs de la firme Müller de Schwelm (sous la direction de l'ingénieur en chef Vinzenz Grünvogel) développent un bidon de conception révolutionnaire déstiné à donner l'autonomie opérationnelle indispensable aux Panzerdivisionen. Il est baptisé WermachtKanister. Soigneusement dissimulés aux regards des observateurs étranger lors de l'annexion de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie, ces récipients n’apparurent en nombre qu'en 1940, au cours des opérations de Norvège où les alliés en saisirent quelques exemplaires.

En 1939, deux ingénieurs, l'un allemand, l'autre américain - Paul Pleiss - décident d’effectuer un périple en Inde avec une voiture modifiée par leurs soins. L’Allemand, ayant accès au Wehrmachtskanister de l’aéroport de Tempelhof, en vole trois exemplaires pour équiper la voiture. Bien que le voyage se déroule sans problème pour Pleiss et son compagnon, et qu'ils aient déjà franchi 11 frontières, le vol des bidons est découvert. Göring dépêche immédiatement un avion pour récupérer l’ingénieur allemand, qui est accusé de trahison pour avoir dévoilé à Pleiss les secrets de fabrication du bidon.

Pleiss, comprenant que si les Allemands étaient à ce point pressés de rapatrier son ami, c'est qu'ils tenaient par dessus tout à garder le secret sur l’existence de ces récipients, se rendit à Calcutta, mit son véhicule en dépôt et prit l'avion pour les États-Unis. Aussitôt arrivé, il prend contact avec les autorités militaires américaines et leurs explique ce qu'il sait, y compris la réaction brutale des Allemands, mais sans parvenir à éveiller leur intérêt. Il fait ensuite rapatrier son véhicule et montre aux militaires à quoi ressemble le WermarchtKanister. Pour finir l'armée américaine consentit à utiliser les informations fournies par Pleiss mais ne conserva que la taille du récipient, modifiant presque tout le reste et obtenant au final une copie bien inférieure au modèle, le [[5-gallon steel military gasoline can], désigné par la référence MIL-C-1283D.

Les Britanniques, en 1940, n'étaient pas en position de faire les difficiles ; ayant compris à leurs dépens qu'une armée moderne aurait besoin d'une grande quantité de solides nourrices pour abreuver ses chars et ses camions, ils décidèrent donc de copier exactement le modèle allemand. Au cours d'un séjour à Londres, Paul Pleiss leurs dévoila tout ce qu'il savait sur le sujet et leur fit envoyer l'un des trois exemplaires en sa possession. C'est ainsi qu'au cours des opérations de la guerre du désert, puis jusqu'à la fin du conflit, britanniques et allemands ravitaillèrent leur véhicules avec les mêmes bidons, les uns marqués « Wermarcht », les autres siglés « WD » et marqués de la broad arrow. C'est aussi durant les opérations en Afrique, puis en Russie, que se révéla la nécessité de fabriquer des exemplaires réservés au transport d'eau, potable ou destinée au refroidissement des moteurs. Pour les différencier, les Allemands y emboutirent l'inscription Wasser assortie d'une large croix verticale blanche, les Anglais inscrivant simplement un « W » blanc.

Les « tommies » n'ayant jamais oublié à qui l'ont devait la paternité de l'objet, lui donnèrent le surnom qui lui est resté, « Jerry can », soit littéralement « bidon fritz ». Les Italiens aussi copièrent l'original, puis les Russes, puis les Suisses, puis les Français (qui firent même fabriquer des modèles réservés au transport de vin) et toutes les armées européennes, tant et si bien qu'aujourd'hui on peut trouver, par exemple, des bidons de surplus de l'armée suisse arborant des marquages de fabrication anglais. Aujourd'hui, la majorité des armées à travers le monde utilisent ce même conteneur à carburant pour équiper leurs véhicules. Les Américains, quant à eux, préférèrent conserver leur modèle de 5 gallons (18,92 litres) jusqu'à la fin du conflit, bien qu'il soit inutilisable sans bec verseur et que son bouchon à vis, impossible à ouvrir sans outil spécifique, se perde facilement.

Les alliés utilisèrent 17,5 millions de ces récipients tous modèles confondus pour le débarquement. À l'automne 1944, 15 millions avaient été égarés, menaçant le ravitaillement des unités de combat et l'on dût lancer une opération de récupération avec l'aide des civils Français[1]. Cela explique pourquoi ce récipient de tôle reste principalement associé aux armées Alliées et à la Libération, alors qu'il était arrivé quatre ans plus tôt dans les fourgons des Panzerdivisionen.

Description

C'est un récipient de forme parallélépipédique[2] formé de deux parties en tôle d'acier emboutie de 0,8 mm et assemblées par brasure. Son goulot est en retrait ce qui le protège et facilite l'empilage de plusieurs jerricans. Il est équipé d'un bouchon à came et d'une prise d'air contre le refoulement, il peut être équipé d'un bec-verseur mais peut aussi être utilisé sans. La manutention est aisée grâce à trois tubes qui forment autant de poignées parallèles. Celles-ci permettent la prise, par une seul personne, soit de quatre jerrycans vides par les barres extérieures, soit de deux bidons pleins par la barre centrale. La forme et la résistance du récipient permettent l'empilage de cinq jerricans pour stockage. Les flancs sont raidis par des formes en X embossées sur les premiers modèles Allemands, puis par un rectangle prolongé par quatre « bras » à partir de 1942. Sa contenance originale est de 20 litres. Correctement rempli de carburant, il reste suffisamment d'air dans la bosse à l'arrière de la poignée pour assurer la flottaison en cas d'immersion.

Le nom jerrican désigne désormais toute nourrice à carburant, le plus souvent en plastique, réalisée par extrusion soufflage.

Dans la culture populaire

Dans Tintin au pays de l'or noir, les Dupond et Dupont se perdent avec leur Jeep dans une tempête de sable et égarent leur jerrican, qu'ils retrouvent plus tard car ils tournent en rond.

Notes et références

  1. Voir l'avis d'époque ainsi qu'un plan de nourrice américaine.
  2. Plans de fabrication des différents modèles et historique.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Jerrican de Wikipédia en français (auteurs)

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