Jougne

Jougne

46° 45′ 51″ N 6° 23′ 19″ E / 46.7641666667, 6.38861111111

Jougne
Vue générale du village de Jougne
Vue générale du village de Jougne
Armoiries
Administration
Pays France
Région Franche-Comté
Département Doubs
Arrondissement Pontarlier
Canton Mouthe
Code commune 25318
Code postal 25370
Maire
Mandat en cours
Michel Morel
2008 - 2014
Intercommunalité Communauté de communes du Mont d'Or et des deux Lacs
Démographie
Population 1 338 hab. (2006)
Densité 46 hab./km²
Gentilé Jougnards
Géographie
Coordonnées 46° 45′ 51″ Nord
       6° 23′ 19″ Est
/ 46.7641666667, 6.38861111111
Altitudes mini. 809 m — maxi. 1463 m
Superficie 29,03 km2

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Jougne est une commune française, située dans le département du Doubs et la région Franche-Comté.

Sommaire

Géographie

Jougne est située à une altitude moyenne de 1 000 mètres, à la limite du canton de Vaud, en Suisse, au débouché de la cluse de Jougne, l'un des rares cols permettant le franchissement du Jura entre la France et la Suisse.

Elle est traversée de part en part par la rivière de la Jougnena, au bord de laquelle de nombreuses activités industrielles se sont installées au cours des siècles, presque toutes disparues d'ailleurs à partir du milieu du XXe siècle.

La commune est constituée du village proprement dit, encore appelé Jougne-le-Haut, et de sept hameaux :

  • Entre-les-Fourgs,
  • La Ferrière,
  • Le Moulin,
  • Les Échampés,
  • Les Maillots,
  • Les Piquets,
  • Les Tavins.

Histoire

Le col de Jougne est fréquenté au moins depuis l'époque gallo-romaine, et probablement antérieurement.

Dès l'époque romaine, une importante voie de communication naturelle à travers le Jura, via la cluse de Joux, est attestée sur la table de Peutinger et l'itinéraire d'Antonin : il s'agit de la voie romaine reliant Lausanne et Orbe à Pontarlier (Ariolica) et Besançon (Vesontio). De très beaux vestiges en subsistent dans le village suisse voisin de Ballaigues, qui conduisent directement au hameau des Échampés dans la vallée de la Jougnena.

Le diplôme de Charlemagne

La première mention de Jougne était indirectement faite par Charlemagne ; dans un diplôme de concession de l'abbaye de Saint-Oyan il donnait pour limite des terres qu'il lui accordait : « le chemin qui passe par la Ferrière » (La Ferrière-sous-Jougne est un hameau situé à 3 km du bourg de Jougne). Cette simple phrase prouve bien que ce lieu était déjà habité[1].

L'ancienneté du village de Jougne est prouvée par une charte de 1084 extraite du cartulaire de l'abbatiale de Romainmôtier dans lequel il était dit qu'Amaury, fils de Landry de Joux, coupable de violences sur les habitants et leur biens que ce couvent avait à Bannans, était convoqué à un plaid qui se tenait à Jougne (apud Joniam) sur l'ordre du comte Renaud II de Bourgogne. En 1189 était rédigé un dénombrement des biens de l'abbaye de Montbenoit où une dame nommée Vattilia était citée comme ayant donné la moitié d'un moulin près de Jougne (apud Joniam), dix ans plus tard il était encore question de Jougne, cette fois nommé locus de Joni, dans l'hommage que Gaucher IV de Salins rendait à l'abbé d'Agaune[1].

C'est en empruntant cette voie que les moines de l'abbaye Saint-Maurice d'Agaune, dans le Valais suisse, venaient fonder un prieuré et sa chapelle Saint-Maurice à La Ferrière, dès le XIIe siècle, sur le chemin qu'ils empruntaient régulièrement en direction de Dijon. D'ailleurs, en 1199, il y avait une chapelle à Jougne car un des témoins de l'hommage de Gaucher IV, Rodolphus, prenait le titre de « Capellanus de Joni »[1].

La maison de Chalon-Arlay

Jean de Chalon, sire de Salins, achetait aux seigneurs locaux en 1266 le bourg de Jougne, son château et son péage, lequel ne sera supprimé qu'en 1780. La seigneurie se composait de Jougne, des Hôpitaux-Vieux, de Métabief et des Longevilles. En 1282, Jean Ier de Chalon-Arlay voulait fonder un hôpital dans la localité « en l'enour dou baron monseigneur saint Bernard de Montjeu », pour ce faire le comte Othon IV de Bourgogne lui donnait des terres et c'est ainsi qu'était créé le village des Hôpitaux-Vieux[1].

Le bourg de Jougne était sous la protection de trois forts, le plus important était appelé « le Château » et était l'habitation du prince de Chalon-Arlay lorsqu'il venait dans la province, c'était également là qu'était rendue la justice au nom des sires de Chalon[1]. Le château, construit par les comtes de Chalon, et aujourd'hui complètement disparu, se situait au nord-est de l'enceinte fortifiée qui défendait le village. Deux portes donnaient accès, l'une au nord en direction de Pontarlier, l'autre au sud en direction de Vallorbe et de la Suisse.

Les XIVe et XVe siècles voyaient les Chalon-Arlay recevoir des empereurs germaniques le droit de battre monnaie à Jougne même. Dans le même temps, ses habitants étaient affranchis en 1314[1].

En 1422 Louis II de Chalon-Arlay, vicaire d'empire en Bourgogne, établissait une cour impériale à Jougne[1]. C'est ainsi que Jean Ubarin, « maître-ès-arts et medecine », était retenu prisonnier au château de Jougne[1].

Dès le XVe siècle, la vallée de la Jougnena est le siège d'activités métallurgiques, qui utilisent la force motrice de la rivière, le bois abondant dans les forêts des alentours et le minerai de fer tout proche, extrait sur le territoire de Jougne même d'ailleurs. Ces activités se développent rapidement, pour culminer à la fin du XIXe, et décliner ensuite avant de disparaître complètement à la fin du XXe.

Les grandes guerres

Au cours du XVe siècle, Jougne devait tomber entre les mains des confédérés suisses en guerre contre les États bourguignons. Jougne restait la seule place forte qui séparait encore les Suisses de Pontarlier, en 1474 Hugues de Chalon, fils de Louis II de Chalon-Arlay, avait fait part aux habitants de son impuissance à les défendre. Les confédérés suisses donnèrent l'assaut et emportèrent le bourg et le château. Ils laissaient une garnison de six cents hommes sous le commandement du chevalier Georges de Stein. En 1476, Charles le Téméraire décidait d'en finir avec les Suisses, les Bernois avaient évacué Jougne et Orbe après y avoir mis le feu. Le duc de Bourgogne venait de Besançon et le 6 février il se rendait à Vuillafans, le 7 il était à La Rivière et le 8 à Jougne. Le 2 mars débutait la bataille de Grandson qui devait voir la défaite du duc[1].

La guerre de Dix Ans, épisode comtois de la guerre de Trente Ans, voit en 1639 le pillage et l'incendie du bourg, ainsi que la destruction du château, par les Suédois, nom donné à l'époque aux mercenaires mi-allemands mi-suédois de Bernard de Saxe-Weimar. Il n'en reste actuellement trace que dans le parcellaire de la commune, et dans le nom de quelques rues : rue du Château, rue du Châtelet notamment.

Depuis le XVIIe siècle

L'église paroissiale Saint-Maurice est construite en 1663 dans le village, à son emplacement actuel, la chapelle Saint-Maurice étant devenue trop exigüe.

Au XVIIIe siècle, le village se développe en dehors de son mur d'enceinte, le long de la route de Pontarlier, dans le quartier justement appelé le Faubourg.

En 1847, l'ancienne route qui traversait le village pour mener en Suisse par la vallée de la Jougnena, est abandonnée au profit d'un nouveau tracé par le hameau des Tavins. Ce nouveau tracé nécessite la destruction de la partie ouest des fortifications, sur l'emplacement desquelles passe une partie de la nouvelle route. À cette occasion, un nouvel entrepôt des douanes, aujourd'hui salle des fêtes, est construit en 1849 le long de la nouvelle route.

Entre 1854 et 1858, l'église paroissiale est agrandie par l'est, en empiétant sur les remparts, remaniés à cette occasion.

Le 11 juillet 1870, un gigantesque incendie, né dans une ferme de La Ferrière, et attisé par un vent violent, détruit le village de Jougne. C'est d'ailleurs ce qui explique que la totalité des bâtiments du village, à une exception près, soient postérieurs à cette date. C'est ainsi de la décennie qui suit que datent la mairie-école et le presbytère, pour ne citer que ces deux principaux bâtiments.

En 1871, une partie de l'armée de Bourbaki, en retraite vers la Suisse, traverse le village pour gagner la frontière à Vallorbe.

Les travaux de la ligne de chemin de fer Pontarlier-Vallorbe n'ont lieu sur la commune de Jougne qu'à partir de 1872 seulement, alors que la partie suisse est achevée depuis 1867. Elle est inaugurée le 1er juillet 1875, mais ne comporte aucune gare ou station sur le territoire de la commune. Seul le tunnel dit de Jougne, long de 1 663 m et celui de la route nationale, long de 60 m, marquent le paysage jougnard.

En 1899, la douane quitte ses bâtiments du village pour s'installer en limite du territoire suisse, dans des bâtiments construits à La Ferrière, à hauteur de la borne frontalière no 62.

À partir de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, le tourisme se développe avec les transports par chemin de fer, et de nouvelles constructions sans rapport avec la vie rurale apparaissent, maisons d'été, hôtels et pensions de famille, puis colonies de vacances.

À cause de la déviation de la ligne Dole-Vallorbe par le tunnel du Mont-d'Or en 1915, le trafic est interrompu sur la ligne passant par Jougne le 18 avril 1939, puis, dans la nuit du 17 au 18 juin 1940, le tunnel de Jougne est partiellement détruit par l'armée française[2], empêchant définitivement tout trafic avec la Suisse. Autre événement lié à la Seconde Guerre mondiale, l'arrestation du maréchal Pétain à la frontière de La Ferrière le 26 avril 1945, à l'occasion de la remise de ce dernier aux autorités françaises par les autorités suisses.

Les sports d'hiver, nés dans la région à la fin des années 1930, se développent rapidement à partir de la création des premières remontées mécaniques : premier remonte-pente au village de Jougne, au lieu-dit Champ-aux-Dames, au début de 1953, premier téléski à Entre-les-Fourgs en fin de 1954, suivis en 1969 de l'installation de remontées aux Tavins permettant l'accès aux champs de neige de Piquemiette.

Jougne est ainsi, au début du XXIe siècle, une commune vivant à la fois de l'agriculture traditionnelle du Haut-Doubs et des tourismes d'hiver et d'été, mais aussi de l'arrivée de nombreux habitants travaillant en Suisse toute proche, les frontaliers. Cette mutation s'accompagne de la progressive disparition du petit commerce traditionnel, hôtels et pensions de famille compris, mais aussi de l'installation d'une grande surface alimentaire.

Héraldique

« Partie de gueules à l'épée d'or mise en pal au premier et d'argent à la clef de gueules au second. »

Malheureusement, la représentation de ces armoiries dépend de l'artiste qui les dessine ou sculpte : sur les plaques de rues, sur la porte de Pontarlier, sur les fontaines, règne la plus grande diversité.

Économie

Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
1988 2014 Michel Morel[3] Divers Droite Conseiller général de 1998 à 2004
Toutes les données ne sont pas encore connues.

Jumelages

Démographie

Évolution démographique
(Source : INSEE[4])
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006
744 815 858 866 1162 1298 1338
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes

Lieux et monuments

  • L'église paroissiale Saint-Maurice, construite en 1663 compte tenu de l’exiguïté de la chapelle Saint-Maurice de la Ferrière. Elle est agrandie à partir de 1852 par l'architecte Maximin Pinchaux, restaurée en 1870 par l'architecte Louis Lavie à la suite des dommages subis lors de l'incendie du 11 juillet, enfin dotée du toit à l'impériale actuel en 1981 sur les plans de l'architecte Raymond Chavanne.
  • La mairie-école, reconstruite en 1884 par l'architecte Louis Lavie.
  • La poste, ancien bâtiment des douanes reconstruit après l'incendie de 1870, installée à cet emplacement lors du déménagement des douanes en 1899 au poste-frontière de la Ferrière, exactement à la frontière avec la Suisse.
  • La salle des fêtes, ancien entrepôt des douanes, construit en 1849, et utilisé comme tel jusqu'au déménagement de la douane à la Ferrière.
  • Le monument aux morts de la guerre de 1914-1918, dû à l'architecte Paul Robbe, et inauguré en 1924.
  • La Chapelle Saint-Maurice, située au pied du bourg, à mi-chemin du lieu-dit le Moulin.
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Entre-les-Fourgs

Le village d’Entre-Les-Fourgs est l’un des sept hameaux de la commune de Jougne.

Entre-les-Fourgs est un petit hameau montagnard typique du massif jurrassien français situé sur les contreforts du mont Suchet. Supportant un climat océanique, les étés ne sont pas trop chauds et la neige s'invite pendant plusieurs mois l'hiver.

À l’écart de la nationale 57 Pontarlier-Vallorbe, le village est limitrophe de la Suisse sur 6 km (12 au total pour la commune). Le village est installé sur un plateau long de 3,5 km sur 500 m de large, plat ou peu pentu à 1 050 m d’altitude.

C’est un lieu favorable pour l’agriculture, l’élevage, le pâturage, la fertilité du sol et l’ensoleillement. Un téléski géré actuellement par une association existe depuis un demi-siècle et fait la fierté et la joie d'un bon nombre d'habitants.

Une jolie chapelle datant de 1684 y est dédiée à saint Claude. Elle comporte notamment deux statues respectivement de saint Claude, avec sa crosse d'évêque, et de saint Eloi, avec son marteau.

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La Ferrière

  • Chapelle ouverte au culte en 1904, ancienne maison d'habitation due à la générosité de la famille Vandel, maîtres de forges à la Ferrière.
Chapelle de la Ferrière

Personnalités liées à la commune

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Ignace Joseph Bourgon, Recherches historiques sur la ville et l'arrondissement de Pontarlier, 1841, p. 237 à 255 books.google.fr
  • Région Franche-Comté, Inventaire du Patrimoine, Jougne, petite cité comtoise de caractère, Lieux Dits, 2009 (ISBN 978-2-914528-69-6) .
  • Bernard Olivier, Michel Malfroy, Joël Guiraud, Histoire de Jougne, Cêtre, Besançon, 1988 (ISBN 2-901040-68-2) 

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h et i recherches historiques sur la ville de Pontarlier
  2. Jean-Pierre Richardot, Une autre Suisse 1940-1944, Editions du Félin, Paris, 2002 (ISBN 2-8309-1021-4), p. 37 .
  3. Site officiel de la préfecture du Doubs - liste des maires (doc pdf)
  4. Jougne sur le site de l'Insee
  5. Site de l'Assemblée nationale consulté le 27 novembre 2008.
  6. Gérard Louis, La guerre de Dix Ans, 1634-1644, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté (réimpr. 2005) (1re éd. 1998), 379 p. (ISBN 978-2-251-60651-4) [lire en ligne], p. 346 , consulté le 5 janvier 2011.
  7. [1]
  8. Fiche biographique de l'Assemblée nationale consultée le 16 août 2010.

Liens externes


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