Juin 1940

Juin 1940

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L'éphéméride | tout sur juin et 1940.

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Juin 1940 est l'aboutissement de la « Drôle de guerre » et vit la débâcle de l'armée française face à l'armée allemande. Cependant, malgré tout ce qui a pu être dit, l'Armée de l'Air française s'est battue avec détermination sur des avions souvent techniquement dépassés [1]. Inférieure en nombre, la chasse française va se battre souvent à un contre dix, avec des matériels dont la mise au point n'était pas toujours terminée.

Sommaire

Évolution 1918-1939

Avant la Seconde Guerre mondiale, l'armée française était considérée comme une des plus puissantes du monde. Néanmoins, malgré les décisions de réarmement prises à partir du gouvernement du Front populaire au pouvoir jusqu'en 1938, et amplifiées par le gouvernement Daladier ensuite, elle ne put contenir la puissance retrouvée de l'Allemagne nazie. Lorsque celle-ci attaqua en 1940, la défense française s'écroula avec plus de 100 000 morts, victime à la fois du "concept" allemand de Blitzkrieg et surtout de la pensée stratégique défensive inspirée par Pétain à l'état-major dans les années 1930, au lieu de regrouper les chars en grandes formations mobiles. Enfin la propagande du régime de Vichy fera grand cas plus tard de quelques tentatives de sabotages, réelles mais limitées, dans les usines d'armement, inspirées par le Parti communiste français, celui-ci obéissant à la politique de Moscou, depuis le Pacte germano-soviétique qui avait été signé quinze jours seulement avant le début du conflit.

Commandement et personnels

Le commandement de l'aviation de chasse de l'Armée de l'Air française était assuré par le Général Bernard d'Harcourt.

Le personnel de la chasse comptait [2]:

  • 25% d'officiers venus de diverses écoles (Saint-Cyr, Polytechnique, École Centrale, École supérieure d'aéronautique et École de l'Air),
  • des sous-officiers dont l'âge s'échelonnait entre 21 et 30 ans (ces derniers appelés "moustachus" et as de la voltige). Tous sportifs, enthousiastes, au moral élevé.

Pour le bombardement ou la reconnaissance, le tableau était plus mitigé bien que le personnel soit hautement qualifié.

Les terrains

Le 28 août 1939, 450 avions de chasse gagnèrent leurs nouveaux terrains dispersés géographiquement. La plupart n'étaient que de simples prairies plus ou moins vastes, plus ou moins bien aménagées, loin des agglomérations.

Les pilotes eurent droit au logement chez l'habitant, les mécaniciens et les soldats eurent droit à des granges et à de la paille. Tout commençait dans l'improvisation.

Effectifs en présence

Le jour de la déclaration de guerre, le tableau comparatif est éloquent [3].

France

Drapeau français République française
Pour la France, sont en service :

  • 510 avions de chasse (dont 442 modernes),
  • 300 [4]bombardiers (tous périmés) sauf 25 avions d'assaut Bréguet 631 (modernes),
  • 170 avions de reconnaissance (dont 52 modernes),
  • 340 avions d'observation (tous périmés)[5].

On compte aussi un petit effectif dans l'Aéronavale :

  • 24 avions (deux escadrilles : Potez 631),
  • 24 avions (deux escadrilles : Loire-Nieuport),
  • trois escadrilles de bombardement Chance-Vought.

L'Aéronavale a combattu sur terre, surveillant les côtes, bombardant des objectifs terrestres.

Tous ont combattu et contribué à infliger des pertes à l'ennemi.

Angleterre

Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
Sur le front français, les effectifs sont :

  • 60 avions de chasse (modernes),
  • 150 avions de bombardement (relativement récents),
  • 80 avions de renseignement (modernes).

Allemagne

Flag of the NSDAP (1920–1945).svg Troisième Reich
En face, l'Allemagne aligne :

  • 1500 avions de chasse,
  • 2200 avions de bombardement,
  • 500 avions de renseignement,

tous ultramodernes, ayant donné lieu à des fabrications en série accélérées.

La drôle de guerre

Le lundi 21 août 1939, à l'aube, l'aviation de chasse fut placée en état d'alerte générale[6]

En cinq semaines, l'avancée allemande en France entraîna la désintégration de l'armée et une gigantesque panique dans la population. Dix millions de personnes s'enfuirent sur les routes avec de maigres bagages, au cours d'un épisode qu'on appela l'« Exode ». Le gouvernement, dirigé par Philippe Pétain depuis la démission de Paul Reynaud, fit demander l'armistice, signé le 22 juin 1940. On pouvait penser alors que son prestige acquis lors de la défense de Verdun en 1916 permettrait des négociations plus aisées avec Hitler. Il n'en fut rien et les conditions en furent très dures : occupation de plus de la moitié du pays et énormes frais prélevés pour entretenir l'armée allemande. On notera cependant que les appréciations stratégiques divergent sur la création d'une zone libre au sud face à une zone nord occupée : les généraux allemands voulaient une occupation complète de la France de Dunkerque à Toulon. Hitler, marqué par la Première Guerre mondiale (il y fut caporal), n'arrivait pas à croire à la rapidité de sa propre conquête par des panzers qui avaient outrepassés les ordres et dépassés les objectifs initiaux. Ainsi, Hitler voulait tenir un gouvernement français pour tenir les colonies françaises (Algérie, Maroc, Tunisie) qui avaient une valeur stratégique fondamentale, comme cela sera confirmé par la suite. Après la guerre, Churchill, dans ses mémoires de guerre, donnera raison aux généraux allemands en déclarant que la création de la zone libre (préservant Toulon et la flotte française) avait permis de sauver Gibraltar, 1re base anglaise en Méditerranée. La zone libre durera 28 mois, jusqu'en novembre 1942 (débarquement allié en Afrique du nord), mais permit à la résistance française de se construire des bases au travers de toute la zone.

Les opérations

Offensive 10 mai au 24 juin 1940

Du 10 au 31 mai

  • 10 mai [7]
    • La Wehrmacht attaque à l'aube et pénêtre en Hollande, en Belgique et au Luxembourg. 400 Heinkel 111, Dornier 17 et Junker 88 attaquent 47 terrains du nord de la France et détruisent ou endommagent une soixantaine d'avions de l'armée de l'air française [8]. Ce seront 2.650 avions de bombardement escortés par plus de 1.300 chasseurs qui se répandent sur l'étendue de la zone d'opérations franco-anglaise attaquant méthodiquement leurs objectifs : les centres de commandement et les aérodromes militaires. « Un nombre important de Heinkel-111 et de Dornier-17 sont descendus dans les lignes françaises, d'autres dans les lignes allemandes, alors qu'ils regagnaient leurs bases »[9].
    • Des Amiot 143 et des Farman 222 bombardent de nuit quelques terrains allemands.
  • 11 mai
    • Des LeO 45 sont envoyés sur le pont de Maastricht. Ils sont engagés par des Messerschmitt 109 et 110 : 5 seront abattus. La Flak endommage gravement un Leo et 4 Morane.
  • 12 mai
    • 18 Bréguet 693 du groupe 18 attaquent les colonnes dans la région de Sedan. Malgré la protection de 18 MS406, 8 avions d'assaut Bréguet ne rentrent pas.
    • Les Leo 451 du GC n°6/G6) interviennent escortés par 12 Morane du III/2. L'action se poursuit en nocturne avec 12 Amiot 143 [G9).
    • Entre le 11 et le 12 mai, la chasse comptera 665 sorties, 106 victoires, 8 pilotes tués, 16 blessés dont un prisonnier, 9 parachutés indemnes.
  • 13 mai
    • Percée allemande de Sedan. 18 Dewoitine 520 du I/3 abattent sans pertes 3 Henschel 126 et 1 Henkel 111 dans le secteur de la Semois.
    • 9 Leo 451 (G6) protégés par 27 Bloch 152 (I/1, I/8) attaquent des ponts de bateaux et des colonnes de blindés dans le ravin de Givonne. La moitié sera hachée par la Flak allemande.
    • Action nocturne de 24 Amiot 143 (G9 et G10) sur les arrières.
  • 14 mai
    • ce qui reste des bombardiers (29) est jeté dans la bataille de Bazeilles, d'une façon suicidaire, de jour. Sur 13 Amiot 143, 4 sont abattus.
  • 15 mai
    • Capitulation de la Hollande.
    • La chasse française s'est illustrée dans les 3 derniers jours : 854 sorties, 143 victoires, 24 pilotes tués, 23 brièvement blessés (dont 2 prisonniers) et 21 parachutés indemnes.
  • 16 mai
    • Guderian progresse vers la Somme.
    • Maubeuge : 30 Morane 406 du II/6 surpris au sol par 18 Dornier 17. Bilan : 28 avions détruits. Repli du groupe sur Châteauroux pour se reconvertir sur Bloch 152.
  • 17 mai
    • L'Oise est franchie.
    • 18 Potez 631 de l'escadrille de défense de Paris attaquent les routes avec les armes de bord. Deux sont abattus, 4 ne rentrent pas au terrain, 4 Leo 451 sur 12 sont sacrifiés sur le même objectif.
    • Bilan de la chasse (16 et 17 mai) : 40 victoires, 18 pilotes tués, 11 blessés, 5 parachutés indemnes.
  • 18 mai
    • Amère victoire du sergent-chef François Morel du I/5, sur Curtiss (10 victoires) abattu sur Fismes après avoir descendu 3 adversaires.
    • 12 Leo 451 et 8 Bréguet 693 attaquent les colonnes allemandes sur Avesnes. 4 Bréguet sont descendus.
  • 19 mai
    • Les Leo 451 des GB I/12, II/12 et I/31, imprudemment regroupés à Persan-Beaumont sont attaqués par 12 Heinkel 111 : 4 seront épargnés.
  • 20 mai :
    • deux escadrilles de l'Aéronavale décollent (de Berck et d'Alprech) pour faire sauter le pont d'Origny-Sainte-Benoîte sur le canal de l'Ourcq. Les 14 avions (11 Chance-Vought 156 et 3 Loire-Nieuport LN401/411) attaqueront séparément. Les Messerchmidt-109 étrillent les Chance-Vought (5 sont abattus) [10]. Les Loire-Nieuport qui volent en retard feront sauter le pont malgré la Flak allemande. Les appareils rentrent hachés d'éclats (2 appareils sur 3) [11].
  • 22 mai
    • A 17h, 18 Dewoitine du GC II/3 abattent 11 Stuka à Bapaume (région de Cambrai).
    • Bilan de la chasse du 17 au 22 mai : 1 360 sorties, 128 avions abattus, 17 tués, 20 blessés, 24 parachutés indemnes dont 7 prisonniers.
    • L'AB I de l'Aéronavale attaque avec vigueur les chars de la 2e Panzerdivision, au sud de Boulogne.
  • 23 mai
    • Armées du nord coupées du reste du dispositif établi le long de la Seine.
    • 18 Latécoère de la 5e flottille de torpillage infligent des pertes sérieuses dans la vallée de la Somme aux colonnes blindées, malgré la Flak. 4 appareils dont ceux des deux chefs d’escadrille sont descendus.
  • 24 mai
    • 11 Curtiss du GC II/5 emmenés par le lieutenant Houzé abattent 5 Messerschmitt 109 sans pertes pour eux.
  • 26 mai
    • Début de l'Opération Dynamo. Le corps expéditionnaire britannique rembarque.
    • L'armée de l'air est trop au sud et seuls les Bloch du II/8, les Potez du GRII/14 et 2 Glenn-Martin 167 du GB I/63 peuvent opérer depuis l'Angleterre.
  • 28 mai
    • Capitulation de la Belgique.
    • Action de la chasse du 24 au 27 juin : 1331 sorties, 66 victoires, 22 tués, 15 blessés dont 4 prisonniers, 4 parachutés indemnes.
  • 31 mai
    • Lille tombe.
    • 57 bombardiers (G1, 2, 6 et 8) assaillent les colonnes autour d'Amines, Abbeville et Saint-Quentin. 13 avions perdus.

Du 1er au 24 juin

  • 1er et 2 juin :
    • Un bombardement allemand sur Marseille tue 32 civils et en blesse une soixantaine d'autres. Lyon est également attaqué
  • 3 juin :
    • Fin de l'opération Dynamo : 224 686 Britanniques et 121 445 soldats français et belges ont été évacués vers le Royaume-Uni. La RAF assure un minimum de couverture aérienne pour cette opération et abat à cette occasion 140 appareils de la Luftwaffe. Les Britanniques ne perdent dans le même temps que 80 avions.
    • Opération Paula de la Luftwaffe qui bombarde les environs de Paris, les aérodromes en particulier. 254 morts et 652 blessés à Paris. Les pertes allemandes et françaises s'équilibrent (30 avions perdus de part et d'autres): ce n'est pas un franc succès pour la Luftwaffe.
  • 5 juin :
    • Remaniement ministériel : le général Charles de Gaulle est sous-secrétaire d'État à la défense nationale et à la guerre. Il multiplie dès lors les navettes entre Londres et Paris pour tenter de décider les Britanniques à soutenir leur effort en France.
    • Attaque des Allemands sur la Somme. À cette occasion, la chasse française abat 40 appareils allemands pour 15 avions perdus (Werner Mölders pilotant un Messerschmitt Bf 109, abattu par le sous-lieutenant Pommier-Layrargues aux commandes d'un Dewoitine D.520 et capturé au sol. Son vainqueur abattra un des trois autres BF 109 qui l'attaquent et, à court de munitions, au ras des toits de Beauvais, s'écrasera sur une maison de la banlieue à Marissel [12]).
  • 6 juin :
    • Effondrement de la ligne de défense française ("ligne Weygand") s'appuyant sur la Somme et sur l'Aisne. La défaite française est maintenant inéluctable.
  • 7 juin :
    • Les Britanniques consentent à remplacer les pertes des trois escadrilles de chasse restées en France.
    • Un des quatre avions Farman NC-N223 quadrimoteurs long courrier réquisitionnés et armés de l'Aéronavale française, le "Jules Verne", décolle à 15h30 de Bordeaux-Mérignac (Gironde). Il part bombarder Berlin, piloté par le Capitaine de corvette Daillère. Il y arrivera en remontant vers le Pas-de-Calais puis via le Danemark. Il parviendra à son but à minuit. Il larguera 8 bombes de 200 kg et 30 bombes incendiaires. Il regagnera sa base sans être inquiété le 8 juin au matin [13].
    • Bilan de la chasse (6 et 7 juin) : 560 sorties, 65 avions abattus, 16 pilotes perdus, 10 blessés graves.
  • 8 juin :
    • Le front français est totalement disloqué. Début du débat en France : pour ou contre la poursuite de la guerre ? L’exode des civils français du Nord vers le Sud s'intensifie. Paris se vide en cinq jours.
    • Appel désespéré du général Vuillemin pour obtenir un appui aérien des Britanniques ; sans succès.
    • Transfert d'une escadrille britannique au Mans, puis arrivée en France, dans l'après-midi, de deux escadrilles supplémentaires. Les autorités britanniques rappellent à leurs alliés français que 12 escadrilles de chasse et 8 de bombardiers opèrent en France et sur la Manche depuis le Royaume-Uni.
  • 9 juin :
    • La ville de Rouen est occupée.
    • 18 Curtiss du 2/4 décollent d'Orconde. Le sous-lieuteunant Plubeau engage un Heinkel isolé (18e victoire). Il est descendu et regagne les lignes françaises, blessé. Il est l'objet de tirs français et allemands depuis le sol, pendant sa descente en parachute. Il évitera la capture.
  • 11 juin
    • Attaqué par l'aviation allemande, le Niobé coule non loin du Havre, faisant au moins 800 victimes.
  • 13 juin :
    • Paris, vidée de ses habitants, est déclarée ville ouverte. Tout combat y est interdit. Cet interdit ne concerne que Paris intra-muros, et le harcèlement des troupes allemandes se poursuit en banlieue, malgré les protestations des autorités allemandes.
    • Dans une atmosphère faite de bruits et de désinformations, la rumeur court à Bordeaux, où s'installe le Gouvernement, que Paris est aux mains des communistes. Georges Mandel, ministre de l'Intérieur, appelle le Préfet de police de Paris, Langeron, resté en poste dans la capitale, qui dément la rumeur.
  • 14 juin :
    • Opération Vado de la marine française contre les ports de Gênes et de Savone en Italie.
    • Les Allemands entrent dans Paris ; La ligne de progression allemande va de Provins à Rambouillet en passant par Corbeil, nettement au sud de Paris.
    • À 7h30 du matin, signature d'un cessez-le-feu autour de Paris, sous menace de bombardement de la capitale.
    • Confiscation de tous les drapeaux français au fronton des édifices, immédiatement remplacés par des drapeaux à croix gammée. Même les drapeaux historiques des Invalides sont saisis.
    • Après une protestation des conseillers municipaux de Paris, le drapeau géant à croix gammée qui flottait depuis le matin sous l'Arc de Triomphe est retiré dans la soirée.
    • Aucune parution de journaux à Paris. Pour informer les quelques Parisiens encore présents en ville, des voitures diffusent des messages par haut-parleur. Le message commence ainsi : « Les troupes allemandes occupent Paris ».
    • Toute circulation est désormais interdite dans Paris entre 21 heures et 5 heures du matin.
    • Paris se met à l'heure de Berlin.
    • Premier défilé de troupes allemandes sur l'avenue des Champs-Élysées. C'est un rituel qui sera désormais quotidien afin de bien rappeler aux Parisiens qu'ils sont occupés.
    • Un monument à la mémoire d'Edith Cavell est détruit dans le Jardin des Tuileries.
    • Suicide du neurochirurgien parisien Thierry de Martel qui préfère la mort à l'occupation. Le cas n'est pas isolé à Paris.
    • Le gouvernement français s'installe à Bordeaux.
    • Le gouvernement polonais quitte Angers.
  • 16 juin :
    • Sur ordre de Paul Reynaud, Charles de Gaulle retourne à Londres pour demander encore une fois le soutien de la RAF à l'armée française en déroute. Il se voit proposer un traité de fusion des États français et britannique pour ne pas laisser tomber la France. Churchill s'est en effet laisser convaincre par Jean Monnet. De Gaulle rentre le soir même à Bordeaux (21h30) pour faire signer le traité par le Président du Conseil mais Paul Reynaud a démissionné il y a quelques minutes…
    • En France, le président Albert Lebrun désigne Philippe Pétain comme Président du conseil après la démission de Paul Reynaud.
    • Évacuation vers l'Afrique du Nord de tous les avions français ayant le rayon d'action nécessaire à ce voyage. 800 appareils militaires rejoignent l'Afrique du Nord. C'est la fin de la bataille de France pour les aviateurs. 1 250 avions allemands ont été abattus et 425 mis hors d'état de voler. En face, la RAF enregistre la perte de 944 avions dont 67 spitfire ; la France perd 410 avions en combat aérien et 432 par mitraillage au sol.
  • 17 juin :
    • (12h30, heure de Paris). Le maréchal Philippe Pétain lance un appel à « cesser le combat ». Cet appel est évidemment largement relayé par les Allemands. « C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat ».
    • Le militant d'Action Catholique Edmond Michelet distribue des tracts dans les boîtes aux lettres de Brive-la-Gaillarde qui dénoncent la capitulation et appellent ainsi à la Résistance à travers une œuvre de Charles Péguy, L'Argent, suite.
    • Le journaliste américain William Shirer, présent à Paris du 17 au 26 juin, livre une description de la ville à son arrivée : « les rues sont désertes ».
    • Poussé par le général britannique Edward Spears, de Gaulle part pour Londres. Il est reçu par Winston Churchill.
    • Le président polonais Władysław Raczkiewicz et le commandant en chef Władysław Sikorski prennent la décision de transférer au Royaume-Uni ce qui peut être sauvé de l’armée polonaise en France.
    • Vers 10h00, 3 avions allemands bombardent la gare de triage de Rennes, atteignent un train de munitions et des trains de troupes et de réfugiés. Bilan : 3 000 à 4 000 victimes.
    • Le RMS Lancastria est coulé à Saint-Nazaire par l'aviation allemande, faisant de 4 500 à 6 000 morts.
  • 18 juin :
    • En réplique à l'appel de Pétain qui appelle à la fin des combats, le général de Gaulle lance son Appel du 18 Juin. C'est l'acte fondateur de la France libre.
    • L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont occupées par l'URSS.
    • Le Général de Gaulle, à la BBC, depuis Londres, demande à l'Empire français de poursuivre le combat aux côtés du Royaume-Uni et appelle tous les Français à le rejoindre pour continuer la lutte (Appel du 18 Juin).
  • 20 juin :
    • Début de l'offensive italienne à la frontière française facilement repoussée par une armée française pourtant en infériorité numérique.
    • Entrée en vigueur de l'ordonnance allemande régissant les devoirs des Français occupés.
    • Bombardement allemand sur Bordeaux.
  • 23 juin :
    • Hitler visite Paris. Il arrive à 5 heures du matin à l'aéroport du Bourget ; trois heures et demie plus tard, il est déjà reparti. Pas de liesse viennoise ici, juste une ville déserte.

L'armistice

Dernières opérations

  • 24 juin :
    • Dernière patrouille du I/2 et du II/2 sur Grenoble. Un Heinkel 126 est abattu du côté de Valence (sous-lieutenant Marchelidon, groupe Cigogne I/2).
    • Signature de l'armistice franco-italien à la villa Incisa près de Rome (armistice du 24 juin 1940).
    • L'armistice avec l'Allemagne entre en application à 19 heures, celui avec l'Italie à minuit.
    • Le gouvernement polonais en exil s'installe à Londres.
  • 28 juin :
    • Le général de Gaulle est reconnu par les Britanniques comme le chef de la France libre. Toutefois, Winston Churchill poursuit ses contacts avec le gouvernement de Vichy jusqu'en mai 1941.
    • Le maréchal Goering dîne au Maxim's à Paris.
  • 29 juin :
    • Le gouvernement français rejoint la « zone libre » et s'installe provisoirement à Clermont-Ferrand, avant de rejoindre la ville de Vichy.
  • 30 juin :
    • L'Allemagne envahit les îles Anglo-Normandes.
    • Le général Władysław Sikorski dissout le commandement de l’Union de la lutte armée ZWZ qui se trouvait en France et donne l’ordre de créer un commandement pour la ZWZ en Pologne ; le colonel Stefan Grot-Rowecki est nommé à la tête de la ZWZ.

Les ailes se referment

Selon les termes d'un extrait d'un ordre du jour du Général Bernard d'Harcourt, « Avant que nos ailes ne se referment ... ».

Les clauses de l'Armistice concernant l'aviation qui se voulaient humiliantes (Général Keitel à Rethondes le22 juin 1940 [14]) ont été atténuées. Après consultation du Maréchal Goering, il était spécifié « [...] qu'il était renoncé à la livraison des avions militaires, si tous ceux qui étaient en possession des forces aériennes françaises étaient désarmés et mis en sécurité sous contrôle allemand. » [14]. Il était également déclaré que « [...] l'Allemagne n'entendait donner aux conditions d'armistice aucun caractère humiliant à l'égard d'un adversaire aussi brave. ». Les avions restaient entre les mains de ses équipages, en attendant des jours meilleurs !

Les évasions

De repli en repli, les éléments de l'armée de l'air ont atteint le sud de la France. Les avions capables de traverser la Méditerranée sont acheminés vers l'Algérie. Le général Bernard d'Harcourt assurera « à la fin de la campagne de France, le repli en Afrique du Nord de la plus grande partie de l'aviation de combat » [15].

Au moment de la cessation des combats, il y aura évasion d'avions d'Oran [16] et de Casablanca [17] vers Gibraltar où 4 avions se poseront . D'autres partiront du sud de la France vers l'Angleterre. Ils reprendront le combat plus ou moins rapidement, remis au combat en Angleterre.

Bilan sommaire

L'aviation française[18], face à un ennemi cinq fois supérieur en nombre, lui infligera des pertes plus de deux fois supérieures aux siennes. La DCA descendra 120 appareils qui portent le total des pertes de la Luftwaffe à 853 avions. L'armée de l'ai perdra 852 appareils :

  • 410 en combat,
  • 202 par bombardement,
  • 230 par accident.

Les pertes en personnel sont plus lourdes (du 10 mai au 25 juin 1940) :

  • 117 tués (dont 56 sous-officiers),
  • 371 disparus (dont 145 officiers),
  • 191 blessés (dont 79 officiers).

Précisons que sur 1.900 prisonniers de guerre allemands détenus en France, plus d'un tiers (750) étaient aviateurs.

En conclusion

Avec le recul du temps, les Anglais ont bien été obligés d'admettre [19] que l'action de l'aviation française, au cours des semaines dramatiques, leur avait accordé un répit très appréciable. Ceci rejoint les déclarations du communiqué du Général d'Harcourt dans la première semaine de juillet 1940 [20] « [...] Qui sait, à bien voir, ce qu'aurait été l'issue de la bataille d'Angleterre si les Allemands avaient disposé, des quelques "1000 avions et équipages" abattus par nos pilotes ? N'oublions pas que sur les 2050 prisonniers qui se trouvèrent entre nos mains au moment de l'armistice, il y avait 715 aviateurs. »

La Luftwaffe

Les volontaires de la légion Condor, durant la guerre civile espagnole (1936-1939), ont acquis une expérience des combats aériens modernes [21]. Le traité de Versailles (1939 a été contourné dès la République de Weimar. Entre autres, la collaboration germano-soviétique a permis l'instruction annuelle de 250 stagiaires pilotes. Les écoles de vol à voile ont permis à de futurs as de se former (Adophe Galland à Westerholt en Westphalie). Des accords avec l'Italie fasciste permettront à d'autres pilotes de se former(à Grottaglie entre autres). Les jeunes pilotes formés reviennent en Allemagne s'amalgamer aux anciens pilotes de la guerre de 1914-1918.

Front de Pologne

En septembre 1939, au début de la campagne de Pologne, la Luftwaffe peut aligner 2600 avions de combat bien expérimentés et améliorés grâce à l’expérience acquise sur les fronts espagnols. La supériorité sur les Polonais est de l'ordre de 1 contre 6. Au 3e jour, l'aviation est hors de combat.

Front de Hollande

L'aviation néerlandaise et belge est vite liquidée.

  • 10 mai 1940
    • Les modestes forces ont disparu.
    • La Luftwaffe aligne 3 armées aériennes réunissant 3500 appareils.
    • Au matin du 10 mai, un observateur survolant les Ardennes témoigne que « [...]l'ensemble ne donne nulle impression de massif dense et touffu[...] ».

La rupture

  • 12 mai
    • Bombardement de la région de Charleville.
    • Von Kleist va frapper Sedan. Les Stukas de Sperrle (Luftflotte n° 3) vont provoquer la rupture.

Engagement de la RAF

Fin mai, pour couvrir le corps expéditionnaire britannique en France (CEBF) en retraite à Dunkerque, les pilotes allemands (Adolf Galland) peuvent mesurer l'efficacité des chasseurs Spitfire qui surclassent les Messerschmitt [22]. Le CEF quittera la France, dans des conditions dramatiques, mais ce ne fut pas une victoire pour l'Allemagne.

Bientôt va se dresser sur la Tamise le dernier rempart avec une nation déterminée que rejoindront nos évadés de France. La résistance s'organise sur le sol français.

Notes et références

Bibliographie
  • René Chambe, Histoire de l'aviation, Flammarion, 1963, 556 p. 
  • « Les ailes françaises 1939-1941- Victoires oubliées », dans Les Dossiers de l'Histoire, no 74, 1991, p. 176 
Notes
  1. voir Les ailes Françaises p.40 « Nos faiblesses »
  2. voir Les ailes françaises p. 14
  3. voir René Chambe (1963) p. 321
  4. chiffre contredit : voir Les ailes françaises, p. 22-23 94. 10 groupes avec 94 appareils disponibles
  5. En réalité, reconnaissance et observation ne disposent que de 450 appareils dont la moitié disponibles. Voi Les ailes françaises p. 26
  6. voir Les ailes françaises, p. 13
  7. ce qui suit est résumé de Les ailes françaises pp. 30-34
  8. voir Les Ailes françaises, p. 30
  9. voir René Chambe (1963) p. 331
  10. http://francecrashes39-45.net/recits_avions/ab1-5.pdf?PHPSESSID=99a26b7d48eaa14e7d75a74da1c512b6
  11. voir René Chambe (1963) pp. 352-353
  12. Les ailes françaises pp. 98-99
  13. d'après René Chambe (1963) pp. 354-355
  14. a et b voir René Chambe (1957) p. 358
  15. voir sites consacrés au Général Bernard d'Harcout
  16. évasion le 29 juin de René Mouchotte sur un Caudron Goëland saboté avec 3 aviateurs et 2 officiers vers Gibraltar. Voir Les ailes françaises p. 151
  17. Un Glenn-Martin parti de Casablanca sera abattu par la DCA d'Algesiras, stupidement. Voir Les ailes françaises p. 151
  18. voir Les ailes françaises p. 50 et 95
  19. Les ailes françaises p. 96
  20. Les ailes françaises p. 95
  21. voir Les ailes françaises pp. 115-118
  22. voir Les ailes françaises p. 132
Liens externes

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Juin 1940 de Wikipédia en français (auteurs)

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