Kabyle (langue)

Kabyle (langue)

Kabyle

Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne la langue kabyle. Pour le peuple, voir Kabyles.
Kabyle
Taqbaylit, ⵜⴰⴾⴱⴰⵉⵍⵉⵜ
Parlée en Algérie, communautés immigrées, aux États-Unis, en France et au Canada notamment
Région Kabylie
Nombre de locuteurs 5,5 millions en Algérie, probablement plus de 7 millions dans le monde (source : Salem Chaker (Inalco dans L'Encyclopédie berbère 2004).
Typologie VSO
Classification par famille
(Dérivée de la classification SIL)
Codes de langue
IETF (en) kab
ISO 639-2 kab
ISO/DIS 639-3 (en) kab
type : L (langue vivante)
étendue : I (langue individuelle)
SIL KYL
Échantillon

Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme (voir le texte en français)

Imdanen, akken ma llan ttlalen d ilelliyen msawan di lhwerma d yizerfan- ɣur sen tamsakwit d laɛqel u yessefk at-tili tegmatt ger-asen.

Le kabyle (taqbaylitPrononciation du titre dans sa version originale) est une langue berbère parlée en Kabylie (Algérie)et également dans l'importante diaspora kabyle, en Afrique du nord et dans d'autres pays (notamment la France). Le nombre de locuteurs est estimé à plus de 5 millions en Kabylie[1], et à plus de 7 millions dans le monde. Il s'agit de la seconde langue berbère la plus parlée, après le chleuh (sud du Maroc).

En Algérie, c'est la première langue au nombre de locuteurs berbèrophones, suivi par le Chaoui (langue elle-même assez proche du kabyle).

Le 10 avril 2002, une révision de la constitution algérienne ajouta l'article 3bis, reconnaissant le « tamazight » comme langue nationale[2].

Sommaire

Origines

La langue kabyle est une variante du tamazight. Elle dérive du proto-afrasien qui existait il y a 10000 à 17000 ans dont l'origine remonte aux régions de l'Afrique de l'Est. [3]

Phonologie

Voyelles

Le kabyle, et le berbère en général, comporte trois voyelles, plus une voyelle de lecture :

  • a est moins ouvert qu'en français, entre le « a » et le « e » [æ]
  • i se prononce entre le « i » [i] et le « é » français [e]
  • u se prononce « ou » [u]

Le son e [ə] (comme dans l'anglais « children »), appelé ilem, est un schwa. Il n'est pas considéré comme une véritable voyelle, mais a pour but de faciliter la lecture. Historiquement, ilem est le résultat d'une réduction ou d'une fusion des trois voyelles. La réalisation phonétique des voyelles est influencée par les consonnes voisines. Par exemple, les consonnes emphatiques entraînent une prononciation plus ouverte : aẓru (pierre) se lit [az̴ru] tandis qu'amud (grain) donne [æmud].

Consonnes

Phonèmes-consonnes kabyles
  Bilabiale Labio
dentale
dentale Dental Alvéolaire Post
alvéolaire
Palatale Vélaire Uvulaire Pharyngale Glottale
 Plain  Lab.  Plain  Emph.  Plain  Emph.  Plain  Emph.  Plain  Emph.  Plain  Lab.  Plain  Lab.  Plain  Lab.
Occlusive sourde           t [] ṭ []             k [k] k [] q [q] q []    
voisée b [b] b []       d []             g [g] g []        
Affriquée sourde               tt [ts]   č []                  
voisée               zz [dz]   ǧ []                
Fricative sourde b [β]   f [f] t [θ]       s [] ṣ [] c [ʃ] c [ʃˁ] k [ç] k [çʷ]     x [χ] x [χʷ] ḥ [ħ] h [h]
voisée       d [ð] ḍ [ðˁ]     z [] ẓ [] j [ʒ] j [ʒˁ] g [ʝ] g [ʝʷ]     ɣ [ʁ] ɣ [ʁʷ] ɛ [ʕ]  
Nasale m [m]         n [n]                          
Latérale           l [l] l []                        
Roulée           r [ɾ̪] r []                        
Spirante w [w]                     y [j]            

Assimilation et gémination

Certaines assimilations sont caractéristiques d'une variante locale du kabyle, tandis que d'autres relèvent de la langue elle-même. Ces assimilations ne sont pas notées à l'écrit. Par exemple :

  • /n/ + /w/ : axxam n wergaz (« la maison de l'homme ») peut se lire
    • « Axxam n wergaz. » (pas d'assimilation),
    • « Axxam bb wergaz » ou « Axxam pp wergaz »,
    • etc.
  • /d/ + /t/ : d taqcict (« c'est une fille ») se prononce « tsaqcict ».
  • autres assimilations : /t/ + /t/ = /ts/, /n/ + /w/ = /bb/ ou /pp/, /i/ + /y/ = /ig/, /w/ + /w/ = /bb/, /y/ + /y/ = /gg/.

La gémination affecte la qualité de certaines consonnes, transformant les fricatives en occlusives. Une consonne ɣ géminée devient /qq/.

Consonnes fricatives contre occlusives

La phonologie kabyle est composée de phonèmes fricatifs qui sont à l'origine des occlusives et qui sont restées telles quelles dans les autres langues berbères. La gémination provoque aussi une transformation des fricatives en occlusives.

À l'écrit, la différence n'est pas notée. La liste ci-dessous compare les fricatives et les occlusives et indique quand elles sont prononcées.

Consonne B D G K T
Fricative /β/ Prononciation du titre dans sa version originale /ð/Prononciation du titre dans sa version originale /ʝ/Prononciation du titre dans sa version originale /ç/Prononciation du titre dans sa version originale /θ/Prononciation du titre dans sa version originale
Occlusive /b/ /d/ /g/ /k/ /t/
Est une occlusive après m l,n b,j,r,z,ɛ f,b,s,l,r,n,ḥ,c,ɛ l,n
Est une occlusive après (et leurs dérivés) ngeb, ngeḥ, ngeẓwer, angaẓ, ngedwi, nages,ngedwal

Régions

Du fait du découpage administratif de la Kabylie par l'Algérie indépendante, la langue kabyle se trouve présente dans sept wilayas.

Les populations des wilayas de Tizi Ouzou (Tizi Wezzu en kabyle), Béjaïa (Bgayet) et Bouira (Tubiret) sont majoritairement kabylophones. Le kabyle est présent dans une grande partie de Bordj Bou Arreridj et dans une petite partie de Boumerdes. Dans les wilayas d'Alger, Boumerdes, Sétif, Bordj Bou Arreridj, M'Sila et Bouira, le kabyle cohabite avec l'arabe dialectal. Il reste aussi présent parmi la diaspora kabyle vivant dans les wilayas à dominante arabophones, et à l'étranger. D'ouest en est, certains phonéticiens distinguent quatre zones caractérisées par trois prononciations distinctes de cette langue. À l'ouest de Tizi Ghenif, la Kabylie du Djurdjura, la vallée de la Soummam et la zone allant de Béjaïa à l'est. Ces distinctions sont indiscernables à la plupart des kabylophones, sauf les variantes de prononciation des semi-voyelles tendues "ww" et "yy".

Historique

La langue kabyle est une des langues berbères les plus connues et les plus étudiées, surtout depuis 1844. La proximité de la Kabylie avec Alger la met à la portée des linguistes et des universitaires français dès le XIXe siècle. La plupart des dictionnaires et grammaires ont été réalisés dans les premières décennies de la présence coloniale française.

Armée coloniale française
  • 1844 : premier dictionnaire du kabyle.
  • 1846-1877 : Création du Fichier de documentation berbère.
  • 1858 : Adolphe Hanoteau publie la première Grammaire kabyle.
  • 1867 : Recueil Poésies populaires du Jurjura par Adolphe Hanoteau.
  • 1873 : La Kabylie et les coutumes kabyles de Adolphe Hanoteau et Aristide Letourneux, est une sorte d'encyclopédie, base d'informations sur la Kabylie, de nos jours encore, fait figure d'ouvrage de référence.
Université française et indigène
  • 1880 : ouverture d'un bureau berbère dans la nouvelle École supérieure de lettre d'Alger (future Université d'Alger). Le premier professeur (maître de conférences) est Si El Hachemi ben Si Lounis.
  • À partir de 1900, les berbérisants sont majoritairement originaires de la Kabylie (Saïd Cid Kaoui, Belkassem Bensedira, Amar Saïd Boulifa, etc…). L'aménagement de la langue se poursuit.
  • 1946-1977 : Création du Fichier de documentation berbère initié par les Pères blancs. En plus de rassembler un important matériel linguistique, le Fichier contribuera à une standardisation de la langue et la création d'une transcription latine adaptée.
  • 1962 : l'Algérie indépendante, qui se proclame « arabe », ferme les bureaux d'étude berbère dans les universités du pays.
L'apport de Mouloud Mammeri
Le printemps berbère
  • 1980 : Mouloud Mammeri publie les Poèmes kabyles anciens. L'interdiction d'une de ses conférences à l'université de Tizi Ouzou sur la poésie kabyle ancienne est à l'origine des événements du Printemps berbère, violente répression du mouvement linguistique berbérophone en Kabylie et à Alger.
  • 1982 : Dictionnaire kabyle-français de Jean-Marie Dallet.
  • 1990 : Ouverture d'un département langue et culture berbère à Tizi Ouzou puis à Béjaia en 1991.
  • 1994-1995 : « Grève du cartable » en Kabylie pour exiger l'officialisation du berbère au côté de l'arabe. Le berbère n'est pas officialisé mais à partir de 1995, le kabyle arrive dans l'enseignement scolaire, toutefois sans moyens ni structure pour une mise en place sérieuse dans l'enseignement. Et un Haut Commissariat à l'Amazighité (HCA) est crée.
Le printemps noir
  • 2001 : Après l'assassinat d'un jeune étudiant kabyle dans une gendarmerie, éclatent les émeutes du « Printemps noir » qui coûteront la vie à plus de 120 algériens (Kabyles) et feront des milliers de blessés, en majorité des jeunes. Les revendications démocratiques par une grande partie de la population ne sont pas prises en compte par le pouvoir, mais en concession une grande partie des revendication culturelles et identitaires (Plate-forme d'El-Kseur) sont acceptées.
  • 2002 (10 avril) : Le berbère est mentionné dans la Constitution et devient langue nationale, sans mesures pratiques ni officialisation.

Écriture

Panneau devant la faculté de Tizi-Ouzou , avec écriture tifinagh

Aujourd'hui le kabyle s'écrit grâce à l'alphabet berbère, à savoir sa variante propre de l'alphabet latin, aussi appelé tamεamerit (du nom de Mouloud Mammeri).

Durant l'antiquité, la langue Berbère a été l'une des toutes premières écrites, grâce à l'alphabet tifinagh.

Il est même possible que ce dernier soit antérieur à l'alphabet phénicien, et par conséquent, la première forme d'écriture alphabéticale !!!

A partir du début de l'ère chrétienne, l'alphabet tifinagh va beaucoup souffrir de l'adoption du latin comme langue des élites nord-africaines, tendance qui va s'accentuer avec la christianisation. Au final, l'alphabet tifinagh disparaîtra en tant qu'écriture vernaculaire au 7e siècle après Jésus-Christ.

Durant toute la période du moyen-âge, le latin devenu langue administrative (comme partout en Europe), le berbère sera rarement écrit. La mince production littéraire écrite en langue kabyle de cette période (essentiellement religieuse), est écrite en tifinagh (plus ou moins modifié), et dont il ne reste que peu de vestiges de nos jours.

La production en langue latine est en revanche florissante, et ce depuis l'antiquité tardive.

C'est au 19ème siècle que le kabyle va vraiment redevenir une langue écrite. Sous l'influence des Français, présents dans la régence voisine d'Alger, les intellectuels kabyles décident d'adopter l'alphabet latin.

Le processus de latinisation est lent et long: en effet, si la plupart des langues d'Europe se sont écrites à la même période, elles bénéficiaient généralement d'un modèle linguistique cousin, plus anciennement transcrit: allemand pour les langues germaniques, russe pour les langues slaves, ect. Le kabyle, lui, a dû forger son propre modèle par le biais de nombreuses modifications...

On peut noter cependant une principale notation: celle datant du début du 20ème siècle, mise en place par Amar Saïd Boulifa, père de la littérature kabyle contemporaire, basée largement sur les règles phonétiques françaises (Boulifa était effectivement francisant) et qui perdurera jusqu'aux années 1970, avant d'être modernisée par Mouloud Mammeri. Cela donnera l'alphabet latin berbère moderne.[4].


Caractère tifinagh

De nos jours l'alphabet tifinagh, bien que d'usage folklorique, reste un symbole culturel fort pour la plupart des Kabyles. La première version de néo-tifinagh (car somme toute différente des tifinaghs historiques antiques) a été développée par l'académie berbère dans les années 1960.

La version ici présentée est celle développée par l'IRCAM, au Maroc, en plus de celle usitée par les Touaregs depuis toujours.

Codes couleur
Couleur Signification
  Tifinaghe de base selon l'IRCAM
  Tifinaghe étendu (IRCAM)
  Autres lettres tifinaghes
  Lettres Touareg modernes
  Ces cases ne devraient pas être utilisées
Lettres simples (et lettres modifiées)
Code Glyphe Unicode Translittération Nom
Latin Arabe
U+2D30 2D30.png en tifinagh a ا ya
U+2D31 2D31.png en tifinagh b ب yab
U+2D32 2D32.png en tifinagh bh ٻ yabh
U+2D33 2D33.png en tifinagh g گ yag
U+2D34 2D34.png en tifinagh gh ڲ yagh
U+2D35 2D35.png en tifinagh dj ج yaj selon l'Académie berbère
U+2D36 2D36.png en tifinagh dj ج yaj
U+2D37 2D37.png en tifinagh d د yad
U+2D38 2D38.png en tifinagh ض yadh
U+2D39 2D39.png en tifinagh ض yadd
U+2D3A 2D3A.png en tifinagh ض yaddh
U+2D3B 2D3B.png en tifinagh e ه yey
U+2D3C 2D3C.png en tifinagh f ف yaf
U+2D3D 2D3D.png en tifinagh k ک yak
U+2D3E 2D3E.png en tifinagh k ک yak touareg
U+2D3F 2D3F.png en tifinagh ⴿ kh خ yakhh
U+2D40 2D40.png en tifinagh h
b
ھ
ب
yah
= yab Touareg
U+2D41 2D41.png en tifinagh h ھ yah selon l'Académie berbère
U+2D42 2D42.png en tifinagh h ھ yah touareg
U+2D43 2D43.png en tifinagh ح yahh
U+2D44 2D44.png en tifinagh æ (ɛ) ع yaʿ
U+2D45 2D45.png en tifinagh kh خ yakh
U+2D46 2D46.png en tifinagh kh خ yakh touareg
U+2D47 2D47.png en tifinagh q ق yaq
U+2D48 2D48.png en tifinagh q ق yaq touareg
U+2D49 2D49.png en tifinagh i ي yi
U+2D4A 2D4A.png en tifinagh j ج yazh
U+2D4B 2D4B.png en tifinagh j ج yazh de l'Ahaggar
U+2D4C 2D4C.png en tifinagh j ج yazh touareg
Code Glyphe Unicode Translittération Nom
Latin Arabe
U+2D4D 2D4D.png en tifinagh l ل yal
U+2D4E 2D4E.png en tifinagh m م yam
U+2D4F 2D4F.png en tifinagh n ن yan
U+2D50 2D50.png en tifinagh ny ني yagn touareg
U+2D51 2D51.png en tifinagh ng ڭ yang touareg
U+2D52 2D52.png en tifinagh p پ yap
U+2D53 2D53.png en tifinagh u
w
و
ۉ
yu
= yaw Touareg
U+2D54 2D54.png en tifinagh r ر yar
U+2D55 2D55.png en tifinagh ڕ yarr
U+2D56 2D56.png en tifinagh gh (ɣ) غ yagh
U+2D57 2D57.png en tifinagh gh (ɣ) غ yagh touareg
U+2D58 2D58.png en tifinagh gh (ɣ)
dj
غ
ج
Ayer yagh
= yaj de l'Adrar
U+2D59 2D59.png en tifinagh s س yas
U+2D5A 2D5A.png en tifinagh ص yass
U+2D5B 2D5B.png en tifinagh sh (ʃ) ش yash
U+2D5C 2D5C.png en tifinagh t ت yat
U+2D5D 2D5D.png en tifinagh ط yath
U+2D5E 2D5E.png en tifinagh ch (tʃ) تش yach
U+2D5F 2D5F.png en tifinagh ط yatt
U+2D60 2D60.png en tifinagh v ۋ yav
U+2D61 2D61.png en tifinagh w ۉ yaw
U+2D62 2D62.png en tifinagh y ي yay
U+2D63 2D63.png en tifinagh z ز yaz
U+2D64 2D64.png en tifinagh z ز Tawellemet yaz
= yaz harpon
U+2D65 2D65.png en tifinagh دز yazz
U+2D6F 2D6F.png en tifinagh +w ۥ+ marque de labio-vélarisation
= Tamatart
= <super> 2D61
Digrammes (ligatures possibles)
Code Glyphe Unicode Translittération Nom
Latin Arabe
U+2D5C U+2D59 2D5C.png2D59.png en tifinagh ⵜⵙ ts تس yats
U+2D37 U+2D63 2D37.png2D63.png en tifinagh ⴷⵣ dz دز yadz
Code Glyphe Unicode Translittération Nom
Latin Arabe
U+2D5C U+2D5B 2D5C.png2D5B.png en tifinagh ⵜⵛ tch (tʃ) تش yatch
U+2D37 U+2D4A 2D37.png2D4A.png en tifinagh ⴷⵊ dj دج yadzh

Statut

Le kabyle, et le berbère en général, ne sont pas reconnus comme langues officielles en Algérie, mais uniquement comme langues nationales. Ce statut est toutefois plus enviable que celui réservé à l'arabe algérien, langue de 73% des algériens, qui ne bénéficie d'aucun statut légal. Le kabyle est la langue de certains médias comme la radio nationale Chaîne II, de quelques bulletins d'informations dans la chaîne de télévision d'État ENTV et la chaîne TV et les radios privées Berbère Télévision émettant depuis Paris, France. Malgré la création symbolique[réf. nécessaire] d'un Haut Commissariat à l'Amazighité (HCA) en 1995, et malgré la reconnaissance formelle (2002) du berbère, comme « langue nationale » sous la pression du sanglant Printemps noir de 2001, le statut de cette langue reste problématique, sa condition fragile et son avenir incertain[réf. nécessaire].

La politique d'arabisation structurée mise en œuvre par le régime FLN depuis 1962 a entraîné la dékabylisation de larges couches de Kabyles de souche, surtout parmi les jeunes nés depuis l'Indépendance (1962) et vivant dans les grandes villes comme Alger ou Constantine. La Chaine II de la radio nationale, qui ne peut être captée dans tout le pays, a longtemps servi de vecteur à l'arabisation du lexique kabyle dont l'usage s'est beaucoup appauvri parmi les kabylophones.[réf. nécessaire]

La résistance contre la disparition du kabyle a pris diverses formes depuis 1962, notamment à travers l'association Agraw Imazighen au début des années 1970 et de mouvements populaires comme le Printemps berbère d'avril 1980 (suite à l'interdiction par le gouvernement d'un exposé de l'écrivain Mouloud Mammeri sur la poésie kabyle ancienne).

La forte densité de la population Kabyle, un certain dynamisme de l'émigration notamment en Europe, ont permis à la langue kabyle de maintenir son dynamisme et de ne pas disparaître, suite à l'arabisation de l'enseignement et de l'ensemble de l'environnement social et administratif. Depuis les années 1970, la chanson, le théâtre et les actions de passage à l'écrit, voire l'utilisation d'outils informatiques (cf. le logiciel Awal Amazigh), accompagnent la réflexion sur la modernisation du kabyle et l'orientation des travaux universitaires en sciences sociales et humaines [5].

Exemples

Dans la prononciation standard, certains sons se notent :

  • T : t avec emphase
  • th : t spirant (comme thank you)
  • dh : d spirant (comme this)
  • DH : d spirant avec emphase
  • H : h pharyngal ([ħ])
Mot Traduction Prononciation standard
terre (élément) akal akal (k = ch allemand)
ciel igenni iguèn-ni
eau aman amane
feu times thimess
Homme amdan amdhan (/t/ de this)
homme argaz argaz
femme tameṭṭut thameT-Toth (t emphatique)
manger ečč èt-ch
boire ssew sèw
grand ameqqran ameq-qrân
petit amectuh amechtouh
nuit degid thegith (d emphatique)
jour ssvah assvah
salut azul azoul
Merci Tanemmirt Thanemmirth
Donne moi fki-y-id fkiyide

Proverbes ou Inzan

Article détaillé : Proverbes kabyles.

Ibeddel adrum, s-weɣrum.

Il a changé de clan, pour une bouchée de pain.

Ayen yellan di teccuyt, ad t-id yessali uɣenja.

Ce qui est dans la marmite, la louche le fera remonter.

Cinéma

La fin des années 1970 a vu la naissance d'un cinéma berbérophone essentiellement kabyle avec des œuvres comme "La Colline oubliée" de M. Bouguermouh, "la Montagne de Baya" de Azdine Meddour, "Machaho" de Belkacem Hadjadj et "Mariage par annonces" de Si Mohand. D'autre part, la production audiovisuelle réalisée en kabyle, par des bénévoles de Berbère TV est relativement professionnelle mais pleine de promesses!!!

Notes et références

  1. (fr) - « Langue et littérature berbères », article de Salem Chaker, professeur de berbère à l'Inalco, et directeur du Centre de Recherche Berbère.
  2. Abdelaziz Bouteflika, « Loi n° 02-03 du 27 Moharram 1423 correspondant au 10 avril 2002 portant révision constitutionnelle », 2002
  3. Hassan Remaoun, « Le Maghreb, le Sahara,l’Afrique et la langue berbère »
  4. Gabriel Camps, Les berbères.
  5. Dahbia Abrous, Le refus du Musée in « Berbères ou arabes? », sous la dir. d'Hélène Claudot-Hawad, Ed. Non lieu, 2006.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes


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