Kenzaburo Oe

Kenzaburo Oe

Kenzaburō Ōe

Kenzaburō Ōe
Kenzaburō Ōe
Kenzaburō Ōe

Activité(s) romancier, poète, novelliste
Naissance 31 janvier 1935 (74 ans)
Mouvement(s) naturalisme, symbolisme, existentialisme
Genre(s) dramatique, mythique, mélancolique, philosophique, écologique
Distinctions prix Agutagawa, prix Europolia, prix Nobel de littérature

Kenzaburō Ōe (大江 健三郎, Ōe Kenzaburō?) est un écrivain japonais né le 31 janvier 1935, lauréat du prix Nobel de littérature. Ce dernier a consacré celui « qui, avec une grande force poétique crée un monde imaginaire où la vie et le mythe se condensent pour former un tableau déroutant de la délicate situation humaine actuelle. »[1]

Sommaire

Biographie

Il est né et a grandi dans un village « cerné par la forêt de l’île de Shikoku, où sa famille habitait depuis des centaines d’années sans qu’aucun de ses membres ne se soit jamais exilé »[2]. Dès l’école primaire, il s’est intéressé aux cultures étrangères (au travers de la littérature), découvrant grâce à sa mère les Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain, d’abord dans une traduction japonaise qu’il apprit par cœur avant de découvrir le texte en version originale au moment de l’occupation américaine. Son ouverture fut renforcée par la connaissance du travail de Kazuo Watanabe. À dix-huit ans, admis à l’université de Tōkyō, il quitte pour la 1re fois l’île de Shikoku et part étudier la littérature française . Étudiant brillant mais solitaire, honteux de son accent provincial, c’est sous l’effet du whisky et des tranquillisants qu’il commence à écrire en 1957, fortement influencé par les littératures contemporaines française et américaine, et en particulier, celle de François Rabelais, Albert Camus et Jean-Paul Sartre sur qui portera son mémoire de fin d’études. Son premier récit publié, Un drôle de travail, fait de lui le porte-parole de la jeune génération japonaise dont il incarne le désarroi. Il a également étudié l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline qu’il reconnaît comme étant l’une de ses influences majeures.

En 1963, la naissance de son fils handicapé : Hikari « modifia son univers avec autant de violence qu’une explosion solaire. »[3]. Dans le prolongement immédiat de cet évènement personnel, il écrit deux ouvrages : Un cas très personnel, premier d’une série de récits dont le personnage central est le père d’un enfant handicapé mental, et Notes sur Hiroshima, recueil d’essais sur les survivants d’Hiroshima. Celui-ci et celui-là enregistrent les faits qui témoignent de la persistante vitale suite à des bouleversements subit à l’échelle de l’individu comme à celle du monde. Ces expériences forgent définitivement sa posture d’écrivain.

Après avoir reçu le prix Nobel de littérature en 1994, Ōe a annoncé qu’il n’écrirait plus de romans, en arguant du fait que son fils, compositeur, avait désormais sa propre voix, et qu’il n’avait donc plus besoin de lui en fournir une via son œuvre de fiction.

Il a été marqué par les dégâts causés par le nationalisme par une société militarisée. Défenseur de la démocratie, il milite avec d’autres intellectuels pour que le Japon ne remette pas en cause l’article 9 de sa constitution. Il a ainsi fondé en 2004 avec Shūichi Katō et d’autres, une association de défense de la Constitution pacifique[4].

Son œuvre

L’œuvre d’Ōe, complexe et dense, occupe une place à part entière dans la littérature japonaise contemporaine. L’extrême originalité de son style jalonne une écriture tourmentée, imagée, riche en métaphores, saisissant les infimes perceptions du réel et des flux de conscience contradictoires en prise avec les affects, les relations humaines opposées et le rapport de forces politiques. Dans Agwîî le monstre des nuages (1964), l’écrivain évoque son fils autiste qui deviendra un personnage récurrent dans ses ouvrages, bien connu de ses fidèles lecteurs : Hikari (« lumière » en japonais). Une longue variation de thèmes d’origine diverse (le sacrifice, la nation, la mort, le temps, la mémoire, la nature) viennent s’entrelacer de manière plus ou moins romanesque dans un jeu de références à Dante, William Blake et Malcolm Lowry. Le naturalisme et la mythologie y côtoient les théories littéraires de l’auteur et ses considérations politiques et écologiques. Le monde d’Ōe traduit l’angoisse de l’être face aux grands bouleversements des temps modernes : un certain scepticisme sourd en effet vis-à-vis de la société contemporaine en général et de la nation japonaise en particulier. Il est un auteur amer et critique face à la norme sociale et aux règles établies, se voulant de surcroît le pourfendeur du militarisme et du néofascisme répandu dans le Japon des années 1960. Il dénonce également les méfaits de l’urbanisation galopante et la vénération des nouvelles technologies, prônant un retour à la contemplation de la nature et à la méditation spirituelle. L’univers du romancier se caractérise par une saisie de fragments autobiographiques mêlés à une imagination foisonnante, sans égal dans la littérature japonaise contemporaine. Le rêve y côtoie la raison, l’Histoire y accompagne la dimension du mythe et l’imaginaire y souligne, sans jamais s’y opposer, la réalité retranscrite en plusieurs strates opposées les unes aux autres. Loin d’être occidentalisé, provocateur et d’infliger un mauvais traitement aux conventions du langage littéraire comme une partie de la critique nipponne l’a affirmé, le japonais d’Ōe juxtapose différents registres stylistiques dans une langue ample, luxuriante, souvent rugueuse et brutale mais constamment réflexive. Ses textes, écrits généralement à la première personne, réconcilient une tradition romanesque réaliste à un courant plus symboliste.

Ōe au Japanisches Kulturinstitut (Institut culturel japonais) de Cologne en Allemagne en 2008.

Ses œuvres les plus célèbres sont Le Jeu du siècle (1967), Déluge étendu jusqu’à ma mort (Kōzui wa waga tamashii ni oyobi, 1973), le Jeu contemporain (Dōjidai gēmu, 1979), Les Femmes qui écoutent l’arbre de pluie (Reinstsuri o kiku onnatachi, 1982) et Lettres des années de nostalgie (1989).

Il a été gratifié :

  • du prix Akutagawa, la plus haute récompense littéraire japonaise, à l’âge de 23 ans,
  • du Prix Europalia 1989 pour l’ensemble de son œuvre,
  • du Prix Nobel de littérature en 1994,
  • de l’Ordre du Mérite Culturel Japonais en 1994 (refusé),
  • du titre de Docteur Honoris Causa de l’INALCO (Institut national des langues et civilisations orientales) en 2005.

Livres en français

  • Un drôle de travail (奇妙な仕事, Kimyō na shigoto, 1957)
  • Une bête à nourrir (飼育, Shiiku, 1958)
  • Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants (芽むしり仔撃ち, Memushiri kouchi, 1958)
  • Ainsi mourut l’adolescent politisé (政治少年死す, Seiji syōnen shisu, 1961)
  • Agwii, le monstre des nuages (空の怪物アグイー, Sora no kaibutsu Aguii, 1964)
  • Notes de Hiroshima (ヒロシマ・ノート, Hiroshima nōto, 1965) (essais)
  • Une affaire personnelle (個人的な体験, Kojinteki na taiken, 1965) (roman), Stock, 1994
  • Dites-nous comment survivre à notre folie (われらの狂気を生き延びる道を教えよ, Warera no kyōki wo ikinobiru michi wo oshieyo, 1966) (nouvelles)
  • Le Jeu du siècle (万延元年のフットボール, Man'en gannen no futtobōru, 1967) (roman)
  • Le Jeu de la synchronie (同時代ゲーム, Dōjidai geimu, 1979)
  • Réveillez-vous, ô jeunes gens du nouvel âge (新しい人よ、眼ざめよ, Atarashii hito yo mezameyo, 1983) (nouvelles)
  • Parfois le cœur de la tortue (現代 ゲーム, Ume no chiri, 1984) (nouvelles)
  • Une existence tranquille (静かな生活, Shizuka na seikatsu, 1990) (roman)
  • M/T et l’Histoire des merveilles de la forêt [Quand ?]
  • Lettres aux années de nostalgie [Quand ?]
  • Une famille en voie de guérison (récit) [Quand ?]
  • Moi, d’un Japon ambigu (あいまいな日本の私, Aimai na Nihon no watashi, 1995)
  • Le Faste des morts (Shisha no ogori, 1957, Hato, 1958, Seventeen, 1963) (nouvelles)

Référence

  1. Traduit de l’anglais : « who with poetic force creates an imagined world, where life and myth condense to form a disconcerting picture of the human predicament today. » (source :Site officiel de la Fondation Nobel , in Nobel prize Laureates in literature, rubrique consacrée à Kenzaburō Ōe, 1994).
  2. Traduit de l’anglais : « in a village hemmed in by the forests of Shikoku, one of the four main islands of Japan. His family had lived in the village tradition for several hundred years, and no one in the Oe clan had ever left the village in the valley. » (source : Site officiel de la Fondation Nobel , in Nobel prize Laureates in literature, rubrique consacrée à Kenzaburō Ōe, 1994).
  3. Dites-nous comment survivre à notre folie, Kenzaburō Ōe, traduction : Marc Mécréant, Préface John Nathan, p. 12, coll. Folio, éd. Gallimard.
  4. Nécrologie de Shūichi Katō dans Le Monde, p. 21, daté du 16 décembre 2008.

Cet article est largement tiré d’une étude de René de Ceccaty et Ryoji Nakamura (tous deux traducteurs français d’Ōe) dans Le Nouveau Dictionnaire des auteurs (de tous les temps et de tous les pays), aux éditions Laffont-Bompiani, Paris 1994, volume 2 (L-Z), pages 2362-2363.

Voir aussi


Précédé de :
Toni Morrison
Prix Nobel de littérature
1994
Suivi de :
Seamus Heaney


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