Ambulant Postal

Ambulant Postal

Ambulant postal

Le terme ambulant a désigné dans le vocabulaire utilisé par les services postaux, tout ce qui avait trait au tri du courrier dans des véhicules roulants. La plupart de ces véhicules était des wagons-poste, incorporés à des trains transportant des voyageurs. Sur certains grands axes, en raison du nombre de services ambulants à tracter, étaient constitués des trains postaux. Il y eut également des bureaux-ambulants routiers, installés dans des autocars spécialement aménagés pour le tri.

Sommaire

Les postiers ambulants

Par extension, les "ambulants" désignaient les postiers travaillant dans ces services. La majorité d'entre eux étaient employés sur des horaires de "nuit" mais, il y eut aussi pendant longtemps des services ambulants de "jour" appelés les "primaux". Constitués en "brigades", les équipes des ambulants avaient des cycles de travail qui permettaient d'assurer le service les sept jours de la semaine, tout en leur fixant des nuits de repos. Leur rémunération prenait en compte les frais qu'ils avaient en "bout de ligne", à la fin de leur "voyage" aller ou "descente". Le voyage désigne la vacation de travail d'un ambulant. Le voyage de la nuit suivante est appelé la "remonte". Chaque brigade, unité de travail fixe, était identifiée par une lettre : A, B, C, D, E. Ces lettres de "brigade" sont connues des philatélistes, car elles figurent sur les cachets à date oblitérant le courrier tardif, qui pouvait être déposé directement dans les boîtes aux lettres dont était équipé chaque wagon-poste.

En cas de manque de personnel "embrigadé" (congés en particulier), le dirigeant de chaque "ambulants" pouvait faire appel à un volant d'agents travaillant au bureau de la gare tête de ligne: ces agents disponibles étaient appelés "non embrigadés" ou "sédentaires". Pouvant voyager sur plusieurs services, le travail du sédentaire nécessitait la connaissance du tri de chacun d'entre eux. En principe un postulant aux ambulants commençait sa carrière en tant que sédentaire avant d'être embrigadé dans un service disponible, puis plus tard celui de son choix. Ce choix correspondait la plupart du temps à la région d'origine…

Témoignage d'un " ambulant " sur son travail

Pour être admis en tant que trieur, il fallait passer avec succès l'examen des "Paris 2000" c'est à dire, connaître les rues de Paris pour le tri à la remonte.

Également, chaque trieur était responsable d'un "côté". Il devait connaitre tous les bureaux du département ainsi que les "passes bureaux" (les petits villages rattachés à un bureau distributeur).

Ces agents, au fil des années ont acquis un savoir impressionnant au niveau acheminement… (par exemple, connaître les rues de Paris avec les coupures pair/impair… ; imaginez les rues des Pyrénées et de Vaugirard qui traversent plusieurs arrondissements.

La cadence "règlementaire de tri " était fixée à 500 plis au quart d'heure…mais les trieurs avertis, avec du courrier homogène atteignaient allègrement les 800 plis !

Dans la hiérarchie, on distinguait : le chef de brigade (inspecteur central) ; le second (inspecteur) ; le CTDIV (contrôleur divisionnaire) qui s'occupait du tri des objets recommandés (chargements) ; les trieurs (contrôleurs et agents d'exploitation); et enfin les courriers (préposés) qui étaient en charge de la manutention.

Le travail de courrier était très physique… Il fallait « gerber » les sacs dans les allèges (wagon dédié au stockage), ils devaient aussi assurer l'ouverture des sacs de lettres et de presse et la livraison aux stations.

L'espace dans les wagons était restreint, et l'air était chargé de poussière…le train, en roulant faisait osciller le wagon, et il fallait avoir le pied marin.

La particularité de ces services résidait dans le fait que l'ambiance y était excellente, les agents solidaires, et la qualité de service de haut niveau… Le maître mot était « être au pair »; c'est-à-dire avoir tout trié et livré.

Contrairement aux autre agents qui rentrent chez eux après le travail, les ambulants restaient ensemble en bout de ligne, ce qui donnait lieu à des sorties sympathiques (ballade, pêche, tennis, pétanque, etc.) et parfois très « festives » les anniversaires et les évènements étaient souvent fêtés…chaque brigade avait son point de chute.

En résumé, ce fut vraiment un monde à part au sein de "l'administration des Postes". D’ailleurs, lors de la suppression de ces services en 1995, la reconversion pour certains fut très difficile à supporter, reclassés dans des centres de tri où la mentalité est plus individualiste et les clivages hiérarchique plus conflictuels…

Les services ambulants

Avant que l'aviation postale n'assure l'acheminement du courrier, les services ambulants connaissent une expansion générale dans la plupart des pays. Les premiers bureaux ambulants circulent en Grande-Bretagne.

  • 1838 : Londres-Birmingham
  • Le premier service ambulant français circule entre Paris et Rouen en 1845, puis à partir du Second Empire tout le territoire national était drainé par un ambulant. À partir de cette période le nombre de services croît d'abord à la mesure de la croissance du réseau ferroviaire, puis en fonction de la densité de population des zones desservies.
  • 1855 : premier ambulant italien, Turin-Gênes.

La défaite française de 1871 entraîne la suppression du Paris-à Strasbourg et la création de l'ambulant Paris-à Avricourt, petite gare frontière avec l'Alsace-Lorraine. Aux alentours des années 1920, en France plus de 220 services ambulants existent. Mais certains n'assurent qu'un tri restreint. La poste utilise aussi le maillage du territoire par les voies ferrées pour acheminer le courrier sur des petites distances. Le service est alors assuré par un "courrier - convoyeur", qui assure l'oblitération et parfois un pré-tri des lettres.

Chaque service ou bureau ambulant effectuait pendant sa "route" un "tri" plus ou moins détaillé du courrier qu'il acheminait. Ne pouvant effectuer ce tri que sur un nombre de direction limitée par le nombre de cases que le trieur debout pouvait physiquement atteindre, chaque zone ou département de destination étaient divisés en "côtés" que triait un autre collègue. Mais pour les départements importants le tri ne permettait de dégager qu'un certains nombres de bureaux destinataires. Ces "Passe -bureaux" reprenaient dès la réception des "dépêches" le courrier trié par le service ambulant et effectuaient le tri pour les quelques bureaux distributeurs de leur zone. Ce terme postal de "Passe", désignait aussi le courrier expédié par les bureaux de la banlieue parisienne à destination de la province : les "passe-Paris" transitaient par un bureau-gare avant d'être livrés aux différentes lignes dont dépendaient les ambulants.

les "Lignes"

Les services ambulants de la Poste étaient rattachés administrativement à une "Ligne". Il s'agit en fait d'une direction de Ligne correspondant à un réseau ferré. Celui là appartient, jusqu'à la création de la SNCF à une compagnie privée ou une société étatisée.

En 1854, sept directions de Ligne sont créées selon ce principe. A chacune de ces lignes correspondent des services ambulants, dont certains gardent la même appellation pendant plus d'un siècle. Aux Lignes installées à Paris, il faut ajouter celle de la Méditerranée à Marseille, et celle des Pyrénées, (réseau du Midi) à Bordeaux.

Quelques exemples, limités à la période finale des services ambulants

  • Ligne du Nord (ancien réseau de la Compagnie du Nord) ou Ambulants du Nord:
    • Paris à Lille, Paris à Valenciennes, Paris à Dunkerque; à partir de 1980, ils constituent un Train postal, le Train-poste du Nord. Le dernier Paris à Lille, ou plutôt Lille à Paris, circule le 6 novembre 1994
  • Ligne de l'Est:
    • Paris à Nancy, Paris à Metz, Paris à Strasbourg, constitués en Train postal de l'Est à partir de 1982. Dernier voyage de "remonte" le 30 juin 1995.
    • Paris-à Charleville, anciennement nommé Paris-à Givet : dernier voyage, le 24 janvier 1993.
    • Paris-à Belfort : créé en 1900, il roule jusqu'au 6 novembre 1994.
  • Ligne du PLM (Paris -Lyon -Méditerranée), rebaptisée Ligne du Sud-Est :
    • Paris à Lyon, Paris à Besançon, Paris à Mâcon, Paris à Marseille, constitués en train poste lyonnais de 1855 à 1994. Dernière circulation : 6 novembre 1994.
    • Paris à Chambéry, jusqu’au 6 novembre 1994. Créé en 1957, il remplaçait le Paris-à Évian
    • Paris à "Clermont", Paris à Vichy, Paris à Saint-Étienne, train poste du Bourbonnais. Dernier voyage, 23 mai 1993.
  • Ligne de l'Ouest, d'abord basée à la gare Saint-Lazare, puis en 1966 à la gare de Paris-Montparnasse:
  • Ligne du Sud-Ouest , gare d'Austerlitz:
    • Paris à Bordeaux, Paris à La Rochelle, Paris aux Pyrénées, en train poste bordelais de 1976 au 16 avril 1995.
    • Paris à Brive, Paris à Toulouse, train poste de Brive de 1985 au 28 mai 1995.

En France les services ambulants sont abandonnés progressivement à partir de la fin des années 1970. La route et l'aviation permettent des acheminements presque aussi réguliers. Le processus de traitement du courrier par des machines de tri permet, à moindre coût, un tri plus détaillé dans des créneaux horaires plus flexibles. Le dernier service ambulant ferroviaire circule en novembre 1995.

Sources

  • Jean Duran, Rémy Plagnes : L'Époque héroïque des bureaux de poste ambulants. Entraide PTT Ligne de l'Ouest, Paris, 1983.
  • La Poste, Direction du réseau nord: 150 ans de présence aux wagons-postes. DRN, service communication, Séquence cadres, Paris, 1993.
  • Pierre Lux: La poste ferroviaire. Volume 1, des origines à 1870. Volume 2, de 1871 à 1914. Académie de philatélie, Paris, 1992 et 1998.
  • Maurice Knepper, Claude Pochet: La poste et le rail, 150 ans de véhicules ferroviaires postaux. La Vie du rail éditions, 1999.

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