Amilcare Cipriani

Amilcare Cipriani
Amilcare Cipriani

Amilcare Cipriani, né à Anzio dans la province de Rome le 18 octobre 1843 et mort à Paris le 2 mai 1918, est un patriote italien.

Sommaire

Biographie

Les premiers combats (1843-1862)

Amilcare Cipriani naît le 18 octobre 1843 à Anzio, d'une famille originaire de Rimini qui y retourne alors qu'Amilcare est un nourrisson. Comme l'écrit Guido Nozzoli dans une biographie (1954), Cipriani est baptisé par son père «avec de la poudre à canon». Il part volontaire en 1859 en dissimulant son âge et il combat «comme un démon» à la bataille de Solferino où il y plus de 27 000 morts et blessés. Il suit Giuseppe Garibaldi en Sicile. Avec l'armée royale, il participe par la suite aux opérations contre les brigands des Abruzzes. De nouveau dans les troupes garibaldiennes en 1862, il échappe à la capture après l'épisode d'Aspromonte et il fuit en Grèce survivant à un naufrage du navire qu'il l'emmène. Ne pouvant rentrer en Italie et pour éviter la prison, il se rend en Égypte.

La période égyptienne (1862-1867)

En Égypte, Amilcare Cipriani est employé par la banque Dervieux et travaille à l'exploration des fonds du Nil. En vue de la troisième guerre d'Indépendance, il crée la « légion égyptienne » sans en prendre le commandement, puis retourne en Italie, à Brescia, où il s'enrôle de nouveau aux côtés de Garibaldi. Après cette période, il se précipite à Héraklion pour combattre les Turcs. De nouveau en Égypte il est impliqué le 12 septembre 1867 dans une rixe, où pour se défendre il tue trois personnes dont deux policiers. Clandestinement, il part alors à Londres.

L’exil londonien et la photographie (1867-1870)

À Londres, Amilcare Cipriani va frapper à la porte de Giuseppe Mazzini et « celui-ci lui pose la main sur l'épaule en lui disant simplement : ‘Je sais tout’ »[1]. La période londonienne, poursuit l'historien Emiliani, est peut être celle la plus tranquille de sa vie: « il s'occupe comme photographe, apprenti dans le studio créé par Leonida et par Vincenzo Caldesi » et aussi pour aider ses compatriotes en exils. « Intelligent, laborieux, original, Cipriani dévient rapidement un très bon photographe », mais la période londonienne est aussi celle où les idées révolutionnaires pour réaliser la justice dont il entend parler par Karl Marx et Friedrich Engels qu'il connait personnellement, murissent. La distance politique avec Mazzini augmente. Emiliani définit Amilcare Cipriani ainsi : « Homme de peu d'idées, simples mais fermes ».

Au contraire Indro Montanelli, l'appelant « pittoresque et brouillon », en fait un portrait impétueux : « son passé, sa barbe de prophète, son chapeau au bords larges, sa gribouilleuse éloquence, faisaient de lui un "m'as-tu-vu" irrésistible. Il prêchait qu'il n'y avait pas besoin d'idées parce qu'en réalité, lui n'en avait aucune »[2].

Vivant comme photographe, il réalise en signe d'amitié celui de Giuseppe Mazzini (le célèbre portait en méditation) et celui la reine Victoria : une scène Cipriani relate au journaliste Luigi Campolonghi[3] « elle parlait avec les personnes de sa suite, elle plaisantait, elle s'agitait et moi je consommais inutilement toutes les plaques préparées avec amours et peines ». Cipriani se tait et ayant perdu patience lance : « Madame, si vous ne restez pas tranquille, je ne ferai pas votre portrait! » [4]. Ce portrait, ajoute Emiliani, réalisé par l'homme le « plus rouge d'Italie », doit certainement se trouver dans la collection de Buckingham Palace.

À Londres, Amilcare Cipriani aima une française, Adolphine Rouet, dont il eut une fille.

La commune et la déportation en Nouvelle-Calédonie (1870-1881)

En 1870 Cipriani quitte Londres pour répondre à l'appel de Mazzini qui lui demande de créer des foyers de guérilla dans la province de Lucques. Il retourne à Londres où lui parvient un message de son ami le professeur Gustave Flourens qu'il a connu à Héraklion : il doit le rejoindre à Paris, où le Second Empire tombe. Le 2 septembre 1870 Napoléon III est vaincu à Sedan par la Prusse. Le jour suivant l'Empire de Paris est renversé, la Troisième République naît. Le 18 mars, une insurrection populaire crée la Commune de Paris étouffée dans le sang le 21 mai.

Pendant la Commune, Cipriani est en première ligne, est nommé chef d'état-major. Le 3 avril, marchant sur Versailles, il est blessé, capturé, condamné à mort, il est déporté en Nouvelle-Calédonie par une grâce du gouvernement qu'il n'a pas sollicité.

L’emprisonnement en Italie (1881-1888)

Il est amnistié puis expulsé de Nouvelle-Calédonie. En 1881 il rentre en Italie via la Suisse. Il arrive en train à Rimini où il espère rencontrer son père Felice, gravement malade. Sa mère est morte de chagrin pendant les jours de la commune de Paris. Comme le raconte Vittorio Emiliani[5], Cipriani « n'a même pas le temps de descendre du marchepied de la voiture qu'il est arrêté ». Il est donc arrêté le 31 janvier 1881, à 36 ans, pour « conspirations », et condamné à 20 ans de bagne. Il est conduit au château Malatestiana, et le jour suivant sa sœur Amalia lui fait parvenir un matelas, des couvertures et des vêtements. Il reçoit de la nourriture de ses amis, il annote : « vraiment excellents. Ce sont les seuls bons moments que j'ai eu en prison ». Au camarade Caio Renzetti, Cipriani confit que « si Mazzini était de ce monde, je suis certain, il ne m'aurait pas laissé condamner à 20 ans sans hausser la voix au nom de la justice italienne si infiniment piétiné et déshonoré ». Afin de le faire libérer, lors des élections politiques, l'extrême gauche locale choisit toujours Amilcare Cipriani. Quatre fois au cours des années 1886-1887, elles sont annulées par le gouvernement. La campagne pour le faire libérer n'aboutit qu'en 1888.

Les dernières années en France (1888-1918)

De retour en France où il collabore à la presse anarchiste : Le Plébéien. En 1897, il part en Grèce se battre contre les Turcs où il est de nouveau blessé. Le 30 juillet 1898, en Italie, on le condamne à nouveau, avec cinq anarchistes, à 3 ans de prison. En France, il milite ensuite au sein du mouvement socialiste révolutionnaire.

Cipriani disparaît en 1918 à Paris, dans «son» Montmartre. Quand il passait dans la rue, les gens regardaient avec respect cet homme qui avait toujours crié «guerre à la guerre» et que seul le poids des ans avait fait plier légèrement.

En 1993 la ville d'Anzio a fixé une plaque commémorative sur le mur d'enceinte de la Villa Albani où était né cent-cinquante ans auparavant Cipriani.

Les riminesi en France

Dix huit riminesi (habitants de Rimini) suivent Garibaldi en France en 1870 pour défendre la république. Sept meurent à Dijon (Nino Carradori, Germano Ceccarelli, Sante Medici, Fidenzio Parigi, Leonida Rastelli, Bruto Serpieri et Marco Zavoli). Deux autres volontaires quittent la France avec de graves blessures, l'un est Caio Zavoli, le frère de Marco mort à Dijon. Capitaine de la «Légion égyptienne» qui a œuvré en Bourgogne, Caio est le «régulateur» de la section internationale constituée d'une cinquantaine de personnes (ils seront 144 en 1874), un autre de ses frères, Bruto, en fait partie. Les deux frères seront à l'origine du mouvement socialiste à Rimini. Les anciens combattants de la France sont accueillis de manière hostile par la population en raison des critiques formulées par Giuseppe Mazzini à l'encontre des communards.

Particularités

Bibliographie

Notes

  1. Emiliani, «Storia d'Italia, VI», 2003, (p. 31).
  2. Emiliani, «Storia d'Italia, VI», 2003, pp. 189-190.
  3. Emiliani, «Storia d'Italia, VI», 2003, (p. 32)
  4. en français dans le texte
  5. «Libertari di Romagna», 1995, p. 37

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Sources


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