La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon
La Fortune des Rougon
ZolaFortuneRougons.jpg
Auteur Émile Zola
Genre Roman naturaliste
Pays d'origine France
Éditeur Librairie internationale A. Lacroix, Verboecken et cie
Date de parution 1871
Série Les Rougon-Macquart Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire
Chronologie
Premier de la série
La Curée

La Fortune des Rougon est un roman d’Émile Zola publié en 1871, premier volume de la série Les Rougon-Macquart. Le cadre est une petite ville appelée Plassans, qui correspond à Aix-en-Provence, où Zola a passé son enfance et une partie de sa jeunesse, et à Lorgues, dans le Var, où se sont déroulés en décembre 1851 les événements insurrectionnels décrits dans le roman. L'ouvrage a un triple intérêt :

  • Comme Zola le décrit dans sa préface, c'est le roman des origines. Il marque le début de la généalogie des Rougon-Macquart, qui commence avec Adélaïde Fouque, dite Tante Dide, née en 1768. Elle épouse un certain Rougon, jardinier, dont elle a un fils, Pierre Rougon. À la mort de son mari, elle vit en concubinage avec Macquart, contrebandier et ivrogne, qui lui donne une fille, Ursule Macquart, et un garçon, Antoine Macquart. Après la mort de Macquart, elle sombre peu à peu dans la folie. Ses trois enfants donnent naissance aux trois branches de la famille :
    • les Rougon, chez qui prédomine l’appât du gain et l’appétit du pouvoir ;
    • les Mouret (mariage d’Ursule avec un chapelier ainsi nommé), branche où la fragilité mentale de l’aïeule réapparaît souvent ;
    • les Macquart, branche la plus fragile, chez qui se retrouve la folie d’Adélaïde mêlée à l'ivrognerie et à la violence de son amant.
  • Il raconte enfin une histoire d’amour entre Silvère Mouret (fils d’Ursule) et Miette, fille d’un braconnier condamné aux galères. L’histoire finit mal : les deux jeunes gens participent à la résistance au coup d'État du 2 décembre 1851 en Provence ; Miette est tuée pendant les combats tandis que Silvère est fusillé par un gendarme, sans que son oncle ni l'un de ses cousins Rougon interviennent pour le sauver. Adélaïde Fouque, qui a assisté à la scène, devient folle et est enfermée dans un asile. Elle est alors âgée de 83 ans mais survit jusqu’au dernier roman (Le Docteur Pascal), s’éteignant à l’âge de 105 ans.

Sommaire

Personnages

Les personnages de La Fortune des Rougon appartiennent à quatre générations successives et on retrouve la majorité d'entre eux dans d’autres volumes de la série Les Rougon-Macquart.

1re génération

  • Adélaïde Fouque : née en 1768, fille d’un riche maraîcher, elle est atteinte d’une légère folie. Sujette à des crises nerveuses et à des convulsions, elle montre une incompatibilité avec le monde extérieur. Son comportement est bien souvent puéril. Elle se marie d’abord, en 1786, avec Rougon, son garçon jardinier ; de cette union naît un fils, Pierre. Puis, après la mort de Rougon, elle se met en concubinage en 1789 avec Macquart, un contrebandier paresseux et quelque peu enclin à l’alcool. Bien que régulièrement battue par son amant, Adélaïde conçoit pour ce dernier un amour de louve. Deux enfants naissent de cette union : Antoine et Ursule. Ayant d’abord mis en avant sa vie de femme plutôt que celle de mère, elle demeure hantée par son péché : ne pas s’être assez occupée de Pierre. C'est pourtant celui-ci qui, après la mort de Macquart, la dépossède de ses biens. Elle élève plus tard Silvère Mouret, son petit-fils, après l’exécution duquel elle sombre définitivement dans la folie. Elle est alors internée à l'asile des Tulettes. Elle réapparaît par la suite dans La Conquête de Plassans.
  • Rougon : Jardinier, mal dégrossi, mari d'Adélaïde Fouque ; il en a un enfant et meurt peu de temps après la naissance de celui-ci.
  • Macquart : Contrebandier et amant d'Adélaïde Fouque ; il lui donne deux enfants ; il n’a pas l’air foncièrement mauvais, juste fainéant et ivrogne ; c’est à cause de lui que la lignée des Macquart s'avère marquée par une tendance à l’alcoolisme ; il meurt tué par un douanier.

2e génération

  • Pierre Rougon : fils de Rougon et d’Adélaïde Fouque, né en 1787. Très tôt, il développe le principal défaut de la branche des Rougon : l’avidité. Pierre a le désir de devenir bourgeois, il souhaite cela plus que tout autre chose. Afin d'accaparer la fortune de sa mère, il expulse de chez lui, par un fin stratagème, son demi-frère, Antoine, et marie sa demi-sœur, Ursule, à un chapelier du nom de Mouret. Il se marie à son tour avec la fille d’un marchand d’huile, Félicité Puech, et reprend le commerce familial. Ils ont cinq enfants : Eugène, Pascal, Aristide, Sidonie et Marthe. L'aîné, Eugène, grâce à son éducation et à son intelligence, gagne une haute place à Paris et sent venir le coup d'État du 2 décembre 1851. Il en informe son père, qui, feignant d’être un brave et sachant qu’il court peu de risques, sauve Plassans des griffes d'insurgés imaginaires. Après le coup d’État, Pierre Rougon devient chevalier de la légion d'honneur puis receveur particulier.
  • Antoine Macquart : fils de Macquart et d’Adélaïde Fouque, né en 1789. Tiré au sort, il part soldat, son demi-frère, Pierre Rougon, lui ayant promis de le racheter l'année suivante, ce qu'il ne fera pas. Libéré en 1815, il revient à Plassans où il ordonne à Pierre de lui rendre sa part d'héritage ; devant le refus de son frère, et par opposition à celui-ci, Antoine devient un républicain engagé, rêvant de pouvoir vivre sans travailler. Outre sa paresse, il a hérité de son père une forte tendance à l'ivrognerie. Il épouse Joséphine Gavaudan dont il a trois enfants : Lisa, Gervaise et Jean. Violent, impossible à vivre, il est abandonné par ses enfants à la mort de sa femme. Devant se nourrir seul, il fait tout pour que la république gagne à Plassans et lorsqu’il n’y a plus d’espoir, sur une idée de sa belle-sœur Félicité, il participe à une mise en scène faisant passer Pierre pour un héros. Grâce à ce simulacre, il reçoit mille francs puis fuit à l’étranger, son frère lui ayant promis une bonne place à son retour.
  • Ursule Mouret : fille de Macquart et d’Adélaïde Fouque, née en 1791. Elle se marie en 1810 avec Mouret, un chapelier, ce qui lui permet de fuir la maison où son demi-frère, Pierre Rougon, lui rend la vie difficile. Elle a trois enfants avec Mouret : François, Hélène et Silvère. Ils vont vivre à Marseille où elle meurt de phtisie en 1839.
  • Félicité Rougon : née Puech, elle épouse Pierre Rougon. Tout comme son mari, elle montre une avidité maladive, prête à tout pour devenir bourgeoise. Très intelligente, manipulant son mari, c’est grâce à elle qu'ils parviennent à leurs fins : elle soutient efficacement le camp des conservateurs et suggère l'idée du simulacre d'insurrection menée par Antoine Macquart, mise en scène qui fait de Pierre Rougon le maître politique de Plassans.
  • Joséphine Macquart, dite "Fine" : née Gavaudan, puis mariée à Antoine Macquart. Tout comme son mari, elle aime l’alcool, mais, à sa différence, c'est une grande travailleuse. Elle nourrit Macquart pendant plusieurs années bien que celui-ci la batte et la vole. Elle meurt en 1850 d'une fluxion de poitrine.
  • Mouret : Chapelier qui tombe fou amoureux d’Ursule Macquart. Il lui donne trois enfants. Après la mort de sa femme, il sombre dans la dépression et se suicide un an après.

3e génération

  • Eugène Rougon : fils aîné de Pierre et Félicité Rougon, né en 1811. Il reçoit une bonne éducation, fait des études de droit. Attiré par le pouvoir, il acquiert un haut poste à Paris, ce qui lui permet de prévoir le coup d'État du 2 décembre 1851. Il en prévient ses parents et les guide afin qu’ils profitent de la situation pour faire fortune et établir leur notoriété à Plassans. Dans La Fortune des Rougon, sa vie à Paris reste assez obscure, on sait juste qu’il est un proche du futur Napoléon III. Il réapparait par la suite dans plusieurs volumes des Rougon-Macquart et plus particulièrement dans Son Excellence Eugène Rougon.
  • Pascal Rougon : second enfant de Pierre et Félicité Rougon, né en 1813. À la différence des autres membres de sa famille, il ne souffre d'aucune tare héréditaire. Sa simplicité et sa droiture d'esprit contrastent avec le comportement de son entourage. Médecin, il aide les républicains en les soignant. Il aime réaliser des expériences bizarres sur les cadavres pour comprendre le fonctionnement du corps humain ; à cause de cela, il est mis à l'écart à Plassans. Il réapparaît par la suite dans plusieurs œuvres de Zola et plus particulièrement dans Le Docteur Pascal.
  • Aristide Rougon : troisième enfant de Pierre et Félicité Rougon, né en 1815. Il épouse en 1836 Angèle Sicardot qui lui donne deux enfants, Maxime et Clotilde. Il est autant attiré par l'argent que son frère Eugène l'est par le pouvoir. Il pense tout d'abord que c’est la république qui va l’emporter et la soutient donc ardemment. Journaliste, il écrit plusieurs articles pro-républicains. Lorsqu’il découvre que son frère, Eugène, soutient Louis-Napoléon Bonaparte, il se met à douter de la victoire républicaine. Au soir du coup d’État, il change de camp et se convertit au bonapartisme. A la fin de La Fortune des Rougon, il s'apprête à quitter Plassans. Il réapparaît par la suite dans plusieurs volumes des Rougon-Macquart et plus particulièrement dans la Curée (où on le retrouve monté à Paris, marié à Renée Béraud Du Châtel et s'enrichissant par la spéculation immobilière) et dans l'Argent.
  • Sidonie Rougon : quatrième enfant de Pierre et Félicité Rougon, née en 1818. Elle épouse en 1838 un clerc avoué et part pour Paris. Comme tous les membres de la famille Rougon, elle ne manque ni d’envie ni de cupidité. Elle réapparaît par la suite dans plusieurs ouvrages de Zola, La Curée et Le rêve. Ce dernier fait apparaître sa fille, Angélique, qu'elle a eue avec un inconnu après la mort de son mari.
  • Marthe Rougon : cinquième enfant de Pierre et Félicité Rougon, née en 1820. Elle épouse en 1840 son cousin François Mouret, commis dans la maison de commerce de ses parents. Ils ont trois enfants : Octave, Serge et Désirée. Elle réapparaît par la suite dans plusieurs volumes des Rougon-Macquart et plus particulièrement dans La Conquête de Plassans.
  • Lisa Macquart : fille d'Antoine et Joséphine Macquart, née en 1827. Calme et posée. A sept ans, elle part avec une femme qui l’emploie sur Paris. Elle réapparaît par la suite dans plusieurs œuvres de Zola et plus particulièrement dans Le Ventre de Paris, où on la retrouve mariée à Quenu et établie en belle charcutière. Elle y est mère d'une petite fille, Pauline.
  • Gervaise Macquart : second enfant d'Antoine et Joséphine Macquart, née en 1828. Petite, fine, mais boiteuse de naissance, sans doute à cause des violences de son père sur sa mère, enceinte de Gervaise. Elle est aussi endurante au travail que sa mère et apprend le métier de blanchisseuse. Très tôt, elle commence à boire (de l'anisette avec sa mère). Elle a un amant du nom de Lantier qui lui donne deux fils (Claude et Étienne). Après la mort de sa mère, pour échapper à son père, elle part à Paris avec Lantier. Elle réapparaît par la suite dans plusieurs volumes des Rougon-Macquart et plus particulièrement dans L'Assommoir. Après que Lantier l'a quittée, elle se remarie avec Coupeau dont elle a une fille, Anna, dite " Nana ". Dans La Bête humaine, Zola donne à Gervaise un troisième fils, Jacques, né en 1844. Gervaise est très certainement le personnage le plus connu des Rougon-Macquart.
  • Jean Macquart : troisième enfant d'Antoine et Joséphine Macquart, né en 1831. D'un naturel timide, il est révolté par la conduite de son père, mais il reste pour soutenir sa sœur et sa mère. Après la mort de sa mère, il prépare un plan avec Gervaise et ils partent le même jour de Plassans, abandonnant leur père. Il réapparaît par la suite dans plusieurs œuvres de Zola et plus particulièrement dans La Terre et La Débâcle. Il aura deux enfants.
  • François Mouret : fils aîné d'Ursule Macquart et de Mouret, né en 1817. Après le suicide de son père, il vient travailler dans le commerce de son oncle, Pierre Rougon, et se marie avec sa fille, Marthe. Ils ont trois enfants : Octave, Serge et Désirée. Lorsque Pierre Rougon se retire du commerce, François Mouret ne prend pas sa suite mais part s'établir à Marseille. Il réapparaît plus tard dans La Conquête de Plassans.
  • Hélène Mouret : fille d'Ursule Macquart et du chapelier Mouret, née en 1824. Dans La Fortune des Rougon, il n'est fait mention que du fait qu'elle se trouve orpheline en 1839. Elle réapparaît dans le roman Une page d'amour. Elle y épouse Grandjean dont elle a une fille, Jeanne. Son mari la laisse veuve à vingt-neuf ans.
  • Silvère Mouret : troisième enfant d'Ursule Macquart et du chapelier Mouret, né en 1834. Il n'a que six ans lorsque son père se suicide. Il est alors recueilli par sa grand-mère, Adélaïde Fouque, qu'il surnomme affectueusement « Tante Dide ». C'est un républicain convaincu. Il tombe amoureux de Miette mais refuse toute relation charnelle avec elle avant leur mariage, prévu après la victoire républicaine. Il se bat contre le coup d'État du 2 décembre 1851 et, à cette occasion, crève l’œil d'un gendarme. Celui-ci, après la mort de Miette, retrouve Silvère et l'assassine devant les yeux de sa grand-mère qui en devient folle.
  • Marie Chantegreil dite « Miette » : fille d’un braconnier ayant tué un gendarme alors que celui-ci le tenait en joue. Elle se révolte à chaque fois qu’on accuse son père d’autre chose que du meurtre du gendarme. Solitaire du fait des propos désobligeants des habitants de Plassans, son premier ami est Silvère Mouret et ils tombent amoureux l’un de l’autre. Lors de la marche des insurgés contre le coup d'État du 2 décembre 1851, Miette est tuée par un tir général des soldats, regrettant plus que tout de mourir fille. Silvère finit par embrasser sa poitrine juste avant qu’elle n’agonise, la jeune femme souriant tristement de quitter une vie qu'elle aimait tant.

4e génération

  • Claude Lantier : fils aîné de Gervaise Macquart et d'Auguste Lantier, né en 1842. D'abord recueilli par sa grand-mère paternelle, il part ensuite à Paris avec ses parents, puis, de retour à Plassans, il est pris en charge par un vieux monsieur qui s'occupe de son éducation, séduit par la qualité de ses dessins. Devenu peintre et monté à Paris, il apparaît particulièrement dans Le Ventre de Paris et L'Œuvre.
  • Jacques Lantier : second fils de Gervaise et d'Auguste Lantier, né en 1844. Il n'en est pas fait mention dans La Fortune des Rougon. Il est recueilli par sa marraine, une cousine de son père, lorsque, à six ans, ses parents le laissent à Plassans pour monter à Paris. Il apparaît dans La Bête humaine.
  • Étienne Lantier : présenté dans La Fortune des Rougon comme le second fils de Gervaise Macquart et d'Auguste Lantier, né en 1846, il est en réalité le troisième (Jacques n'étant pas cité dans ce roman). Élevé d’abord par sa grand-mère paternelle, il part avec ses parents à Paris. On le retrouve par la suite dans plusieurs œuvres de Zola et plus particulièrement dans Germinal.
  • Anna Coupeau : fille de Gervaise Macquart et de Coupeau, née en 1852. Il n'en est pas fait mention dans La Fortune des Rougon mais celle-ci apparaît dans L'Assommoir et surtout dans Nana, dont elle est l'héroïne. Elle donne naissance à un fils, Louis Coupeau dit Louiset.
  • Maxime Saccard : fils d'Aristide Saccard (nom que prend Aristide Rougon dans La Curée) et de sa première femme Angèle Sicardot, né en 1840. Il figure parmi les personnages principaux de La Curée, avec son père et sa belle-mère, Renée Saccard (née Béraud du Châtel).
  • Clotilde Rougon : fille d'Angèle Sicardot et d'Aristide Rougon dit Saccard, née en 1847. Elle n'est pas citée dans La Fortune des Rougon. A la mort de sa mère, elle est élevée par son oncle à Plassans, le Docteur Pascal. Ils ont un fils en 1874. On la retrouve surtout dans Le Docteur Pascal.
  • Victor Rougon : fils d'Aristide Rougon, dit Saccard, et de Rosalie Chavaille, né en 1853. Il n'en est pas fait mention dans La fortune des Rougon. Il est un des personnages de L'Argent.
  • Angélique Rougon : fille de Sidonie Rougon et d'un inconnu, née en 1851. Elle n'est pas citée dans La Fortune des Rougon. Elle apparaît dans Le Rêve.
  • Serge Mouret : deuxième fils de François Mouret et Marthe Rougon, né en 1841. Il entre dans les ordres. Il fait son apparition dans La Conquête de Plassans et on le retrouve surtout dans La Faute de l'abbé Mouret, roman dont il est le héros.
  • Jeanne Grandjean : fille d'Hélène Mouret et de Grandjean, née en 1842. Elle apparaît dans Une page d'amour ; elle meurt à l'âge de 12 ans.

Explication du titre

De prime abord, on pourrait croire le titre, La Fortune des Rougon, simple à comprendre. Mais, à mieux y regarder, on constate qu'il suggère au lecteur tout un raisonnement. Tout d'abord il nous indique que les personnages principaux de l'histoire ne sont ni Silvère, ni Miette, ni Macquart mais bien la branche des Rougon. Il nous apprend ensuite que cette branche de la famille va faire fortune : petits commerçants plutôt besogneux et peu heureux en affaires, Pierre et Félicité Rougon vont prendre leur revanche sur le monde. De plus, Macquart n'arrivera pas à se venger de son frère, du moins sur le plan financier. C'est l'opportunisme des Rougon qui va leur permettre de changer de vie. Le titre nous informe déjà sur la fin même du récit : les Rougon vont devenir de riches bourgeois.

Quelques thèmes

Au travers de l'ascension de Pierre et Félicité Rougon, c'est la conquête du pouvoir par Louis Napoléon Bonaparte que Zola veut critiquer : Pierre Rougon sauve tout autant Plassans de l'anarchie que Bonaparte sauve la France. Zola ridiculise le mythe de l'homme providentiel qui a pu s'attacher au futur Napoléon III.

Il est à noter également l'opposition entre les types de personnages : Pierre Rougon et Antoine Macquart d'une part, tous deux filous et manipulateurs, ne pensant qu'à satisfaire leurs appétits (de pouvoir et d'argent pour le premier, de ripaille et de fainéantise pour le second) et Silvère, Miette et Tante Dide d'autre part, naïfs et généreux.

Zola dépeint de manière très tendre l'idylle entre les deux adolescents : leurs conversations quotidiennes en ne se voyant l'un l'autre que dans les reflets de l'eau du puits, tout comme leur promenade sur la route de Nice, au début de l'ouvrage, tous deux enveloppés dans le manteau de Miette, sont des tableaux charmants.

Mais il demeure toujours dans le roman une forte tension entre amour et mort : Miette tombant sous les balles des soldats, puis Silvère mourant la tête fracassée d'un coup de révolver, donnent à l'ouvrage des moments d'émotion intense.

Bibliographie

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