La Jolie Fille de Perth

La Jolie Fille de Perth
Page d'aide sur les redirections Cet article concerne un roman. Pour l'opéra, voir La Jolie Fille de Perth (opéra).
La Jolie Fille de Perth
ou le Jour de Saint-Valentin
Auteur Walter Scott
Genre roman historique
Version originale
Titre original St. Valentine's Day; or, The Fair Maid of Perth
Éditeur original • Cadell and Co. (Édimbourg)
• Simpkin and Marshall (Londres)
Langue originale anglais
Pays d'origine Drapeau d'Écosse Écosse
Date de parution originale 15 mai 1828
Version française
Traducteur Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret
Lieu de parution Paris
Éditeur Charles Gosselin
Date de parution 1828
Type de média 4 vol. in-12
Série Chroniques de la Canongate : seconde série
Chronologie
La Fille du chirurgien

La Jolie Fille de Perth ou le Jour de Saint-Valentin est un roman historique de l'auteur écossais Walter Scott, paru le 15 mai 1828, en trois volumes. Il constitue la « seconde série » des Chroniques de la Canongate.

Les deux courtes histoires intitulées Le Miroir de ma tante Marguerite et La Mort du laird's Jock devaient être intégrées dans cette seconde série. Cadell et Ballantyne, les éditeurs écossais, ont obtenu qu'elles n'y figurent pas.

Sommaire

Cadre historique

Le récit se déroule en Écosse, principalement à Perth, dans la très violente période de la fin de règne du faible Robert III. Le pouvoir est entre les mains du frère et du fils du roi, le duc d'Albany et le duc de Rothesay[1]. Ce dernier, dans le roman, a 23 ans, ce qui situe l'action au début de l'année 1402. Mais, pour gagner en intensité dramatique, Scott groupe en six semaines des événements qui se sont en fait produits sur plusieurs années...

Désordres guerriers et politiques

En 1396, est organisé à Perth le combat des Clans (en) : sous le regard du roi et de la cour, 30 guerriers d'un clan sont opposés en un combat à outrance à 30 guerriers d'un autre clan[2].

En février 1400, les Anglais tentent d'envahir le pays. Ils sont menés par Henry « Hotspur » Percy, allié du comte écossais de March[3] (ce dernier est ulcéré de ce que la fille du comte de Douglas ait été préférée à sa propre fille pour épouser Rothesay). Le fils du comte de Douglas[4] surprend l'ennemi près d'East Linton, et le repousse.

En 1402, le jeune duc de Rothesay (Rothsay, dans le roman) meurt dans des circonstances plus que troublantes au château de Falkland. Suspectés d'avoir ordonné le meurtre, le duc d'Albany et le nouveau comte de Douglas sont finalement blanchis.

Précurseurs de la Réforme

En 1382, un tribunal ecclésiastique anglais condamne comme hérétique le réformateur anglais John Wyclif. Il meurt deux ans plus tard. Son enseignement est répandu par ses disciples, les lollards. En 1399, toujours en Angleterre, une vague de répression se déchaîne contre eux. En 1401, le prêtre londonien William Sawtrey, réformateur, est brûlé vif.

En Écosse, les bûchers ne s'allument qu'en 1408[5].

Dans le livre de Scott, la ville de Perth compte déjà sous Robert III un monastère de chartreux. En réalité, ce n'est qu'en 1429 qu'un prieuré cartusien, The Chaterhouse, est fondé à Perth par le roi Jacques Ier. Il est le seul monastère de cet ordre en Écosse[6].

Résumé

Assaut d'une maison bourgeoise

En pleine nuit, aidé de cinq compagnons armés, le fils du roi, le duc de Rothsay, tente d'enlever une bourgeoise, Catherine Glover, la plus jolie fille de Perth. Surgit un prétendant de Catherine, le bouillant forgeron Henry Smith, qui met la bande en déroute. Dans la bagarre, il a mutilé sir John Ramorny, grand écuyer du prince.

S'il a la faveur du père de Catherine, Henry Smith n'est pas assuré de gagner la main de la douce jeune fille. Celle-ci lui reproche un tempérament trop querelleur. Du reste, elle ne paraît pas insensible au charme de Conachar, un Highlander, l'apprenti de son père.

Pays en proie à la violence

Le roi, qui réside alors dans le couvent des dominicains de Perth, apprend toute une série de mauvaises nouvelles. Car sa faiblesse permet aux ambitions, aux jalousies, aux convoitises, aux mépris, aux rancunes de s'exacerber et de devenir moteurs de violence : « le démon du carnage est déchaîné sur tout le pays. » Ainsi, des batailles sanglantes menacent d'opposer deux clans des Highlands. Et les dominicains avides obtiennent du roi une enquête visant « les hérétiques », c'est-à-dire les réformateurs[7], à qui ils attribuent tous les tumultes, tous les désordres : le roi accepte de nommer une commission pour les faire arrêter et les juger. Par ailleurs, il a du mal à contenir l'ambition des deux plus remuants seigneurs de son royaume, le comte de Douglas et le comte de March[3]. Emporté par son ressentiment envers Douglas, ce dernier va jusqu'à ouvrir la frontière aux Anglais. Quant à Rothsay, le jeune prince, il fait tout pour exciter la haine que lui portent deux personnages extrêmement puissants : son oncle, duc d'Albany, et le comte de Douglas. Enfin, son expédition nocturne a déclenché un début d'émeute bourgeoise contre les nobles. Le roi se montre indulgent envers son fils, mais exige qu'il chasse Ramorny, son favori.

Meurtre d'Olivier Proudfute

Le forgeron Henry Smith s'est fait un dangereux ennemi en la personne de l'apothicaire Dwining, qu'il accable de mépris et d'injures. Si Ramorny dédaigne de se venger de celui qui l'a mutilé parce qu'il n'est qu'un artisan, Dwining a la rancune plus tenace. Il convainc Ramorny de faire assassiner le forgeron. Mais l'homme de main de Ramorny tue par erreur un innocent bonnetier.

Le prince produit un témoignage qui exonère du meurtre Ramorny lui-même. Il tient cependant à préciser que le crime peut avoir été commis par des gens de la maison de Ramorny. Ces derniers sont alors soumis à une épreuve de jugement de Dieu, appelée « droit de cercueil » : le cadavre saignera pour désigner le coupable. L'assassin, Bonthron, refuse de s'approcher du cercueil. Il doit donc rencontrer en combat judiciaire (à la hache) Henry Smith, champion désigné par la veuve du bonnetier. Vaincu par Smith, l'assassin va être exécuté. Auparavant, il tient à se venger du prince héritier, à qui il garde rancune pour des propos méprisants. Il le désigne comme l'instigateur du crime — ce qui est totalement faux — et comme présent physiquement dans l'assaut de la chambre de Catherine — ce qui est vrai.

À ces déclarations, les bourgeois grondent et s'agitent. Ils sont las de faire les frais des dérèglements des nobles. Le duc d'Albany, ambitieux frère du roi, bondit sur l'occasion pour mettre le prince héritier à l'écart : celui-ci est assigné à résidence chez le grand connétable.

Poursuites contre les réformateurs

Catherine et son père sont obligés de fuir la ville, car ils sont suspects d'hérésie et risquent le bûcher. Catherine doit être bientôt mise en sécurité au château de Falkland, sous la protection de lady Marjory, fille du comte de Douglas ; tandis que son père, Simon Glover, trouve refuge dans les Highlands auprès du nouveau chef du clan Quhele, Eachin MacIan. Ce dernier n'est autre que Conachar, l'ancien apprenti de Simon, et l'un des amoureux de Catherine.

Pour éviter un embrasement général des Highlands, le roi accepte que le différend vieux d'un siècle entre les clans Quhele et Chattan soit réglé par un combat à outrance, en champ clos, à Perth, entre 30 guerriers d'un clan et 30 guerriers de l'autre. Effrayé par cette perspective, Eachin avoue à Simon et à son père de lait qu'il est un lâche. Il accepte un lamentable arrangement pour éviter de figurer à la tête de ses 29 hommes : le plus jeune guerrier du clan Chattan va fuir à la veille du combat en compagnie de son amoureuse du clan Quhele, et l'on rétablira l'équilibre en dispensant Eachin de se battre.

Cependant le comte de Douglas est de retour à Perth, après avoir repoussé la tentative d'invasion anglaise[8]. Arrivant avec 5 000 hommes, il est décidé à faire cesser les désordres. Bien qu'allié du duc d'Albany (lui-même ligué au clergé), Douglas voit d'un mauvais œil les prétentions excessives des religieux. Il obtient du roi l'arrêt des poursuites contre les réformateurs[9].

Assassinat de Rothsay

Par un concours de circonstances, lady Marjory, désignée comme protectrice de Catherine, a quitté le château de Falkland juste avant que Catherine n'y arrive. Ramorny convainc le prince de s'y rendre pour profiter de l'aubaine. Il s'agit d'un piège : Catherine est bien là, mais le prince est jeté dans un cachot par Ramorny, qui l'y abandonne plusieurs jours sans nourriture, puis précipite sa fin. Ramorny agit à la fois par vengeance personnelle envers le prince et parce que le duc d'Albany lui a promis un comté.

Prévenu par Catherine, le comte de Douglas, nouveau lieutenant général du royaume, arrive sur les lieux. Allié du duc d'Albany, il n'est cependant pas complice du crime (il était convenu avec Albany d'écarter le prince du pouvoir — pas de le tuer). Il soupçonne fortement le duc. Mais, pour protéger ses propres intérêts, il étouffe l'affaire en faisant pendre Ramorny de manière expéditive — tout en organisant en parallèle un simulacre de procès où la sentence est rendue après l'exécution.

Combat des Clans

grande prairie
North Inch, à Perth, où eut lieu le combat des Clans.

À Perth, trois jours avant le combat des Clans (en), Smith est abusé par une fausse nouvelle : Catherine, lui dit-on, est dans les montagnes, auprès de son prétendant Eachin. La jalousie de Smith vis-à-vis de ce rival se transforme en fureur.

Le jour du combat, le camp Chattan compte comme prévu un guerrier de moins. Mais le second du clan s'oppose à ce que le chef adverse, Eachin, soit dispensé du carnage. Smith, pour pouvoir en découdre avec son rival, se porte volontaire et complète le camp Chattan.

Contre toute attente, Eachin trouve en lui-même suffisamment de ressources pour combattre avec courage. Mais tous ses compagnons, son père nourricier et ses huit frères de lait meurent un à un pour le couvrir. Lorsqu'il se retrouve seul et qu'il voit le formidable Smith se porter à sa rencontre, il fuit et se jette dans le Tay, qui délimite la lice.

Dénouement

Ce n'est qu'après le combat que le roi apprend l'assassinat de son fils. Il devine que l'ordre en a été donné par son propre frère, le duc Albany, qui convoite le trône. Le roi envisage d'abord de faire exécuter son frère. Il ne peut s'y résoudre. Il choisit finalement de se réfugier à Rothsay pour y mettre en sécurité son second fils, Jacques, devenu prince héritier par la mort de l'aîné.

Eachin, déshonoré par sa fuite, reprend pied sur une rive, en aval de Perth. Il revoit Catherine, et met fin à ses jours.

Catherine finit par pardonner à Smith son tempérament batailleur. Elle estime que, dans l'âge violent où ils vivent, le courage permet d'éviter des catastrophes comme celle provoquée par la lâcheté d'Eachin. Smith promet cependant de ne plus tirer l'épée que contre les ennemis de l'Écosse. Quant à Simon Glover, il distribue de l'or aux quatre monastères de Perth pour que ni lui ni sa fille ne soient plus suspectés d'hérésie[10].

Personnages

  • Catherine Glover, la plus belle fille de Perth et des environs. Douce et bonne, mais pieuse et réservée. Fière, timide, rigide sur les convenances. Prête une oreille attentive à l'enseignement du père Clément, un réformateur.
  • Simon, dit « Glover », 60 ans, riche gantier de Curfew Street, père de Catherine. Bien qu'ayant une répugnance toute bourgeoise pour le combat, il a dû dans sa jeunesse défendre « la Belle Ville » contre les Anglais, et il s'est battu courageusement en tant qu'archer. Il se fournit en peaux chez les Highlanders. Il a rendu un grand service au chef du clan Quhele, et bénéficie donc de la protection de celui-ci. Ses innocentes railleries verre en main, dénonçant les petits écarts de membres du clergé, ne lui valaient jusqu'ici que de légères amendes de la part de ses confesseurs. Maintenant que le roi permet d'inquiéter les suspects d'hérésie, les biens de Simon excitent la convoitise des religieux, et il risque le bûcher[11]. Tout disposé à la contrition, « comme un chien que son maître rappelle », afin de retrouver sa vie tranquille d'artisan.
  • Conachar, dix-huit ans, Highlander, apprenti de Simon Glover. N'a pas tout à fait l'esprit indomptable des montagnards. Chaud comme le feu, mais pas plus de solidité que l'eau. Un caractère irritable, de vives étincelles d'orgueil et de colère, mais que la résolution n'accompagne pas. « Plus disposé à se quereller qu'à se battre » : moralement brave, il n'a pas le courage physique. S'est lui-même persuadé qu'il est un lâche. Simon Glover estime qu'une fois familiarisé avec le danger, il deviendra un honorable guerrier. Ce modeste apprenti est en réalité le présomptueux et fier Ian Eachin MacIan, fils du chef du clan Quhele. Il devient chef à la mort de son père.
  • Dorothée « Glover », vieille servante de Simon Glover. Ridée, voûtée, « squelette vivant à qui il ne reste pas une dent ». Bonne créature, fidèle et même affectionnée.
  • Henry, dit « Gow », ou « Smith » (ces deux noms exprimant sa profession, celle de forgeron), ou encore Henry « du Wynd » (nom de son quartier), ou Gow Chrom (le forgeron aux jambes torses), 28 ans environ. « Homme le plus fort, le plus hardi, le plus habile à manier l'épée qu'il y ait dans la ville de Perth et dans les environs. » Coureur de jupons repenti. Riche. Audacieux, résolu, franc, joyeux, mais timide. Excellent danseur et chanteur. Poète à ses heures. Se considère comme le bourgeois le plus paisible de Perth. De fait, il est bon et simple comme un enfant, il a un caractère plein d'imagination et d'enthousiasme, mais il est un incorrigible et redoutable querelleur. Selon la tradition, un artisan de ce nom aurait participé au combat des Clans (en) — non pour une raison de rivalité amoureuse, mais par appât du gain[12].
  • Père Clément Blair, chartreux. Réformateur, il souhaite supplanter les dominicains dans la faveur royale. Pour cela, il veut faire de Catherine la maîtresse — voire l'épouse — de l'héritier du trône[13]. Égaré dans un pays où la loi ne protège pas les personnes et où celles-ci doivent avoir le courage de se défendre elles-mêmes, il prêche la paix et le pardon des injures. Regarde l'épreuve du jugement de Dieu comme une insulte à la divinité. Dénonce le mauvais gouvernement de la noblesse et l'ignorance du bas peuple. Seuls, les bourgeois semblent trouver grâce à ses yeux. Les dominicains obtiennent du roi qu'une commission d'enquête s'intéresse aux réformateurs et à ceux qui les écoutent. Quant aux supérieurs du père Clément, ils l'ont laissé faire tant qu'il ne s'en prenait qu'aux laïcs. Mais, à présent qu'il dénonce la corruption du clergé, qu'il reproche aux hommes d'Église une soif de richesses et un empire usurpé sur les consciences, les chartreux se joignent aux dominicains pour le faire taxer de sept chefs d'hérésie et le vouer au bûcher[14].
  • Le vieux père Francis, dominicain, confesseur « officiel » de Catherine. Il n'est qu'une couverture, servant à détourner l'attention du fait que Catherine a pour véritable directeur de conscience le père Clément. Mais la jeune fille, abusée par la douceur du père Francis, s'ouvre à lui de façon imprudente. Il la fait coucher, ainsi que son père, sur la liste des suspects d'hérésie[15].
  • Olivier, dit « Proudfute », bonnetier. Aime à s'amuser, et dépense beaucoup. Pauvre diable simple, d'inclinations pacifiques, qui se donne bien du mal pour passer pour un batailleur. Imite les gestes et la démarche de Smith. Petit fanfaron ridicule, il pousse en avant sa poitrine « comme celle d'un poulet prêt à mettre à la broche ». Il « se donne les airs d'un dragon pour cacher sa poltronnerie », mais n'a d'autre tort que de se vanter à tout propos. Selon Smith, il ne fait de mal à personne. D'ailleurs, il n'a pas plus d'ennemis que le poussin qui vient de naître.
  • Maudie (Madeleine) Proudfute, épouse d'Olivier. Dédaigneuse envers ceux qu'elle considère d'un rang et d'une fortune au-dessous des siens.
  • Maître Henbane Dwining, apothicaire. Il a étudié chez les Maures de Grenade et d'Arabie. « Pauvre nain maigre et hideux », humble, timide, circonspect. Un air soumis et rampant, des manières craintives, « pour voiler son caractère dangereux ». Il cède le côté du mur à tous ceux qu'il rencontre, ôte son bonnet devant le plus mince bourgeois et même devant le plus simple artisan. Mais c'est un orgueilleux, qui sent que son esprit et ses connaissances l'élèvent bien au-dessus des nobles grossiers. Objet du mépris de Ramorny, il considère ce dernier — dominé par de vils préjugés et par la crainte de Dieu — comme une sorte de brute que la nature lui a assignée « à titre de serf pour travailler à lui procurer de l'or ». Quant aux religions, elles ne sont pour lui que « fraudes sacerdotales[16] ». Et il ne voit dans le commerce des indulgences qu'un encouragement à de nouveaux crimes[17]. Il nourrit une solide rancune à l'égard des bourgeois de la ville, qui n'ont pas voulu de lui pour magistrat. À défaut d'une conscience très délicate, il a de la raison et du jugement. Cupide, égoïste, subtil, méchant, curieux et médisant. Une ironie méprisante. Prend plaisir à contempler la souffrance. « Aime à faire le mal plus qu'il ne craint le danger. » Bien qu'avare, il lui arrive d'exercer libéralement, par vanité et par amour de l'art. Il ressent ensuite comme une trouble satisfaction d'avoir fait le bien. Sachant écrire, il est un habile faussaire.
  • Sir Patrice Charteris, seigneur de Kinfauns, prévôt des citoyens de Perth. Descendant du « Corsaire rouge », le Français Thomas de Longueville, compagnon de William Wallace. Excellent homme, faisant sonner bien haut sa chevalerie. D'un naturel franc et jovial, il se donne des airs guindés quand il remplit les fonctions de magistrat.
  • Dik du Diable, de Hellgart, dans l'Annandale. Écuyer du laird de Wamphray. Sinistre, méprisant, farouche, violent, sauvage. Pillard cupide.
  • Père Anselme, prieur du monastère Saint-Dominique, 40 à 50 ans. Hôte, confesseur, secrétaire et conseiller du roi. Vif, intelligent, un air naturellement hautain. Croyant sincère, fidèle à des règles de morale. Autoritaire, mais rien de bas ni de sordide dans le caractère. Les défauts qui l'entraînent dans des erreurs funestes, voire dans la cruauté, sont imputables « à son siècle et à sa profession[18] » ; ses vertus lui appartiennent en propre.
  • John, roi sous le nom de Robert III. Devenu infirme, il s'est détourné des entreprises guerrières, pour lesquelles il n'avait aucun goût. Faible, timoré, mais bienveillant, juste, clément. D'esprit flexible, il se laisse ballotter par les courants contraires. Il n'est qu'un miroir : n'ayant pas de propre lumière, il se contente de réfléchir celle que l'instant lui propose. « Caméléon », instable, il réfléchit la couleur de l'âme la plus ferme dont il vient de subir l'ascendant : après avoir été un père indulgent, il devient sévère et même cruel ; frère confiant, il devient méfiant ; souverain doux et bon, il se montre tyran jaloux et intéressé. Ses intentions sont excellentes, mais ses résolutions chancelantes. Son âme timide et superstitieuse est tourmentée par les erreurs qu'il a commises, déchirée par la crainte de mal faire. Personnage historique.
  • Duc de Rothsay, 23 ans, fils du roi, héritier de la couronne, gendre du comte de Douglas. Personnage historique[19]. Du jugement, de la vivacité, de la finesse, de la capacité pour les affaires, mais tête légère et main faible. Inconsidéré, dissolu, infatué, d'humeur fantasque. De bouillants caprices d'enfant. Aime l'autorité, mais moins que le plaisir. Scandalise le pays par ses mœurs licencieuses, ses intrigues passagères et ses folies amoureuses. Gai, gracieux, bon caractère. Abhorre le crime, n'a aucun goût pour le sang.
  • Robert, duc d'Albany, frère du roi. Pas plus guerrier que son frère, mais d'un caractère bien plus décidé. Peu courageux, mais sait le dissimuler. Une austérité affectée. Ambitieux, cupide, rusé. Politique habile, plein de sang-froid, artificieux. Il a une puissante influence sur le roi. Personnage historique.
  • George, comte de Dunbar et de March[3]. Membre du conseil du roi. Orgueilleux. Hardi, mais inconstant. Des manières agréables, mais un caractère irritable et prompt. Il a « les vices et les vertus des caractères irrésolus ». Sa fille Élisabeth était promise au prince héritier, qui l'aimait, et qui fut pourtant obligé d'épouser la fille du comte de Douglas. March en garde une terrible rancune. Complote avec les Anglais en vue d'une invasion de l'Écosse. Personnage historique.
  • Archibald, comte de Douglas, dit Douglas le Noir, dit le Malencontreux. Gendre de Robert III. Beau-père du duc de Rothsay. Membre du conseil du roi. Prudent, valeureux, formidable, dangereux. Un orgueil indomptable, une soif de vengeance « plus que féodale ». Le personnage s'inspire d'Archibald le Sinistre (the Grim), 3e comte de Douglas, mais qui est mort en décembre 1400. C'est son fils, Archibald, 4e comte de Douglas, lui aussi gendre de Robert III, qui en 1402 est impliqué dans la mort du duc de Rothsay. Scott condensant la chronologie, il ne fait qu'un de ces deux personnages historiques.
  • Louise, peut-être 25 ans, chanteuse ambulante provençale. Des manières vives, des réparties promptes. Cependant elle n'a pas, dans ses saillies les plus gaies, la hardiesse et l'effronterie habituelles aux chanteuses. Cache les chagrins sous un sourire.
  • Sir John Ramorny, « galant chevalier qui mène une joyeuse vie de garçon ». Mentor, puis grand écuyer et favori du duc de Rothsay. Il dirige et divertit le prince. Libertin ambitieux, impérieux, méprisant, orgueilleux, égoïste, possédé du « diable du sophisme ». Il reproche à Rothsay d'être cause de sa mutilation, d'en parler sur le ton du sarcasme ou de l'impatience, d'avoir accepté de le chasser et enfin de ne l'avoir qu'à moitié dédouané dans une affaire de meurtre.
  • MacLouis, commandant des Brandanes, la garde du roi[20].
  • Antony Bonthron, assassin ivrogne, exécuteur des basses œuvres de Ramorny.
  • Lindsay, comte de Crawford, quinze ans. A déjà « les passions fougueuses et la détermination fixe d'un homme de trente ans ». Jouit d'une grande estime parmi ses voisins des Highlands.
  • Comte d'Errol, lord grand connétable. Un air grave, une faible autorité.
  • Mère Marthe, abbesse d'Elcho, près de Perth. Parente de la mère de Catherine. Informée de l'influence du père Clément sur la jeune fille, mère Marthe convient avec les dominicains de faire chanter Catherine pour se partager les biens du vieux Simon Glover : père et fille n'échapperont au bûcher que si Catherine prend le voile[21].
  • Torquil du Chêne, Highlander, géant à cheveux gris, ancien forestier, père de lait d'Eachin. Fidèle, loyal. C'est un taishatar, c'est-à-dire qu'il a une seconde vue et qu'on le croit en liaison avec le monde invisible. Il a huit fils, tout aussi grands et vigoureux que lui, et une fille, Eva.
  • Lady Marjory, fille du comte de Douglas, épouse délaissée du duc de Rothsay. Dépourvue d'attraits, elle est jalouse des belles femmes. Elle est malheureuse, ce qui la rend atrabilaire, hautaine, impérieuse. Mais son âme est pleine de noblesse, et sa parole inviolable. Elle réside au château de Falkland, qui appartient au duc d'Albany.
  • Kitt Henshaw, batelier sur le Tay. Affidé de sir Patrice. Adroit, astucieux. Il est allé autrefois jusqu'à Campvere, ce qui lui vaut le respect de son patron. Retourné par Ramorny.
  • Niel Booshalloch, Highlander, bouvier gardant les nombreux troupeaux appartenant au chef du clan Quhele.
  • Norman nan Ord (Norman fils du marteau), forgeron des Highlands, un des huit fils de Torquil du Chêne. Comme son père et ses frères, il est un des gardes personnels d'Eachin.

Accueil

En dépit d'un excellent accueil critique, la première série des Chroniques de la Canongate n'avait pas enthousiasmé les lecteurs[22] : les nouvelles étaient jugées trop courtes et trop peu consistantes[23]. La Jolie Fille de Perth, au contraire, connaît un succès public immense et immédiat. Et la critique lui est presque unanimement favorable, l’Athenaeum déclarant que le roman peut être rangé parmi les meilleures et les plus admirables œuvres de l'auteur. La Jolie Fille de Perth représente, avec Redgauntlet, l'un des sommets de la carrière tardive de Scott[24].

Adaptation

Le roman de Scott inspire à Georges Bizet l'opéra La Jolie Fille de Perth, sur un livret de Vernoy de Saint-Georges et Jules Adenis. Il est créé en 1867 au Théâtre-Lyrique de Paris.

Notes et références

  1. (en) « Famous Scots King Robert III », sur rampantscotland.com.
  2. Quarante-cinq ans plus tôt, durant la guerre de succession de Bretagne, eut lieu un affrontement semblable, le combat des Trente.
  3. a, b et c George de Dunbar, 10e comte de Dunbar et de March, 12e lord d'Annandale, lord de Man, est un des plus puissants seigneurs d'Écosse, et le rival des Douglas.
  4. Archibald, alors connu sous le nom de The Master of Douglas, est le fils d'Archibald le Sinistre (the Grim), 3e comte de Douglas. Le père mourra en décembre de la même année, et le fils deviendra le 4e comte de Douglas.
  5. Note de l'éditeur, in Walter Scott, La Jolie Fille de Perth ou le Jour de Saint-Valentin, Furne, 1830, p. 226, note 1.
  6. (en) « The CharterHouse », sur perthcity.co.uk.
  7. La Jolie Fille de Perth, éd. cit., p. 204-206.
  8. La Jolie Fille de Perth, éd. cit., p. 260, 327, 328, 391 et 454.
  9. La Jolie Fille de Perth, éd. cit., p. 391 et 454.
  10. La Jolie Fille de Perth, éd. cit., p. 561 et 562.
  11. La Jolie Fille de Perth, éd. cit., p. 383-387.
  12. (en) « The Battle of the Clans », sur visitdunkeld.com.
  13. La Jolie Fille de Perth, éd. cit., p. 216-219.
  14. La Jolie Fille de Perth, éd. cit., p. 382 et 383.
  15. La Jolie Fille de Perth, éd. cit., p. 385 et 386.
  16. La Jolie Fille de Perth, éd. cit., p. 344.
  17. La Jolie Fille de Perth, éd. cit., p. 345.
  18. La Jolie Fille de Perth, éd. cit., p. 136.
  19. Scott le prénomme Robert, ou Robin, mais son véritable prénom est David. (en) « David Stewart », sur fmg.ac.
  20. La garde royale se recrute parmi les Brandanes, habitants de l'île de Bute, patrimoine du roi. La principale localité de cette île est Rothesay, qui donne son nom au prince héritier. La Jolie Fille de Perth, éd. cit., p. 147, note 1.
  21. La Jolie Fille de Perth, éd. cit., p. 386 et 387.
  22. (en) « Chronicles of the Canongate (First Series) », sur walterscott.lib.ed.ac.uk.
  23. Henri Suhamy, Sir Walter Scott, Fallois, 1993, p. 401.
  24. (en) « St. Valentine's Day; or, The Fair Maid of Perth », sur walterscott.lib.ed.ac.uk.



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