La Nausee

La Nausee

La Nausée

La nausée
Auteur Jean-Paul Sartre
Genre roman
Pays d'origine France France
Éditeur Gallimard
Collection Soleil / puis Blanche
Date de parution 1938
ISBN 2070105423.

La Nausée est un roman philosophique mais aussi quelque peu autobiographique de Jean-Paul Sartre, publié en 1938. C'est avec ce livre que Sartre atteignit une renommée qui se développera par la suite.

Sommaire

Résumé

À Bouville, petite ville de France, Antoine Roquentin, la trentaine, intellectuel solitaire, vit retiré après avoir vécu une vie de voyages dont, très vite, il s'est lassé. Il travaille à la rédaction d'un mémoire sur la vie d'un aristocrate du XVIIIe siècle, Monsieur de Rollebon. “La nausée” est le journal qu'il a entamé lorsqu'il s'est aperçu, en ramassant un galet au bord de la plage, que les objets ou la perception qu'il en avait avaient changé. À force d'observer une racine, il ne sait plus la nommer. Les objets les plus ordinaires semblent animés d'une vie propre. Lorsqu'il ramasse une feuille de papier, il n'a plus le sentiment de se saisir d'un objet inanimé mais bien d'être touché, comme si celui-ci s'était transformé en animal vivant. Le monde inanimé des choses provoque en lui une impression d'écœurement douceâtre de « nausée ». Un après-midi, après s'être examiné longuement dans la glace de sa chambre d'hôtel, il perd le goût de lui-même, ne se reconnaît pas. Comme une nouvelle nausée s'annonce, il se réfugie au café dont l’ambiance est le seul rempart qu'il ait réussi à opposer à cette agression, la musique et l'atmosphère bruyante semblant le protéger. Il passe par une série de désillusions et se demande même s'il n'est pas en train de devenir fou. L'illusion des aventures se dissipe. À la bibliothèque, son étude sur Monsieur de Rollebon le laisse indifférent ; déçu par les résultats hypothétiques de son travail, il écarte la narration historique et observe plutôt les autres lecteurs et plus particulièrement l'Autodidacte. Ce clerc de notaire, héros grotesque de la culture, a la particularité de vouloir lire systématiquement tous les livres de la bibliothèque municipale en en suivant l'ordre alphabétique. Quant aux gens de bien, qui paradent à la sortie de la messe ou au musée de Bouville, ils sont démasqués par le narrateur qui voit en eux des «salauds». Il rompt tous ses liens avec cette société mesquine, conventionnelle et étouffante, pour mettre à nu l'existence. S'il lui arrive de se laisser aller, ses exaltations passagères se brisent vite : l'horreur de la nature et du monde l'emporte et la nausée le poursuit. Tout est de trop, les hommes comme les choses ; d'obscures menaces pèsent sur la ville, et des proliférations monstrueuses surgissent des campagnes environnantes. Il se sent de plus en plus mal à l'aise devant l'existence des choses puis devant sa propre existence soumise au regard des autres et il la ressent progressivement comme «une mollesse, une faiblesse de l'être». S’il pense à se tuer, il découvre que son suicide lui-même serait dépourvu de sens : il se sent «en trop» dans un monde «trop plein». Le dimanche, il s'essaie à l'aventure des promenades sur la jetée, mais la vraie mer est «froide, noire et pleine de bêtes». Tous ces instants mis bout à bout lui font pressentir que le sentiment d'aventure serait tout simplement celui de l'irréversibilité du temps. Un déjeuner avec l'Autodidacte, qui ne cesse de l'admirer, provoque une nouvelle nausée. Les propos du clerc sont si naïfs, si empreints d'humanisme et de bonne volonté, que Roquentin ne peut s'empêcher de le contredire, lui faisant sentir que les gens qui les entourent ne savent même pas qu'ils existent. La nausée, ce sont les objets qui existent, c'est le monde qui existe sans que les gens ne distinguent la mince pellicule dont se parent les objets et les êtres. Roquentin perçoit leur réalité, leur existence. Roquentin peut enfin nommer sa nausée : c'est l'expérience de l'absolu, de l'absurde irréductibilité du monde car exister, c'est être là, gratuitement, et lorsqu'on s'en rend compte, on ne peut échapper à la nausée. Il retrouve Anny, une amie, mais elle ne croit plus aux moments parfaits ; elle se survit et nie la similitude de leur découverte. De retour à Bouville, Roquentin apprend que l'Autodidacte a fait scandale et a été renvoyé de la bibliothèque pour pédophilie. Au “Rendez-vous des cheminots”, tout en faisant ses adieux, Roquentin écoute une dernière fois son disque préféré qui a le pouvoir de le transporter ailleurs, là où la nausée disparait. Il constate que, s'il est une justification, c'est celle de l'œuvre d'art. La solution est peut-être là : écrire non pas une œuvre historique, mais une histoire «belle et dure comme de l'acier, et qui fasse honte aux gens de leur existence», une œuvre de fiction.

Élaboration

Le roman intitulé La Nausée est le fruit d'un long parcours et d'une longue élaboration de huit années. Parti d'une approche philosophique de la conscience et de la contingence, le jeune professeur alors en poste au Havre élabore le projet d'un « factum », d'une analyse agressive d'une approche philosophique, qui se transforme en œuvre romanesque sous l'influence des lectures de Céline[1], de Kafka ou de Queneau. Il approfondit également l'aspect philosophique de l'œuvre en étudiant de près Husserl et la phénoménologie allemande, en particulier durant son séjour d' une année à la Maison Académique française de Berlin en 1933-1934, séjour qui le laissera cependant aveugle à la réalité du nazisme. Il rédige plusieurs versions successives annotées par Simone de Beauvoir mais le livre est refusé par les éditions Gallimard en 1936 malgré l'aide de Paul Nizan. Il reprend son texte qui est finalement accepté au printemps 1937. Il devra cependant encore le modifier pour gommer certains passages « un peu libres » (c'est son expression) et supprimer une quarantaine de pages. Le titre initial choisi par Jean-Paul Sartre était Melancholia, sans doute par référence à Dürer, mais Gaston Gallimard propose et impose le titre définitif La Nausée : l'ouvrage paraît en avril 1938 et est salué par l'ensemble du monde des lettres.

Notes

  1. La couverture de la première édition porte en épigraphe une citation de l'église de Céline: « C'est un garçon sans importance collective, c'est tout juste un individu ».

Sources

Voir aussi

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