Landres

Landres

49° 19′ 20″ N 5° 48′ 21″ E / 49.322222, 5.805833

Landres
Place de l'Eglise
Place de l'Eglise
Armoiries
Détail
Administration
Pays France
Région Lorraine
Département Meurthe-et-Moselle
Arrondissement Briey
Canton Audun-le-Roman
Code commune 54295
Code postal 54970
Maire
Mandat en cours
Marc Ceccato
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes du Bassin de Landres
Site web www.landres.mairie.com
Démographie
Population 940 hab. (2007)
Densité 117 hab./km²
Gentilé Landrus, Landruse
Géographie
Coordonnées 49° 19′ 20″ Nord
       5° 48′ 21″ Est
/ 49.322222, 5.805833
Altitudes mini. 280 m — maxi. 346 m
Superficie 8,04 km2

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Landres est une commune française, située dans le département de Meurthe-et-Moselle et la région Lorraine.

Sommaire

Étymologie

Aux cinquième et sixième siècles, dès le début de l’époque franque, de nombreux villages qui existaient déjà à l’époque gauloise sont débaptisés. Le conquérant impose souvent son nom à son domaine, parfois sa langue. Le nom gaulois, mais aussi le nom germain sont très vite latinisés dans les régions romanes où les Gallo-romains restent majoritaires.

Deux étymologies du nom de Landres ont été trouvées : l'une donne une origine gauloise, l'autre une origine franque :

  • de « landa », nom gaulois désignant une terre aride et inculte ;
  • terre de Landérich (à rapprocher de Landremont près de Dieulouard), ce qui aurait pu aussi donner Landérici villa et Landreville s’il y avait eu une ferme.

Toponymie

Dans les cartulaires des cathédrales ou des monastères, dans les nombreuses archives et les dénombrements existants, on retrouve souvent le nom de Landres, mais parfois avec d’étranges orthographes. Il faut préciser qu’avant le XVIIe siècle, les règles n’étaient pas bien fixées, peu de gens savaient lire et écrire, et chacun orthographiait comme il pouvait. Le chapitre de la cathédrale de Metz possédait à Landres une très ancienne seigneurie foncière connue sous le nom « ban de St Pierre et St Paul ». Les archives départementales nous indiquent les orthographes et déformations successives du nom:

en 1128 : LANDES (Chap. cath. S. l’an)

en 1137 : LENDE ( - id - )

en 1411 : LENDES ( - id - )

en 1413 : LANDREZ (arch. H. de V. A. A. 42)

en 1605 : LANDRE (inv. des titres de Lorraine III p.305)

en 1618 : LENDRES (Hus. Lesc. cr. de Lorr.)

en 1749 : LANDRES ET MONT (de Maill. Barr.)

Landre ou Landres ?

« Le nom ancien de la commune est Landre ou Landres, ce nom s’écrit soit au singulier, soit au pluriel. Ces deux orthographes sont en rapport avec les données anciennes. D’après les archives de Briey, dès le neuvième siècle et avant les croisades, les sires de Landres occupaient leur « castellum ad Landria », le château vers Landres, au pluriel parce que Landria précédé de la préposition ad, indique que c’est un accusatif pluriel neutre : on écrit donc Landres. Mais, datant du milieu du dix-septième siècle, on trouve dans les archives de l’archevêché de Trèves auquel Landres était rattaché jusqu’en 1793, une mention d’une « capella in Landria » : chapelle à Landre. Landria est à l’ablatif singulier féminin à cause de la préposition in ; par conséquence, ici Landre s’écrit au singulier. Mais quoi qu’il en soit, le nom du village doit s’écrire au pluriel : un monument de 1523 et un arpentage de Landres en 1714 indiquent ce nom au pluriel ». (M. Beuvelot) Le « s » ne sera acquis définitivement qu’à la fin du dix-neuvième siècle.

Géographie

Landres est une commune lorraine située au nord du département de Meurthe-et-Moselle, au cœur du Pays Haut Lorrain.

Le Pays Haut lorrain

Le Pays Haut est constitué d'un large plateau délimité à l'ouest par la plaine de la Woëvre, à l'est par la vallée de la Moselle qu'il domine, au nord par la Belgique et le Luxembourg, au sud par la vallée du Rupt de Mad.

Loin d'être uniforme, le Pays Haut présente différents types de paysages :

  • Le plateau minier et agricole : bien que l'activité minière (aujourd'hui disparue) s'y soit largement développée depuis la fin du XIXe siècle, le Pays-Haut a conservé une importante activité agricole essentiellement céréalière, qui occupe 80 % de la superficie, avec des paysages de type "open fields".
  • De nombreuses forêts, qui recouvrent encore une partie du territoire, les plus vastes se situant sur les sommets des côtes de Moselle (nombreuses forêts domaniales).
  • Les vallées étroites et boisées, parfois profondes, dont la sidérurgie avait transformé le paysage. Ayant accueilli une très importante population, ces vallées traversent aujourd'hui une crise profonde en raison de la disparition des activités sidérurgiques. Les friches industrielles (usines désaffectées, cités ouvrières) se multiplient tant dans la vallée de l'Orne (Joeuf, Auboué..) que dans celle de la Chiers (Longwy) pour la Meurthe-et-Moselle, la troisième vallée sidérurgique étant située en Moselle, sur la Fensch. Cette rivière, comme l'Orne, est un affluent de la Moselle (la Chiers est un affluent de la Meuse).

Landres

Le village de Landres est situé dans une légère cuvette, à un peu plus de 300 m d'altitude. Il est entouré de collines à l'ouest, au sud et à l'est, qui le dominent d'une quarantaine de mètres (altitude max. : 346 m).

C'est sur la commune de Landres que le Woigot (affluent de l'Orne, sous-affluent de la Moselle) prend sa source, dans le bois de Landres, au sud-est du village. Le Woigot s'écoule en direction du sud, forme à Briey le Plan d'eau "de la sangsue", et se jette dans l'Orne à Auboué.

Landres est, à vol d'oiseau, à :

  • 26 km à l'E des côtes de Meuse
  • 20 km à l'O des côtes de Moselle
  • 23 km au S de la frontière Luxembourgeoise

... et à...

Géologie

Le sous-sol du bassin de Landres est calcaire, comme la presque totalité du sous-sol en Lorraine, exception faite du massif vosgien. Landres est situé sur le rebord occidental des côtes de Moselle (dernière cuesta à l'Est du Bassin Parisien).

Ce sous-sol calcaire du Pays Haut date du Jurassique moyen, dit Dogger. Il est le résultat d'une série d'immersions et d'émersions d'une vaste pénéplaine sableuse par des mers plus ou moins chaudes et profondes, déposant des couches alternativement dures (calcaire et grès) et souples (argile et marne). Ce phénomène donnera naissance à l'entité géologique dite « bassin parisien ».

Au cours des ères tertiaires et quaternaire, les changements climatiques, l'érosion et l'influence des mouvements tectoniques du Massif des Vosges voisin, poursuivront le modelage des paysages du pays haut.

La géomorphologie du Pays Haut se caractérise par un plateau incliné d'Est (sommet des côtes de Moselle, partie la plus élevée, dépassant en plusieurs points les 450m d'altitude) en Ouest (vers la plaine de la Woëvre, marneuse, au pied des côtes de Meuse). Les reliefs sont peu marqués, mais certaines vallées sont relativement encaissées, sous l'action de cours d'eau ayant acquis la puissance suffisante pour « inciser » le plateau. C'est le cas des affluents de la Moselle ou de la Meuse, comme l'Orne à partir de Hatrize, la Chiers au nord, et la Fensch entre les deux, et même des sous-affluents tels le Woigot dès en amont de Briey ou la Crusnes à partir de Serrouville.

Pour Landres plus précisément, la commune étant située à la source du Woigot, à proximité de la limite de partage des eaux, le relief est plus doux et les vallées peu marquées.

Le fer

La principale caractéristique du sous-sol du bassin de Landres, et plus généralement du Pays Haut, est le gisement ferrifère qui s'étend sur 94 000 ha d'un seul tenant. Affleurant au niveau des côtes de Moselle, il s'enfonce vers l'ouest, atteignant 267 m de profondeur à Bouligny, mine de fer la plus occidentale du bassin (et la seule située en Meuse).

Ce filon ferrugineux d'origine sédimentaire a environ 175 millions d'années. Il est constitué d'une douzaine de couches sur une trentaine de mètres d'épaisseur en moyenne.

Seules quatre couches sont véritablement exploitables, car mesurant entre 2,4 et 7 m d'épaisseur.

La teneur en fer du minerais exploité est de l'ordre de 32-34 %, taux relativement faible qui a donné comme surnom au minerais, la Minette lorraine et qui a entraîné une interruption de l'exploitation dès lors que des gisements plus riches et plus rentables ont été découverts ailleurs dans le monde. Car très peu de mines ont fermé par épuisement de la ressource (à partir de 1967). Parmi elles, celle de Landres, dont le personnel a heureusement été totalement reclassé au sein de la mine voisine de Mairy-Mainville (31 décembre 1968). Toutes les autres mines ont ensuite cessé leur activité par manque de rentabilité (la dernière en 1997, à Audun-le-Tiche).

Histoire

Préambule

L'histoire de Landres proposée ci-dessous est un résumé tiré de l'ouvrage de Jean Costantini, Landres, histoire d’un petit village du Pays-Haut, avec l'autorisation de l'auteur.

Dans certaines parties de son livre, Jean Costantini analyse des informations recueillies lors de ses recherches bibliographiques. Lorsqu'il cite des sources, des extraits d'ouvrages ou des propos d'autres auteurs, ceux-ci sont systématiquement mentionnés en bas de page.

Dans l'article ci-dessous, par commodité et pour une meilleure lisibilité, les citations ne sont pas référencées une à une, mais tous les documents ayant servi de base au travail de J. Costantini sont mentionnés au chapitre Bibliographie.

Préhistoire

• Le Mésolithique : de -8 200 ans à -4 500 ans. Un outil a été retrouvé à Landres, il s’agit d’un trapèze.

• Le Néolithique : de -4 500 ans à -1800 ans. Les découvertes faites à Landres restent modestes. Des outils en silex tels que pointes de flèches, racloirs, grattoirs, percuteurs, lissoirs, pointes de poignard et deux fragments de haches polies en schiste noir furent découverts. Les nombreux éclats de silex collectés attestent que les outils ont été façonnés sur place. Le matériel lithique nécessaire à l’élaboration des outils préhistoriques est composé de quartzite, de silex, de schiste parfois et de chaille (pierre dure locale). Le silex n’existant pas à l’état naturel dans notre région, il était importé de Belgique, de la région de Sainte-Menehould ou de l’Ile-de-France. La monnaie n’était pas utilisée à cette époque ; c’est le troc qui permettait à nos ancêtres d’acquérir le matériel de base pour leurs outils. Pour la quartzite (galets de Moselle) les gisements ne manquent pas en Lorraine. Quant au schiste, on le trouve dans les Ardennes. (recherches : Denis Perron)


Protohistoire et antiquité

Pendant la protohistoire, les habitants de la région sont des Celtes ou Gaulois. La seule trace des Gaulois sur la commune sont les « mardelles », des trous en forme de cônes tronqués de 10 à 12 mètres de diamètre. Selon certains archéologues, les Gaulois agençaient des troncs d’arbres autour de ces trous pour former une sorte de pyramide, puis les recouvraient d’argile pour l’étanchéité. Monsieur Beuvelot écrit : « Il y a sur le territoire de Landres, au midi, un système de mares groupées de trois en trois, en triangles, à des distances plus ou moins grandes. Les archéologues sont d’avis que ces mares qui sont au nombre de quinze, marquent l’emplacement d’anciens camps gaulois. Seulement ces savants font remarquer qu’à cette époque ces camps se trouvaient au milieu des bois, tandis qu’aujourd’hui, les mares sont situées dans les plaines cultivées. Il reste cependant quelques unes de ces mares dans les forêts de Landres. »

Pendant la période gauloise, la région fait partie de ce que Jules César nomme la « BELGIQUE », située au nord de la Seine et de la Marne, et à l’est jusqu’au Rhin.

De l'époque Gallo-Romaine, une quinzaine de sites sont répertoriés. Ils comportent un ou deux vestiges de bâtiments (de modestes fermes champêtres).

Que trouve-t-on en prospection de surface de ces lieux ?

• des pierres éparses de petite taille (les plus grosses ont pu servir en remploi aux villageois). • des tuiles plates à rebord (teggula). • des tuiles rondes (imbrex) qui chevauchaient les tuiles plates et rendaient ainsi le toit étanche. • des tessons de poterie. On distingue plusieurs types de céramique : a) la poterie noire commune, de facture assez grossière, b) la poterie grise ou rouge orangé, plus fine, c) la poterie sigillée, c’est la plus luxueuse, presque toujours orangée, elle peut être recouverte d’un enduit lisse ou ornée de motifs en relief tels que personnages, animaux, feuillage, festons, etc. • des broyons : ce sont des pierres en quartzite (galets de Moselle) de la grosseur d’un poing. Les Gallo-romains les prenaient à pleine main et concassaient les grains de blé contenus dans une pierre faisant cuvette, et ainsi en extrayaient la farine. On peut voir distinctement les traces de frappe à une ou aux deux extrémités des broyons. On peut noter que l’usage de ces broyons commence au Néolithique et se termine au Moyen Âge. • des fragments de pierres meulières grises. • une monnaie romaine fut retrouvée à Landres. Il s’agit d’une monnaie de bronze à l’effigie de MARC-AURELE, empereur romain qui régna de 161 à 180 après J.C.

En 217, les Belges libres sont déclarés citoyens romains. En 257, les limes cèdent devant la poussée des peuplades germaniques, qui pénètrent en Gaule et détruisent tout avant de repartir. En 275, une nouvelle ruée barbare fait encore plus de ravages et anéantit toute l’œuvre gallo-romaine de la région. Les invasions barbares s’amplifient à la fin du IVe siècle.


Haut Moyen Âge

Époque mérovingienne

Dès le début du Ve siècle (407), la Gaule romaine est massivement envahie par différents peuples germaniques. Les Alamans s’implantent en Alsace. Les Francs ripuaires, qui étaient déjà bien implantés à l’est de la Meuse (et les Francs saliens à l’ouest), s’y installent définitivement et occupent plus de la moitié des terres.

Là où les Francs se sont installés en premier et où ils sont souvent les plus nombreux, la langue germanique s’impose (à l’est d’une ligne Longwy - Le Donon), coupant ainsi la région en deux parties :

• la Lorraine romane à l’ouest (Meuse, Meurthe-et-Moselle, Vosges, sud Moselle)

• la Lorraine thioise (nord de la Moselle) où l’on parle le francique lorrain dérivé du moyen germanique et de la langue franque (alors qu’en Alsace, le dialecte usuel est dérivé du bas germanique venant des Alamans).


Époque carolingienne

Charlemagne traverse fréquemment la région, chasse régulièrement en forêt de Haye près de Nancy et établit même une de ses résidences principales à Thionville.

La Lotharingie

L’empire de Charlemagne est partagé entre ses trois petits-fils par le traité de Verdun en 843. Entre la Francia occidentalis à l’ouest et la Germanie à l’est, la partie centrale s’étend de la Mer du Nord à Rome. C'est la « Francia média », qui revient à Lothaire Ier. En 855, celui-ci se retire dans une abbaye et partage son royaume entre ses trois fils.

Lothaire II reçoit la partie nord, qui va du nord des Pays-Bas au sud des Vosges, avec l’Alsace et le Rhin à l’est, l’Argonne et l’Escaut à l’ouest. « Cet état va prendre le nom de son roi : Lotharingie, en latin Lotharii regnum, en langue romane Loherrègne, qui deviendra Lorraine. » (René Bastien)


Après une succession d'héritages, conflits, coups de force et traités qui l'écartèle, la Lotharingie devient définitivement germanique en 925, sous le règne de l’empereur d’Allemagne Henri Ier, dit l’Oiseleur. Son fils Otton Ier le Grand lui succède en 936. Il devient le premier Empereur du Saint Empire romain germanique.

Otton attribue la Lotharingie à son frère Brunon, évêque de Cologne, qui, en 959, la divise en deux duchés :

  • La Basse - Lotharingie composée des Pays-Bas, de la Belgique et des Ardennes
  • La Haute - Lotharingie ou « Mosellane », formée par la Lorraine actuelle, la province de Trèves, et le Luxembourg.

La Haute Lotharingie cesse alors d’exister en tant que royaume et devient une mosaïque de petites principautés dirigées par des vassaux parés du titre de duc ou de comte. (Pierre Mangin)

Bas Moyen Âge

En 1044, l’empereur Conrad II le Salique attribue à Godefroy le Barbu la Haute Lorraine. D’une nature très violente, Godefroy revendique aussi la Basse Lorraine, se révolte, dévaste la région mais ne parvient pas à ses fins.

L’empereur le destitue en 1047 et confie la Basse Lorraine à Frédéric de Luxembourg, et la Haute Lorraine à Aldebert.

Godefroy fait assassiner Aldebert en 1048. Mais le nouvel empereur germanique Henri III le Noir nomme à sa place Gérard d’Alsace, qui devient Gérard Ier de Lorraine, neveu d’Aldebert. Gérard d’Alsace sera le fondateur de la maison de Lorraine, qui régnera jusqu’au XVIIIe siècle. Il se rendra plusieurs fois dans son château de Nancéa (Nanceum / Nancey / Nancy = domaine de Nantius)

Finalement, à la mort de Frédéric de Luxembourg en 1065, l’empereur accorde la Basse Lorraine et Verdun à Godefroy le Barbu, calmé et vieilli.

En 1054, Godefroy avait épousé Béatrice, fille de Frédéric II, veuve du duc de Toscane. En 1069, les époux unissent leurs enfants issus chacun d’un premier mariage : Mathilde, héritière de la Toscane (la comtesse Mathilde de Toscane), ainsi que de Briey, Stenay, Mousson, et Godefroy III de Basse-Lotharingie, dit d'Ardennes, dit aussi le Bossu. C’est un mariage de pure forme. Mathilde, qui a 23 ans, vit en Toscane. Les époux ne se rencontreront pratiquement jamais, et n’auront pas de descendance (une fille, Béatrice, née en 1071 et morte dans sa première année).

Godefroy le Barbu meurt en 1070 et son fils Godefroy le Bossu est assassiné en 1076. Le comté de Verdun, celui de Briey et la Basse Lorraine reviennent à son neveu Godefroy de Bouillon, comte de Boulogne. Celui-ci conduira la première croisade et deviendra roi de Jérusalem.

« Tandis qu’en Italie, Mathilde poursuit inlassablement son combat et celui de la papauté contre les prétentions de Henri IV du Saint-Empire, un homme, à Briey, gère le château et la châtellenie qui n’est pas du tout un comté : c’est l’avoué Albert de Briey » (François Heller). Albert est le frère de Richer (l’évêque de Verdun), dont la famille est probablement originaire des Ardennes belges, inféodée à Godefroy le Barbu.

Avoué de Briey depuis 1076, Albert est sans titre particulier, mais certainement de haute naissance (il mariera son fils aîné à l’héritière du seigneur d’Aspremont).

Albert a vraisemblablement demandé la châtellenie en fief à Mathilde (qui n’y est probablement jamais venue), mais n’a pas obtenu ce qu’il souhaitait. Albert sera pourtant le premier de la famille « de Briey » dont une branche deviendra plus tard les « de Landres ».


Déjà trois évêchés pour la Lorraine :

A l'époque, trois évêchés se partagent le Pays-Haut :

  • L’évêché de Trèves, avec son doyenné de Bazailles, possède Xivry, Preutin, Landres, Anoux, Mancieulles...
  • L’évêché de Verdun, avec le doyenné d’Amel, possède Bouligny, Domprix, Bertrameix, Avillers, Piennes, Joudreville, Norroy-le-Sec, Mainville...
  • L’évêché de Metz possède Briey, Lantéfontaine, Mance...

Pour l'anecdote, la chapelle de la ferme de Saint Saulmont à Anoux marque la limite des trois évêchés. Norroy-le-Sec était une « marche d’estault » où se réglaient les différends entre l’évêque de Metz et celui de Verdun.


Plus tard, les Trois-Évêchés (il s'agira alors de Metz, Toul et Verdun), marqueront profondément l'histoire de la Lorraine tout entière.


La Maison de Briey

== Le premier seigneur de Landres

Probablement depuis Charlemagne, peut-être même avant, « le village de Landres et ses appartenances est un alleu (terre personnelle, exempte de tout hommage au suzerain) du chapitre de la cathédrale de Metz. Pour protéger les habitants et les biens, le chapitre a toujours demandé au comte de Bar d’en être le voué (représentant, fondé de pouvoir et, dans le cas présent, le protecteur) » (Comte Claude De BRIEY « Histoire des Briey - Notices familiales » ). Il n’y a pas de traces intéressantes et on ne sait rien d’avant 1248.

« C’est en 1248 que Thiébaut II de Bar (1240-1290) fait un échange avec Herbrand seigneur de Briey. Ce dernier donne ce qu’il possède à Rombas, Edange, Fameck, et reçoit du comte de Bar ce que celui-ci détient à Landres et à Mont ».

Mais Thiébaut et Herbrand ont en fait échangé des terres qui ne leur appartenaient pas en propre. Le chapitre de Metz conteste violemment cette transaction. Un accord sera trouvé et une convention signée, en juillet 1248.

Herbrand de Briey est le premier seigneur connu de Landres. « Il possède également de nombreux fiefs dispersés entre Bar et Luxembourg ». C’est un personnage considérable ». Il devient ainsi le fondateur de la maison « De Landres ».

Ses fils Olri et Henri de Briey participeront au fameux tournoi de Chauvency (près de Montmédy) où Henri se distinguera plus particulièrement. Ce tournoi, qui se déroula du 2 au 5 octobre 1285, fut rendu célèbre au Moyen Âge grâce au poème épique de 4463 vers, écrit par Jacques Bretex, dans lequel celui-ci raconte les exploits des chevaliers.

Les Armes de Landres

La famille de Landres porta les mêmes armes que celle de Briey : « d’or à trois pals alésés et fichés de gueules » : Sur fond jaune (d’or), trois bandes (pals) rouges (de gueules) coupées en haut (alésés) taillées en pointe en bas (fichés). Ces armoiries ont été adoptées par la ville de Briey en 1766 lors du rattachement de la Lorraine à la France, et incorporées au blason de la commune de Landres conçu en 1983 (voir plus bas).

Les seigneurs de Landres

« A une époque où l’on portait le nom du lieu où l’on habitait, ou dont on était originaire, il ne faudra pas longtemps pour que les « Briey » deviennent les « Landres » : moins de 60 ans. » (Comte Claude De BRIEY Histoire des Briey - Notices familiales) Dans son testament daté de novembre 1301, la femme d’Olri (ou encore Ourri, Oulri dit ’’Moine’’) se dit « femme de Monsignour Oulry de Landres, chevalier, qui fut... ». (Robert DEHLINGER cité par le Comte Claude DE BRIEY )


A Olri succéda son fils Jean de Landres, puis Herbrand Ier de Landres.

Le 13 novembre 1333, ce dernier rend « foy, hommage, aveu et dénombrement (...) sur la moitié de l’avouerie et toute la seigneurie des hommes de Landres », entre les mains de Huet, curé de Landres, agissant au nom du comte de Bar.

Herbrand de Landres est un familier du duc Robert de Bar. Il l’accompagne à Paris en 1364, pour son mariage avec Marie de France sœur du roi de France Charles V. Le duc Robert le ’’prêtera’’ à Philippe le Hardi, duc de Bourgogne et frère du roi. Herbrand sera qualifié d’« écuyer » en 1388.

Les châteaux de Landres

En 1888, l’instituteur, M. Beuvelot, a écrit dans la monographie du village :

« Il y avait à Landres trois châteaux

  • l’un à l’ouest qui était le plus important, le mieux fortifié et dont les fossés étaient remplis par les eaux de la fontaine. Ce château a été, dit-on, détruit par les Croates ; on en voit encore l’emplacement dans les prés hors du village.
  • un second château était situé à l’est de Landres, à environ deux cents mètres d’un bois qui aujourd’hui est défriché. Ce château était une tour ronde « la tour du guet ». Il était entouré de fossés inondés d’eau venant de la source située dans un petit pré voisin de la forêt.

Ce pré s’appelle aujourd’hui ’’Ménapré’’ (menu pré ou petit pré). Cette tour a été détruite en même temps que le château de l’ouest ; on n’en voit plus de vestiges, il n’en reste que l’emplacement que l’on appelle aujourd’hui le ’’Rond Paquis ’’.

  • le troisième château, situé au milieu du village près de l’église, servant pour la haute justice a aussi été démoli au même moment que les deux autres, mais il a été reconstruit.

Ce château non fortifié était important et renfermait des souterrains (...) qui servaient à enfermer les accusés qui devaient passer devant le tribunal de haute justice. Quand ils étaient condamnés, on les exposait au carcan soudé à la porte de l’ancienne église. Ce carcan avait en bas, sur la terre, une plate-forme que l’on pouvait soulever suivant la taille du condamné. Si le coupable était condamné à mort, on le conduisait à environ 1800m sur la côte appelée encore ’’la côte de la potence’’. » (actuellement « La Justice » au nord-ouest, vers Bertrameix, note de J. Costantini).

Le château de l’ouest devait donc être situé sur la côte où est construit le château d’eau actuel ou la grande maison des anciens directeurs de la mine car « ses fossés étaient remplis par les eaux de la fontaine » : aujourd’hui, le lieu-dit s’appelle « La fontaine St Jean ». Nous verrons plus loin que, vers 1488, on parlera du « vieux château Hola* dit de Custine », puis en 1682 de l’ancienne forteresse de Landres appelée « Holaque »

Il est fort probable que lors des travaux de construction de la mine et du creusement de la tranchée de raccordement, tout ce qu’il pouvait rester du vieux château ait été déblayé sans état d’âme, si tant est qu’il ait été construit à cet endroit.

La tour de guet à l’est devait se trouver au pied de la côte du bois de Landres, près du chemin « du Placy », au bout du chemin de la mare. C’est près de là que sont situés le « Ménapré » et le « Rond Paquis ». La tour surveillait certainement le « chemin de Mairy » et l’entrée du village par la rue du Thiam.

Le troisième château, celui au milieu du village, « joindant l’église », était fortifié à la fin du Moyen Âge comme nous le verrons plus loin. Il devait déjà exister en 1248 puisque dans ce que reçut Herbrand il y avait une « maison », certainement une « maison forte ».

Dès le XIIIe siècle, les comtes et les ducs avaient mis en place une administration qui garantissait leur souveraineté. Les prévôts assuraient la police et la justice seigneuriale. Ils dépendaient des baillis, qui dirigeaient une région plus importante et qui, en plus de la justice, s’occupaient aussi de l’armée et des finances. À la fin du XVe siècle, la seigneurie de Landres était un fief, siège d’une haute, moyenne et basse justice sous le bailliage d’Apremont, puis de St Mihiel, et sous la prévôté de Briey.

Des seigneurs - brigands

Olric de Landres, frère cadet de Bertrand, est l’exemple même du ’’seigneur brigand’’, fidèle exécutant des ordres de son suzerain. Il habite à Landres, la tour ou le château du village, car le vieux château de Hola est l’apanage de l’aîné. Lui n’avait pas vendu ses parts de Landres. Il aime se battre et en découdre. En 1389, il fait même des incursions « en paiis du roy d’Allemagne » et provoque la colère de ses voisins cantonnés à Hayange qui vont « courre et ardre (courir et brûler) sur messire Olris de Landres ». Le prévôt de Briey devra soutenir la défense de « la ville de Lendes ».

Mélange incroyable de fonctions officielles et de brigandage, le 22 juillet 1402, Olric va prendre livraison à Sancy de seize prisonniers allemands capturés à Dudelange. Neuf d’entre eux seront pendus. Il deviendra conseiller et ’’maître d’hôtel’’ du duc Robert, puis en 1413, 4e conseiller de la régence du Barrois quand le duc sera emprisonné au Louvre à Paris par les « Cabochiens » partisans du duc de Bourgogne (Robert ayant pris parti pour les Armagnacs favorables au Dauphin, futur Charles VII).

Herbrand II de Landres (1380-1431), fils de Bertrand, a ’’dégagé’’ avec son frère les parties des biens de la famille vendus à réméré au chapitre de la cathédrale de Metz.

Il s’oppose à Jean, comte de Rodemack, gouverneur et maréchal de Luxembourg qui lui dispute les terres de Mercy qu’il tient de sa grand-mère. Jean de Rodemack entre dans les domaines d’Herbrand et détruit les châteaux de Landres, de Xivry-le-Franc et de Watronville qu’il tient par son mariage avec Catherine de Watronville. Le conflit sera arbitré par le cardinal duc de Lorraine en 1427.

Un chroniqueur de l’époque, qui relate ces faits, décrit le château de Landres après le passage de Jean de Rodemack : « C’était la maison ancienne, place très forte située près de celle où logent à présent les seigneurs de Landres. Située vers le levant du côté de Mont, on y voit encore après 45 ans environ les vestiges de ladite forteresse, restes de tours, casemates, fossés. »

Renaissance

Didier Ier de Landres (1420 ?-1483)

Herbrand II de Landres, engagé aux côtés de René d'Anjou, est tué à la terrible bataille de Bulgnéville le 2 juillet 1431. Il laisse deux fils : l’aîné, Didier qui n’a que 11 ans, et Olry. Leur mère, Catherine de Watronville, se remarie et, avec son époux, fait l’acquisition en 1444, de la seigneurie d’Avillers.

Didier Ier est certainement le plus important des seigneurs de Landres. Avec lui, le domaine va encore s’agrandir. Didier participera très activement à la guerre contre la Bourgogne, aux côtés du duc de Lorraine et de Bar.

Le château est « enrasé »... et le village aussi

Vers 1450, les châteaux de Landres et de Watronville sont « enrasés ». Didier et son frère présentent alors une requête à René, duc de Bar : « exposant que autrefois par ordre du prince, la place forte de Watronville, à eux appartenant, fut abattue et rasée, que depuis peu, par commandement du duc de Calabre son fils, on avait également abattu le château et la place forte de Landres, à eux aussi appartenant et que la démolition desdites places leur avait causé beaucoup de dommages... ».

Ils obtiennent satisfaction car le 15 septembre 1450, le duc de Calabre leur accorde « 2000 vieux florins du Rhin afin qu’ils puissent faire réédifier leurs dites places ».

Le dénombrement de 1458

« Vers cette époque, Didier épouse Jeanne de Pulligny, probablement plus âgée que lui puisqu'elle se marie pour la troisième fois. C’est certainement à l’occasion de ce mariage, le 30 janvier 1458, qu’il fait un « aveu et dénombrement » au duc de Lorraine et de Bar. Il y précise, qu’entre autres, lui appartiennent :

1. « Le siège de la forteresse dudit Landres, les fossés et le circuit (enceinte) d’icelle, prise comme elle se contient et se comporte de long et de large, avec toutes ses appartenances.

2. La forte maison dite Hola située et assise audit Landres, à moi appartenant ; tout l’enclos et pourpris (zone clôturée et hors clôture, jardin et parc) ainsi qu’il se contient et le saulveur (vivier à poissons) auprès de ladite place.

3. Les corps d’hommes et de femmes en cette ville et du ban, ensemble (y compris) leurs enfants. Et lui sont dus :

4. Une certaine redevance que doivent chacun an au terme St Martin les dits habitants de Landres et du ban, appelée les soingnies (redevance en avoine).

5. Une autre redevance que doivent lesdits habitants, appelée les coussels (corvée à accomplir avec des chevaux jusqu'à six lieues de Landres).

6. Une rente appelée la coalle (impôt foncier) que doivent les habitants dudit Landres sur leur héritage. » etc., etc..

Didier et sa femme possèdent également des biens dans sept autres seigneuries.

« Amé et féal chevalier » du Duc

En septembre 1462, Didier, qui est devenu ’’chevalier’’, conteste au chapitre de la cathédrale de Metz ses droits sur Landres (voir l’échange de 1248), et adresse une requête au duc de Bar. Celui-ci lui répond le 25 novembre 1462 : « ...A l’occasion de ce que ledit Didier demeura mineur et en bas âge pour la mort de feu Abraham (sic) de Landres, son père qui fut occis à la bataille de Bulignéville (sic) au service de ce prince (René Ier), ladite seigneurie de Landres a été grandement diminuée et tournée en ruyne, et se sont faites plusieurs entreprises sur icelle, qu’après qu’il avait été en âge souffisant (sic) il s’était retiré audit lieu de Landres, avait fait réparer le château et la maison-forte du lieu qui était démoli et en ruine ; et que pour marquer de sa haute justice, il avait voulu faire élever un gibet, ce que lui avaient empêché les officiers du Prince à Briey... »

Compte tenu de ce qui précède, considérant, en outre, que « son amé et féal chevalier Didier de Landres est homme vaillant et bien renommé duquel il pouvait être bien servi en maintes manières » le prince l’autorise à faire ériger « un gibet de justice à deux piliers seulement au finage de Landres et d’y faire lui ou ses hoirs (descendants) exécuter les criminels... ». Ce qui montre la considération du duc envers Didier.

Le droit de haute justice à Landres, contesté par le chapitre de Metz, sera confirmé par le Conseil ducal de Bar le 15 janvier 1472. Le chapitre accepte mais rappelle que Didier et son frère sont voués du chapitre et que les habitants de Landres sont sujets communs des co-seigneurs. Les amendes devront revenir pour 2/3 au chapitre et pour 1/3 à Didier.

En 1472, Didier fait l’acquisition de la place forte de Tichémont près de Jarny (entre Hatrize et Giraumont). C’est « une des terres les plus vastes et les plus magnifiques et, comme seigneurie, une des plus nobles et des plus illustres de la contrée, si ce n’est la plus illustre ». Il l’a achetée au fils de Robert des Armoises, « ce mari inconsidéré de Jeanne du Lys, dite la fausse Jeanne d’Arc ou la fausse pucelle. »

Didier Ier de Landres, « chevalier, seigneur haut-voué de Landres, seigneur d’Avillers de Haucourt, de Domprix, de Murville et autres lieux, confesse tenir en foi et hommage, le 30 avril 1472, du duc de Bar, le chastel et la forteresse de Tichémont, appartenances et dépendances »

Didier possède alors trois seigneuries : Landres, Avillers, et Tichémont. Il réside le plus souvent à Tichémont. La famille prend dès lors le nom de Landres-Tichémont.

Didier de Landres-Tichémont est devenu un des seigneurs importants des duchés de Bar et de Lorraine. Il a qualité de « conseiller » de Nicolas, duc de Lorraine, et petit-fils de René d’Anjou. Le grand écuyer, Philippe de Lénoncourt, seigneur de Gondrecourt, le qualifie de « cher cousin et grand ami ».

La guerre contre la Bourgogne

Le 15 mai 1475, se croyant assuré de l’appui militaire de Louis XI, René II défie le duc de Bourgogne occupé au siège de Neuss (révoltée contre l’archevêque de Cologne), et lui envoie une déclaration de guerre ’’à feu et à sang’’ (lettre de défi).

La prise de Damvillers

Didier de Landres, qui vient d’être nommé « bailli de St Mihiel », participe avec ’’ceux de Landres’’, un contingent barro-lorrain, et un corps expéditionnaire français (commandé par Georges de la Trémoille, seigneur de Craon), au siège de Damvillers, place forte bourguignonne à 30 km à l'ouest de Landres. Damvillers est commandée par Jean de Ville, fils d’un premier mariage de Jeanne de Pulligny, l'épouse de Didier de Landres. Didier combat donc son beau-fils.

Le siège commence le 3 juillet 1475. La place, qui capitule le 8 juillet, est prise et butinée.

Landres détruit par les Bourguignons

Le duc de Bourgogne fait alors lever une armée de mercenaires par le condottiere Nicolas de Montfort, comte de Campobasso, seigneur du château bas de Commercy. Au mois d’août, tout le « Pays-Bas » jusqu'à Verdun et au-delà est envahi par une armée de dix mille hommes nommés à l’époque Bourguignons, Lombards et même Anglais. Campobasso s’empare de Landres qu’il brûle pour se venger de Didier, qui avait joué un rôle important dans la prise de Damvillers. Gondrecourt, appartenant à Thierry de Lénoncourt, est saccagé. Sancy tombe. Conflans, défendu par Gratien d’Aguerre, résiste au siège.

Les troupes bourguignonnes, logées dans les environs d’Etain, sont priées de s’éloigner, car cette prévôté appartient à la reine de Sicile. Des gentilshommes de l’évêché de Verdun sont obligés de défendre la ville. La région sortira épuisée par une longue occupation...

Jean VII, comte de Salm et maréchal de Lorraine, posté à Briey, lance des attaques dans les environs de Conflans. Il harcèle l’ennemi, lui coupe ses approvisionnements venus de Metz, fait prisonniers les Bourguignons qui s’écartent pour marauder. A l’arrivée des troupes de René II, les assiégeants se replient vers le Luxembourg, où se trouve le "Téméraire". Les Lorrains les poursuivent jusqu'à Lixières et Xivry-le-Franc.

Mais Louis XI retire les troupes de M. de Craon, qui devaient aider René. Il signe une trêve à la mi-août avec le roi d’Angleterre et le 13 septembre 1475, avec le duc de Bourgogne.

Charles le Téméraire, ayant reconstitué son armée, entre alors en campagne avec 40 000 hommes rejoints par les 6 000 qui avaient échoué devant Conflans. Venant du Luxembourg, il va porter d’abord ses efforts sur la citadelle de Briey et y met le siège vers le 15 septembre.

La prise de Briey

La ville est défendue par un grand capitaine, Gérard d’Avillers, grand écuyer de Lorraine, seigneur de Mars-la-Tour, secondé par Didier de Landres et plusieurs autres gentilshommes barrisiens. Il dispose en plus de 80 mercenaires suisses et de l’artillerie des 40 couleuvriniers allemands adjoints aux hommes de la garnison. La disproportion des forces en présence ne laisse aucune illusion aux défenseurs de la place. Ils ne peuvent que faire perdre du temps aux Bourguignons afin de permettre à René II de recevoir les problématiques secours sur lesquels il compte encore.

On ignore la durée du siège, mais il ne dura certainement pas longtemps. Cependant, les défenseurs font ’’fort rude accueil ’’ aux Bourguignons, et leur opposent une forte résistance dans le château.

« La ville basse est prise sans difficultés, et les quartiers submergés d’un flot d’assaillants. Le sort habituel d’une cité qui résiste est le pillage, l’incendie, le viol voire le massacre, les bourgeois le savent bien. Comprenant que toute résistance est inutile et voulant éviter le pire, ils s’en remettent à la bonne volonté du duc de Bourgogne. » (François HELLER : « Briey, 2000 ans d’histoire...» Editions Serpenoise)

Après trois assauts, le donjon est pris. Gérard d’Avillers est blessé, sa main a été emportée par un coup de serpentine.

« La défense de la forteresse devient impossible qui se rend « à composition », ou « à discrétion » c’est-à-dire que la ville et la forteresse ne seront pas réarmées durant le reste des hostillités. » (François HELLER : « Briey, 2000 ans d’histoire...» Editions Serpenoise)

« La ville est rançonnée à 12 000 florins et pillée, les gentilshommes barrisiens, que Charles le Téméraire comptait s’attacher, sont traités avec bienveillance » (Comte Claude DE BRIEY « Histoire des Briey - Notices familiales »), mais les 80 suisses et les 40 couleuvriniers allemands sont pendus aux créneaux et aux arbres.

Suite à la chute Briey, Pont-à-Mousson tombe le 25 septembre. Nancy, dont le siège commence le 24 octobre, ne capitulera que le 27 novembre. Le Téméraire y rentre triomphalement le 30, et se fait aussitôt proclamer duc. René II s’est réfugié à Joinville en Haute-Marne.

Les défaites du Téméraire

Le 14 février 1476, Charles descend vers la Suisse avec 30 000 hommes de troupes. Il veut mater les confédérés qui contestent son autorité, mais le 2 mars, il est battu à Granson.

Il n’en faut pas plus pour réveiller l’esprit de revanche des Lorrains qui avaient rejoint le jeune duc. Didier de Landres, Gratien d’Aguerre, Gérard d’Avillers, Jean Choiseul d’Aigremont, et quelques autres partent de Joinville, reprennent ’’la nuit devant le jour de Pâques’’(13-14 avril 1476) le château de Vaudémont et attaquent les garnisons tenues par l’ennemi.

Puis le 22 juin 1476, c’est la bataille de Morat, en Suisse, à laquelle participe René II avec 250 cavaliers. Pour la deuxième fois, le Téméraire y est défait : c’est un désastre épouvantable, des milliers de morts jonchent le terrain.

A leur tour, les Lorrains se révoltent. René II recrute des soldats en Suisse et en Alsace et reconstitue une armée de 20 000 hommes. « Il libère le Pays-Haut et organise le siège de Nancy, qui commence le 1er septembre. La ville se rend le 6 octobre, il en confie la défense à Gratien d’Aguerre. Et s’il est là, Didier ne doit pas être loin !

La bataille de Nancy

Le 25 octobre, le duc de Bourgogne est de retour et assiège à nouveau Nancy qui subit son troisième siège en un an. Celui-là dure plus de deux mois. La ville est affamée.

« Le 5 janvier 1477, les assiégés font une audacieuse sortie qui se terminera par la ’’déconfiture’’ et le massacre des Bourguignons jusqu’à la ’’ténébrosité de la nuit’’ ». (Philippe de Vigneulles « Chroniques »)

Le cadavre du Téméraire sera identifié le lendemain ’’parmi les nus et les morts’’(Philippe de Vigneulles « Chroniques ») : une partie du visage pris dans la glace, l’autre partie rongée par les loups, le duc est identifié par la bague qu’il porte au doigt et par une cicatrice à la gorge.

Ramené à Nancy, son corps est salué par le Duc René : ’’Noble cousin, Dieu ait votre âme en sa sainte garde. Vous nous avez fait beaucoup de maux et de chagrin’’. Après des funérailles somptueuses, il est enterré à Nancy.

L’occupation de la Gaume

Afin de protéger les marches du duché, René II envoie des troupes occuper une large bande de territoires au-delà des frontières du duché. Pour tenir la « Gaume » (nom donné au sud de la Belgique et du Luxembourg), il choisit Didier de Landres qui s’installe à Virton, Ethe, Monquintin…

Dès le 22 janvier, Virton doit ouvrir ses portes aux Lorrains conduits par Didier de Landres. Moyennant 1200 écus, les Virtonnais jurent d’être de fidèles sujet du duc, 1200 écus que Didier doit verser immédiatement (de la part de René II) et dont il attendra longtemps le remboursement. Didier possédait donc une véritable fortune personnelle.

Didier Ier de Landres-Tichemont prend alors le titre de « Seigneur de Montquintin » (qui était celui de son beau-fils Jean de Ville, qu’il avait combattu à Damvillers), et devient « capitaine de Virton », qu’il met en état de défense.

Didier de Landres, nouveau ’’seigneur-brigand’’

Le 21 avril 1477, Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, épouse Maximilien d’Autriche, qui signe une trêve avec René II le 24 août. Cette trêve arrête les combats, pas les pillages. Didier ravage la région. Pourtant, le Duc de Lorraine, par instructions envoyées dès le 23 janvier, avait demandé d’occuper la Gaume «sans austorité, crualté, puissance d’armes et sans respendre le sanc humain. Et par escortation et doulces remontrances, avoir l’amour begnivolence, tant des gens d’esglises, nobles et vassaulx comme du commun.» (Archives départementale de Meurthe-et-Moselle : B - I - ff° 326-327)

Les représailles ne tardent pas : les Bourguignons d’Arlon, Thionville, Florange brûlent, volent, raflent des chevaux, font des prisonniers dans les environs de Longwy, de Sancy et de Briey. Didier est même chassé de sa forteresse de Montquintin, et Perrin son fils cadet est fait prisonnier. Les Bourguignons envahissent ses domaines jusqu'à Murville près de Landres.

La paix de Zurich est signée avec l’Autriche le 24 janvier 1478. Mais Didier continue seul le combat et les pillages, en véritable ’’seigneur-brigand’’. Ses exactions sont telles que le Maréchal du Luxembourg doit demander que « les gens des frontières et ceux de Virton cessent de faire de grands dommages aux sujets du duc d’Autriche.» Mais tant que Perrin ne sera pas libéré, Didier continuera à harceler les Bourguignons. Même René II exigera la libération des prisonniers et demandera à Maximilien «... que veuillés tant faire que nos povres subjects et serviteurs qui ont été prins...comme Perrin de Landres et autres et que encore sont détenus, soient mis à délivrer franchement ». (6)

En juillet 1478, on retrouvera Didier en compagnie de son ami et complice Gratien d’Aguerre « ...avec grant compaignie de gens de guerre, voulloient faire une course (expédition) en Vault de Mets... »

Les Français reprennent Virton et Montquintin en 1480.

Didier se retire (il a 60 ans) dans son château de Tichémont car Landres, qui a été ’’appati’’ par les Bourguignons en 1475, doit sans doute être en reconstruction.

Didier de Landres, chevalier, seigneur de Tichémont, meurt le 15 novembre 1483 après une vie bien remplie et fort mouvementée.

Sur le partage de l’héritage

Les deux enfants de Didier, Antoine l’aîné et Perrin le cadet ne sont pas d’accord pour le partage de l’héritage. Antoine prétend que son « aînage » lui donne droit sans partage à Avillers ou à Tichémont. Perrin rétorque que son frère devrait prendre la place de Landres pour son droit d’aînesse. Le 16 février 1485, le litige est tranché : Antoine reprend « la vieille et ancienne maison de Landres », plus les places et maisons-fortes d’Avillers, fossés et gagnage... Quant à Perrin, il reçoit dans sa part la ville et la place forte de Tichémont.

L'époque de la guerre contre Metz

René II, duc de Lorraine de Bar et de Vaudémont, voudrait définitivement unifier la Lorraine en y incorporant les évêchés. Ceux-ci refusent, et dès 1490, l’évêché de Metz s’oppose aux Lorrains dans une guerre meurtrière faite d’incursions et de pillages. Perrin de Landres, en bon vassal du Duc de Lorraine, prend part au conflit et s’empare des dîmes et « fruits » que le chapitre de Metz avait le droit de percevoir à Landres (litige qui dure depuis 1248). Mais le 12 août 1490, le « nobilis vir Perrinus de Landres, dominus casti de Tichémont » est frappé d’excommunication... ce qui le calme aussitôt !

La paix définitive est signée en 1493 grâce à l’entremise de l’archevêque de Trèves. René II meurt en 1508 après avoir pris froid lors d’une chasse au loup. En 1525, Perrin est nommé troisième conseiller laïc auprès de Renée de Bourbon, femme du duc Antoine (le fils de René II), parti pour la « Guerre des Rustauds » (paysans protestants révoltés qui dévastent l’Alsace et menacent la Lorraine).

La pierre tombale et l’épitaphe de Catherine d’Aigremont

Si nous ne savons que peu de choses sur Didier II de Landres-Avillers, il subsiste de lui, ou plutôt de sa première femme, un témoignage matériel. En effet, dans l’église de Landres, à gauche en entrant, près des fonts baptismaux, on peut toujours voir la pierre tombale de Catherine de Choiseul d’Aigremont, la première des quatre femmes de Didier II. Cette pierre a été encastrée dans le mur de l’église actuelle (construite en 1863), avec l’épitaphe suivante sculptée en caractères gothiques :

« Cy devàt soubz ceste tôbe git demoisel Katin degremôt en sô vivà fème de honorez escuier Didier de làdres signer dudit lieu et de Avillez è ptie laquelle ait fôdez ungne messe toutes les semaie a tousjours è cest esglise laquel deceda de ce siecle le XXVIe 10r doctobre mil.dc et XXIII priez dieu pour el. »

C’est-à-dire : « Ci-devant sous cette tombe gît demoiselle Catherine d’Aigremont en son vivant femme de l’honorable écuyer Didier de Landres seigneur dudit lieu et de Avillers en partie. Laquelle a fondé une messe toutes les semaines pour toujours en cette église. Laquelle décéda de ce siècle le 26e (jour) 10 h (?) d’octobre mil cinq cent et 23. Priez Dieu pour elle. »

Au-dessous de l’épitaphe, se trouvent trois écussons sculptés: • à gauche, celui des Briey-Landres : d’or à trois pals fichés et alésés de gueule. • à droite, celui des Choiseul d’Aigremont : d’azur à la croix d’or, cantonné de dix huit billettes, cinq au premier et deuxième, quatre au troisième et quatrième, chargé en cœur d’une rosace. Les couleurs ont presque totalement disparu. • au centre, les deux écussons sont réunis en un seul, des Briey-Choiseul, symbole de l’union des deux familles.

« Les écussons sont séparés par des coupes à décor feuillagé d’inspiration Renaissance, qui contraste avec l’encadrement gothique de la plaque. »

Warin de Landres conseiller du duc Antoine

Warin de Landres, seigneur de Tichémont, fils de Perrin de Landres, est un familier de Duc Antoine de Lorraine, qui l’admet dans son conseil le 8 mars 1537, et lui confère le 3 mai 1541 les droits de haute justice avec pouvoir de « dresser et ériger carcans et fourches patibulaires ou gibets à deux piliers ou jambages de bois... et d’avoir prison et lieu fermé pour détenir prisonniers et malfaiteurs pris et arrêtés pour leurs démérites commis audit ban de Tichémont. »

Où il est toujours question du château « Hola »

La branche aînée des « Landres » (d’Antoine de Landres-Avillers) n’a jamais accepté d’avoir dû céder, en 1485, Tichémont, le plus beau domaine à la branche cadette (de Perrin de Landres-Tichémont). La rancœur dure. Le 15 avril 1545, un jugement oblige Didier II de Landres-Avillers, le fils d’Antoine, à rendre son cousin Warin de Landres-Tichémont, le fils de Perrin, les trois quarts du château Hola. Mais il faut attendre le 20 mai 1565 pour que cessent les querelles, apaisées par le mariage de Claude, fils de Warin, et de Marguerite, sa cousine issue de germains, fille de Didier II.

Le partage de l’héritage de Warin

Le 30 octobre 1570, ce même Claude échange avec son frère Nicolas la moitié de la seigneurie de Ficquémont contre ses droits sur Tichémont et Landres dont « un viteux (vieux) château ruiné sis près de la fontaine (St Jean) dudit Landres dict et appelé Hola ». Ces regroupements évitent parcellement et éparpillement des biens. Par son mariage et cet échange, il regroupe Landres, Avillers et Tichémont.

Nicolas de Landres-Fontoy puis son fils André fonderont la branche belge de la famille

L’horreur de la « Guerre de trente ans »

C’est une des périodes les plus noires de l’histoire de nos villages et de la Lorraine tout entière. Plus de vingt ansde massacres, pillages, destructions, incendies, ruines, famines, maladies et épidémies. La Lorraine subira de terribles dévastations dès 1622, mais surtout de 1632 à 1648. Elle y perdra la moitié de sa population.

En passant par la Lorraine...

Neutre au début du conflit, la Lorraine est traversée fin juillet 1622 par l’armée protestante du Codottiere Pierre-Ernest de Mansfeld. Plus de 20 000 mercenaires allemands et tchèques venus de Bohème et se rendant aux Pays-Bas ravagent sur leur passage la Franconie et l’Alsace. Ils arrivent dans le Pays-Haut par Mars-la-Tour, le 22 juillet 1622.

Landres et Piennes sont totalement détruits

Dans sa monographie, M. Beuvelot écrit : « Au commencement du XVIIe siècle, suivant la légende et les souvenirs du pays, une horde innombrable (…) s’est lancée sur notre pays, ravageant, pillant et brûlant tout. Cette horde a d’abord attaqué Piennes, a détruit le château des sires de Piennes, l’église et le village et s’est fait un riche butin. Excitée par le succès, cette horde a attaqué Landres, qui a eu ses deux citadelles démolies et ses maisons pillées et brûlées. L’ennemi chargé de son double butin se retira, ne laissant que des ruines. Les habitants, enfants, femmes, vieillards qui s’étaient enfuis dans les forêts éloignées de la citadelle de l’est de deux ou trois cents pas, revinrent à Landres, trouvèrent leurs foyers encore fumants et se mirent à reconstruire des abris en toute hâte ». « L’église a été détruite (…) en 1622, il n’en restait que les murs ». En 1635-1636, les Suédois puis les Croates ravageront à leur tour la région… mais successivement, car ils combattaient dans des camps opposés !

Briey tombe sans résistance

Didier III de Landres, seigneur de Tichémont, est le capitaine prévôt commandant de la place de Briey. « Il n’a pour ainsi dire pas de troupes à sa disposition pour opposer une résistance significative. La ville et le château sont investis, semble-t-il sans effusion de sang.» (F. Heller)

M. Beuvelot précise que « les seigneurs de Landres quittèrent alors le village et se retirèrent vers la Bourgogne (en fait la Belgique, ancienne possession bourguignonne qui était encore souvent appelée Bourgogne), mais ils laissèrent à Landres des agents qui reconstruisirent le château avoisinant l’église ; ce château était le siège du tribunal de la haute justice ».

Briey repris par les Lorrains

Le 4 mai 1635 au matin, sous les ordres du colonel Maillard, les Lorrains (qui avaient choisi le camp des Impériaux) attaquent par surprise la garnison de Briey. « Les pauvres francoys furent priz le culz au chaux »… c’est-à-dire dans la chaleur du lit. Parmi les soldats, seuls sept ou huit officiers nobles sont épargnés probablement parce qu’ils pouvaient payer de fortes rançons. Les habitants échappent de peu au massacre, assurent de leur fidélité au duc, font « de beaux présents », mais refusent de prendre les armes craignant les représailles des Messins.

Briey ne résiste pas à Condé

L’occupation des places-fortes et les expéditions des partisans lorrains inquiètent les Français installés à Metz, d’autant qu’elles « empêchaient qu’à Metz ny entre œuf ny chapon » Au nom du Roi Louis XIII, le prince de Condé est chargé de reprendre et de détruire les châteaux de Sancy, Briey et Conflans, afin que ces places fortes ne servent pas d’appui aux troupes ennemies. Le 23 juin 1635, l’armée de Condé (10 000 hommes) dresse son camp à Sainte-Marie-aux-Chênes pour se préparer à reprendre la place de Briey. Au château, le baron de Mercy (qui a remplacé Maillard) ne se fait aucune illusion et prend la fuite. Les habitants, terrorisés, courent se cacher dans les forêts alentours. Les bourgeois espèrent toutefois éviter la mise à sac s’ils n’opposent aucune résistance. Ils partent à la rencontre du Prince et lui remettent les clés de la ville. Condé ne pille pas Briey. Il y laisse une forte garnison et part pour Sancy (son objectif suivant). Une partie de son armée passe par Landres le 23 juin.

Le siège de Sancy n’aura pas lieu : le baron de Mercy s’en est aussi enfui. La petite garnison et les habitants, qui ne veulent pas être massacrés, se rendent. De même, le château de Conflans est pris sans résistance.

Après Briey en 1635 et Conflans en 1636, les châteaux de Norroy-le-Sec et de Sancy sont rasés en 1640

La destruction du château de Briey

Sur ordre du Roi de France et de Richelieu, les places fortes sont systématiquement démantelées. A Briey, les tours sont sapées afin qu’elles s’écroulent complètement. Les portes du château et de la ville ainsi que le pont-levis de la forteresse sont démontés pièce par pièce, et les ardoises des toitures récupérées. Le tout est envoyé à Metz, ville d’où les Français avaient toujours considéré ce château comme une menace pour leur sécurité.

La résistance lorraine est toujours active

Didier de Landres, seigneur de Tichémont et ancien prévôt de Briey, est déjà âgé. Il reste dans son château. Pour entrer en résistance, son fils tente de lever des troupes, mais ne réunit que quelques dizaines de jeunes gens (environ 80) peu expérimentés. En représailles, les Français (avec l’appui des Liégeois qui avaient en charge la place de Sancy) arrêtent le seigneur et massacrent ses « gens ».

Les Suédois puis les Croates…

Vers la Saint Nicolas, on apprend que les Suédois vont venir prendre leurs quartiers d’hiver dans le Pays-Haut, principalement.

Le 16 décembre 1635, des régiments suédois de l’armée de Saxe-Weimar prennent leurs quartiers d’hiver dans les prévôtés de Briey, Conflans, Norroy-le-Sec, Etain et toute la Woëvre. Ils submergent le pays en peu de temps. L’occupation dure neuf semaines et laisse derrière elle villages en ruines, destruction du bétail et surtout des milliers de victimes parmi la population.

Fin janvier 1636, c’est une armée composée de 80 000 « Hongrois, Crawates (Croates), Pollacques ou Pollonois (Polonais) » qui arrive par le nord, s’empare de Longwy et vient assiéger Sancy. Mais « naieant aucune bombarde ny canon », ils se cassent les dents sur ce puissant château défendu par le régiment liégeois du colonel La Rochette. Alors, « ils mirent le feu par toutes aux villages dudit Sansi quès autres (et dans les autres) quon voieoit plus de dix lieux à la ronde tout en feu et fumière (fumée), violloient, tuoient tout ce qu’ils rencontroient et les Lorrains, tous des premiers. » (François HELLER citant J. BAUCHEZ)

Le Pays Haut finit ravagé, sa population décimée par les massacres organisés.

Un bilan très lourd mais difficile à établir

Pour échapper au carnage, ceux qui le pouvaient avaient gagné les villes les plus proches tenues par les Français comme Metz, Verdun, Pont-à-Mousson ou encore les possessions espagnoles comme Thionville, le Luxembourg ou la Belgique. Mais le plus souvent, les populations terrorisées se sauvaient à l’approche de ces hordes barbares et se réfugiaient dans les forêts avoisinantes. Là, beaucoup sont morts de faim ou de « froidures », car l’hiver a été pluvieux, mais aussi de maladies. Il est impossible d’établir un bilan précis. « A Briey, on estime qu’il y a eu à peine deux ou trois cents rescapés sur près de 2000 habitants ». (François HELLER) Tous les villages ont été saccagés, pillés, incendiés, ruinés. Certains comme Piennes, ne comptent plus que quelques habitants. D’autres ont totalement disparu.

Mais ce n’est pas fini. Si les barbares sont partis, il reste les soldats français des châteaux de Sancy et de Fléville, qui ont résisté aux attaques des Croates. « Et au printemps 1636, Richelieu lance ses armées et les Suédois de Bernard de Saxe-Weimar dans l’offensive rageuse, bien décidé qu’il est de faire un désert de cette Lorraine mal contrôlée ». (M. CAFFIER)

Et en plus...

La peste apparaît en 1623 dans le Pays Messin, sans doute amenée par les troupes françaises et allemandes qui la propagent en se déplaçant. À partir de 1630, la maladie prolifère et contamine toute la Lorraine. Nombre de paysans en âge de travailler sont morts. Le cheptel est décimé. Le mauvais temps et les pillages empêchent les récoltes. Ce qui est récolté est réclamé par l’occupant au titre des contributions. La famine s’installe et s’éternise. Ces calamités durent jusqu’en 1637. Et l’on croit qu’il périt dans ces temps-là, plus de six cent mille Lorrains, par la famine, la peste, l’épée, la disette, le froid…

La fin du cauchemar

À partir de 1641, la famine s’éloigne, l’agriculture retrouve lentement un peu de vitalité. Le Pays-Haut devient un ’’boulevard militaire’’, passage obligé entre Verdun, Metz et l’Alsace. De nombreuses troupes y circulent en commettant, bien sûr, quantités d’exactions.

Avant que la Lorraine ne devienne française

Le dénombrement de François Du Hautoy

Didier III de Landres-Tichémont meurt en 1636. Il aura eu huit enfants dont sept sans postérité. La huitième, Anne-Dorothée, épousa en 1635, Claude Du Hautoy, seigneur de Récicourt, faisant passer toutes les possessions des Landres-Tichémont dans cette famille. Leur fils, François Du Hautoy, fournira le dénombrement de 1682.

Pour rétablir les nombreux droits et domaines des évêchés de Metz, Toul et Verdun, Louis XIV signe l’ordonnance royale du 24 juillet et les lettres patentes du 17 octobre 1680 qui « obligent tous vassaux des Eglises de Metz, Toul et Verdun, sous peine de commise (saisie), de faire reprise foi et hommage au roi de tous leurs biens et droits, tenus ou non en fief, du roi ou desdites Eglises, et ce, deux mois après publication de ces lettres, puis 40 jours après, de ’’bailler leurs aveux et dénombrement en bonne et due forme’’, avec toutes pièces justificatives en annexe ». Ainsi le chapitre des chanoines de la cathédrale de Metz et François du Hautoy durent fournir leurs dénombrements. Ceux-ci donnent quantité de renseignements sur les droits et les biens du seigneur de Landres. La liste en est un peu fastidieuse mais très édifiante. En voici de larges extraits. (Archives départementales de la Moselle : Pièce B.847. « Notice sur Landres » de M. NAUDIN du 19 mars 1914)

2 janvier 1681 : tiré du dénombrement fourni par le chapitre des chanoines de la cathédrale de Metz sur la terre et seigneurie de Landres constituée par trois villages : « Landres, Mont et Murville », où nous avons seuls haute, moyenne et basse justice, un signe patibulaire avec nomination et destitution d’officiers, toute amende, épave et confiscation, droit de troupeau à part et de banvin suivant la coutume. Nous avons le droit de patronage de la Cure et pour le droit de bienvenue : 5F.

Il nous est dû audit lieu une rente appelée « la cellerie » se montant à 28 quartes et demie de blé et 13 quartes et 1 bichet d’avoine par les portériens ( ?) de certaines terres.

Nous avons les deux tiers dans les rentes de Saint-Martin, montant à 12 quartes de blé et 9 quartes d’avoine dues par les portériens de certaines terres, l’autre tiers appartenant au seigneur voué. Il nous est dû une rente qui se paie de 3 ans en 3 ans par les portériens de certains héritages appelée « la rent rempant » montant à 2 quartes de blé et une autre rente appelée « la princerie » qui se paie aussi de 3 en 3 ans par les habitants du ban Saint-Paul se montant à 20 quartes d’avoine.

Nous avons droit de fort-mariage (formariage) et forfuyance à raison desdites terres. Chaque laboureur desdits lieux doit pour chaque bête tirant charrue au nombre de trois, 6 bichets de blé froment, autant d’avoine et 2 gros qu’on a appelé « assises » et pour chaque bête tirant charrue au-dessus de 3 ci-dessus spécifiées, il ne se paie que 2 bichets de blé froment et autant d’avoine et 2 gros d’argent dont un quart nous appartient, les 3 autres au seigneur voué. Quand son fils devient chevalier ou quand sa fille aînée se marie, il est payé double dont nous avons également notre part. Nous avons les deux tiers dans les fours banaux de Landres et Mont et la moitié du moulin banal, le reste au seigneur voué. Nous avons droit d’envoyer le quart des habitants tant à pied qu’à cheval aussi loin qu’il y a de Landres à Metz toutes les quantes fois que besoin en payant la nourriture dont le rôle se fait aux plaids annaux (1) de chaque année. Nous avons les deux tiers dans 300 arpents de bois aux environs dudit lieu ».

8 octobre 1682 : extraits tirés du dénombrement de François du Hautoy, chevalier, baron de Landres, seigneur de Récicourt, Tichémont, Hatrize, Murville, Joppécourt, des Cinq Villes, Dombasle et seigneur voué de Jarnisy.

« Ledit seigneur déclare qu’il possède dans le duché de Bar : Landres et Mont (en la châtellenie de Briey) où nous sommes bas, moyen et haut justicier et pour l’exercice d’ycelles justices avons le droit d’y créer un mayeux (maire), 2 échevins et un sergent prêtant serment entre nos mains et formant la haute justice dudit Landres, avec connaissance de juger et condamner tous criminels et nous appartiennent toutes amendes, attrapes, forfyance, représentation d’héritiers absents, etc...

Les Vénérables de la cathédrale de Metz y ont une seigneurie appelée « la Justice St Paul », leurs officiers s’adressent à nous pour prêter leur serment et, pour ce, paient six gros chacun, et il nous est loisible de prendre qui bon nous semble de ladite justice pour les utiliser dans notre haute justice sans que les Vénérables puissent prendre chez nous. Nous seuls avons droit pour juger et exécuter tout crime où il eschet peine afflictive. Nous avons droit de faire compter deux fois l’an pour tous les officiers desdites justices les assises en notre maison seigneuriale audit Landres à Pâques et à la St Rémy en avertissant huit jours auparavant. Nous pouvons quitter ou remettre amende sans que les Vénérables y aient part. Nous avons sur les deniers des assises 2 francs pour notre part et notre office le droit d’un cheval d’assise. Lorsque nous faisons notre fils chevalier, ou que nous marions notre fille aînée, les sujets de Landres paient double droit d’assises pour une fois seulement.

L’ancienne forteresse de Landres appelée « Holaque » nous appartient avec fossés, aisances, enclos et circuit d’alentour sans part d’autrui. Nous avons une autre maison joindant l’église avec étables, granges, bouverie et encore une autre de fief avec plusieurs aisances et granges. Les résidants desdites sont responsables à nous et à nos officiers en toutes occasions. Les possesseurs de chevaux charrient le bois une fois l’année dans le châtel et ceux qui n’ont pas de chevaux le façonnent. Les mêmes conduisent les grains des assises 6 lieues loin à la ronde et tout bourgeois doit une corvée de l’attellement qu’il a pour mener ce qui nous plaît à 6 lieues loin et ceux qui n’ont pas de chevaux doivent faire tournée aussi loin que le défrayant. Les bourgeois doivent conduire une fois l’an notre blé au moulin et ramener la farine au château.

Quand nous allons à l’armée, lesdits habitants de Landres-Mont doivent nous fournir un char à 4 roues avec une hache d’arme à notre service et fournir 4 hommes pour accompagner les roues dudit char. Ils doivent fournir la paille nécessaire pour la litière de nos chevaux à Landres, qui doit être levée et portée à notre châtel par le doyen de la Justice St Paul. Ils doivent faire notre foin des prés dits « la Corvée des Seigneurs » aux frais desdits habitants, aux risques du mayeur de St Paul, et ceux de la Corvée des Veaux devant le bois du Coulon (ou des Coulons) de la Prêle et Hurlaux, ainsi que nous le possédons.

Si nous avons besoin de bêtes grasses, nous pouvons prendre dans le troupeau de Landres en payant à l’estimation de la Justice St Paul. La veille de la St Martin d’hiver, dans l’ancienne maison seigneuriale, sont portées les mesures à boisson pour y être approuvées. Nos sujets et bourgeois dudit Landres et Mont sont hommes de chartre, attenus et obligés à plusieurs droits envers nous :

  • par cheval tirant à charrue pendant la saison de mars, ils paient un gros barrois. (1)
  • par cheval tirant à charrue paient ceux de la Justice St Paul, pour le mois de mai jusqu'à la St Rémy 6 bichets de blé froment, 6 bichets d’avoine mesure de Metz et un gros barrois.

Ceux qui n’ont pas de chevaux paient une quarte de froment, une quarte d’avoine et 6 blancs barrois (1) et le blé jugé payable au terme de St Rémy auquel les gens de la Justice St Paul seront tenus de rapporter annuellement par compte de ladite droiture appelée « assise » dans laquelle nous appartient les trois quarts, l’autre quart aux Vénérables de la cathédrale de Metz.

Nous appartient aussi une rente appelée « la Soignée » (ou « la Soignie ») telle que tous les bourgeois de la mairie St Paul paient tous les ans à la St Rémy 2 bichets d’avoine mesure de Metz que lèvent les messiers ou forestiers jurés dont la Justice St Paul est tenue de faire état en compte. De même une autre droicture appelée Rente de la Caille dont les redevables doivent chaque jour deux fourreaux de blé, autant d’avoine (les 6 faisant le bichet) et sur chaque fourreau 2 deniers et chaque redevable un denier par an. Item la « Rente St Martin » payable en grain et pour le gouvernement des 2 bans la Caille et St Martin nous avons mayeur et justice.

Avons aussi à Landres la justice St Pierre (1 maïeur, 4 échevins et un doyen) qui rendent compte des deniers qui se lèvent sur ledit ban dont les deux tiers des dixmes grosse et menue nous appartiennent. Item la Rente de Boulange levée par la Justice St Pierre sur les héritages sis à Murville. Item une rente appelée la Franchise pour laquelle les bourgeois de Landres et Mont paient chacun 6 blancs levés par le maëux.

Nous avons un tiers du four banal, la moitié du moulin banal et pareil droit dans l’étang et la pêche d’icelui. Nous avons plusieurs héritage qui nous rendent le lendemain de Noël plusieurs rentes foncières en argent et en volailles. Tout bourgeois paient par an 3 poules, les Vénérables de la cathédrale de Metz en ont un quart. Nous avons les prairies de Mont et les terres joignantes.

Les bois dudit Landres (202 arpents) dont nous avons 1/3 par préciput et dans le surplus nous avons droit d’affouage et de marinage pour construire nos bâtiments. Nous avons le bois des Haies de Mercy (12 arpents environ).

Dans le bois de Landres, nous avons une seigneurie vouée dont dépendent plusieurs droits. Nous avons la justice St Ouyn (St Ouen), création d’icelle avec droits en dépendant avec rente foncière dite la Gerbée, sur le ban de St Ouyn, enclavé dans celui de Landres. Cette justice se transporte tous les ans à Norroy pour y recevoir les dixmes de la Malgré, sermont (serment ?) des redevables et collecteurs de dixmes, l’enchérisseur desquels doit 1F à notre justice. Nous avons droit de pourvoir l’ermitage de qui nous semble bon, qui en jouit tant qu’il nous plaît et nous avons droit à toute offrande faite dans la chapelle depuis la veille de la Ste Marguerite jusqu’au jour de la fête après l’évangile dite et y avons de notre part seule de 9 deniers 2, et les marchands venant dans l’enclos nous paient droit d’étalage. Nous avons droit de faire dresser dans cet enclos le jour de foire une loge pareille à celle du souverain par le maire et les gens de justice de St Ouyn et pas d’autre que nous n’ont ce droit.

De tout cela, Mr le Baron de Mercy est mon comparsonnier un demi quart, et un quart dans l’autre, un demi quart faisant de 32 parts 5, sauf dans le château, la basse-cour et les dépendances de Hola et dans nos autres maisons non plus que nos terres et prés soit : - 60 arpents de terres labourables en chaque saison. - 30 arpents ou fauchées de pré qui sont fiefs, sans y comprendre les rotures.

Il n’y a aucune part dans la justice St Paul et les rentes d’icelle, ni où il n’a coutume de n’y rien prendre. »


Ainsi la seigneurie de Landres est devenue une baronnie. En 1647, le hameau de Mont était déjà rattaché à Landres, qui devient Landres-et-Mont souvent confondu avec Landremont (près de Dieulouard). Le dénombrement parle aussi d’une autre annexe, le moulin de Landres situé sur le Woigot, dont l’emplacement probable se trouve sur le territoire actuel de Mont, un peu à l’est de la route Mont-Mainville. (1)

M. Naudin précise aussi : « La Malgré : ancien ermitage dont Ste Marguerite est la patronne, annexe de Norroy-le-Sec. Cet ermitage existait déjà en 1254. C’était l’église-mère de Norroy ; il y avait un prieuré et tous les ans on y tenait deux foires le 7 mai et le 14 juillet (Viville). Ces foires ont été transportées à Norroy-le-Sec à la même date pour la première et au 11 juillet pour la seconde. La chapelle démolie en 1860 est aujourd’hui remplacée par un simple autel abrité sur lequel est posée la statue du saint et cette chapelle, autrefois l’objet d’un nombreux pèlerinage, n’est plus visitée par personne, et l’ermitage est devenu une maison d’exploitation (Clesse). »

La terre de Landres vendue au comte de Mercy

François du Hautoy ne laissa qu’une fille prénommée Anne-Dorothée comme sa grand-mère, et qui épousa le marquis Charles de Béon-Luxembourg. Ce dernier vendit la terre de Landres, le 5 avril 1714, à Florimond-Claude de Mercy, feld-maréchal de l’empereur d’Autriche Charles VI. La famille de Mercy a été de tous temps apparentée à celle de Landres. Elle possèdait des biens importants : les seigneuries de Mercy et des « Cinq villes » (Mercy-le-Haut, Mercy-le-Bas, Boudrezy, Higny et Xivry-le-Franc) et leurs dépendances. Ces biens avaient perdu une partie de leur valeur, suite aux ravages de la « Guerre de Trente ans ». Le château situé entre Mercy-le-Haut et Mercy-le-Bas, fut pillé par les Suédois en 1635 alors que Henry de Mercy combattait aux côtés des Croates. Les Français le firent démolir totalement en 1670, et les biens du Comte furent confisqués un peu plus tard, au bénéfice du roi de France.

La famille de Mercy au service de l’Autriche

Plusieurs membres de la famille de Mercy s’illustrent au cours du XVIIe siècle. Comme beaucoup de nobles Lorrains, les Mercy, fidèles serviteurs de leur duc, soutiennent ses actions contre la France, le suivent dans son exil en Autriche, et combattent vaillamment dans les rangs des Impériaux avec des grades très élevés.

Henry de Mercy était prévôt de Longwy pendant la Guerre de Trente ans.

Vers la fin de cette même guerre, François de Mercy, feld-maréchal de l’empereur d’Autriche retient Condé et Turenne sur la rive gauche du Rhin. Puis il assiège et prend Fribourg-en-Brisgau en juin 1644. Pendant l’hiver, il maintient sa présence sur la rive droite et empêche ainsi les Français de rejoindre les Suédois de Tortenson qui menaçaient Vienne après la bataille de Jankau du 16 mars 1645.

Son fils, Pierre-Ernest de Mercy, participe activement, en 1683, à la défense de Vienne menacée par les Turcs. Il fait plusieurs campagnes en Hongrie. Grièvement blessé au siège de Bude (Budapest), il meurt le 5 octobre 1686.

Florimond-Claude de Mercy, « feld-méréchal » d’Autriche

Son fils, Florimond-Claude de Mercy est né en 1666. Très jeune, il se met au service de son duc et de l’empereur d’Autriche Léopold, et combat au siège de Vienne aux côtés de son père. A la mort de celui-ci, il est encore mineur. C’est Charles-Albert d’Argenteau, son grand-oncle maternel qui s’occupe des biens du jeune Baron. Florimond-Claude se bat en Hongrie en 1690, où il perd un œil. La même année, il est nommé lieutenant-colonel du régiment de Lorraine et aide de camp de l’Empereur. De 1691 à 1696, pendant la « Guerre de la Ligue d’Augsbourg », il combat en Italie. En 1698, après le traité de Ryswick, il rentre en possession de tous ses biens en Lorraine, mais n’y fait que de brèves apparitions. En 1701, il s’illustre en Italie pendant la « Guerre de Succession d’Espagne » où il est blessé et fait prisonnier. Dès sa libération en 1702, il repart combattre en Allemagne. Il se distingue en 1704 à la tête de la cavalerie impériale, et le 10 mai 1704, il est nommé « feld-major-général ».

La terre de Mercy devient un Comté

En 1705, « ... En considération de l’attachement indéfectible à la maison ducale de Lorraine marqué par les membres de la famille de Mercy qui ont quitté leurs maisons et leurs biens pour accourir servir leurs souverains légitimes en Allemagne, ce qui causa de grandes pertes dans leurs domaines, notamment la démolition du château et de la maison forte de Mercy », le duc de Lorraine lui donne la terre et seigneurie de Preutin et en 1708, la moitié de la prévôté des « Cinq villes » qui lui était propre. Depuis 1290, cette prévôté était possédée en indivis et par moitié, par les comtes puis ducs de Bar, et les seigneurs de Mercy.

Le 5 avril 1714, Florimond-Claude achète la terre et seigneurie de Landres. Puis l’ensemble des terres est érigé en fief et Comté de Mercy par lettres patentes du duc de Lorraine du 19 avril 1719. « ...Nous avons uny et incorporé, unissons et incorporons par ces présentes, les dittes terres, seigneuries, hautes, moiennes et basse justice de Mercy-le-Haut, Mercy-le-Bas, Boudrezy et Higny ; ensemble les terres seigneuries et justices de Joppécourt, Circourt, Preutin, la Cense de Martinfontaine, Avillers, Haucourt, les parts et portions que le dit sieur Comte de Mercy a et peut avoir à Landremont (Landres-et-Mont), Dommary et Bertrameix, tant, pour ce qui lui appartient de son chef, qu’à cause des donations que nous luy en avons fait et à quel titre il puisse posséder le tout (...) Créons, érigeons, illustrons et élevons en titre de COMTE sous le nom et qualification du Comté de Mercy, mouvant et relevant de nous, à cause de notre duché de Bar... » (1)

« Il est permis au Comte de Mercy d’établir en tel lieu du dit comté qu’il jugera à propos, une prévôté, composée d’un prévôt chef de police et gruyer, d’un Procureur d’office, d’un ou plusieurs sergents pour exercer et rendre justice, un ou plusieurs notaires, garde-nottes, et il jouira des droits de sceau et tabellionnage, etc... »

Les lettres patentes indiquent également les armoiries du nouveau comté : « d’or à la croix d’azur, l’écu couronné d’une couronne de comte » Ces armes ont servi de base à l’écusson de la commune de Landres constitué en 1983. La croix d’or est devenue d’argent pour contraster avec l’or du blason de Briey placé en cœur.

Le comte de Mercy est sans héritier

« Florimond-Claude n’a jamais été marié et, se voyant sans héritier, étant le dernier de sa race, et ne voulant pas que son nom, ses titres et distinctions disparussent avec lui, en 1723, il désigna comme son fils adoptif et héritier universel son cousin, Antoine-Ignace-Charles-Auguste d’Argenteau. Ce personnage avait fait ses premières armes sous ses ordres et était alors capitaine de Cuirassiers. Âgé de 31 ans, il était au service de l’Autriche.

Le repeuplement du Banat

« Florimond-Claude a été chargé, de 1722 à 1725, du repeuplement du Banat de Temesvar et du territoire de Batschka, vaste région fertile du sud de la Hongrie, dévastée par les guerres continuelles, ruinée par les invasions turques, très dépeuplée et presque inculte. Il organisa l’immigration des colons venant d’Allemagne de l’ouest, d’Alsace et aussi de Lorraine, qui s’établirent dans cette région partagée de nos jours entre la Roumanie et la Yougoslavie. De nombreux villages portent encore des noms lorrains : St Hubert, Charleville, mais aussi Mercydorf (actuellement en Roumanie).

Les colonies lorraines continuèrent à se développer en Galicie et en Hongrie, et de 1748 à 1787, près de 20 000 Lorrains rejoignirent les premiers colons dans une cinquantaine de villages qui gardèrent longtemps leurs traditions d’origines. » (Raymond PAGNY : « La maison de MERCY »)

La mort de Florimond-Claude

L’empereur fit encore appel à Florimond-Claude pour défendre les possessions de l’Autriche dans le Milanais pendant la « Guerre de succession de Pologne ». Le comte de Mercy parvint à secourir Mantoue en février 1734, passa le Pô le 1er mai, et s’avança dans le duché de Parme. Le 29 juin 1734, il voulut couper les Français des Espagnols en attaquant près du village de Croccetta, à côté de Parme. Il dirigeait en personne l’attaque impériale lorsqu’il fut frappé de deux balles et tomba mort de son cheval. La bataille de Parme tourna à l’avantage des Français. Le comte Florimond-Claude de Mercy, feld-maréchal des armées de l’Empereur d’Autriche, fut inhumé à Reggio d’Emilia, mais son cœur, selon sa volonté, fut ramené en Lorraine et déposé dans la chapelle de la paroisse de Joppécourt, auprès des cœurs de ses parents Pierre-Ernest de Mercy et Marie-Christine d’Allamont. (1)

Tous ses biens de Lorraine passèrent au duc François III. Le comte d’Argenteau, fils adoptif de Florimond-Claude, désirant conserver pour sa postérité le Comté de Mercy, demanda au duc de Lorraine la rétrocession de tous les biens patrimoniaux du Maréchal. Le comte de Mercy-Argenteau s’illustrera comme ambassadeur de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche en France, auprès sa fille Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI (1770) et reine de France de 1774 à 1793.

Landres encore ravagé par un incendie

M. Beuvelot nous apprend encore dans sa monographie que « Landres ayant été reconstruit en toute hâte après le passage des Croates, fournissait par ses toits de chaume des aliments d’incendie ; aussi vers 1743, le village fut incendié et dévasté totalement. On reconstruisit encore ce troisième château, mais non plus en palais de justice ; on en fit une maison de ferme qui existe encore aujourd’hui ; elle servait pour les fermiers de Messieurs. de Landres, de Mercy et de Madame de Béon. Aujourd’hui, elle appartient à Monsieur Offel de Villaucourt, inspecteur des forêts ». (M.BEUVELOT. « Monographie de Landres » 1888)


La Révolution et l'Empire

Avec la Révolution, apparaissent nos premières véritables archives communales : le partage des biens communaux de 1794 et tous les registres des délibérations du Conseil Municipal à partir de 1811. Grâce à l’étude de ces documents, on peut maintenant connaître en détail l’histoire et la vie de la commune de Landres.


La nouvelle organisation administrative

L’Assemblée nationale Constituante, en février 1790, organise la division de la France en départements, districts et cantons. Landres et Mont forment alors une seule commune du canton de Xivry-le-Franc, district de Longwy, département de la Moselle qui comprenait 9 districts et 76 cantons. La Constitution du 5 fructidor an III (22 août 1795) qui a réduit à 65 le nombre des cantons du département conserve Landre-et-Mont dans le canton de Circourt et fait de notre commune le siège d’une justice de paix qui paraît avoir duré jusqu’au 29 vendémiaire an X (21 octobre 1801). L’arrêté des Consuls du 17 ventôse an VIII (8 mars 1800) divise le département de la Moselle en 4 arrondissements, le canton de Circourt fait partie de celui de Briey. Par arrêté consulaire du 29 vendémiaire an X (21 octobre 1801), l’arrondissement de Briey ne comprend plus que 5 cantons : Audun-le-Roman, Briey, Conflans, Longuyon et Longwy. La commune de Landre-et-Mont qui compte 349 habitants et 70 maisons, appartient au canton d’Audun-le-Roman formé par 43 communes.

Piennes est rattaché à Landres

Le décret impérial du 19 octobre 1811 regroupe beaucoup de villages et hameaux pour former de nouvelles communes à noms composés comme Xivry-Circourt, Dommary-Baroncourt, Preutin-Higny, Mairy-Mainville... Aussi Piennes est-il rattaché à Landre-et-Mont. Cette nouvelle commune prend le nom de LANDRE-PIENNE-MONT, chaque section gardant ses terres et ses finances particulières.

En 1269, Piennes possèdait certainement une maison forte et un four banal, avec une population estimée à une quarantaine de feux (foyers, ménages ou maisons) soit 170 à 200 habitants. En 1377, une lignée d’écuyers se titre du nom « de Piennes ». A la fin du Moyen Âge, Domprix, Bertrameix et Piennes ne formaient qu’une seule paroisse qui dépendait de l’évêché de Verdun et du doyenné d’Amel. (G.BAILLON-F.GHINOLFI-B.RAGGIOLI-S.TRUBA : «Piennes : de la chaumine à la minette») Après les ravages de la Guerre de 30 ans, et jusqu'à la fin du XIXe siècle, de Piennes il ne restait plus que deux hameaux : Piennes-en-Ardennes avec une douzaine de maisons, et Piennes-en-Piennois avec une quinzaine d’habitations, hameaux seulement éloignés de quelques centaines de mètres. En 1801, on y recense pourtant 146 habitants pour 30 maisons.

Le premier maire de Landre-Pienne-Mont est Simon CAMETZ et son adjoint, Antoine BERTHELEMY



La Restauration et la Monarchie de Juillet (1814 - 1848)

Les élus prêtent serment à l’empereur, aux rois...

En 1813, après le retour de Russie de l’empereur, le maire et son adjoint doivent prêter serment : « Nous, Maire, en vertu de l’arrêté de Monsieur le Préfet du département de la Moselle, Baron de l’Empire, Officier de la Légion d’Honneur, qui enjoint aux maires et adjoints de prêter serment les uns devant les autres et en vertu de là, Nous Maire de la « mairerie » de Landre-Pienne-et-Mont, et Antoine Berthelemy adjoint de la susdite « mairerie » avons pris et reçu l’un de l’autre, lesquels avons juré d’être fidèle à l’Empereur et à la Constitution, de remplir avec zèle et fidélité les pouvoirs qui nous sont délégués par la loi. Le 3 janvier 1813 ».

L’année suivante, en 1814, au retour de Louis XVIII, le maire et son adjoint, sont destitués, et le 17 septembre 1814, le Conseil municipal prête serment au roi en ses termes :

« Nous, Maire de Landre-Pienne et Mont, en fonction de l’arrêté de Monsieur le Sous-Préfet de Briey, avons réuni tous les membres qui composent le Conseil municipal de ladite commune ; lesquels ont tous juré et promis à Dieu de garder obéissance et fidélité au Roi, de n’avoir aucune intelligence, de n’assister à aucun conseil, de n’entretenir aucune ligne qui serait contraire à son autorité ; et si dans l’exercice de mes fonctions ou ailleurs, j’apprends qu’il se trame quelque chose à son préjudice, je le ferai connaître au Roi ».

Après l’exil définitif de Napoléon, messieurs Cametz et Berthelemy, seront réintégrés dans leurs fonctions de maire et d’adjoint le 1er octobre 1815, après avoir prêter serment au roi. En 1830, Louis-Philippe exige aussi des élus mais également du garde-forestier le serment suivant : « Nous jurons fidélité au Roi des Français, obéissance à la Charte constitutionnelle et aux lois du royaume ». Serment simple et bien plus dépouillé que les précédents dans lequel il faut remarquer que Louis-Philippe n’est plus « roi de France » mais « roi des Français » ; nuance importante !


A chaque village, proportionnellement

En 1830, Piennes possède 40 feux pour 185 habitants, et un revenu annuel de 1928 F. Mais à la séance du conseil municipal du 10 mai 1831, nous apprenons que : « Vu que la commune de Landres est composée des villages de Landres, Pienne et Mont qui forment ensemble une population de 550 âmes dont 340 à Landres, 136 à Pienne, et 75 à Mont, ce qui donne à peu près 40 électeurs à Landres, 12 à Pienne, 6 à Mont, Vu que les intérêts de ces trois villages sont différents, Vu l’article 45 de la loi d’organisation municipale, est d’avis que les électeurs soient divisés en trois sections. La section de Landres nommera 6 membres, celle de Pienne 3, celle de Mont un seul ».

On peut s’étonner d’un aussi petit nombre d’électeurs : 58 pour 550 habitants. Rien d’anormal à cela : depuis 1815, seuls peuvent voter les hommes qui paient un minimum d’impôts appelé le « cens » : c’est le suffrage censitaire. Dès son arrivée, Louis-Philippe a modifié la loi électorale en abaissant le cens à 200F et même à 100F pour certains intellectuels. Ce qui revient à dire qu’à Landres-Piennes et Mont, il n’y avait que 58 personnes assez riches pour avoir le droit de voter, soit un peu plus de 10% de la population.

Les effectifs de la Garde Nationale

En 1837, les trois villages ont 556 habitants : 350 à Landres, 145 à Piennes, 61 à Mont. L’effectif de la garde nationale se répartit ainsi : 89 hommes, 36 de service ordinaire, 53 de réserve, dont 18 hommes de 20 à 24 ans mobilisables de première catégorie. L’école accueille 80 à 100 enfants. En 1841, il y aura 503 habitants, 108 hommes pour la garde nationale, 45 de service ordinaire, 65 de réserve, dont 43 âgés de 20 à 35 ans.

Le pâtre communal est choisi par les habitants

Sous les derniers rois de France, les gens choisissent le pâtre communal. Par exemple, le 5 novembre 1817, sur proposition du Maire à la sortie de la messe du dimanche, les habitants de Landres ont reconduit dans ses fonctions de pâtre communal Nicolas GELIOT. Le pâtre communal était logé dans une petite maison située dans l’actuelle rue du Centre. Il passait chaque matin dans les rues et annonçait son départ au son d’une trompette. Les habitants faisaient alors sortir leurs bêtes qu’il conduisait en pâture dans les lieux autorisés. Il avait la garde et la responsabilité du troupeau et devait signaler au propriétaire les bêtes malades. Si l’une d’elles était prise par le loup, il devait en montrer les restes. Il s’occupait aussi du bouc communal et de la « la maison du bouc », petit édifice situé dans la rue du Thiam dans lequel les chèvres des particuliers pouvaient « rencontrer » le reproducteur. Le pâtre qui en avait la garde, était lui-même souvent surnommé « le bouc » par assimilation. Cette « maison du bouc » qui existait encore vers 1935, servait aussi de refuge aux vagabonds et autres chemineaux que la commune avait obligation d’héberger.

L’école

En 1834, Piennes a une école, Landres n’en a toujours pas. La construction projetée en 1818 n’a pas été réalisée, la commune doit louer une salle. Mont, commune très pauvre n’a pas d’école. Les enfants doivent venir à Landres, mais ils vont presque tous à Bonvillers qui est bien plus proche.

En 1837, 80 à 100 enfants fréquentent l’école. Le Conseil décide de faire construire une « maison d’école ».

Le 24 mars 1840, vu le prix trop élevé du projet de construction d’une école, le Conseil décide d’acheter une « masure », qui sera aménagée. Ce n’est que le 4 février 1844 que se fait l’acquisition de meubles et de matériel pour l’école.

Piennes et Mont demandent leur séparation de Landres

Le 31 octobre 1830, Piennes demande une première fois sa séparation en précisant que la section possède 40 maisons et 185 habitants.

Le 17 juillet 1837, Piennes demande encore sa séparation. Landres est d’accord, mais ne veut pas supporter les frais. Mont en profite et demande aussi sa séparation.

Le 1er juillet 1841, les habitants de Mont adressent une lettre au ministre de l’intérieur demandant leur « désunion » de Landres et leur réunion avec Bonvillers. Comme arguments, ils expliquent que Landres est trop éloigné de Mont, contrairement à Bonvillers tout proche.

Le 20 mai 1842, le Conseil municipal de Landres s’oppose à cette désunion, mais après enquête, Mont est officiellement séparé de Landres et rattaché à Bonvillers par ordonnance royale en date du 14 avril 1847.

Piennes continuera régulièrement à demander sa séparation : en 1872, 1881, et 1907.



La Seconde République (1848 -1852) et le Second Empire (1852 - 1870)

Dès son installation début 1848, la Seconde République, met en place dans toute la France, des « ateliers nationaux » pour les chômeurs et les sans-emploi. Le 31 mars 1848, le Conseil de Landres « ne juge pas nécessaire de créer des « ateliers communaux », vu que tous les habitants ont de l’occupation »


Les premières élections au suffrage universel

Après l’élection des députés à l’Assemblée nationale des 23 et 24 avril 1848, l’élection des conseillers municipaux se fait le 30 juin 1848. Le scrutin est ouvert dans la maison d’école de 5 h ½ à 8 h ½ du matin, heures bien matinales mais motivées par les travaux des champs. Les 89 électeurs doivent élire 6 conseillers pour Landres et 3 pour Piennes. Un seul est élu au premier tour. Le second tour a lieu le même jour à 13 h. Le dimanche suivant, les conseillers élus choisissent le maire, le premier qui sera élu et non pas nommé par le Préfet comme auparavant. Au troisième tour de scrutin, Monsieur OTIGNIERE, l’ancien maître d’école des années 1818-1820, est élu avec 5 voix et au bénéfice de l’âge. La coutume voulait que le maire soit de Landres et l’adjoint de Piennes. Cela se perpétuera jusqu’en 1910.

La construction de la nouvelle église

«On ne connaît aucun titre authentique de la fondation de l’église de Landres. L’église ancienne a été détruite par les Croates en 1622 ; il n’en restait que les murs. Elle a été reconstruite puis brûlée en 1743 avec tout le village et reconstruite à nouveau ». (M. BEUVELOT. « Monographie de Landres » 1888)

La construction de la nouvelle église s’étale de 1863 à début 1865. Le coût total et définitif s’élève à 31 338, 09 F. La réception provisoire des travaux a lieu le 20 septembre 1865, et la réception définitive le 20 novembre 1866.

Cette église est dédiée à Saint Privat, évêque de Gabales à Mende. Elle est orientée vers Jérusalem. Le clocher en pierre de 4m² et l’entrée se situent donc vers l’ouest. Elle est meublée de 32 grands et 38 petits bancs de bois.

Un don de l’Empereur

A l’occasion de l’inauguration, Napoléon III fit don à l’église d’un grand tableau de 3 m sur 2 m environ représentant le Christ sur la croix, avec en bas, sur une plaque de bronze, cette inscription : « Don de l’Empereur ». On pouvait encore voir cette toile dans les années 1955-1960, suspendue à l’intérieur de l’église, au-dessus du grand portail, au niveau de la salle des cordes. Le sonneur y avait même fait pratiquer un petit trou afin de pouvoir guetter le signal du prêtre lui indiquant le début de la sonnerie lors de cérémonies particulières.

Et la chapelle !

« Il existe une chapelle isolée à environ trente mètres de l’église ; cette chapelle dédiée à Notre Dame de Luxembourg et à Sainte Claire est un lieu de pèlerinage. Elle est carrée ; sa décoration consiste en un autel de bois sculpté de forme tréviroise. » dit M. Beuvelot. Dans cette chapelle carrée, au toit d’ardoise à quatre pentes, sans porte mais fermée par une grille de fer forgé, on pouvait encore voir, vers 1960, l’autel en bois surmonté de quatre petites statues de saints de 50 cm environ, en bois polychrome. Construite , disait-on, en ex-voto par un particulier sur un terrain privé, au milieu du XVIIIe siècle, la petite chapelle, faute d’entretien, s’est dégradée au fil des années. Et devenue presque une ruine, elle fut démolie dans les années 1970 pour laisser la place à une maison d’habitation. Voilà pourquoi la rue qui part vers le nord depuis la rue de Mont, à 50 m de l’église, s’appelle aujourd’hui « rue de la Chapelle ».



La Troisième République de 1870 à 1914

La création de la Meurthe-et-Moselle

La guerre de 1870 laissa peu de traces dans le village. Comme partout, les Prussiens réquisitionnèrent des chevaux et des voitures, ainsi que dix couvertures.

Du département de la Moselle, seul l’arrondissement de Briey n’est pas annexé par l’Allemagne, exceptées 19 communes dont Audun-le-Tiche, Aumetz, Fontoy... cédées en échange de Belfort. Il est d’abord rattaché administrativement à ce qui reste du département de la Meurthe, qui a perdu deux arrondissements (Château-Salins et Sarrebourg). Cela explique la forme particulière du département actuel. Ce changement de dénomination est aussitôt transcrit dans les registres de l’Etat-Civil de Landres. Déjà le 21 mai 1871, il est écrit « Département de la Meurthe », mais vite remplacé par « Département de la Meurthe-et-Moselle » dès le 1er janvier 1872.

On parle encore de la séparation de Piennes

Le 7 août 1881, « considérant que la section de Pienne a tout pour former une commune : église, école, fontaines, 39 hectares de bois, 36 hectares de terrains, ainsi que suffisamment de bourgeois compétents pour gérer une commune, le C.M. demande la séparation de Pienne ». Cette demande n’aura aucune suite.

Si le ’S’ de Landres est apparu dès 1820, Pienne s’est toujours écrit sans le ’S’. Celui-ci n’apparaît que le 17 août 1884 sur le registre des délibérations pour disparaître aussitôt. Il n’y reviendra qu’à partir de 1886, mais il faudra attendre 1910 pour le trouver définitivement partout.

La valse des Maires

En 1898-1899, en moins d’un an et demi, Landres a eu six maires différents dont certains démissionnèrent après quelques semaines.(1) Les raisons de ces changements successifs ne sont pas connues : mésententes, intérêts particuliers, divergences d’opinions politiques ou religieuses... ? C’est l’époque de la prospection des mines, mais aussi de l’affaire Dreyfus, et la France est divisée en deux clans. A chaque nouvelle élection du maire, les résultats sont inscrits dans le registre des délibérations.

  • Le 19 juin 1898 : Julien FRANCOIS remplace Edouard PATEL, maire depuis le 23 novembre 1896.
  • Le 3 juillet : François MUNIER est élu mais n’accepte pas, c’est Jean-Baptiste COCHARD qui devient maire.
  • Le 22 octobre : Au premier et au deuxième tour de scrutin, tous les conseillers ont une voix. Au troisième tour, sur 8 votants il y a 6 bulletins blancs et 2 exprimés : Nicolas RUSE obtient 1 voix, Eugène CHARY également 1 voix. Nicolas RUSE est élu au bénéfice de l’âge.
  • Le 20 novembre : au premier tour, Edouard PATEL obtient 6 voix sur 7 exprimées mais refuse la place. Au second tour, c’est Nicolas MUNIER qui est élu avec 6 voix sur 7.
  • Le 17 août 1899 : Nicolas MUNIER démissionne. Comme l’adjoint de Piennes, Nicolas Hubert JACQUES ne peut pas venir tous les jours, le Sous-Préfet nomme le plus ancien conseiller, Edouard PATEL, comme délégué en attendant les nouvelles élections.
  • Le 1er octobre 1899 : Edouard PATEL est élu maire par le nouveau C.M. et le restera jusqu’en 1908.


La Lorraine s’industrialise

La population de Landres-et-Piennes qui était de 502 habitants en 1851, juste après la séparation de Mont, est descendue à 411 en 1886, baisse expliquée à l’époque par l’instituteur, M. Beuvelot, par un exode vers les centres industriels sidérurgiques de la région. En effet, ceux-ci commencent à se développer à partir de 1882 grâce à la découverte en 1877 du procédé Thomas-Gilchrist qui permet la fabrication de fonte et d’acier avec le minerai de fer phosphoreux lorrain. Le gisement du Pays-Haut, resté français, est prospecté dès 1893 à une profondeur moyenne de 200 mètres.

« Alors de part et d’autre de la frontière, le Plateau Lorrain se hérisse de chevalements de mines et les usines s’allongent, serrées au fond des vallées (...) et le visage de la Lorraine se transforme. Les villages, comme par enchantement, se muent en villes populeuses. Et il faut faire appel à la main-d’œuvre étrangère ».(Jean Morette : « Le fer en Lorraine. »)

La population rurale ne peut pas fournir les milliers d’ouvriers nécessaires au développement des nouvelles usines pour lesquelles le problème de main-d’œuvre est un souci constant. Alors de Longwy, Villerupt, Joeuf, Homécourt, de nombreux agents des maîtres de forge et des sociétés minières partent recruter des émigrés, principalement des Italiens, qui arrivent par trains entiers, rarement par familles, pour travailler dans la sidérurgie du Pays-Haut.

L’installation des mines

Le 23 avril 1898, le C.M. demande « que la ligne de chemin de fer Villerupt-Audun-Briey passe plus près de Landres, au lieu de passer à Bettainvillers, parce qu’il y aura bientôt plusieurs puits d’extraction de mine dans la région ». En effet, c’est l’époque de la prospection puis de l’installation des mines de fer. En 1900 et 1901, la commune de Landres vend beaucoup de petites parcelles à la société des aciéries de Micheville installées à Villerupt.

Le fonçage du puits se fait entre 1900 et 1904. Comme dans la plupart des cas, la mine s’implante loin du village, à la limite du ban communal, juste à cheval entre Landres et Piennes. Cette situation lointaine favorisera plus l’extension de Piennes que celle de Landres.

L’immigration italienne

L’installation des mines et la construction de la voie ferrée créent dans le bassin un besoin de main-d’œuvre très important. Mais les cadres viennent difficilement s’installer : la frontière est très proche et les tensions avec l’Allemagne sont constantes. « Les mineurs français recrutés dans le Nord, le Centre, la Normandie, repartent très souvent tant les conditions d’extraction du minerai sont pénibles et dangereuses. A cette époque le taux d’accidents mortels dans les mines de fer est 50 fois plus important que dans les mines de charbon (mines de fer : 50 pour 1000 - mines de charbon : 1,1 pour 1000) ». (« Le Bassin de Landres » Ouvrage collectif des « Fêtes de mai 1991 » p. 32)

Alors, il est fait appel massivement aux émigrés, si bien que l’arrondissement de Briey sera classé au nombre des huit plus importants centres mondiaux pour l’immigration (après New-York, Buenos-Aires, Montevideo, Rio-de-Janeiro, Ottawa, Melbourne...), et pour quelque temps, faire de la Meurthe-et-Moselle, le département de France au plus fort taux d’étrangers : 64 500 pour une population totale de 564 700 en 1911 (Source : « Histoire de la Lorraine » Michel PARISSE). Comme pour les usines, ce sont en majorité des Italiens, car là-bas la vie est encore plus difficile : des jeunes, célibataires, un peu aventuriers, prêts à tout, mais aussi des hommes mariés venus seuls en éclaireur, « pour voir », ou pour travailler quelques années seulement, gagner assez d’argent et repartir dès qu’ils le pourront. Ceux-là ont laissé femmes et enfants en Italie.

Tout ce remue ménage, toutes ces arrivées massives d’étrangers (ils formeront plus de 47% de la population du bassin en 1911), ne vont pas sans créer de nombreux heurts avec les Lorrains ‘’de souche’’ qui voient la région radicalement transformée. Méfiants, attachés à leurs habitudes, voire parfois xénophobes, ces derniers se tiennent à l’écart de cette population agitée, au verbe haut, au coup de poing facile.

Une activité fébrile anime les villages si calmes auparavant. Il faut aussi loger tous ces nouveaux arrivants. Alors un peu partout, on voit se monter des baraquements provisoires, en planches, avec un toit de toile goudronnée. Avec ces rues souvent boueuses, sillonnées de lourds chariots tirés par des chevaux, avec ces nombreuses constructions provisoires implantées de façon parfois anarchique, avec ces bistros bruyants à la clientèle souvent avinée, et avec tous ces gens qui s’activaient comme des fourmis, on se serait cru en Amérique, dans un des westerns relatant la ruée vers l’or. Des « cantines » pour célibataires et hommes seuls, dans lesquelles beaucoup retrouvent une atmosphère familiale, s’installent près des carreaux de mines. Mais dans d’autres, et dans certains bistros, c’est plutôt l’ambiance de « saloon » avec entraîneuses recrutées au Luxembourg, hommes ivres et bagarres fréquentes.

Une explosion démographique

La population de Landres-et-Piennes augmente considérablement en quelques années. Passant de 359 en 1896 (chiffre le plus bas), à 431 en 1901, elle atteint déjà 1638 habitants en 1906, et continue à s’accroître rapidement.

En 1909, les trois quarts des cités ouvrières de Micheville sont construites à Piennes, toutes le seront en 1914, y compris celles des employés à Landres qui seront bâties en dernier. Les rues reçoivent les noms des principaux actionnaires de la société : MOUSTY, NICOUT, SIMON, CURIQUE, FERRY, CAVALIER ... A Landres, seules les cités de la rue de la Mine, du côté nord, datent de 1955.

Sur l’ensemble de ces villages des bassins de Landres et de Tucquegnieux, le nombre d’habitants passe de 2161 à 14 427 en 15 ans (soit 7 fois plus) dont plus de 6831 étrangers soit plus de 47%. En 1911, Piennes compte deux fois plus d’étrangers que de Français.

Il faut nourrir, habiller, divertir tout ce monde, même si à l’époque on travaille douze heures par jour, six jours sur sept. Alors, les commerces se multiplient et se développent, et Landres compte bientôt 4 boucheries, 3 magasins d’alimentation, plusieurs boulangeries, une brasserie, et de nombreux cafés qui font aussi dépôts de boissons...

Les écoles manquent de places...

62 enfants fréquentent l’école de Landres en 1906, sur 94 d’âge scolaire. Une demande est faite pour ouvrir une école de filles. Celle-ci s’établira provisoirement en 1909 dans la maison isolée à l’angle de la route de Briey et du « chemin de Piennes », maison que les anciens de Landres appellent la « maison Barthélémy ». Toujours en 1906, Piennes a déjà 470 habitants et, le 30 mars 1907, presque 1000. Sur 130 enfants, 30 à 40 seulement vont à l’école qui a été faite pour 20. Beaucoup doivent être scolarisés à Joudreville. On envisage alors de construire un groupe scolaire dont le devis s’élève à 79 563,50 F.

Il sera bâti à partir de 1909. La mine de Landres-Micheville finance la totalité des travaux, la commune apportant seulement sa caution pour garantir l’emprunt effectué. En contrepartie, la société de la mine demande que tous les enfants de ses ouvriers et employés soient inscrits à cette école. À partir de cette époque, les enfants des cités de Landres fréquenteront toujours l’école de Piennes, sauf pendant l’occupation allemande de 1940 à 1944.

Les services sociaux des mines

Les sociétés des mines, très favorables aux principes du paternalisme, participent aussi largement à ce développement en finançant des projets comme les groupes scolaires de Piennes (voir ci-dessus), mais aussi de Joudreville, en construisant des salles des fêtes, en créant les coopératives d’alimentation où les ouvriers peuvent s’approvisionner, et plus tard des centres d’apprentissage, des écoles ménagères, des stades, des clubs sportifs... Elles organisent aussi les caisses de secours, sorte de sécurité sociale, et un service médical gratuit avec médecins, sages-femmes, infirmiers tous salariés des mines. Sur le carreau de la mine de Landres, un bâtiment sert d’infirmerie où le médecin de la société reçoit non seulement les ouvriers blessés mais aussi leurs familles en consultations gratuites, les nourrissons pour le suivi postnatal, les enfants pour les vaccinations...

Le cimetière déménage

Le petit cimetière paroissial entourant l’église devient trop petit. Un nouveau, bien plus grand est aménagé en 1909 sur la route de Mont.

Un nouveau lavoir et un ruisseau bien clair

L’ancien lavoir, installé au milieu de la rue du Thiam, près de la source qui lui donnait son eau claire, devenait trop vétuste. En 1906, un nouveau lavoir-fontaine alimenté par la même source, avec un abreuvoir en pierre pour le bétail, est donc construit au bord du ruisseau, près du gué permettant de rejoindre les terrains de la « Fincelles ».

Le ruisseau de Landres appelé « la Gueule », ne portait autrefois ce nom qu’après avoir reçu les sources de Preutin. Ce nom apparaît la première fois à Landres le 7 juillet 1906. Sa source d’origine était sur le versant sud de la colline de Murville appelée « le Haut de Frémont », point culminant de la commune. La construction du remblai de la voie ferrée coupa le ruisseau de sa source. On voit encore son fossé d’écoulement traverser la petite route de Mont, en direction du sud, et se diriger vers le bois de Landres et l’ancienne mare. Heureusement d’autres sources venant du bois s’y déversaient. De plus, celle de la rue du Thiam qui alimentait le lavoir avant de rejoindre le ruisseau, lui fournissait un complément conséquent et régulier.

Dès son installation, la mine de Murville envoie ses eaux d’exhore dans le ruisseau de Landres. Grâce à cet afflux, le débit devient bien plus important, évacue les vases et rend l’eau plus claire, si claire que quelques riverains y installeront de petits lavoirs particuliers.

Mais vers 1925, suite aux réclamations de plusieurs agriculteurs qui se plaindront que le ruisseau inonde trop souvent les prés de « la Colline », les eaux de la mine de Mont seront détournées et envoyées vers le Woigot à travers le bois de Landres. Privé de cet apport abondant et clair, « la Gueule » retrouvera son faible débit et s’envasera rapidement.

La séparation de Piennes

Piennes, qui est entouré par trois mines (Landres, Nord-Est et La Mourière) s’agrandit plus vite que Landres. Avec près de 1000 habitants, une commune indépendante devrait pouvoir être créée. Une nouvelle demande de séparation est donc rédigée. Le 8 novembre 1907, les habitants de Piennes élisent une commission dont les cinq membres étudieront les modalités de la séparation. Une enquête de commodo-incommodo est faite dans les deux sections. Le 6 octobre 1908, l’enquête n’ayant montré aucune opposition, le C.M. émet un avis favorable, renouvelé le 18 mars 1909. Le 6 juin suivant, le partage des fonds entre Piennes et Landres est effectué. Le 11 juillet 1910, le décret de la séparation officielle est signé. En voici le texte exact :

Les nouvelles communes

Une délégation de trois membres assure les affaires courantes à Landres. Dans les deux communes, les élections spéciales des 14 et 21 août 1910 désignent les nouveaux conseillers municipaux qui choisiront les maires.

A Piennes, M. Emmanuel DUVIVIER devient le premier maire. Il est le directeur de la mine de Landres. Déjà maire de Landres-et-Piennes depuis les élections du 3 mai 1908, il ne demandera pas le renouvellement de son mandat aux élections du 5 mai 1912.

A Landres, c’est M. Louis RAYNAL, sous directeur de la mine qui est élu maire, avec comme adjoint M. Gilbert BOSQ, commerçant en charbon et matériaux. Ils resteront à la tête de la commune jusqu’en 1940, en inversant leurs fonctions après 1918. Les sociétés minières « placent » presque toujours un de leurs employés à un poste de responsabilité à la tête des communes. Il leur est alors plus facile de contrôler les municipalités et d’orienter la politique et les options communales.

Il y a toujours eu un employé de la mine comme maire ou adjoint à Landres, et cela jusque dans les années soixante, époque de la fermeture progressive des exploitations.

Piennes, où le commerce est prospère et les cafés très nombreux, compte alors plus de 3000 habitants. La commune doit achever les groupes scolaires et se doter d’équipements dignes d’une ville de cette importance : poste, gendarmerie, gare, et même corps de sapeurs-pompiers...



Le village de Landres à la veille de la Première Guerre Mondiale

En 1914, Landres est un gros village lorrain aux maisons accolées. L’école de garçons est située dans le pâté de maisons devant l’église (actuelle place du village), avec la mairie au premier étage. Elle est dirigée par Monsieur NAUDIN qui assure aussi le secrétariat de mairie. Mademoiselle KIRSCH s’occupe de l’école de filles, loin du centre, dans la maison Barthélémy. A la place de l’école actuelle se trouve la ferme DAUPHIN et ses dépendances.

La gare devient de plus en plus importante : gare civile pour les voyageurs et le transport du minerai, gare militaire avec dépôts et triage car la frontière était toute proche.



Blasonnement

Le blason de la commune de Landres a été composé en 1983, sur demande du Conseil municipal, par Monsieur Jean-Jacques JOUVE, historien, et agréé par la direction des archives départementales de Nancy.

« Il est formé par :

1. Les armes de Catherine de CHOISEUL, dite d’AIGREMONT, (d’azur* à la croix d’or* cantonnée* de vingt billettes* du même, cinq dans chaque canton*, et chargée en cœur* d’une croix ancrée de gueule*.) épouse de Didier de LANDRES, écuyer, seigneur d’Avillers et de Landres, décédée le 26 octobre 1523 et inhumée dans l’église de Landres où sa pierre tombale est encore conservée. Les armes de la famille de MERCY qui acquit au XVIIIe siècle la terre de Landres (d’azur à la croix d’or.) Les armes des deux familles sont brisées « d’azur à la croix d’argent » pour faciliter la lecture du blason de Landres.

2. Enfin, ce blason est chargé en abîme* des armes de la famille de BRIEY de LANDRES, (d’or à trois pals* alésés* et fichés* de gueule*) qui a toujours possédé la seigneurie de Landres et en porte encore le nom. »

  • Petit lexique pour comprendre les termes de héraldique

or = jaune // argent = blanc // sable = noir // azur = bleu // gueule = rouge // sinople = vert // du même = de même couleur // pals = bandes verticales // alésés = haut des pals coupés // fichés = bas taillés en pointe // bande = oblique de gauche à droite // barre = oblique de droite à gauche // cantons = carrés aux coins de l’écu // en cœur ou en abîme = au centre // sur-le-tout = en premier plan // armes brisées = changement apporté à un blason existant (souvent de couleur) // billette = petit ‘’bâtonnet’’ vertical.


Blason Oury de Briey.svg : Ouri de Briey, présent au tournoi de Chauvency, était seigneur de Landres.

Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
mars 2008   Marc Ceccato PS  
mars 2001 mars 2008 Danièle Fregona PCF  
1989   François Santoro    
1983   Alphonse Brychcy Gauche unie  
1977   Edouard Mastelli Gauche unie  
1971   Bernard Jeandin    
1959   Emile Dauphin    
1958   Emile Dauphin   par intérim, suite au décès de C. Martin
1945   Charles Martin    
Toutes les données ne sont pas encore connues.

Démographie

Évolution démographique
(Source : INSEE[1])
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2007
950 973 1006 1008 959 930 940
Nombre retenu à partir de 1968 : population sans doubles comptes

Lieux et monuments

  • Ancienne demeure des comtes de Mercy, situé 4 rue de Mercy construite au XVIIe siècle, repercée aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles.
  • Possédait trois châteaux tous détruits

Édifices religieux

Église paroissiale Saint-Privat.
  • Église paroissiale Saint-Privat ; ancienne église détruite en 1622, reconstruite ; brûlée en 1743 avec tout le village et reconstruite ; église actuelle reconstruite en 1863.
  • Chapelle, située rue de la Chapelle ; construite en 1763, date portée par le linteau de la porte.
Mairie, écoles maternelle et primaire.
Mine (aujourd'hui détruite).

Personnalités liées à la commune

  • Aurélien Neulens, célèbre rappeur et bandit de Landres dont les chansons aux textes extrêmement aboutis abordent des thèmes d'introspection très profonds comme la folie, l'hystérie, névrose, etc... Sa voix tantôt nasillarde et braillante, montant allégrement dans les aigus, tantôt grasse lourde et pesante font de lui un des rappeurs les plus prisés du bassin de Briey, depuis Landres jusqu'à Neufchef

Notes et références

Bibliographie

  • Jean Costantini, Landres, histoire d'un petit village du Pays-Haut, 149 p.

De cet ouvrage est tiré le résumé d'histoire présenté sur cette page, avec l'autorisation de l'auteur.

Pour son travail, J. Costantini a principalement puisé ses sources auprès des auteurs suivants :

M. BEUVELOT « Monographie de Landres » 1888 : Archives dép. Meurthe & Moselle

Comte Claude de BRIEY « Histoire des BRIEY - Notices familiales » Non paru en librairie.

François HELLER « Briey, 2000 ans d’histoire... » Ed. SERPENOISE

Pierre MANGIN : « Histoire du Pays de Briey » Typo-Lorraine, Verdun 1983 - id.- « A feu et à sang » Imp. Gillet 1971 - id.- « Verdun - Metz avec l’armée PATTON - Septembre 1944 » Typo-Lorraine, Verdun 1994

Jean MORETTE : « Le Pays-Haut : Promenade au Pays des Miens » et autres albums Le Républicain Lorrain. - id. -  : « Le fer en Lorraine » Ed. SERPENOISE

Michel PARISSE : « Histoire de la Lorraine » Ed. PRIVAT

Michel CAFFIER : « Les grandes heures de la Lorraine » Ed. PERRIN

René BASTIEN : « Histoire de la Lorraine » Ed. SERPENOISE

Guy CABOURDIN et Jean-Alain LESOURD : « Histoire de la Lorraine »

M. CLESSE : « Le canton de Conflans » 1891

Albert MANGEOT : « Les grandes affaires criminelles en Lorraine au XIXe siècle » Ed. SERPENOISE

Raymond PAGNY : « La maison de MERCY »

Eric GANGLOFF : « Chroniques du Jarnisy » et « LABRY » Ed. SERPENOISE

G.BAILLON - F.GHINOLFI - B.RAGGIOLI - S.TRUBA : « Piennes, de la chaumine à la minette »

Pascal BRENNEUR : « Les prisonniers russes dans les mines de Lorraine »

"Le Bassin de Landres", 140 p., ouvrage collectif édité par l'Association de promotion du Piennois en 1991, ISBN 2-9505790-0-0


Avec la contribution précieuse de Denis PERRON (repérage et archéologie sur le terrain).



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Landres de Wikipédia en français (auteurs)

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