Langage sexiste

Langage sexiste

Un langage sexiste se caractérise par l'emploi d'expressions à caractère sexiste. Une même expression peut être perçue comme sexiste ou non en fonction des époques, des cultures mais aussi des situations sociologiques, voire des caractères.

Cet article a été refondu en séparant les variantes féministes du français posant des problèmes de neutralité et pouvant être perçu comme sexiste.

Sommaire

Langue française

Le féminisme radical prône parfois l'usage de variantes du français écrit ou de code alternatifs à l'oral (voir Langage non sexiste ou épicène).

Clichés et expressions sexistes

Injures sexistes

Féminisation des titres professionnels

Historique récent en France

En 1984 est créée, à l'initiative d'Yvette Roudy (parti socialiste), la première commission de terminologie chargée d'étudier l'emploi du féminin pour les noms de métiers, les fonctions, les grades et les titres. Cette initiative fut reçue par des commentaires critiques, tels que celui du Figaro Magazine (« enjuponnement du vocabulaire ») ou celui de France Soir (« clitocratie »)[réf. nécessaire].

En 1986, la circulaire de Laurent Fabius affirme qu'il est discriminatoire de n'employer que le masculin[réf. nécessaire].

En 1990, le Comité des ministres du Conseil de l'Europe recommande une élimination du sexisme dans le langage[réf. nécessaire]. (source?)

En Belgique

Bien que fortement influencés par les usages formels de la langue française telle que parlée en France, les francophones de Belgique pratiquent ces usages avec généralement moins de rigidité. On le remarquera notamment dans l'utilisation moins stricte du vouvoiement, ou du patronyme de l'époux pour l'épouse.[réf. nécessaire] Ces faits de langue, du moins pour ceux présents dans le français de Belgique, ne sont pas sans lien avec le néerlandais (qui côtoie le français surtout à Bruxelles) dans lequel la féminisation, aussi bien que le tutoiement, sont socialement plus répandus ou linguistiquement plus aisés. D'ailleurs, c'est en général dans les milieux plus baignés dans ou proches de la culture livresque ou littéraire française, et socialement plus conservateurs, que la rigidité d'un langage réputé phallocrate aura tendance à être maintenue, alors que dans les milieux populaires les féminisations « instinctives » n'ont jamais été rares (pour preuve l'ancienneté des termes « policière », « avocate » ou « présidente »).

C'est ainsi que les francophones de Belgique se sont révélés sensibles aux débats sur la féminisation qui avaient lieu surtout dans les classes politiques et de l'administration françaises dans les années 1980. L'issue, pourtant, aura été différente de la France, où le débat s'est heurté à une plus vive résistance (voir ci-après). Le 21 juin 1993, le gouvernement de la Communauté française de Belgique adopte le Décret « relatif à la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre », en optant pour une application très large des dispositions de ce décret dans les limites des attributions de la Communauté française. La féminisation sera de mise dans les administrations de la Communauté ou dans celles situées en région de langue française, ainsi que dans les ouvrages d'enseignement ou de recherche utilisés dans les établissements relevant de la Communauté française, et même de ceux n'étant que partiellement financés par elle. Cet acte est relayé dès décembre de la même année par un arrêté d'application du Gouvernement de la Communauté (entérinant un avis du Conseil supérieur de la langue française, Conseil alors présidé par le linguiste Jean-Marie Klinkenberg). Ce rapport établit les règles de féminisation, règles dont devront tenir compte les intéressés au sens du décret de juin 1993. Le Service de la langue française de la Communauté française de Belgique publia à cette occasion, sous le titre Mettre au féminin un manuel informatif de règles et de conseils d'usage à l'attention des administrations, éditeurs et établissements d'enseignement francophones de Belgique, comportant une riche liste de termes.

Aujourd'hui, même si la féminisation est assez largement répandue parmi les francophones de Belgique, fait qui démontre l'assise sociétale qu'avait cette pratique, le découpage administratif très complexe de la Belgique fait que la féminisation n'est pas uniformément pratiquée dans tous les domaines administratifs ou publics de langue française (puisque tous ne relèvent pas de l'autorité de la Communauté française, comme les autorités fédérales et régionales bruxelloises), y compris dans des lieux où l'on s'eût attendu à ce qu'elle le soit comme dans les universités (où certaines puristes ne semblent pas hésiter à se dénommer elles-mêmes par exemple directeur de recherche ou promoteur de mémoire), ce qui confirme l'esprit de liberté d'usage qu'a voulu conserver le décret en dehors du champ administratif.

La logique de ces nouvelles règles est en effet de nature pragmatique plutôt que revendicatrice. Il est plus question d'« assurer au mieux la visibilité des femmes » que de vouloir remédier à une phallocratie dénoncée. Bien que l'on parle toujours de formulations « sexistes », l'usage générique de termes masculins n'est officiellement pas perçu comme privilégiant les hommes (mais, sous-entend-on, comme occultant les femmes). Ainsi, les nouvelles règles d'usage privilégient l'intelligibilité du texte et sa lisibilité sur le souci de féminisation ; il est donc conseillé de ne pas abuser des « formulations écrites qui n'ont pas de correspondant oral », comme « employé-e-s », « restaurateur/trice » ou même « étudiant(e) ». Les nouvelles règles limitent aussi l'imposition de néologismes et innovations linguistiques en considérant par exemple qu'une féminisation du seul déterminant peut suffire à des mots tels ceux se déclinant en « une professeur » ou « une docteur », tout en laissant un nombre d'entre eux au libre choix des usagers quant au cas des formes en –eure qui sont par ailleurs imposées au Québec et en Suisse.

Au Québec

L'utilisation de titres équivalents au féminin est vastement répandue, très acceptée et souvent obligatoire dans la vie professionnelle québécoise, y compris bien d'usages qui n'apparaissent que rarement en France, par exemple la docteure (bien que le féminin de docteur existe déjà: doctoresse), la médecin, la gouverneure, la ministre, la première ministre, la mairesse (ou la maire), etc.

Dans l'écriture formelle, on retient grosso modo l'inclusion du féminin dans le masculin, souvent avec une remarque que c'est « dans le seul but d'alléger le texte ». Or, dans les discours polémiques, il est très commun d'entendre des doublures qui incluent explicitement les femmes, comme Québécoises et Québécois, tous et toutes, Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, etc.

Un exemple notable du néologisme dans le but d'inclure les femmes s'est produit au Québec, où un syndicat a décidé de promulguer un néologisme épicène pour « professionnel ou professionnelle » sur le modèle de « fidèle » ; il est devenu la Fédération des professionnèles. Or, cette solution, qui a reçu des réactions mixtes, se classe parmi les options très radicales, voire insolites, pour contrer le sexisme.

Notes et références


Voir aussi

Liens internes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Langage sexiste de Wikipédia en français (auteurs)

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