Le Bourgmestre de Furnes

Le Bourgmestre de Furnes
Le Bourgmestre de Furnes
Auteur Georges Simenon
Genre Roman
Pays d'origine Belgique
Lieu de parution Paris
Éditeur Gallimard
Date de parution 1939
Type de média Livre papier

Le Bourgmestre de Furnes est un roman de Georges Simenon publié en 1939 aux éditions Gallimard.

Sommaire

L’intrigue

Joris Terlinck est un parvenu qui à force d’intrigue est devenu le propriétaire d’une fabrique de cigares et ensuite le bourgmestre de Furnes, petite localité proche d’Ostende, en Belgique. Respecté ou plutôt haï de tout le monde, il est appelé le « Baas » (patron).

Un soir, Jef Claes, un jeune employé du Baas, vient lui réclamer une somme de mille francs pour financer l’avortement de son amante dont il a par accident procréé l’enfant illégitime. Cette amante n’est autre que Lina Van Hamme, la fille de Léonard Van Hamme, qui est le propriétaire d’une brasserie et le pire ennemi politique du Baas. Joris Terlinck refuse la requête d’un ton méprisant. À bout de solution, Jef Claes tente en vain de tuer Lina, puis se suicide.

Bien qu’il ne modifie pas son attitude face à son entourage, ce drame affecte profondément Joris Terlinck. Il continue comme par le passé de s’occuper de sa fille Émilia. Pour cause d’un handicap mental, la jeune adulte vit recluse en tant que démente. Elle s’est retirée dans sa chambre qui est sans répit empuantie par ses selles délaissées sur le sol, et refuse le port d’un vêtement, car elle n’en supporte pas le contact. Terlinck continue aussi à jouer son rôle de bourgmestre sous le grand portrait de Van de Vliet. Il tente, cependant, de se rapprocher de Lina, qui a été envoyée par son père à Ostende pour terminer sa grossesse loin du regard de ses concitoyens. Sa sollicitude va jusqu’à lui verser des subventions financières à intervalles réguliers, vu que Léonard Van Hamme espère la tenir par l’argent pour s’assurer de sa conduite.

Un jour, alors que ses allers et retours incessants à Ostende font jaser dans la petite ville, par défi, Terlinck apostrophe publiquement Léonard Van Hamme en prononçant les mots : « Je viens d’acheter votre fille ! » (p. 222). Le Baas ayant ainsi franchi la ligne jaune, les membres du conseil communal, pour le déstabiliser, favorisent les projets de vengeance de la mère de Jef Claes. Celle-ci a ourdi une action judiciaire contre Terlinck qui a pour but de le déférer à la justice pour la séquestration illicite de sa fille dans des conditions indicibles. Le coup de grâce est porté par le vote de défiance lors d’un dernier conseil communal où le Baas évoque sa vision de l’avenir de sa commune.

Les personnages

Joris Terlinck, alternativement surnommé le Baas, est le bourgmestre de la ville de Furnes et le propriétaire d’une usine de cigares. Il est l’époux de Thérésa Terlinck et le père d’une fille prénommée Émilia qu’il a eue avec sa femme. En dehors de cela, il a engendré le fils illégitime de sa servante Maria, un dénommé Albert. Joris Terlinck est le patriarche incontesté qui a bâti la fortune considérable de sa famille à force d’employer la ruse. Il a le corps massif, le visage aux traits durs, des cheveux et une moustache d’une rousseur flamboyante ainsi que des yeux bleu ardoise. En tant que père de famille impérieux, Terlinck dévoile très rapidement son caractère sec, autoritaire et méprisant. Il est dédaigneux envers ses subordonnés, taciturne envers son épouse et sa servante, mais il éprouve néanmoins un amour sincère pour sa fille. Quant à sa mère, elle le déteste quoiqu’il ne se soit jamais comporté en fils ingrat. Elle et Terlinck se connaissent très bien, ils décèlent tout de suite ce que l’autre est en train de ressentir. La différence entre lui et les autres notables de la ville réside dans ses origines modestes. Il est né pauvre, et ce n’est que par après qu’il s’est enrichi. Terlinck est un homme qui dit ses quatre vérités avec aplomb et qui renonce à abandonner ses habitudes. Malgré ses maints défauts caractériels, Terlinck défend ses valeurs et n’autorise point que l’on corrompe avec des offres d’argent affriolantes. Par exemple, il résiste à la tentative de corruption de l’un des Bruxellois auxquels il a vendu une usine à gaz qui était devenue trop coûteuse, mettant ainsi cinquante familles sur le pavé. Sa façon d’agir dans une telle situation dénote qu’il n’est pas forcément cruel et égoïste ; il ne peut pas satisfaire tout le monde en tant que bourgmestre. Le nombre des personnes auxquelles la vente de l’usine a été utile est supérieur à celui des habitants qui en pâtissent. À la fin du récit, Terlinck nous paraît tel qu’il est vraiment : il est un homme comme les autres. Ses désirs, ses rêves, ses faiblesses et ses déceptions, qui se sont longtemps dérobés sous sa panoplie rigide et autoritaire, sont maintenant remontés à la surface.

Thérésa Terlinck, née de Baenst, est l’épouse de Joris Terlinck. Elle est taciturne et intimidée et n’ose jamais élever sa voix en présence de son mari à l’égard duquel elle témoigne une certaine méfiance. Pendant toute la journée, Thérésa reste à la maison, elle y fait de la couture et n’en sort que pour aller à l’église. L’épouse du maire est décrite comme une femme angoissée et nerveuse qui « a passé sa vie à pleurer » et dont les gestes sont « timides, furtifs, qui auraient pu faire croire qu’elle s’attendait à recevoir des coups » (p. 43). Elle paraît ridicule, grotesque, sensuelle, voire repoussante. Le mariage entre Joris et Thérésa Terlinck est profondément malheureux ; elle a compris qu’il l’a épousée parce qu’elle vient d’une famille bourgeoise et aisée. En apprenant que Terlinck fréquente Lina Van Hamme d’une manière presque assidue, elle soupçonne qu’il fait la cour à Lina et réagit ainsi en femme jalouse. Elle pense aussi que son époux se sent coupable ; elle a été mise au courant du suicide choquant de Jef Claes. Lorsque Thérésa est atteinte d’un cancer à l’intestin, Terlinck la soigne de manière exemplaire. Il s’occupe d’elle et consent même à faire venir de Bruxelles la sœur de sa femme, bien que ses relations avec Marthe – tel est son prénom – soient tendues. Thérésa expire peu avant que le récit ne s’achève.

Émilia est l’unique enfant de Joris et de Thérésa Terlinck. Venue au monde avec une grave retardation mentale, elle vit cloîtrée dans sa chambre où elle se souille comme un enfant en bas âge. Elle est non seulement cachée devant les citoyens de la ville, mais elle se dérobe aussi du regard du lecteur, étant donné que l’auteur s’abstient de donner une description nette de ce personnage. Les sons qu’elle émet ne sont jamais cohérents et elle semble être tourmentée par une peur intrinsèque. Bien qu’Émilia soit insensible au dégoût, elle est perpétuellement nue car elle ne supporte pas le port d’un vêtement. Elle est le seul être qui puisse susciter l’amour de Terlinck qui la dorlote avec l’instinct d’un protecteur. Il est archi-protecteur envers sa fille, il la gâte et il lui achète de la nourriture chère et raffinée. D’ailleurs, Émilia ne tolère que la présence de son père, elle n’accepte pas que sa mère vienne la voir. Au moment où le récit du livre s’achève, elle a déjà été voiturée vers un hôpital psychiatrique après que ses conditions de vie ont été examinées par les autorités, qui ont par conséquent donné l’ordre de vider sa chambre.

Lina Van Hamme est la fille de Léonard Van Hamme, qui est un des notables de la ville et le pire adversaire politique de Terlinck en tant que chef du parti conservateur. Au début du récit, elle est l’amante de Jef Claes, dont elle finit par avoir un enfant. Après le suicide de Claes, elle est transportée à Ostende afin d’y mettre au monde son bébé loin du regard des citoyens de Furnes. Lorsque Terlinck commence à se rendre régulièrement à Ostende pour s’assurer que la grossesse progresse bien, une certaine amitié naît entre eux. Effervescente et conviviale, elle représente pour lui la fille, la mère et l’amante qu’il n’a jamais eues. Terlinck est soumis à un étonnement émerveillé à l’égard de Lina. Pour lui, elle n’est pas une fille comme les autres.

Jef Claes est un jeune employé de Joris Terlinck. Petit ami de Lina Van Hamme, il est gêné sur un plan financier. Désespéré après avoir engrossé son amie, il demande à voir son patron, auquel il demande de l’argent. Son suicide indique qu’il est labile mentalement, mais il a néanmoins fait preuve d’un certain courage en faisant une demande à son employeur, à l’égard duquel il est craintif.

La vieille Madame Terlinck, à savoir la mère de Joris Terlinck, est décrite comme une femme toute cassée, voûtée et sèche au visage ridé et aux yeux noyés d’eau. Elle est disciplinée et traditionnelle, ce qui est reflété dans sa façon démodée de se vêtir. Il y a en elle « comme un vieux fond de rancunes inassouvies » (p. 52), elle est profondément imprégnée d’une amertume lancinante, le relent de sa jeunesse difficile. Elle a travaillé beaucoup et ne se repose que sporadiquement. Son fils Joris la perçoit comme têtue. Depuis la mort de son mari, Madame Terlinck vit seule dans une petite maison située à proximité de la mer, dans le village de Coxyde qui est peuplé par des pêcheurs. Les relations entre lui et sa mère sont tendues : elle le hait depuis qu’il est arrivé au sommet de la société et ne rate aucune occasion pour manifester son mépris. Pourtant, Madame Terlinck traite son fils de manière injuste. Elle est en froid avec lui en dépit de la courtoisie qu’il lui manifeste. En plus, il lui a proposé de le joindre à Furnes, mais elle a refusé son offre, probablement parce qu’elle redoutait que les notables de la ville l’ostraciseraient à cause de ses origines modestes. Même si elle était acceptée dans les hautes sphères de la société, elle serait alors rejetée par ses anciens proches qui la haïraient alors pour s’être intégrée dans une couche sociale supérieure.

Albert est le fils illégitime qui est né d’une relation extraconjugale entre Joris Terlinck et sa servante Maria. Thérésa est parfaitement consciente de cette liaison et de son fruit. Albert est un jeune homme hardi, insolent et fat dont l’existence dissolue lui a valu une place dans l’armée. Le roman cèle si Albert connaît l’identité de son père ; il s’adresse au Baas en l’appelant « parrain ». L’intérêt que Joris Terlinck porte à son fils n’est pas démesuré quoiqu’il se soit initialement préoccupé du sort de son enfant en versant des subventions financières à la mère de ce dernier. Terlinck accepte qu’Albert se comporte d’une façon désobligeante qu’il n’aurait jamais tolérée de la part de quelqu’un d’autre. Même si Albert est un petit délinquant haïssable, il a quand même ses excuses ; il doit voir sa mère Maria soumise.

Manola, qui est une prostituée de luxe et une bonne amie de Lina, est une personne salace et licencieuse qui s’impatiente rapidement et qui manque d’aplomb (p. 208). Aussitôt qu’elle s’est lancée dans une conversation avec Terlinck, elle s’adresse à lui « avec une familiarité qui lui [semble] devoir faciliter les choses. » (p. 209). Manola s’immisce dans ses affaires privées en s’enquérant des supplices que subit en ces moments Thérésa Terlinck, laissée à Furnes par son époux. Toutefois, elle ne tarde pas à désenvenimer le débat en clamant qu’elle a bien compris que de telles questions ne sont pas adéquates. Cela implique que Manola est en mesure de discerner le moment venu pour apaiser ses propos lorsqu’ils menacent de semer la discorde. À mesure qu’elle l’assaille de ses paroles et révélations à l’égard de la situation financière de son amie Lina, « on lui [sent] le goût des chiffres et de toutes ces questions d’argent. » (p. 212). Le manque de vergogne qui caractérise la prostituée devient également visible lorsqu’elle avoue avoir un ami extrêmement concupiscent qui serait prêt à se déshabiller dans l’escalier si sa luxure n’est pas assagie à temps. En dehors de cela, Manola est une femme qui préfère le désordre à l’ordre, ce qui se voit dans l’état de son appartement dont l’intérieur luxueux et douillet trahit néanmoins aussi le bon goût de sa propriétaire.

Les notables sont les citoyens les plus riches et les plus puissants de la ville. Vu qu’ils sont tous issus de familles aisées, ils sont peu nombreux. Contrairement au Baas, ils sont d’origine respectable et ont tenu le haut du pavé depuis leur jeunesse. Or, ils n’osent pas afficher des airs condescendants en présence du Baas, bien qu’ils l’abhorrent en secret. Par ailleurs, ils se révèlent très opportunistes. Dès que Léonard Van Hamme, qui est pourtant l’un des leurs, a été entraîné dans une affaire scabreuse, ils ont la scélératesse de l’honnir devant son rival Terlinck. Ils lui confessent que Van Hamme leur a « honnêtement offert sa démission » (p. 63). Tout au long du récit, les notables manifestent une attitude versatile, ondoyante et félonne. Ils sont très exclusifs entre eux, mais guère solidaires.

Les habitants de Furnes éprouvent de la timidité et de l’anxiété à l’égard de leur bourgmestre. Timorés, ils voilent leur crainte en affichant un air respectueux envers Terlinck, auquel ils s’adressent en l’appelant « le Baas ». Ils ne sont jamais sûrs s’ils ont le droit de lui apprendre une nouvelle, si grave et choquante soit-elle.

Thèmes et interprétation du roman

Moins dominant que dans d’autres romans de Simenon tels que L'Homme qui regardait passer les trains, le thème de la transgression et de la rupture avec le milieu social ambiant n’en est pas moins présent. Le Baas découvre une autre façon de vivre plus libre, plus bohème, auprès de Lina et de son amie Manola dans leur appartement de filles à Ostende. Le thème de l’identité est souligné par le comportement très différent du personnage principal, très différent entre sa manière de fonctionner suivant qu’il se voit comme chef de famille, chef d’entreprise ou bourgmestre et son attitude pleine de douceur envers sans fille démente. En compagnie de Lina et de Manola, il manifeste une timidité presque comique, il s’infantilise lui-même tel qu’un collégien.

Avec Lina, Terlinck devient le fils chéri et l’enfant préféré qu’il n’a jamais été pour sa mère. Lina est la mère dont il aurait rêvé. En revanche, elle n’est pas une bonne mère pour son propre enfant à elle. On repère ici un élément autobiographique : Simenon avait lui-même un frère cadet qui aurait été le fils favori de sa mère. Il est possible que la figure que Simenon a ébauchée de la mère de Terlinck ait été conçue d’après sa mère à lui. Dans ses romans, la famille, et surtout les relations entre la mère et les enfants, occupent une place insigne.

Lina Van Hamme ne symbolise non seulement la mère, mais aussi la fille et l’amante idéales que Joris Terlinck n’a jamais eues. Émilia Terlinck est née avec un handicap mental, et Thérésa est loin d’être une femme sensuelle et aguicheuse. Le bourgmestre a une certaine façon de l’aimer, mais elle ne répond pas à ses fantasmes. À l’égard de Lina, Terlinck a les préoccupations d’un père et d’un amant. Il lui fait des reproches inquiets en la voyant entrer dans une danse alors qu’elle est enceinte et incommodée par son ventre gonflé. Le troisième chapitre de la seconde partie du roman débute avec un rêve de Terlinck. Il y voit Lina avec son bébé dans les bras ; en ces moments, elle symbolise pour Terlinck la mère. Lorsqu’elle laisse tomber son bébé qui s’est brusquement transformé en poupée, cette impression cède à l’idée qu’il doit s’agir d’une jeune fille. Dans ce rêve, Lina symbolise les trois pôles de la féminité : la mère, la fille et l’amante.

Cependant, le bourgmestre est gravement bouleversé lorsque Manola le confronte avec la proposition d’un marché. Il comprend qu’il s’est laissé mystifier par ses rêves et que les deux femmes qu’il a idolâtrées sont elles aussi assujetties à des normes sociales, tels que le sont les habitants de Furnes. Jusqu’à présent, il a perçu Lina et Manola telles que des personnages imaginaires sur lesquels il avait calqué ses désirs profonds. Ostende lui a paru comme un éden jusqu’à ce que Manola lui propose un compromis et qu’il redescende sur terre.

La ville d’Ostende est associée à des journées ensoleillées et à la luminosité, tandis que celle de Furnes en représente l’opposé, c’est-à-dire l’obscurité, le froid et la grisaille. L’atmosphère y est morose à cause du brouillard et de la pluie perpétuels. Terlinck lui-même n’arrête pas de faire des comparaisons entre Furnes et Ostende : il trouve la maison qui abrite l’appartement de Lina simple, mais joyeuse. Ostende est en réalité un monde vulgaire : l’alcool y coule à flot, on se jouit de sucreries, et on n’accorde aucune importance à ce que l’ordre soit maintenu.

Le caractère méthodique de Terlinck est apparent dès le début du roman. Toutefois, le déroulement de sa vie sera mis en branle par le suicide de Jef Claes. Il se voit incapable de continuer de mener sa vie répétitive et si méticuleusement maniée. La cérémonie organisée le jour du Nouvel An marque l’événement où apparaissent les premiers petits dérèglements dans la vie méticuleusement réglée que Terlinck a menée jusqu’ici. Lors de cette cérémonie, Joris Terlinck reçoit les citoyens de la ville de Furnes dans l’ordre hiérarchique, à savoir d’abord les ouvriers de son usine, puis les employés de la mairie, et, pour finir, les notables. L’entière cérémonie se déroule sans que personne ne commette un impair, à l’exception d’un seul détail : Terlinck oublie les biscuits qu’il était censé donner aux notables, bien que cela ait été prévu.

Terlinck évolue dans trois lieux différents qui représentent chacun une époque. La ville de Furnes symbolise le présent, l’habitude et le quotidien. Thérésa et Maria y sont les personnages primordiaux. À Furnes, Joris Terlinck jouit de son rôle de Baas, il est dur, sévère et craint par les habitants de la ville. Ostende, par contre, incarne le futur, la loi de la liberté et, par contraste avec Furnes, l’absence de règles. En effet, l’intérieur de l’appartement que Lina y a loué est un capharnaüm, ce qui contraste avec l’intérieur ordonné et rangé de la maison de Terlinck. Dans le monde de Lina, on peut s’amuser à son gré et s’adonner à toutes sortes de plaisirs. Les deux personnes qui y dominent la scène sont Lina et Manola, en présence desquelles Terlinck se montre affable et intimidé. La ville de Coxyde, une ville de pêcheurs où Terlinck a grandi, est associée au passé, le temps y est figé, et la loi des traditions surplombe la scène. Les maisons dans le village de pêcheurs sont toutes pareilles, dont on peut déduire que ses habitants vivent tous de la même manière modeste. Là-bas, le personnage central est la vieille Madame Terlinck. En sa présence, le Baas devient aimant, révérencieux et soumis en tant que fils. Il recherche l’amour de sa mère. L’intérieur de la maison où habite cette dernière est figé, elle vit dans un univers figé. C’est une femme ancrée à ses habitudes, il n’y a que peu de changements dans sa vie.

Une idée morale qui constitue un élément récurrent dans les œuvres de Simenon est la conviction selon laquelle il ne faut pas juger l’autre, quel que soit le délit qu’il a commis. On peut seulement essayer de le comprendre.


Façades flamandes

Le décor de la Flandre revient après La maison du canal, et donne à l’autre l’occasion de visiter l’atmosphère d’une petite ville avec son beffroi, son hôtel de ville et « ses maisons à pignon en dentelles ». Le thème de la politique communale, des intrigues de ses réseaux (le cercle catholique) et de ses rapports de force parcourt également toute l’œuvre. Mais la trame de fond semble plutôt être l’omniprésence des femmes. Il y a l’épouse dolente qui ne parle que du bout des yeux, mais qui sait très bien se faire comprendre, on nous présente la mère qui poursuit son fils d’une haine intarissable et qui déteste ce qu’il représente (l’argent, le pouvoir), puis la fille démente, et, pour finir, Lina et Manola qui laissent entrevoir un autre monde. Ces dernières deviennent deux amies en présence desquelles Joris Terlinck se retrouve sans repère et désarmé.

Ce roman nous renvoie une image de l’humanité plutôt réaliste.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Le Bourgmestre de Furnes de Wikipédia en français (auteurs)

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