Le montage (roman)

Le montage (roman)

Le Montage (roman)

Le Montage
Auteur Vladimir Volkoff
Genre Roman
Pays d'origine France France
Éditeur éditions Julliard
Date de parution 1982
ISBN 2260003036

Le Montage est un roman de Vladimir Volkoff paru en 1982 aux éditions Julliard et ayant reçu le Grand Prix du roman de l'Académie française la même année. C'est une satire de l’intelligentsia gauche caviar française et une mise en évidence des mécanismes d’influence et de désinformation de l’URSS.

Sommaire

Résumé

Aleksandre Psar est le fils d’un émigré russe blanc, officier dans l’armée du Tsar. Après être arrivé en France, celui-ci vivote comme il peut. À sa mort, il demande à son fils Aleksandre de tout faire pour retourner en Russie.

Aleksandre se fait recruter à 19 ans par Pitman comme agent d’influence sur la France. Cette nouvelle doctrine, inventée par Mohammed Mohammovitch, s’inspire de Sun Tzu et a pour but de travailler l’opinion publique de telle sorte que le pays visé se jette dans les bras de ses « libérateurs ».

Pendant 30 ans Aleksandre Psar, placé comme agent littéraire, fait publier des auteurs subtilement favorables à l’URSS, d’autres destinés à affaiblir la France, et les promeut, via des campagnes de presse qu’il lance et amplifie avec son « orchestre » de personnalités sous influence. Notamment Psar est promu colonel pour avoir assuré le succès littéraire d'un livre critique envers le système scolaire français, écrit en sous main par le KGB, et qui d'après les chefs de Psar, devrait casser l'Éducation en France pour au moins 20 ans.

Parfois Aleksandre déprime, notamment parce qu’il a des envies de paternité. Alors, le KGB lui fournit une fiancée dénommée Alla qui l’attendra au pays jusqu’à sa retraite. Aleksandre et Alla ne se voient qu’une fois, en Yougoslavie. Alors qu'Aleksandre songe à rentrer en Russie, pour voir sa femme et son fils, le Directorat lui demande un « dernier service » avant de partir en retraite.

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

En fait, les supérieurs d’Aleksandre n’ont jamais eu l’intention de le laisser revenir en URSS, et profitent de sa demande pour faire « le ménage » dans l'« intelligentsia » française en discréditant les personnalités qui renâclent un peu à continuer d'être les parfaits idiots utiles de leur début. C’est l’opération Pskov, du nom d’une ville rasée par Ivan le Terrible.

Cette opération consiste à faire passer quelques extraits alléchants d’une œuvre du Samizdat, tout en piquant la curiosité du public en laissant courir le bruit que c’est l’œuvre du dissident Kournossov qui a essayé de tuer Brejnev avant d’être jeté en asile psychiatrique pour dissidents. Les journalistes, les dissidents soviétiques, nombre d’intellectuels encensent les premiers extraits du livre.

L’amorce de cette opération se fait à l’insu d’Aleksandre, qui s’il se doute bien par qui elle est orchestrée, n’en connaît ni les tenants ni les aboutissants. Une fois que l’agitation médiatique est lancée, le directorat d’Aleksandre lui demande de faire publier l’intégralité du livre par le plus influent éditeur de la place. À la réception du manuscrit, celui-ci s’avère être un véritable torchon. L’éditeur choisi n’en veut plus, le critique vedette de l’orchestre d’Aleksandre ne fera ni éloge ni critique. Pour pallier ces réticences, le directorat met à disposition d’Aleksandre de quoi faire chanter les récalcitrants qui s’exécutent.

Ce livre est une telle bombe, qu’une cabale savamment entretenue par d’autres « orchestres » sous influence, discrédite une bonne partie de l’intelligentsia parisienne ainsi que les dissidents soviétiques. Nombre d’entre eux sont poussés à la retraite ou perdent leur poste, leurs chroniques dans leurs journaux, leur prestige et leur influence. Ils sont bien sûr remplacés par d’autres personnes elles aussi sous influence, mais plus jeunes et plus dociles.

C’est à ce moment-là que la deuxième phase de l’opération Pskov est lancée. Le KGB extrade un faux-Kournossov, un détenu de son vrai nom Gavenarine qui a passé toute sa vie au goulag. Ses manières et ses opinions d'extrême droite, à la suite du livre, finissent de le discréditer devant l’opinion. Mais avant d’en arriver là, celui-ci a le temps de calomnier tous les dissidents soviétiques en révélant toutes leurs petites affaires, ce qui se résume à « ils font partie des oppresseurs et ont quitté l’URSS par jalousie de ceux qui ont le pouvoir ».

La 3e et dernière phase de l’opération Psok est alors lancée. Elle consiste à faire dénoncer le faux auteur dissident Kournossov par un de ses anciens co-détenus lui aussi sorti de prison pour l’occasion. Tout le petit monde des faiseurs d'opinion, de l'intelligentsia française, des dissidents soviétiques, désormais perçu comme un groupe de pantins manipulés, est ainsi totalement discrédité. À ce moment là, Aleksandre Psar ayant lui aussi perdu tout prestige de par son rôle de premier plan dans l’affaire, son orchestre étant de plus complètement "démonté," est lui-même lâché par le KGB. Le numéro de téléphone d’urgence ne répond plus.

Mais Pitman, l'homme qui a recruté Aleksandre Psar 30 ans auparavant, voyant comment évolue la situation décide, contre l’avis de son mentor, de lancer une opération qui lui tient à cœur, et qui nécessite des conditions très particulières : l’Opération Signe dur. Celle-ci consiste à envoyer en Occident un dissident charismatique, à lui adjoindre à son insu un agent d’influence de l’URSS, pour monter un parti politique anti-communiste de centre droit qui sera entièrement composé de personnes sous influence et d’agents soviétiques.

Avant qu’Aleksandre Psar ne comprenne qu’il a été sacrifié, le KGB reprend contact avec lui pour lancer l’opération « Signe Dur ». Pour le faire rester en France, ils lui annoncent que sa fiancée (fictive) et son fils (fictif aussi) sont morts dans un accident de la route.

Rassemblant les restes de son « orchestre » Aleksandre Psar lance une campagne de presse, relayée par d’autres orchestres, qui se mue en un véritable mouvement d’opinion pour la libération du vrai « Kournossov ». Aleksandre, bien qu’il comprenne que son temps de service n’est pas terminé, accepte la mission d’accueillir Kournossov et de le cadrer dans la création de son parti pour que celui-ci se fasse bien dans la ligne voulue par le KGB.

Quelque temps après, Aleksandre déjeune avec un écrivain, Blun, qu’il a lancé à ses débuts. Cet auteur qui écrit des livres d’aventures, des romans de gare pro-communistes lui demande de le pistonner pour entrer dans le nouveau parti de Kournossov. Devant la surprise d’Aleksandre de le voir rejoindre les anticommunistes, Blun lui explique que revenant d’URSS, les soviétiques lui ont mis une pin-up dans son lit pour le faire chanter ensuite. Mais étant donné que sa femme et lui vivent déjà séparés, le chantage ne prend pas et Blun en profite pour montrer à Aleksandre les photos compromettantes sur lesquelles il reconnaît sa fiancée Alla, théoriquement morte.

Il comprend alors qu’on s'est joué de lui, qu’il n’est qu’un pion sacrifié. Et ceci d'autant plus que le faux Kournossov, Gavenarine vient juste de se suicider alors que son obsession était de se mettre à l'abri du KGB. Pris de panique, et voulant prendre le large quelque temps pour y voir plus clair, Aleksandre quitte Paris en urgence accompagné de sa secrétaire. Mais celle-ci est un agent soviétique chargé de le surveiller et elle donne l’alerte. Réfugié dans un château abandonné en pleine campagne, Aleksandre tue l’agent qui était venu le chercher et le raisonner. Fuyant, Aleksandre retourne à Paris où il trouve refuge chez une jeune fille dont il avait refusé de publier le livre car elle ne voulait pas des modifications suggérées qui travestissaient la vérité.

Aleksandre, finalement, téléphone à la police française pour se livrer. Mais l’appel aboutit à un agent français qui renseigne les soviétiques. Celui-ci prévient sa hiérarchie et son contact au KGB. Mais ce policier français était déjà surveillé. Ces supérieurs ayant intercepté l’appel - et parfaitement conscients de la situation - décident de laisser faire.

Ainsi ils se débarrassent d’une taupe, et d’un agent d’influence qui en France ne pourrait pas être inculpé de quoi que ce soit puisqu’en fait, il n’a rien fait d’illégal.

Le roman se termine par le ramassage d’Aleksandre Psar par le KGB.

Le roman d'un agent d'influence

L'écriture de ce roman a été suggérée à Vladimir Volkoff par le directeur du SDECE, Alexandre de Marenches. Ce dernier lui a fourni des faits réels sur lesquels est construite la trame du récit. Selon Vladimir Volkoff lui-même, ce roman est aussi l'œuvre d'un agent d'influence voulant faire prendre conscience de la réalité des techniques de désinformation. Ainsi le personnage du général Mohammed Mohammedovitch Abdoulrakhmanov est inspiré par une personne ayant bien existé, Ivan Agayantz, « ancien directeur des mesures actives du KGB dans les années 1960 »[1].

Notes et références

  1. Cf. Sophie Merveilleux du Vignaux, Désinformation et services spéciaux, Éditions du Rocher, 2007, p. 125.

Éditions

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Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie de Jean Raspail
Grand Prix du roman de l'Académie française
1982
Natalia de Liliane Guignabodet
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