Les Cahiers de la Bande Dessinée

Les Cahiers de la Bande Dessinée

Les Cahiers de la bande dessinée

Schtroumpf – Les Cahiers de la bande dessinée (Les Cahiers de la bande dessinée à partir du n°55[1]) est une revue française d'étude de la bande dessinée fondée en 1971 par Jacques Glénat et disparue en juin 1990 après 89 numéros.

Sommaire

1969-1984 : un fanzine d'étude d'auteur

Âgé de 15 ans, Jacques Glénat crée en 1969 le fanzine Schtroumpf, dans lequel il publie une interview d'auteur et divers articles. En 1972, il professionalise le fanzine, qui devient Schtroumpf - Les Cahiers de la bande dessinée, et accueille les contributions d'autres amateurs de bande dessinée, avec un septième numéro consacré à Jean-Claude Mézières.

Au fil des parutions, les grands auteurs franco-belges célèbres (André Franquin, Peyo, Hergé, Jacques Martin, etc.) ou plus oubliés (Pierre Dupuis, Raymond Reding, François Craenhals, etc.) sont tous traités. À partir du 24e numéro le fanzine s'ouvre lentement aux auteurs contemporains (Claire Bretécher, Alexis, etc.), tout en continuant à assurer principalement une fonction patrimoniale. Entre 1976 et 1979, Glénat a édité un fanzine mensuel d'actualité, Schtroumpfanzine, reprenant l'esprit du fanzine originel.

La revue a un fonctionnement particulier qui cause au début des années 80 un certain essoufflement. En effet, il n'y a pas d'équipe de rédaction (Jacques Glénat ne se consacre plus qu'à sa maison d'édition) : chaque numéro dépend d'un rédacteur, qui interview l'auteur phare et réunit divers textes auprès de collaborateurs plus ou moins réguliers (dont le principal est Henri Filippini). Or, après 50 numéros, la plupart des grands auteurs franco-belges ont fait l'objet d'un dossier, et si Thierry Groensteen, qui dirige quatre des cinq derniers numéros de la formule, s'ouvre vers l'étranger (Willy Vandersteen et Guido Crepax), la formule ne satisfait plus personne.

1984-1988 : la période Groensteen

Thierry Groensteen prend en février 1984 la direction de la revue, qui devientsimplement Les Cahiers de la bande dessinée, tout en étant toujours éditée par Glénat.

1989-1990 : La fin de la revue

Thierry Groensteen - Entretien par Franck Aveline (L’Indispensable) en juin 1998 - source web http://www.du9.org/article.php3?id_article=544

Au terme de cinq années, j’étais fatigué. Par ailleurs, mes relations avec Jacques Glénat avaient atteint un tel degré de tension que la rupture devait intervenir tôt ou tard. Je me souviens encore du jour où Glénat, me croisant dans une allée du festival de Sierre — nous ne nous étions pas vus depuis un certain temps — a fondu sur moi, m’a soulevé par le col et s’est mis à hurler : « Le travail que vous faites est nuisible à la profession ! ». Cela décrit assez bien l’état d’esprit de mon éditeur à l’époque. Je m’interrogeais depuis un moment sur les raisons pour lesquelles il continuait à éditer mon travail, qui allait de toute évidence à l’encontre de sa propre politique éditoriale et de ses convictions.
J’ai préféré prendre les devants et me reconvertir avant d’être « viré ».
J’ai donc annoncé mon départ à Jacques Glénat, en espérant naïvement que l’aventure des Cahiers pourrait se poursuivre, et que moyennant quelques ajustements, l’équipe en place pourrait continuer d’écrire. Je suis allé jusqu’à lui proposer un successeur, en la personne de Gilles Ciment. Finalement, après avoir fait mine d’accepter, Glénat a annoncé le licenciement de l’équipe rédactionnelle.
Numa Sadoul, l’un de ses amis, se vit confier le soin de concevoir une nouvelle formule. Il s’agissait alors de donner à la bande dessinée l’équivalent du magazine Première, alors que Les Cahiers de la b.d. étaient plutôt assimilés jusque-là aux Cahiers du cinéma. C’était un revirement à 180° ! Depuis des années, Jacques Glénat me poussait à aller dans ce sens ; mais le « grand public » qu’il croyait pouvoir toucher n’existait pas ! Pour l’amateur de BD ordinaire amené à choisir entre les Cahiers et un album — à prix quasiment équivalent — le second l’emportait inévitablement, cela me semblait évident.
En réalité, nous avions fait le plein des lecteurs susceptibles d’investir dans une telle revue. Beaucoup de personnes achetaient Les Cahiers de la b.d., en pestant contre notre travail jugé trop abscons, trop intellectuel, trop ceci et pas assez cela... mais enfin elles l’achetaient, pour la simple raison que nous réalisions la seule revue d’information à parution régulière, et à large diffusion. D’ailleurs, la revue était viable, parce que je la faisais à l’économie.
Numa Sadoul et Yves Schlirf, les nouveaux rédacteurs, commandèrent une maquette onéreuse à un grand studio parisien, qui s’était auparavant occupé du lifting de L’Express et de bien d’autres... Ils se sont engouffrés dans une politique de dépenses afin de créer une revue branchée, dans l’espoir de trouver un plus large lectorat. Ils perdirent l’essentiel de nos lecteurs, et n’en trouvèrent pas de nouveaux. La revue s’est très rapidement transformée en un gouffre financier, et au terme de six numéros environ, Glénat dut renoncer.

Annexes

Notes et références

  1. Voir couvertures des n° 55 et 56 sur bedetheque.com.

Bibliographie

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