Liturgie romaine

Liturgie romaine

Liturgie catholique

Le mot liturgie vient du grec λειτουργία / leitourgía, de λεώς / leốs, « le peuple » et de la racine ἐργο / ergo, « faire, accomplir ». Il désigne donc, littéralement, le service du peuple.

Dans le catholicisme, la liturgie est l'ensemble des rites et des cérémonies mis en œuvre au cours d'une célébration religieuse officielle, rendu par le peuple au Dieu trinitaire, Père, Fils et Esprit.

« La liturgie est, en effet, chose sacrée. Par elle, nous nous élevons jusqu’à Dieu et nous nous unissons à Lui, nous professons notre foi, nous remplissons envers Lui le très grave devoir de la reconnaissance pour les bienfaits et les secours qu’Il nous accorde et dont nous avons un perpétuel besoin. De là, un rapport intime entre le dogme et la liturgie ; comme aussi entre le culte chrétien et la sanctification du peuple. C’est pourquoi le pape Célestin Ier estimait que la règle de la foi est exprimée dans les vénérables formules de la liturgie ; il disait en effet que la loi de la prière détermine la loi de la croyance. Car, lorsque les chefs des saintes assemblées s’acquittent des fonctions qui leur ont été confiées, ils plaident devant la clémence divine la cause du genre humain et prient et supplient avec l’Eglise tout entière, qui unit ses gémissements aux leurs. »

— Constitution apostolique Divini cultus, 20 décembre 1928

La liturgie est donc un ensemble d’actes, de symboles et de paroles par lesquels l’Église aide les hommes à rendre un culte à Dieu et transmet la connaissance de Dieu aux hommes. On peut dire que la liturgie met l’homme en rapport direct avec Dieu.

Sommaire

Principes communs

Tous les rites catholiques locaux suivent les mêmes principes : La prière liturgique est officielle, publique et soumise à des normes. Autrement dit, ni le célébrant, ni les assistants ne peuvent faire ce qu'ils veulent. La liturgie catholique est donc une prière commune définie par l'autorité comme étant La prière de l'Église.

Ainsi, la célébration des sacrements (Eucharistie, baptême, etc.) tout comme la Liturgie des Heures (Egalement appelée Office divin, c'est pourquoi on parle des différents offices de la journée, qui en compte sept) font partie de la liturgie. En revanche, une récitation de la prière du rosaire entre personnes privées, y compris quand elles sont réunies dans un lieu de culte et accompagnée par un prêtre ou un diacre, n'est pas considérée comme un rite liturgique.

L’année liturgique débute par l’Avent, temps de préparation à la Nativité (Noël) qui commence quatre semaines avant ; elle se termine par la fête du Christ-roi. À chaque jour de l'année est associé un passage des Évangiles. Une année ne suffisant pas, la lecture de l'ensemble des textes liturgiques du dimanche s'étale sur trois ans, appelés années A, B et C ; pour les messes de semaine, deux jeux de textes sont prévus, distinguant les « années paires » et les « années impaires » (on considère l'année liturgique, qui débute le premier dimanche de l'Avent, début décembre). Les lectures des Évangiles sont prises chaque année dans un même évangile, parmi les trois évangiles dits synoptiques (Matthieu les années A, Marc les années B et Luc les années C). Ainsi, du 27 novembre 2005 au 2 décembre 2006, l'année est B pour les dimanches, « paire » pour la semaine. Le lectionnaire est le nom du livre qui regroupe ces lectures dans l'ordre chronologique.

Le point culminant de la liturgie catholique est la fête de Pâques, fête de la résurrection de Jésus. Elle est précédée du temps du Carême qui se termine par la Semaine Sainte, avec le Mercredi Saint (comportant la messe chrismale où est béni le Saint-Chrême), le Jeudi Saint (messe de la Cène du Seigneur), le Vendredi Saint (mort du Seigneur) et la Veillée Pascale (où ont lieu de nombreux baptêmes). Cette fête est suivie d’une période de cinquante jours appelée « temps pascal » qui se termine par la Pentecôte. La résurrection de Jésus est aussi célébrée chaque dimanche, et chaque semaine est couronnée liturgiquement par le dimanche.

Cinq branches de la liturgie catholique

Les sacrements

Les sacrements sont une forme particulière de la prière de l'Église. Dieu agit directement au travers des sacrements auprès des hommes. Chaque sacrement est normalisé et ces normes sont promulguées dans des livres liturgiques spécifiques à chacun.

Les sacrements, sont des signes de l’action de Dieu dans la vie d’un croyant et de l’Église. L’Église catholique romaine en distingue sept :

  1. Le baptême. Le sacrement est dit ex opere operato, c’est-à-dire qu’il agit « de lui-même » en dépit de qui le confère (voir donatisme). Il est réputé faire le chrétien. Tout le monde peut baptiser « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ».
  2. La confirmation, par laquelle l'Église confirme que le baptisé assume personnellement son baptême. Elle le manifeste alors par l'onction que donne l’évêque. Le confirmé est reconnu dans sa maturité chrétienne, il est invité à assumer sa part de la mission de l'Église. L'évêque peut déléguer son pouvoir de confirmation à un prêtre.
  3. L’eucharistie ou communion : manger le corps et le sang de Jésus-Christ sous forme du pain (l’hostie) et du vin consacrés (transsubstantiés). Elle est considérée comme étant le plus important sacrement de l’Église.
  4. Le sacrement de pénitence et de réconciliation, ou confession des péchés à un prêtre qui peut conférer « l’absolution », c’est-à-dire la rémission des péchés.
  5. Le sacrement des malades, anciennement appelé « extrême-onction ».
  6. Le mariage, sacrement indissoluble depuis le XIIIe siècle (concile du Latran IV, 1215). L’annulation est toutefois possible dans certains cas exceptionnels, notamment la non-consommation du mariage. La séparation est autorisée ; mais les personnes séparées qui se remettent en couple sont considérés comme adultères si elles ne vivent pas « comme frère et sœur » c’est-à-dire dans l’abstinence.
  7. L'ordination des évêques, prêtres et diacres, ou sacrement de l’ordre.

Les trois premiers constituent les « sacrements de l’initiation chrétienne ». Le baptême et la confirmation ne peuvent être conférés qu’une seule fois à une même personne (le baptême des autres confessions chrétiennes étant reconnu valide par l'Église catholique romaine).

Les deux suivants constituent les « sacrements de guérison », et sont conférés aussi souvent que nécessaire.

Les deux derniers sont les « sacrements du service de la communion ».

Deux sacrements ne peuvent être conférés que par les évêques : la confirmation et l'ordination.

L’Église distingue également des sacramentaux, comme les bénédictions d’une maison, d’un rosaire, de catéchistes, les funérailles chrétiennes, le sacre des rois (qui n’est plus pratiqué par l’Église catholique romaine depuis 1825).

La messe

Article détaillé : Messe.

Dans le cas de la Sainte Messe, la liturgie se fait à la fois action de Dieu auprès des hommes et action de grâce des hommes auprès de Dieu. Le Missel est le livre utilisé par les prêtres. Ils y trouvent l'ordonnancement des prières publiques de l'Église en présence de fidèles. L'utilité de ces prières sont la gloire de Dieu, mais aussi l'édification des fidèles.

La messe est la réactualisation non sanglante du sacrifice du Christ. [1] La messe est désignée par plusieurs noms : « Eucharistie, Sainte Messe, Cène du Seigneur, Fraction du pain, Célébration eucharistique, Mémorial de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur, Saint Sacrifice, Sainte et Divine Liturgie, Saints Mystères, Saint-Sacrement de l’autel, Communion ». [2] Toute la vie du catholique gravite autour de cette célébration, « source et sommet de la vie chrétienne ». [3] Ceci est particulièrement vrai pour la messe dominicale qui a lieu le dimanche ou le samedi soir. Il est demandé aux catholiques d’y participer chaque dimanche (l’obligation dominicale).

Le rituel d’une messe catholique n'est pas le même pour tous les diocèses de l'Église catholique, mais la signification de cette messe est identique quel que soit le rite suivi. On dénombre dans le monde une vingtaine de rites liturgiques différents, dont plusieurs peuvent coexister dans un même diocèse ou dans une même église (par exemple au Liban).

Dans l'Église catholique romaine de rite latin, jusqu’au Concile de Vatican II, la messe était dans la quasi totalité des paroisses célébrée en latin selon le rite dit de saint Pie V (messe tridentine). Depuis 2007, avec le motu proprio Summorum Pontificum, le pape définit qu'il n'existe qu'un seul rite romain, dont deux formes peuvent légitimement être employées au sein de l'Église : la « forme ordinaire » (forme canonique)[réf. souhaitée] (qui est à présent le missel publié en 2002 par le pape Jean-Paul II, troisième édition typique du missel romain rénové par Paul VI), et une « forme extraordinaire »[4], la sixième édition typique (publié en 1962 par le pape Jean XXIII) du missel initialement réformé en 1570, dont le motu proprio définit les conditions d'utilisation légitime. Ces formes sont les « deux mises en œuvre de l'unique rite romain ». La messe est majoritairement célébrée selon la « forme ordinaire de la messe », soit en latin soit en langue vernaculaire, (voir ordo novus), mais l'usage de la « forme extraordinaire » (rite tridentin) se redéveloppe grâce à plusieurs Instituts ou Fraternités avec la volonté du pape. Ainsi, la Fraternité Saint Pierre, principale société de prêtres ayant la possibilité de célébrer selon la forme traditionnelle, a été fondée sous Jean-Paul II en 1988 et est rattachée directement au pape : elle est de droit pontifical. Le pape Benoît XVI a quant à lui libéralisé l'usage de la forme extraordinaire du rite romain par le Motu Proprio Summorum Pontificum.

En fonction de leurs théologies et spiritualités, certaines Églises locales aux rites anciens ont pu conserver leurs rites propres lors des réformes du XVIe siècle (rite ambrosien à Milan), de même que les Églises orientales (rites byzantin, copte, syriaque, arménien, maronite, etc.) et certaines congrégations religieuses. Il existe également des aménagements liés aux circonstances, par exemple s'il s'agit d'une messe dominicale, d'une messe de mariage ou d'une messe d'enterrement. Ces aménagements sont codifiés.

Dans le rite latin, la messe comporte deux parties principales : la liturgie de la Parole et la liturgie de l'Eucharistie. Une messe selon le rite de Paul VI dure environ 3/4 d'heure, temps variable qui dépend de l'ampleur donnée à la liturgie, aux chants et à l'homélie. Une messe selon le rite de Saint-Pie V dure environ 1 heure (messe récitée) et peut atteindre 1 heure 30 (messe chantée).

Selon les époques, le fidèle a été amené à communier (recevoir l’Eucharistie) plus ou moins fréquemment. Depuis le concile du Latran IV, il est obligatoire de communier au moins une fois lors de la fête de Pâques, et pas plus d'une fois par jour. La règle générale est que la communion se reçoit à genoux sur la langue.[5] Par dérogation (plus précisément par indult), elle peut actuellement être reçue debout (dans la main).[6] Le principe de la règle générale est que par respect de la présence réelle, le fidèle doit éviter de toucher les Saintes Espèces (hosties).[7]

Les célébrations liturgiques autres que les messes

  • les assemblées et veillées de prière, les plus importantes étant celles de Noël et la vigile pascale;
  • le chemin de croix, effectué le Vendredi Saint, qui rappelle les souffrances du Christ au cours de sa Passion;
  • la Messe des présanctifiés, l’office de l’après-midi du Vendredi Saint qui n'est, en fait, pas une messe;
  • les rogations : prières collectives pour les récoltes partout où la ruralité est importante;
  • le jubilé et son octroi d'indulgences spéciales.

L'Office Divin

Article détaillé : L’Office divin.

L'Office Divin (ou Liturgie des Heures) est une louange rendue à Dieu seul par la prière commune de l’Église catholique. Sa seule "utilité" est la gloire de Dieu. C'est un dialogue d'amour entre Dieu et son peuple, en utilisant les mots de Dieu contenus dans l'Ecriture Sainte. Le contenu des offices, récités ou chantés seul ou en communauté est commun à l’Église. Depuis la réforme liturgique de Vatican II, les offices, réparti en plusieurs Heures tout au long de la journée, sont :

  • Matine ou Vigile ou Lectures pendant la nuit
  • Prime (uniquement dans la forme extraordinaire)
  • Laudes, l’office du matin (heure majeure)
  • Tierce
  • Sexte, l’office du milieu du jour (rassemblant maintenant les ex-tierce, sexte et none)
  • None
  • Vêpres, l’office du soir (heure majeure)
  • Complies
  • l’office des lectures (ou lectio divina)

Les offices du matin et du soir sont qualifiés d’heures majeures, et sont plus longs que les autres. Sur une période de quatre semaines, l’ensemble des psaumes est chanté.

Le bréviaire est le livre utilisé dans l'Église catholique pour célébrer l'Office. Saint Benoit de Nursie, fondateur des bénédictins met en forme cette prière publique selon les huit heures canoniales (une la nuit et sept le jour) pour les moines en s'inspirant de la Liturgie Romaine. Certains ordres ou congrégations ont une liturgie des heures propre.

les dévotions catholiques

Article détaillé : Dévotions catholiques.

Les dévotions catholiques sont des types de prières (telles que celle dédiée, par exemple, au Précieux Sang) qui n'ont pas été élaborées officiellement par l'Église mais qui sont issues de pratiques spirituelles développées par des particuliers (ou groupe de particuliers). Cependant, nombre d'entre elles sont officiellement approuvées par l'Église Catholique car très utile à la sanctification spirituelle (bien qu'elles ne suffisent pas à elles seules pour le Salut).

Les liturgies catholiques

La notion de liturgie est parfois confondue avec

Le rit

Celle de « rit », désignant les différentes manières de célébrer publiquement les mystères de la religion en tant qu'elles se différencient selon des critères ecclésiologiques, géographiques, culturels ou linguistiques, selon une tradition pluri-séculaire. De nos jours, on emploie équivalemment le terme « rite ». Pour chacune de ces familles (liste incomplète), voir liens suivants :

Familles liturgiques occidentales

Rites encore en vigueur
Rites anciens dont quelques traces subsistent parfois

Familles liturgiques orientales

Le rite ou rituel

celle de « rite », désignant les diverses cérémonies du culte, propres ou communes à chacune de ces familles liturgiques ; par exemple :

Annexes

Notes et références

  1. « Le sacrifice de la croix et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice. La victime et celui qui l’offre sont identiques. Seule la manière de l’offrir diffère. Le sacrifice est sanglant sur la croix, non sanglant dans l’Eucharistie », in Compendium du catéchisme de l'Église catholique, 2005, question n°280.
  2. Compendium du catéchisme de l'Église catholique, 2005, question n°275.
  3. « En participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie chrétienne, ils offrent à Dieu la divine Victime et eux-mêmes avec elle », Constitution Lumen Gentium n°11, Vatican II.
  4. C'est à dire : dérogatoire. En droit canonique, le terme « extraordinaire » signifie qu'il y a un écart par rapport à la situation normale. Ainsi, en droit, l'évêque est le « ministre ordinaire » du sacrement de confirmation ; ce sacrement peut être cependant administré par un prêtre, qui est alors « ministre extraordinaire » du même sacrement.
  5. « Compte tenu de la situation actuelle de l'Église dans le monde entier, cette façon de distribuer la sainte communion (sur la langue) doit être conservée... » Instruction Memoriale Domini du 29 mai 1969.
  6. « Mais là où s'est déjà introduit un usage différent - celui de déposer la Sainte Communion dans la main - le Saint-Siège (...) confie à ces mêmes Conférences la charge et le devoir de peser avec soin les circonstances particulières qui pourraient exister, à condition cependant d'écarter tout risque de manque de respect ou d'opinions fausses qui pourraient s'insinuer dans les esprits au sujet de la Très Sainte Eucharistie, et d'éviter soigneusement tous autres inconvénients. » Instruction Memoriale Domini du 29 mai 1969.
  7. « Toucher les saintes espèces, les distribuer de ses mains, est un privilège des personnes ordonnées. » Lettre Dominicae Cenae du Pape Jean-Paul II, 24 février 1980. http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/letters/documents/hf_jp-ii_let_24021980_dominicae-cenae_fr.html

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