Maurice Schumann

Maurice Schumann
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Maurice Schumann
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Parlementaire français
Date de naissance 10 avril 1911
Date de décès 9 février 1998 (à 86 ans)
Mandat Député 1945-1973
Sénateur 1974-1998
Circonscription Nord
Groupe parlementaire MRP (1945-1958)
RPCD (1958-1962)
CD (1962-1967)
UDVe (1967-1968)
UDR (1968-1978)
RPR (1978-1998)
Quatrième République-Cinquième République

Maurice Schumann, né le 10 avril 1911 à Paris et mort le 9 février 1998 dans sa ville natale (enterré à Asnelles, en Normandie, près de la plage où il débarqua en 1944[1]), est un homme politique, journaliste et écrivain français.

Sommaire

Jeunesse

Fils d'un industriel du textile d'origine juive alsacienne, Maurice Schumann étudie aux lycées Janson-de-Sailly et Henri-IV, puis à la faculté des lettres de Paris. Licencié en philosophie, il entre dans le journalisme à l'Agence Havas dès la fin de ses études (1935-1939), ses articles étant publiés dans Grand Reportage, où il occupe la fonction de chef-adjoint, et dans Sept, Temps présent, La Vie intellectuelle, l’Aube, Réalités et entreprise où il est éditorialiste de politique étrangère[2].

Avant la guerre, il est membre de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO)[1].

Honneur et Patrie, l'émission de la France libre sur Radio Londres

Engagé volontaire en 1939 en tant qu'Interprète militaire auprès du Corps expéditionnaire britannique, il s'embarque à Saint-Jean-de-Luz pour l'Angleterre le 21 juin 1940 à bord du navire polonais M/S Batory[3] et rejoint le général de Gaulle. Il devient le porte-parole de la France libre. On entend sa voix familière dans l'émission Honneur et Patrie sur les ondes de Radio Londres. Il y intervient plus de 1000 fois entre le 17 juillet 1940 et le 30 mai 1944[4].

Il quitte Londres en 1944 pour prendre part à la bataille de France, d’abord avec l’armée britannique, puis avec la 2e D.B. sous les ordres du général Pierre Billotte. Il débarque en Normandie avec la mission d'assurer la liaison avec les Forces françaises de l'intérieur et participe ensuite activement à la libération de Paris[4].

La général de Gaulle dit de lui : « Il fut l'un des premiers, l'un des meilleurs, l'un des plus efficaces. »

En 1946, le colonel Passy ternit cette image en accusant Schumann de ne pas avoir osé sauter en parachute. Ce dernier, ulcéré, demanda au général de Gaulle de lui donner « un signe de sympathie ». De Gaulle lui répondit dans une lettre dont Le Canard enchaîné connut le texte et qu'il publia le 6 novembre 1946 :

  • « Vous attribuez trop d'importance à l'affaire. On a vu des gens très braves au feu qui reculaient au moment de sauter en parachute. Vous avez eu tort de vous mettre en avant pour cette mission de Bretagne, car, pendant quatre ans, vous n'avez pas bougé. »
  • « Quant à la lettre de Passy, voici ma façon de penser : Il vous a outragé, mais il faut reconnaître que sa fureur est explicable. Il a répondu par l'outrage à l'infamie. L'infamie c'est le fait de lui avoir refusé un jugement[5]. Infamie à laquelle votre parti a contribué activement ou passivement car le président du Conseil, le ministre des Armées et le ministre de la Justice sont tous les trois MRP jusqu'à preuve du contraire. Voilà ce qui arrive dans un régime où la justice elle-même est politique. Je souhaite qu'on mette fin à cette affaire pour l'honneur de tous ceux de la Résistance. »

On attribue à de Gaulle la réaction suivante à la nouvelle de la conversion du judaïsme au catholicisme, en 1942, de Maurice Schumann : « Cela fera un chrétien de plus, cela ne fera pas un juif de moins »[6].

Carrière politique

Entre démocratie-chrétienne et gaullisme

Dès la guerre terminée, il reprend ses activités de journaliste et est directeur politique du quotidien L'Aube jusqu'en 1951[4].

Membre fondateur en 1944 du Mouvement républicain populaire (MRP), un parti politique démocrate-chrétien, il siège à l'Assemblée consultative provisoire. Il est président du groupe parlementaire du MRP, puis président du parti de 1945 à 1949 et enfin président d'honneur dès 1949. Il est élu député en 1945, puis sera réélu jusqu'aux élections de 1973, d'abord sous l'étiquette MRP, puis UDR après la dissolution du MRP en 1967. Il a été de 1957 à 1967, président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale[4].

Battu aux élections de 1973, il devient sénateur UDR et RPR du Nord en septembre 1974, puis vice-président du Sénat de 1977 à 1983. Il est réélu sénateur en 1983 et en 1992, et occupe également la fonction de président de la Commission des Affaires culturelles du Sénat de 1986 à 1995[4]. Il siège jusqu'à sa mort dans la Haute Assemblée.

Il échoua dans la conquête de la mairie de Lille en 1977 contre Pierre Mauroy.

Ministre de la IVe et de la Ve République

Il a occupé plusieurs fonctions ministérielles : secrétaire d’État aux Affaires étrangères dans les cabinets Pleven, Faure, Pinay, Mayer et Laniel de 1951 à 1954. Avec la Ve République, il devient ministre de l’Aménagement du territoire de Georges Pompidou en avril 1962 mais il quitte le gouvernement dès le mois suivant, après la conférence de presse du général de Gaulle sur l’Europe, avec les autres ministres MRP, demeurant toutefois dans la majorité. Il est ensuite ministre d’État chargé de la Recherche scientifique et des questions atomiques de Georges Pompidou (1967-1968), ministre d’État chargé des Affaires sociales de Maurice Couve de Murville (1968-1969), où il était fier d'avoir été le seul ministre chargé de la famille de son époque à ne pas avoir fait baisser les allocations familiales[réf. souhaitée].

Ministre des Affaires étrangères de Pompidou

Le poste de ministre des Affaires étrangères est le dernier de sa carrière gouvernementale. Il est chef de la diplomatie française de 1969 à 1973 dans les gouvernements de Jacques Chaban-Delmas et de Pierre Messmer. Chaban-Delmas lui annonce en ces termes sa nomination : « Il nous faut à la fois assurer la continuité du gaullisme et donner un nouveau départ à l'Europe. Tu es notre homme. » Pendant son passage au Quai d'Orsay, le Royaume-Uni entre dans la Communauté économique européenne (Europe des Neuf). Il se rend en Chine et Mao lui dit : « Vous direz aux maoïstes français qu'ils veuillent bien me lire avant de m'invoquer ! » Aux côtés de Pompidou, il assiste au lancement d'une fusée à Baïkonour. Il renoue aussi avec l'Algérie lors d'une visite au président Boumédiène. Auprès du président américain Nixon, il plaide pour une Europe européenne.[réf. souhaitée]

Il quitte le Quai d'Orsay après son échec aux élections législatives de 1973.

Maurice Schumann, « le plus européen des gaullistes et le plus gaulliste des Européens », s'oppose au traité de Maastricht en 1992, puis fonde l'Alliance pour la souveraineté de la France.[réf. souhaitée]

Vie culturelle

Maurice Schumann est élu à l’Académie française le 7 mars 1974 après la mort de Wladimir d'Ormesson[2]. Il sera également professeur associé à la Faculté Libre des Lettres et Sciences humaines de Lille, président de l'Association des écrivains catholiques et président du Collège des conservateurs du domaine de Chantilly[1].

Il était aussi passionné de bridge ; Omar Sharif raconte dans son livre le tournoi qu'ils avaient joué ensemble.

Récapitulatif de ses mandats

Fonctions gouvernementales

Autres fonctions et mandats

Précédé par Maurice Schumann Suivi par
premier président
Président du MRP
1944 - 1949
Georges Bidault

Œuvres

  • Les Problèmes ukrainiens et la paix européenne, Jouve et Cie, 1939
  • Paris d'hier et aujourd'hui, Distribution Hachette, 1942
  • Honneur et patrie, Éditions du livre français, 1946
  • Le Vrai malaise des intellectuels, Plon, 1957
  • Le rendez-vous avec quelqu'un, Julliard, 1962
  • La voix du couvre-feu: cent allocutions de celui qui fut le porte-parole du Général de Gaulle, 1940-1944, Plon, 1964
  • La France et ses alliés: où en sommes-nous?, Imprimerie moderne de la presse, 1966
  • Les Flots roulant au loin, Julliard, 1973
  • La Mort née de leur propre vie: Péguy, Simone Weil, Gandhi, Fayard, 1974
  • La Communication, Julliard, 1974
  • Angoisse et certitude: de la mort, de la vie, de la liberté, Flammarion, 1978 (Grand Prix catholique de littérature)
  • Un certain 18 juin, Plon, 1980
  • Le concerto en ut majeur: roman, Plon, 1982
  • Recueil général des traités de la France: 1919-1928, La Documentation française, 1984
  • Une grande imprudence, Flammarion, 1986
  • La victoire et la nuit: récits, Julliard, 1989
  • Chantilly, domaine princier, F. Bibal, 1989
  • Meurtre en ut majeur: roman, Bourin, 1993
  • Bergson ou le retour de Dieu, Flammarion, 1995
Sous le pseudonyme d'André Sidobre 
  • Le germanisme en marche, Cerf, 1938
  • Benito Mussolini, Cerf, 1939

Décorations[2]

Bibliographie

Livres

Articles

  • Schumann et Asnelles : la belle histoire, article d'Arnaud Wajdzik publié dans Ouest-France le 11 février 1998

Notes et références

  1. a, b, c et d Association Maurice Schumann, « Biographie sur le site de l'Association Maurice Schumann », Site officiel de l'Association Maurice Schumann. Consulté le 16 août 2009
  2. a, b et c Académie française, « Biographie sur le site de l'Académie française », Site officiel de l'Académie française. Consulté le 16 août 2009
  3. Témoignage enregistré, recueilli par Henri Musielak le 17 avril 1992 auprès de Maurice Schumann
  4. a, b, c, d, e et f Site officiel de l'Ordre de la Libération, « Biographie sur le site de l'Ordre de la Libération », Site officiel de l'Ordre de la Libération, 2008. Consulté le 16 août 2009
  5. Passy fut après-guerre accusé à tort de détournement de fonds au profit du mouvement gaulliste. Il fit de la prison préventive avant que les poursuites ne soient abandonnées
  6. Josy Eisenberg dans Le Figaro des 8 et 9 septembre 2007

Lien externe

Précédé par Maurice Schumann Suivi par
Michel Debré
Ministre français des Affaires étrangères
1969-1973
André Bettencourt


Précédé par
Wladimir d'Ormesson
Fauteuil 13 de l’Académie française
1974-1998
Suivi par
Pierre Messmer

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