Anti-dépresseurs

Anti-dépresseurs

Antidépresseur

Les antidépresseurs sont des substances chimiques qui corrigent et relèvent l'humeur dépressive. Ces thymo-analeptiques sont des stimulants psychiques ou psycho-analeptiques qui ont une action sur les fonctions thymiques. [1][2] Tous les antidépresseurs ont une activité sur les neuro-transmetteurs monoaminergiques, mais ils n'interfèrent pas sur les mono-amines de la même manière. [2]

Un antidépresseur est un médicament principalement prescrit dans le traitement de certaines dépressions et de certains troubles anxieux et dont les effets apparaissent après deux ou trois semaines. Il existe différentes classes d'antidépresseurs à l'efficacité équivalente. Toutefois cette efficacité n'est démontrée et affirmée que par des études commanditées par des laboratoires producteurs de ces drogues[3].

Sommaire

Mécanismes d'action

Le mécanisme d'action des antidépresseurs est généralement lié à un effet sur les neurotransmetteurs (en particulier la sérotonine et la noradrénaline).

Classes d'antidépresseurs

En fonction de leur structure et de leur mécanisme d'action, les antidépresseurs sont souvent classés en trois groupes. Les substances du premier groupe ont une structure tricyclique (ATC), celles du deuxième groupe pas toujours et celles du troisième groupe n'en ont pas. A quelques exceptions près, les substances du premier et du deuxième groupe inhibent de façon variable la recapture tant de la noradrénaline (norépinéphrine) que de la sérotonine. La réboxétine n'inhibe toutefois que la recapture de la noradrénaline. Les substances du troisième groupe sont les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Pour certains médicaments, l'effet pourait être dû partiellement à d'autres mécanismes que l'inhibition de la recapture de ces amines.

On peut aussi les classer de la façon suivante :

Des données indiquent que le millepertuis (Hypericum perforatum) est efficace comme antidépresseur chez les patients atteints de dépression légère à modérée, mais pas dans la dépression sévère. Des questions subsistent toutefois concernant son innocuité à long terme et la dose optimale. Le mécanisme d'action qui a été suggéré est une inhibition de la recapture de la sérotonine.

En cas de surdosage, les ATC sont plus toxiques que les ISRS.
Les ATC et substances apparentées, et les ISRS ne peuvent être pris dans les 2 semaines qui suivent l'arrêt des IMAO.

Efficacité

Tous les antidépresseurs classiques présenteraient la même efficacité [4][5] Néanmoins, cette dernière est régulièrement remise en cause. Ainsi, de nombreuses études négatives (c'est-à-dire ne prouvant pas l'efficacité de ces médicaments) ne sont pas publiées, ce qui fausserait leur évaluation[6].

Parmi les antidépresseurs qualifiés de « seconde génération », la mirtazapine, l'escitalopram, la venlafaxine et la sertraline seraient un peu plus efficace, les mieux tolérés étant l'Escitalopram et la sertraline[7].

Les traitements antidépresseurs ne présenteraient que de faibles améliorations par rapport au placebo, la différence d'efficacité entre les antidépresseurs et le placebo augmentant avec le degré de sévérité de la dépression, mais cette différence restant faible, même pour les dépressions sévères. [8] La décision de traiter un patient dépressif en première ligne ne signifie pas qu'un antidépresseur doive être prescrit systématiquement. Une prise en charge non médicamenteuse (psychothérapie) est à préférer certainement dans les dépressions mineures[9].

Leur efficacité n'intervient que sous 2-3-4 semaines de traitement, ce phénomène physiologique est connu sous le nom de downregulation.

Plusieurs personnalités de la psychiatrie française ont souligné la collusion entre l'industrie pharmaceutique et les prescripteurs dans le domaine du traitement de la dépression[10][11].

La dépendance aux antidépresseurs

Tous les antidépresseurs provoquent de la dépendance, cependant certaines personnes n'y sont pas sujettes. Le professeur Zarifian s'étonnait "que le risque de dépendance vis-à-vis des antidépresseurs ne figure pas en France sur les boîtes de médicament, alors que c'est le cas en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis". http://www.drogues.gouv.fr/article3868.html

Effets secondaires

Les effets secondaires induits par les antidépresseurs varient selon les individus. Ces variations seraient plus importantes d'un individu à l'autre que d'une molécule à l'autre.[4]

Les antidépresseurs peuvent avoir des effets secondaires[12] et c'est la principale cause d'interruption du traitement par le patient.[réf. nécessaire] De plus, il arrive que certains patients ne répondent pas aux antidépresseurs.

Les dysfonctionnements sexuels (anorgasmie, baisse de la libido, etc.) font partie des effets secondaires les plus souvent constatés. Cette question doit être prise en compte lors d'une indication dans la mesure où ce qui s'améliore d'un côté, l'humeur du patient, peut être contrebalancé par quelque chose qui empire, la vie sexuelle avec ses répercussions sur la vie de couple. Comme dans toute indication médicale, la balance "bénéfices attendus et inconvénients" doit être sérieusement envisagée et discutée avec le patient. Un dysfonctionnement sexuel peut être la conséquence de l'utilisation d'un ISRS [13]. Ce dysfonctionnement peut être permanent[réf. nécessaire] (en anglais : Post SSRI Sexual Dysfunction (PSSD)) [14].

L'akathisie est un des effets secondaires des antidépresseurs, il est qualifié d'effet indésirable le plus meurtrier des antidépresseurs[réf. nécessaire](http://akathisie.spaces.live.com/). Il peut en effet entrainer des pulsions meurtrières et/ou suicidaires.

Le syndrome sérotoninergique est une complication potentiellement mortelle liée à des médicaments antidépresseurs inhibiteurs de la recapture sélective de sérotonine, IMAO, tricycliques ... D'après certains auteurs, les cas de syndrome sérotoninergique sont largement sous estimés.

Effets indésirables avec les premier et deuxième groupes

  • Premier groupe : hypotension orthostatique et troubles de la conduction cardiaque (effet de type quinidine), surtout chez les personnes âgées, en cas de pathologie cardio-vasculaire préexistante et à doses élevées. En cas de surdosage, des troubles du rythme à issue éventuellement fatale peuvent survenir.
  • Premier groupe et certaines substances du deuxième groupe : effets anticholinergiques (sécheresse de la bouche, troubles mictionnels, troubles de l'accomodation ...). Cela peut occasionner des problèmes chez les patients atteints d'une hypertrophie de la prostate ou d'un glaucome à angle fermé, ou en cas de traitement concomitant par d'autres médicaments à action anticholinergique.
  • Avec l'amitriptyline, la doxépine, la maprotiline, la miansérine, la mirtazapine et la trazodone : sédation. Cette propriété sédative est intéressante en cas d'anxiété associée à la dépression; la prise principale ou unique journalière se fera de préférence le soir. D'autres antidépresseurs sont peu ou pas sédatifs, ou même légèrement stimulants (désipramine, nortriptyline); ils sont parfois responsables d'anxiété, d'agitation et d'insomnie.
  • Avec la trazodone : risque de priapisme.
  • Surtout avec la miansérine (peut être aussi avec la mirtazapine apparentée) : risque d'agranulocytose.

Effets indésirables avec les ISRS

  • Effets gastro-intestinaux fréquents (nausées, diarrhée ...).
  • Effets indésirables centraux fréquents (céphalées, vertiges, agitation, insomnie ...).
  • Syndrome sérotoninergique chez les patients traités avec des doses élevées d'ISRS, surtout en association avec d'autres médicaments sérotoninergiques. Ce syndrome se caractérise entre autres par une hyperthermie, de l'agitation, des myoclonies et, plus rarement, des convulsions, une arythmie ventriculaire avec parfois une évolution fatale.
  • Manifestations extrapyramidales.
  • Hémorragies, p. ex. au niveau du système gastro-intestinal, de la peau et des muqueuses.
  • Hyponatrémie surtout chez les personnes âgées.

Précautions particulières

  • Chez les enfants et les adolescents, une efficacité n'a été suffisamment démontrée pour aucun antidépresseur. De plus, des études avec certains antidépresseurs dans cette tranche d'âge montre un risque accru des tendances suicidaires et l'automutilation, et selon certains, un tel risque ne peut être exclu pour aucun antidépresseur. Il convient d'y être attentif, surtout lors de l'instauration du traitement.
  • Lorsque l'on désire passer d'un ISRS à un autre antidépresseur, surtout lorsqu'il s'agit d'un IMAO, la longue demi-vie de certains ISRS peut poser des problèmes; ceci est surtout important pour la fluoxétine dont le métabolite actif (la norfluoxétine) à une demi-vie de plus de 7 jours. C'est pourquoi, un intervalle sans médicament de 1 à 2 semaines (5 semaines pour la fluoxétine) devrait être respecté.
  • En cas d'utilisation de miansérine ou de mirtazapine, l'apparition de fièvre, mal de gorge, etc. doit faire envisager la possibilité d'une agranulocytose.

Posologie

  • La posologie doit être déterminée individuellement, entre autres parce que la vitesse de métabolisation diffère clairement d'une personne à l'autre. Il est recommandé de commencer par une dose faible et de l'augmenter progressivement si nécessaire.
  • En ce qui concerne la meilleure façon d'administrer la dose journalière, en une prise le soir ou en plusieurs prises journalières, il n'existe pratiquement pas de données. L'administration le soir est souvent préférée pour éviter un effet sédatif gênant pendant la journée.
  • L'arrêt du traitement doit être progressif étant donné que des symptômes de sevrage sont décrits pour certains médicaments.
  • Après disparition des symptômes dépressifs, le traitement est poursuivi après un premier épisode pendant au moins 6 mois. En cas de dépression grave et récidivante, il est parfois nécessaire de prescrire un traitement d'entretien de plusieurs années.
  • L'effet thérapeutique n'apparaît pas plus rapidement en cas d'administration parentérale.

Le syndrôme de sevrage aux antidépresseurs

Comme l'akathisie le syndrôme de sevrage peut entrainer des pulsions meurtrières et des suicides[15]. Les suicides étant cette fois entraînés. Le nombre de personnes sujettes a un syndrôme de sevrage varie selon les molécules de 50 % à 78% environ. Certains laboratoires ont été condamnés pour avoir caché cette dépendance (deroxat / seroxat / paxil par exemple). Le syndrôme prolongé de sevrage aux antidépresseurs (pouvant durer des mois ou des années) n'est pas encore reconnu en France.

Antidépresseur et acte suicidaire

Les études établissant un lien entre le risque suicidaire et la consommation d'antidépresseur sont nombreuses. Alors que certaines études indiqueraient une réduction du taux de suicide lié à un diagnostic et une prise en charge de la dépression, d'autres tendent à montrer une augmentation significative mais faible du risque de passage à l'acte suicidaire essentiellement chez l'adulte jeune[16] et des présomptions de risques augmentés chez les enfants et les adolescents[17]. Ce risque de passage à l'acte suicidaire est surtout présent en début de traitement, principalement dans la période de latence, entre le début du traitement et le début des effets sur l'humeur du patient, ce qui a motivé une note d'avertissement de la FDA américaine en 2004[18]. Ces faits restent controversés : le nombre de suicide ne semble pas, en particulier, corrélé avec le nombre de prescriptions d'antidépresseurs[19]. De plus, la plupart des études excluent les dépressifs graves, avec un risque suicidaire maximal et pour lesquels le traitement anti dépresseur aurait une efficacité maximale sur le taux de suicides, la mise de ces derniers sous placebo posant des problèmes d'éthique[20].

Justice et antidépresseurs

De nombreux procès ont eu lieu dans le monde contre les laboratoires pharmaceutiques et les médecins prescripteurs, concernant les antidépresseurs et leur prescription. [21]

L'observance des antidépresseurs

Les taux d'interruption d'un traitement antidépresseur sont particulièrement élevés. Ainsi, entre 28% et 68% des patients consommant des antidépresseurs interrompent leur traitement durant le premier mois et entre 44% et 50% durant les trois premiers mois. [4][22]

Par ailleurs, de nombreux cas d'abandon ont été observés durant les essais thérapeutiques sans que les experts n'expliquent pourquoi, les patients aient interrompu les essais. [23][24]

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Notes & Références

  1. Koupernik, C., H. Lôo, and E. Zarifian, Précis de psychiatrie. Flammarion médecine-sciences ed. 1982.
  2. a  et b Lôo, P. and H. Lôo, La dépression. PUF ed, ed. Q. sais-je? 1991. 127.
  3. Cf. Guy Hugnet, Antidépresseurs, la grande intoxication : ce que 5 millions de patients ne savent pas encore, Le cherche midi, 2004, 207 pages (ISBN 2-74910-239-1).
  4. a , b  et c Simon, G.E., Evidence review: efficacy and effectiveness of antidepressant treatment in primary care. General Hospital Psychiatry, 2002. 24(4): p. 213-224.
  5. Zarifian, Mission générale concernant la prescription et l'utilisation des médicaments psychotropes en France. 1996. p. 274.
  6. Turner EH, Matthews AM, Linardatos E, Tell RA, Rosenthal R, Selective publication of antidepressant trials and its influence on apparent efficacy, N Engl J Med, 2008;358:252-60
  7. Cipriani A, Furukawa TA, Salanti G et als. Comparative efficacy and acceptability of 12 new-generation antidepressants: a multiple-treatments meta-analysis, Lancet, 2009;373:746-758
  8. Kirsch I, Deacon BJ, Huedo-Medina TB, Scoboria A, Moore TJ et als. Initial Severity and Antidepressant Benefits: A Meta-Analysis of Data Submitted to the Food and Drug Administration, PLoS Med 2008;5(2):e45 doi:10.1371/journal.pmed.0050045
  9. Centre belge d'information pharmacothérapeutique : répertoire commenté des médicaments 2008 p. 197
  10. Rouillon F, Les antidépresseurs sont ils efficaces ?
  11. Olivier V, 3 questions à... Jean-Pierre Olié, L'express, 21/06/2004
  12. antidépresseurs
  13. Burden of phase-specific sexual dysfunction with S...[J Affect Disord. 2006] - PubMed Result
  14. antidepresseur
  15. SSRI Stories, antidepressant Nightmares
  16. Stone MB, Laughren T, Jones ML, Levenson M, Holland PC, Hughes A et als. Risk of suicidality in clinical trials of antidepressants in adults: analysis of proprietary data submitted to US Food and Drug Administration, BMJ, 2009;339:b2880
  17. Hammad T, Laughren T, Racoosin J, Suicidality in pediatric patients treated with antidepressant drugs, Arch Gen Psychiatry, 2006;63:332-9
  18. US Food and Drug Administration, Center for Drug Evaluation and Research: FDA public health advisory: worsening depression and suicidality in patients being treated with antidepressant medications, 2004
  19. Wheeler BW, Gunnell D, Metcalfe C, Stephens P, Martin RM, The population impact on incidence of suicide and non-fatal self harm of regulatory action against the use of selective serotonin reuptake inhibitors in under 18s in the United Kingdom: ecological study, BMJ, 2008;336:542-545
  20. Geddes JR, Barbui C, Cipriani A, Risk of suicidal behaviour in adults taking antidepressants, BMJ, 2009;339:b3066
  21. Quelques procès en cours ou passés concernant les antidépresseurs
  22. Boyer P., D.R., Even C., Gaillac V., Gérard A., Lecrubier Y., Le Pen C., Weiller E., Dépression et santé publique, Données et réflexion. Programme de recherche et d'information sur la dépression, ed. Masson. 1999, Paris.
  23. Healy, D., Le temps des antidépresseurs. Les empêcheurs de tourner en rond ed. 2002.
  24. Guy Hugnet, Antidépresseurs, la grande intoxication : ce que 5 millions de patients ne savent pas encore, Le cherche midi, 2004, 207 pages (ISBN 2-74910-239-1).

Bibliographie

  • U.S. Food and Drug Administration "GlaxoSmithKline Letter. juin 2006 : lien [1]
  • guide critique des médicament de l'ame par le professeur david Cohen lien [2]
  • professeur david Healy. Le Temps des antidépresseurs. Éditeur : Les Empêcheurs de Penser en Rond, 2002.
  • professeur david Healy. The Creation of Psychopharmacology. Éditeur : Harvard University Press; Édition : New Ed (3 septembre 2004).
  • Roberto Delle Chiaie, Paolo Pancheri and Pierluigi Scapicchio. (2002). Efficacy and tolerability of oral and intramuscular S-adenosyl- L-methionine 1,4-butanedisulfonate (SAMe) in the treatment of major depression: comparison with imipramine in 2 multicenter studies. Am J Clin Nutr, 76 (5): 1172S-1176S
  • Pelissolo A. Bien se soigner avec les médicaments psy. Odile Jacob (2005).
  • Mischoulon D, Fava M. (2002). Role of S-adenosyl-L-methionine in the treatment of depression: a review of the evidence. Am J Clin Nutr, 76 (5): 1158S-61S.
  • Hypericum Depression Trial Study Group (2002). Effect of Hypericum perforatum (St John's Wort) in Major Depressive Disorder: A Randomized Controlled Clinical Trial. JAMA, 287 (14):1807-1814.
  • (fr) Guy Hugnet, Antidépresseurs, la grande intoxication : ce que 5 millions de patients ne savent pas encore, Le cherche midi, 2004, 207 pages (ISBN 2-74910-239-1).
  • (fr) Philippe Pignarre, Comment la dépression est devenue une épidémie, Éditions la découverte, 2001, 149 pages, (ISBN 2-7071-3517-8).
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