Philippe Nemo

Philippe Nemo
Philippe Nemo
Philosophe occidental
Contemporain

Principaux intérêts Libéralisme, Friedrich Hayek, république, histoire des idées politiques, éducation
Idées remarquables Occident, Union occidentale
Influencé par Friedrich Hayek, Emmanuel Levinas, Michael Polanyi

Philippe Nemo (1949 - ) est professeur de philosophie politique et sociale, et historien des idées politiques français à l'ESCP Europe[1]. Ses domaines de recherches vont du libéralisme, notamment sur Friedrich Hayek dont il est le principal spécialiste français, de l'histoire des idées politiques, à l'idée d'Occident, à l'idée républicaine. Il a aussi publié des études sur le problème de l’éducation et de la pédagogie contemporaine.

Il collabore à de nombreuses revues, françaises ou étrangères, et a collaboré dans de nombreux ouvrages collectifs. Parmi les nombreux ouvrages qu'il a publiés, dont certains sont traduits en plusieurs langues, on peut citer : Job et l’excès du mal, La société de droit selon F. A. Hayek, Le Chaos pédagogique, Histoire des idées politiques dans l'Antiquité et au Moyen Âge, Histoire des idées politiques aux Temps modernes et contemporains, Qu'est-ce que l'Occident ?.

Sommaire

Carrière universitaire

Philosophe et essayiste français, Philippe Nemo est né en 1949.

Ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud et docteur d’État ès Lettres et Sciences humaines, il rejoint l'université de Tours (1978-1982) puis l'Institut Auguste Comte. Il devient également directeur du Centre de recherche en philosophie économique à l'ESCP Europe où il enseigne. Il est maître de conférences à HEC Paris. Il a collaboré à France Culture pour 300 heures d'émissions radiophoniques consacrées à l'histoire de la philosophie et des religions (incluant notamment la série des “L'Autre Scène, ou les Vivants et les dieux”). Il est membre du conseil scientifique de l'Institut Turgot.

Travaux

Avec Henri Lepage, il est l'un des principaux contributeurs qui a su diffuser la pensée de Friedrich Hayek dans le monde francophone en publiant La Société de droit selon F. A. Hayek.

Conjointement à ses travaux sur Hayek, il a poursuivi ses recherches sur l’éthique (en partant de l’œuvre d’Emmanuel Lévinas), la philosophie politique. Il s'est aussi consacré sur les problématiques liées à l'éducation (Pourquoi ont-ils tué Jules Ferry et Le Chaos pédagogique). Par ailleurs, il plaide en particulier pour une plus grande liberté d'éducation, grâce à la suppression de la carte scolaire ou à la mise en place du chèque éducation[2].

Il a travaillé depuis les années 1990 sur l'histoire des idées, en particulier sur l'histoire intellectuelle du libéralisme. Il a ainsi publié une histoire du libéralisme européen, fruit des travaux d'un séminaire à l'ESCP[3].

Il estime que le respect de la liberté individuelle et de l’état de droit constitue l’aboutissement politique de l’idée occidentale de progrès. Ses travaux plus récents analysent les relations étroites entre naissance du libéralisme et christianisme. Pour Nemo, le libéralisme occidental est le résultat de cinq phénomènes successifs (Cf. Qu'est-ce que l'Occident ?) : l'apparition de la Cité grecque ; l'émergence du Droit romain ; l'eschatologie biblique ; la révolution papale ; et la rule of law prônée par les auteurs libéraux.

En dehors de sa réflexion politique, il élabore actuellement une philosophie de la musique[4].

Qu'est-ce que l'Occident ?

Son essai Qu'est ce que l'Occident ? est un discours à la civilisation occidentale sur le modèle de Johann Gottlieb Fichte et de Julien Benda, pour y dresser une identité occidentale. L'auteur soutient que l'Occident est une culture et/ou une civilisation se distinguant d'autres cultures et/ou civilisations et se caractérisant par 5 événements clefs ou miracles[5] :

L’originalité de l'Occident serait d’avoir été modelé « par tous ces cinq et par aucun autre. »[8]

Comme Rémi Brague ou Dominique Urvoy, Philippe Nemo considère que le renouveau intellectuel de l’Europe des XIe-XIIIe siècles ne serait pas uniquement dû à une influence arabe et musulmane, mais plutôt par la simple « révolution papale ».

En conclusion, Nemo suggère une « Union occidentale » qui contiendrait, l’Europe occidentale, le Canada et les États-Unis.

Les Deux Républiques françaises

Dans son ouvrage portant sur l'idée républicaine, Philippe Nemo distingue deux républiques françaises issues de deux révolutions radicalement antagonistes[9],[10] :

  • La première est la Révolution démocratie-libérale de « 1789 ». Elle est inspirée des régimes parlementaires anglo-saxons. Elle a pour pivot la représentation nationale et les élections démocratiques.
  • La seconde est la Révolution jacobine totalitaire de 2 juin 1793. Elle est en rupture radicale avec les Lumières. Elle se forge surtout sous la menace des 200 canons de la Commune insurrectionnelle ce qui l’identifie à la Terreur[11].

Depuis la Révolution, ces deux républiques s’opposent et se disputent de la légitimité de l’appellation « républicain » ainsi que la légitimité de l’héritage de la Révolution. L'historiographie dominante considère que la république (de « 1793 ») aurait été notamment démocrate ; que la République serait née de « 1793 ; que « 1793 » aurait été laïque ; que « 1793 » aurait été dreyfusard ; que les adversaires de « 1793 » auraient été nazis ;

L'auteur propose alors de démystifier un par un ces mythes de la république de « 1793 » :

  • 1. « 1793 » aurait été démocrate : elle a refusé et réprimé avec violences (massacres du 10 août et les massacres de Septembre) les élections à l’encontre des tenants de l’opinion adverse, méprisé des droits et des libertés individuelles, à la place des individus, au nom du collectivisme, etc.
  • 2. La République serait née de « 1793 » : les institutions républicaines (IIIe République) ont été véritablement mises en place par les orléanistes entre 1870 et 1879 ;
  • 3. « 1793 » aurait été laïque : elle a instauré une « religion de Gauche » : un athéisme, un laïcisme (Edgar Quinet voulait détruire toutes les églises) et un matérialisme fonctionnant sociologiquement comme à une religion et qui a été confisquée par la gauche, par l'intermédiaire de l’Education nationale dirigée par les syndicats et les francs-maçons[12] ;
  • 4. « 1793 » aurait été dreyfusard : elle a pourtant apporté même de nombreux soutiens à l’antidreyfusisme. Prenant appuis sur Léon Blum, l'auteur rappelle que ce sont chez les Républicains modérés, les Orléanistes et les libéraux que Dreyfus trouva ses soutiens ;
  • 5. Les adversaires de « 1793 » auraient été nazis : l'auteur rappelle que le régime de Vichy a été instauré par un vote de la chambre du Front populaire à majorité de gauche ; les 3/4 des députés socialistes et radicaux (Pierre Laval et François Darlan) ont voté les pleins pouvoirs à Philippe Pétain[13].

Ainsi, selon l'auteur, « ce qui pose problème est que certaines forces politiques d’aujourd’hui donnent ce passé détestable comme l’épopée fondatrice du pays, comme son écriture sacrée, comme la source rayonnante de ses valeurs et même comme ce qui constitue la France comme nation. »[14]

En conclusion, Nemo suggère de reprendre le pas de 1793 : notamment la fin du monopole de l’État sur l’éducation. Autrement dit, s'il y a une séparation à opérer, c'est entre « l'Église de la Gauche et l'État ».

Bibliographie sélective

Voir l'ensemble de ses travaux publiés : ici.

Livres (en nom propre)

  • L'Homme structural, Paris, Grasset, 1975, 240 p.
    Thèse de Doctorat de 3e cycle en Philosophie, Université de Paris I.
  • (avec Alfred Kastler, Prix Nobel de Physique) Cette étrange Matière ou La Matière, cette inconnue, Le Monde ouvert, Paris, Stock, 1976, 272 p.
  • Job et l'excès du mal, Paris, Grasset, 1978.
    Traductions anglaises (Pittsburgh, Duquesne Unniversity Press, 1998), espagnole (Madrid, Capparros, 1996), italienne (Rome, Citta nuova editrice, 1981). Suivi de Transcendance et mal et Pour poursuivre le dialogue avec Levinas, réédition avec postface d'Emmanuel Levinas, Paris, Albin Michel, 1999 et 2001.
  • (avec Emmanuel Levinas) Ethique et infini - Dialogues avec P. Nemo, Paris, Fayard, 1982, et Livre de Poche Biblio-Essais, 1984, 121 p. ou 148 p.
Traductions américaine, italienne, japonaise, néerlandaise, espagnole, catalane, suédoise, danoise et allemande.

Participation à des ouvrages collectifs

  • « Maurice Clavel », « F.A. Hayek », in Dictionnaire des philosophes, PUF, Paris, , 1992.
  • « Droit, Législation et Liberté, de F.A. Hayek », et « La Logique de la Liberté de M. Polanyi », in Jean-François Mattéi (dir.), Les Œuvres philosophiques, volume III de l'Encyclopédie philosophique universelle, Paris, PUF, 1992.
  • « Hayek », « Levinas », in Encyclopædia Universalis, 2e éd., 1996.
  • « La Fonction de garderie de l'école, une explication de la dégradation de sa fonction pédagogique », in Raymond Boudon, N. Bulle et M. Cherkaoui, (dir.), École et société : les paradoxes de la démocratie, PUF, Coll. "Sociologies", p. 99-116
  • « L'Etat dans la philosophie politique de Friedrich Hayek » in Simone Goyard-Fabre (dir.), L’État au XXe siècle. Regards sur la pensée juridique et politique du monde occidental, Vrin, « Histoire des idées et des doctrines ». p. 71-85, 15 p., 338 p. (ISBN 978-2-7116-1709-8)
    Ont collaboré à ce volume : Ch. Atias, Raymond Boudon, J.-Cl. Bourdin, J.-M. Denquin, C.Galli, P. Goyard, Simone Goyard-Fabre, G. Haarscher, O. Höffe, L. Jaume, G. Lafrance, Jean-François Mattéi, Ph. Nemo, H. Pena-Ruiz, F. Saint-Bonnet, J.-M.Trigeaud, M. Troper.

Articles de revues

Divers

Documents sonores

Il a collaboré à France Culture pour 300 heures d'émissions radiophoniques consacrées à l'histoire de la philosophie et des religions.

Communications et conférences

  • « Qu’est-ce que l’Occident ? », Rencontre du Comité France, l’Institut Thomas-More, 1er février 2005, Paris.
  • « Les élites sont-elles encore légitimes ? Institutions, démocratie, société », Rencontre du Comité France, l’Institut Thomas-More, 26 avril 2006, Paris. Avec la participation de Nathalie Brion, et Jean Brousse.

Notes et références

  1. Directeur Scientifique du Centre de Recherche en Philosophie économique, sciences sociales et politiques
  2. Pour le pluralisme scolaire, texte de Philippe Nemo pour SOS Éducation
  3. Séminaire "Histoire du libéralisme en Europe
  4. voir notamment cet article : « Les philosophes et la musique », in Le Monde de la Musique n°288, juin 2004.
  5. Thibaut Gress, Philippe Nemo : Qu’est-ce que l’Occident ?, actu-philosophia.com, lundi 22 septembre 2008
  6. Erreur dans la syntaxe du modèle ArticleLaurent Testot, « Comprendre l'hégémonie occidentale », dans Sciences Humaines [texte intégral] :

    « Constatant qu’« aucune civilisation non occidentale ne paraît avoir voulu délibérément le “progrès” », P. Nemo fait l’hypothèse que cet apport a pour origine le judéo-christianisme. Il rejoint ce faisant nombre d’auteurs qui n’ont pas partagé sa prudence et fait du christianisme le moteur même de l’exception européenne, tel le sociologue américain Rodney Stark avec Le Triomphe de la raison. »

     
  7. Terme préféré à celui de "réforme grégorienne" cf. Law and Revolution d'Harold Berman
  8. Philippe Nemo, Qu’est-ce que l’Occident, PUF, 2005, p. 8
  9. http://www.claudereichman.com/articles/interviewnemo.htm
  10. http://www.lexpress.fr/culture/livre/les-deux-republiques-francaises_814975.html : Les deux révolutions, on le voit, sont donc sans lien direct l'une avec l'autre. Elles obéissent à des logiques disparates et ne concernent pas les mêmes segments de la société. Il est essentiel de les distinguer nettement, absolument, car «c'est pour [les] avoir confondu[e]s [...] que l'histoire de la Révolution française est un chaos inintelligible» (p. 144).
  11. http://www.nonfiction.fr/article-1722-p2-philippe_nemo_fait_des_bulles.htm
  12. http://www.libres.org/francais/livres/livres_2008/4208_nemo_republiques_francaises.htm
  13. Rudolf Schleier, conseiller d’ambassade remplaçant d’Otto Abetz à Paris fin juillet 43 :“La grande majorité des partisans de la politique de collaboration vient de la gauche française“. (Cf. livre)
  14. http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article54

Source

  • Tout ou partie de cet article est tiré de l'article du même nom sur Wikibéral

Liens externes


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