Poterie grecque antique

Poterie grecque antique

Céramique grecque antique

Apollon et Artémis, tondo d'une coupe attique à figures rouges de Brygos (potier) et du Peintre de Briséis, v. 470 av. J.-C., musée du Louvre

Né au Proche-Orient, l'art de la céramique atteint en Grèce antique un haut niveau de qualité artistique. Il est également un témoignage majeur sur la vie et la culture des anciens Grecs.

Les vases grecs nous sont parvenus en grand nombre : même si cela ne représente probablement qu'une part infime de la production de l'époque, plus de 50 000 vases en provenance de la seule Athènes subsistent aujourd'hui. De leur côté, les autres objets d'art ont souvent été détruits soit par le temps (bois, tissu, pigments de peinture), soit par la main de l'homme, dans une optique de récupération (pierre, bronze, métaux précieux). S'il est facile de briser un vase, il est en revanche beaucoup plus difficile de le détruire totalement : même les fragments peuvent encore parler.

Sommaire

Peinture

Style proto-géométrique

Les vases de la période protogéométrique (v. 1050-900 av. J.-C.) constituent l'essentiel du témoignage artistique sur le début des siècles obscurs. En effet, la grande sculpture n'est pas encore connue, et la peinture murale manque d'un élément essentiel pour son développement : des supports muraux dignes de ce nom. Beaucoup d'autres formes artistiques (gravure de l'ivoire, joaillerie, travail des métaux) subissent une récession similaire.

Au contraire, la production céramique n'est pas éteinte, en particulier à Athènes. Les vases sont décorés de motifs en vernis noir brillant issu de l'âge du Bronze. Ils reprennent parfois des motifs mycéniens (lignes ondulantes tracées à la main), mais de nouveaux motifs (demi-cercles, cercles concentriques) sont dessinés avec davantage de soin, au compas ou au peigne. La décoration reste simple et s'adapte à la forme du vase en en soulignant les formes par des traits horizontaux larges ou des bandes noires.

Le site de Lefkandi est un des principaux lieux de provenance des céramiques de cette période. On y a notamment découvert une figurine exceptionnelle de centaure, haute de 36 cm. Ses formes sont très stylisées, et son corps est décoré de hachures et de formes géométriques.

Style géométrique

L'art géométrique fleurit aux IXe et VIIIe siècle av. J.-C. Il se caractérise par de nouveaux motifs, rompant avec l'iconographie minoenne et mycénienne : méandres, triangles et autres motifs géométriques (d'où le nom de la période). Ils sont disposés en bandes séparées des zones noires par des triples lignes. Au fil du temps, l'équilibre entre bandes décorées et bandes sombres est rompu en faveur du décor : les méandres et autres motifs finissent par recouvrir tout le vase.

Alors qu'au Géométrique Ancien (environ 900-850 av. J.-C.) on ne trouve que des motifs géométriques, dans ce qu'on appelle le style du « Dipylon noir », qui se caractérise par un usage extensif du vernis noir, au Géométrique Moyen (env. 850-770 av. J.-C.), la décoration figurative fait son apparition : ce sont d'abord des frises d'animaux identiques (chevaux, cerfs, chèvres, oies, etc.) qui alternant désormais avec des bandes de motifs géométriques. Parallèlement, le décor se complique et devient de plus en plus foisonnant : le peintre répugne à laisser des zones vides et les remplit de rosettes ou de svastikas décoratifs. Cette démarche est nommée « horreur du vide » et n'aura de cesse jusqu'à la fin de l'époque géométrique.

Au milieu du siècle apparaissent des figures humaines. Les représentations les plus connues sont celles des vases trouvées au Dipylon, l'un des cimetières d'Athènes. Les fragments de ces grands vases funéraires montrent principalement des défilés de chars ou de guerriers ou encore des scènes funéraires : πρόθεσις / próthesis (exposition et lamentation du mort) ou ἐκφορά / ekphorá (transport du cercueil au cimetière). Les corps sont représentés de manière géométrique à l'exception des mollets, assez protubérants. Dans le cas des soldats, un bouclier en forme de diabolo, surnommé « bouclier Dipylon » en raison de son dessin caractéristique, recouvre la partie centrale du corps. Les jambes et les cous des chevaux, les roues des chars sont représentées les unes à côté des autres. La main d'un peintre de cette époque, appelé à défaut de signature « Maître du Dipylon », a pu être identifiée sur plusieurs œuvres, notamment des amphores monumentales.

À la fin de la période apparaissent des représentations mythologiques, probablement au moment où Homère met en forme les traditions du Cycle troyen dans l'Iliade et l'Odyssée. Cependant, la surinterprétation constitue là un risque pour l'observateur moderne : un affrontement entre deux guerriers peut être aussi bien un duel homérique qu'un simple combat ; un bateau échoué peut représenter le naufrage d'Ulysse ou de n'importe qui.

Enfin, des écoles locales apparaissent en Grèce. La production de vase n'a jamais été l'apanage d'Athènes — elle est bien attestée dès la période proto-géométrique à Corinthe, en Béotie, à Argos, en Crète ou dans les Cyclades —, les peintres et potiers se sont longtemps contentés de suivre le style attique. Désormais, ils créent leur propre style : Argos se spécialise dans les scènes figuratives ; la Crète reste attachée à un géométrisme plus strict.

Style orientalisant

Olpè protocorinthienne aux animaux et aux sphinges, v. 640-630 av. J.-C., musée du Louvre

Le style orientalisant se déploie principalement à Corinthe de 725 à 625 av. J.-C. environ. Il est caractérisé par une forte influence de l'art oriental : si l'Orient est beaucoup moins amateur de céramique que la Grèce, sa peinture et sa sculpture montrent une figuration plus fine et plus réaliste. Cette influence se traduit par une nouvelle gamme de motifs : sphinx, griffons, lions, etc., représentés de manière plus réaliste que par le passé. Dans les frises, le peintre recourt désormais à des lotus ou de palmettes. Les représentations humaines restent relativement rares : ce sont des scènes de batailles, parfois hoplitiques, ou encore des scènes de chasse. Des traits géométriques subsistent dans le style dit proto-corinthien : on retrouve des motifs géométriques et le « remplissage » de l'arrière-plan par des rosettes et de nouveaux motifs décoratifs.

Les peintres corinthiens recourent à la figure noire, principalement sur fond rouge : ils utilisent une suspension colloïdale de couleur brune qui, à la cuisson, prend une couleur noire brillante, presque métallique. Cette technique est longtemps restée mystérieuse, malgré les efforts faits par les céramistes anglais du XIXe siècle comme Wedgwood pour en percer le secret. Les Corinthiens inventent également la technique de l'incision en creux permettant de faire ressortir l'argile pâle. Ce style s'exprime surtout dans des vases miniatures (aryballes, alabastres) dont les formes apparaissent alors.

Ulysse et Polyphème, détail d'une amphore protoattique, v. 650 av. J.-C., musée d'Éleusis

Les céramiques de Corinthe sont exportées dans toute la Grèce, et leur technique arrive à Athènes, qui développe néanmoins un style propre, à l'influence orientale moins marquée. Dans cette période qualifiée de protoattique, les motifs orientalisants apparaissent mais le trait reste relativement peu réaliste. Les peintres se montrent attachés à des scènes typiques de la Période Géométrique, comme les défilés de chars. Cependant, ils adoptent le principe du dessin linéaire en remplacement de la silhouette. Au milieu du VIIe siècle apparaît le style blanc et noir : trait noir sur fond blanc, accompagné de polychromie pour restituer la couleur des chairs ou des vêtements. L'argile utilisé à Athènes, beaucoup plus orangée que celle de Corinthe, se prête en effet moins facilement à la représentation des chairs.

Combat de Ménélas et d'Hector sur le corps d'Euphorbe, assiette du style des chèvres sauvages moyen, v. 600 av. J.-C., British Museum

De son côté, la Crète et surtout les îles des Cyclades se distinguent par leur attrait pour les vases dits « plastiques », c'est-à-dire dont la panse ou le col est moulé en forme de tête d'animal ou d'homme. À Égine, le vase plastique le plus populaire a une tête de griffon. Les amphores méliennes, fabriquées à Paros, doivent peu de choses à Corinthe ou à l'Orient. Elles présentent, comme les vases à reliefs, un goût marqué pour les compositions épiques et une horreur du vide qui se caractérise par l'emploi de rosettes et de svastikas.

On peut enfin identifier un dernier style, celui de « la chèvre sauvage », attribué traditionnellement à Rhodes en raison d'importantes découvertes réalisées à la nécropole de Camiros. En fait, il est répandu dans toute l'Asie mineure, avec des centres de production à Milet et Chios. Deux formes prédominent : les œnochoés, qui copient des modèles en bronze, et les plats, avec ou sans pieds. Le décor est organisé en registres superposés dans lesquels des animaux stylisés, notamment des chèvres sauvages (ce qui a donné son nom au style) se suivent en frises. De nombreux motifs décoratifs (triangles, svastikas, rosettes, motifs floraux) comblent les espaces laissés vides.

Figures noires

Tondo de la Coupe à l'oiseleur, céramique ionienne, v. 550 av. J.-C., musée du Louvre

Le style de la figure noire est inventé à Corinthe dès le VIIe siècle, mais il est repris par Athènes qui le porte à son apogée lors de la période archaïque (VIe siècle av. J.-C.) Il se caractérise non seulement par le dessin de figures en noir sur fond d'argile (plutôt rouge dans le cas d'Athènes), mais aussi par l'usage d'incisions. Il existe ainsi une série de pseudo-figures noires, dans lesquelles les bandes claires sont réservées et non pas incisées. La Coupe à l'oiseleur du Louvre en est un exemple (voir ci-contre).

La première céramique à figures noires athénienne est très influencée par celle de Corinthe, comme le montrent son décor couvrant, sans motifs de remplissage. Les figures (principalement animales : lions, chèvres, sphinges, etc.) sont disposées en registres superposés et mettent en valeur une scène principale. Néanmoins, la céramique athénienne se détache peu à peu de cette influence. Le goût pour les motifs mythologiques et la composition en un seul grand registre qui prévalent entre 550 et 530 av. J.-C. montrent comment un style propre à la cité se crée. Parallèlement, les vases décorés évoluent. Le grand vase funéraire laisse la place aux vases de la vie quotidienne, principalement les amphores, hydries, coupes et cratères.

On reconnaît plusieurs styles de peintres athéniens, auxquels on peut parfois attribuer un nom grâce à une pièce signée. Tel est le cas de Klitias, le peintre du Vase François du Musée archéologique de Florence : ce cratère, découvert dans une tombe étrusque, date environ de 570 av. J.-C. ; il comporte six frises figuratives donc cinq narratives et porte également la signature du potier, Ergotimos. Tel également Exékias, dont l'une des œuvres les plus célèbres est une amphore, aujourd'hui exposée à Rome dans les musées du Vatican, qui montre Ajax et Achille à Troie, en train de jouer. D'autres ne sont désignés que par des appellations conventionnelles, souvent dues à John Beazley (1885-1970), historien de l'art pionnier dans l'étude de la céramique grecque. Ainsi le peintre de la Gorgone tient-il son surnom d'un dinos sur lequel apparaît Méduse.

Figures rouges

Héraclès au repos, face à figures rouges d'une amphore bilingue du Peintre d'Andokidès, v. 520 av. J.-C., Staatliche Antikensammlungen (Inv. 2301)

Le style de la figure rouge apparaît à Athènes vers 530-520 av. J.-C. Il constitue rapidement le fer de lance de la production attique, lui permettant de s'imposer comme seule grande école à la période classique. Il consiste en une inversion de la figure noire : le fond est peint en noir, les figures ayant la couleur de l'argile ; les détails sont peints et non plus incisés. Il a probablement été inventé par un peintre précis, possiblement influencé par un client ou encore plus vraisemblablement par son potier. Les noms des potiers Nicosthénès, Amasis ou Andokidès ont ainsi été cités. Quoi qu'il en soit, le premier peintre à appliquer ce style est le Peintre d'Andokidès, dont nous possédons une quizaine de vases. Aux débuts de cette période, les peintres peuvent faire coexister des scènes en figure noires et des scènes en figures rouges : c'est ce qu'on appelle des vases « bilingues ».

Au-delà de la simple inversion des couleurs, la technique de la figure rouge permet une amélioration du dessin, notamment dans la représentation des drapés, des corps et des détails, dont la précision supplée à la disparition presque complète de la polychromie. Le réalisme y gagne : les corps féminins et masculins sont désormais plus facilement distinguables, la musculature est mieux rendue, style dans lequel excelle Euphronios, ainsi que la représentation des membres dans les trois dimensions (raccourci, transition du profil à la vue de face, représentation de trois quart).

Chrysès réclamant sa fille à Agamemnon, détail d'un cratère du peintre d'Athènes 1714, v. 360-350 av. J.-C., musée du Louvre (K 1)

En 480-479 av. J.-C., pendant les guerres médiques, Athènes est occupée par les Perses. Ses ateliers sont détruits — on retrouve des puits remplis de tessons dans le quartier du Céramique — et lorsque les Athéniens retrouvent leur cité, la production céramique doit repartir quasiment de rien. Les reliques du style archaïque sont alors abandonnées — à l'exception du groupe maniériste du Peintre de Pan — et la figure rouge définitivement adoptée. Certains peintres, comme celui des Niobides, sont influencés par la sculpture ou encore la peinture murale. Le dessin devient plus sophistiqué, tandis que le choix de scènes s'oriente davantage vers la vie privée, avec notamment des scènes de gynécée : c'est le « style fleuri », le dernier grand style athénien. Des éléments de décor (fleurs, plantes) apparaissent dès la fin du Ve siècle av. J.-C. tandis que le peintre renoue avec l'horreur du vide qui l'affectait à la période géométrique : les compositions sont plus chargées. On note un goût prononcé pour les détails et la transparence des vêtements, ainsi que pour le mouvement donné par le bouillonnement de ceux-ci. La polychromie revient également, avec le recours à la peinture blanche et à la dorure. Des archaïsmes persistent dans le centre athénien, comme le recours à la figure noire pour les amphores panathénaïques, tandis qu'on y invente des petites figurines en terre cuite qui seront diffusées dans tout le monde grec et connues plus tard sous le nom de Tanagra.

La folie de Lycurgue, détail d'un cratère en calice apulien, v. 350-340 av. J.-C., British Museum

Hors d'Athènes, la production de vases peints à personnages disparaît presque, à l'exception de la Grande Grèce. L'Apulie et la Campanie (Paestum en particulier) ont une production de qualité comparable à celle d'Athènes. Les débuts de la céramique dite apulienne remontent à la dernière décennie du Ve siècle av. J.-C. : l'Apulie dont la production est au départ assez proche du style attique va peu à peu développer un langage iconographique qui lui est propre. Le Peintre de Darius ainsi nommé en raison du cratère à volutes illustrant Darius (Naples H3253) a ainsi illustré beaucoup de thèmes contemporains à l'époque d'Alexandre le Grand. Si la céramique italiote est principalement consommée sur place, elle a également été exportée en Grèce propre (Corcyre, Démétrias) et un peu partout dans le bassin méditerranéen (Croatie, Corse, Espagne). Certains ateliers se spécialisent dans les scènes de genre, en particulier sur le phlyax, parodie des pièces attiques à thème héroïque.

Période hellénistique

À l'époque hellénistique, les vases ne sont plus peints mais simplement décorés. Soit l'atelier en revient à un décor noir brillant agrémentés de décors floraux ou animaux, soit il change radicalement de parti-pris : s'il n'est pas possible d'obtenir des couleurs variées à la cuisson, il suffit de peindre le vase après cuisson. Dans ce cas, les couleurs sont évidemment moins durables, aussi cette technique est-elle généralement réservée aux vases funéraires.

Toutefois, en certains endroits, il subsiste des foyers de production où l'on continue de faire des vases à décors figurés. C'est le cas de la Crète qui produit jusqu'au début du IIe siècle av. J.-C. des scènes mythologiques. Les principaux centres de production en Crète sont Cnossos, Lyttos et Gortyne.

Fabrication

Matériaux

Si la céramique grecque a pour matériau de base l'argile, toutes les argiles ne sont pas identiques. Ainsi, celle d'Athènes est riche en oxyde de fer (Fe2O3) : à la cuisson, elle prend une belle couleur rouge orangé. Celle de Corinthe, dépourvue d'oxyde de fer, a une teinte plus blanchâtre. Ces différences permettent, par une analyse chimique, de déterminer l'origine de tels ou tels vases : ainsi, on a pu monter que le groupe d'hydries de Hadra utilisées à Alexandrie, à l'époque hellénistique, comme urnes funéraires avaient été fabriquées non pas en Égypte, comme on le pensait, mais en Crète.

L'argile est extraite de carrières ou de puits d'argile, puis purifiée par lavage pendant plusieurs semaines : elle est mise à tremper dans de grands bassins où les particules fines remontent à la surface et sont récupérées. Cette étape permet d'éliminer les impuretés qui risqueraient de provoquer l'éclatement à la cuisson. L'argile est ensuite séchée au soleil puis découpée en blocs. Ceux-ci sont ensuite entreposés pendant quelque temps, pour qu'ils acquièrent leurs qualités plastiques.

Façonnage

Le potier à son four, plaque de style corinthien découverte à Penteskouphia, v. 575-550 av. J.-C., musée du Louvre

Au moment de fabriquer un vase, le potier malaxe la pâte pour en expulser les bulles d'air avant de la travailler sur un tour (invention proche-orientale arrivée en Grèce au IIe millénaire av. J.-C.), actionné par le potier lui-même ou par un assistant. Les petits vases peuvent être montés en une seule fois, mais les pièces de plus grande taille sont constituées de plusieurs parties qui sont ensuite assemblées à la barbotine (argile délayée à l'eau récupérée des bassins de purification). Il en va de même pour les anses ou les pieds ; les vases plastiques sont moulés.

Une fois le vase façonné, il est mis à sécher. Il est ensuite prêt à être peint, selon une technique qui varie suivant le style employé. De manière générale, le peintre joue sur le contraste de couleur entre la couleur rouge de l'argile et un enduit de couleur noire.

Coloration à l'enduit

Pour ce qui est de la céramique Attique à figure noire ou à figure rouge, un procédé spécial est utilisé à partir de la période protogéométrique. Au moment de la purification de l'argile par décantation, et alors qu'on le débarrasse des particules génantes (impuretés), on récupère l'eau qui a servi et est saturée en argile, appelée barbotine. C'est cette eau qui va être utilisée pour dessiner les motifs. c'est par la cuisson que ces dessins vont ressortir sur le fond de couleur argile. Il ne s'agit donc pas toujours de peinture. Cependant, quelques réhauts de couleur peuvent être ajoutés après la cuisson.

Cuisson

Une fois la peinture sèche, le peintre laisse la main au potier pour la cuisson, opération délicate, composée de trois étapes :

  1. Cuisson en atmosphère oxydante (évents ouverts pour laisser passer le dioxygène) aux alentours de 800 °C : le vase est entièrement rouge.
  2. Cuisson en atmosphère réductrice (évents fermés) aux alentours de 950 °C, avec adjonction de végétaux dans le feu pour provoquer de la fumée, puis la température est abaissée à 900 °C. Le monoxyde de carbone ainsi dégagé par la combustion incomplète des végétaux, composé réducteur, permet de réduire l'oxyde ferrique (Fe2O3) en oxyde ferreux (FeO) ou en magnétite (Fe3O4) de couleur noire : le vase est entièrement noir et la partie badigeonnée à l'enduit noir se « vitrifie », devenant imperméable.
  3. Refroidissement en atmosphère oxydante (évents du four ouverts) toujours vers 900 °C : le dioxygène de l'air permet d'oxyder l'oxyde ferreux en oxyde ferrique pour les parties non enduites, qui deviennent rouges (la magnétite se change en hématite); les parties enduites, préalablement devenues imperméables, restent noires.

La cuisson est relativement simple dans son principe mais requiert attention et expérience : nous connaissons un certain nombre de vases mal cuits, soit franchement ratés, soit présentant de petites imperfections dues à un contact intempestif avec un vase voisin. Généralement, ces défauts n'empêchent pas la commercialisation du vase.

Typologie des vases

Article détaillé : Typologie de la céramique grecque.

Les Grecs possèdent toutes sortes de récipients, généralement affectés à un usage particulier : une amphore sert plutôt à transporter des liquides, spécialement de l'huile d'olive — une hydrie, comme son nom l'indique, est un pichet à eau. Pour des besoins de classement, on distingue désormais ces différents récipients suivant leur forme en leur donnant des noms précis : un vase sera classé comme aryballe ou alabastre, alors que les Grecs étaient probablement beaucoup moins stricts dans leurs appellations.

Voir aussi

Bibliographie

  • John Beazley :
    • (en) Attic Black-Figure Vase Painters, Oxford University Press, Oxford, 1956,
    • (en) Attic Red-Figure Vase Painters, Oxford University Press, Oxford, 1963 (2e édition),
    • (en) Paralipomena, Oxford University Press, Oxford, 1971 ;
  • John Boardman :
    • Aux origines de la peinture sur vase en Grèce, Thames & Hudson, coll. « L'Univers de l'art », Londres, 2003 (ISBN 2-87811-157-5),
    • Les Vases athéniens à figures noires, Thames & Hudson, coll. « L'Univers de l'art », Londres, 2003 (ISBN 2-87811-103-6) ;
    • Les Vases athéniens à figures rouges. La Période archaïque, Thames & Hudson, coll. « L'Univers de l'art », Londres, 2003 (ISBN 2-87811-114-1),
    • Les Vases athéniens à figures rouges. La Période classique, Thames & Hudson, coll. « L'Univers de l'art », Londres, 2003 (ISBN 2-87811-181-8),
  • (en) Arthur Dale Trendall, Red figure Vases of South Italy and Sicily, Thames & Hudson, Londres, 1989 ;
  • (en) Tom Rasmussen (dir.), Looking at Greek Vases, Cambridge University Press, 1991 (ISBN 0-521-37679-3) ;
  • Charles Dugas, La Céramique grecque, Payot, Paris, 1924 ;
  • François Villard, Les Vases grecs, Presses universitaires de France, Paris, 1956 ;
  • (el) Μαρία Εγγλέζου, Ελληνιστική Κεραμεική Κρήτης: Κεντρική Κρήτη, Ταμείο αρχαιολογικών πόρων, Athènes, 2005 (ISBN 960-214-436X).

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