Art Japonais

Art Japonais

Art japonais

Le jardin japonais de Musée Adachi

L'art japonais date des premières traces découvertes au Japon, dans les environs du Xe millénaire avant J.-C., jusqu'à nos jours.

Tout au long de l'histoire, le Japon a subi de soudains assauts d'idées extérieures et nouvelles, suivis de longues périodes de repli sur lui-même. Au fil du temps, les Japonais développèrent la capacité d'intégrer, d'imiter et finalement d'assimiler et de s'approprier ces éléments issus de cultures étrangères en les complétant de leurs propres préférences esthétiques. Les premiers arts complexes du Japon furent créés pendant les VIIe et VIIIe siècles après J.-C. en rapport avec le bouddhisme. Lors du IXe siècle, alors que le Japon commençait à se détourner de la Chine et à développer des formes d'expression indigènes, les arts profanes se mirent à prendre une incroyable importance. Ces formes d'art, au même titre que l'art religieux, fleurirent jusqu'à la fin du XVe siècle. Après la Guerre d'Ōnin (応仁の乱, Ōnin no Ran?, 1467-1477), le Japon entra dans une période de perturbations politiques, sociales et économiques qui dura presque un siècle. Dans l'État qui émergea par la suite sous le joug du clan Tokugawa (徳川?), la religion joua un rôle moins important et les formes d'art qui y survécurent furent essentiellement profanes.

La peinture est le moyen d'expression artistique favori au Japon, pratiquée aussi bien par des professionnels que par des amateurs. Les Japonais ont écrit avec un pinceau plutôt qu'avec un stylo jusqu'à notre époque moderne et leur familiarité avec les techniques du pinceau les ont rendus particulièrement sensibles aux valeurs picturales. Avec la montée de la culture populaire pendant l'ère Edo (江戸時代), un type d'estampes nommé ukiyo-e (浮世絵) devint un art majeur et ses techniques furent perfectionnées par la suite, ce qui permit de produire des impressions couleur des choses de tous les jours, du livre d'école à la pornographie. La sculpture fut un moyen d'expression artistique moins prisé ; la plus grande partie des sculptures japonaises est liée à la religion et son utilisation déclina en même temps que l'importance donnée à la tradition bouddhiste. Les céramiques japonaises, représentant l'un des premiers artefacts de cette civilisation, se classent parmi les plus fameuses du monde. En architecture, les Japonais ont une préférence marquée pour les matériaux naturels et les interactions entre les espaces intérieurs et extérieurs.

L'art japonais est caractérisé par des oppositions esthétiques. Par exemple, dans les céramiques des périodes préhistoriques, l'exubérance était suivie par un style discipliné et raffiné. Un autre cas de figure est fourni par deux structures du XVIe siècle diamétralement opposées : le Palais de Katsura (桂離宮, Katsura rikyū?) est un exercice de simplicité mettant l'accent sur les matériaux naturels et bruts, et montre une affinité pour la beauté non-recherchée ; le Mausolée de Tōshōgū (東照宮) à Nikkō (日光) est une structure symétrique rigide recouverte sur chacune de ses surfaces visibles de gravures en relief colorées avec éclat. L'art japonais, valorisé non seulement par sa simplicité mais également par son exubérance colorée, a considérablement influencé la peinture occidentale du XIXe siècle (avec le japonisme) et l'architecture occidentale du XXe siècle.

Mont-Fuji par Katsushika Hokusai

Sommaire

L'art Jōmon

Article détaillé : Période Jōmon#Les poteries.
Un récipient du milieu du Jōmon (3000-2000 av. J.-C.)

Les premiers colons du Japon, pendant l'ère dite Jōmon (縄文時代, jōmon jidai?, environ 11000 à 300 av. J.-C.) à cause du nom des « décorations cordées » (縄文, jōmon?) typiques des poteries de cette époque, étaient des chasseurs-cueilleurs qui finirent par se sédentariser, faire de l'agriculture et de l'élevage et finalement construire des villes de plusieurs centaines, voire milliers, d'habitants. Ils fabriquaient de simples maisons de bois et de chaume installées dans des trous peu profonds creusés dans la terre, ce qui fournissait de la chaleur provenant du sol.

Les poteries du proto-jōmon, découvertes sur l'ensemble du Japon, sont caractérisées par un fond pointu qui permettait de les enfoncer dans la terre pour les faire tenir. Plus tard apparurent des poteries à fond plat et circulaire dans le sud de l'Hokkaidō et le nord du Tōhoku.

L'époque moyenne (中期, Chūki?) se caractérise par des vases à bords hauts et travaillés dont le col et les anses font d'énormes volutes très décorées, ce qui ne les rend plus très fonctionnels.

Les Jômon récent et postérieur voient apparaître une grande variété de formes, influence de la vaisselle de bronze chinoise.

Ces poteries étaient rarement peintes, en dehors de quelques exemples tardifs.

On trouve également des figurines d'argile appelées dogū (土偶) et des bijoux de cristal.

L'art du Yayoi

Vase de la période Yayoi, Tōkyō

La vague d'immigrants suivante fut celle du Yayoi (弥生), nommé ainsi en rapport avec le district de Tōkyō (東京) où furent trouvés les premiers restes de leur colonisation. Ils arrivèrent au Japon vers 350 av. J.-C. et s'installèrent tout d'abord au nord de Kyūshū (九州), apportant leurs connaissances sur la riziculture irriguée et sur la manufacture du cuivre et du bronze. On trouve même quelques rares objets en fer. Ils font preuve d'une plus grande habileté artisanale que les gens du Jōmon. Leur style décoratif est simple et discret, dégageant une sorte de dignité tranquille. Le Yayoi semble avoir été civilisé, pacifique et raffiné et avoir développé une conscience religieuse apparemment rationnelle et sereine. La préférence pour la pureté artistique fait penser aux bases des principes du shintō (神道) dont on pense qu'il s'est développé à cette époque.
Les principaux objets d'art rituels de cette période sont les miroirs, les magatama (曲玉 ou 勾玉), les sabres cérémoniels et les dōtaku (銅鐸, cloches sans battant d'usage inconnu).

La céramique

L'apparition du tour et d'une cuisson au four à température plus élevée permettent aux potiers du Yayoi de réaliser des céramiques plus perfectionnées en créant un nouveau type de vases, grands, à parois fines et rarement peints, caractérisés par une forme simple et une surface lisse. Les éventuelles décorations sont rouges ou incisées en bandes horizontales, striées ou composées de zigzags. Les types de poteries retrouvées à cette période sont des bols décorés au peigne, des jarres à couvercle ou à large panse et à col évasé et de hautes urnes. À partir du milieu de la période apparaissent aussi des gobelets, des bouteilles à col étroit, vastes récipients à haut pied, aiguières et coupes à anses.

Les arts métallurgiques

Les épées de guerre importées au Japon ont été allongées et élargies et étaient utilisées en temps de paix pour les sépultures. Les pièces en bronze les plus originales de cette ère sont les dōken (銅剣) et dōboko (銅鉾) (lances en forme de pagaies), découverts au Kyūshū, et les dōtaku découverts au Kinki (近畿) en plein centre du Honshū (本州).

L'art du Kofun et les haniwa

Shogunyama, kofun en zempō-koen et bordé de haniwa de la préfecture de Saitama

La troisième, et dernière, période de la préhistoire japonaise est l'ère Kofun (古墳時代, kofun jidai?, environ 250 à 552 ap. J.-C.), nom qui définit également les tertres funéraires construits à cette époque par milliers dans de nombreuses régions. Elle est aussi appelée ère Yamato (大和時代, yamato jidai?). Elle se différencie de la culture Yayoi soit par un développement interne, soit par une force extérieure. Pendant cette période, de nombreux groupes forment des alliances politiques et s'assemblent en une nation.

Les kofun

Ces tumuli sont donc importants pour cette période de l'histoire japonaise au point de lui donner leur nom. Ils représentent la seule source d'informations sur le peuple japonais de cette époque. Les plus anciens se trouvent surtout dans la plaine du Yamato. Les plus imposants, légèrement postérieurs, sont des mausolées impériaux et se trouvent dans la plaine du Kawachi dans la préfecture d'Ōsaka. Les plus beaux d'entre eux, situés près du port, sont attribués aux empereurs dits « légendaires » : Ōjin et Nintoku.
Les objets typiques des kofun sont des miroirs en bronze (, kagami), les magatama et surtout des sculptures d'argile appelées haniwa (埴輪) érigées à l'extérieur des tombes. A partir du Ve siècle, on trouve également des objets en bronze doré témoignant d'une nouvelle culture équestre et militaire (étriers, heaumes, pommeaux ajourés...). Le mobilier funéraire peut cependant contenir de nombreux objets divers, variant en fonction des périodes, comme des poteries, des objets domestiques...

Haniwa en forme de maison (ère Kofun)

Les haniwa

Les haniwa sont des statuettes de terre cuite directement associées aux kofun. On les trouve disposées sur les tertres.
Les premiers haniwa apparurent dans la préfecture d'Okayama (岡山県, Okayama-ken?) et n'étaient que de simples jarres munies d'un pied. Ils deviennent tout d'abord cylindriques au début du IVe siècle, puis prennent progressivement la forme d'objets, d'animaux, d'êtres humains. Leur disposition aussi varie au fil du temps. La grande diversité des figurines anthropomorphes nous donnent un aperçu de la société qui les a créé.

Les motifs en chokkomon

Les chambres intérieures des kofun, notamment dans le Kyūshū, pouvaient être décorées. Les plus anciennes comportent des triangles peints en rouge et en noir. Les sarcophages pouvaient également être ornés de motifs incisés ou peints.
Les motifs dominants sont en rapport avec le dernier voyage de l'âme (chevaux, oiseaux, bateaux) ou abstraits (spirales magiques, cercles concentriques, doubles boucles en C). Ces Modèle:Japonis sont l'une des caractéristique du Kofun, où ils font l'une de leurs premières apparitions, mais ils deviendront par la suite une des dominantes de l'art japonais. On peut en admirer notamment dans la tombe de Senzoku (千足) dans la préfecture d'Okayama, au tumulus d'Idera (井寺), préfecture de Kumamoto (熊本県, Kumamoto-ken?) ou encore au kofun de Sekijinyama (石人山) dans la préfecture de Fukuoka (福岡県, Fukuoka-ken?).

L'art des périodes Asuka et Nara

La première invasion significative de la culture asiatique continentale qui arriva au Japon se produisit durant les ères Asuka (飛鳥時代, Asuka jidai?) et Nara (奈良時代, Nara jidai?), appelées ainsi en rapport avec le nom de l'endroit où siégeait le gouvernement japonais : dans la vallée d'Asuka de 552 à 710 et dans la cité de Nara jusqu'en 784.

Bouddha assis, préfecture de Nara, ère Asuka, VIIe siècle

La propagation du bouddhisme provoque l'impulsion initiale des contacts entre la Corée, la Chine et le Japon, et les Japonais ont reconnu des facettes de la culture chinoise qui ont pu être profitablement intégrées dans la leur : un système permettant de mettre les idées et les sons par écrit ; l'historiographie ; des théories complexes de gouvernement telles qu'une bureaucratie efficace ; mais surtout, concernant les arts, des technologies avancées, de nouvelles techniques de construction, des méthodes encore plus évoluées pour couler le bronze et de nouveaux moyens et techniques de peinture.

Pendant tout le VIIe et le VIIIe siècle, cependant, le principal sujet de contacts entre le Japon et le continent asiatique fut le développement du bouddhisme. Tous les spécialistes ne sont pas du même avis sur les dates significatives et les noms appropriés à attribuer aux diverses périodes entre 552, date officielle de l'introduction du bouddhisme au Japon, et 784, quand la capitale fut transférée de Nara (奈良). Les désignations les plus fréquentes sont ceci dit la période Suiko (推古, 552-645), l'ère Hakuhō (白鳳, 645-710) et l'ère Tenpyō (天平, 710-784).

Le Hōryū-ji

Plus ancien bouddha connu du Japon, Asuka (609 ap. J.-C.)

Les premières structures bouddhiques ayant perduré au Japon et les anciennes constructions en bois de l'extrême Orient se trouvent au Hōryū-ji (法隆寺), au sud-ouest de Nara. Les premiers travaux de construction commencèrent au début du VIIe siècle en tant que temple privé du prince Shōtoku (聖徳太子) constitué de 41 bâtiments indépendants. Les plus importants d'entre eux sont la salle de culte principale appelée Kondô (金堂, salle d'or) et le Gojū-no-Tō (五重の塔, pagode à cinq étages) situés au centre d'un espace ouvert entouré d'un cloître couvert. Le Kondō, dans le style des salles de culte chinoises, est une structure à deux étages couverte d'un irimoya (入母屋, toit à pignons de tuiles en céramique).

À l'intérieur du Kondō, sur une large plate-forme rectangulaire, se trouvent certaines des plus importantes sculptures de la période. La représentation centrale est un Bouddha Shaka (釈迦?) flanqué de deux bodhisattvas, une sculpture en bronze coulée en 623 par le sculpteur Kuratsukuribe no Tori en hommage au prince Shotoku récemment décédé. Les Shi Tennō (四天王, "quatre rois célestes", gardiens des horizons et de la loi bouddhique), gravés dans le bois aux environs de 650 par Yamaguchi no Atai Oguchi (山口 直 大口), sont postés aux quatre coins de la plate-forme. Conservé dans un musée érigé en 1941 à côté de l'ensemble de Hōryū-ji, le « temple » Tamamushi no Zushi (玉虫厨子), réplique en bois du Kondō, est placé sur une haute base en bois décorée par des peintures figuratives sur laque de style centre-asiatique, et d'élytres de coléoptères (appelés tamamushi en japonais). Ces représentations comptent parmi les peintures les plus anciennes retrouvées au Japon.

Le Tōdai-ji

Pagode à Yakushi-ji, Nara

Les temples réalisés pendant le VIIIe siècle se concentrent autour du Tōdai-ji (東大寺) de Nara. Construit tel un "quartier général" d'un réseau de temples à travers les diverses provinces, le Tōdai-ji est le plus ambitieux complexe religieux érigé pendant les premiers siècles de culte bouddhiste au Japon. En conséquence, le Bouddha d'un mètre vingt (achevé en 752), ou Daibutsu (大仏), est un Bouddha Rushana (盧舎那仏), figure représentant la bouddhéité, au même titre que le Tōdai-ji qui représentait le centre du bouddhisme impérialement soutenu et sa propagation à travers le Japon. Seuls quelques fragments de la statue originale ont survécu et les actuels Bouddha central et bâtiment sont des reconstitutions de l'ère Edo.

De nombreux bâtiments secondaires ont été groupés tout autour du Daibutsuden (大仏殿) sur un flanc de coteau légèrement incliné. Parmi eux, le Hokke-dō (法華堂), avec sa représentation principale : le Fukūkensaku Kannon (不空羂索観音? le bodhisattva le plus populaire), fabriqué en laque sèche (, 乾漆?, kanshitsu) dont la technique consiste à recouvrir une forme (en l'occurrence une armature de bois) de bandes de tissu de chanvre imprégnées de laque ; le Kaidanin (戒壇院, salle d'ordination), avec ses belles statues des Shi Tennô du VIIIe siècle en terre non cuite ; et le grenier (, kura?) appelé Shōsō-in (正倉院). Cette dernière structure rectangulaire en trois parties, juchée sur 40 piliers hauts de 2,4 mètres et construite aux environs de 760 en bois de cyprès, qui servit tout d'abord à engranger le riz, fut utilisée dès le VIIIe siècle pour entreposer plus de 3000 objets divers provenant principalement des collections d'objets japonais et centre-asiatiques réunies par l'empereur Shōmu (聖武) et l'impératrice Kōken (孝謙), ainsi que pour cacher des documents gouvernementaux… Cet ensemble constitue ainsi le plus ancien « musée » du monde et représente une source inestimable de connaissances. C'est pour cela que les objets ont été transférés en 1953 puis en 1962 dans deux nouvelles structures en ciment armé pour les protéger d'éventuels incendies. Le Shōsō-in, quant à lui, a été restauré en 1883.

Heian

En 794, la capitale du Japon est officiellement transférée à Heian-kyō (平安京?), l'actuelle Kyōto (京都?) et ce jusqu'en 1868. L'ère Heian (平安時代, Heian jidai) désigne une période allant de 794 à 1185, date de la fin de la guerre de Gempei (源平合戦、寿永・治承の乱). Cette période est, en outre, divisée en Heian ancien et Heian récent, ou époque Fujiwara (藤原時代, Fujiwara jidai?), la date pivot étant 894, année où les échanges entre l'ambassade impériale et la Chine cessèrent officiellement. La seconde période est donc nommée en rapport avec la famille Fujiwara (藤原氏, Fujiwara-shi?), alors la plus puissante du pays, qui agissait comme un régent de l'empereur mais qui devint en fait un véritable dictateur civil.

Art de l'Heian ancien

Tō-ji, ancien temple bouddhique près de Kyōto longtemps sous la direction de Kūkai

En réaction à la prospérité et au pouvoir grandissant du Bouddhisme organisé à Nara, le prêtre Kūkai (空海) (plus connu sous son titre posthume : Kôbô Daishi, 弘法大師, 774 - 835) voyagea jusqu'en Chine pour étudier le Shingon (真言), une forme de bouddhisme Vajrayana qu'il introduisit au Japon en 806. Au centre du culte Shingon, se trouvent divers mandalas (曼荼羅), diagrammes de l'univers spirituel qui influença le style de temple. L'architecture bouddhique japonaise adopta dont le stupa dans sa forme chinoise de pagode.

Les temples érigés pour cette nouvelle secte ont été construits dans les montagnes, loin de la cour et des profanes de la capitale. La topographie irrégulière de ces sites obligea les architectes japonais à repenser les problèmes de construction des temples et donc à choisir plus d'éléments de décor autochtones. Des toits en écorce de cyprès remplacèrent ceux en tuiles de céramique, des planches de bois furent utilisées à la place des sols en terre et un lieu de culte séparé fut ajouté en face du sanctuaire principal pour les laïcs.

Le temple qui illustre le mieux l'esprit des temples Shingon du début du Heian est le Murô-ji (室生寺) (début du IXe siècle), situé en plein milieu d'une forêt de cyprès sur une montagne au sud-ouest de Nara. La représentation en bois du Shaka (釈迦? début du IXe siècle), le Bouddha « historique », pieusement conservé dans un bâtiment secondaire au Murô-ji, est typique des sculptures du début du Heian, avec son corps imposant, recouvert de drapés prononcés sculptés dans le style hompa-shiki (本波式) (vêtements en vague) et son expression austère et renfermée. La pagode à cinq étages datant de la fin du VIIIe siècle est, avec ses 16,2 mètres de hauteur, la plus petite du Japon.

L'art sous les Fujiwara

Pendant l'ère Fujiwara, le bouddhisme Jôdo (浄土, bouddhisme de la "Terre pure"), qui offrait un salut facile grâce à la croyance en Amida (阿弥陀, le Bouddha du Paradis de l'ouest), devint populaire. En opposition, la noblesse de Kyôto (京都) développa une société dévouée à la recherche de l'élégance esthétique. Leur monde était si beau et rassurant qu'ils ne pouvaient pas concevoir que le Paradis en fusse bien différent. La salle d'Amida, mêlant le religieux et le profane, abrite une image ou plus de Bouddha à l'intérieur d'une structure ressemblant aux "manoirs" de la noblesse.

Le hôôdô du Byôdô-in près de Kyôto

Le hôôdô (鳳凰堂, salle du phénix, achevée en 1053) du Byôdô-in (平等院), un temple dans l'Uji (宇治市, uji-shi) au sud-est de Kyôto, est le type même des "salles Amida" de l'époque Fujiwara. Il se constitue d'une structure principale rectangulaire flanquée de deux ailes de couloirs en forme de L et d'un corridor de queue, situé à la lisière d'un large étang artificiel. À l'intérieur, une unique représentation dorée d'Amida (environ 1053) est placée sur une haute plate-forme. Cette sculpture a été réalisée par Jôchô (定朝, mort en 1057) qui utilisa de nouveaux canons de proportion ainsi qu'une nouvelle technique (yosegi, 寄木) qui consiste à tailler une statue dans plusieurs morceaux de bois et de les assembler par l'intérieur. Sur les murs sont gravés les reliefs en bois coloré de 52 effigies des Bosatsu (Bodhisattva) qui accompagnent Amida dans sa descente du Paradis de l'ouest pour accueillir l'âme des fidèles à leur mort et les ramener dans des pétales de lotus. Cette descente, appelée raigô (来迎), peinte sur les portes en bois du hôôdô, est un exemple précurseur du Yamato-e (大和絵) (style de peinture japonais) car elle contient des représentations des paysages autour de Kyôto. Le hôôdô est actuellement devenu un musée.

Morceau du rouleau du Genji Monogatari

Lors du dernier siècle de l'ère Heian, l'emaki (絵巻, rouleau horizontal illustrant des textes littéraires ou religieux) prend de l'importance. Daté des environs de 1130, l'illustration du Genji Monogatari (源氏物語 ou : Dit de Genji) représente une œuvre majeure de la peinture japonaise. Rédigé au début du XIe siècle par Murasaki Shikibu (紫式部), une dame d'honneur de l'impératrice Akiko (彰子), cette célèbre nouvelle traite de la vie et des aventures galantes du prince Genji (源氏) (vers la fin du Xe siècle) et du monde de la cour de Heian après sa mort. Les artistes de l' emaki du XIIe siècle élaborèrent un système de conventions picturales qui transmettent visuellement le contenu émotionnel de chaque scène. Dans la seconde moitié du siècle, un style différent, plus vivant, d'illustration narrative devint populaire. Le Ban Dainagon Ekotoba (伴大納言絵詞, fin du XIIe siècle, collection Sakai Tadahiro), rouleaux qui racontent une intrigue à la cour, dépeint des personnages en mouvement avec de rapides coups de pinceau et des couleurs vives.

L'art de l'ère Kamakura

Un des deux Ni-ô de la nandaimon du Tôdai-ji à Nara. Il a été fait par Unkei (1203).

En 1180, une guerre civile éclate entre deux clans militaires : les Taira () et les Minamoto () ; cinq ans après, les Minamoto sortent victorieux et établissent un siège gouvernemental de fait sur le rivage du village de Kamakura (鎌倉市) qui resta ainsi jusqu'en 1333. Avec le déplacement de pouvoir de la noblesse à la classe guerrière, les arts doivent combler une nouvelle audience : les soldats, des hommes dévoués aux arts de la guerre ; les prêtres engagés à rendre le Bouddhisme accessible aux communs illettrés ; et les conservateurs, la noblesse et quelques membres du clergé qui regrettent le déclin du pouvoir de la cour. Par conséquent, le réalisme, une tendance populaire, et un renouveau de classicisme caractérisent l'art du Kamakura (鎌倉時代, Kamakura jidai).

Kofuku-ji, Nara

La sculpture

Les sculpteurs de l'école dite des Kei, et particulièrement Unkei (運慶) (v. 1148-1228), créèrent un nouveau style, plus réaliste, de sculpture. Les deux représentations des Ni-ô (1203) du nandaimon (南大門, grande porte du sud) du Tôdai-ji à Nara illustrent le style dynamique particulièrement réaliste d'Unkei. Les statues, d'environ 8 mètres de haut, ont été sculptées dans de nombreux blocs pendant une période de 3 mois, une prouesse indiquant le développement d'un système d'atelier d'artisans travaillant sous la direction d'un maître sculpteur. Les sculptures polychromées en bois, réalisées par Unkei en 1208, conservées au Kôfuku-ji (興福寺) à Nara et représentant deux sages indiens, Muchaku et Seshin, les légendaires fondateurs de la secte Hossô-shû (法相宗), constituent les travaux les plus réalistes créés pendant cette période. Ce sont des représentations remarquablement réalistes et individualisées.

La calligraphie et la peinture

Murasaki Shikibu (紫式部) à Hyakunin Isshu (百人一首)

Le Kegon Engi Emaki (華厳縁起絵巻), emaki décrivant la fondation de la secte Kegon-shû (華厳宗), est un excellent exemple de la tendance populaire de la peinture de la période Kamakura. La secte Kegon, l'une des principales de l'ère Nara, connut des jours difficiles avec l'ascendance des sectes Jôdo (Terre Pure). Après la guerre de Gempei (源平の戦い) (1180-1185), le prêtre Myôe du temple Kôzan-ji (高山寺) chercha à redonner de l'élan à la secte et fournit un refuge aux femmes rendues veuves par cette guerre. Les veuves de samouraïs, même parmi les nobles, n'avaient plus envie d'étudier autre chose qu'un système de transcription syllabique (かな) des sons et des idées et la plupart d'entre elles étaient incapables de lire des textes employant des idéogrammes chinois. Ainsi, le Kegon Engi Emaki combine des passages de texte rédigés avec un maximum de syllabes faciles à lire et des illustrations qui contiennent des dialogues entre les personnages écrits près de ceux qui parlent, à la façon des bandes dessinées contemporaines. L'intrigue de cet emaki, racontant les vies de deux religieux coréens, appelés Gishô et Gengyô en japonais, qui auraient fondé la secte Kegon-shû, est menée avec entrain et est remplie de scènes fantastiques telles qu'un voyage dans le palais du Roi de l'Océan, et une histoire d'amour poignante. Dans un style plus conventionnel est aussi réalisée une version illustrée du journal intime de Murasaki Shikibu (紫式部日記, Murasaki Shikibu Nikki). Des versions emaki de sa nouvelle continuent d'être produites mais la noblesse, habituée à ce nouvel intérêt pour le réalisme mais cependant nostalgiques des anciens jours de prospérité et de pouvoir, reprennent et illustrent le journal dans le but de faire revivre la splendeur du temps de son auteur. L'un des plus beaux passages illustre l'épisode dans lequel Murasaki Shikibu est espièglement retenue prisonnière dans sa chambre par deux jeunes courtisans pendant que, au-dehors, le clair de lune miroite sur un banc de mousse d'un ru du jardin impérial.

L'art de Muromachi

Pendant la période Muromachi (室町時代), également appelée époque Ashikaga (足利時代), un changement profond se produisit dans la culture japonaise. Le clan militaire des Ashikaga (足利) prit le contrôle du shôgunat et renvoya ses quartiers généraux à Kyôto, dans le district Muromachi de la ville. Avec le retour du gouvernement à la capitale, les tendances populaires de l'ère Kamakura prirent fin et l'expression culturelle prit un caractère plus aristocratique et élitiste. Le bouddhisme Zen (), la secte Ch'an, traditionnellement supposé avoir été fondé en Chine lors du VIe siècle, fut introduit pour la seconde fois au Japon et prit racine.

La peinture

Grâce aux aventures des profanes et aux échanges avec la Chine organisés par les temples Zen, de nombreuses peintures et beaucoup d'objets d'art sont importés au Japon et influencent profondément les artistes japonais qui travaillent pour les temples Zen et le shôgunat. Non seulement ces imports apportent des changements dans les sujets picturaux choisis, mais il modifient en plus l'utilisation de la couleur : les tons vifs du Yamato-e (大和絵 ou 倭絵) cèdent la place aux monochromes (墨絵, sumi-e) de la peinture à la façon chinoise.

Partie inférieure de Hyônen zu par Josetsu, v. 1415, Kyôto

Typique de la peinture du début du Muromachi, la représentation du moine légendaire Kensu (Hsien-tzu en chinois) au moment où il atteint l'Éveil a été réalisée par le prêtre-peintre Kaô (actif au début du XVe siècle). Ce type d'illustration a été exécuté avec de rapides coups de pinceau et un minimum de détails.

"Comment attraper un poisson-chat avec une calebasse" (瓢鮎図, Hyônen zu, environ 1415, Taizô-in (退蔵院), Myôshin-ji (妙心寺), Kyôto), par le moine-peintre Josetsu (如拙), marque un tournant dans la peinture du Muromachi, caractérisé par une reconnaissance de l'importance du paysage. Originellement collée sur un paravent de bois (衝立, tsuitate) au dos duquel étaient inscrits 30 poèmes sur un apologue zen, cette peinture à l'encre a été "remontée" par la suite en panneau mural. Elle comprend maintenant, dans sa partie supérieure, les poèmes composés et calligraphiés par trente moines érudits contemporains accompagnés, en haut à droite, d'une préface de Bonpô (梵芳) qui fait une référence à l'œuvre comme étant du "nouveau style pictural". Dans la partie inférieure, au premier plan, un homme est représenté près d'un ruisseau, maniant une calebasse et regardant un énorme poisson-chat frétillant. Un brouillard occupe le centre de la scène et, en arrière-plan, apparaissent de lointaines montagnes. L'ensemble se distingue par une forte asymétrie. Il est généralement reconnu que le "nouveau style" se rapporte plus à un sens chinois de la profondeur du point de vue du plan pictural.

Lecture dans un bosquet de bambou, Shûbun (1446, Musée National de Tôkyô)

Les principaux artistes de l'ère Muromachi sont les prêtres-peintres Shûbun (天章 周文) et Sesshû (雪舟).
Shûbun, un moine du temple Shôkoku-ji (相国寺) de Kyôto, a réalisé Lecture dans un bosquet de bambou (竹斎読書図, Chikusaidokushozu 1446, Musée National de Tôkyô), un paysage réaliste avec un profond recul dans l'espace.
Sesshû, contrairement à la majorité des artistes de la période, put se rendre en Chine et étudier ainsi la peinture chinoise à sa source. Le Sansui Chokan (山水長観, Long rouleau de paysage, v. 1486, Collection Mori, Yamaguchi), l'une de ses œuvres les plus accomplies, dépeint un paysage continu à travers les quatre saisons.

Architecture

Un autre développement majeur de cette période fut l'apparition de la cérémonie du thé (茶の湯, chanoyu) et de la maison dans laquelle elle a lieu. Le but de la cérémonie est de partager un moment avec des amis qui apprécient les arts et de purifier son esprit des tracas de la vie quotidienne tout en recevant un bol de thé avec grâce et raffinement. Le style rustique de la maison de campagne fut adopté pour les pavillons de thé, mettant l'accent sur les matériaux naturels tels que des rondins de bois couverts d'écorce ou de la paille tressée.

L'art de l'ère Momoyama

Pendant la période Azuchi Momoyama (安土桃山時代, 1573-1603), une succession de chefs militaires tels qu'Oda Nobunaga (織田信長), Toyotomi Hideyoshi (豊臣秀吉) et Tokugawa Ieyasu (徳川家康), tentèrent d'apporter la paix et la stabilité politique au Japon après une période de presque cent ans de faits d'arme. Nobunaga, initialement chef de guerre mineur, acquit suffisamment de pouvoir pour prendre le contrôle du gouvernement en 1568 et, cinq ans plus tard, pour évincer le dernier shôgun Ashikaga. Hideyoshi prit les commandes à la mort de Nobunaga mais ses plans pour instaurer des règles de succession héréditaire du pouvoir furent contrecarrées par Ieyasu qui établit le shôgunat Tokugawa en 1603.

Architecture

Château Himeji

Deux nouvelles formes d'architecture ont été développées en réponse au climat militaire du moment :

  • le château, une structure défensive construite pour abriter un seigneur féodal (大名, daimyō) et ses soldats en période de crise ;
  • le shoin (書院), une salle de réception et un espace d'étude privé désignés pour refléter les relations du seigneur avec ses vassaux au sein d'une société féodale.

Le château Himeji (littéralement : "Temple de la princesse"), surnommé le "Château du Héron Blanc" (白鷺城, Hakuro-jō) en raison de ses toits gracieux et courbes et de son complexe de tours subsidiaires autour du donjon principal (天主, tenshu), est l'une des plus belles structures de l'ère Momoyama. Sa forme actuelle date de 1609 et ses murs ont été entièrement repeints en blanc lors de la restauration qui suivit la Seconde Guerre mondiale.
L'ōhiroma (大広間, grande salle de réception de la partie extérieure de l'enceinte) du château Nijō (二条城) (XVIIe siècle) à Kyōto est un exemple classique de avec son tokonoma (床の間, alcôve), ses fenêtres donnant sur un jardin organisé avec soin (dû à Kobori Enshū (小堀遠州)) et des espaces clairement différenciés pour les seigneurs Tokugawa et ses vassaux.

Peinture

Paravents de Kanō Eitoku

La plus importante école de peinture de l'ère Momoyama fut celle de l'École Kanō (狩野派) et la plus grande innovation de la période fut la formule développée par Kanō Eitoku (狩野 永徳) pour la création de paysages monumentaux sur fusuma (, portes coulissantes). La décoration de la salle principale faisant face au jardin du Jukō-in (聚光院), un temple subsidiaire du Daitoku-ji (大徳寺, temple zen de Kyōto), est probablement le meilleur exemple existant du travail d'Eitoku. Un prunier massif et deux pins sont représentés sur une paire de fusuma à des coins diagonalement opposés, leurs troncs rappellent la verticale des poteaux et leurs branches, s'étendant à droite et à gauche, unifient les pans contigus. Le panneau d'Eitoku "Les Lions chinois", également à Kyōto, révèle le style de peinture clair et vivement coloré que préférait les samouraïs.
Hasegawa Tôhaku (長谷川 等伯), un contemporain d'Eitoku, a développé un style quelque peu différent et plus décoratif pour les peintures de fusuma de grande envergure. Dans son Kaede zu byōbu (楓図屏風, "Vue d'érable"), actuellement au temple de Chishaku-in à Kyôto, il plaça le tronc de l'arbre au centre et étendit le branchage presque jusqu'au bord de la composition, créant une œuvre plus plate et moins architectonique qu'Eitoku mais visuellement plus somptueuse. Son paravent à 6 panneaux Shōrin zu byōbu (松林図屏風, "Vue de pins", Musée National de Tōkyō) est une interprétation magistrale d'un bosquet d'arbres enveloppés de brouillard à l'encre monochrome.

L'art de l'ère Edo

Le shôgunat Tokugawa acquit un contrôle incontesté du gouvernement en 1603 avec son engagement à rétablir la paix et la stabilité économique et politique du pays, ce qui a dans l'ensemble été un succès. Le shôgunat survécu jusqu'en 1867, quand il fut obligé de capituler face à la pression des nations occidentales pour l'ouverture du pays au commerce international.
L'un des thèmes prédominants de la période Edo (江戸時代, Edo jidai) fut la politique répressive du shôgunat et les tentatives des artistes d'échapper à ses restrictions. Les traits principaux qui la caractérise sont la fermeture du pays aux étrangers et aux attributs de leur cultures, et la prescription de codes stricts du comportement touchant à tous les aspects de la vie, comme sur la façon de se vêtir, la personne que l'on épouse ou les activités que chacun peut ou doit pratiquer.

Dans les premières années de la période Edo, cependant, l'impact de la politique Tokugawa ne s'est pas complètement fait sentir et certains des plus fins ouvrages architecturaux et picturaux du Japon ont été produits : le Palais de Katsura à Kyôto et les tableaux de Sôtatsu (宗達), fondateur de l'école Rimpa (琳派).

Architecture

Jardins du Palais de Katsura

Le Palais impérial de Katsura, imitation du palais du Prince Genji, contient un groupe de shoin qui combinent des éléments de l'architecture japonaise classique avec des innovations. La totalité du complexe est entouré d'un splendide jardin avec des chemins de promenade.

La cité d'Edo (江戸) fut répétitivement frappée par les flammes, ce qui favorisa une architecture simplifiée facilitant les reconstructions. Le bois de construction était ramassé et conservé dans les villes avoisinantes à l'approche de l'hiver, lorsque le temps aride facilite la propension des incendies. Quand un feu était maîtrisé et éteint, ce bois était envoyé à Edo et des rangées entières de maisons étaient rapidement reconstruites.

Suite à la politique des sankin-kôtai (参勤交代) des shôgun, les daimyô firent construire de larges maisons et des parcs pour les visiteurs, autant pour leur plaisir que pour celui des invités. Kôrakuen est un parc de cette période qui a perduré et qui est ouvert au public pour des promenades d'après-midi.

Peinture

Sōtatsu a élaboré un superbe style décoratif en recréant les thèmes de la littérature classique en utilisant des figures et des motifs de la nature, brillamment colorés, disposés sur des fonds de feuilles dorées. La paire de paravents Vagues à Matsushima (Freer Gallery of Art, Washington, D.C.) est l'un de ses travaux les plus renommés.
Un siècle plus tard, Kōrin (光琳) retravaille le style de Sōtatsu et crée des œuvres splendides dans un genre qui lui sera propre. Ses plus fameuses sont probablement les paravents représentant des pruniers avec des fleurs rouges et des fleurs blanches (Museum of art, Atami).

Le pont Ohashi et Atake sous une averse soudaine, Hiroshige

Estampes et Bunjin-ga

L'école d'art la plus célèbre en Occident est celle de l'ukiyo-e (浮世絵) et des estampes du "monde flottant", celui du kabuki (歌舞伎) et du quartier des plaisirs.
Les impressions d'ukiyo-e commencèrent à être produites à la fin du XVIIe siècle, mais c'est en 1764 que Harunobu créa la première impression polychrome. Les artistes de la génération suivante, incluant Torii Kiyonaga (鳥居清長) et Utamaro (喜多川 歌麿, Kitagawa Utamaro), créèrent des représentations élégantes et parfois perspicaces des courtisanes.
Pendant le XIXe siècle, la figure principale est Hiroshige (広重 歌川, Hiroshige Utagawa), créateur de paysages romantiques et sentimentaux. Les angles singuliers et l'aspect à travers lesquels il voit souvent les paysages, ainsi que le travail de Kiyonaga et d'Utamaro avec leur insistance sur les plans plats et leurs forts contours linéaires, eurent un profond impact sur les artistes occidentaux tels qu'Edgar Degas ou Vincent Van Gogh, appelé japonisme.

Une autre école de peinture, contemporaine à l' ukiyo-e, le Bunjin-ga (文人画, ou école Nanga 南画), a un style basé sur la peinture de lettrés chinois. Alors que les artistes d'ukiyo-e choisissent de représenter une vie échappant aux restrictions du shôgunat Tokugawa, les artistes du Bunjin-ga se tournent vers la culture chinoise. Ce genre est bien représenté par les œuvres d'Ike no Taiga (池大雅) et Yosa Buson (与謝蕪村), mais aussi Tanomura Chikuden (田能村竹田) et Yamamoto Baiitsu (山本梅逸).

L'art après 1867

Façade du Kokkai-gijidō

Dans les années qui suivirent 1867, lorsque l'empereur Meiji accéda au trône, le Japon était une fois encore soumis à une intrusion de nouvelles formes étrangères de culture. Au début du XXe siècle, les formes d'art européennes furent volontiers introduites et leur mariage avec l'art japonais produisit des constructions remarquables telles que la Station de train de Tôkyô (東京駅) et la Diète Nationale (国会議事堂, Kokkai-gijidō) qui existent encore de nos jours.

Après la Seconde Guerre mondiale, ce sont surtout l'art et l'architecture américains qui influencèrent le Japon. Bien que la crainte des tremblements de terre restreignent considérablement la construction de gratte-ciel, les progrès technologiques permettent aux Japonais de construire des immeubles de plus en plus hauts et larges et d'apparence plus artistique.

Les manga (漫画) furent également dessinés dès l'ère Meiji (明治時代, meiji jidai), grandement influencés par les caricatures des journaux français et anglais qui critiquaient les événements du moment et s'amusaient souvent de la politique.

Les graphismes de jeux vidéos combinés au développement de l'informatique constituent également un nouveau style d'art.

Peinture

D'une part, le Japon accepta l'influence occidentale et, en 1876, l'École d'Art Technologique ouvrit ses portes, employant des professeurs italiens pour enseigner les méthodes européennes.
D'autre part, un mouvement inverse mené par Okakura Kakuzo (岡倉覚三) et l'américain Ernest Fenollosa encourageait les artistes japonais à conserver les thèmes et les techniques traditionnels tout en créant des œuvres plus en accord avec les goûts contemporains.
À l'heure actuelle, cette opposition entre les deux volontés artistiques, Yôga (洋画, peinture de style occidental) et Nihonga (日本画, peinture japonaise), sont encore d'actualité.

Architecture

Le besoin de reconstruire le Japon après la Seconde Guerre Mondiale provoqua une grande stimulation auprès des architectes japonais et les immeubles japonais contemporain se classent parmi les plus fameux du monde en termes de technologie et de conception de la forme. L'architecte japonais le plus connu est Kenzo Tange (丹下健三), dont l'ensemble sportif de Yoyogi (国立代々木競技場, construit en 1964 pour les Jeux Olympiques de Tôkyô) lui valut une réputation internationale, se sert à la perfection des concepts de forme et de mouvement et du choix des matériaux.

Voir aussi

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Liens externes

Cette sélection de liens vous permettra de visualiser plus d'œuvres présentées ci-dessus ainsi que d'autres, contemporaines à ces dernières.

En français

En anglais

En japonais

Sources

  • Concernant les parties traduites de l'article anglais
  • Le Japon : Dictionnaire et civilisation, Louis Frédéric, Éditions Robert Laffont, Collection Bouquins, 1470 p, (1999) ISBN 2-221-06764-9
  • L'art du Japon, Miyeko Murase, Éditions LGF - Livre de Poche, Collection La Pochothèque, 414 p. (1996) ISBN 2-25313054-0
  • L'art japonais, Joan Stanley-Baker, Editions Thames & Hudson, Collection L'Univers de l'art, 213 p. (1990) ISBN 2-87811-016-1
  • L'art japonais, Christine Schimizu, Editions Flammarion, Collection Vieux Fonds Art, 492 p. (1998) ISBN 2-08-012251-7
  • L'Art de l'ancien Japon, Danielle et Vadime Elisseeff, Editions Mazenod, 620 p. (1980) ISBN 2-85088-010-8
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