Régime de vichy

Régime de vichy

Régime de Vichy

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État français

Troisième République
1940 — 1944
Gouvernement provisoire de la République française

Flag of France.svg Coat of Arms of the French State.svg
Drapeau Emblème officieux

Devise : « Travail, Famille, Patrie »

Informations générales
 Statut État[1]
 Capitale Paris,
siège du gouvernement : Vichy
 Langue(s) Français
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Population
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Superficie
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Histoire et événements
 22 juin 1940 Armistice
 10 juillet 1940 Pleins pouvoirs constituants à Pétain
 11 novembre 1942 Occupation de la zone libre
 20 août 1944[2] Départ de Pétain, fin effective du régime
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Pouvoir exécutif
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Pouvoir législatif
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Entité précédente Entité suivante
Troisième République Troisième République
GPRF GPRF
Histoire de France
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Antiquité

Moyen Âge

Époque moderne

Époque contemporaine

Voir aussi :

Chronologie de la France

Le terme de Régime de Vichy est un nom d'usage désignant le régime politique de Philippe Pétain, qui assura le gouvernement de la France du 10 juillet 1940 au 20 août 1944 durant l'occupation allemande[2], et dont le siège se situait à Vichy[3], alors en zone libre. Après le vote des pleins pouvoirs constituants le 10 juillet 1940 par l'Assemblée nationale, le mot de République disparaît des actes officiels : le régime est dès lors désigné officiellement sous le nom d'État français.

Du fait de son aspect particulier dans l'histoire de France, de sa légitimité contestée[4] et du caractère générique de son nom officiel, le régime est le plus souvent désigné sous les appellations Régime de Vichy, Gouvernement de Vichy, voire simplement Vichy.

Les Allemands, qui occupent d'abord le Nord et l'Ouest, et à partir du 11 novembre 1942, le pays tout entier, laissent l'administration française sous l'autorité d'un gouvernement français installé à Vichy et dirigé par le maréchal Pétain, nommé chef du gouvernement par le Président Albert Lebrun. Dès juin 1940, Pétain, met en œuvre une politique de collaboration avec les Nazis, écarte du pouvoir le président de la République puis s’autoproclame chef de l’État français[5]. Au cours de la guerre, cette collaboration prendra plusieurs formes avec les arrestations de résistants, de francs-maçons, ainsi que les rafles de Juifs. Le régime n'est pas un partenaire militaire direct pour le Troisième Reich mais le gouvernement Laval reconnaît la Légion des volontaires français (LVF) comme une association d'utilité publique[6], avant d'autoriser en 1943 la création d'une unité française de la Waffen SS[7] ; Vichy contribue aussi à l'effort de guerre allemand via la collaboration de son industrie militaire, et fournit à l'occupant une force armée supplétive de répression, avec la Milice française.

Sommaire

Les circonstances

Article détaillé : Bataille de France.

Prologue : la défaite de 1940 et l'invasion allemande

En réponse à l'invasion de la Pologne par les troupes d'Adolf Hitler, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre au IIIe Reich. Adoptant alors une stratégie défensive, les deux alliés, au lieu d'envahir l'Allemagne dont l'armée est occupée en Pologne, laissent passivement son armée détruire les troupes polonaises. Le 7 septembre 1939, la France réagit mollement en lançant 9 de ses 102 divisions dans une offensive sur la Sarre. L'Allemagne n'a pourtant pas daigné réagir, mais très vite devant la vitesse (à peine plus d'une semaine) qu'elle a mis à écraser l'armée polonaise pourtant organisée avec des conseils français, la France rappelle ses troupes qui quittent l'Allemagne le 17 octobre. Les Français restent donc derrière la ligne Maginot et temporisent, en espérant pouvoir s'appuyer sur un blocus maritime, comme celui qui provoqua l'effondrement allemand en 14-18. C'est la « drôle de guerre ». Mais le 10 mai 1940, Hitler attaque en envahissant les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique. Le commandement français s'y attendait et lance ses troupes à la défense de la Belgique, comme prévu. Utilisant à plein les concepts des novateurs français de 1918, ignorés par leur propre commandement (choc et rapidité, couple char-avion, concentration), le fer de lance de l'armée allemande (une dizaine de divisions blindées) traverse le massif des Ardennes, jugé impénétrable par les généraux français (et donc mal défendu, et mal soutenu lorsque l'attaque apparut évidente) et encercle du sud vers le nord l'armée franco-britannique engagée en Belgique.

Début juin, défendu autour de Dunkerque par quelques divisions françaises qui se sacrifient, le contingent britannique regagne l'Angleterre lors de l'opération Dynamo. Le gouvernement quitte Paris le 10 juin pour Bordeaux. Les réfugiés qui fuient la Belgique et le Nord de la France sont alors rejoints par deux millions de réfugiés de la région parisienne. Selon l'historien Jean-Pierre Azéma, entre le 15 mai et le 10 juin, au moins six millions de Français abandonnent leur domicile. Participant à l'« exode » de 1940, ils se retrouvent sur les routes sous les attaques de la Luftwaffe, et ruinent la logistique militaire française. La bataille de France est perdue, en dépit de la résistance de nombreuses unités. La campagne militaire cause près de 100 000 morts côté français et 40 000 côté allemand ; les Allemands font plus de deux millions de prisonniers.

Le 10 juin 1940, Mussolini, allié d'Hitler, déclare la guerre à la France (sa démarche étant qualifiée de « coup de poignard dans le dos »[8],[9]), mais ne parvient pas à faire avancer ses troupes à travers les Alpes bien défendues par l'armée des Alpes du général Olry. Franco, sollicité, refuse d'entrer en guerre contre la France, même lorsque l'effondrement français est patent.

La demande d'armistice

C'est la panique en France dans le monde politique et militaire. Les uns se résignent à la défaite et réclament l'armistice, les autres veulent poursuivre la lutte comme promis aux Britanniques, en s'appuyant sur les colonies et notamment l'Algérie.

C'est le premier camp, soutenu par le général Maxime Weygand, le maréchal Pétain, Pierre Laval et François Darlan, qui l'emporte. Le général de Gaulle, partisan de la poursuite de la guerre, rejoint Londres, où il prononce son appel devenu célèbre mais passé relativement inaperçu dans le chaos ambiant. Le noyau de la France libre se constitue alors, avec d'autres volontaires français. D'autres personnalités se sont aussi réfugiées en Amérique. Le président du Conseil Paul Reynaud, qui lui voulait continuer la lutte, choisit finalement de démissionner le 16 juin 1940.

Le président de la République Albert Lebrun nomme alors Philippe Pétain président du Conseil. Le lendemain, ce dernier annonce à la radio que la France doit cesser le combat et demander l'armistice. Le gouvernement Philippe Pétain, constitué à Bordeaux le 17 juin, et l'Assemblée nationale s'installent en juillet à Vichy, ville calme, et disposant de grandes capacités hôtelières. Il met en place une propagande destinée à justifier ses choix dont celui de la nouvelle « capitale ». Le culte de la personnalité en est le principal moteur.

Le 22 juin 1940, la délégation française doit aller signer l'armistice, dans la clairière de Rethondes, dans le wagon qui avait servi de cadre à l'armistice de la Première Guerre mondiale et devant le monument qui parlait de l'« orgueil criminel de l'Empire allemand vaincu par les peuples qu'il voulait asservir ». Hitler fait ensuite exploser le monument sous les caméras. Quant au wagon il est envoyé en Allemagne où il fut détruit en 1945[10]. L'Allemagne entend ainsi effacer la défaite de la Première Guerre mondiale et humilier la France.

L'armistice

Article détaillé : Armistice du 22 juin 1940.

Les conditions de l'armistice sont motivées par les préoccupations d'Hitler à cette époque. Il faut bien sûr, empêcher de façon durable que la France ne redevienne une grande puissance militaire, mais à court terme, il faut veiller à ce que sa flotte ne rejoigne pas le Royaume-Uni qui reste le dernier pays à vaincre ou à séduire, car un accord de paix avec le Royaume-Uni reste souhaité en cette fin du mois de juin. Enfin, il ne faut froisser ni l'allié italien, ni le potentiel allié espagnol. Ce sont toutes ces considérations complexes qui vont déterminer le contenu de la convention d'armistice, un texte bref de vingt-quatre articles, qui contient notamment les clauses suivantes[11] :

La France coupée en quatre :
• zone libre (appelée zone sud à partir de nov. 1942) ;
• zone occupée (appelée zone nord à partir de nov. 1942) ;
• Est de la France, départements annexés par le Reich ;
• deux départements du Nord de la France, sous administration militaire allemande.
La ligne de démarcation sépare la zone libre et la zone occupée
  • Les prisonniers de guerre (plus de 1,5 million d'hommes) restent en captivité jusqu'à la signature d'un accord de paix.
  • La moitié nord, ainsi que la côte atlantique, passent sous occupation allemande : c'est la zone occupée, qui couvre à peu près les trois cinquièmes du territoire. Le reste constitue la zone libre (c'est-à-dire « non occupée »), regroupée essentiellement au sud de la Loire. Les deux zones sont séparées entre elles par la ligne de démarcation.
  • La France doit pourvoir à l'entretien de l'armée d'occupation. Il s'avéra que le montant de ces indemnités allait être fixé de façon quasi-discrétionnaire par les Allemands, et leur montant s'élèvera, en moyenne, à 400 millions de francs par jour.
  • Dans la zone libre, l'armée française est limitée à 100 000 hommes et les troupes sont désarmées.
  • La souveraineté française s'exerce sur l'ensemble du territoire, y compris la zone occupée, l'Alsace et la Moselle, mais dans la zone occupée, il est stipulé que l'Allemagne exerce « les droits de la puissance occupante[11] », ce qui implique que l'administration collabore avec elle d'une « manière correcte[11] ».
  • L'Empire colonial français reste également sous l'autorité du Gouvernement français.
  • Les bâtiments de la flotte de guerre française rejoignent leurs ports d'attache du temps de paix, dont certains, comme Brest, se trouvaient en zone occupée (« La désignation de ces ports sera faite d'après les ports d'attache des navires en temps de paix »).
  • La France doit livrer les réfugiés politiques allemands ou autrichiens présents sur son sol.

Le choix d'Hitler de laisser à la France vaincue son empire peut paraître aujourd'hui tout à fait contestable. À l'époque, dans une lettre au Duce, Hitler a justifié ce choix (ainsi que celui de maintenir une zone non occupée), par le souci de ne pas pousser la France et sa puissante flotte à continuer la guerre à partir de ses colonies, la marine allemande n'étant pas en mesure de conquérir le vaste empire colonial outre-Méditerranée, et l'envoi de troupes dans des contrées éloignées n'entrant pas dans la stratégie d'Hitler. Dans les faits, à l'exception de l'Afrique équatoriale française, de la Polynésie française (alors désignée sous le nom d'Établissements français de l’Océanie) et de la Nouvelle-Calédonie, les colonies françaises ne se rallieront ni à de Gaulle ni aux Alliés dans les mois qui suivront l'armistice.

De son côté, Churchill, face au risque de voir la flotte française rejoindre ses ports d'attaches maintenant occupés par l'ennemi, conformément aux conventions d'armistice envoie le 3 juillet 1940, dépêche une flotte britannique pour sommer la flotte française de Mers el-Kébir de se joindre à elle, ou de rejoindre les Antilles françaises[12]. L'amiral français Marcel Gensoul rejeta l'ultimatum, sans informer Vichy de toutes les possibilités ouvertes par celui-ci, dont celle de rejoindre les Antilles françaises pour se mettre à l'abri des Allemands. Il s'ensuivit un combat naval, au cours duquel trois des cinq navires de ligne que possède la marine française sont détruits ou mis hors de combat.

En outre, l'Italie bien que revendiquant l'ancien comté de Nice et la Savoie, dont elle n'est pas parvenue à s'emparer, doit se contenter d'une partie de Menton et de Fontan (ses seules prises de guerre). Les autres territoires revendiqués (dont la Corse) ne seront occupés par l'armée italienne qu'ultérieurement, le 11 novembre 1942, lors de l'invasion de la zone antérieurement non occupée.

Le fondement législatif du régime de Vichy

Le 10 juillet 1940 est soumise à l'Assemblée nationale, réunion de la Chambre des députés et du Sénat, une proposition de révision de la Constitution permettant d'attribuer les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, président du Conseil. Sur 649 suffrages exprimés, sur les 907 parlementaires de l'époque, 57 députés et 23 sénateurs votent « non », 20 autres parlementaires s'abstiennent (dont 3 après de demande de rectification de leur vote) et le reste approuve. La séance fut présidée par Jules Jeanneney.

Le texte adopté était :

« Article unique.

L’Assemblée nationale donne tout pouvoir au gouvernement de la République, sous l’autorité et la signature du maréchal Pétain, à l’effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle constitution de l’État français. Cette constitution devra garantir les droits du Travail, de la Famille et de la Patrie.

Elle sera ratifiée par la Nation et appliquée par les Assemblées qu’elle aura créées. La présente loi constitutionnelle, délibérée et adoptée par l’Assemblée nationale, sera exécutée comme loi de l’État[13]. »

Cet acte législatif n'ayant pas été voté dans les formes[14] prévues par les lois constitutionnelles de 1875 organisant les institutions de la Troisième République, sa régularité est sujette à caution, mais il met fin, de fait, à la forme républicaine du gouvernement de la France.

La nouvelle constitution, rédigée par le maréchal Pétain, ne fut jamais promulguée[15], le chef de l'État n'édictant que 12 actes constitutionnels, pris entre 1940 et 1942 sur la base de la loi constitutionnelle de 1940, pour organiser provisoirement le régime de l'État français. Le projet de Constitution prévoyait de conserver pour le chef de l'État le titre de président de la République[16].

Durant la période de l'Occupation, le parlement ne fut pas dissous, mais Sénat et Chambre des députés furent « ajournés jusqu'à nouvel ordre », seul le chef de l'État pouvant les réunir[17]. Le Parlement ne se réunit plus durant toute l'Occupation, entérinant dans les faits le caractère autoritaire du régime de Vichy.

Par la suite, le régime a dû chercher une forme de représentation pour remplacer le suffrage universel égalitaire et atomisé. Cette recherche aboutit à l'annonce, le 24 janvier 1941 de la création d'une « assemblée consultative ». C’est le Conseil national[18]

Les puissances étrangères, dont les États-Unis[19], et l'URSS[20],[21], prennent cependant acte de ces changements et dépêchent leurs représentations diplomatiques à Vichy ; à ce moment, le général de Gaulle n'a encore d'autre légitimité que sa conscience, le soutien immédiat du gouvernement britannique (le 28 juin 1940) et d'une poignée de Français libres, qui pour le régime de Vichy ne sont que « des rebelles, traîtres et séditieux ». Lorsque la guerre prend une tournure plus favorable aux Alliés, les gaullistes commencent à se faire admettre comme représentants légitimes de la France. Après leur entrée en guerre, le 22 juin 1941, les Soviétiques reconnaissent le Comité national français le 26 septembre 1941[20]. Le Comité français de la Libération nationale est reconnu par les Alliés le 26 août 1943[20]. Les Américains n'admettent pleinement l'autorité de De Gaulle qu'après le débarquement du 6 juin 1944.

Controverse quant au fondement juridique et à la nature du régime

La question de savoir si, derrière ce changement d'appellation, l'État français est la même personnalité de droit public et international que la République française, reste encore controversée. En effet, deux thèses s'opposent.
L'affirmation selon laquelle la continuité historique et juridique de l'État français aurait été suspendue pendant les quatre années d'occupation, mais qu'elle aurait subsisté avec la création de la France libre, du Conseil de défense de l'Empire, du Comité national français, du Comité français de la Libération nationale et Gouvernement provisoire de la République française est aussi sujet de controverse.

Repères chronologiques

1940

1941

1942

1943

1944

La « Révolution nationale » dans le paysage politique français

Article détaillé : La Révolution nationale.
Avers de la pièce de 2 francs « etat français » de 1943.
Revers de la pièce de 2 francs « etat français » de 1943, avec la devise « travail famille patrie ».

« Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur » proclame le 17 juin 1940 le maréchal Pétain, nouveau président du Conseil, qui vient de demander à l'Allemagne nazie les conditions d'un armistice. Dans son message aux Français du 25 juin 1940, le jour même de l'armistice, il annonce un « ordre nouveau » qui commence. « C'est à un redressement intellectuel et moral que d'abord, je vous convie », ajoute-t-il.

La devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité » est remplacée le 15 septembre 1940[24] par le slogan « Travail, Famille, Patrie » qui s'avérera réactionnaire dans ses modalités d'application. La personnalisation du régime, étroitement associé à Philippe Pétain, se retrouve dans l'emploi de la francisque : symbole du chef de l'État à titre personnel, elle est utilisée comme emblème du régime lui-même sur les documents officiels[25].

Les fondements idéologiques de cet « ordre nouveau » sont précisés dans le discours du 11 octobre 1940 :

« Le désastre n’est, en réalité, que le reflet, sur le plan militaire, des faiblesses et des tares de l’ancien régime politique […] Jamais, dans l’histoire de la France, l’État n’a été plus asservi qu’au cours des vingt dernières années […] par des coalitions d’intérêts économiques et par des équipes politiques ou syndicales, prétendant fallacieusement représenter la classe ouvrière. Il faut aujourd’hui reconstruire la France […] On ne saurait davantage y découvrir les traits […] d’une revanche des événements de 1936 […] L’ordre nouveau est une nécessité française. Nous devrons tragiquement réaliser, dans la défaite, la révolution que dans la victoire, dans la paix, dans l’entente volontaire de peuples égaux, nous n’avons même pas su concevoir. »
« Le régime nouveau sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera plus sur l’idée fausse de l’égalité naturelle des hommes, mais sur l’idée nécessaire de l’égalité des « chances » données à tous les Français de prouver leur aptitude à « servir ». Seuls le travail et le talent redeviendront le fondement de la hiérarchie française. Aucun préjugé défavorable n’atteindra un Français du fait de ses origines sociales, à la seule condition qu’il s’intègre dans la France nouvelle et qu’il lui apporte un concours sans réserve. On ne peut faire disparaître la lutte des classes, fatale à la nation, qu’en faisant disparaître les causes qui ont formé ces classes et les ont dressées les unes contre les autres. Ainsi renaîtront les élites véritables que le régime passé a mis des années à détruire et qui constitueront les cadres nécessaires au développement du bien-être et de la dignité de tous. »

En 1940, l'immense majorité des Français reconnaissent l'homme providentiel dans ce « beau vieillard » de 84 ans, auréolé dans son prestige de vainqueur de Verdun, qui sera l'objet d'une grande vénération entretenue par des institutions comme la Légion française des combattants, créée le 29 août 1940. Cependant, en dépit des déclarations conciliantes du maréchal repoussant toute idée de revanche, ses plus ardents soutiens de la droite cléricale, conservatrice, antidreyfusarde et parfois réactionnaire ne s'y trompent pas en savourant le départ de ceux qu'ils honnissaient. Ainsi, Paul Claudel écrit dans son journal :

« La France est délivrée après soixante ans de joug du parti radical et anticatholique (professeurs, avocats, Juifs, francs-maçons). Le nouveau gouvernement invoque Dieu et rend la Grande Chartreuse aux religieux. Espérance d'être délivré du suffrage universel et du parlementarisme. »

Charles Maurras, fondateur de la revue royaliste L'Action française, saluera, le 9 février 1941[26], la disparition de la « gueuse » (la République) en parlant d'une « divine surprise ».

Les lois d'exclusions d'août et octobre 1940, qui frappent francs-maçons et Juifs font figure d'interdictions professionnelles. La chasse aux communistes, entamée sous le gouvernement Daladier, était une priorité du régime de Vichy, avant même que les Allemands ne s'en préoccupent. Elle est une constante de la politique collaborationniste, d'octobre 1940 à la Libération. Le PCF avait été interdit sous la Troisième République, en septembre 1939 à la suite du pacte germano-soviétique, et toute activité communiste était donc déjà illégale à l'avènement de Pétain.

L'historien Jean-Pierre Azéma a ainsi pu retenir six caractéristiques de l'esprit qui anime le régime réactionnaire de Vichy :

  • la condamnation sans appel du libéralisme ;
  • le refus du principe égalitaire, proclamé par la Révolution ;
  • une pédagogie anti-intellectualiste ;
  • la défiance à l'égard de l'industrialisme ;
  • l'affirmation d'un nationalisme fermé (qui s'oppose au nationalisme républicain d'avant l'affaire Dreyfus) ;
  • l'appel à un rassemblement national.

Certains, comme l'historien communiste Roger Bourderon dans les années 1970 ou l'écrivain Bernard-Henri Lévy en 1981, ont qualifié de fasciste le régime de Vichy. Cette idée n'a pas été reprise par la plupart des historiens de la période, notamment Jean-Pierre Azéma et Robert Paxton qui mettent en avant que Pétain, fort du soutien populaire qu'il avait créé, a refusé l'idée d'un parti unique que lui proposait Marcel Déat en août 1940, et également que l'obsession de la discipline qui caractérise les sermons moralisateurs du maréchal ne s'est pas traduite par une réelle militarisation du pays tournée vers l'expansion. Ceci découle en partie des conditions de l'armistice. Il y a sans doute une volonté d'embrigadement dans la création des Chantiers de la Jeunesse qui accueillent, dés août 1940 les 100 000 jeunes de la classe 1940 qui ne peuvent pas être incorporés dans l'armée d'armistice, et qui sont encadrés par des officiers pour se livrer à divers travaux d'utilité publique en plein air. Mais ils ne seront pas l'équivalent des mouvements de jeunesse fascistes comme les Jeunesses hitlériennes. Les partis collaborationnistes à tendance fascistes comme le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot ou le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat sont longtemps restés marginaux par rapport au gouvernement et à l'entourage du maréchal. Ce n'est qu'en 1944 que les Allemands ont imposé l'entrée au gouvernement de Joseph Darnand, chef de la Milice, et de Philippe Henriot d'abord (6 janvier 1944), puis de Marcel Déat (16 mars 1944).

Le cléricalisme de Vichy

Le régime de Vichy va rechercher l'appui de l'Église catholique, dont l'influence à cette époque reste non négligeable. Pétain n'était pas, avant qu'il ne devint chef de l'État, un catholique pratiquant, mais du moins avait-il quand même été élevé dans l'Église, alors que Laval et Darlan étaient plutôt « de l'autre bord ».

Le courant passe bien entre le maréchal et les prélats de l'Église française, qui se pressent pour lui rendre visite à Vichy. En tête de ces évêques et cardinaux pétainistes, le cardinal Gerlier, primat des Gaules. La doctrine catholique de l'époque, et notamment sa composante sociale, a largement inspiré la Révolution nationale, au point que le cardinal Gerlier a pu déclarer « Travail, Famille, Patrie, ces trois mots sont les nôtres ». Depuis la fin du XIXe siècle, la France avait connu des gouvernements pour lesquels l'étiquette de « laïque » était plus ou moins synonyme d'anticlérical. L'Église catholique en France comptait bien profiter d'un gouvernement favorable pour marquer quelques points.

Les membres du clergé retrouvent leur place dans les cérémonies officielles. En plus de ce genre de signes extérieurs de sympathie, l'épiscopat français obtient satisfaction sur un certain nombre de points :

  • La loi de 1904 qui interdisait aux religieux d'enseigner dans le public est abrogée en septembre 1940.
  • Les mouvements de jeunesse reçoivent l'agrément officiel en décembre 1941. En 1942, le projet de Pucheu d'instaurer un mouvement de jeunesse unique est écarté.
  • L'enseignement privé confessionnel reçoit des subventions de l'État (400 millions de francs en 1941).

En revanche, l'Église n'obtient pas le droit d'enseigner la religion à l'intérieur des locaux scolaires. Malgré cela, l'épiscopat reconnaît la légitimité du régime du maréchal jusqu'en 1944. Cette légitimation n'empêche pas certains prélats d'exprimer publiquement des critiques, par exemple au sujet des déportations des Juifs, dès juillet 1942. Ceci n'empêche pas non plus un certain nombre de catholiques et membres du clergé de se détacher nettement du régime et de s'engager dans la Résistance.

L'une des institutions du nouveau régime à laquelle les catholiques accordaient le plus volontiers leur concours est sans conteste la Légion des combattants, qui remplace toutes les associations d'anciens combattants. Dès sa fondation, les prêtres y adhèrent en grand nombre ainsi que quelques évêques. Par la suite, certains des cadres de la Légion participeront à la création de la Milice, mais d'autres l'abandonneront, tel le lorrain François Valentin, l'un de ses dirigeants les plus actifs, qui choisit le 29 août 1943, troisième anniversaire de la Légion, pour lancer un appel à la résistance.

La spécificité du régime de Vichy dans l'Europe occupée

La spécificité de la France de Vichy réside dans le fait que le chef de l'État et le gouvernement restent sur place. Le fait que jusqu'en novembre 1942, le gouvernement de Vichy ait été localisé en zone non occupée et bénéficie ainsi d'une autonomie relative, représente un cas unique dans l'Europe occupée. La collaboration d'État commence en France dès la proclamation de l'armistice. Paxton souligne que les autorités civiles d'un pays occupé sont normalement amenées à coopérer avec l'armée d'occupation dans un certain nombre de domaines techniques afin d'assurer les services essentiels aux populations civiles, étant entendu que les soldats occupants bénéficient également de ces services.

Au Danemark, le premier ministre Thorvald Stauning pratique une collaboration économique développée avec l'Allemagne.

En Norvège, Quisling, authentique nazi, est imposé au pouvoir en 1942 par les Allemands.

Aux Pays-Bas, le gouvernement s'exile à Londres avec la reine Wilhelmine. Le pays fut alors administré par le Reichskommissar Arthur Seyss-Inquart qui poussa en avant le parti pro-nazi NSB (Nationaal-Socialistische Beweging, Mouvement national-socialiste).

En Belgique, après la capitulation du 28 mai 1940 décidée par le roi Léopold, le gouvernement se réfugie en France et s'exile ensuite à Londres, alors que le roi reste dans son palais de Laeken. La Belgique est alors placée sous une administration militaire allemande qui laisse travailler les services administratifs belges, sous la direction de secrétaires généraux.

En Tchécoslovaquie, la partie tchèque est annexée par l’Allemagne sous le nom de protectorat de Bohème-Moravie. À sa tête est placée un Reichsprotektor allemand, d’abord von Neurath, puis Heydrich. La Slovaquie est placée sous l’autorité de Mgr Tiso et s’allie à l’Allemagne.

Quant à la Pologne, une partie de son territoire est rattachée à l’Allemagne, tandis que le reste de son sol, placé définitivement sous autorité allemande, reçoit le nom de gouvernement général. C’est le dirigeant nazi allemand, ex-avocat, Hans Frank, qui en est nommé gouverneur général.

En Hongrie et en Roumanie les nazis bénéficient de l'alliance spontanée des gouvernements en place.

La Bulgarie, après une période de neutralité, devient l'alliée de l'Axe le 1er mars 1941.

La Grèce capitule face à l'invasion de l'Allemagne et de l'Italie en avril 1941, et est occupée par l’Allemagne, l’Italie et la Bulgarie.

Les hommes du régime de Vichy

Philippe Pétain, chef de l'État français, lors de l'entrevue de Montoire, le 24 octobre 1940.
Pavillon[27] à la mer et fanion[27] de voiture de Philippe Pétain.
Le drapeau de l'État français est le drapeau tricolore de la France, sans marque distinctive particulière de ce régime[28],[29].
Fanion du régime de Vichy arborant la francisque.

Pétain, Laval et Darlan, le chef d'État et ses deux premiers ministres (qui n'ont en fait que le rang de Vice-Président du conseil) sont les trois politiques les plus emblématiques de la période. Darlan a été Vice-Président du conseil de février 1941 à avril 1942.

L'historien Robert Frank souligne que le point d'accord fondamental entre les trois hommes a d'abord été leur volonté de cesser un combat meurtrier et inutile, et sur ce point, ils bénéficient du soutien de la grande majorité des Français. Tous les trois parient sur une victoire finale du Reich. À partir du moment où l'armistice est signé, certaines conséquences en découlent : les Français qui veulent continuer le combat deviennent hors-la-loi. Aucun des trois hommes n'avait initialement adhéré à une quelconque idéologie mussolinienne ou hitlérienne, mais dans l'atmosphère de la défaite, ils s'en rapprochent très rapidement et leurs intérêts deviennent liés à ceux de l’Allemagne : la paix allemande leur permet de développer la Révolution nationale et de refaire la France à partir de l'Empire et de la zone non occupée. Que le Royaume-Uni reprenne le dessus, et ce sont les troubles qui risquent de réapparaître en France avec le retour triomphal des dissidents.

  • Philippe Pétain. Pour les Français de l'époque, Pétain est le vainqueur de Verdun, il est adulé par la majorité des Français qui approuvent l'armistice et lui font confiance pour défendre les intérêts de la France face à l'ennemi. Les anciens combattants forment le noyau le plus fidèle des partisans de Pétain. Marc Ferro a montré les paradoxes de Pétain, partagé entre son antigermanisme profond et sa volonté de collaborer avec le Reich : Pétain a bel et bien voulu la collaboration, mais il la subordonne aux intérêts de son nouveau régime. Malgré son grand âge et les atermoiements dont il fera souvent preuve, Pétain est bel et bien l'inspirateur de la Révolution nationale. Il entend régénérer la France en instaurant un régime autoritaire qui s'appuie sur l'armée, l'Église, les notables et les élites. Il ne s'est pas signalé dans son passé par des positions fascistes et a même été considéré jusque dans les années 1930 comme un maréchal « républicain ». Selon les mots de Robert Franck, « l'antisémitisme d'État de Vichy est en grande partie le sien, puisqu'il a contribué personnellement à la rédaction du premier statut des Juifs. »
  • Laval, seul membre du gouvernement à être muni d'un Ausweis permanent (le droit de passer d'une zone à l'autre) pense être l'homme de la situation pour entamer une négociation globale avec le vainqueur. Il n'est impliqué ni dans l'élaboration ni dans l'application de la Révolution nationale. Son passé de pacifiste proche des francs-maçons l'éloigne considérablement des amiraux et des cardinaux, compagnons naturels de Pétain. La collaboration avec l'Allemagne est la grande politique à laquelle il doit attacher son nom. Au nom de celle-ci, il accepte de collaborer aussi pour la déportation des Juifs. Il n'hésite pas à faire inclure les enfants de moins de 16 ans dans les convois de déportation, alors que les Allemands ne le demandaient pas.
  • Darlan, chef d'état-major de la marine et artisan du réarmement naval de la France dans les années 1930 était considéré comme républicain, en ce sens qu'il n'avait aucun penchant monarchiste ou clérical. Jusqu'au-boutiste de la poursuite des combats jusqu'en juin 1940, puis rallié à l'armistice et poussant la collaboration d'État avec l'Allemagne plus loin que Laval pendant la période, de décembre 1940 à avril 1942 où ce dernier avait été écarté de la place de vice-premier ministre, allié des Américains pendant la courte période où il est au pouvoir en Afrique du Nord, il peut paraître comme un opportuniste ambitieux, ce qu'il est sans doute. Selon Robert Franck, l'ensemble de ses positions s'explique par des considérations de géostratégie biaisée par une phobie des Britanniques consécutive à l'affaire de Mers el-Kébir. Il veut préserver la marine française et l'Empire. Sans affinité particulière avec le fascisme, il ne cessera de penser qu'une victoire du Royaume-Uni serait pire que la domination allemande et entrainerait « le retour au pouvoir des Juifs cosmopolites et des francs-maçons inféodés à la politique anglo-saxonne » (notes de Darlan, octobre 1940). Son antisémitisme est durable puisque c'est son gouvernement qui prépare et promulgue le deuxième statut des Juifs en juin 1941. Contrairement à Laval, il adhère globalement au projet de Révolution nationale.

Les cadres du régime de Vichy sont recrutés principalement à droite, mais aussi à gauche. Raphaël Alibert est proche de l'Action française, Jean-Louis Tixier-Vignancour avait été membre des Croix-de-feu lors de son élection au siège de député des Basses-Pyrénées en 1936[30], Joseph Barthélémy est un parlementaire de la droite libérale qui avait été membre de l'Alliance démocratique, tandis que Philippe Henriot avait été vice-président du grand parti de droite traditionnelle qu'était la Fédération républicaine. Mais on trouve également à Vichy des personnalités comme Gaston Bergery, ancien radical, René Belin syndicaliste ancien secrétaire général adjoint de la CGT, ou Charles Spinasse, ancien ministre SFIO du Front populaire[31].

Gouvernements

Dans le dernier gouvernement de la Troisième République, dit gouvernement Philippe Pétain, Pétain est le Président du Conseil. Tout en devenant chef de l'État, il conserve par l'acte constitutionnel du 11 juillet 1940 la « plénitude du pouvoir gouvernemental [...][32] ». Le titre de Président du Conseil n'est ensuite plus utilisé dans les actes constitutionnels pour désigner Pétain.

À partir du premier gouvernement Laval (16 juillet 1940), les cabinets sont couramment désignés du nom du Vice-président du conseil, titre assumé successivement par Pierre Laval, Pierre-Étienne Flandin et François Darlan.

Le 18 avril 1942, Pierre Laval revient au pouvoir, avec le titre de Chef du gouvernement, Pétain lui abandonnant, par l'Acte constitutionnel no 11 du 18 avril 1942, la « direction effective de la politique intérieure et extérieure de la France [...][33] ». Le chef du gouvernement demeurant cependant responsable devant le chef de l'État.

Les quatre phases successives du gouvernement de Vichy

Pétain, Laval et Darlan sont les trois personnalités qui ont exercé les plus hautes responsabilités dans l'État français, de juin 1940 à la Libération. Autour d'eux, on peut distinguer plusieurs vagues successives dans le personnel politique du régime de Vichy. Régime autoritaire dès sa création, Vichy connaît plusieurs évolutions politiques, avec sur la fin une nette radicalisation :

  • Le Vichy de la « revanche réactionnaire »(1940-1941)

Toutes les composantes de la droite sont présentes dans le premier gouvernement Laval : des ultras assagis (Paul Marion, du PPF), des maurrassiens (Raphaël Alibert, Yves Bouthillier), des libéraux (Lucien Romier), divers réactionnaires (général Weygand, Xavier Vallat). La gauche n'est pas absente, par exemple René Belin, ancien leader de la CGT.

  • Le Vichy technocratique (1941-1942)

Avec l'arrivée de Darlan (1941), un personnel beaucoup plus jeune – que l'on appellerait plus tard des technocrates – fait son entrée en politique Pierre Pucheu, ministre de l'Intérieur, François Lehideux, à la production industrielle, jeunes loups de la banque Worms, dans le cabinet de Darlan, René Bousquet à la police[23].

  • Le Vichy « pragmatique » de Laval (1942-1943)

Le retour de Pierre Laval en 1942 marque aussi un certain retour d'un personnel politique plus républicain, très éloigné de la volonté de revanche politique du Vichy de 1940. L'objectif du gouvernement Laval est très pragmatique : donner des gages à l'Allemagne par la collaboration pour obtenir une plus grande autonomie de la France et une bonne place dans l'Europe nouvelle. Le gouvernement Laval marque un peu la fin de la Révolution nationale (avec par exemple la réhabilitation des départements républicains contre le régionalisme prôné par le Vichy traditionaliste de 1940).

  • Le Vichy des « ultra-collabos », ou « Vichy milicien » (1944)

À partir de la fin 1943 et surtout du début 1944, les ultra-collaborationnistes de Paris, sympathisants du nazisme à côté desquels Laval paraît presque modéré, entrent en force au gouvernement : Philippe Henriot, Marcel Déat et Joseph Darnand. La Milice française, notamment, voit son influence s'accroître fortement.

La collaboration d'État (1940-44)

À la suite de Stanley Hoffmann (1974), d'autres historiens, comme Paxton ou Azéma ont coutume de désigner sous le terme de « collaborationnistes » ceux qui souhaitaient, pour des raisons idéologiques, parce qu'ils étaient sympathisants fascistes ou nazis, une collaboration renforcée avec l'Allemagne hitlérienne. Il s'agit, par exemple, du chef du Parti populaire français (PPF), Jacques Doriot, de l'écrivain Robert Brasillach, à la tête de la revue Je suis partout, ou encore de Marcel Déat. Ceux-ci ont pu influencer la politique menée par les gouvernements de Vichy, quoique ce n'est qu'en 1944 que les ultra-collaborationnistes deviennent majoritaires au gouvernement.

La collaboration économique

La collaboration économique, au sens où l'entendent des historiens comme Paxton[34] découle d'abord de la dette de guerre théoriquement fixée par l'armistice de juin 1940, mais pratiquement fixée au cours des ans de façon unilatérale par les Allemands qui établissaient arbitrairement le taux du franc par rapport au mark. Cette dette, censée correspondre à l'entretien des troupes d'occupation a été en moyenne de 400 millions de francs par jour, l'équivalent de quatre millions de salaires journaliers d'ouvriers. L'emploi du terme de « collaboration économique » signifie que la politique prédatrice de l'Allemagne s'est effectuée sous administration française comme conséquence désastreuse de l'armistice de 1940.

De même on peut également ajouter les prisonniers de guerre, qui sont 1,5 million à travailler pour l'Allemagne en Allemagne pendant presque toute la durée de la guerre.

En octobre 1940, on comptait en France un million de chômeurs, conséquence de la désorganisation complète de l'économie due à la débâcle. Rapidement après l'armistice, le gouvernement de Vichy décida d'autoriser les entreprises françaises à accepter des contrats avec les Allemands. Les commandes allemandes seront le principal moteur du redémarrage de l'économie française. Le nombre de chômeurs était descendu à 125 000 en 1942, et à la Libération, il était pratiquement nul. De façon générale, avec les indemnités d'occupation, l'Allemagne arrive à faire travailler l'agriculture et l'industrie française en grande partie pour son compte : en 1943, d'après les statistiques de l'Office central de la production industrielle, 100 % de l'industrie aéronautique, 100 % de la grosse forge, 80 % des BTP, 60 % de l'industrie du caoutchouc travaille pour le compte de l'Allemagne. Henri Rousso note que les chiffres sont probablement surévalués, mais qu'ils donnent un ordre de grandeur correct. Selon l'historien allemand Eberhard Jäckel, « Au printemps de 1942, 170 000 Français travaillaient sur place dans les services de la Wehrmacht [...] , 275 000 à la construction d'aérodromes et de fortifications comme le mur de l'Atlantique, 400 000 enfin à la fabrication d'armements[35]. »

En outre, entre 1942 et 1944, le commissaire général du Reich pour l'emploi et la main d'œuvre, Fritz Sauckel va exiger que la France envoie deux millions de travailleurs au titre du STO. Seuls 600 000 partent effectivement, qui s'ajoutent aux 700 000 travailleurs volontaires. Volontaires et STO sont plus ou moins rémunérés.

Selon le général von Senger und Utterlin de la Commission d'armistice allemande :

« L'industrie française des armements de guerre fut remise à pleins tours pour les armements allemands. […] Sans le potentiel économique de la France, Hitler n'aurait pas pu faire durer la guerre aussi longtemps. C'est cela qui fut le grand profit qu'Hitler tira de la conquête de la France. »

La collaboration policière

Un policier français salue un officier allemand devant l'Arc de Triomphe à Paris en 1941

Indépendamment de la collaboration avec l'occupant, les autorités de Vichy mettent en œuvre dès 1940 « une politique répressive au nom de l'ordre et de la lutte contre « l'Anti-France »[36] ». Vichy renforce ensuite son organisation policière en étatisant les polices municipales (avril 1941) et en instituant d'innombrables polices parallèles spécialisées comme le Service de police anticommuniste (SPAC) ou la Police aux questions juives (PQJ), et le ministre de l'Intérieur Pierre Pucheu crée dès 1941 les Groupes mobiles de réserve (GMR) qui participeront à la lutte contre les maquis aux côtés de la Milice. En mai 1944, on dénombre ainsi plus de 120 000 hommes participant au maintien de l'ordre[37].

Dans la zone occupée, les relations entre la police française et les autorités d'occupation sont normalement régies par l'article 3 de la convention d’armistice qui spécifie notamment que : «  [...] Dans les régions françaises occupées, le Reich allemand exerce tous les droits de la puissance occupante [...] Le gouvernement français invitera immédiatement toutes les autorités et tous les services administratifs français du territoire occupé à se conformer aux règlementations des autorités militaires allemandes et à collaborer avec ces dernières d’une manière correcte [...] »

Dès l'armistice de juin 1940, les Allemands sont venus chercher dans les camps de prisonniers de guerre les républicains espagnols, sans que l'État français (le Régime de Vichy) ne proteste[38]. Ces derniers sont alors la seule catégorie recherchée par les Allemands dans les camps de prisonniers, et la plupart d'entre eux sont déportés dans le camp de concentration de Mauthausen. Hitler cherche à ce moment-là à entraîner l'Espagne de Franco dans la guerre[38]. Jusqu'à l'invasion de l'Union Soviétique en juin 1941, la lutte anticommuniste n'est pas une priorité pour l'Allemagne nazie. Néanmoins, Vichy continue l'œuvre amorcée par Daladier, avant d'obtenir une autorisation en bonne et due forme des autorités d'occupation en août 1940. Ultérieurement, lorsque les communistes commencent à perpétrer des attentats contre les Allemands, puis à mettre sur pied diverses formes de résistances, les communistes arrêtés par la police française sont livrés aux forces d'occupation[38].

En février 1942, avant de prendre ses fonctions de Militärbefehlshaber in Frankreich, c'est-à-dire, commandant militaire en France en remplacement de son cousin Otto, le général Carl-Heinrich von Stülpnagel avait exigé « une séparation nette et claire entre ses attributions militaires et toutes les questions politiques[39] ». Cette demande allait par ailleurs dans le sens des visées de Himmler et de Heydrich qui s'efforçaient d'étendre leur emprise policière et politique partout dans le Reich en expansion[39]. Hitler pour qui il était essentiel d'avoir aux postes-clés des exécutants partageant sa manière de voir signe donc le 9 mars 1942, un décret instituant dans la juridiction du Militärbefehlshaber un Höherer SS-und Polizeiführer qui était donc une sorte de Himmler pour la France[39]. Le nouveau venu a sur les services français un droit d'autorité et de surveillance qu'il partage avec bien d'autres et décide de l'emploi des forces de police françaises en zone occupée[39]. Le décret précise que : « Sont également rangées au nombre des mesures policières, les sanctions contre les criminels, les Juifs et les communistes motivées par des attentats non élucidés contre le Reich allemand ou ses ressortissants[39]. ». C'est le général SS Karl Oberg qui est nommé au nouveau poste créé par Hitler. Il est assisté par Helmut Knochen, Chef de la police de sûreté (SIPO) et du service de sécurité (SD) pour la France. Deux mois après la Conférence de Wannsee, Heydrich effectue sa première visite en France entre le 5 et le 12 mai 1942 pour mettre en route la coopération des polices qu'il appelle « sentiment de camaraderie policière » : il promet à la police française l'indépendance dans la zone occupée, à condition qu'elle poursuive efficacement la répression contre les ennemis de l'armée d'occupation[23] qui sont aussi ceux de la Révolution nationale[40].

À ce moment, dans toute la France occupée, la police régulière allemande n'a à sa disposition que trois bataillons, soit 3 000 hommes en tout, alors que ces effectifs sont de 5 000 en Hollande[41]. Sans doute pour la garde des trains, le RSHA peut s'assurer du concours de la Feldgendarmerie, mais pour les arrestations, les SS doivent faire appel à la police française dont les effectifs se montent à 47 000 hommes en zone occupée[41].

René Bousquet nommé au secrétariat général à la police par Pierre Laval en avril 1942[23], animé de même la volonté que Pierre Pucheu de disputer aux occupants l'exercice de la répression, est amené à adopter à la fois une politique de reconquête de la répression contre les Allemands et contre les officines parallèles mises en place par Pucheu en 1941[42]. Cette attitude se trouve en phase avec celle d'Oberg de Knochen et de leur chef Heydrich qui décident, contrairement à leurs prédécesseurs, de jouer la carte de la police française[42]. Lui confier davantage d'autonomie et de responsabilité, sans comporter de gros risques, pouvait comporter des avantages substantiels : une efficacité supérieure, l'économie de réactions patriotiques toujours à craindre avec la population, l'espoir d'un engagement plus net de policiers désormais compromis[42].

La formalisation de la collaboration résultant de cette nouvelle donne est formalisée par ce qu'on appelle les « accords » Bousquet-Oberg de juillet 1942 qui prévoit que ce soit la police française qui prenne en charge les rafles de Juifs[23], première étape de la déportation dans des camps d'extermination. Les gendarmes français ainsi que les douanes se verront confiés la surveillance des voies d'accès et des abords limitrophes du camp de Drancy. Le « fichier Tulard », recensant les Juifs du département de la Seine, qui avait été constitué sur ordonnance allemande par la préfecture de police à partir d'octobre 1941 sert à préparer les rafles qui sont opérées conjointement par les Allemands et la police française à partir de mai 1941, puis à partir de juillet 1942 par la seule police parisienne[43].

La police française doit normalement pourchasser tous les résistants. Cependant, les actions de la police en zone sud restent relativement discrètes jusqu'en novembre 1942[44]. En effet, pendant cette période, la chasse aux dissidents est l'affaire des services de renseignements de la Marine et de l'Armée d'armistice (ce qui n'empêche pas quelques éléments des services secrets de l'Armée de terre de tremper secrètement dans la Résistance)[45].

Le 25 août 1942, plus de deux cents policiers allemands, munis de faux papiers français sont autorisés à pénétrer en zone sud avec des voitures gonio pour y faire la chasse aux radios clandestines[46]. La collaboration policière ne s'arrête pas avec l'invasion de la zone libre par les Allemands en novembre 1942.

En décembre 1942, Hitler a l'occasion de livrer comment il envisageait la collaboration de la police, alors que Jodl venait d'annoncer que la police française avait arrêté six membres d'un groupe terroriste, Hitler s'exclama : « Bien ! La police est bonne. Nous allons lui passer le mors et travailler avec elle seule. Himmler connaît sa police. Il se sert de moyens condamnables et il arrive comme cela à racoler les gens petit à petit. Ce sera une alliance avec la police ! Rien n'est plus haï que la police dans le pays et elle recherche des appuis auprès d'une autorité plus forte que celle de son propre État ; c'est nous. La police nous suppliera un jour de ne pas quitter le pays. » Eberhard Jäckel qui rapporte le propos conclut que rarement Hitler n'a exposé aussi crûment un des principes fondamentaux de sa politique française, mais de sa politique tout court. La collaboration volontairement et librement consentie lui paraissait toujours suspecte ; mais si elle venait de gens compromis à fond, alors, il la jugeait digne de confiance[47].

Une des dernières opérations d'envergure menée par la police française sera la Rafle de Marseille organisée les 22, 23 et 24 janvier 1943. Le 24 janvier, le quartier du Vieux-Port sautait, miné par la police française qui avait néanmoins, écrit Eberhard Jäckel, obtenu un certain adoucissement par rapport aux ordres allemands[48].

Par la suite, à partir de 1943, la charge de la lutte contre les résistants est globalement transférée à la Milice de Darnand, notamment la lutte contre les maquis[49] [50].

La collaboration militaire

Article détaillé : Armée de Vichy.

Hitler ne veut pas d'une collaboration militaire institutionnelle entre la France et l’Allemagne : il se méfie des Français, et même des collaborateurs déclarés. De plus, après l'écrasante défaite de 1940, l'armée française fait bien pâle figure[51],[52]. D'un autre côté, Pétain et les différents personnages de Vichy, pratiquent la collaboration d'État dans divers domaines, précisément dans l'espoir d'obtenir pour la France un rôle de second dans l'Europe de l'« ordre nouveau »[52].

La neutralité française initialement affichée permet de fait aux Allemands de se reposer sur l'armée française pour repousser d'éventuelles attaques britanniques en métropole ou dans l'Empire français[51]. L'armée d'armistice est limitée à 100 000 hommes en métropole, mais elle comprend 450 000 hommes dans les diverses colonies[53]. En septembre 1940, après que l'Afrique équatoriale française (AEF) ait basculé dans le camp de la France libre, à Dakar, l'armée restée loyale à Vichy repousse les forces navales anglaises et françaises libres[54].

Darlan essaye de marchander d'importantes concessions militaires et politiques, en signant les protocoles de Paris paraphés le 28 mai 1941. Ces protocoles consistent en quatre documents dont les trois premiers concernant l'utilisation par les Allemands des bases de Bizerte (Tunisie), de Dakar (Sénégal) et d'Alep (Syrie), et l'engagement par les Français à défendre ces bases contre une éventuelle attaque britannique ou américaine (alors que l'Allemagne, elle-même, n'est pas encore en guerre avec les États-Unis)[55],[56]. Ces concessions visaient à obtenir un renforcement de l'armée d'armistice. La véritable contrepartie espérée résidait dans un quatrième document qui contenait toutes les concessions politiques demandées aux Allemands, mais ne fût jamais signé par une autorité allemande d'un niveau supérieur à celui de l'ambassadeur d'Allemagne Otto Abetz[55],[56].

Malgré l'opposition de Weygand, chef des armées en Afrique, le gouvernement de Vichy relance les Allemands durant tout l'automne 1941, mais ne ratifiera jamais ces accords[55]. Darlan consentira alors, à la manière de Laval, à des concessions sans contreparties : des fournitures (camions, carburant, pièces d'artillerie) sont livrées à Rommel via la Tunisie. Quelques vedettes lance-torpilles transitent par le Rhône[55]. Quant au protocole sur la Syrie, il a été immédiatement appliqué, avant toute signature, et permis à la Luftwaffe de bombarder à partir de la Syrie les forces britanniques en Irak. Aussi a-t-il entraîné une riposte des Anglais et des Français libres au Levant, qui vont récupérer les territoires de Syrie et du Liban après plus d'un mois de combats ayant fait plusieurs milliers de victimes dans les deux camps[57]. Il représente le cas de concessions militaires les plus poussées de la part de Darlan et de Pétain[57].

Affiche de la LVF

Après l'été 1941, c'est à l'extérieur du gouvernement que tous les mouvements collaborationnistes s'unissent plus ou moins avec la bénédiction de l'ambassadeur Otto Abetz pour créer la « Légion des volontaires français » (LVF), qui est en fait une association de droit privé. De juillet 1941 à juin 1944, 16 000 volontaires se présentent, parmi lesquels 7 000 hommes sont retenus pour être engagés sur le front russe. La LVF est financée et entretenue par les Allemands, ils combattent dans des unités allemandes et portent l'uniforme allemand[58]. Après un premier affrontement peu convaincant avec les forces soviétiques, le 536e régiment d'infanterie dans lequel sont regroupées les troupes de la LVF, est ramené à l'arrière et confronté aux seuls partisans. L'ensemble des collaborateurs engagés sous l'uniforme allemand (LVF, Milice et Waffen-SS français) sera ensuite regroupé dans la division Charlemagne[59],[60]

Une tentative de récupération de la LVF sous l'appellation de Légion tricolore par le gouvernement de Vichy sera un cuisant échec, en grande partie parce que le gouvernement voulait en faire une force française sous uniforme français ce qui n'était pas du tout du goût des allemands[58].

En novembre 1942, lors du débarquement allié en Afrique du Nord, après des combats, parfois assez violents – comme ceux qu'ordonne au Maroc le général Noguès pour résister aux Américains –, à partir du 11 novembre, le général Juin et la plupart des officiers français en Afrique du Nord se sont joints aux Alliés, en Algérie et au Maroc[61]. Cependant en Tunisie, les amiraux Derrien et Esteva restent fidèles au maréchal qui a ordonné aux forces françaises d'Afrique de résister et de combattre les Alliés[62],[63].

À la suite du débarquement allié en Afrique du Nord, une unité militaire, la Phalange africaine (parfois appelée « compagnie Frankonia »)[64] qui ne regroupera pas plus de 300 hommes est constituée en Tunisie pour combattre les Alliés aux côtés des forces de l'Axe. Elle sera écrasée fin avril 1943[58],[65].

La pratique de la collaboration des gouvernements de Vichy

L'entrevue Hitler-Pétain à Montoire, dont le but est de manifester la bonne volonté française afin d'obtenir des concessions, ne débouche sur aucun résultat concret : juste après l'entrevue, sur ordre du gauleiter Bürckel, près de 100 000 Mosellans sont expulsés de Lorraine vers la France. De plus, 6 500 Juifs allemands, que les nazis ne veulent pas interner dans leur propre pays, sont raflés au Palatinat et en Bade-Wurtemberg, pour être confiés au gouvernement de Vichy. Celui-ci les interne au camp de Gurs, en zone sud, en attendant de les relivrer à l'ennemi, lorsque celui-ci aura pu mettre en route ses camps d'extermination de Pologne.

À partir de l'automne 1940, Laval commence à faire des concessions unilatérales aux Allemands, dans l'espoir d'être payé de retour d'une façon ou d'une autre : il cède ainsi les intérêts français dans les mines d'or de Bor, en Yougoslavie, ainsi que les réserves d'or que les Belges avaient confié à la France en mai 1940.

Darlan pousse la politique de collaboration un peu plus loin que ne l'a fait Laval en essayant de pratiquer avec Hitler la politique du donnant-donnant. En fait, Hitler ne sera jamais vraiment favorable à une collaboration avec les Français, et les concessions militaires et policières faites par Darlan n'obtiendront pas les contreparties politiques souhaitées.

En avril 1942, Laval revient au pouvoir et essaye de promouvoir la politique de la « relève », c'est-à-dire, le départ en Allemagne de jeunes travailleurs français dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO), en échange du rapatriement de prisonniers dans la proportion d'un prisonnier pour trois ouvriers. Quelques mois plus tard, en novembre 1942, à la suite de l'opération Torch, la zone libre est envahie, et la France devient entièrement vassalisée par l'Allemagne. Pour contrer les résistants de plus en plus nombreux dans les maquis, la police française laisse la place à la Milice, en contact direct avec la Waffen SS.

En mars 1944, la Milice participe à l'assaut contre le maquis des Glières (Haute-Savoie), aux côtés des forces allemandes, et aux répressions qui s'ensuivirent.

En juin 1944, au moment du Débarquement et lors de la Libération du territoire français par les Alliés, aucune troupes de celles qui restaient au gouvernement de Vichy ne se battent aux côtés des Allemands.

Les Juifs en France pendant le régime de Vichy

Repères chronologiques

Les Juifs en France de 1940 à mi-1942

Il y a en 1940 environ 300 000 Juifs en France métropolitaine, parmi lesquels 150 000 citoyens français et 150 000 étrangers. Les deux tiers de l'ensemble, mais la très grosse majorité des Juifs étrangers vivent en région parisienne. Sur les 150 000 Juifs français, 90 000 sont de vieille souche et parmi les Juifs naturalisés ou étrangers, souvent immigrés de l'Europe de l'Est, la moitié est arrivée dans les années 1930[69]. Les Juifs français qui se partagent, sur le plan religieux, entre orthodoxes, libéraux et agnostiques, revendiquent plus volontiers l'appellation d'« Israëlites » que celle de « Juifs ». Ils ne se reconnaissent pas forcément dans le consistoire central censé régir depuis Napoléon leur vie communautaire. Ils appartiennent souvent à des milieux aisés et cultivés, alors que les Juifs étrangers qui vivent en majorité à Paris se situent en majorité aux bas de l'échelle sociale. Ces mêmes Juifs étrangers sont généralement attachés à la yiddishkeit, symbole de la fidélité aux coutumes ancestrales[69].

Les Juifs de France vivent une situation d'oppression depuis juillet 1940 jusqu'à la mi-1942. À partir du printemps 1942, ils doivent faire face à la politique de la « solution finale » décidée par les nazis dans l'Europe occupée depuis la conférence de Wannsee[70]. Cette tentative d'extermination des Juifs dans toute l'Europe occupée est maintenant connue sous le nom d'Holocauste ou de Shoah. Il s'agissait pour les nazis de déporter tous les Juifs d'Europe vers des camps d'extermination situés principalement dans l'Est de l'Allemagne et en Pologne. Jusqu'en novembre 1942, date de l'occupation de la zone libre, la situation des Juifs n'est pas exactement la même en zone libre et en zone occupée. Les lois françaises antijuives s'appliquent sur l'ensemble du territoire, mais en zone occupée s'ajoutent des décrets allemands[70].

Le gouvernement de Vichy mène une politique de restriction des droits des Juifs et des francs-maçons dès son installation, sans que les Allemands n'en expriment la demande expresse[71]. Dès juillet 1940, le ministre de la Justice Alibert crée une commission de révision des 500 000 naturalisations prononcées depuis 1927[72]. Le retrait de la nationalité concernera 15 154 personnes[72] dont 7 000 Juifs environ[73].

Le 16 août 1940, le décret-loi Marchandeau du 21 avril 1939 réprimant l'injure et la diffamation raciales est abrogé par une loi du gouvernement de Vichy[74].

Le 23 septembre 1940, le Militärbefehlshaber in Frankreich (Chef de l'administration militaire allemande en France), promulgue une ordonnance qui interdit aux Juifs qui ont fui la zone occupée d'y retourner, oblige les commerces juifs de la zone occupée de se signaler par une affiche spéciale, et oblige les Juifs de la zone occupée à se faire recenser auprès de leur sous-préfecture avant le 20 octobre 1940[75].

En octobre 1940, le Conseil des ministres de Vichy promulgue le premier statut des Juifs (voir Lois contre les Juifs et les étrangers pendant le régime de Vichy) : les citoyens juifs français sont exclus de la fonction publique, de l'armée, de l'enseignement, de la presse, de la radio et du cinéma. Les Juifs « en surnombre » sont exclus des professions libérales. Le 7 octobre 1940, l'abrogation du décret Crémieux prive 100 000 Juifs d'Algérie de la citoyenneté française[70].

Un Commissariat général aux questions juives est créé en mars 1941, sous la direction de Xavier Vallat[70]. Sa mission est de veiller à l'application de la législation antijuive.

Le deuxième statut des Juifs de juin 1941 est encore un peu plus restrictif : il allonge la liste des professions d'où sont exclus les Juifs et établit un numerus clausus limitant la proportion de Juifs à 3 % dans l'université et 2 % dans les professions libérales. Ce statut autorise les préfets à pratiquer l'internement administratif de Juifs de nationalité française[76].

Enfin, en juillet 1941, les Juifs doivent céder leurs droits sur les entreprises à des « Aryens ». Les Allemands avaient appliqué cette mesure en zone occupée depuis octobre 1940.

Selon les mots d'Asher Cohen :

« Sans cette législation sanctionnée par un gouvernement français respecté parce que légitime, les déportations ultérieures étaient presque impensables, en tout cas, bien plus compliquées à exécuter [...] L'aryanisation semble être le domaine où une certaine efficacité fut obtenue et où les résultats furent impressionnants. Les Juifs furent effectivement écartés de la vie économique de la nation, apparemment sans grande difficulté[77] »

Quant aux Juifs étrangers, venus des pays de l'Est suite déjà aux menaces et persécusions nazies d'avant guerre, ils sont considérés comme des indésirables en France. Les difficultés de la capitulation ont, aussi, rendu les conditions d'accueil beaucoup plus précaires[70]. À partir du 4 octobre 1940, les préfets peuvent interner les étrangers de « race juive » dans des camps spéciaux ou les assigner à résidence. En février 1941, 40 000 Juifs étrangers croupissent dans une série de camps : Les Milles, Gurs, Rivesaltes, etc...[70]. En juillet 1940, alors que la « solution finale » n'était pas encore à l'ordre du jour, les Allemands avaient expulsé 20 000 Juifs d'Alsace et de Lorraine vers la zone non occupée[78]. Plus tard, à partir de 1942, lorsque des pressions commencent à s'exercer pour pouvoir mettre en œuvre la « solution finale », le gouvernement français sut toujours se montrer conciliant pour livrer aux Allemands des Juifs étrangers. La collaboration entre les polices allemandes et françaises est renforcée par ce qu'on appelle les accords Bousquet-Oberg, du nom du chef de la police française et du représentant en France de la police allemande. Les Allemands peuvent compter sur la police française pour rafler les Juifs étrangers, du moins jusqu'à la fin 1942.

En novembre 1941, sous la pression allemande, Xavier Vallat crée l'Union générale des israélites de France (UGIF) qui doit intégrer toutes les organisations sociales juives. Pour les nazis, il s'agissait de faciliter les persécutions antisémites, comme ils l'avaient fait avec les Judenrat en Europe de l'Est. Xavier Vallat met à la tête de l'UGIF des notables français qui pratiquent un légalisme souvent contesté par les organisations juives immigrées.

Mise en œuvre de la solution finale

Les Allemands commencent à mettre en œuvre en France leur politique d'extermination massive des Juifs d'Europe dès mars 1942, où un convoi de déportés juifs quitte Compiègne, plaque tournante vers les camps d'extermination. Officiellement, il s'agit de les regrouper dans une région mal définie (on parle de la Pologne) que les Allemands auraient décidé de mettre à la disposition des Juifs. Parmi eux se trouvent des Juifs français, et le gouvernement de Vichy n'exprime pas de protestation. En zone occupée, les Juifs sont obligés de porter l'étoile jaune à partir de mai 1942. Cette mesure ne sera jamais imposée en zone sud, même après son occupation par les Allemands. La déportation des Juifs va prendre une grande ampleur à partir de la rafle du Vel' d'hiv, les 16 et 17 juillet 1942 : 12 884 Juifs apatrides (3 031 hommes, 5 802 femmes et 4 051 enfants) sont arrêtés par la police française, rassemblés au Vélodrome d'hiver dans des conditions sordides, puis à Drancy, d'où ils seront acheminés vers les camps d'extermination. Fin août 1942, en zone libre, 7 000 Juifs étrangers sont raflés et livrés aux Allemands. Contrairement aux premières lois antijuives, mais comme pour l'aryanisation, l'initiative de la déportation qui coïncide avec l'imposition de l'étoile jaune à Paris fut allemande[79]. La rafle du Vel' d'hiv avait été précédée en mai 1942 d'un certain nombre de pourparlers entre Heydrich, Oberg, Knochen et Dannecker du côté allemand et Pierre Laval, Bousquet[23] et Legay du côté français. Les différents interlocuteurs français n'accédèrent pas aux demandes des Allemands de procéder à la déportation de Juifs français, mais par contre acceptèrent d'étendre à la zone libre la déportation de Juifs étrangers[23]. L'organisation des rafles étaient confiés à la police française selon les termes d'une sorte de protocole signé le 2 juillet 1942 que l'on appelle les accords Oberg-Bousquet[79],[80],[23]. Au conseil des ministres du 3 juillet, Pierre Laval aurait déclaré:

« Il faut distinguer entre Juifs français et déchets expédiés par les Allemands eux-mêmes. L'intention du gouvernement allemand serait de faire un État juif à l'est de l'Europe. Je ne serais pas déshonoré si j'expédie un jour vers cet État juif les innombrables Juifs étrangers qui sont en France[81]. »

Les deux trains de mesures antijuives, celui d'octobre 1940 et celui de juin 1941 n'avaient guère soulevé de protestations de la part des autorités religieuses qui restaient le plus fidèle soutien du régime[82]. Tout juste, le cardinal Gerlier, primat des Gaules, avait-il remis au chef de l'État, en septembre 1941 une note exprimant des réserves sur la politique antisémite. Son homologue protestant, le pasteur Boegner, avait adressé une lettre personnelle à l'amiral Darlan un peu plus tôt, en mars 1941. De même, les conditions très dures d'internement des Juifs étrangers n'avaient guère ému l'opinion publique. Seules quelques organisations charitables, soit juives, soit protestantes (la CIMADE), rejointes par quelques catholiques s'étaient préoccupées de porter secours aux internés des camps de Gurs, Noë, Récébédou, etc[70].

À partir de la mi-1942, on assiste à un revirement de l'opinion publique. Le port de l'étoile jaune, d'abord avait suscité la réprobation de beaucoup de Français ainsi qu'une nouvelle protestation du pasteur Boegner. Ce sont enfin les rafles de l'été 1942 qui provoquent un tournant décisif. Non seulement parmi les chrétiens de base, mais également parmi la hiérarchie catholique[83]. En plus des démarches confidentielles, cinq prélats catholiques de la zone sud font connaître publiquement, en chaire, leur désapprobation. La protestation la plus célèbre est celle de Mgr Jules Saliège, archevêque de Toulouse, dont la lettre est lue en chaire le 23 août[83].

Dorénavant, Laval et Bousquet mettront en avant l'opposition de l'Église dans les pourparlers avec Oberg pour réduire l'implication de la police française dans le processus de déportations des Juifs [84]. Selon les mots de Serge Klarsfeld, « la fin de cette coopération massive ne se situe pas en 1943, après la défaire de Stalingrad [...] mais en septembre 1942, alors que l'Allemagne est encore victorieuse »[85]. Ce tournant ne veut pas dire arrêt : la police française, toujours sous les ordres de Bousquet, arrête dans la région parisienne 700 personnes en octobre, 600 en novembre et 835 en décembre, dont la plupart étaient françaises[86].

En novembre 1942, les Allemands envahissent la zone sud. Aussitôt, le Höherer SS und Polizeiführer s'installa dans toutes les préfectures pour développer ses activités antijuives[87]. La police allemande montre sans doute moins d'efficacité que la police française[23], mais elle traque aussi bien les Juifs français que les étrangers[87], et beaucoup de Juifs français de la zone sud, se croyant protégés ou oubliés par le gouvernement de Vichy, n’avaient pas pris l'habitude de se cacher. De novembre 1942 à septembre 1943, la zone d'occupation italienne, à savoir les deux départements de la Savoie et surtout les Alpes-Maritimes, devient le dernier refuge pour les Juifs[88]. On en trouve près de 30 000, en septembre 1943 dans ce qui s'avèrera être une souricière, lorsque les Allemands envahissent la zone après la capitulation de l'Italie[89]. Sous la conduite d'Alois Brunner, la police allemande et une unité de Waffen-SS ratissent les trois départements, mais faute d'un appui suffisant des autorités françaises, l'opération n'aboutit qu'à l'arrestation de 2 000 Juifs, déportés à Drancy puis à Auschwitz[90].

Sauvetage des Juifs – Justes de France

Article détaillé : Juste parmi les Nations.

Une grande partie des 75 000 Juifs déportés vers les camps de la mort le furent avec la participation de la police du gouvernement de Vichy. Une partie des 225 000 Juifs qui échappèrent à la déportation bénéficièrent du silence, de la complicité ou de l'aide active d'un très grand nombre de Français qui sont restés pour la plupart anonymes. Les institutions religieuses, juives, protestantes ou catholiques jouèrent un rôle de premier plan pour l'accueil, la production de faux papiers et l'organisation de filières d'évasion. Les protestants, très minoritaires en France se sont souvent montrés d'une grande détermination dans ce sauvetage. Sous la conduite du pasteur André Trocmé et de sa femme Magda, Le Chambon-sur-Lignon, village de Haute-Loire, accueille, de 1941 à 1944, pour des périodes plus ou moins longues, un total de 2 500 Juifs[91].

Une résistance juive spécifique se développa pour s'opposer à la politique d'extermination nazie et notamment pour mettre sur pied des filières permettant de mettre à l'abri les enfants juifs dans des familles nourricières « aryennes » ou dans des institutions religieuses[92].

L'ensemble des français est resté relativement passif devant les lois antijuives dans les années 1940-1941, mais on assiste à un revirement de l'opinion avec les grandes rafles de l'été 1942. Dés lors s'est enclenché un processus de complicité, active ou passive, de milliers de Français non juifs pour leur venir en aide, à commencer par les enfants. Un grand nombre d'établissements religieux, couvents, écoles, pensionnats, orphelinats, ouvrent leurs portes aux proscrits. D'autres sont accueillis dans des familles[93].

Lors des rafles ou arrestations importantes nécessitant une préparation et une logistique, par exemple celle du Vel d'Hiv, des agents de Préfecture ou des policiers français ont pu, à titre individuel, prévenir des arrestations[94]. Des Juifs sont ainsi sauvés. Ils bénéficient également de protections de la part d'une partie de la population. Localement, des auteurs ont mis en évidence des cas de désobéissance civile[95] qui, la plupart du temps, demeurent anonymes.

Statistiques

Il y avait, en 1940, 330 000 Juifs en France. Entre le printemps 1942 et la Libération de 1944, 76 000 Juifs sont déportés vers les camps d'extermination, en 79 convois. 2 500 seulement reviendront. Un tiers étaient des Juifs français, et deux tiers des Juifs étrangers. 14 % avaient moins de dix-huit ans et 12 % plus de soixante ans[96].

De mars à décembre 1942, 43 000 Juifs ont été déportés en 43 convois, à destination d'Auschwitz. Les trois quarts venaient de la zone nord et le quart restant de la zone sud[96].

En 1943, 17 000 Juifs sont déportés en 17 convois, 13 pour Auschwitz et 4 pour Sobibor[96].

En 1944, (7 premiers mois), 16 000 Juifs sont déportés en 14 convois pour Auschwitz[96].

Au terme d'un livre consacré à la persécution et au sauvetage des Juifs sous l'occupation et sous Vichy, l'historien israélien Asher Cohen conclut :

« La perte d'un quart de la population juive résulte donc, non seulement de la décision allemande, mais aussi de la collaboration française. La survie des trois quarts tient autant à l'inefficacité des persécuteurs qu'à des actions de sauvetage. La pression de l'opinion, l'intervention publiques de quelques prélats et les réticences dans le gouvernement et dans l'administration, dés la fin de 1942, limitèrent les pertes. La réaction juive, inefficace dans ses débuts, réussit ensuite à profiter d'une sympathie dans la population assez large pour organiser des actions de sauvetage importantes[97]. »

Novembre 1942 : l’opération Torch et l'occupation de la zone libre

Le mois de novembre 1942 est un tournant dans la Seconde Guerre mondiale, qui marque le moment où, pour la première fois depuis les accords de Munich (1938), Hitler a perdu l'initiative à l'Ouest. Pour la France de Vichy, il s'agit d'une rupture qui n'a pas échappé aux contemporains. En perdant à la fois sa souveraineté sur une partie de la France et sur l'Empire, la situation spécifique qui permettait de justifier la politique de neutralité et de collaboration s'effondre.

Dans le cadre de l'opération Torch, les Américains et les Anglais débarquent le 8 novembre 1942 sur les côtes d'Afrique du Nord, en Algérie et au Maroc. Grâce à l'action des résistants locaux, qui, en accord avec les consuls américains, occupent les points stratégiques d'Alger, et y neutralisent pendant plusieurs heures les officiers généraux vichystes, à commencer par Juin et Darlan, les Alliés pourront débarquer sans opposition, puis encercler la ville et obtenir dans la journée sa capitulation avec son port intact . Par contre, à Oran, et surtout au Maroc, le général Noguès, résident général fidèle à Vichy, oppose une résistance qui se solde par 1 346 morts français et 2 000 blessés d'une part et 479 morts américains et 720 blessés. Il s'ensuit une situation politique complexe à Alger où les Américains traiteront avec Darlan qui se trouve par hasard à Alger, et prend le pouvoir en Afrique au nom du maréchal. Darlan conserve toutes les lois de Vichy et maintient les déportés politiques dans les camps de concentration d'Afrique du Nord. Il est abattu le 24 décembre 1942 par Fernand Bonnier de La Chapelle, et remplacé par Giraud. Ce dernier maintient le régime de Vichy et fait arrêter 27 chefs de la résistance. Il faudra attendre le 30 mai 1943 pour que de Gaulle s'installe à Alger, mais sur la pointe des pieds, et plusieurs mois encore pour que, après avoir évincé Giraud en octobre 1943, il parvienne enfin à rétablir la législation républicaine.

Pour Vichy, l'opération a une double conséquence :

D'une part, la perte complète de l'Empire, car après que l'AEF (Afrique équatoriale française) est passée dans le camp de la France libre dés août 1940, puis la Syrie et le Liban, après l'intervention des Britanniques, c'est non seulement l'Afrique du Nord qui échappe au contrôle de Vichy, mais aussi l'AOF (Afrique occidentale française) qui se rallie à Darlan le 23 novembre. Le 30 novembre, la Réunion se rallie à la France combattante.

D’autre part, l'invasion par la Wehrmacht de l'ancienne zone libre met fin au statut très particulier de la France occupée. L'armée d'armistice, qui a combattu les Alliés au Maroc livre la zone sud aux forces de l'Axe sans tirer un coup de feu. Ce qui n'empêche pas les occupants de la dissoudre. Laval créé alors la Milice, dirigée par Darnand, pour remplacer l'armée dissoute et réprimer les dissidents. Quant à la flotte de Toulon, elle se saborde in extremis le 27 novembre 1942, contre la demande de Laval, et après s'être laissée encercler par les Allemands et avoir refusé de rejoindre les Alliés.

Les relations diplomatiques avec les Alliés

Le Royaume-Uni, le 3 juillet 1940, peu de temps après l'armistice (22 juin 1940), attaque au cours de l'opération Catapult la flotte militaire française stationnée à Mers el-Kébir, tuant 1 297 marins français et coulant ou endommageant gravement trois navires de ligne et un contre-torpilleurs. Il craignait que l’escadre française tombe dans les mains de la Kriegsmarine et puisse être employée contre ses propres forces navales qui étaient essentielles pour le maintien de libres communications maritimes mondiales et pour les communications maritimes des Alliés. En conséquence, Vichy rompt immédiatement ses relations diplomatiques avec le Royaume-Uni.

Les conditions de l'armistice permettent, sous très strictes conditions, que la France (régime de Vichy) conserve l’utilisation de sa Marine nationale. Le régime de Vichy s’est toutefois engagé auprès des Alliés à ce qu’elle ne tombe pas dans les mains de l'Allemagne du 3e Reich, mais il a refusé de l’envoyer hors d’atteinte de la zone d’influence de l'Allemagne, soit en Grande-Bretagne, ou soit dans les lointains territoires de l'Empire colonial français (comme par exemple dans les Antilles françaises). Ce refus de mettre hors d’atteinte la Marine nationale n'est pas sécurisant pour Winston Churchill. Celui-ci fait donc saisir par la Royal Navy des bâtiments français stationnés dans les ports britanniques et l'escadre française stationnée dans le port Alexandrie (Égypte), placée sous le commandement de l’amiral René-Émile Godfroy, est dans ce port, après la conclusion d’un accord avec l’amiral Andrew Cunningham (commandant de la Royal Navy en Méditerranée) assignée à résidence jusqu'en 1943 et désarmée[98].

L'URSS maintient, jusqu'au 30 juin 1941, ses relations diplomatiques avec le régime de Vichy, elle les rompt car le régime de Vichy soutient l'opération Barbarossa[20],[21].

Les États-Unis accordent leur reconnaissance diplomatique au régime de Vichy et envoyent en France, jusqu’en novembre 1942 (invasion de la zone Libre par les troupes du 3e Reich), l’amiral William Leahy en tant qu'ambassadeur des États-Unis[19]. Le président Franklin Delano Roosevelt et son secrétaire d'État Cordell Hull espérent user de l'influence américaine pour encourager la résistance des éléments du gouvernement de Vichy opposés à la collaboration militaire avec l'Allemagne. Ils veulent aussi encourager le régime de Vichy à la résistance envers des demandes militaires allemandes comme l’usage des bases aériennes françaises en Syrie, ou veulent lui faire déplacer des matériels de guerre du territoire métropolitain en Afrique du Nord. La position américaine est que le régime de Vichy ne doit prendre aucune mesure qui ne soit explicitement exigée par les termes de l’armistice et/ou qui pourrait compromettre les efforts des Alliés dans la guerre.

Le Canada maintient, jusqu'au début de novembre 1942, ses relations diplomatiques avec le régime de Vichy, il le fait tant de sa propre initiative qu'à la demande du gouvernement britannique qui souhaite conserver une voie de communication. Il les rompt avec l'entrée des troupes allemandes dans la zone libre administrée par le régime de Vichy[99].

L'Australie maintient, jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ses relations diplomatiques avec le régime de Vichy et entretient également des relations diplomatiques avec la France libre du général de Gaulle ; citation de l’ambassade de France à Canberra : « De juin 1940 à juillet 1944, la représentation diplomatique française basée à Sydney était duale, une représentation officiant pour le gouvernement de Vichy et l’autre pour le général de Gaulle »[100].

L'empire colonial français (1940-1945)

La guerre « franco-française »

La période 1940-1944 voit s'affronter certains Français les uns contre les autres :

  • Deux pouvoirs se disputent la légitimité : le gouvernement de Vichy et l'autorité de Londres sont amenés à des confrontations directes pour se disputer les morceaux de l'Empire français. À Dakar, en septembre 1940, les forces fidèles à Pétain repoussent l'intervention franco libre-britannique, et en Syrie, les troupes de la France libre affrontent aux côtés des Britanniques les troupes fidèles à Vichy dans des combats meurtriers.
  • En métropole, on voit s'affronter la Résistance intérieure (globalement ralliée au Général de Gaulle, mais en partie influencée par le parti communiste) et qui s'étoffe considérablement à partir de 1943, à la Milice française, créée en janvier 1943 pour lutter contre le « terrorisme », c'est-à-dire contre la Résistance, et qui opère sous les ordres des occupants.

L'affaire Syrie-Liban (juin-juillet 1941)

La Syrie et le Liban sont des territoires placés sous tutelle française par un mandat de la SDN que les Français considérent donc comme faisant partie de leur Empire. Début 1941, le général Henri Dentz, représentant de Vichy en Syrie, y commande une armée de 37 700 hommes dont 28 000 indigènes[101],[102]. En s'en échappant quelques mois avant pour rejoindre les Forces françaises libres en Palestine, le général Edgard de Larminat n'a réussi à entraîner que 300 hommes.

Le 1er avril 1941, il se produit en Irak (pays sous influence britannique) un coup d'État antibritannique soutenu par les services allemands. L'enjeu pétrolier est évidemment de première importance. Tout en négociant les protocoles de Paris dont l'un est relatif au Levant (nom alors donné au Moyen-Orient), Darlan, avec l'accord personnel du maréchal Pétain, approfondit la collaboration avec l'ennemi en lui accordant en Syrie un soutien technique, ainsi que la possibilité pour les avions de la Luftwaffe, d'utiliser les aérodromes de la Syrie pour aller bombarder les Britanniques en Irak. Darlan rencontre Hitler le 14 mai 1941, puis l'ambassadeur Otto Abetz avec lequel il signe les accords de Paris qui prévoient, entre autres, de façon explicite, l'utilisation des bases françaises en Syrie[103].

Cette situation nouvelle ne fait qu’aggraver l’inquiétude des Britanniques et des Américains. Lorsque les Britanniques en ont fini avec la rébellion de Rachid Ali al Gaylani en Irak, ils attaquent les forces françaises de la Syrie et du Liban le 8 juin 1941. 30 000 soldats britanniques épaulés par une division de Français libres attaquent les 37 700 hommes du général Dentz. Loin de se limiter à un « baroud d'honneur », les Français du général Dentz résistent. Les combats durent jusqu'au 14 juillet et se soldent par 1 066 tués et 5 400 blessés pour les Français du général Dentz, 650 tués et blessés pour les Français libres et 4 060 tués et blessés pour les Britanniques[101]. Le gros des troupes regagne la France, mais, malgré la dureté des combats qui viennent de les opposer, 5 500 hommes se rallient à la France libre. Pourtant les Britanniques qui ne souhaitaient peut-être pas le maintien d'une force française importante au Moyen-Orient, avaient rendu difficile le contact entre officiers français libres et les prisonniers vichystes[102].

La Résistance

Article détaillé : Résistance intérieure française.

Certains des premiers groupes de Résistance qui se sont développés en zone libre, comme le mouvement Combat d'Henri Frenay, ne s'opposent pas à proprement parler au maréchal Pétain. En revanche, les investigations policières restent discrètes, alors que dés 1940, la police de Vichy traque sans merci les militants communistes qui ne se sont pas encore engagés clairement dans la Résistance. Dans les divers camps d'internement contrôlés par le gouvernement français, l'historien Denis Peschanski ne relève pas de présence appréciable de détenus politiques français qui ne soient pas communistes : « Entre 1940 et 1942, le camp répressif fut largement à dominante anticommuniste » [104]. Il n'empêche qu'au fur et à mesure que la Résistance monte en puissance, le gouvernement de Vichy est amené à faire respecter son autorité. La lutte contre la Résistance sera l'une des principales missions de la Milice, créée le 30 janvier 1943 et dont le chef sera Joseph Darnand. Ses effectifs atteignent 30 000 hommes. Mais seulement 6 000 sont actifs à un moment donné, en participant également, comme supplétifs des Allemands, à des opérations contre les maquis, notamment celui des Glières. Ils participent également à toutes sortes d'exactions et d'assassinats.

Jusqu'en juin 1944, selon l'historien et résistant Marcel Baudot, 2 000 Français réputés collaborateurs sont tués : ce sont des membres des partis collaborationnistes, comme le PPF ou la Milice, mais aussi des fonctionnaires de Vichy ou des individus accusés d'activité en faveur de l'occupant. 4 000 cas semblables sont dénombrés entre le 6 juin 1944 et la libération des différents départements concernés.

Les archives de la Milice ont été entièrement détruites et ne sont donc pas consultables.

La fin du régime de Vichy

Pour les Français, 1944 est une année de grande allégresse grâce à la Libération. Elle est également une année de souffrances du fait des bombardements qui précèdent et accompagnent les deux débarquements de Normandie (6 juin) et de Provence (15 août).

Débarquements et Libération

Article détaillé : Libération (Histoire).

Les forces Alliées, aidées par la Résistance intérieure française, repoussent peu à peu les Allemands, tandis que la Milice française combat aux côtés de l'occupant. Créé le 3 juin 1944[105],[106], quelques jours avant le débarquement des Alliés, le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) installe son autorité sur le territoire libéré dans les semaines suivant la Bataille de Normandie, et se substitue progressivement dans les faits au régime de Vichy.

Les autorités de Vichy, adoptant une façade de neutralité, tentent de détourner les Français de la résistance : « Nous ne sommes pas dans la guerre » déclare soudain Pétain en demandant aux fonctionnaires de demeurer à leurs postes. En son nom, l'amiral Auphan essaye de prendre contact avec les Alliés et même avec de Gaulle. Il est éconduit [107] pendant que Laval est à la recherche de solutions parlementaires et invente des combinaisons politiques où Henri Queuille serait à l'Élysée et Herriot à Matignon.

Ordonnance d'août 1944 et départ de Pétain

Par son ordonnance du 9 août 1944, toujours en vigueur, relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental, le GPRF affirme la permanence en droit de la République française et nie toute légitimité au gouvernement de Vichy et de ses actes (constitutionnels ou pas)[4].

L’article premier précise :

« La forme du gouvernement de la France est et demeure la République. En droit, celle-ci n'a pas cessé d'exister[4]. »

D’où découle l’article deux :

« Sont en conséquence, nuls et de nul effet tous les actes constitutionnels, législatifs ou réglementaires, ainsi que les arrêtés pris pour leur exécution, sous quelque dénomination que ce soit, promulgués sur le territoire continental postérieurement au 16 juin 1940 et jusqu'au rétablissement du Gouvernement provisoire de la République française[4]. [...] »

L’article sept de l’ordonnance décrit le régime de Vichy comme « l’autorité de fait se disant « gouvernement de l’État français »[4] », récusant de fait sa légalité.

Laval tient le 17 août un simulacre de Conseil avec quatre ministres et rejoint Belfort où il est pris en charge par les Allemands. Ceux-ci, le même jour, en la personne de Cecil von Renthe-Fink, ministre délégué, demandent à Pétain de se laisser transférer en zone nord[108]. Celui-ci refuse et demande une formulation écrite de cette exigence[108]. Von Renthe-Fink renouvelle sa requête par deux fois le 18, puis revient le 19, à 11 h 30, accompagné du général von Neubroon qui lui indique qu'il a des « ordres formels de Berlin »[108]. Le texte écrit est soumis à Pétain : « Le gouvernement du Reich donne instruction d’opérer le transfert du chef de l’État, même contre sa volonté[108]. » Devant le refus renouvelé du maréchal, les Allemands menacent de faire intervenir la Wehrmacht pour bombarder Vichy[108]. Après avoir pris à témoin le ministre de Suisse, Walter Stucki, du chantage dont il est l’objet, Pétain se soumet, et « [...] lorsque à 19 h 30 Renthe-Fink entre dans le bureau du Maréchal avec le général von Neubronn, le chef de l’État est en train de surveiller le confection de ses valises et de ranger ses papiers[108]. » Le lendemain, il est emmené contre son gré à Belfort, puis en Allemagne[2]. Il arrive le 8 septembre au château de Sigmaringen (Bade-Wurtemberg) où sont regroupés un certain nombre de rescapés du régime de Vichy et de la collaboration, dont Laval. Le départ de Pétain le 20 août, puis la Libération de Paris le 25, achèvent de consommer la disparition du régime de Vichy.

Les Américains menacent de mettre la France sous administration militaire. De Gaulle parvient à retourner la situation. Lorsqu'il arrive le 14 juin à Bayeux, il est accueilli par les ovations de la foule et y installe un commissaire de la République. Par la suite de Gaulle se rend dans Paris libéré par les Résistants et la division Leclerc, et y reçoit un bain de foule triomphal. Son gouvernement provisoire est enfin reconnu par tous les Alliés le 23 octobre, et Roosevelt renonce définitivement à l’installation en métropole libérée d’un gouvernement militaire de l'AMGOT – certains historiens estiment même que les Américains n'y avaient jamais vraiment songé aussi sérieusement qu'il a longtemps été cru. De Gaulle rend alors visite au président américain, qui affecte d’avoir abandonné ses préventions à son égard.

La France, libérée et à nouveau souveraine, reprend sa place dans le camp allié, et les préfets vichystes n’ayant fait aucune difficulté pour passer leurs pouvoirs aux nouveaux commissaires de la République, l’administration se rallie en bloc au nouveau gouvernement provisoire sans secousses majeures.

Lors de la Libération de la France en août 1944. Le général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), refuse d'accéder aux demandes de ceux, dont Georges Bidault alors président du Conseil national de la Résistance, qui le pressaient de « rétablir la République », leur signifiant qu'elle n'avait jamais cessé d'exister car ayant toujours considéré l’« État français » comme illégitime :

« La République n'a jamais cessé d'être. La France libre, la France combattante, le Comité français de libération nationale l'ont tour à tour incorporée. Vichy fut toujours et demeure nul et non avenu. Moi-même suis le président du gouvernement de la République. Pourquoi irais-je la proclamer ?[109],[110] »

Une commission gouvernementale vichyste, dirigée par Fernand de Brinon et dominée par des personnalités très engagées dans la collaboration comme Marcel Déat, existe à Sigmaringen jusqu'en avril 1945. Pétain ainsi que Laval, qui se considèrent comme prisonniers des Allemands, n'y tiennent pas de rôle effectif.

Notes, sources et références

  1. Les institutions de la République française sont officiellement maintenues, mais le terme de République n'est jamais utilisé dans les documents officiels du régime, dont le type de gouvernement n'est pas précisé. Le terme de République réapparaît, en janvier 1944, dans le projet de constitution, qui ne sera jamais promulgué. À noter que certains médias et auteurs étrangers utilisent parfois le terme impropre de « République de Vichy » (cf. « Processo all'ultimo gerarca di Vichy », La Repubblica, 19 septembre 1996).
  2. a , b , c  et d Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, éd. Librairie Académique Perrin, Paris, 1962-1964 ; rééd. CAL, Paris, chap. « Pétain : sa carrière, son procès », p. 41-45
  3. La capitale étant toujours Paris, cf. Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, op. cit., p. 41
  4. a , b , c , d  et e « Ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental – Version consolidée au 10 août 1944. », actuellement en vigueur, sur le site legifrance.gouv.fr, consulté le 20 juin 2009
  5. a  et b « Acte constitutionnel no 1 du 11 juillet 1940 », sur le site de l'université de Perpignan, mjp.univ-perp.fr, consulté le 20 juin 2009
  6. Livret de la LVF et décret gouvernemental
  7. Article « Français sous uniforme allemand », dans Michèle et Jean-Paul Cointet, Dictionnaire historique de la France sous l'Occupation, Tallandier, 2000, p. 318.
  8. Giorgio Rochat, (trad. Anne Pilloud), « La campagne italienne de juin 1940 dans les Alpes occidentales », Revue historique des armées, no 250, 2008, p. 77-84, sur le site du Service historique de la Défense, rha.revues.org. Mis en ligne le 6 juin 2008, consulté le 24 octobre 2008.
  9. Citée par L'Écho de la Falaise, 13 juin 1940, l'expression serait de Roosevelt selon (en) Denis Mack Smith, Mussolini, éd. Knopf (première édition américaine), 1982 (ISBN 0394506944 et ISBN 978-0394506944), p. 312.
  10. Voir l'article : Wagon de l'Armistice#En Allemagne
  11. a , b  et c Texte de la convention d'armistice sur le site de l'université de Perpignan
  12. Winston Churchill, The Second World War, Plon, 1948-1954 ; rééd. La Deuxième Guerre mondiale, Le Cercle du Bibliophile, 12 vol. , 1965-1966, Tome troisième, « L'heure tragique – la chute de le France, 1940 », chap. XI : « L'amiral Darlan et la flotte française, Mers-el-Kébir », p. 226-253
  13. « Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940 », sur le site de l’Assemblée nationale, assemblee-nationale.fr, consulté le 27 décembre 2008
  14. Alors qu'aux termes de l'article 8 de la loi constitutionnelle du 25 février 1875, une loi de révision constitutionnelle ne peut être votée qu'à la majorité absolue des membres composant l'Assemblée nationale, la majorité fut, sous les pressions de Laval, calculée sur les suffrages exprimées
  15. « Projet de constitution du 30 janvier 1944 – Projet du maréchal Pétain », sur le site mjp.univ-perp.fr, consulté le 25 juin 2009
  16. « Projet de constitution du 30 janvier 1944 – Projet du maréchal Pétain – Titre premier : La fonction gouvernementale, Article 14 », sur le site mjp.univ-perp.fr, consulté le 29 juin 2009
  17. « Acte constitutionnel no 3 du 11 juillet 1940 », sur le site mjp.univ-perp.fr, consulté le 25 juin 2009
  18. Robert O. Paxton, La France de Vichy 1940-1944, préface de Stanley Hoffmann, Éditions du Seuil, coll. « Points Histoire » ; rééd. novembre 1999, 475 p. (ISBN 978-2-02-039210-5), p. 243-244.
  19. a  et b William Bullitt et l'amiral Leahy furent ambassadeurs des États-Unis auprès du gouvernement de Vichy de 1940 à 1942 : site de l'ambassade des États-Unis d'Amérique, « La mission – Ambassadeurs », sur french.france.usembassy.gov, consulté le 26 décembre 2008.
  20. a , b , c  et d « Les relations officielles franco-russes », sur le site russie.net, consulté le 26 décembre 2008.
  21. a  et b Gaston Bergery était alors ambassadeur de Vichy à Moscou.
  22. « Pétain, Philippe : Message du 30 octobre 1940 », Themenportal Europäische Geschichte, sur le site europa.clio-online.de, consulté le 26 mai 2009
  23. a , b , c , d , e , f , g , h  et i Éric Conan, « La vraie vie de René Bousquet », L'Express, 28 septembre 1990 [lire en ligne sur le site lexpress.fr, mis à jour le 17 décembre 2003.]
  24. Maréchal Pétain, « Politique sociale de l'avenir », La Revue des Deux Mondes, 15 septembre 1940
  25. « Cachet de la sous-préfecture de Dinan, 6 décembre 1943, État français (Régime de Vichy) », Académie de Rennes.
  26. Dans le journal Le Petit Marseillais, voir : Maurice Weyembergh, Charles Maurras et la Révolution française, éd. Vrin, 1992, 146 p. (ISBN 2711642755 et ISBN 9782711642755) [lire en ligne], p. 116
  27. a  et b source : Société française de vexillologie, page internet « Les marques des présidents de la République depuis 1870 » s'appuyant sur « plusieurs articles parus dans le bulletin Emblèmes et Pavillons sous la plume de Lucien Philippe, ancien rédacteur », site consulté le 19 janvier 2009.
  28. « Voyages du maréchal Pétain », Les Actualités mondiales, 18 juillet 1941, Archives de l'INA, sur le site ina.fr, consulté le 16 janvier 2009.
  29. « Le maréchal Pétain revient à Vichy », France Actualités, 9 juin 1944, Archives de l'INA, sur le site ina.fr, consulté le 17 janvier 2009.
  30. Albert Kéchichian, Les Croix-de-feu à l'âge des fascismes, Champ Vallon, 2006, p. 367
  31. Serge Berstein, Pierre Milza, Histoire de la France au XXe siècle, tome 2 : 1930-1945, Éditions Complexes, 2003, p. 319-320
  32. Acte constitutionnel no 2 du 11 juillet 1940, sur le site mjp.univ-perp.fr/france, consulté le 25 juin 2009
  33. « Acte constitutionnel no 11 du 18 avril 1942 », sur le site mjp.univ-perp.fr, consulté le 25 juin 2009
  34. Robert O. Paxton, « La collaboration d'État » in La France des années noires sous la direction de J.-P. Azéma, Le Seuil, 1993. Sur la collaboration économique, voir p. 357 du tome 1 de l'édition de poche 2000
  35. Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, Fayard, 1968, p. 320
  36. J.P.Azéma et O.Wieviorka, Vichy, 1940-44, Perrin, 1997, coll.Tempus p. 191
  37. J.P.Azéma et O.Wieviorka, Vichy, 1940-44, Perrin, 1997, coll.Tempus p. 192
  38. a , b  et c Denis Peschanski et Pierre Azéma, « Vichy, état policier », dans La France des années noires, T2, éditions du Seuil, p. 358-359
  39. a , b , c , d  et e Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, Fayard, 1968, p. 280-284
  40. Asher Cohen, Persécutions et sauvetages, éd. du Cerf, 1993, p. 257
  41. a  et b Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2006, tome 2, p. 1177
  42. a , b  et c Jean-Marc Berlière, Les Policiers français sous l'occupation, Perrin, 2001, p. 32-35
  43. Jean-Marc Berlière, Les Policiers français sous l'occupation, Perrin, 2001, p. 224-225
  44. Sur la faiblesse de la répression policière en zone sud avant 1942 vis-à-vis de la Résistance non communiste, voir notamment :
    • J.M. Berlière, Les Policiers français sous l'occupation, éd. Perrin, 2001, p. 35 ;
    • D.Veillon, O.Wieviorka, La Résistance, in La France des années noires, T2, p. 89 ;
    • D. Peschanski, « Répression de la Résistance par Vichy », in Dictionnaire historique de la Résistance, éd. Robert Laffont, 2006, p. 789.
    Peschanski insiste sur le caractère très ciblé de la répression vis-à-vis des communistes, avant ou après leur entrée en résistance. L'ensemble des auteurs soulignent qu'avant 1942, une large frange de la Résistance non communiste était relativement bienveillante vis-à-vis du maréchal, en même temps qu'une partie des services chargés, en principe, de lutter contre les résistants, tel le BMA (Bureau des Menées Antinationales) sont engagées dans une forme de Résistance. De nombreux dirigeants de la Résistance non communistes seront arrêtés, mais relâchés : Chevance- Bertin, Bertie Albrecht, François de Menthon, Marie-Madeleine Fourcade, Bertrande d'Astier de la Vigerie (nièce d'Emmanuel), Ravanel.
  45. Olivier Forcade, « Services spéciaux militaires », dans Dictionnaire historique de la Résistance, éd. Robert Laffont, 2006, p. 211-213
  46. Robert Aron, Histoire de Vichy, éd. Fayard, 1954, p. 536-537
  47. Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, éd. Fayard, 1968, p. 374
  48. Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler, éd. Fayard, 1968, p. 387
  49. Ahlrich Meyer, « Répression de la Résistance par les Allemands », dans Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006, p. 785-788
  50. Denis Peschanski, « Répression de la Résistance par Vichy », dans Dictionnaire historique de la Résistance, éd. Robert Laffont, 2006, p. 789-790
  51. a  et b Robert Paxton, L'armée de Vichy, éd. anglaise, 1966 ; éd. française Tallandier, coll. « Points-Histoire », 2004, p. 356-357
  52. a  et b Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération, 1938-1944, Éditions du Seuil, coll. Points Histoire, 1979, p. 108-111
  53. Jacques Marseille, article « L'Empire » dans La France des années noires, Éditions du Seuil, coll. « Points-Histoire », 2000, p. 282
  54. Jean-Pierre Azéma, Olivier Wieviorka, Vichy, 1940-1944, Perrin, 1997, Édition 2004, coll. Tempus, p. 75
  55. a , b , c  et d Robert Paxton, « La collaboration d'État » dans La France des années noires, Tome 1, Éditions du Seuil, coll. « Points-Histoire », 2000, p. 371
  56. a  et b Robert Aron, Histoire de Vichy, 1940-1944, Fayard, 1944, p. 425-441
  57. a  et b Robert Paxton, L'armée de Vichy, éd. anglaise 1966 ; éd. française Tallandier, coll. « Points-Histoire », 2004, p. 254-261
  58. a , b  et c Robert Aron, Histoire de Vichy, 1940-1944, Fayard, 1944, p. 619-623
  59. Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération, 1938-1944, Éditions du Seuil, coll. Points Histoire, 1979, p. 341
  60. Philippe Burrin, « La guerre franco-française : vers Sigmaringen » dans La France des années noires, Éditions du Seuil, coll. « Points-Histoire », 2000, p. 39-45
  61. Robert Paxton, L'armée de Vichy, éd. anglaise 1966 ; éd. française Tallandier, coll. « Points-Histoire », 2004, p. 388-389
  62. Robert Paxton, L'armée de Vichy, éd. anglaise 1966 ; éd. française Tallandier, coll. « Points-Histoire », 2004, p. 390-397
  63. Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération, 1938-1944, Éditions du Seuil, coll. Points Histoire, 1979, p. 277-281
  64. histoquiz-contemporain.co, Les dossiers HistoQuiz, « La Seconde Guerre mondiale », « la Phalange africaine »
  65. Pierre Giolitto, Volontaires français sous l'uniforme allemand, Perrin, 1999, Éditions Tempus 2007, p. 283-323
  66. a , b  et c [pdf] L’exposition « Le Juif et la France », sur le site akadem.org, consulté le 29 juin 2009
  67. Michel Wlassikoff, « Septembre 1941 : « L’Europe se débarrasse des Juifs » » , Tribune juive, [lire en ligne]
  68. Inauguration de l'exposition « Le Juif et la France » au palais Berlitz, les Actualités Mondiales, 12 septembre 1941, sur le site de l'Institut national de l'audiovisuel, consulté le 29 juin 2009
  69. a  et b François et Renée Bédarida, « La Persécution des Juifs », dans La France des années noires, Tome 2, Éditions du Seuil, 1993, section « Une « question juive » en France ? »
  70. a , b , c , d , e , f  et g François et Renée Bédarida, « La Persécution des Juifs », dans La France des années noires, Tome 2, Éditions du Seuil, 1993, section « Du Statut des Juifs à l'étoile jaune »
  71. Robert O. Paxton, La France de Vichy 1940-1944, op. cit., chap. « La France aux français », p. 219-225
  72. a  et b Robert O. Paxton, La France de Vichy 1940-1944, op. cit., chap. « La France aux français », p. 221
  73. Patrick Weil, « Histoire et mémoire des discriminations en matière de nationalité française », dans Vingtième siècle, éd. Les Presses de Sciences Po, octobre-décembre 2004, 234 p., no 84 (ISSN 0294-1759) (ISBN 2724629760 et ISBN 2-7246-2976-0), p. 5-22
  74. Claude Liauzu, La société française face au racisme, Éditions Complexe, 1999, p. 108
  75. Texte intégral : « Première ordonnance contre les Juifs », sur le site.flinescaussade.com, consulté le 19 janvier 2009.
  76. Denis Peschanski, « Le Régime de Vichy a existé. Gouvernants et gouvernés dans la France de Vichy. Juillet 1940-avril 1942 », in Angelo Tasca, Vichy, 1940-1944 : quaderni e documenti inediti di Angelo Tasca : archives de guerre d'Angelo Tasca, Éditions du CNRS, Paris ; Feltrinelli, Milano, 1986, p. 31
  77. Asher Cohen, Persécutions et sauvetages, Juifs et Français sous l'Occupation et sous Vichy, éditins du Cerf, 1993, p. 145
  78. Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Folio T2, p. 1132
  79. a  et b Asher Cohen, Persécutions et sauvetages, Juifs et Français sous l'Occupation et sous Vichy, Les éditions du Cerf, 1993, p. 256-266
  80. Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz, 1942, p. 227-232
  81. Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz, 1942, Fayard, 1983-1985 p. 222-223, cité par Asher Cohen, Persécutions et sauvetages, Juifs et Français sous l'Occupation et sous Vichy, éditions du Cerf, 1993, p. 261
  82. François Delpech, Église et chrétiens dans la Deuxième guerre mondiale, Presses Universitaires de Lyon, 1983, t. II, p. 283
  83. a  et b François et Renée Bédarida, « La Persécution des Juifs », dans La France des années noires, Tome 2, Éditions du Seuil, 1993, section « Une « La solution finale » »
  84. Asher Cohen, p. 329
  85. Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz, 1942, p. 182
  86. Asher Cohen, p. 332
  87. a  et b Asher Cohen, p. 337
  88. Asher Cohen, p. 340-344
  89. Asher Cohen, p. 416-425
  90. Asher Cohen, p. 460
  91. Asher Cohen, p. 428-431
  92. Asher Cohen, Persécutions et sauvetages des Juifs, chapitre « La Résistance », Les Éditions du Cerf, p. 359-390
  93. François et Renée Bédarida, « La persécution des juifs », dans La France des années noires, t. 2, Éditions du Seuil, 1993, p. 158
  94. Un exemple analysé sur le site Mémoire Juive & Education : [1]
  95. Jean-Marie Muller, Désobéir à Vichy, la résistance civile des fonctionnaires de police, les Presses Universitaires de Nancy, 1994
  96. a , b , c  et d François et Renée Bédarida, La persécution des juifs in La France des années noires, t. 2, Éditions du Seuil, 1993, p. 151-152
  97. Asher Cohen, p. 500-501
  98. Les Forces navales françaises
  99. Le Canada et Vichy.
  100. L'Australie et Vichy
  101. a  et b Robert Paxton, l'Armée de Vichy, 1966, édition française, Tallandier, 2004, p. 263-265
  102. a  et b Jean-Louis Crémieux-Brilhac, « La France Libre », dans La France des années noires, Tome 1, Éditions du Seuil, 1993, coll. « Points-Histoire », 2000, p. 205-206
  103. Robert Paxton, La France de Vichy, Éditions du Seuil, 1972, éd. 1997 coll. « Points-Histoire », p. 163-164
  104. La France des camps, l'internement 1938-1946, Gallimard, 2002, p. 212
  105. Gouvernement provisoire de la République française (GPRF)
  106. Ordonnance du 3 juin 1944 substituant au nom du Comité français de la Libération nationale celui de Gouvernement provisoire de la République française, sur le site de la digithèque MJP de l'université de Perpignan, mjp.univ-perp.fr, consulté le 5 juillet 2009
  107. J.P.Azéma, de Munich à la Libération, p. 340
  108. a , b , c , d , e  et f Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, op. cit., p. 41-42
  109. Jean Lacouture, Charles de Gaulle, I. Le rebelle 1890-1944, édit. Le Seuil, 1984, (ISBN 2-02-006969-5), p. 834.
  110. Marcel Jullian, De Gaulle, pensées répliques et anecdotes, édit. Le cherche midi, 1994, réédit. France Loisirs, Paris, 1995 (ISBN 2-7242-8462-3), p. 96

Bibliographie

Ouvrages généraux

  • Henri Amouroux, La grande histoire des Français sous l'Occupation, 8 volumes, Laffont, à partir de 1976
  • Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération, 1938-1944, Le Seuil, 1979
  • Max Lagarrigue, 99 questions… La France sous l'Occupation, CNDP, 2007, (ISBN 978-2-86626-280-8)
  • Philippe Burrin, La France à l'heure allemande, Le Seuil, 1995
  • Eberhard Jäckel, Frankreich in Hitlers Europa – Die deutsche Frankreichpolitik im Zweiten Weltkrieg, Deutsche Verlag-Anstalg GmbH, Stuttgart, 1966 ; traduction : La France dans l'Europe de Hitler (préface de Alfred Grosser, traduction de Denise Meunier), Fayard, coll. « Les grandes études contemporaines », 1968, 554 p.
  • Robert Paxton, La France de Vichy, 1940-44, Le Seuil 1973, nouv. éd. corrigée, 1997 ; rééd. avec mise à jour bibliographique, 1999
  • Henri Michel, Vichy, année 1940, Robert Laffont, 1967.

Autres

  • Jean-Pierre Azéma, « Vichy, l'héritage maudit », Les Collections de « L'Histoire », janvier 2002.
  • Marc Ferro, Pétain, Fayard, 1987.
  • Stanley Hoffmann, « La droite à Vichy », in Essais sur la France, Le Seuil, 1974.
  • Laurent Joly, Xavier Vallat. Du nationalisme chrétien à l'antisémitisme d'État, éd. Grasset, 2001.
  • Pascal Ory, Les Collaborateurs, éd. du Seuil, 1976 ; nouv. éd., coll. « Points. Histoire », 1980.
  • Jean-Baptiste Duroselle, L'Abîme, 1939-1944, Imprimerie nationale, 1982
  • Jean-Pierre Azéma, « La Milice », Vingtième siècle. Revue d'histoire, n° 28 octobre 1990.
  • Serge Klarsfeld, La Shoah en France, le calendrier des déportations (septembre 1942-aout 1944) , Paris, 1978.
  • Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz, 1942, Fayard, 1983.
  • Asher Cohen, Persécutions et sauvetages, Cerf, 1993.
  • Laurent Joly, Vichy dans la « Solution finale ». Histoire du Commissariat aux Question juives, éd. Grasset, 2006.
  • André Kaspi, Les Juifs pendant l'Occupation, Le Seuil, 1991.
  • Simon Kitson, Vichy et la chasse aux espions nazis, Autrement, 2005.
  • Michael Marrus et Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs, éd. Calmann-Lévy, 1981 ; nouv. éd. Libraire générale française, coll. « Le livre de poche », 1990.
  • Denis Peschanski, Les Tziganes en France, 1939-1946, éd. du CNRS, 1994.
  • Id. La France des camps, l'internement 1938-1946, Gallimard, 2002
  • Dominique Rossignol, Vichy et les francs-maçons : la liquidation des sociétés secrètes, Jean-Claude Lattès, 1981.
  • Michèle Cointet, L'Église sous Vichy, 1940-45, Perrin, 1998.
  • Michèle Cointet, Vichy et le fascisme, Complexe, 1999.
  • Jacques Duquesne, Les catholiques français sous l'Occupation, Grasset, 1966 reéd. 1986.
  • Isabel Boussard, Vichy et la corporation paysanne, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1980.
  • Jacques Cantier, L'Algérie sous le régime de Vichy, Odile Jacob, 2002, (ISBN 2738110576).
  • Jacques Cantier et Eric Jennings (dir.), L'Empire colonial sous Vichy, éd. Odile Jacob, 2004.
  • Yves-Maxime Danan, La vie politique à Alger de 1940 à 1944, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1963.
  • Eric Jennings, Vichy sous les tropiques. La Révolution nationale à Madagascar, en Guadeloupe, en Indochine, 1940-1944, Grasset, 2004.
  • Robert O. Paxton, L'Armée de Vichy, éd. Tallandier, 2004.
  • Marcel Baudot, « L'épuration : bilan chiffré », Bulletin de l'Histoire du temps présent n° 25, septembre 1986.
  • Philippe Bourdrel, L'Épuration Sauvage. 1944-45, Perrin, 2002
  • Henry Rousso, Le Syndrome de Vichy, éd. du Seuil, 1987 ; nouv. éd., « Points. Histoire », 1990.
  • Éric Conan, Henry Rousso, Vichy, un passé qui ne passe pas, éd. Fayard, Paris, 1994 ; nouvelle édition Gallimard, coll. « Folio histoire », Paris, 1996, 513 p. (ISBN 2-07-032900-3 et ISBN 978-2070329007)
  • Alain Decaux, Morts pour Vichy, Perrin, 2000
  • Jean-Pierre Bertin-Maghit, Les Documenteurs des Années Noires, éd. Nouveau Monde, 2004, (ISBN 2-84736-044-1).
  • Marc Boninchi, Vichy et l'ordre moral, Puf, 2005.

Annexes

Articles connexes

Textes intégraux

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 Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940, sur Wikisource

Liens externes

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