Saint Josaphat (Inde)

Saint Josaphat (Inde)
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Saint Josaphat prêchant - manuscrit grec du XIIe siècle

Saint Josaphat (ou Joasaphat) et son maître saint Barlaam auraient vécu au IIIe siècle ou IVe siècle en Inde. Leur histoire semble être une version christianisée de la vie de Gautama Bouddha ou semble avoir été influencée par cette vie. L'Église orthodoxe fête Josaphat et Barlaam le 27 novembre.

Sommaire

La tradition

Selon la légende, le roi Abenner ou Avenier persécutait l'Église chrétienne fondée par l'apôtre Thomas dans son royaume indien. Lorsque les astrologues lui prédirent que son propre fils deviendrait un jour chrétien, Abenner isola le jeune prince Josaphat de tout contact extérieur. Malgré ces précautions, Josaphat rencontra l'ermite saint Barlaam, et se convertit au christianisme. Il conserva sa foi en dépit du mécontentement et des pressions de son père. Finalement, Abenner se convertit, laissa son trône à Josaphat et se retira au désert pour devenir ermite. Plus tard Josaphat abdiqua et se retira du monde avec son vieux maître Barlaam.

Postérité littéraire

L'histoire de Josaphat et Barlaam était populaire au Moyen Âge ; elle a d’abord été traduite du latin à partir d’un roman grec attribué à saint Jean Damascène, Barlaam et Josaphat, puis en français par Gui de Cambrai au XIIIe siècle. Le récit apparaît dans la Légende dorée et sert d’argument à plusieurs mystères français et italiens, dont le Mystère du roi Advenir. Encore populaire à la Renaissance, l’histoire est reprise par le florentin Bernardo Pulci et, au début du XVIIe siècle (1611), par Félix Lope de Vega qui en fait le sujet d’une pièce de théâtre. Le troisième acte inspire à son tour Pedro Calderón de la Barca lorsqu’il compose La vida es sueño (La vie est un songe), en 1636, sur le thème du libre arbitre opposé au destin.

Josaphat et Barlaam ont été canonisés par l'Église catholique romaine (fête le 27 novembre), et sont reconnus par l'Église orthodoxe. Il n'existe cependant aucune preuve de leur existence.

État de la recherche actuelle

Wilfred Cantwell Smith a retracé la transmission de cette histoire, depuis un texte sanskrit du bouddhisme Mahayana au IVe siècle, à une version manichéenne qui a pris place dans la culture musulmane sous le nom de Kitab Bilawhar wa-Yudasaf, texte bien connu dans le Bagdad du VIIIe siècle.

La première adaptation christianisée fut l'épopée Balavariani écrite au Xe siècle en géorgien. Euthimius d'Athos, moine géorgien, la traduisit en grec peu avant d'être tué en visitant Constantinople en 1028. La version grecque y fut traduite en latin en 1048, et devint populaire en Europe de l'Ouest sous le nom de Barlaam et Joasaphat.

Des recherches récentes linguistiques et géographiques sur la propagation de l'histoire du Bouddha à travers l'Europe et l'Asie indiquent que l'histoire d'origine est bien la sienne et que le nom du saint vient du sanskrit bodhisattva au travers du persan moyen bodasif. Des travaux de chercheurs de la Seoul National University (Corée) ont montré que Bodhisattva est devenu Bodisav dans les textes persans du VIe-VIIe siècle, puis Budhasaf ou Yudasaf dans un document arabe du VIIIe siècle, et plus tard Iodasaph au Xe siècle en Géorgie. Iodasaph est devenu Ioasaph en Grèce au XIe siècle, et à partir de là serait devenu Iosaphat ou Josaphat en latin. Au delà de la ressemblance des noms, les histoires des deux personnages présentent une similitude frappante.

Holger Kersten, l'auteur de Jésus a vécu en Inde[1] et de The Jesus Conspiracy[2], spécialiste des théories marginales, propose, quant à lui, l'hypothèse selon laquelle le nom Josaphat dériverait directement de la version arabe Judasaf ou Budasaf, présente dans une version urdu de l'histoire. Il propose de plus d'établir une connexion entre ce nom et celui de Yuz Asaf, figure sainte identifiée à Jésus par les Ahmadis, dont le fondateur, Mirza Ghulam Ahmad, soutenait qu'il avait échappé à la crucifixion et était mort en Inde. En tout état de cause, il semble que Judasaf vient bel et bien de bodhisattva par l'intermédiaire du persan car on ne peut lui trouver d'autres antécédents possibles en arabe.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Marcel, Barlaam et Josaphat ou Le Bouddha christianisé, Lanctôt éditeur, coll. « PCL / petite collection lanctôt », Outremont, 2006 ISBN 9782894852927 (Commentaire critique)
    Traduction française du récit
  • (en) John Damascene, Barlaam and Ioasaph (1914) ISBN 0674990382
  • (en) E. A. Wallis Budge, Baralam And Yewasef: The Ethiopic Version of a Christianized Recension of the Legend of the Buddha And the Bodhisattva (1923) ISBN 0766192512

Liens externes

Notes et références

  1. 1989, ISBN 2734002167
  2. The Jesus Conspiracy: The Turin Shroud and the Truth About Resurrection (La conspiration autour de Jésus : le suaire de Turin et la vérité sur la résurrection) par Holger Kersten et Elmar R. Gruber, 31 mars 1994, ISBN 1852304855

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