Simone Jacob

Simone Jacob

Simone Veil

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Simone Veil
Simone Veil lors d'une réunion publique dans le cadre des élections municipales à Paris, le 27 février 2008.
Simone Veil lors d'une réunion publique dans le cadre des élections municipales à Paris, le 27 février 2008.

Nom de naissance Simone Jacob
Naissance 13 juillet 1927 (82 ans)
Drapeau de la France Nice, Alpes-Maritimes
Nationalité Française
Formation Institut d'études politiques de Paris

Simone Veil, née Simone Jacob le 13 juillet 1927 à Nice (Alpes-Maritimes), est une femme politique française.

Rescapée de la Shoah, elle fait adopter en décembre 1974, en sa qualité de ministre de la Santé, la « loi Veil » qui autorise l'avortement en France (la promulgation intervenant le 17 janvier 1975).

De 1979 à 1982, elle est la première femme à présider le Parlement européen élu au suffrage universel. Ancien membre du Conseil constitutionnel, elle est élue à l’Académie française en novembre 2008.

Sommaire

Biographie

Enfance

En 1922, André Jacob épouse Yvonne Steinmetz à Paris. Il quitte la capitale, pour Nice, deux ans plus tard. Simone Jacob est la cadette d'une famille de six enfants, dont seulement quatre survivront : Madeleine, Jean, Denise et Simone. Le père est un architecte modeste, et la mère s'occupe de ses enfants, puis d'enfants dont les parents connaissent une grande difficulté financière à la suite de la crise économique des années 1930.

En 1940, un an après la déclaration de guerre du 1er septembre 1939, les enfants Jacob sont envoyés près de Carcassonne, où ils séjournent en compagnie d’un oncle et d’une tante. De retour à Nice, la famille subit la ségrégation progressive des lois anti-juives. Le danger devient manifeste à partir de septembre 1943, date de la prise de contrôle de cette zone par l’occupant allemand en remplacement des Italiens.

La déportation

Lors d'un contrôle effectué dans la rue par deux SS, Simone Jacob, qui se fait appeler Jacquier, est arrêtée le 30 mars 1944 à Nice (elle réside chez son professeur de lettres classiques, madame de Villeroy). Dans les heures qui suivent, le reste de sa famille, hébergée malgré les risques encourus, par plusieurs couples de relations et d'amis niçois, est arrêté par la Gestapo (l'ami qui l'accompagnait, manquant de prudence, a vraisemblablement été suivi alors qu'il cherchait, à la demande de Simone, à prévenir sa famille). Elle est emmenée à l’hôtel Excelsior, quartier général allemand, servant à cette occasion de lieu de regroupement local des Juifs avant leur départ pour Drancy. Sa sœur Denise, entrée à dix-neuf ans dans un réseau de Résistance à Lyon, est arrêtée en 1944, et déportée à Ravensbrück d’où elle est revenue. Simone transite par le camp de Drancy. Son père et son frère Jean sont déportés en Lituanie. Simone Veil ne les a jamais revus, et leur sort est inconnu. Le 13 avril 1944, soit deux semaines après leur arrestation, Simone, sa mère et sa sœur Madeleine (dite Milou) sont envoyées de Drancy (convoi n° 71) vers le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau où elles arrivent le 15 avril au soir. Un prisonnier parlant français lui conseille de se dire âgée de plus de dix-huit ans pour passer la sélection et éviter l'extermination. Elle reçoit le matricule 78651 qui lui est tatoué sur le bras. Le travail consiste alors à « décharger des camions avec d'énormes pierres » et « à creuser des tranchées et aplanir le sol ». En juillet 1944, avec sa mère et sa sœur, elle est transférée à Bobrek, à cinq kilomètres de Birkenau. Peu avant la libération du camp d'Auschwitz le 27 janvier 1945, les Allemands emmènent leurs prisonniers dans la marche de la mort jusqu'au camp de Bergen-Belsen où elle travaille à la cuisine. Sa mère meurt du typhus le 15 mars 1945. Sa sœur Madeleine, atteinte également, est sauvée de justesse grâce à l'arrivée des Alliés. Bergen-Belsen est libéré le 15 avril 1945. Elle est de retour en France le 23 mai 1945[1]. Simone, Madeleine et son autre sœur Denise (engagée dans la Résistance) sont les trois survivantes de leur famille, puisque son père et son frère ne sont pas revenus des camps.

La magistrature

Seule de toute l'Académie à avoir passé et obtenu son baccalauréat en mars 1944, la veille de son arrestation, elle s'inscrit en 1945 à la faculté de droit et à l'Institut d'études politiques (IEP) de l'Université de Paris où elle rencontre Antoine Veil, futur inspecteur des finances, qu'elle épouse le 26 octobre 1946. Ils ont trois fils, Jean Veil avocat d'affaires, né en 1947, Claude-Nicolas né en 1948 et Pierre-François en 1954.

Munie de sa licence et de son diplôme de l'IEP, elle renonce à la carrière d'avocat qu'elle avait envisagée pour entrer dans la magistrature où elle mène sa carrière jusqu'en mai 1974.

Ministre de la Santé (1974-1979)

Simone Veil, en 1988.

Elle devient alors, après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence de la République, ministre de la Santé dans le gouvernement Jacques Chirac, poste qu'elle conserve sous les gouvernements de Raymond Barre jusqu'en juillet 1979.

À ce titre, elle est maître-d'œuvre de l'adoption par le Parlement du projet de loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), qui dépénalise l'avortement, texte qui entre en vigueur le 17 janvier 1975. Elle devient, et reste longtemps, la personnalité politique la plus populaire de France.

Présidente du Parlement européen

En juin-juillet 1979, elle quitte le gouvernement pour conduire, à la demande de Valéry Giscard d'Estaing, la liste Union pour la démocratie française (UDF) lors des premières élections européennes au suffrage universel. Grâce à la victoire du parti centriste lors des élections européennes de 1979 en France, elle devient la première présidente du Parlement européen (le 19 juillet 1979), fonction occupée jusqu'au début de l'année 1982 (accord tacite entre les groupes de présidence « tournante » à mi-mandat).

En 1984, avec Jacques Chirac, elle impose à l'opposition une liste unique aux élections européennes. Sa liste obtient, le 17 juin 1984, plus de 43 % des voix.

Dans l'opposition face aux gouvernements de gauche

Début 1990, elle qualifie d' « inadmissible » la création de fichiers informatisés de la police, décidée par le gouvernement du premier ministre Michel Rocard[2]. Le projet est retiré en mars 1990[3].

Ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville (1993-1995)

En mars 1993, elle est nommée ministre d'État, ministre des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement dirigé par Édouard Balladur, fonction qu'elle conserve jusqu'en mai 1995. Mise en place du PAC pour les médecins étrangers travaillant en France (PADHUE) puis membre du Haut Conseil à l'intégration.

Membre du Conseil constitutionnel

Elle est membre du Conseil constitutionnel (France) de Mars 1998 à mars 2007.

En 2005, elle appelle à voter « oui » au référendum sur la constitution européenne du 29 mai, provoquant une polémique sur la compatibilité de son engagement et sa présence au Conseil constitutionnel.

Activités politiques à partir de 2007

Le 8 mars 2007, à l'occasion de la Journée internationale des droits de la femme et tout juste libérée de son devoir de réserve lié à son mandat de membre du Conseil constitutionnel, elle annonce sa décision de soutenir Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007, sans pour autant devenir présidente de son comité de soutien, comme cela avait été envisagé. Toutefois, cela ne l'empêche pas de garder sa liberté de jugement et, à l'annonce de la création d'un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale par le candidat de l'UMP au cas où il serait élu, elle répond qu'elle aurait préféré un ministère « de l'Immigration et de l'Intégration ». « Je n'ai pas du tout aimé cette formule très ambiguë », déclare-t-elle dans une interview au journal Marianne[4]. Ajoutant que cette idée était « plus grave qu'une imprudence », dans une interview au mensuel Tribune juive d'avril 2007.

Son soutien à Nicolas Sarkozy n'est toutefois pas remis en cause, comme en témoignent les nombreuses critiques adressées au candidat centriste UDF François Bayrou : « Bayrou ne représente que lui-même » dans Le Figaro, 8 mars 2007, ainsi que la suite de l'interview, dans laquelle elle déclare : « Nicolas est gentil. Il peut être brutal dans son expression mais les gens ont tort de douter de son humanité. C'est un ami fidèle. Pour moi, c'est important. Quand on choisit un président, on a envie de quelqu'un qui ait ces qualités-là. Ce n'est pas toujours le cas.»

Le 11 janvier 2008 le président de la République annonce qu'il l'a chargée de « mener un grand débat national pour définir les nouveaux principes fondamentaux nécessaires à notre temps, les inscrire dans le Préambule de la Constitution », nommant la « diversité » qui « ne peut pas se faire sur une base ethnique »[5]. Le décret du 9 avril 2008 portant création d’un comité de réflexion sur le Préambule de la Constitution, qui prévoit la remise d'un rapport avant le 30 juin[6], suscite l'opposition d'Anne-Marie Le Pourhiet, qui y voit un risque de « saper le principe d'égalité de tous devant la loi »[7].

Le 15 février 2008, forte de sa qualité de présidente d'honneur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, Simone Veil s'oppose au projet du président Nicolas Sarkozy de confier la mémoire d'un enfant juif de France mort dans la shoah à chaque élève de CM2 : « C’est inimaginable, insoutenable, dramatique et, surtout, injuste »[8].

Elle a été promue directement à la distinction de Grand Officier de la Légion d'honneur le 1er janvier 2009[9].

Membre de l'Académie française

Une autre reconnaissance de son action publique est son élection parmi les Immortels. Le 9 octobre 2008, invitée par Maurice Druon et François Jacob[10], Simone Veil présente sa candidature à l'Académie française au fauteuil de Pierre Messmer[11]. Le 20 novembre 2008, elle est élue au premier tour de scrutin par 22 voix sur 29 (5 blancs, 2 marqués d'une croix, 0 aux autres candidats)[12].

Simone Veil occupe désormais le treizième fauteuil à l'Académie française, en remplacement de l'ancien Premier ministre Pierre Messmer, décédé en août 2007. Elle retrouve sous la coupole l'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing de 1974 à 1981, élu en 2003[12] .

Son autobiographie : Une vie

Son livre Une vie a été traduit en une quinzaine de langues et vendu, en France, à 550 000 exemplaires[12] (Prix des Lauriers Verts en 2009).

Entre autres, elle y donne son opinion sur

  • Paul Touvier, dont Georges Pompidou ne connaissait pas assez bien le dossier.
  • Maurice Papon, où Simone Veil insiste notamment sur le fait qu'il n'ait jamais manifesté le moindre remords, y compris pour la mort d'enfants juifs.

Fonctions gouvernementales

Mandats électifs

  • de juin 1979 à juin 1984 : députée au Parlement européen, mandat au cours duquel elle a assuré, durant la moitié de la période (juillet 1979 à janvier 1982), les fonctions de présidente du Parlement européen.

Autres fonctions

Décorations

Notes et références

  1. On peut écouter le témoignage de Simone Veil sur la survie dans le système concentrationnaire sur le site du Mémorial de la Shoah dont elle est présidente: Simone Veil, déportée à Birkenau, Bobrek et Bergen-Belsen. Consulté le 22 novembre 2008
  2. Bernard Gorce et Solenn de Royer, Le fichier Edvige, protection ou menace pour les libertés ?, La Croix, 8 septembre 2008, consulté le 24 septembre 2008
  3. Isabelle Mandraud, Edvige : de Michel Rocard à François Fillon, les pérégrinations du fichier des RG, Le Monde, 9 septembre 2008, consulté le 24 septembre 2008
  4. Dans Marianne du 17 au 23 mars 2007
  5. Nicolas Sarkozy, Vœux aux corps constitués et aux agents de la Fonction Publique, Lille, vendredi 11 janvier 2008 texte intégral sur le site internet de l'élysée consulté le 19 février 2008
  6. ce décret sur Legifrance
  7. Touche pas à mon préambule !, Le Figaro, 23 mai 2008, consulté le 24 septembre 2008
  8. Propos recueillis par Anne Vidalie, 15 février 2008 (lexpress.fr)
  9. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/01/01/01011-20090101FILWWW00213-la-legion-d-honneur-du-nouvel-an.php La Légion d'honneur du Nouvel An, Le Figaro, 1er janvier 2009
  10. Simone Veil entre à l'Académie française, par Annick Cojean, Le Monde, samedi 22 novembre 2008.
  11. [1]
  12. a , b  et c Annick Cojean, « Simone Veil entre à l'Académie française », Le Monde, samedi 22 novembre 2008.
  13. ifri
  14. http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=17262&Cr=CPI&Cr1= consulté le 24 septembre 2008

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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Bibliographie

  • L'Adoption, données médicales, psychologiques et sociales, 1969.
  • Une femme Simone Veil, Michel Sarazin, Robert Laffont, 1987, 305 pages, (ISBN 2221048091).
  • Simone Veil : Destin, Maurice Szafran, J'ai lu, 1996, Littérature Générale, (ISBN 2277241407).
  • Les hommes aussi s'en souviennent : Discours du 26 novembre 1974 suivi d'un entretien avec Annick Cojean, Simone Veil et Annick Cojean (Interviewer), Stock, 2004, 112 pages, (ISBN 2234057205).
  • Le texte complet des débats sur la loi du 17 janvier 1975 relative à l'interruption volontaire de grossesse, publiés au Journal officiel de 1974, consultable sur le site de l’Assemblée Nationale.
  • Une vie. De Simone Veil. Stock, le 31 octobre 2007. (ISBN 978-2234058170).
Précédé par Simone Veil Suivi par
Michel Poniatowski
Ministre français de la Santé
7 mai 1974 - 4 juillet 1979
Jacques Barrot
Bernard Kouchner
Ministre français de la Santé
31 mars 1993 - 16 mai 1995
Élisabeth Hubert


Précédée par Simone Veil Suivie par
Emilio Colombo
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Présidente du Parlement européen

juillet 1979 - janvier 1982

Piet Dankert



Précédé par
Pierre Messmer
Fauteuil 13 de l’Académie française
2008-
Suivi par
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