Super Audio CD

Super Audio CD
Super Audio CD
Image illustrative de l'article Super Audio CD

Type de média Disque optique
Capacité jusqu'à 7,5 Go
Mécanisme de lecture Diode laser de longueur d’onde λ 650 nm
Développé par Sony, Philips
Dimensions physiques 12 cm de diamètre
Utilisé pour Stockage audio

Le Super Audio CD est un support de musique numérique de type disque optique en lecture seule, dont la résolution sonore est 64 fois supérieure à celle de son prédécesseur encore commercialisé, le Compact Disc. Il est disponible en format stéréo et/ou multicanal (jusqu'à 6 canaux 5.1). Il fait physiquement partie des disques reprenant le format du CD.

Il fut créé par Sony et Philips et a été lancé officiellement par ces mêmes firmes en 1999.

Bien que ce format reprenne la galette CD, il a une capacité de stockage bien plus élevée (4,7 Go contre 700 Mo), égale à celle du DVD, ainsi qu'une possibilité de combiner à sa technologie haute définition celle du CD classique.

Sony a cessé d'utiliser le sigle « SACD » au profit de « SA-CD » et « Super Audio CD » pour éviter la confusion avec la Société des auteurs et compositeurs dramatiques[1].

Sommaire

Histoire

Le Super Audio CD fut pensé par Sony Corporation en association avec Philips, de la même façon que le fut le Compact Disc : experts en optique, les ingénieurs de Philips conçurent la galette et la diode laser nécessaire à sa lecture en reprenant le standard DVD, tandis que le codage des données, ainsi que l'électronique nécessaire à leur décodage, furent à la charge des ingénieurs de Sony.

C'est en 1994 que le projet vit le jour, avec pour objectif principal de surpasser le format Red Book (LPCM, Linear Pulse Code Modulation, également appelé PCM, Pulse Code Modulation) du Compact Disc en termes de définition sonore, aussi bien qu'actualiser le Compact Disc en termes de possibilités d'écoute (ajout de la spatialisation multicanale du son et possibilité sur certains disques de choisir entre celle-ci et l'écoute stéréophonique standard). Cette spatialisation multicanale était en soi un second enjeu, car l'engouement que nous connaissons aujourd'hui pour celle-ci apparut à cette époque.

En effet, le « son surround » séduisait grandement le public depuis sa récente globalisation dans les salles de cinéma en 1992, soit à peine deux ans auparavant, et perçait sous des formes moins coûteuses mais aussi efficaces que les dispositifs précédents : entre autres, le son Dolby Digital, bien qu'étant un format de compression à pertes, connut un grand succès dès ses premières mises à l'essai sur les films Batman Returns (été 1992) et Jurassic Park (été-automne 1993). Avec ceci survint l'apparition du DVD, qui fut un écrasant succès commercial en matière de solution sonore multicanale domestique (« le son surround chez vous » fut un des premiers slogans de ce format). Ces bouleversements incitèrent davantage à penser à un équivalent musical pour succéder au Compact Disc.

Toutefois, transcender le PCM exigeait la création d'un nouveau code. Le DSD fut ainsi inventé, flux de données beaucoup plus linéaire en ce qu'il supprimait les étapes multiples de conversion D/A ou numérique/analogique (interpolation, modulation Sigma-Delta) que l'on trouvait dans les lecteurs de Compact Disc, fortement destructrices pour le signal sonore. En lieu et place, le flux quantifié sur un bit unique ferait l'objet d'un simple transit par filtre passe-bas, ce qui simplifierait dans son entier le processus de conversion pour une perte de signal inexistante.

Il fut donc décidé qu'en surcroît de cette technologie de pointe, le Super Audio CD serait en outre avantagé par la technologie « hybride », c'est-à-dire une adaptation de la caractéristique multicouches du DVD sous forme Super Audio CD et CD sur la même galette. Ainsi, un Super Audio CD hybride est lisible à la fois dans sa pleine qualité sur une platine dédiée, mais aussi en tant que Compact Disc standard sur n'importe quelle platine CD du marché (voir la section « Types et formats », plus bas, concernant ces possibilités).

Tout cela conduisit à la définition du Scarlet Book et à son ajout dans la norme des Rainbow Books.

Le 6 avril 1999, le lancement du format fut annoncé à la presse[2], et c'est après les premières remasterisations et éditions (très rapides) qu'en septembre 1999 le Super Audio CD fut lancé à hauteur de plusieurs centaines de titres (il en existe aujourd'hui (novembre 2011) quelque 6 500 au total). Tandis que Sony Corporation détient l'ensemble de la marque, Philips est propriétaire des brevets concernant le format et la marque[3].

Description

Le disque

Schéma comparatif du LASER d'un Compact Disc et d'un Super Audio CD.

Tout comme le CD et le DVD, le Super Audio CD comporte des données matérialisées sous forme d'encoches numériques gravées dans une galette plastique de polycarbonate. La face gravée est ensuite couverte d'une fine pellicule d'aluminium pulvérisée par spray et ensuite laquée. Les encoches forment une spirale partant du centre du disque et allant s'élargissant vers son bord, occasionnant un ralentissement de la rotation du disque au fil de la lecture, et elles sont lues par un dispositif optique laser. La densité de gravure des données du Super Audio CD est identique à celle du DVD - si le format de données est différent, le disque est de conception identique : la galette présente une épaisseur de 1,5 mm (1,2 mm pour le CD, qui n'a qu'une seule couche de données) et 120 mm de diamètre (toutefois il n'existe pas de Super Audio CD de 60 mm de diamètre, contrairement au mini-CD). Sa capacité de stockage est également identique à celle du DVD (4,7 gigaoctets), et il nécessite le même rayon laser pour sa lecture (longueur d'onde 650 nm, voire 635 nm pour certains modèles de lentilles laser, et ouverture numérique 0,6, diamètre du spot laser 650 nm), soit un rayon à la fois plus fin et légèrement plus orangé que le rayon laser classique utilisé pour la lecture des Compact Discs, situé à la limite entre le rouge et l'infrarouge (longueur d'onde 780 nm, ouverture numérique 0,45, diamètre du spot laser 1,02 µm). D'autres caractéristiques diffèrent totalement de celles du CD, comme la largeur des encoches numériques gravées, qui est de 400 nm (500 nm pour le CD), leur longueur minimale de 400 nm (833 nm pour le CD), aussi bien que l'écart de piste de 0,74 µm (1,6 µm pour le CD). Entre autres, le débit de lecture de données en lecture normale (1x) est de 16.9344 megabits par seconde pour un Super Audio CD, contre 1.4112 megabits par seconde pour un CD. En fait, le nombre de bits par seconde sur un canal du Super Audio CD (2 844 200) est le double du nombre total de bits par seconde pour les deux canaux d'un CD (44 100 [échantillons] x 16 [bits par échantillon] x 2 [canaux] = 1 422 100 bits).

La première couche d'un Super Audio CD, exposée à l'air libre, est la couche haute densité, transparente pour les faisceaux laser de lecteurs CD (de longueur d’onde 780 nm). En effet, celle-ci se situe à seulement 600 µm de la lentille, et le rayon laser de longueur d’onde 780 nm, reglé pour être focalisé sur une distance de 1,2 millimètre (soit le double), la traverse et ne peut la lire.

Contrairement au DVD et au Blu-ray Disc, le Super Audio CD n'est pas soumis aux restrictions juridiques par codage de zone (régions géographiques). Un Super Audio CD est donc lisible par tout lecteur Super Audio CD, quelle que soit l'origine du premier comme du second.

À l'heure actuelle (novembre 2011), seules deux usines sont agréées à la fabrication des galettes Super Audio CDs : la première se trouve à Shizuoka (Japon), et la seconde à Salzburg (Autriche).

Le format DSD

Article détaillé : Direct Stream Digital.
Comparaison entre l'encodage LPCM et DSD.

Le Super Audio CD utilise une technologie de numérisation DSD ((en)Direct Stream Digital)[4] à très haute fréquence d’échantillonnage de 64 fs (1 fs = échantillonnage CD = 44100 Hz) quantifié sur bit qui autorise une bande passante allant jusqu’à 80 kHz voire 100 kHz et une dynamique de 120 dB ; elle est donc bien supérieure à celle recommandée par le théorème d’échantillonnage de Nyquist-Shannon. Ce procédé, associé à un filtre decimateur, assure une meilleure cohérence de la phase du signal que le procédé PCM ((en)Pulse Coded Modulation) utilisé pour les formats audionumériques plus courants (Compact Disc, DAT, fichiers de type Wav ou Aiffetc.). Les conversions analogique-numérique et numérique-analogique sont également simplifiées, assurant une meilleure qualité de conversion du signal pour un coût de production moindre. Il permet par ailleurs une spatialisation multicanale en plus de la stéréophonie utilisée jusqu’ici. Pour accroître la capacité d’enregistrement du Super Audio CD, le flux audio-numérique subit une compression sans perte appelé DST ((en)Direct Stream Transfer) autorisant jusqu’à 80 minutes d’enregistrement de pistes DSD stéréo et multicanales combinées[5].

Logo du format DSD.

Le Super Audio CD, malgré son codage sur bit, a une résolution supérieure (après filtrage) à celle du DVD-Audio (24 bits). Les techniques mises en jeu à cet effet emploient le Noise Shaping, ou mise en forme du bruit de quantification, par lesquelles ce bruit est repoussé vers des fréquences en dehors de la zone utile. Cette modulation 1 bit (tout ou rien) n’est pas nouvelle, elle s’apparente à la modulation de largeur d'impulsion (Pulse Width Modulation utilisée dans les onduleurs, les amplificateurs de classe D, les dispositifs à valve de lumière : micro-miroirs DMD, etc.) pour laquelle le rapport cyclique varie en fonction de l’amplitude du signal à transcrire. Le flux numérique 1 bit (DSD) doit cependant suivre un rythme d’horloge imposé (qui correspond à la fréquence sur-échantillonnée) on parle alors de PDM ((en)Pulse Density Modulation) ou modulation de densité d’impulsions. Toutes les platines CD-A et DVD-A bénéficient d’un modulateur « un bit » permettant de retrouver, à partir d’un flux PCM (16, 20 ou 24 bits), un flux de type DSD (1 bit) qui est très simple à convertir en analogique (filtrage passe-bas d’ordre peu élevé). Il n'est donc pas nécessaire de recourir à un convertisseur Sigma Delta lors de la lecture du flux DSD du Super Audio CD.

Le CD avec sa fréquence d’échantillonnage de 44,1 kilohertz, très proche de la limite haute de la plage de fréquences Hi-Fi (20 kilohertz), oblige à disposer d'un filtre à fréquence de coupure brutale dans les hautes fréquences (20 db/octave) et détruit une grande partie de la richesse et la finesse de certains enregistrements (pas seulement dans les aigus) alors que le principe de modulation du SA-CD permet avec un simple filtre du premier ordre (6 db/octave) de ne pas « écraser » les harmoniques[5]. Compte tenu de sa fréquence d'échantillonnage et son mode de fonctionnement, le CD est par exemple incapable de reproduire correctement un signal rectangulaire (riche en harmoniques) de 10 kilohertz, le résultat étant plus proche d'une sinusoïde (les harmoniques de rang supérieur à 2 sont éliminés)[5]. Le traitement du signal opéré avec le SA-CD permet de conserver les harmoniques et d'obtenir un signal respectant la source et donc une grande finesse de détails[5].

L'échantillonnage retenu à l'origine pour le CD reposait sur des critères technologiques, la qualité de reproduction des harmoniques n'ayant pas été jugée primordiale devant les impératifs de l'époque. La fréquence d’échantillonnage de 44,1 kHz était héritée d'une méthode de conversion numérique d'un signal audio en signal vidéo pour un enregistrement sur cassette vidéo.

CD SACD
Format 16 bit PCM 1 bit DSD
Fréquence d'échantillonnage 44 100 Hz 2 822 400 Hz[6]
Plage dynamique 96 dB 120 dB sur toute la plage de fréquences[6]
Gamme de fréquence[7] 20 Hz20 kHz 20 Hz50 kHz en général,[6] jusqu'à 100 kHz avec certains lecteurs[8]
Capacité du disque 700 MB 7,95 GB
Stéreo Oui Oui
Son multicanal Non Oui

Types et formats

Types de Super Audio CD

Détails des couches

Il existe trois formats de Super Audio CD possibles[9] :

  • le disque simple couche HD (haute densité) : il comprend un mixage stéréo et/ou un mixage multicanal (4, 5 ou 6 canaux) uniquement lisible sur un lecteur compatible Super Audio CD ;
  • le disque hybride : il est le premier à être distribué, doté de deux couches : la première (la plus profonde) peut-être lue sur une platine CD standard ; elle contient un signal audionumérique stéréo codé en LPCM ((en)Linear Pulse Coded Modulation ou modulation d’impulsions codées linéairement). La seconde couche de haute densité (type DVD) peut accueillir un flux audio-numérique multicanal de type DSD et des données auxiliaires (textes, images, etc.) ; Le programme multicanal sur la couche haute densité n’étant pas systématique, un SA-CD hybride peut ne comporter qu'un programme stéréophonique sur les deux couches.
  • enfin, le disque double couche HD (haute densité), lisible uniquement sur platine compatible Super Audio CD : les possibilités sont multiples ; il peut permettre un mixage sans compression DST d'une œuvre très longue sur un seul disque en multicanal ou en stéréo, occupant les deux couches ; soit un mixage sans compression DST en stéréo sur la première couche, et en multicanal sans compression DST sur la seconde. Ce type de Super Audio CD est relativement rare.

Le SHM SA-CD

En juin 2010, Universal Japan adapte le format SHM CD (Super High Material Compact Disc, concurrent du DSD CD ainsi que du Blu-spec CD dans une moindre mesure), créé conjointement avec JVC, en SHM SA-CD, entièrement compatible avec toute platine de lecture Super Audio CD. Selon son concepteur, le Super High Material SA-CD apporte un gain en volume proche de 30 % sur l'ensemble du spectre sonore. Ce gain provient d'une meilleure transparence des données, due à une nouvelle formule de polycarbonate (plastique constituant les familles des Compact Discs, DVDs et Super Audio CDs). Cette nouvelle formule, translucide à l'oeil humain, est en réalité beaucoup plus limpide pour le rayon laser de longueur d'onde 650 nm dont sont équipés les lecteurs de Super Audio CDs. De plus, cette transparence des données diminue la distorsion.

Il convient d'ajouter que ce nouveau type de polycarbonate résiste mieux aux dégradations (rayures, incrustations de poussière, sensibilité à la lumière et à la température) que celui d'un disque ordinaire.

Selon les ingénieurs du son[3] ainsi que de nombreux mélomanes et audiophiles[10], la haute qualité de restitution analogique du SA-CD, ainsi que sa définition sonore, s'en retrouvent davantage accrues.

Cette nouvelle technologie de polycarbonate apporte toutefois un problème irrémédiable, qui est l'insuffisance de connaissances techniques à l'heure actuelle (novembre 2011) nécessaires à son moulage sur deux couches. C'est la raison pour laquelle, dans l'état actuel des choses, un SHM SA-CD ne peut être hybride, le format n'existe qu'en simple couche haute définition.

La totalité des SHM SA-CDs étant édités par Universal Japan à l'heure actuelle, ceux-ci sont fabriqués dans l'usine de Shizuoka, Japon. Étant donné qu'ils sont tous en stéréo uniquement, ils n'ont aucunement fait l'objet d'une compression sans pertes DST.

Un compromis avec le Compact Disc : le DSD-CD

Un DSD-CD est un Compact Disc conventionnel (donc lisible par n'importe quel lecteur de CD du marché) issu par conversion d'un master réalisé en DSD (DSD → PCM), lui permettant d'avoir une meilleure définition qu'avec un master habituel d'origine PCM (PCM → PCM). Il est fréquent que l'on traite ce résultat au moyen du processeur Sony SBM (Super Bit Mapping) pour un rendu rafraîchi. Il convient de noter que dans le cas d'un Super Audio CD hybride, la couche Compact Disc est en soi un DSD-CD, puisqu'elle est systématiquement réalisée à partir du master DSD utilisé pour la couche haute définition du même disque.

Il existe à l'heure actuelle (novembre 2011), un cas particulier de DSD-CD : après avoir sorti l'album Paranoid de Black Sabbath en format SHM SA-CD le 25 août 2010, Universal Japan décide d'en utiliser le master DSD pour sortir ce même album le 24 novembre au format SHM CD, destiné à conforter les auditeurs dépourvus de lecteur Super Audio CD, ne pouvant écouter le SHM SA-CD. Ce disque, étant un SHM CD réalisé à partir d'un master DSD, est donc un SHM-DSD-CD, combinant les deux technologies à la fois.

Le DSD-CD peut en outre être perçu comme un intermédiaire tamisant la rivalité concurrentielle entre le DSD et le PCM.

Rivalité / concurrence avec le PCM (DVD Audio)

L'objectif originel et principal du Super Audio CD est de transcender le format PCM avec l'innovation du DSD, renouvelant et modernisant le Compact Disc tout en faisant concurrence au format DVD-Audio qui est apparu peu de temps après.

L'argument principal des détracteurs du DSD en faveur du PCM est qu'un codage sur un bit unique échantillonné à hauteur de 2.8224 MHz aboutit à une plage dynamique de 120 dB, tandis que la quantification en 24 bits du PCM (théoriquement de 144 dB) du DVD-A aboutit à une plage dynamique de 126 dB, offrant 6 dB supplémentaires sur l'échelle des valeurs, et donc moins de distorsion ; et ce, en dépit du fait que le débit de données du DVD-A (13.824 megabits par seconde sur 6 canaux échantillonnés à 96 KHz et quantifiés sur 24 bits) soit inférieur à celui du Super Audio CD (16.9344 megabits par seconde sur 6 canaux).

Cet argument, correct au regard des chiffres, est pourtant démenti par la nature même du DSD, qui fonctionne selon le principe de "vague" ou de "rideau" du son (le flux de données se comporte en ondelettes semblables au phénomène analogique de pression acoustique, voir image plus haut). Cela permet au DSD d'étendre sa plage dynamique de 120 dB sur l'ensemble de sa bande passante, soit de 0 Hz à 50 kHz (voire 80 kHz et même 100 kHz selon les platines de lecture), tandis que le PCM, même échantilloné à 96 KHz et au-delà, est d'une nature contraignant sa plage dynamique à rapidement chuter au-delà de 10 kHz, induisant une perte de cohérence dans les aigües, et plus particulièrement lorsqu'elles se chevauchent.

Fichier:Comparatif between analogic, PCM and DSD.jpg
Comparaison en réponse des échantillonages PCM 48, 92 et 192 KHz, et du DSD (tout à droite), à une impulsion analogique (tout à gauche) d'une milliseconde, mesurées par oscilloscope.

Des tests réalisés en laboratoire ont également prouvé que le haut taux d'échantillonage du DSD confère au Super Audio CD une réponse extrêmement fidèle aux impulsions analogiques soumises, tandis que la réponse du PCM à ces mêmes impulsions s'avère hautement approximative, parfois même destructrice[11].

En outre, de nombreux mélomanes et audiophiles témoignent que le DSD, étant conçu beaucoup plus proche du comportement réel du son que le PCM, dégage une chaleur sonore (appréciation subjective de l'auditeur) nettement plus agréable, ainsi qu'une musicalité nettement plus prononcée (rondeur des basses fréquences, fluidité de chevauchement des fréquences, hautes fréquences plus fines et naturelles) qu'en PCM[12]. Il est communément admis chez ces connaisseurs que le DSD a un son bien plus analogique, très proche du disque vinyle, tout en ayant les avantages de la haute définition[13].

Pourtant, cette rivalité concurrentielle entre les deux formats recèle une contradiction ironique : le matériel d'enregistrement direct en DSD étant encore relativement rare, et le traitement en post-production d'un signal numérique quantifié sur 1 bit unique étant impossible, il est encore fréquent que les ingénieurs du son passent donc d'abord par un modèle PCM échantillonné et quantifié au plus élevé possible, quelquefois 192 KHz / 24 bits, mais le plus souvent en DxD (352.8 KHz/24-32 bits à virgule flottante, le signal PCM le plus abouti existant aujourd'hui), afin d'approcher le plus possible la définition DSD pendant le traitement sonore avant conversion finale. Selon Claude Cellier, président de Merging Technologies (compagnie partenaire de Philips dans le travail sur les conversions PCM→DSD), l’échantillonnage et quantification du PCM DxD est d'ailleurs la valeur la plus basse qui préserve les avantages du DSD, et les firmes Philips et Sony, inventeurs du DSD, approuvent ce fait[11]. Le PCM est donc utilisé comme outil de transition palliatif pour pouvoir indirectement traiter le DSD lorsque les processeurs de traitement DSD font défaut, ce qui réduit la rivalité entre les deux formats au non-sens.

Si théoriquement le codage du son DSD du Super Audio CD est légèrement meilleur encore que le PCM du Compact Disc et du DVD-Audio, il résulterait pourtant de certains tests en aveugle de comparaison entre du DSD et du PCM quantifié à 24 bits et échantilloné à 176.4 KHz, que la différence n'a pas pu être notée[14]. Selon d'autres auteurs, les tests en aveugle montrent que les disques audio haute résolution seraient jugés de qualité supérieure car les ingénieurs auraient plus de liberté pour leur réalisation en ce sens ; il n'y aurait, selon eux, pas de relation entre l'augmentation de la résolution et de la bande passante et la qualité perçue[15]. Dans l'hypothèse où la différence de qualité serait due aux fréquences plus élevées reproduites par les formats DVD-A et SA-CD par rapport au CD, DAT et émission radio digitale (limités en dessous de 20 kilohertz), les auteurs pensent qu'il serait nécessaire d'approfondir les essais dans différentes conditions et avec de nombreux sujets pour examiner véritablement et sérieusement ces questions, notamment des sujets audiophiles, dont l'oreille fine est entraînée à différencier d'un son exempt de distortions et micro-défauts d'un son "impur"[16].

Aspects commerciaux

Du fait du progrès de qualité par rapport au CD audio[17],[4] (moins d’intermodulation de phase, précision dans les aigus, richesse des harmoniques, confort d’écoute, etc.)[5] le Super Audio CD permet, moyennant un renouvellement d’équipement[17] limité dans une bonne chaine Hi-Fi stéréophonique (le seul élément à changer est la platine de lecture spécifique lisant également les CD audio[18] dans de nombreux formats[19]), de retrouver le son des anciens vinyles, avec une meilleure dynamique[13] et sans bruits de fond.

Par la possibilité qu’il donne de « son spatial » (multicanal), le Super Audio CD permet aux éditeurs de phonogrammes de rééditer totalement leur catalogue auprès des amateurs. Des artistes comme Genesis, Elton John, Bob Dylan, Dire Straits, Pink Floyd ou les Rolling Stones, et même aujourd'hui certains groupes de metal tels que Manowar, puis Deep Purple, Epica ou encore Joe Satriani ont en effet toujours travaillé, en studio, sur des bandes allant de 8 à 64 pistes, parfois 96 pistes pour les plus récents, et il est donc très facile de les rééditer en multicanal, transformant en marché d’équipement un marché qui n’était jusqu’alors que de renouvellement. La musique classique, surtout symphonique, peut également de cette façon toucher toute une nouvelle catégorie d’auditeurs. Enfin, ce qui n’est pas négligeable, le marché du disque n’a plus de risque de souffrir de la diffusion radiophonique des œuvres, tant que la radio reste limitée à la seule stéréophonie. Ce support est par ailleurs non copiable pour un rendu identique[4].

Pourtant, le Super Audio CD a peu percé, pour plusieurs raisons :

  • Comme il a été vu plus haut, ce format est apparu en concurrence avec le DVD-Audio, lequel n'a pas eu un grand succès non plus. Les deux formats proposant à peu près les mêmes avantages à l'estime et aux oreilles du commun, les consommateurs aussi bien que les industriels hésitent entre les deux formats (ne pas confondre le DVD-Audio, dont le son est codé en PCM, avec le DVD-Vidéo de musique, qui a été créé pour être lisible par les appareils non compatibles DVD-Audio, et n'est pas un support comparable aux CD et SA-CD en ce sens qu'il ajoute la composante image, réduisant de ce fait l'espace de données nécessaire au format PCM au-delà d'un échantillonnage/quantification de 48 KHz/16 bits en stéréo. Cela oblige à compresser les données audio en Dolby Digital, MPEG ou DTS, ce qui n'est pas toujours recherché par l'auditeur, en particulier de musique classique[17]) ;
  • Comme le DVD-Audio, il implique un renouvellement du matériel pour bénéficier du son multicanal, le rendant ainsi plus onéreux que pour la simple stéréophonie. De plus, pour bénéficier pleinement du « son spatial », une installation « pointue » du matériel est nécessaire, quand il ne faut pas radicalement modifier la salle d'écoute (comme d’ailleurs dans le cas des autres standards) ;
  • Il est à contre-courant d'une tendance récente ; loin d'exiger de la musique de plus haute qualité, limités aux lecteurs de disques, certains consommateurs (et notamment les jeunes consommateurs) ont, durant la décennie 2000, privilégié les lecteurs portables bien plus petits que les disques eux-mêmes, utilisant de la musique compressée (le plus souvent en MP3[20]) avec une perte notable de qualité, même comparée au CD, jugée rédhibitoire par certains[17].

Si le Super Audio CD n'a pas réussi à s’imposer commercialement pour le son multicanal — par exemple sur le marché grand public, son intégration dans la console grand public PlayStation 3 a été abandonnée en 2007 car le coût de celle-ci était trop élevé et la grande majorité des lecteurs Blu-ray ne lisent pas les Super Audio CD — il reste cependant un choix de qualité pour les mélomanes et les audiophiles[12], en témoignent les éditions disponibles sur le marché[21],[22],[23].

Exemples d'artistes populaires, de jazz et de rock utilisant le Super Audio CD

Cette liste présente un certain nombre de références notables à titre non exhaustif. Dans le cas où un artiste présente un répertoire de plusieurs Super Audio CD, ceux-ci sont cités dans l'ordre chronologique de l'année de sortie d'origine des œuvres. Les rééditions SACD d'œuvres d'artistes de cette liste ne bénéficient pas toutes d'un mixage multicanal. Certains mixages multicanals respectent le format quadriphonique de l'enregistrement d'origine. Les Super Audio CD stéréo simple couche SHM sont pour la plupart des éditions limitées de Universal Japan.

Bandes originales de films éditées ou remasterisées sous le format le Super Audio CD

Les liens ici affichés mènent aux pages des films, et non des bandes originales.

La remasterisation de la bande originale complète des films Star Wars (écrite et interprétée par John Williams) sous le format DSD en 2003 a servi pour l'édition limitée en coffret 8 disques du trentième anniversaire de la saga en 2007, mais sous le format Compact Disc uniquement. Il s'agit donc de DSD CDs.

Notes et références

  1. Communiqué publié par Sony dans le journal Libération du 27 octobre 2005.
  2. (en)Archives Sony Sony Launches Super Audio CD
  3. a et b (en) www.sa-cd.net : site référençant les titres Super Audio CD
  4. a, b et c Classics Today France, « Le SACD en quelques idées simples », sur le site classicstodayfrance.com, consulté le 1er mars 2010.
  5. a, b, c, d et e Connaître le SACD
  6. a, b et c (en) Surround Sound – The High-End: SACD and DVD-Audio – Super Audio CD (SACD), sur le site extremetech.com.
  7. Généralement donnée pour un signal simplement sinusoïdal.
  8. (en) www.SA-CD.net, site référençant les Super Audio CD
  9. (en) www.sa-cd.net: site référençant les titres Super Audio CD
  10. (en) www.cdjapan.co.jp : site spécialisé en Super Audio CD et partenaire de Universal Japan
  11. a et b Magazine KR home-studio (site internet [1]) numéro 248 S (janvier 2010), page 21
  12. a et b « Une platine SACD haut de gamme chez Marantz », Acoustique Système, sur le site acoustique-systeme.fr, consulté le 22 février 2009.
  13. a et b « Pourquoi les vinyles sonnent-ils si bien ? », sur le site son-video.com, consulté le 23 mars 2009
  14. (en) [PDF] Dominik Blech, Min-Chi Yang, « DVD-Audio versus SACD: Perceptual Discrimination of Digital Audio Coding Formats », Convention Paper 6086, Audio Engineering Society, mai 2004, selon le résumé page 9 :
    « These listening tests indicate that as a rule, no significant differences could be heard between DSD and high-resolution PCM (24-bit / 176.4 kHz) even with the best equipment, under optimal listening conditions, and with test subjects who had varied listening experience and various ways of focusing on what they hear.
    Consequently it could be proposed that neither of these systems has a scientific basis for claiming audible superiority over the other. This reality should put a halt to the disputation being carried on by the various PR departments concerned.
     »
  15. (en) E. Brad Meyer, David R. Moran, « Audibility of a CD-Standard A/D/A Loop Inserted into High-Resolution Audio Playback », Journal of the Audio Engineering Society, vol. 55, no 9, septembre 2007 :
    « A carefully controlled double-blind test with many experienced listeners showed no ability to hear any differences between formats. High-resolution audio discs were still judged to be of superior quality because sound engineers have more freedom to make them that way. There is no evidence that perceived quality has anything to do with additional resolution or bandwidth. »
  16. (en) Toshiyuki Nishiguchi, Kimio Hamasaki, Masakazu Iwaki, Akio Ando, Perceptual Discrimination between Musical Sounds with and without Very High Frequency Components – Three-Dimensional Audio-Visual System, NHK Laboratories, note no 486, 2004 :
    « From above results, we can still neither confirm nor deny the possibility that some subjects could discriminate between musical sounds with and without very high frequency components. It is therefore necessary to conduct further repetitive evaluation tests with many subjects and various sound stimuli that contain sufficient very high frequency components, in order to examine these issues more strictly. »
  17. a, b, c et d Bertrand Dermoncourt, Fabiene Gélédan, « La vérité sur le disque classique », Classica-Répertoire, no 71, avril 2005, sur le site musiquefrancaise.net, consulté le 1er mars 2010.
  18. Lecteur CD-SACD, sur le site denon.fr, consulté le 22 février 2009.
  19. « Lecteur Super Audio CD », sur le site pioneer.fr, consulté le 22 février 2009.
  20. « Les jeunes préfèrent le MP3, à tous points de vue ! », sur le site pcworld.fr, consulté le 2 mai 2010.
  21. Site officiel de Deutsche Grammophon Gesellschaft, consulté le 22 février 2009.
  22. Classics Today France, « Chroniques SACD », sur le site classicstodayfrance.com, consulté le 22 février 2009.
  23. (en) SA-CD.net : site référençant les titres Super Audio CD.

Voir aussi

Lien externe


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Super Audio CD de Wikipédia en français (auteurs)

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