Séisme

Séisme

Un séisme ou tremblement de terre est le résultat de la libération brusque d'énergie accumulée par les contraintes exercées sur les roches. Le résultat de la rupture des roches en surface s'appelle une faille. Le lieu de la rupture des roches en profondeurs se nomme le foyer. Plus rares sont les séismes dus à l'activité volcanique ou d'origine artificielle (explosions par exemple). Il se produit de très nombreux séismes tous les jours, mais la plupart ne sont pas ressentis par les humains. Environ 100 000 séismes sont enregistrés chaque année sur la planète[1]. Les plus puissants d'entre eux comptent parmi les catastrophes naturelles les plus destructrices. La science qui étudie ces phénomènes est la sismologie (étudiée par des sismologues) et l'instrument d'étude principal est le sismographe (qui produit des sismogrammes).

Conséquences d'un séisme à Mexico.
Vue panoramique de San Francisco après le tremblement de terre et l'incendie de 1906.

Sommaire

Caractéristiques principales

Épicentre, hypocentre (foyer) et faille

Le point d'origine d'un séisme est appelé hypocentre ou foyer sismique. Il peut se trouver entre la surface et jusqu'à sept cents kilomètres de profondeur (limite du manteau supérieur) pour les événements les plus profonds. On parle de l'épicentre du séisme pour désigner le point de la surface de la Terre qui se trouve directement au-dessus de l'hypocentre.

Les trois grands types de failles

Trois catégories de tremblements de terre

Un tremblement de terre est une secousse plus ou moins violente du sol qui peut avoir trois origines : rupture d'une faille ou d'un segment de faille (séismes tectoniques) ; intrusion et dégazage d'un magma (séismes volcaniques) ; explosion, effondrement d'une cavité (séismes d'origine naturelle ou dus à l'activité humaine)[2]. En pratique on classe les séismes en trois catégories selon les phénomènes qui les ont engendrés :

Séismes tectoniques

Les séismes tectoniques sont de loin les plus fréquents et dévastateurs. Une grande partie des séismes tectoniques a lieu aux limites des plaques, où se produit un glissement entre deux milieux rocheux. Ce glissement, localisé sur une ou plusieurs failles, est bloqué durant les périodes inter-sismiques (entre les séismes), et l'énergie s'accumule par la déformation élastique des roches[3]. Cette énergie et le glissement sont brusquement relâchés lors des séismes. Dans les zones de subduction, les séismes représentent en nombre la moitié de ceux qui sont destructeurs sur la Terre, et dissipent 75 % de l'énergie sismique de la planète. C'est le seul endroit où on trouve des séismes profonds (de 300 à 645 kilomètres). Au niveau des dorsales médio-océaniques, les séismes ont des foyers superficiels (0 à 10 kilomètres), et correspondent à 5 % de l'énergie sismique totale. De même, au niveau des grandes failles de décrochement, ont lieu des séismes ayant des foyers de profondeur intermédiaire (de 0 à 20 kilomètres en moyenne) qui correspondent à 15 % de l'énergie. Le relâchement de l'énergie accumulée ne se fait généralement pas en une seule secousse, et il peut se produire plusieurs réajustements avant de retrouver une configuration stable. Ainsi, on constate des répliques suite à la secousse principale d'un séisme, d'amplitude décroissante, et sur une durée allant de quelques minutes à plus d'un an. Ces secousses secondaires sont parfois plus dévastatrices que la secousse principale, car elles peuvent faire s'écrouler des bâtiments qui n'avaient été qu'endommagés, alors que les secours sont à l'œuvre. Il peut aussi se produire une réplique plus puissante encore que la secousse principale quelle que soit sa magnitude. Par exemple, un séisme de 9,0 peut être suivi d'une réplique de 9,3 plusieurs mois plus tard même si cet enchaînement reste extrêmement rare.

Séismes d'origine volcanique

Les séismes d'origine volcanique résultent de l'accumulation de magma dans la chambre magmatique d'un volcan. Les sismographes enregistrent alors une multitude de microséismes (trémor) dus à des ruptures dans les roches comprimées ou au dégazage du magma[2]. La remontée progressive des hypocentres (liée à la remontée du magma) est un indice prouvant que le volcan est en phase de réveil et qu'une éruption est imminente.

Séismes d'origine artificielle

Article détaillé : Séismes induits.

Les séismes d'origine artificielle ou « séismes induits » de faible à moyenne magnitude sont dus à certaines activités humaines telles que barrages, pompages profonds, extraction minière, explosions souterraines ou nucléaires. Ils sont fréquents et bien documentés depuis les années 1960-1970. Par exemple, rien que pour la France et uniquement pour les années 1971-1976, plusieurs séismes ont été clairement attribués à des remplissages de lacs-réservoirs, à l'exploitation de gisements pétrolifères ou aux mines :

  • le remplissage du lac de Vouglans (Jura) (magnitude 4,3, le 21 juin 1971) qui produit des dégâts dans les villages voisins du barrage,
  • autour du lac-réservoir de l'Alesani, en Corse, le 29 sept 1971 un séisme est ressenti sur une faible surface centrée sur le lac (dans une zone jusqu'alors complètement asismique) . En avril 1978, lors d'un nouveau remplissage (après vidange du barrage durant plusieurs mois), un nouveau séisme de magnitude 4,4 est ressenti,
  • le lac-réservoir de Sainte-croix-du-Verdon (Alpes-de-Haute-Provence) n'a pas bougé lors de son remplissage, mais de septembre 1973 à août 1975, les stations séismiques télémétrées ont enregistré plus de 90 petites secousses, au voisinage même du lac, et leur fréquence maximale (36 secousses en 3 mois) correspondait au moment du pic de remplissage (mars-mai 1975),
  • le gisement pétrolifère et gazier de Lacq (surveillé depuis 1974), a encore produit des séismes (dont le 31 déc 72, de magnitude 4,0),
  • le gisement gazier de Valempoulières (Jura) a généré un petit séisme le 8 janvier 1975, ressenti dans les communes l'entourant,
  • des "coups de toit" touchent régulièrement le bassin minier de Fuveau-Gardanne dans les Bouches-du-Rhône et celui de Creutzwald-Merlebach en Moselle, parfois confondus avec de véritables séismes naturels[4].

Les tremblements de terre engendrent parfois des tsunamis, dont la puissance destructrice menace une part croissante de l'humanité, installée en bordure de mer. Ils peuvent aussi menacer les installations pétrolières et gazières offshore et disperser les décharges sous-marines contenant des déchets toxiques, déchets nucléaires et munitions immergées. On cherche à les prévoir, pour s'en protéger, à l'aide d'un réseau mondial d'alerte, qui se met en place, en Indonésie et Asie du Sud Est notamment.

Dans certains cas, les séismes provoquent la liquéfaction du sol : un sol mou et riche en eau perdra sa cohésion sous l'effet d'une secousse.

Risques de séismes du aux essais dans les centrales géothermiques :

Un centre de recherche sur les centrales géothermiques, dans le nord-est de la France, expérimente des techniques de géothermie. L’expérience consiste à injecter de l'eau froide dans des poches de magma (2 trous préalablement forés, l'un pour l'entrée de l'eau froide et l'autre pour la sortie de l'eau transformée en vapeur, puis de la récupérer sous forme de vapeur, de la mettre en pression puis de faire tourner une turbine puis produire de l'électricité.

Conséquences de l'expérience :

L'injection d'eau froide dans les poches de magma agissait sur les failles environnantes, l'eau agissait comme lubrifiant et produisait des micro séismes qui pouvaient jusqu'à produire des fissures sur les murs des maisons.

Magnitude

Article détaillé : Magnitude d'un séisme.

La puissance d'un tremblement de terre peut être quantifiée par sa magnitude, notion introduite en 1935 par le sismologue Charles Francis Richter[5]. La magnitude se calcule à partir des différents types d'ondes sismiques en tenant compte de paramètres comme la distance à l'épicentre, la profondeur de l'hypocentre, la fréquence du signal, le type de sismographe utilisé, etc. La magnitude n'est pas une échelle mais une fonction continue logarithmique[5]. En raison de ce caractère logarithmique, lorsque l'amplitude du déplacement du sol est multipliée par 10, la magnitude augmente d'une unité. Ainsi, un séisme de magnitude 7 provoquera un déplacement du sol dix fois plus important qu'un événement de magnitude 6, cent fois plus important qu'un de magnitude 5.

La magnitude, souvent appelée magnitude sur l'échelle de Richter, terme le plus connu du grand public, est généralement calculée à partir de l'amplitude ou de la durée du signal enregistré par un sismographe[5]. Plusieurs valeurs peuvent être ainsi calculées (Magnitude locale ML, de durée MD, des ondes de surfaces MS, des ondes de volumes MB). Mais ces différentes valeurs ne sont pas très fiables dans le cas des très grands tremblements de terre. Les sismologues lui préfèrent la magnitude de moment (notée MW) qui est directement reliée à l'énergie libérée lors du séisme[5]. Des lois d'échelle relient cette magnitude de moment aux paramètres géométriques du séisme (surface rompue et quantité de glissement sur la faille).

Intensités d'un séisme

Carte des intensités du tremblement de terre d'Haïti de 2010.

La magnitude d'un séisme ne doit pas être confondue avec l'intensité macrosismique qui se fonde sur l'observation des effets et des conséquences du séisme en un lieu donné : vibration des fenêtres, nombre de personnes qui ressentent les secousses, ampleur des dégâts, etc[6]. Les échelles d'intensité comportent des degrés notés en nombres romains, de I à XII pour les échelles les plus connues (Mercalli, MSK ou EMS). Parmi les différentes échelles, on peut citer :

Les relations entre magnitude et intensité sont complexes. L'intensité dépend du lieu d'observation des effets. Elle décroît généralement lorsqu'on s'éloigne de l'épicentre en raison de l'atténuation introduite par le milieu géologique traversé par les ondes sismiques, mais d'éventuels effets de site (écho, amplification locale par exemple) peuvent perturber cette loi moyenne de décroissance.

Différents types d'ondes sismiques

Article détaillé : Onde sismique.

Au moment du relâchement brutal des contraintes de la croûte terrestre (séisme), deux grandes catégories d'ondes peuvent être générées. Il s'agit des ondes de volume qui se propagent à l'intérieur de la Terre et des ondes de surface qui se propagent le long des interfaces[7].

Dans les ondes de volume, on distingue :

  • les ondes P ou ondes de compression. Le déplacement du sol se fait par dilatation et compression successives, parallèlement à la direction de propagation de l'onde. Les ondes P sont les plus rapides (6 km/s près de la surface). Ce sont les ondes enregistrées en premier sur un sismogramme[7] ;
  • les ondes S ou ondes de cisaillement. Les vibrations s'effectuent perpendiculairement au sens de propagation de l'onde, comme sur une corde de guitare. Plus lentes que les ondes P, elles apparaissent en second sur les sismogrammes[7].

Les ondes de surface (ondes de Rayleigh, ondes de Love) résultent de l'interaction des ondes de volume. Elles sont guidées par la surface de la Terre, se propagent moins vite que les ondes de volume, mais ont généralement une plus forte amplitude[7]. Généralement ce sont les ondes de surface qui produisent les effets destructeurs des séismes.

Enregistrement des séismes

Les séismes dans le monde de 1963 à 1998

Les plus anciens relevés sismiques datent du VIIIe millénaire av. J.-C.[réf. nécessaire].

Séismes les plus puissants enregistrés depuis 1900

Pays Ville / Zone Magnitude Date Nombre de morts Nombre de blessés Remarques et liens vers les articles détaillés
Équateur 8,8 1906
États-Unis San Francisco 8,5 18 avril 1906 &0000000000003000.0000003 000 Tremblement de terre de 1906 à San Francisco
Chili Valparaíso 8,2 17 août 1906 &0000000000020000.00000020 000 &0000000000020000.00000020 000
Japon Kanto 8,3 1er septembre 1923 &0000000000141720.000000141 720 Tremblement de terre de Kantō de 1923
Russie Kamtchatka 8,5 1923
Indonésie Mer de Banda 8,5 1er février 1938 Tremblement de terre de la mer de Banda
Chili Chillán 8,3 24 janvier 1939 &0000000000028000.00000028 000 &0000000000058000.00000058 000
Tibet 8,6 1950
Russie Kamtchatka 9,0 4 novembre 1952
Alaska Andreanof 8,6 9 mars 1957[8]
Chili Valdivia 9,5 22 mai 1960 &0000000000003000.0000003 000 Séisme le plus violent recensé de l'histoire Séisme de 1960 de Valdivia
Russie Iles Kouriles 8,5 1963
États-Unis Alaska 9,2 27 mars 1964 &0000000000000131.000000131 Tremblement de terre de 1964 en Alaska
États-Unis Alaska 8,7 1965
Mexique Mexico 8,1 19 septembre 1985 &0000000000010000.00000010 000 Tremblement de terre de 1985 à Mexico
Pérou Arequipa 8,4 23 juin 2001 &0000000000000250.000000250 &0000000000001000.0000001 000 Séisme de 2001 du Pérou (en)
Sumatra Andaman 9,3 26 décembre 2004 &0000000000227898.000000227 898 &0000000000125000.000000125 000 Tremblement de terre du 26 décembre 2004
Sumatra Île de Nias 8,7 28 mars 2005 &0000000000000905.000000905 Séisme de 2005 à Sumatra
Tonga 8,3 3 mai 2006 Tremblement de terre du 3 mai 2006 à Tonga
Russie Iles Kouriles 8,3 15 novembre 2006 Raz de marée d'1,80 m et effets à plus de 16 000 km de l'épicentre, notamment à Crescent City, Californie
Russie Iles Kouriles 8,3 13 janvier 2007
Pérou Ica, Lima 8 15 août 2007 &0000000000000387.000000387 &0000000000001050.0000001 050
Océan Pacifique 8,3 29 septembre 2009
Chili Concepción 8,8 27 février 2010 &0000000000000497.000000497 Séisme de 2010 au Chili
Japon Sendai, Côte Pacifique du Tōhoku 9,0 [9],[10] 11 mars 2011 15 776 morts et 4 225 disparus[11],[12] &0000000000005929.0000005 929[11],[12] Séisme de 2011 de la côte Pacifique du Tōhoku

Séismes les plus meurtriers depuis 1900

Tremblements de terre ayant fait plus de 15 000 morts d'après les estimations des autorités locales, placés dans l'ordre chronologique. Comme on peut s'y attendre, ils comptent parmi les plus puissants.

Ville / Zone Pays Date Magnitude Nombre de morts Remarques et liens vers les articles détaillés
Kangra Inde 4 avril 1905 M=8,6 &0000000000019000.00000019 000
Santiago du Chili Chili 17 août 1906 M=8,6 &0000000000020000.00000020 000
Messine Italie 28 décembre 1908 M=7,5 &0000000000100000.000000100 000[13]
Avezzano Italie 13 janvier 1915 M=7,5 &0000000000029980.00000029 980
Bali Indonésie 21 janvier 1917 M=? &0000000000015000.00000015 000
Gansu Chine 16 décembre 1920 M=8,6 &0000000000200000.000000200 000
Tōkyō Japon 1er septembre 1923 M=8,3 &0000000000143000.000000143 000 Le Séisme de 1923 de Kantō est suivi d'un gigantesque incendie.
Xining Chine 22 mai 1927 M=8,3 &0000000000200000.000000200 000
Gansu Chine 25 décembre 1932 M=7,6 &0000000000070000.00000070 000
Quetta Pakistan 30 mai 1935 M=7,5 &0000000000045000.00000045 000
Chillán Chili 24 janvier 1939 M=8,3 &0000000000028000.00000028 000
Erzincan Turquie 26 décembre 1939 M=8,0 &0000000000030000.00000030 000
Ashgabat Turkménistan 5 octobre 1948 M=7,3 &0000000000110000.000000110 000
Dashti Biaz Khorassan Iran 31 août 1968 M=7,3 &0000000000016000.00000016 000
Chimbote Pérou 31 mai 1970 M=8,0 &0000000000066000.00000066 000
Yibin Chine 10 mai 1974 M=6,8 &0000000000020000.00000020 000
Guatemala 4 février 1976 M=7,5 &0000000000023000.00000023 000
Tangshan Chine 27 juillet 1976[14] M=8,2 &0000000000240000.000000240 000 Le nombre officiel de morts est 240 000 personnes[15]. D'autres estimations font état de 500 000[13] à 800 000 victimes directes ou indirectes[16].
Article détaillé : Séisme de 1976 à Tangshan.
Michoacan Mexique 19 septembre 1985 M=8,1 &0000000000020000.00000020 000
Article détaillé : Séisme de 1985 à Mexico.
Région de Spitak Arménie 7 décembre 1988 M=7,0 &0000000000025000.00000025 000
Article détaillé : Séisme de 1988 en Arménie.
Zangan Iran 20 juin 1990 M=7,7 &0000000000045000.00000045 000
Kocaeli Turquie 17 août 1999 M=7,4 &0000000000017118.00000017 118
Article détaillé : Séisme de 1999 en Turquie.
Bhuj Inde 26 janvier 2001 M=7,7 &0000000000020085.00000020 085
Bam Iran 26 décembre 2003 M=6,6 &0000000000026200.00000026 200
Sumatra Indonésie 26 décembre 2004 M=9,3 &0000000000227898.000000227 898
Article détaillé : Séisme de 2004 dans l'océan Indien.
Muzaffarabad Pakistan 8 octobre 2005 M=7,6 &0000000000079410.00000079 410
Article détaillé : Séisme de 2005 au Cachemire.
Province du Sichuan Chine 12 mai 2008 M=7,9 &0000000000087149.00000087 149
Article détaillé : Séisme du Sichuan de mai 2008.
Port-au-Prince Haïti 12 janvier 2010 M=7,2 &0000000000230000.000000230 000 provisoire
Article détaillé : Séisme de 2010 à Haïti.
Côte Pacifique du Tōhoku Japon 11 mars 2011 M=9,0 15 776 morts et 4 225 disparus[11],[12]

Tremblements de terre en France

La sismicité, les risques de glissement de terrain ou de liquéfaction du sol sont considérés comme modérés en France métropolitaine.

Les séismes, essentiellement superficiels, y résultent du rapprochement lent entre les plaques africaines et la plaque eurasienne et sont distribués le long des zones à failles et glissements souvent anciens. Leur foyer se situe à moins de 256 km dans la croûte terrestre.

Le fichier de la macrosismicité en France (fichier SIRENE : BRGM-Risque et Génie Sismique, LDG-CEA (catalogue micro-sismicité, EDF)) recense plus de 5 000 tremblements de terre ressentis au cours des dix derniers siècles, dont presque tous les séismes destructeurs depuis le XIVe siècle. Il comporte 22 séismes d'intensité épicentrale, sur le territoire français, supérieure ou égale à sept, soit en moyenne quatre par siècle. En France, on dénombre en moyenne chaque année une vingtaine de séismes de magnitude supérieure à 3,5 alors que plusieurs milliers sont ressentis dans l’ensemble du bassin méditerranéen.

En métropole, l'Est du pays (Alsace, Jura, Alpes), le Sud-Est (Alpes Maritimes, Provence) et les Pyrénées sont les plus concernés. Un risque plus diffus existe du Cotentin aux Charentes[17]. Les derniers gros séismes recensés en France métropolitaine datent ainsi de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, avec notamment celui de Provence, en 1909, qui a fait des centaines de victimes et des dommages économiques estimés à 700 millions d'euros.

En Outre-mer, aux Antilles, l'aléa (la probabilité) de séisme est élevé, et les constructions sont vulnérables. Le risque de tsunami existe aussi. En 2010, l'OPECST a conclu qu'« Aujourd'hui, la France n'est pas préparée à un tremblement de terre »[18]. Selon les experts interrogés par l'OPECST, un séisme comme celui survenu en Provence de 1909 ferait des centaines de victimes et des dommages économiques aussi importants qu'il y a un siècle, et un séisme comme celui de Fort-de-France en 1839 ferait aujourd'hui plus de 30 000 victimes.

La prévention passe notamment par l'information et donc par le zonage sismique et sa prise en compte dans l'aménagement du territoire et l'occupation des sols, la construction parasismique et la réglementation.

Pour plus de transparence et mieux sensibiliser les Français, une brochure sur le « nouveau zonage sismique de la France » (1985), à la réalisation de laquelle le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a largement contribué, contribue à démystifier ce domaine et faire évoluer la politique de prévention du risque sismique. D'autres documents plus récents, dont ceux, par exemple, réalisée par la Préfecture des Alpes-Maritimes, en août 2000, s’inscrit dans l’esprit de la loi du 22 juillet 1987 relative à l’organisation de la sécurité civile, à la protection des risques majeurs et dans le cadre de l’information des populations. Elles contiennent par ailleurs un recueil des mesures d’urgence qui seraient, le cas échéant, mises en œuvre ; il précise les moyens d’information utilisables et rappelle les recommandations des services de secours à destination de la population exposée dans les départements concernés.

En 2005, le gouvernement a annoncé un plan de six ans de prévention des séismes. Il vise à mieux sensibiliser les populations, mieux prendre en compte ces risques dans la construction, et reprend les recommandations européennes sur les constructions parasismiques, approfondit la connaissance scientifique du risque, et enfin encourage la coopération de tous les acteurs de la prévention et de la gestion du risque[réf. nécessaire]. En l’état actuel un séisme comparable à celui survenu en 1909 près de Salon-de-Provence pourrait faire de 400 à 1 000 morts[réf. nécessaire].

En 2007, l’Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques a produit un rapport sur l'« évaluation et la prévention du risque du tsunami sur les côtes françaises en métropole et outre-mer »[19], puis en 2009 d'un rapport sur les « dispositifs d'alerte aux tsunamis »[20], et en 2010 un rapport sur « La France est-elle préparée à un tremblement de terre ? »[21].

Les plus anciens séismes mortels en France se sont produits en[22] :

  • 1227 : Aix-en-Provence et Lambesc (séisme contesté) (intensité 10 : 5 000 morts) ;
  • 1248 : Savoie (9 000 morts) Note : La catastrophe (gigantesque éboulement) dans la nuit du 24 au 25 novembre 1248 n'est très probablement pas due à un séisme (voir l'article Mont Granier) ;
  • 1556 : Comté de Nice (intensité 9-10 : 150 morts) ;
  • 1564 : Roquebillière, Comté de Nice (intensité 8 : 500 morts).

Les plus récents séismes en France se sont produits les :

Méthodes de détection

Ancienne méthode chinoise

Article détaillé : Histoire de la géologie.
Réplique du sismographe de Zhang Heng

L'ancienne méthode chinoise consistait en un vase de bronze comportant huit dragons sur le contour. Une bille était placée dans la gueule de chacun d'eux, prête à tomber. Lorsqu'un séisme avait lieu (à proximité relative), le vase de bronze tremblait et deux billes tombaient, l'une pointant vers l'épicentre, l'autre pointant à l'opposé. L'empereur chinois — ne pouvant savoir quel côté était le bon — envoyait des troupes dans les deux directions afin qu'elles aident à organiser les secours et à maintenir l'ordre après la catastrophe.

Méthodes modernes

Article détaillé : Mesure en sismologie.

La localisation de l'épicentre par des moyens modernes se fait à l'aide de plusieurs stations sismiques (3 au minimum), et un calcul tridimensionnel. Les capteurs modernes permettent de détecter des événements très sensibles, tels qu'une explosion nucléaire.

Méthodes de prévision

On peut distinguer trois types de prévisions : La prévision à long terme (sur plusieurs années), à moyen terme (sur plusieurs mois), et à court terme (inférieur à quelques jours)[27].

Long terme

Les prévisions à long terme reposent sur une analyse statistique des failles répertoriées. Elles permettent de définir des normes pour la construction de bâtiments. Certaines failles telles celles de San Andreas en Californie ont fait l'objet d'études statistiques importantes ayant permis de prédire le séisme de Santa Cruz en 1989. Des séismes importants sont ainsi attendus en Californie, ou au Japon (Tokaï, magnitude 8.3).

Moyen terme

Les prévisions à moyen terme sont plus intéressantes pour la population. Les recherches sont en cours pour valider certains outils, comme la reconnaissance de formes (dilatance).

Court terme

Les prévisions à court terme se basent sur des observations très précises des terrains à risque. Les moyens de détection peuvent avoir un coût important et des résultats non garantis, du fait de la grande hétérogénéité des signes précurseurs d'un séisme, voire leur absence dans des séismes pourtant de grande ampleur, tels que TangShan ou Michoacan, qui avaient été prévus à moyen terme mais non à court terme.

De plus les gouvernements ont besoin d'informations certifiées pour évacuer une population des sites suspectés.
La Grèce étudie notamment la fiabilité de la méthode VAN (enregistrements de variations des courants électrotelluriques[réf. nécessaire]. Cette méthode, bien que fortement controversée dans le milieu scientifique, semble avoir détecté 5 séismes majeurs avec plusieurs jours d'avance[réf. nécessaire].
Les États-Unis utilisent des outils de grande sensibilité autour des points statistiquement sensibles (tels que Parkfield en Californie) : vibrateurs sismiques utilisés en exploration pétrolière, extensomètres à fil d'invar, géodimètres à laser, réseau de nivellement de haute précision, magnétomètres, analyse des puits.
Le Japon étudie les mouvements de l'écorce terrestre par GPS[28] et par interférométrie (VLBI), méthodes dites de géodésie spatiale. En Afrique du Sud, les enregistrements se font dans les couloirs des mines d'or, à 2 km de profondeur. La Chine se base sur des études pluridisciplinaires, tels que la géologie, la prospection géophysique ou l'expérimentation en laboratoire.
La surveillance d'anomalies d'émission de radon (et de potentiel électrique) dans les nappes sont évoqués[29], basée sur l'hypothèse qu'avant un séisme le sous-sol pourrait libérer plus de radon (gaz radioactif à faible durée de vie). On a constaté (par exemple en Inde[30]) une corrélation entre taux de radon dans les nappes souterraines et activité sismique. Un suivi en temps réel du radon à coût raisonnable est possible[30]. On a aussi montré dans les Alpes françaises que les variations de niveaux (de plus de 50 mètres) de deux lacs artificiels modifiaient les émissions périphériques de radon[31].

Notes et références

  1. François Michel, Roches et paysages, reflets de l’histoire de la Terre, Paris, Belin, Orléans, BRGM éditions, 2005, (ISBN 978-2-7011-4081-0), p.74
  2. a et b Documents pédagogiques de l'EOST ; les catégories de séismes Les catégories de séismes
  3. Les Séismes. Planète Terre, Université Laval, Québec Les séismes
  4. Observations sismologiques, sismicité de la France de 1971 à 1979, Bureau central sismologique français, Strasbourg, 1983
  5. a, b, c et d Documents pédagogiques de l'EOST; la magnitude d'un séisme La magnitude d un séisme
  6. Documents pédagogiques de l'EOST; l'Intensité d'un séisme L'intensité d'un séisme
  7. a, b, c et d Documents pédagogiques de l'EOST ; les ondes sismiques Les ondes sismiques
  8. Requalification de la magnitude du séisme, site de l'United States Geological Survey’s (USGS) Lien USGS-1957
  9. « Japan's megaquake: what we know », New Scientist, article de Michael Reilly, senior technology editor, le 11 mars 2011, 17h22 GMT (1722 GMT, 11 March 2011), lien
  10. http://www.jma.go.jp/jma/en/News/2011_Earthquake_01.html
  11. a, b et c (en) Damage Situation and Police Countermeasures associated with 2011 Tohoku district - off the Pacific Ocean Earthquake - September 8, 2011 sur www.npa.go.jp (National Police Agency of Japan). Consulté le 8 septembre 2011
  12. a, b et c Bilan provisoire
  13. a et b Jean Demangeot, Les milieux « naturels » du globe, Paris, Armand Colin, 10e édition, 2002, (ISBN 978-2-200-34608-9), p.101
  14. Le séisme a eu lieu le 28 juillet à 03:42 heure locale. Mais en général la référence pour le temps d'origine d'un tremblement de terre est l'heure UTC et donc le 27 juillet compte tenu des 8 heures de différence.
  15. « 7.2-Magnitude Earthquake Strikes China » dans The Chicago Tribune du 20-03-2008, [lire en ligne]
  16. François Michel, Roches et paysages, reflets de l’histoire de la Terre, Paris, Belin, Orléans, brgm éditions, 2005, (ISBN 978-2-7011-4081-0), p.74
  17. Source : explication données à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, le 7 juillet 2010, lors d'une table ronde sur le sujet, Pierre-Yves Bard, chercheur au Laboratoire de géophysique Internet et tectonophysique
  18. Communiqué annonçant la publication des actes d'une audition, publié sous forme de rapport de l'OPECST, le 28 octobre 2010
  19. Rapport N° 488, (2007/12/97) de M. Roland Courteau, établi au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, sur « l'évaluation et la prévention du risque du tsunami sur les côtes françaises en métropole et outre-mer »
  20. Rapport (N° 1808) sur « les dispositifs d'alerte aux tsunamis en France et dans le monde », 2009/07/08, de M. Claude Birraux,
  21. Rapport (n° 2721) sur « La France est-elle préparée à un tremblement de terre ? » (compte rendu de l'audition publique du 7 juillet 2010), MM. Jean-Claude Etienne et Roland Courteau, 2010/07/08.
  22. René Dinkel, L'Encyclopédie du patrimoine (Monuments historiques, Patrimoine bâti et naturel - Protection, restauration, réglementation - Doctrines - Techniques - Pratiques), Chapitre IV Les risques sismiques pp. 114-117. Paris (éditions Les Encyclopédies du patrimoine), septembre 1997 (ISBN 978-2-911200-00-7)
  23. http://www.sisfrance.net/fiche_synthetique.asp?numevt=660095
  24. Surveillance accrue à la Guadeloupe
  25. http://neic.usgs.gov/neis/eq_depot/2007/eq_071129_kha5/neic_kha5_l.html
  26. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/08/03/97001-20110803FILWWW00257-seisme-dans-le-gard-pas-de-degats.php
  27. (fr)Rapport de l'assemblée nationale française - Les Séismes et mouvements de terrain, chap.3
  28. Monitoring of Earthquakes, Tsunamis and Volcanic Activity, Japan Meteorological Agency, Tokyo, Japanpart Prediction and Information Services for the Tokai Earthquake
  29. A. PAWULA, 1997 : Contribution à l’explication des anomalies du radon 222 dans le milieu naturel. Point de vue d’un géologue. Séminaire SUBATECH, Ecole des mines de Nantes, Laboratoire de physique subatomique et des technologies associées.
  30. a et b M. Singh, M. Kumar, R. K. Jain and R. P. Chatrath, Radon in ground water related to seismic events  ; Radiation Measurements Volume 30, Issue 4, August 1999, Pages 465-469 doi:10.1016/S1350-4487(99)00049-9 (Résumé)
  31. Trique, M; Richon, P; Perrier, F; Avouac, JP; Sabroux, JC., Radon emanation and electric potential variations associated with transient deformation near reservoir lakes. NATURE, 399: (6732) 137-141. (Résumé)

Annexes

Bibliographie

  • Victor Davidovici, La construction en zone sismique, Paris, 1999, 330 p.
    La réglementation et la technique de construction en zone sismique illustrée par des exemples concrets de calculs
     
  • Grégory Quenet, Les tremblements de terre en France aux XVIIe et XVIIIe siècles. La naissance d'un risque, Seyssel, Champ Vallon, 2005 

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