Tanala

Tanala
Tanala
Tanala woman.jpg
Femme Tanala (carte postale de 1908)
Populations
Populations significatives par régions
Drapeau de Madagascar Madagascar 800 000
Autre
Langue(s) dialecte du malgache
Religion(s) religions traditionnelles

Les Tanala (ou Tañala ou Antanala) sont un peuple forestier du sud-est de Madagascar.

Certains Tanala ne firent jamais allégeance au Royaume de Madagascar.

Sommaire

Histoire

Waka - "canoé à balancier" austronésien (qui a donné en malgache le mot vahoaka-le "peuple", du proto-austronésien *va-waka - "ceux des canoe", "peuple de la mer") : les premiers Ntaolo austronésiens ont probablement utilisés de semblables pour parvenir jusqu'à Madagascar en partant des îles de la sonde

Une origine austronésienne commune à toute l'île : les Vahoaka Ntaolo-Vazimba et Vezo (350 av J.-C. 1500)

Village austronesien avec levu sur piloti (*levu-"maisons" en proto-austronésien qui a donné en malgache an-devu -"à la maison") : tous les villages des ntaolo vazimba et vezo de Madagascar étaient probablement similaires au premier millénaire. On retrouve d'ailleurs encore ce modèle aujourd'hui sur toutes les côtes de la grande île et dans les zones intérieures reculées (forêts, etc.)

Les nombreuses recherches pluridisciplinaires récentes - archéologiques [1], génétiques[2], linguistiques [3] et historiques [4] - confirment toutes que l'ensemble du peuple malgache est primordialement originaire de l'archipel indonésien [5]. Arrivés probablement sur la côte Ouest de Madagascar en canoé à balancier (waka) au début de notre ère - voire 300 ans avant selon les archéologues[6] -, ces pionniers navigateurs austronésiens sont connus de la tradition orale malgache sous le nom des Ntaolo (de *(n)ta(u/w) - *olo - "les hommes d'avant", "les "anciens", de *(n)ta(u/w)-"hommes" et *olo- "premier", "origine", "début", "tête" en proto-Malayo-Polynésien (MP)[7]). Il est également probable que ces anciens se nommaient eux-mêmes les Vahoaka (de Va-*waka "peuple/ceux des canoés" ou "peuple de la mer", de *waka-"canoé (à balancier)" en proto-MP), terme signifiant simplement aujourd'hui le "peuple" en malgache.

Sur le plan morphologique/phénotypique, cette origine Sud-Est asiatique première des malgaches explique, par exemple au niveau des yeux, le "pli épicanthal" asiatique de la paupière supérieure (epicanthic fold) répandu chez tous les malgaches qu'ils soient des côtes ou des hauts plateaux, qu'ils aient la peau claire, sombre ou cuivrée.

Ces vahoaka ntaolo ("peuple d'origine/premier") austronésiens sont à l'origine de la langue malgache commune à toute l'île[8], ainsi que de tout le fonds culturel malgache commun : coutumes anciennes (comme celle d'ensevelir les défunts dans une pirogue au fond de la mer ou d'un lac), agriculture ancienne (la culture du taro-saonjo, de la banane, de la noix de coco et de la canne à sucre), l'architecture traditionnelle (maison végétale à base carrée sur piloti), la musique (les instruments comme la conque marine antsiva, le tambour de cérémonie hazolahy, le xylophone atranatrana, la flûte sodina ou encore la valiha) et la danse (notamment la "danse des oiseaux" que l'on retrouve à la fois au centre et dans le Sud)[9].

Vaγimba - "ceux de la forêt" en proto-Barito du Sud-Est (ancienne langue austronesienne parlée notamment à Borneo). Photo Wikicommons : Dayak de Borneo

Au tout début du peuplement appelée "période paléomalgache", les Ntaolo se subdivisèrent, selon leurs choix de subsistance en deux grands groupes : les Vazimba (de *ba/va-yimba-"ceux de la forêt", de *yimba-"forêt" en proto Sud-Est Barito (SEB), aujourd'hui barimba ou orang rimba en malais[10]) qui s'installèrent -comme leur nom l'indique- dans les forêts de l'intérieur et les Vezo (de *ba/va/be/ve-jau, "ceux de la côte" en proto-Malayo-Javanais, aujourd'hui veju en bugis et bejau en malais, bajo en javanais[11]) qui restèrent sur la côte Ouest.

Le qualificatif Vazimba désignait donc à l'origine les Ntaolo chasseurs et/ou cueilleurs qui décidèrent de s'établir "dans la forêt", notamment dans les forêts des hauts plateaux centraux de la grande île et celles de la côte Est et Sud-Est[12], tandis que les Vezo étaient les Ntaolo pêcheurs qui restèrent sur les côtes de l'Ouest et du Sud (probablement les côtes du premier débarquement)[13].

La période féodale malgache : naissance des grands royaumes (1600-1895)

Dès la fin du premier millénaire jusqu'à 1600 environ, les Vazimba de l'intérieur autant que les les Vezo des côtes accueillirent de nouveaux immigrants moyen-orientaux (Perses Shirazi, Arabes Omanites, Juifs arabisés) et orientaux (Indiens Gujarati, Malais, Javanais, Bugis) voire européens (Portugais) qui s'intégrèrent et s'acculturèrent à la société Vezo et Vazimba, souvent par alliance matrimoniale. Bien que minoritaires, les apports culturels, politiques et technologiques de ces nouveaux arrivants à l'ancien monde Vazimba et Vezo modifièrent substantiellement leur société et sera à l'origine des grands bouleversements du XVIe qui conduiront à l'époque féodale malgache.

A l'intérieur des terres, les luttes pour l'hégémonie des différents clans Vazimba des hauts plateaux centraux (que les autres clans Vezo des côtes appelaient les Hova) aboutirent à la naissance des ethnies et/ou royaumes Merina, Betsileo, Bezanozano, Sihanaka, Tsimihety et Bara.

Sur les côtes, l'intégration des nouveaux immigrés orientaux, moyen orientaux et africains donnèrent naissance aux ethnies et/ou royaumes Antakarana, Boina, Menabe et Vezo (Côte Ouest), Mahafaly et Antandroy (Sud), Antesaka, Antambahoaka, Antemoro, Antanala, Betsimisaraka (Côte Est).

La naissance des ces grands royaumes "néo-Vazimba"/"néo-Vezo" modifièrent essentiellement la structure politique de l'ancien monde des Ntaolo, mais la grande majorité des anciennes catégories demeurèrent intactes au sein de ces nouveaux royaumes : la langue commune, les coutumes, les traditions, le sacré, l'économie, l'art des anciens demeurèrent préservées dans leur grande majorité, avec des variations de formes selon les régions.

Langue

Le tanala est un dialecte du malgache, une langue malayo-polynésienne.

Notes

  1. Burney et al (2004)
  2. Hurles et al. (2005)
  3. Dahl O. (1991)
  4. Verin (2000), p.20
  5. Patrice Rabe, Quotidien Midi Madagasikara, édition du 24 septembre 2008
  6. Burney et al, op.cit.)
  7. Randriamasimanana, "The Malayo-Polynesian Origin of Malagasy" [1])
  8. « Dans la langue malagasy, nous constatons d'étroites connexions avec l'idiome Maanyan parlé par la population de la vallée de Barito dans le sud de Bornéo », Dr Mathew Hurles du Welcome Trust Sanger Institute
  9. Pour l'historien Edouard Ralaimihoatra, ces autronésiens qu'il appelle de manière globale les Vazimba -sans faire le distingo entre ceux des côtes, les Vezo, et ceux de la forêt de l'intérieur, les Vazimba- ont « apporté dans l'île le fond de la langue malgache et des techniques d'origine indonésienne pirogues à balanciers, rizières inondées, cases en bois équarris ou en branchage construites sur pilotis, villages édifiés sur les hauteurs entourés de fossés, etc. Ce fond a reçu des apports résultant d'échanges humains entre l'Afrique et Madagascar, grâce à la navigation arabe entre les côtes de l'Arabie, de l'Afrique orientale et de la Grande Ile (Ralaimihoatra E., "Les Primitifs malgaches ou Vazimba", in Histoire de Madagascar)
  10. Simon P. (2006), p. 16 [2]
  11. Simon P. (2006), ibid., p. 474 [3]
  12. Rafandrana, un des ancêtres de la dynastie royale merina, par exemple, est connu pour avoir été un Vazimba (Callet, 1908). Les deux reines fondatrices de la royauté Merina, Rafohy et Rangita, étaient désignées comme Vazimbas. Comme la plupart des austronésiens, les chefs Ntaolo (Vazimbas et Vezos) de Madagascar avaient pour coutume de placer les corps de leurs défunts dans des pirogues et de les enfouir dans des lacs artificiels (Vazimbas de l'intérieur) ou dans la mer (Vezos des côtes)
  13. Simon P. (2006), ibid., p. 455 [4]

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Ralph Linton, The Tanala, a hill tribe of Madagascar (Marshall Field expedition to Madagascar, 1926), Field museum of natural history , Chicago, 1933, 334 p.
  • (fr) Charles Ardant Du Picq, « Une peuplade malgache, les Tanala de l'Ikongo », in Le Tour du monde, n ° 46-47, 1905, p. 541 à 564
  • (fr) Philippe Beaujard, Princes et paysans : les Tanala de l'Ikongo : un espace social du sud-est de Madagascar, L'Harmattan, 1983, 670 p. (ISBN 9782858022724)
  • (fr) Philippe Beaujard, « Des ancêtres aux esprits de la nature. Mythe, rituel et organisation politique chez les Tanala de l'Ikongo (Sud-Est de Madagascar) » in Asie du Sud-Est et monde insulindien, 1985, vol. 16, n° 1-4, p. 141-147
  • (fr) Philippe Beaujard, Mythe et société à Madagascar (Tañala de l'Ikongo) : le chasseur d'oiseaux et la princesse du ciel, L'Harmattan, 1991, 511 p. (ISBN 2738410006)
  • (fr) Philippe Beaujard, Islamisés et systèmes royaux dans le sud-est de Madagascar : les exemples Antemoro et Tañala, Université de Madagascar, Antanarivo, (tiré à part issu de Omaly sy anio, n° 33-36, 1991-1992, p. 235-286
  • (fr) Philippe Beaujard, « Les rituels en riziculture chez les Tañala de l'Ikongo (sud-est de Madagascar) : rituels, mythes et organisation sociale », , in Sandra Evers et Marc Spindler (dir.), Cultures of Madagascar : ebb and flow of influences, International Institute for Asian Studies, Leyde, 1995, p. 249-280 (ISBN 9074917119)
  • (fr) P. Gaudebout et L. Molet, « Coutumes et textes Tanala », in Mémoires de l'Institut scientifique de Madagascar, Série C., t. 4, 1957, p. 35-96
  • (fr) Victor Raharijaona et Solo Rakotovololona, « Première reconnaissance archéologique dans le pays Tanala (Ifandiana-Ranofama) », in Taloha (Tananarive), n° 12, 1994, p. 159-169
  • (fr) Bodo Ravololomanga, Être femme et mère à Madagascar : Tañala d'Ifanadiana, L'Harmattan, 1992, 237 p. (ISBN 9782738416988)
  • (fr) Bodo Ravololomanga, « La dignité de la femme tañala », in Repenser "la femme malgache" : de nouvelles perspectives sur le genre à Madagascar, Institut de civilisations, Musée d'art et d'archéologie, Université d'Antananarivo, 2000, p. 99-108
  • (fr) Le Tanala, la forêt et le tavy : Ranomafana-Ifanadiana, Musée d'art et d'archéologie, Université de Madagascar, Antanarivo, 1987, 210 p.

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