Uti

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Oud

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Sommaire

L'oud (en arabe : عود, en arménien : Ուդ, en turc : Ud) ud ou outi (en grec moderne : ούτι), est un instrument de musique à cordes pincées très répandu dans les pays arabes, en Turquie, en Grèce et en Arménie. Son nom vient de l'arabe al-oud (le bois), transformé en Europe en laute, alaude, laud, liuto, luth.

Le barbat (persan) en est très certainement à l'origine, mais si cet instrument existe encore à titre symbolique en Iran, il y est très peu répandu et il a été réinventé récemment à partir d'archives. Il convient donc ici de s'attacher davantage au nom oud, plus généralement connu, d'autant plus que les instruments ne diffèrent guère.

Luth à manche court par excellence, il a souvent été l'objet d'ouvrages de référence des musicologues musulmans de l'époque médiévale.


Histoire

Oud

L'oud trouve son berceau en Babylonie, environ en 600 après J.C, comme celui découvert sur un bas-relief du temple d’Hammourabi par le chercheur Irakien Anwar Rachidi.[1] Présent chez les Assyriens, il apparaît en Égypte où on le retrouve dans la tombe d’Ahmôsis (1500 av. J.-C.). Pendant la première civilisation pharaonienne, les Égyptiens ont utilisé le luth pour leurs cérémonies et pour leurs fêtes.

Le barbat est un instrument de musique ancien d'origine perse ; après le tambûr, c'est le plus vieil instrument à cordes en Iran, remontant en 800 av. J.-C. Son invention est attribuée à Barbad et al-birbat serait sa forme arabisée. D'autres sources précisent que l'étymologie viendrait de bat qui signifie « poitrine », désignant ainsi une similarité de forme.

Il est probable que les premiers instruments étaient taillés dans une pièce de bois (manche et caisse de résonance non séparés), de la même façon que le pipa chinois (déjà présent chez les Tang (618-907) et les Wei du Nord (386-534)) ou le biwa japonais (VIIIe siècle), qui seraient des descendants du barbat apporté par la Route de la soie.

Après que l’islam se fut implanté en Iran, l'instrument fut amené dans l’Empire Omeyyade et il s'est propagé ensuite dans tout le Moyen-Orient et le Maghreb, faisant de ces pays le berceau du luth oriental : le oud. Ce dernier, rénové par Zalzal Mansour (mort en 791), possédait un manche plus court séparé (au départ) d'une caisse plus grosse, comme l'instrument actuel.

Plus tard, Médine fut un lieu de rencontre de tous les musiciens et luthiers si bien que le oud y acquiert une réputation éminente parmi tous les autres instruments de la musique arabe. Grâce au oudiste Ziryab (décédé vers 852), le oud voyage jusqu'en Europe en transitant par l'Andalousie sous domination mauresque, devenue la capitale de la musique arabo-andalouse.

L'oud a pris définitivement sa forme actuelle au début du IXe siècle, (la chanson de Roland fut sans doute jouée sur un luth arabe). La caisse était faite de barres de bois contraint en forme de voûte qui pourraient être l'origine du nom oud puisque le mot signifie bois ou bâton et que la table était elle aussi faite en bois (à l'opposé des tables en peau des luths plus anciens).

Quand la culture islamique pénétra en Europe, cet instrument fut utilisé avec différents noms ; lotto en Italie, loth en France, aland au Portugal et loud en Espagne. À la même période, l'instrument a été interdit en Iran sous les Safavides à cause du fanatisme religieux, jusqu'à récemment.

La caisse courbée a servi de modèle au luth et à la mandoline européens, dont les caisses étaient construites de nombreuses lamelles de bois flexibles collées. Le luth se transforme durant la Renaissance et la période baroque. Les cordes sont jouées entre le pouce et l'index avec le petit doigt posé sur la table et le manche comporte des frettes nouées en boyau pour pouvoir jouer des musiques polyphoniques. À la fin du XVIe siècle, une nouvelle forme de luth à 12 cordes apparaît en Angleterre (théorbe et chitarrone) servant plus à l'accompagnement qu'à la mélodie. Il a sans cesse évolué, par l’ajout de cordes graves, jusqu’au XVIIIe siècle.

Lutherie

Oud : détail du cordier

Le oud est constitué de trois parties majeures :

  • Caisse de résonance : en noyer ou érable, elle est piriforme et est constituée d'une vingtaine (ou trentaine) de côtes (plus il en a meilleur il est), formant la plus grande caisse de résonance de tous les luths. La table est percée de grandes ouïes (1, 3 ou 5), recouvertes de rosaces. Un petit chevalet similaire à celui de la guitare, y est collé, ainsi qu'un renfort au point de jeu.
  • Manche : en noyer ou fruitier, le manche n'est pas fretté et est très court, tel celui du violon, permettant de jouer les (quarts de tons et tous les micro-intervalles)
  • Cordier : en noyer ou en fruitier, l'angle entre le manche et le cordier est quasi perpendiculaire, et cela a une grande importance pour soutenir la pression des onze ou douze cordes (en nylon et en métal fileté), couplées, fixées par des chevilles en bois.

Plusieurs types de ouds sont utilisés dans la musique arabo-turque :

  • ud hanin est un oud spécifique pour le solo à la caisse petite, en amande, à une rosace, au son ténu.
  • ud rannan est un oud spécifique pour la musique d'ensemble à la caisse piriforme, à trois ou cinq rosaces, très sonore.

Il existe aussi des ouds très décorés, incrustés de nacre ou de marqueterie, mais ils sont de moindre qualité musicale. Actuellement, les meilleurs luthiers sont en Égypte, au Caire.

Au Maghreb (au Maroc notamment) on distingue le oud classique, oud sharki, et le oud traditionnel à quatre cordes, ud `arbî (en Tunisie) ou kuitra (en Algérie).

Jeu et accord

Oud

Le oud se tient de la même façon qu'une guitare, en faisant attention de garder la face verticale de manière à ce qu'elle ne soit pas visible par le joueur ; le poids doit en être supporté par la cuisse et le bras droit de manière à ce que la main gauche soit libre pour se déplacer sur le manche. Dans le passé, de nombreux joueurs jouaient assis en tailleur par terre ; maintenant la plupart jouent assis sur une chaise, utilisant souvent un repose-pied sous leur pied droit.

On utilise un long plectre flexible mettant le poignet dans un angle particulier qui donne un certain son et une grande agilité : le risha (« plume » en arabe) ou mezrab (en turc) est fait d'une tranche fine de corne de vache, d'une plume d'aigle ébarbée et aplatie ou plus prosaïquement un médiator en plastique. Il se tient entre le pouce, l'index et l'auriculaire, pour pincer les cordes de l'instrument selon deux techniques : le pincement simple ou double. On reconnaît un virtuose de l'oud à l'utilisation équilibrée qu'il fait de ces deux techniques. Les plectres les plus fins donnent un son très délicat, plein de nuances, les plus lourds donnent un son très fort. Les joueurs se servent souvent d'un plectre dont une des extrémités n'a pas été modifiée et dont l'autre a été amincie par ses soins, lui permettant ainsi d'utiliser la forme la plus appropriée pour ses besoins.

Instrument soliste de la musique arabe par excellence, l'oud est aussi employé comme basse mélodique ou rythmique dans les ensembles instrumentaux, à moins qu'il n'accompagne un chanteur. Il en va de même pour la musique turque et iranienne. Mais il est aussi en ces contrées, un instrument très populaire, et se prête à tout le répertoire folklorique. De même, en Grèce ou en Arménie, il est plutôt cantonné à cette musique festive.

On ne joue pas d'accord sur le oud, à l'inverse du luth ou de la guitare. La musique étant modale, on ne joue jamais plusieurs notes en même temps, mais dans une succession très rapide, sauf pour la corde de bourdon. En outre, nombre de oudistes enlèvent les deux dernières cordes, les plus aiguës, afin de faciliter le jeu. Mounir Bachir a la particularité de mettre la corde grave en bas des autres.

Il est possible d'accorder un oud de nombreuses façons différentes.

Accordages arabes :

  • Sol La Ré Sol Do Fa
  • Ré Sol La Ré Sol Do, c'est l'accordage le plus utilisé.
  • Do Fa La Ré Sol Do
  • Do Mi La Ré Sol Do
  • Fa La Ré Sol Do Fa
Technique de jeu au risha

Accordages constantinois (Algérie) :

  • Do La Ré Sol, accord en deux quintes embrassées.

Accordages turcs :

  • Ancien accordage turc classique : La Ré Mi La Ré Sol
  • Nouvel accordage turc classique : Fa# Si Mi La Ré Sol
  • Accordage turc/arménien : Mi La Si Mi La Ré
  • Accordage turc/arménien : Do# Fa# Si Mi La Ré
  • Accordage Cümbüş : Ré Mi La Ré Sol Do

Parmi les nombreux virtuoses, on peut mentionner :

Le oud a fait une entrée remarquée dans le jazz et la musique improvisée avec des créateurs comme Anouar Brahem, Rabih Abou-Khalil, Marcel Khalifé ou Dhafer Youssef.

Références

  1. Salah El Mahdi, La musique arabe

Liens externes

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