Vinho Verde

Vinho Verde

Vinho verde (DOC)

Vignoble du Minho
Vinhas.jpg
Vignoble producteur de vinho verde conduit sur cruzetas
Région de Minho
Désignation(s) Vignoble du Minho
Appellation(s) principale(s) Vinho verde et vinho verde avec nom de sous-région (Amarante, Ave, Basto, Baião, Cávado, Lima, Monção, Paiva et Sousa)[1]
Type d'appellation(s) Denominação de Origem Controlada (DOC)
Reconnue depuis 1908
Pays Portugal Portugal
Région parente Minho
Régions viticoles
Minho
Minho (VR)
Sous-région(s) Entre-Douro-e-Minho
Localisation Nord-Ouest du Portugal
Saison Hiver et le printemps humides, été est très sec et automne pluvieux
Climat Océanique
Sol granitiques avec traces de micaschistes et quelques formations carbonifères ou d'ardoises,
Superficie plantée 34 000 hectares[2]
Nombre de domaines viticoles 27 662 producteurs, 21 caves coopératives dont 7 regroupées dans une Union
Cépages dominants cépages rouges
Amaral, Azal rouge, Borraçal, Brancelho, Espadeiro, Padeiro, Pedral, Rabo de Ovelha et Vinhão
cépages blancs
Alvarinho, Arinto, Avesso, Azal blanc, Batoca, Loureiro et Trajadura
Vins produits rouge, blanc et rosé
Production 650 000 hectolitres

Le vinho verde (vin vert) est un vin portugais de la région de Minho, dans le Nord-Ouest du pays. Son nom fait référence à la fraîcheur de sa jeunesse plus qu'à sa couleur puisque cette appellation produit des vins rouges, des vins blancs et quelques vins rosés. Ces vins doivent se boire dans leur prime jeunesse[3]. Leur zone de production s’étend sur 160 kilomètres et représente 15 % de la superficie du vignoble portugais[2]. C'est un vignoble morcelé à l'extrême où d'une façon générale chaque producteur ne possède guère plus d’un hectare de vignes. Ses vignes longtemps cultivées en hautain, sont aujourd'hui conduites sur cruzeta. Ce qui faisait constater à Louis Orizet, dans les années 1970 :

« De la vigne, il en pousse partout, sauf dans des vignobles, au bord des routes, le long des murs des fermes, ou bien en guirlandes palissées, si hautes parfois qu'il faut une échelle pour vendanger[4]. »

Sommaire

Histoire

Article détaillé : Histoire du Portugal.

Préhistoire et antiquité

Nombre d'auteurs sont partagés sur la genèse de la viticulture au Portugal. Il y a trois écoles. La première explique que la culture de la vigne avait précédé l'arrivée des Romains et particulièrement dans le nord du pays[5]. La seconde, est celle des Minhotos, les vignerons locaux, qui font remonter son origine aux Grecs[4]. La troisième, prenant en compte les vignes arbustives, et en référence à Ulmisque adjungere vitis[N 1], affirme qu'elle doit tout aux pratiques romaines[6].

Moyen-Âge

Article détaillé : Royaume de Galice.

Avant même la fondation d'un Portugal indépendant, en 870, une donation en vignes fut faite au couvent de Alpendurada à Marco de Canaveses. Puis ce fut le roi Ordonho qui, en 960, dans son testament, fournit la manse de l'église São Tiago, aujourd'hui dans la paroisse civile de Correlhã, dépendante de la municipalité de Ponte de Lima[7].

Dias Mumadonna, en 949, puis ses fils Alvito et Toda Mumadona, en 973, paraphèrent des actes décrivant des propriétés entourés de ceps. C'est dans le Minho, berceau du Portugal et ancien Comté de Portucale, qu'Alphonse 1er Henriques de Guimaraes proclama la naissance de la nation portugaise[8]. Ces hautains sont aussi évoqués en 1220 et 1228 dans les « Ordonnances et Enquêtes », lors de dépositions témoignant de l'extension de la vigne dans le Nord-Ouest du Portugal. Au cours du XIIIe siècle, les archives de la paroisse de Areias (Santo Tirso), précisaient qu'il y avait des « vignes hautes sur pied » et des latadas, ancêtres des treilles[7].

Vers le milieu du XIVe siècle, la production était assez organisée pour qu'Édouard III d'Angleterre puisse signer un traité de commerce avec le Portugal pour le négoce entre la laine anglaise et le vin de la région du Minho[5].

Renaissance

C'est à cette époque que, pour la première fois, a été fait usage du qualificatif de vinho verde. Le terme fut employé, en 1549, dans un écrit du docteur João das Regras[7]. La marine portugaise sillonnait alors mers et océans, conquérant des colonies et installant des comptoirs du Groenland à Gao, de la Chine au Brésil[9].

Commerce triangulaire entre l'Europe et les Amériques : esclaves, vin, morue et textiles

Quelques années plus tard, après la mort du roi Sébastien 1er, parti en croisade contre les Maures au Maroc, Philippe II d'Espagne annexa le royaume en 1580. Quand celui-ci retrouva son indépendance, en 1644, l'Angleterre avait pris des positions économiques telles dans ses ports que le Portugal était quasiment devenue sa colonie[9].

À partir de 1660, les négociants anglais tinrent le haut du pavé à Lisbonne, Porto et Viana. Leurs bâtiments de commerce avaient mis en place un juteux trafic triangulaire concernant l'Entre-Douro-e-Minho, pour ses vins, la Terre-Neuve, pour sa morue, et l'Angleterre, pour ses filatures. Et les propriétaires de vignobles de la région de Viana do Castelo troquaient même leur production contre des esclaves noirs[10].

Cela n'eut qu'un temps et pour deux raisons. La première fut que le vin le plus recherché était celui des vignobles de Monção. Les relevés des registres commerciaux indique que c'était un vin blanc, produit à partir du cépage alvarinho et dans des vignes basses. La seconde fut déterminante. Le port de Viana s'ensablait et les négociants en vins anglais préférèrent utiliser celui de Porto[10].

Période moderne

Château de Guimarães précédé de quatre hautains (milieu du XIXe siècle)

L'Entre-Douro-e-Minho, province surpeuplée, fournit nombre de migrants qui allèrent s'installer principalement au Brésil. Quand certains revinrent, fortune faite, ils ne manquèrent pas de se faire édifier de superbes demeures et d'acheter terres et vignes qu'ils firent mener par métayage[11]. Dans le même temps, la noblesse abandonna l'exploitation directe, ce qui augmenta l'émiettement des exploitations et terres agricoles[12].

Cette situation perdura durant les XVIIe siècle et XVIIIe siècle. La pratique des petites exploitations, incita les grandes maisons seigneuriales - les manoirs du Minho - à lotir leurs vastes propriétés dont l'exploitation fut, dès lors, confiées à des métayers. Les quelques derniers grands vignobles d'une pièce, en pâtirent, furent arrachés et replantés sur les abords de terres[13].

En 1876, António Augusto de Aguiar, célèbre professeur de chimie et expert en vin, à décrit parfaitement le vin et son effet :

« Le vinho verde est le plus singulier des vins. Il est bizarre, original, rafraîchissant, diététique. Il n'enivre pas. C'est uniquement pour cela que je l'aime. Il est sensible à l'intelligence[14] »

Période contemporaine

Jusqu'alors considérée comme réservée à la consommation de ménage, la production de vinho verde commença à être organisée dès le début du XXe siècle. Le législateur fit une première délimitation de la zone de production le 18 septembre 1908, elle fut décrétée et passa dans les faits 1er octobre de la même année. Puis le 22 mars 1929, un décret-loi définit le statut particulier de la région et précisa ses limites géographiques actuelles. Dès lors, la « Commission de Viticulture de la région des Vinhos Verdes » fut chargée de faire appliquer cette réglementation[15]. Mais en 1930, la législation sévère de Salazar interdit la création de vignobles et ne les autorisa que pour délimiter les domaines, a interrompu la tradition du vin de Monção[8].

Si la production des vinhos verdes reste une exception aux usages établis en la matière par les conventions et accords internationaux, l'OIV n'en a pas moins, dès 1949, accepté son enregistrement en appellation d'origine[16]. Depuis février 1992, les vinhos verdes sont entrés dans la catégorie européenne des VQPRD (Vins de qualité produits dans des régions déterminées).

Étymologie

Si les vinhos verdes sont dits « vin vert », ce n'est pas pour leur couleur mais pour leur vivacité car leur vendange précoce, pour éviter les aléas climatiques, les fait vinifier avant que les raisins soient totalement mûrs[17]. C'est déjà ce qui était signalé par les voyageurs européens au début du XIXe siècle qui opposaient vihno verde à vinho maduro[18] en précisant que cette absence de maturité était due à la façon dont étaient conduite ces vignes dans les arbres[19]

Situation géographique

Les limites géographiques de la zone de production de vinhos verdes sont au nord et au sud les fleuves Minho et Lima, à l'est, des montagnes dont l'altitude est supérieure à mille mètres, à l'ouest l'océan Atlantique[20],[21].

Orographie

Caractérisé par un relief accidenté, ce terroir a été décrit comme « un amphithéâtre ouvert sur la mer s'élevant progressivement vers l'intérieur » (Amorin Girão)[22],[2]. Comme ses principaux cours d'eau, Minho, Lima, Cavado, Ave et Douro coulent d'Est en Ouest, ils facilitent la pénétration des vents océaniques[23],[21]. L'ensemble de cette région est délimité et séparé par les montagnes de Penada, Gerez, Cabreira, Alvão, Marão, Montemuro, Freita et Arada[24]. À ces escarpements s'ajoutent des vallées bosselées par de petits monts (Arga, Amarela et Citãnas) qui en font une zone accidentée, aux vallées étroites, sans grande étendue de plaine mais sans altitude élevée[25].

Géologie

Le vignoble est implanté sur des substrats granitiques avec des traces de micaschistes. Une bande silurique où apparaissent des formations carbonifères ou d'ardoises, le traverse de S.E au N.O. Cet ensemble fournit des sols pauvres, acides et sableux avec une forte carence en calcaire et phosphore[25].

Climatologie

De type océanique, ce climat est caractérisé par de faibles amplitudes thermiques, une pluviosité assez importante et une forte sécheresse estivale. Les reliefs à l'est du littoral limitent l'influence océanique et favorisent une grande variété de micro-climats[21].

Climatologie de Braga, région centrale des Vinhos verdes
mois jan. fév. mar. avr. mai jui. jui. aoû. sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 4,5 4,8 6,2 7,0 9,6 12,0 12,6 13,2 11,8 9,6 6,3 4,6 8,5
Température moyenne (°C) 8,7 9,1 10,9 12,4 15,2 18,2 20,2 19,8 18,4 15,3 11,2 8,9 14,0
Température maximale moyenne (°C) 12,8 13,5 15,6 17,8 20,7 24,4 27,2 27,0 24,9 21,0 16,0 13,3 19,5
Précipitations (mm) 217,1 208,9 180,3 104,2 110,0 64,5 20,9 30,6 77,7 132,4 174,0 193,3 1 514,9
Source : Aéroport de Braga, références prises de 1951 à 1980.

Les entrées maritimes entretiennent une forte humidité et soumette ce terroir à une pluviosité abondante, 1 500 à 2 000 mm mais mal répartie cependant pour la vigne. Si l'hiver et le printemps sont normalement humides, l'été est très sec et l'automne pluvieux au moment des vendanges. En corollaire les températures sont douces, l'hiver peu rigoureux mais les vignes ont à craindre de possibles gelées de printemps. La forte sécheresse estivale, même sans température excessive, influe fortement sur la maturité des raisins[25].

Tableau des températures et des précipitations à Braga,
région centrale des vinhos verdes

Dans la classification de Thornwait[26], la région des vinhos verdes est définie comme ayant un « climat humide ou super humide, mésothermique, avec petite ou forte déficience d'eau en été, soumis de façon prépondérante à l'influence maritime[25] »

Vignoble

Présentation

Le vignoble s'étend sur neuf sous-régions[27],[1]
Sous-région Municipalités
Amarante Amarante, Marco de Canaveses
Ave Fafe, Santo Tirso, Vila Nova de Famalicão, Vieira do Minho, Póvoa de Lanhoso
Basto Celorico de Basto, Cabeceiras de Basto, Mondim de Basto, Ribeira de Pena
Baião Baião, Paredes
Cávado Esposende, Braga, Barcelos, Vila Verde, Amares, Guimarães
Lima Viana do Castelo, Ponte de Lima, Ponte de Barca, Arcos de Valdevez
Monção Moncão, Melgaço
Paiva Castelo de Paiva
Sousa Penafiel, Lousada, Felgueiras, Paços de Ferreira

Encépagement

Dans la région des vinhos verdes, vignes d'Arcozelo (freguesia de Ponte de Lima) conduites sur cruzeta

Les vignes ont dû s'adapter à la conduite en hautain par une sélection naturelle des variétés supportant ce mode cultural. L'adaptation a été telle que ces cépages aujourd'hui imposent cette méthode, car taillés en forme basse[28], leurs vignes, à grande exubérance végétative[29], produisent peu et dépérissent[28]. Le vignoble fournit des vins rouges, production traditionnelle, et des vins blancs, production plus récente[30]. Ils sont élaborés à base de différents cépages[31] :

Méthodes culturales

Vendanges sur des vignes menées en enforcado

La viticulture dans le Nord-Ouest du Portugal, dans la région des vinhos verdes, se fait encore avec des vignes grimpantes ou suspendues. Ce mode de conduite, qui a traditionnellement utilisé des hautains, est impliqué par les facteurs agronomiques et sociaux de cette ancienne province d'Entre-Douro-e-Minho[6]. Les vignes sont reléguées, soit en bordure les champs cultivés[7], soit dans des terrains morts (chemins, cours, etc.). Ces conditions particulières de culture sont dues à l'extrême division des champs et des cultures et sont censées préserver au maximum les surfaces réservées aux céréales et au fourrage[12].

Leur mode de conduite traditionnel se faisaient soit en enforcado (hautain traditionnel)[6], soit en arejão ou arejaoda (très haute treille verticale), soit sur ramada (treille horizontale plus ou moins inclinée sur des supports de hauteur variable)[28], soit sur lata (petite treille de branchages disposés en croisillon)[6], soit sur latada (forme basse de la ramada)[28]. Plusieurs espèces arbustives étaient utilisées dont le chêne, le cerisier, le platane, et l'olivier[32].

Actuellement et depuis l'entrée du Portugal dans la Communauté économique européenne, cette viticulture archaïque a été modernisée et la conduite des ceps se fait sur cruzeta. La vigne est conduite en cordon et palissée sur fil de fer soutenu par une potence en forme de croix pouvant s'élever à 2 mètres de haut[28]. Cette méthode a l'avantage de faciliter les travaux viticoles (taille, traitements, vendanges) et rend possible, en partie, leur mécanisation[32].

Titre alcoométrique minimal et maximal

DOC Rouge Rouge Blanc Blanc Rosé Rosé
Titre alcoométrique volumique minimal maximal minimal maximal minimal maximal
Vinho verde 8,5 %[14] 11,5 %[33] 8,5 %[14] 11,5 %[8] 8,5 %[14] 11,5 %[8]

Vinification et élevage

La fermentation de ces vins est volontairement arrêtée avant que tout le sucre ne soit transformé en alcool.

Vinification en rouge

La vendange se fait toujours en grappes entières afin d'éviter toute oxydation. Pour éviter tout goût de rafle, arrivée à la cave, elle est éraflée et immédiatement foulée. Jusqu'à l'entrée dans l'Union européenne, le foulage se faisait aux pieds. Aujourd'hui, l'utilisation de fouloirs centrifuges s'est généralisé. Ils permettent de respecter la tradition, en obtenant un vin à la couleur foncée et une mousse colorée, en assurant une meilleure dissolution de la matière colorante[34].

Robot pigeur

Celle-ci nécessite, en plus, le pigeage du chapeau de marc qui se fait sur un rythme de trois fois par jour. La vinification des moûts est facilitée par la maîtrise des températures, utilisée majoritairement dans les caves coopératives[34]. Après une fermentation de courte durée, qui est arrêtée quand la densité des moûts se situe entre 1010 et 1005, a lieu l'encuvage pour une période de 15 jours. Au cours de celui-ci, le vinificateur procède à plusieurs soutirages[35].

La mise en fûts se déroule entre les mois de novembre et de janvier. Le départ de la fermentation malolactique est alors bloqué par la technique du froid. Celle-ci se fera en bouteille, dont la mise a lieu entre mars et avril[35].

Une autre méthode de vinification a été testé avec succès. Une enquête sur le terrain avait démontré qu'un certain nombre de viticulteurs vinifiait, sans foulage, en grappes entières dans une cuve fermée pendant 2 à 8 jours. Cette technique s'apparentait à la macération carbonique qu'avait popularisée Michel Flanzy en France[36].

Venu sur place, l'œnologue fit remarquer que le terroir des vinhos verdes était granitique tout comme celui du beaujolais et conseilla l'emploi de ce type de vinification. Les résultats des essais furent d'ailleurs positifs mais son développement freiné par le coût des investissements[36].

Article détaillé : Vin rouge.

Vinification en blanc

Le but de cette vinification est d'obtenir un vin à la robe claire, d'une couleur allant du citron au doré et qui développe à la dégustation fraîcheur et arômes fruités[37].

Pressoir horizontal

Les cépages blancs utilisés, étant assez oxydatifs comme l'ensemble des cépages méridionaux de l'Europe, la première précaution est d'obtenir une vendange de grappes entières. Pour la garder le moins possible en contact avec l'air, elle est foulée et pressée immédiatement. Actuellement l'utilisation de pressoirs horizontaux rend possible le pressurage direct sans passer par le stade du foulage. Les moûts sont ensuite débourbés pendant 24 à 48 heures[37].

Pour la fermentation, la recherche de la qualité implique de plus en plus l'utilisation de levures indigènes sélectionnées et la maîtrise des températures qui permet par une méthode physique de maintenir les cuves entre 18° et 20°C. Elle est essentiellement utilisée dans les grandes unités de vinification[38].

Le premier soutirage se fait avant que la transformation des sucres en alcool soit achevée et les autres régulièrement au cours de la période allant des mois de novembre à décembre. Les vinhos verdes blancs se conservent particulièrement bien en bouteille en gardant pendant quelques années leur fraîcheur et leur fruit[38].

Article détaillé : Vin blanc.

Terroir et vins

L'appellation d'origine Vinho verde produite dans les sous-régions peut adjoindre à ses vins la désignation sous-régionale[27].

Production annuelle de vinho verde[39].

C'est en 1973 qu'a eu lieu la plus grosse récolte de vinhos verdes avec 3 054 250 hectolitres. La plus petite récolte fut celle de l'année 1935 qui n'atteignit que 191 850 hectolitres.

En 2003 et 2004, une expérimentation sur l'importance des variations de températures sur le terroir du vinho verde et ses vins, a été réalisée par des équipes des universités de Rennes et de Porto dans les vignobles des stations expérimentales Amando Galhano à Arcos-de-Valdevez et à Monção-Troviscoso. Distants de quelques dizaines de kilomètres, le premier se situe dans la vallée du Lima, le second dans celle du Minho. Ces deux sites, à la topographie accidentée, sont peu soumis aux influences océaniques. Leurs caractéristiques viti-vinicoles sont très différentes, en particulier sur les types de cépages cultivés et la qualité du vin. Le vignoble de Monção-Troviscoso est essentiellement planté en alvarinho, cépage difficile à cultiver à la station Amando Galhano où le loureiro et le vinhão convienent parfaitement[21].

Températures moyennes annuelles relevées à la
station météorologique de Serro do Pilar (Porto)
Vindima em Portugal (5).jpg
Vindima em Portugal (2).jpg
Année Température Variation Année Température Variation
1901 13,7° - 1958 14,5° - 0,96%
1906 14,0° +1,02% 1963 14,4° - 0,99%
1911 14,3° - 0,99% 1968 14,3° - 0,99%
1916 14,3° 0% 1973 14,2° - 0,99%
1923 13,9° - 0,97% 1978 14,2° 0%
1928 13,9° 0% 1983 14,5° +1,02%
1933 13,6° - 0,98% 1988 14,6° + 1,00%
1938 14,4° +1,05% 1993 14,3° - 0,98%
1943 14,5° +1,00% 1998 15,2° +1,02%
1948 15,5° +1,07% 2003 15,4° +1,01%
1953 15,0° - 0,96% Sources[21]

Les relevés des températures minimales sous abri et de leur importante variation ont mis en évidence leurs impacts sur la vigne (résistance au gel,croissance, taux de sucre du raisin), tant entre les deux vignobles expérimentaux qu'entre les différents points de relevés en fonction de la topographie du vignoble: les valeurs les plus faibles étant liées aux terrasses ou aux dépressions, les valeurs les plus fortes enregistrées sur des pentes supérieures à 5°C. Les températures maximales sous abri a montré également une forte liée à la topographie. La canicule de l'été 2003 et ses fortes chaleurs n'ont donc pas eu les mêmes conséquences partout. Les relevés du 8 août montrent que les températures les plus élevées ont été enregistrées dans les secteurs en pente d'exposition sud, les écarts allant jusqu'à 4°C avec les terrasses ou cuvettes. Ce qui confirme et met en évidence l’influence des facteurs topographiques[21].

L'expérimentation météorologique a été doublée par une étude de l'état physiologique de la vigne. Les analyses de teneur en alcool réalisées en septembre 2003 ont montré d’importantes différences liées aux cépages mais également à la température. Par exemple, les parcelles de Loureiro enregistrent des différences de plusieurs degrés sur l’ensemble du site d’Arcos-de-Valdevez[21].

Cette forte variabilité sur un même terroir des températures, notamment lors de gelées printanières et surtout au moment de la canicule de l’été 2003 a permis d’évaluer et de quantifier l’influence des facteurs locaux sur la qualité du raisin et du vin. [21].

Cette étude est à mettre en corrélation avec l’analyse des relevés de températures de la station météorologique de Serra do Pilar, entre 1901 et 2003, qui montre une augmentation constante de la température moyenne. Ce contexte de réchauffement et de forte variabilité du climat, laisse présager un important impact à l’échelle d’un terroir au niveau de l'encépagement[21].

Structure des exploitations

Elle est atypique en Europe occidentale. La région, qui ne représente que 9, 2 % de la superficie du territoire du Portugal, contient 20 % de sa population[13]. Il y a 27 662 producteurs exploitant 34 000 hectares. Leur baisse est constante. La pratique de la vinification individuelle dans les toutes petites propriétés ou les métairies reste majoritaire même si certains se sont regroupés dans l'une des 21 caves coopératives. Sept d'entre elles ont formé un Union, la Vercoope (Union des caves coopératives de la région de Vinho Verde)[40].

Évolution du nombre de producteurs de vinho verde[39]

Le morcellement de la propriété et les faibles superficies consacrées à la vigne surdimensionnent toujours les petits apporteurs.

Déclarants de récolte par volume[41] 1 à 10 hl 10, 01 à 25 hl 25, 01 à 50 hl 50, 01 à 100 hl 100, 01 à plus de 500 hl
% moyen 30 34 16 6 14

Type de vins et gastronomie

La dénomination vinho verde, après avoir, jusqu'à une époque récente, été dénigrée, est aujourd'hui un titre de noblesse[29]. Hugh Johnson, dans son livre Une histoire mondiale du vin, narre ses premières dégustations de vinho verde rouge :

« Il y a seulement vingt ans de cela[N 2], le vignoble de la région donnait un vin rouge très coloré, avec peu de corps, une acidité redoutable et une forte astringence... C'était un vin à la robe profonde de mûre, légèrement pétillant qui laissait une trace violacée sur la cruche de poterie blanche. Son agressive flaveur fruitée faisait merveille pour accompagner sardines et viandes grillées ou des légumes arrosés d'une huile d'olive très aromatique[10]. »

Rouge ou blanc, le vinho verde, versé dans les verres donne une écume mousseuse, produit du gaz carbonique dû à la fermentation en bouteille[N 3], qui lui donne à la dégustation une fraicheur piquante[17]. Louis Orizet déclarait à leur propos :

Vinho verde et gastronomie
« Les meilleurs sont blancs, mais certains rouges sont de bonne venue. On dit que les blancs sont des vins de paix et de contemplation, alors que les rouges sont révolutionnaires, quelque peu prolétaires, et en tout cas plein de vie[42]. »

Les blancs, servis frais, en apéritif avec un accompagnement de petite friture ou de fruits de mer, s'apprécient particulièrement en période estivale. Les rouges, à la robe sombre et très tannique, sont surtout appréciés au Portugal[17]. Le vinho verde rouge est un vin à consommer dans l'année, car il vieillit mal[35].

Les vinhos verdes accompagnent traditionnellement les plats typiques de la région du Minho, dont le caldo verde, soupe de choux, de pommes de terre, d’ail, d'oignons et d’huile d’olive, la caldeira a fragateira, version portugaise de la bouillabaisse, les huîtres, les langoustes, ainsi que les poissons (lamproie, alose, truite et morue) ou les viandes (sarrabulho, jambon à la Clara Penha, pot-au-feu, chevreau de la Serra et chaudronnée de chèvre)[43],[42].

Commercialisation

Volume des mises en marché des vinhos verdes embouteillés par le négoce et la production (moyenne sur 2007/2008)
Metteurs en marché Négociants vinificateurs embouteilleurs Négociants embouteilleurs Caves coopératives Producteurs embouteilleurs Total
Vinhos verdes blancs (hl) 355 000 (47, 4 M de cols) 82 500 (11 M de cols) 47 500 (6, 4 M de cols) 9 750 (1, 3 M de cols) 504 750
Vinhos verdes rouges (hl) 52 500 (6, 9 M de cols) 2 500 (0, 34 M de cols) 2 750 (0, 36 M de cols) 1 000 (0, 14 M de cols) 58 750
Volume total (hl) 407 500 (54, 3 M de cols) 85 000 (11, 34 M de cols) 50 250 (6, 76 M de cols) 10 750 (1, 44 M de cols) 563 500
Source : Statistiques de la production et de la commercialisation des vinhos verdes

Au cours des deux décennies l'exportation annuelle des vinhos verdes a tourné autour de 100 000 hectolitres. Sur les marchés extérieurs, ils se placent second derrière le Porto.[3]. Les principaux pays importateurs sont[39] :

Pays Volume (hectolitres) % en volume
Allemagne Allemagne 27 500 22
États-Unis États-Unis 25 000 20
France France 19 000 15,2
Angola Angola 12 500 10
Canada Canada 9 000 7,2
Brésil Brésil 7 000 5,6
Royaume-Uni Royaume-Uni 6 500 5,2
Suède Suède 6 500 5,2
Belgique Belgique 3 000 2,4
Suisse Suisse 3 000 2,4
Luxembourg Luxembourg 3 000 2,4
Danemark Danemark 2 000 1,6
Espagne Espagne 1 000 0,8

À la gloire du vinho verde

Confrérie du vinho verde

Elle a été fondée le 28 février 1988 avec comme objectifs la défense de l'authenticité et de la typicité de l'appellation, sa promotion ainsi que le soutien et la diffusion des études et recherches réalisées sur ses vins et le vignoble. Les confrères (grand maître, officiers, chevaliers) sont revêtus de la cape verte doublée et bordée de noir et se couvrent d'un chapeau noir à bord rabattu. Ils portent en sautoir le ruban d'or où pend une grappe de raisin et ont choisi comme emblème une bannière de couleur verte ornée d'une grappe sous laquelle est placé un bandeau d'or où est inscrit « Confraria do Vinho Verde »[44].

Chanson

Paulo Alexandre a composé, chanté et vendu à plus de 200 000 exemplaires, une chanson à la gloire du vinho verde[45], dont le refrain est en deux couplets[46] :

Vamos brindar com vinho verde
Que é do meu Portugal
E o vinho verde me fará recordar
A aldeia branca que deixei atrás do mar.

Allons trinquer au vinho verde
Qui est de mon Portugal
Et le vinho verde me rappellera
Mon village blanc derrière la mer.

Vamos brindar com verde vinho
P'ra que possa cantar, canções do Minho
Que me fazem sonhar,
Com o momento de voltar ao lar.

Allons trinquer au vinho verde
Qu'on puisse chanter, les chansons du Minho
Qui font me font rêver,
Au moment de retourner à la maison

Film

En 1980, le grand succès au Brésil et au Portugal de la chanson Verde Vinho, de Paulo Alexandre, a incité Playtime et Eliasom, deux sociétés de production cariocas à tourner un film portant le même nom. Paulo Alexandre y joue le rôle du chanteur Otavio Lima, aux côtés de Dionísio Azevedo, Maria de Lourdes, Gui Abreu Lima, Zezé Barros, Zezito Martins, João Carlos Mota et Arnaldo Weiss[47].

Article détaillé : Verde Vinho.

Notes et références

Notes

  1. Cette citation sur l'union de l'orme et de la vigne est de Virgile, Géorgiques, I, V, 1.
  2. Une histoire mondiale du vin ayant été édité en 1990, cette précision fait remonter l'expérience de l'auteur anglais vers 1970.
  3. Cette fermentation en bouteille est le résultat de la fermentation malo-lactique.

Références

  1. a  et b (pt) Les sous-régions des vinhos verdes
  2. a , b  et c (pt) La région des vinhos verdes
  3. a  et b Didi Russo, Manual básico do mundo do vinho, Éd. Ativa/M Editorial Gráfica, São Paulo, 2005, p. 75.
  4. a  et b Bibiane Bell et Alexandre Dorozynsky, op. cit., p. 202.
  5. a  et b Alexis Lichine, op. cit., p. 592.
  6. a , b , c  et d Amândio Galhano, op. cit., p. 13.
  7. a , b , c  et d Amândio Galhano, op. cit., p. 15.
  8. a , b , c  et d André Dominé : Le Vin, Le Vinho Verde, p. 654
  9. a  et b Hugh Johnson, op. cit., p. 220.
  10. a , b  et c Hugh Johnson, op. cit., p. 221.
  11. Amândio Galhano, op. cit., p. 27.
  12. a  et b Amândio Galhano, op. cit., p. 30.
  13. a  et b Amândio Galhano, op. cit., p. 32.
  14. a , b , c  et d André Dominé : Le Vin, Le Vinho Verde, p. 657
  15. Amândio Galhano, op. cit., p. 17.
  16. Amândio Galhano, op. cit., p. 85.
  17. a , b  et c Alexis Lichine, op. cit., p. 593.
  18. (fr) Johann Heinrich Friedrich Link, Voyage en Portugal, T. I, Paris, An XIII, 1805
  19. (fr) Johann Heinrich Friedrich Link, Voyage en Portugal, T. II, Paris, An XIII, 1805
  20. Amândio Galhano, op. cit., p. 16.
  21. a , b , c , d , e , f , g , h  et i (fr) Variabilité des températures dans le vignoble de vinho verde, Universités de Rennes et de Porto
  22. Amândio Galhano, op. cit., p. 10.
  23. Amândio Galhano, op. cit., p. 21.
  24. Amândio Galhano, op. cit., p. 22.
  25. a , b , c  et d Amândio Galhano, op. cit., p. 23.
  26. (es) Carte d'aridité de Thornwait
  27. a  et b Amândio Galhano, op. cit., p. 37.
  28. a , b , c , d  et e Amândio Galhano, op. cit., p. 41.
  29. a  et b Amândio Galhano, op. cit., p. 14.
  30. Amândio Galhano, op. cit., p. 61.
  31. Amândio Galhano, op. cit., pp. 44 à 47.
  32. a  et b Amândio Galhano, op. cit., p. 53.
  33. André Dominé : Le Vin, Le Vinho Verde, p. 658
  34. a  et b Amândio Galhano, op. cit., p. 67.
  35. a , b  et c Amândio Galhano, op. cit., p. 68.
  36. a  et b Amândio Galhano, op. cit., p. 69.
  37. a  et b Amândio Galhano, op. cit., p. 71.
  38. a  et b Amândio Galhano, op. cit., p. 72.
  39. a , b  et c (pt) Statistiques de la production et de la commercialisation des vinhos verdes
  40. Amândio Galhano, op. cit., p. 81.
  41. Amândio Galhano, op. cit., p. 63.
  42. a  et b Bibiane Bell et Alexandre Dorozynsky, op. cit., p. 203.
  43. (fr) La gastronomie du Minho
  44. (pt) Confraria do Vinho Verde
  45. (pt) Paulo Alexandre
  46. (pt) Paroles de Verde Vinho de Paulo Alexandre
  47. (pt) Vihno Verde, le film

Bibliographie

  • Bibiane Bell et Alexandre Dorozynsky, Le livre du vin. Tous les vins du monde, sous la direction de Louis Orizet, Éd. Les Deux Coqs d'Or, 29 rue de la Boétie, 75008, Paris, 1970.
  • Alexis Lichine, Encyclopédie des vins et alcools de tous les pays, Éd. Robert Laffont-Bouquins, Paris, 1984, (ISBN 2221501950)
  • Amândio Galhano, Une région délimitée, une appellation d'origine : le vinho verde, Éd. Comissâo de viticultura da regiâo dos vinhos verdes, Porto, 1986.
  • Hugh Johnson, Une histoire mondiale du vin, Éd. Hachette Pratique, Paris, 2002, (ISBN 2012367585)
  • André Dominé : Le Vin, éditions Place des Victoires, Paris, 2000, 928 pages, (ISBN 2844591086)

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