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La Violencia
La Violencia (La Violence) est une période de guerre civile en Colombie qui dure de 1948 à 1960 [1].
Sommaire
L'assassinat de Jorge Gaitán (1948) et le début du conflit
Le 9 avril 1948, le leader libéral Jorge Eliécer Gaitán est assassiné lors de la réunion constitutive de l’Organisation des États américains (OEA) à Bogotá. La mort violente de cet éminent dirigeant du Parti libéral, souvent taxé de populisme et dont la popularité effrayait autant les responsables du Parti conservateur qu’une frange non marginale de sa propre faction, provoque des émeutes d’une violence déchaînée dont l’histoire colombienne se souviendra sous le nom de « Bogotazo ».
La répression orchestrée par les conservateurs au pouvoir, réunis autour du président Laureano Gomez, se transforme progressivement en une véritable guerre civile opposant une droite catholique à une gauche libérale mais radicalisée par l’assassinat de son chef et l’ambiance d’intolérance politique du moment.
Ce conflit qui dure de 1948 à 1953 est connu comme « La Violencia » et provoque la mort de près de 300 000 colombiens sur une population estimée à 15 millions d’habitants (2%). Il s’agit certainement là de l’un des plus violents conflits politiques de l’histoire du pays et d’une période excessivement traumatisante pour le peuple colombien. La Violencia est à plus d’un titre une époque clé pour comprendre le développement du conflit actuel.
Tout d’abord, elle provoque la renaissance de mouvements guérilleros de gauche, libéraux puis communistes. C’est de l’époque de la Violencia que date l’apparition des milices d’autodéfense paysanne modernes établies pour lutter contre les exactions des militaires et des groupes armés conservateurs, milices qui donneront postérieurement naissance, entre autres, aux Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC).
Il s’agissait en premier lieu de guérillas d’origine libérale dont certaines se transformeront en guérillas communistes, principalement dans les départements de Cundinamarca (Bogotá) et de Tolima (Ibague).
Le coup d'Etat du général Pinilla (1953)
Suite à la Violencia et cas unique dans l’histoire colombienne, le général Rojas Pinilla prend le pouvoir en juin 1953 par un coup d’état dans le but de faire cesser ce bain de sang et de stabiliser une démocratie vacillante. La reprise en main du pouvoir par les militaires permet progressivement un retour à la normale, sans que cela signifie l’arrêt total des combats qui reprennent avec force fin 1953, grâce à une loi d’amnistie et à la relative neutralité de Pinilla face au conflit qui oppose libéraux et conservateurs. Une grande partie des combattants de gauche refuse de déposer les armes (les factions libérales acceptent le compromis alors que les socialistes se radicalisent), prennent le maquis dans le sud du pays principalement dans les régions de Huila et Tolima et, suite à la révolution cubaine de 1959, se rapprochent du communisme.
La mise en place du Front national
Le général Rojas Pinilla est renversé en 1957 et le Front National est mis en place. Il s’agit d’un accord entre libéraux et conservateurs qui, ayant conscience de la ruine du pays après 10 ans de guerre civile et de l’impossibilité de sortir de la crise par de simples élections, décident de partager le pouvoir en se répartissant équitablement les charges gouvernementales. Ainsi, de 1958 à 1978, libéraux et conservateurs se succéderont au pouvoir par période de quatre ans (la durée du mandat présidentiel) sans qu’aucune autre formation politique ne puisse se présenter aux élections.
En outre, c'est dans les années 1960 que l'Etat créé et soutient les paramilitaires (qui deviendront par la suite les Autodéfenses unies de Colombie, AUC, d'extrême-droite) dans le cadre d'une stratégie contre-insurrectionnelle. Ainsi, les décrets du Congrès colombien 3398 de 1965 visant à organiser la défense nationale autorise le Ministère de la Guerre à « armer des groupes de civils avec un matériel normalement réservé aux forces armées ». Ce décret devient permanent en 1968 avant d’être déclaré inconstitutionnel en 1989 par la Cour suprême [1].
Si le Front National a incontestablement favorisé la stabilisation politique du pays, il a surtout été un pacte entre élites gouvernantes qui a totalement verrouillé le jeu politique et a considérablement restreint la démocratie colombienne. Il s’agit d’une véritable négation du pluralisme et de l’ouverture politique qui a encouragé des modes de contestation non institutionnels et violents et a exacerbé les frustrations de tous ceux qui ne se sentaient par représentés par l’oligarchie dirigeante.
Références
- ↑ a et b Philippe Dufort (Université du Québec), Paramilitarisme et scandale de la parapolitique en Colombie, La Chronique des Amériques, octobre 2007, n°17
Voir aussi
Liens externes
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