Économie afghanistan

Économie afghanistan

Économie de l'Afghanistan

Afghanistan
Indicateurs économiques
Afghan laborer.jpg
Le bâtiment, principal bénéficiaire de la reconstruction économique.
Monnaie afghani (AFA) 1 AFA =100 puls
Année fiscale 21 mars-20 mars
Organisations internationales SARC, OCE, OMC
Statistiques
Produit intérieur brut (parité nominale) 8,8 milliards $ (2006)
Produit intérieur brut en PPA 21,5 milliards $ (2004)[1]
Rang pour le PIB en PPA en volume : 114e[2]
Croissance du PIB 8 % (2006)[1]
PIB par habitant en PPA 800 $ (2006)[1]
PIB par secteur agriculture : 38 %
industrie : 24 %
services : 38 % (2006)[1]
Inflation (IPC) 16,3 % (2005)[1]
Pop. sous le seuil de pauvreté 53 % (2003)[1]
Indice de développement humain (IDH) d'après le PNUD, l'Afghanistan est 172e sur 177[3]
Population active 15 millions (2004)[1]
Population active par secteur agriculture : 80 %
industrie : 10 %
services : 10 % (1999)
Taux de chômage 40 % (2006)[1]
Principales industries textile à petite échelle, savon, meubles, chaussures, engrais, tapis, gaz, charbon, cuivre[1]
Commerce extérieur
Exportations 471 millions $, hors opium (2005)[1]
Biens exportés opium, fruits secs, tapis, laine, coton, peaux et fourrures, pierres précieuses et semi-précieuses
Principaux clients Inde 21,9%, Pakistan 20,9%, US 14,5%, UK 6,2%, Danemark 5,4%, Finlande 4,3% (2006)
Importations 3,87 milliards de dollars(2005)[1]
Biens importés biens d’équipement, nourriture, textiles, produits pétroliers
Principaux fournisseurs Pakistan 38,8%, US 12,3%, Allemagne 7,4%, Inde 5,2%, Turkménistan 4% (2006)
Finances publiques
Dette publique n.c.
Dette extérieure 8 milliards $ (2006)[1]
Recettes publiques 507 millions $ de revenus fiscaux propres(2006)[3]
Dépenses publiques n.c.
Aide au développement 50% du budget central soit 850 millions $ provenant des aides internationales. Le budget externe, géré par les donateurs est de 2,1 milliards (2005-2006)[3]

Sauf mention contraire, tous les chiffres sont exprimés en dollars des États-Unis

En dépit de problèmes de sécurité intérieure persistants, de corruption endémique et de conflits larvés avec le Pakistan, l'économie afghane est l'une des plus dynamiques du Moyen-Orient. Le taux de croissance record des dernières années recouvre cependant des situations contrastées.

Vaste champ de ruines en 2001, le pays sort exsangue de 22 ans de conflits que le processus de Bonn (2001-2005) tente d'enrayer. De plus en plus perméable aux investissements étrangers, il bénéficie de l'aide de la communauté internationale, distribuée par le biais de l'ARTF (Fonds de reconstruction de l'Afghanistan géré par la Banque mondiale) et du LOFTA (Fonds Fiduciaire pour la Loi et l'Ordre). Mais sa principale source de revenus tient aux retombées du partenariat stratégique voulu par les États-Unis, contributeur privilégié et artisan de l’extension à ce pays du système généralisé de préférences (SGP).

C'est ainsi que, 26,8 milliards de dollars ont été injecté depuis 2001 dans le circuit économique[4], avec pour corollaire un pays assisté, où l'État, otage des subsides étrangers ne contrôlerait que 23% de l'aide internationale[5]. Cette situation de dépendance n'est cependant pas nouvelle pour un pays longtemps considéré comme «l'extension économique et idéologique du Pakistan »[6].

Sommaire

Forces et faiblesses

C’est paradoxalement de ses faiblesses que l’économie tire sa force. Car l'Afghanistan est bel et bien dans une dynamique de croissance, tout étant sur son sol, à reconstruire. Nombreuses sont donc les entreprises, nationales et surtout étrangères, à s'être mises sur les rangs. Ainsi de Bechtel et Perini, dans le secteur des travaux publics[7], de Roshan (compagnie de téléphonie mobile) ou de multinationales plus connues comme Coca-Cola, Siemens ou Nestlé.

Selon le quai d'Orsay[8], l'Afghanistan représenterait 2 % des exportations françaises en Asie du Sud auxquels s'ajoute l'important volume des marchandises venues de France et réexportées depuis le Pakistan ou Dubaï. Parmi les entreprises nationales présentes sur le sol afghan, figurent aussi Thalès (aéroports) et Alcatel (télécommunications).

Les atouts

Facteur humain

Le retour des 4 millions de réfugiés est un facteur de relèvement économique. Ces forces vives, formées à l’étranger, constituent un réservoir de talents et parfois de capitaux importants. C'est donc sur la capacité de cette diaspora afghane à consommer, investir, et créer des entreprises que tablent de nombreux secteurs, parmi lesquels le secteur technologique. Revers de la médaille, la demande accrue de logements, qui mène le pays sur la voie d'une urbanisation galopante. Associé à la désertification et au déboisement massif, le phénomène devient préoccupant.

Bonne santé du secteur bancaire

Bien que la plupart des échanges financiers restent le fait du hawala (réseau informel de transferts de fonds par courtiers[9] ), les établissements bancaires fleurissent. Depuis 2003, une quinzaine d’entre eux s’est ouverte, bénéficiant d’un cadre législatif sur les investissements privés particulièrement attractif (exemption de taxes à la clé). La microfinance, en plein développement, propose aussi des services bancaires.

Richesse du sous-sol

Jusqu'ici handicapé par des infrastructures déficientes, l'Afghanistan est devenu un eldorado d'autant plus prisé des investisseurs, que son sous-sol regorge de ressources encore en friches: charbon, gaz, pierres précieuses et minerais constituent les parts d’un gâteau que l’ensemble des acteurs géoéconomiques entend se partager.

L’afflux de ces capitaux pallient en partie le manque à gagner pour les caisses de l'état du au développement d'une économie parallèle, soutenue par la production et le trafic de stupéfiants[10]. 2002, année record dans l'exploitation du pavot, avec une production de 3422 tonnes, a vu le pays se classer au premier rang mondial des producteurs d' opium[11].

Faiblesses

L’ampleur du trafic d’opium

Article détaillé : Narco-économie en Afghanistan.

La principale faiblesse de l’économie afghane vient précisément de ce qu’elle tend à se transformer en narcoéconomie. L’opium fait aujourd’hui vivre plus de 2 millions d’Afghans et génère des recettes évaluées à 2,5 milliards de dollars, soit 35 % du PIB[12]. Une manne contre laquelle les autorités ne peuvent lutter. Cette incapacité sert les Taleban qui, en captant une partie de l’argent financent leur guérilla contre le pouvoir en place. Outre les outils du développement et de la constitution d’un état de droit, l’une des solutions proposée par le Senlis Council, serait la reconversion de la culture du pavot à des fins médicinales, incitant les agriculteurs à privilégier une source légale de revenus[13].

À ce trafic, s’ajoutent ceux des armes, des antiquités et des êtres humains.

La pauvreté

Le relèvement du niveau de vie décrit par certaines parties prenantes[14] et qui se manifesterait par la démocratisation de l'accès aux soins, la scolarisation d’une partie des jeunes Afghans, et par la construction en cours, à Kaboul, de 20 000 logements, rappelle les bons chiffres d’une croissance estimée pour l’exercice 2002-2003 à 28,6% et pour l’année 2007 à 14 %[15]. Croissance qui ne devrait toutefois profiter qu’à une minorité, la population générale étant réputée l’une des plus pauvres de la planète. Le revenu annuel par habitant était de 335 dollars en 2006, les deux tiers de la population vivant avec moins de 2 dollars par jour. Le PIB par habitant est d'environs 40 dollars en 2007, ce qui en fait le plus faible au monde. Logiquement, les importations de biens d’équipement sont destinées aux seules classes moyennes et supérieures rentrées d’exil. La sécheresse et les difficultés d’approvisionnement en eau potable génèrent famines et problèmes sanitaires. Problèmes amplifiés par l'impossibilité pour les habitants des milieux ruraux et montagneux, à accéder en hiver aux différents marchés et services. Amoindri par ces conditions de vie, l’Afghan moyen ne peut guère espérer vivre au-delà de 48 ans[16] .

Un État déficient

Le rôle de l'État est aujourd’hui réduit à la portion congrue, la Banque mondiale lui contestant de fait la maîtrise de pans entiers de son économie[17]. C’est donc pour l’essentiel au secteur privé que revient l’initiative dans les domaines des télécommunications, de l’énergie, des infrastructures d’irrigation et de stockage de l’eau. Même l’offre de santé, réduite aux seules cliniques privées, est abandonnée aux bons soins des ONG, dont le rôle global dans la reconstruction est sujet à controverses[18]. Il en résulte une quasi-inexistence des services publics de toute façon en mal de financement.

Ressources traditionnelles

Avant toute énumération, les tentatives de développement et de diversification de ces ressources sont découragées par le niveau des importations, s’élevant d’après Mohammad Amin Fahrang, ministre de l’Économie afghan, à 99% des marchandises en circulation[19]. Seul le marché du luxe destiné aux riches étrangers, explose.

L’agriculture

Le secteur emploie 87 % de la population active et constitue 42 % du PIB, hors opium. À la suite d’une période de sécheresse prolongée, la production céréalière (principalement blé et orge) s’était effondrée, subissant en 2000 une réduction de 44 % de son volume[20]. Ce phénomène s’ajoutant à l’affaiblissement des cultures par les ravageurs et diverses maladies phytosanitaires, l’AID, Agence pour le développement international, a trouvé dans la fourniture aux paysans de semences génétiquement modifiée à haut rendement, une solution de fortune[21].

Ce qui n’est plus aujourd’hui qu’une agriculture de subsistance pourrait être appelé, notamment par la voie de la filière horticole, à générer des produits d’exportations à forte valeur ajoutée. Le projet de financement est estimé à un milliard et demi de dollars[22]. Une relance de la culture de coton est aussi envisagée.


Le secteur textile

Il se résume pour l’essentiel à la fabrication de tapis, emploie un million de personnes et génère, officiellement, le produit d’exportation le plus important du pays, soit 140 millions de dollars[23]. L’élevage contribue pour une faible part aux revenus, la taille du cheptel national étant moitié moins importante que celle de 1989. Ce qu’explique en partie la sécheresse des dernières années, dont les conséquences sur les moyens de subsistance des populations nomades[24], en plus de l’impact sur les revenus des agriculteurs-éleveurs, s’avèrent dramatiques. Les récents épisodes de grippe aviaire ont en outre affecté le secteur naissant de la volaille[25].

Les services

Ils représentent 13 % du PIB, tandis que le dynamisme du secteur informel échappe par définition à tout chiffrage. Le petit commerce en partie basé sur le troc et les échanges de revenus (achat pour revendre) est l’autre aspect de cette économie souterraine.

Notes et références

  1. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k  et l The world factbook, consulté le 17 octobre 2007
  2. Classement par la Banque mondiale des pays selon leur PIB
  3. a , b  et c Ministère français des Affaires étrangères
  4. "Un Afghanistan stable est essentiel pour l'Asie centrale, l'Europe et les États-Unis. Propos de hauts responsables américains et européens, USinfo, 28 septembre 2007
  5. Présentation de l'économie de l'Afghanistan, ministère des Affaires étrangères, 9/05/2007
  6. "Karzaï and Co et la "reconstruction", A l'encontre, n°9, 2002
  7. « Le partage des marchés afghan et iranien », Voltaire, 14 octobre 2003
  8. Site du ministère des affaires étrangères, consulté le 21/08/2008
  9. Le Système bancaire afghan, ambassade de France au Pakistan, 9/11/05
  10. "En Afghanistan, la culture du pavot est devenue quasi industrielle", Le Figaro, 24 septembre 2007
  11. voir note 1
  12. [1] Sénat, Rapport d'information n°339, session 2004-2005
  13. "Le Canada en Afghanistan: corriger les gestes irresponsables de Stephan Harper", Libéral, 22 avril 2007
  14. Le Canada vise d’autres succès en Afghanistan, Agence canadienne de développement international, 9 mars 2006
  15. voir note 1
  16. " Statistiques de la Banque mondiale
  17. "La pauvreté, l'alliée des talibans en Afghanistan", Alternatives, 11 septembre 2006
  18. " L'Afghanistan : un eldorado pour les consultants et experts de tous poils" HNS-info, 24/10/07
  19. "Le haut niveau des importations menace l'économie et la stabilité financière du pays", Nawaa-ye Afghanistan, 25/09/06
  20. "L'Afghanistan est victime d'une grave crise alimentaire", Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, 9/06/2000
  21. "La reconstruction américaine en Afghanistan passe par les OGM", Inf'ogm, 29/01/02
  22. [2] L’Agriculture en Afghanistan, ambassade de France au Pakistan, mai 2006
  23. "Le secteur afghan du tapis connaît un nouvel essor", USinfo, 5 octobre 2007
  24. "Premier recensement du bétail en Afghanistan", Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, 4/12/03
  25. "Sécheresse localisée et troubles civils en Afghanistan", Archives de la FAO, 3 octobre 2006

Liens externes

Bibliographie

  • Bennet, Adam, Reconstructing Afghanistan, FMI, Washington, 2005.
  • Haider, Habib, Afghanistan reconstruction et développement, Autres temps, 2006.
  • Labrousse, Alain, Afghanistan : opium de guerre, opium de paix, Milles et une nuits, Paris, 2005.
  • Afghanistan: state building, sustaining growth, and reducing poverty, Banque mondiale, Washington, 2005.
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