Antoine-Victor Mornac

Antoine-Victor Mornac

Antoine-Victor Mornac, né le 21 septembre 1802 à Laqueuille, mort le 31 décembre 1869 à Belle-Île-en-Mer, est un bandit auvergnat. Véritable bandit et personnage légendaire en Auvergne, il a sévi dans les années 1840-50 dans les communes de Laqueuille, Herment, Bourg-Lastic,Saint-Sauves-d'Auvergne et Rochefort-Montagne[1].

Sommaire

Généalogie

Antoine-Victor Mornac est issu d'une famille noble -sans doute d'origine charentaise- ayant compté parmi ses membres deux chevaliers de Malte et un jurisconsulte. Son père, François Mornac, était officier de santé et avait épousé Marie Tardif, fille d'un riche propriétaire. Outre Victor, le couple eut trois filles Magdelaine, Catherine (elle assista au procès de son frère) et Julie.

Mornac reçut à Clermont-Ferrand une éducation soignée. Il devient instituteur libre à Laqueuille en 1826. Très vite, il se montre bagarreur et prend part à toutes les rixes.

Au physique, Mornac était un solide gaillard à la stature puissante (1m77), aux épaules larges, aux mains d'étrangleurs, aux jarrets d'acier (Mornac était effectivement un marcheur sans égal, ce qui lui permettait de se créer des alibis et d'échapper aux poursuites).

Ses méfaits

Lors d'une fête patronale, pris de boisson, il cherche querelle à tout le monde et fait un tapage infernal. Deux gendarmes de Rochefort-Montagne s'interposent. Il se débat et les insulte. Il purge alors une peine de deux mois de prison. Cependant, tout dérape le 13 juin 1828, jour où, pris de colère, il blesse fort grièvement l'un de ses collègues instituteur. Il doit s'enfuir pour échapper à la justice et forme une bande de voleurs.

Il devient peu à peu la terreur de la contrée et devenu « maître d’école non autorisé », son existence est jalonnée par les vols et les agressions pendant les cinq années durant lesquelles il réussit à échapper à la police.

Des traques sont organisées sur les communes de Laqueuille et de Saint-Sauves. L’une de ses dites planques est encore visible aujourd’hui au nord du bourg de Laqueuille. La maréchaussée de Rochefort et de Saint-Sauves-d'Auvergne ne connait point de répit et finit par le capturer. En effet, le 3 février 1834, Mornac et sa bande torturent un certain Champseaune afin qu'il dévoile la cachette de son magot. Champseaune, à demi-mort, finit par avouer. Mornac vide prestement les lieux, emportant dans sa fuite 650 francs mais il est vite capturé peu après ce méfait et conduit en août 1834 au bagne de Toulon pour purger une peine de 10 ans de travaux forcés et d'où il sort en septembre 1844[2].

Au bagne, Mornac fait à deux de ses compagnons un aveu dangereux: "Mes amis, où l’on croit qu’il n’y a rien, souvent on trouve gras. Sur la fin de 27ou au commencement de 1828,un soir, ayant été dans un village de ma commune pour y voler un jeune homme je vis à travers une croisée une jeune fille que je croyais misérable, compter toute seule une pile d’écus. Content d’une si belle découverte, je fus aussitôt frapper à sa porte en l’appelant par son nom. De suite elle se lève, dépose son argent dans une gamelle en bois sur son lit, et vient m’ouvrir la porte. Moi, sans autre forme de procès, en entrant, je la prend au gosier, je l’étrangle et prends la gamelle qu’elle avait mise sur son lit. Vous ne le croiriez pas, il y avait 700 francs et deux pièces d’or de 40 francs. La justice fit de grandes perquisitions, mais inutilement; alors on ne me croyait pas voleur. Ensuite on crut qu’elle s’était noyée parce que je la portait près d’une rivière." Ses deux compagnons de bagne - François Neuton et Gabriel Muget - le dénoncèrent immédiatement au procureur du roi de Clermont-Ferrand en juillet 1836.

À sa sortie du bagne, Mornac choisit comme lieu de résidence sa région d'origine mais ne put s’empêcher de récidiver en commettant des agressions et des vols auprè d’habitants, notamment aubergistes, de la région de Laqueuille, Bourg-Lastic, Rochefort-Montagne… À titre anecdotique, en 1848, il pose le drapeau rouge sur le clocher de l’église de Laqueuille avant de le retirer aussitôt.

Le 28 septembre 1849 le nommé Jean Barrier,marchand de bestiaux à Herment, s'était rendu à Montferrand où se tenait la foire. Il avait obtenu un acompte de 200 francs. Après avoir dîné dans une auberge de Clermont,il vida encore quelques verres dans deux ou trois cafés de la ville. Au moment de régler ses consommations, il sortit une énorme bourse en cuir bien rebondie. Il quitta Clermont aux alentours de deux heures. Il voulait parvenir à Murat-le-Quaire avant la nuit. Sur son trajet, il soupa dans une auberge et rencontra un de ses amis. Ce dernier déclara qu'il était trop tard et qu'il valait mieux que Barrier restât dormir ici. Un inconnu - un costaud - se mêla à la discussion et dit qu'il connaissait à Rochefort-Montagne un aubergiste. Barrier partit avec l'inconnu.

On le retrouva le lendemain à l'aube, gisant, grièvement blessé, au fond d'un fossé. Son argent avait disparu. Il prétendit dans un premier temps s'être fait cela tout cela tout seul. Il décéda peu après mais, suite aux pressions de ses proches, il désigna Mornac comme l'inconnu de l'auberge et son assassin.

Suite aux affaires de vols et meurtres Barrier et Bony, il est à nouveau condamné le 8 août 1852 cette fois-ci à perpétuité.

Il fut « détaché de la chaîne le 19 octobre 1862 et mis à la disposition de Monsieur le Maire de la ville de Toulon pour être transféré comme sexagénaire dans une maison de force conformément à l'article 5 de la loi du 30 mai 1854 instaurant la « retraite » à 60 ans pour les bagnards. Le concernant, il fut transféré à la forteresse de Belle-Ile-en-Mer le 15 décembre 1862, y séjourna 7 ans avant d'être déclaré aliéné mental puis transféré à l’asile de Léhon où il décéda à l’âge de 68 ans le 31 décembre 1869

La légende

Mornac a tellement marqué les esprits et provoqué la terreur que dans le langage populaire la formule « que Dieu vous garde de Mornac » était de mise pour souhaiter bonne route aux voyageurs. Les mères auvergnates, quant à elle, racontaient à leurs enfants, pour les tenir sages, des histoires où Mornac remplaçait le loup.

Dans la culture populaire

En 1892,un journaliste du Moniteur du Puy-de-Dôme nommé Joseph Maréchal publia sous le pseudonyme de Jean de Champeix Les Exploits de Mornac. Dans cet ouvrage l'auteur semble éprouver à l'égard du bandit une certaine indulgence car il atténue quelques méfaits (notamment le meurtre de la jeune fille devenu, sous la plume de Champeix,une vieille demoiselle avare prête à crever pour son or et que Mornac tue presque à contrecœur). Il lui prête aussi des sentiments amoureux. Il rédicivera littérairement en donnant une suite - cette fois-ci purement romanesque - La fille de Mornac en 1893. Une pièce fut également écrite et connut un franc succès à Clermont-Ferrand en 1895. En 1980Tauves,le spectacle Mornac t'iras voir Satan fut un grand succès. Jean Anglade,Aimé Coulaudon font aussi allusion, au cours d'un point d'histoire,à ce bandit. Une bande dessinée intitulée Sur la traces du méchant Mornac parue.

La complainte de Victor Mornac

Comme Cartouche Mornac eut droit à sa complainte: Mornac monstre exécrable couvert

  • Couvert d’un voile assassin,
  • Comment te peindre assez coupable,
  • La plume s’y refuse enfin.
  • Dans les montagnes de l’Auvergne
  • Régnaient la terreur et l’effroi.
  • Et jusqu’aux plaines de la Limagne
  • Ton nom mettait tout en émoi.
  • Déjà, dans l’âge de l’enfance,
  • Le crime lui était familier;
  • Mais il faillait à sa vengeance
  • Des victimes à dépouiller.
  • Pour arriver avec hardiesse
  • Aux victimes de ses larcins
  • Il employait avec adresse
  • Toutes les ruses de l’assassin.
  • L’éducation lui fut donnée
  • Pour répandre les bienfaits;
  • Mais lui, changeant la destinée
  • La souilla par tout ses forfaits.
  • Et bien souvent à son école
  • Des malheureux se sont perdus,
  • Car les dangers de la parole
  • Au bien souvent sont confondus.
  • Sa barbarie, son air féroce
  • Se cachaient déjà dans son sein,
  • Pour faire le mal, son âme atroce
  • Savait en cacher le dessein.
  • La justice qui toujours veille
  • Et qui frappe tous les méchants
  • En attendant qu’il se révèle
  • Le condamne pour dix ans
  • Sorti du bagne, ce misérable
  • Dans son pays vint apporter
  • L’effroi que son nom détestable
  • Déjà venait de mériter
  • Tous les habitants des montagnes
  • Craignaient ce forçat libéré,
  • Et jusqu’aux plaines de la Limagne
  • Partout ce nom est abhorré!
  • Sa force était incomparable
  • Et son regard était sanglant,
  • Et sa rage si effroyable
  • Qu’on ne l’abordait qu’en tremblant.
  • Chacun pliait sous la puissance
  • De son monstre prédestiné
  • Car les effets de sa vengeance
  • C’était d’en être assassiné.
  • Ce criminel que l’on redoute,
  • La nuit, marchant furtivement
  • Assassine sur une route
  • L’infortuné Barrier d’Herment.
  • Après ce crime épouvantable,
  • Lui prend son or et son argent;
  • La fuite lui cache le coupable
  • Aux yeux de tous les braves gens.
  • Ce crime était dans les ténèbres
  • Et tout le monde consterné
  • Quand tout à coup les cris funèbres
  • Nomment Bony assassiné.
  • Devant ce corps vénérable
  • On est saisi d’indignation,
  • chacun désigne le coupable
  • Et réclame la punition.
  • L’infâme enfin de tout ses crimes
  • Va recevoir le châtiment,
  • Les ombres de toutes ses victimes
  • Apprêtent déjà son tourment.
  • Quand la Justice Divine
  • Toujours sublime en ses décrets
  • Laisse au remord qui domine
  • Celle des hommes rend ses arrêts.
  • Chacun tremblait pour l’existence
  • D’un père, d’un frère ou d’un époux
  • Mais du jury la sentence
  • Ramène le calme à tous.
  • Et la terreur de la contrée
  • Au bagne va finir ses jours
  • Et les preuves sont démontrées
  • Que Justice se fait toujours.
  • Morale
  • O nos enfants, de l’infamie
  • Gardez-vous de tâcher vos fronts
  • Et que jamais, dans votre vie,
  • Vous rougissiez de tels affronts.
  • A Dieu soyez toujours fidèles
  • La religion défend l’honneur
  • Et elle donna à ses modèles
  • Le calme, la paix, le bonheur.

Références

Bibliographie


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Antoine-Victor Mornac de Wikipédia en français (auteurs)

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