Famille Schwob

Famille Schwob
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La famille Schwob est une famille d'intellectuels français des XIXe et XXe siècles, surtout connue par la personnalité de Marcel Schwob, mais qui a aussi joué un rôle important dans la vie politique et culturelle de Nantes en dirigeant le journal Le Phare de la Loire (1852-1944) de 1876 à 1928.

Sommaire

George Schwob (1822-1892)

Biographie

Isaac George Schwob naît le 6 juin 1822 à Bâle[1]. Il est le fils de Léopold Schwob[2], rabbin, et de Fleurette Cahen.

Il passe son adolescence à Rouen où son père est ministre du culte israélite à partir de 1829. Il est élève du collège royal en même temps que Gustave Flaubert[3].

Paris

Au départ, George est un lettré parisien ami de Théodore de Banville et de Théophile Gautier. Il collabore au journal Le Corsaire-Satan (paru de 1844 à 1847) aux côtés de Baudelaire, Nerval, etc. Il a peut-être collaboré avec Jules Verne pour un vaudeville jamais représenté, Abd'Allah (1849).

Il aurait été en relation avec le fouriérisme.

Strasbourg

En 1858[4], il épouse Mathilde Cahun (1829-1907)[5], issue d'une famille d'intellectuels juifs alsaciens.

En 1859, il est à Strasbourg[6], ville où naît son premier enfant, Maurice.

L'Égypte

Peu après, il part avec sa famille en Égypte où il travaille jusqu’en 1867 comme secrétaire de l’Institut d’Égypte[7] et chef de cabinet de Chérif Pacha, ministre des Affaires étrangères d'Égypte et petit-fils de Méhémet Ali, qui avait fait ses études en France[8]. C'est la période de la construction du canal de Suez, sous les règnes de Saïd Pacha (1854-1863) et d'Ismaïl Pacha (1863-1879). Une fille, Marguerite, naît en 1863 à Alexandrie.

La famille Schwob rentre en France peu avant la naissance du deuxième fils, Marcel, à Chaville.

Tours

Les Schwob sont à Tours au moment où le gouvernement de défense nationale s'y établit en 1870. Ils y vivent quelques années ; George Schwob est directeur du journal Le Républicain d'Indre-et-Loire, qu'il crée en 1870 avec l'historien Armand Rivière[9] et Alexis Baudrot. Les trois hommes sont élus conseillers municipaux en 1874[10] ; George Schwob s'occupe des écoles, du tramway et est rapporteur du budget.

Nantes et Le Phare de la Loire

En 1876, George Schwob rachète à Evariste Mangin le journal républicain nantais Le Phare de la Loire. La famille s'installe à Nantes. Les locaux du Phare se trouvent alors dans un immeuble récent situé rue Scribe, le domicile familial cours Cambronne.

George Schwob prend la direction du journal le 30 juin 1876 et écrit son article de présentation le 2 juillet. Il démissionne de ses fonctions municipales à Tours le 24 juillet, ainsi qu'Alexis Baudrot, qui devient administrateur du Phare. Armand Rivière, qui avait auparavant écrit des articles dans le journal, reste à Tours, mais contribuera par une chronique hebdomadaire qu'il signe Jacques Deschamps. Il devient maire de Tours en 1879 et est élu député d'Indre-et-Loire (1879-1889)[11]

Peu après, le journal légitimiste L'Espérance du peuple, en plus de mettre en valeur sa judéité, fait courir le bruit de relations que George Schwob aurait entretenues en Égypte avec un aventurier, François Bravay, mais sans suites.

En 1879, George Schwob crée une version bon marché Le Petit Phare (5 centimes au lieu de 20) afin d'atteindre un public plus populaire. C'est l'époque où les journaux commencent à être vendus à la criée, plus que sur abonnement ; à Nantes, un journal populaire est apparu en 1874, Le Populaire de François Salières. En 1890, George Schwob crée un hebdomadaire destiné au public rural de l'Ouest, Le Gars breton qui deviendra La Semaine en 1912.

Sur le plan politique, il abandonne l'option ouvertement pacifiste d'Evariste Mangin et donne au Phare une tournure patriote. En 1879, le sous-titre devient : Journal de défense des intérêts français. Avec Léon Cahun comme rédacteur de politique étrangère, Le Phare soutient la politique colonialiste de Jules Ferry et est pendant quelques mois nettement boulangiste ; cependant, Léon Cahun se ravise et dénonce la démagogie de Boulanger ainsi que son inaptitude à prendre le pouvoir, anticipation qui se révèle rapidement exacte.

De 1889 à 1892, George Schwob est au centre d'un comité républicain destiné à abattre la municipalité royaliste d'Ernest Guibourd de Luzinais, victoirieux en 1888.

La victoire des républicains aux élections de 1892 est le dernier épisode important de sa vie, qui s'achève peu après lors d'un séjour à Barbizon[12] , le 25 août 1892. Il est inhumé à Nantes au cimetière Miséricorde.

Famille

George Schwob et Mathilde Cahun ont eu trois enfants : Maurice, né en 1859 à Strasbourg, Marguerite[13] (Maguy), née en 1863 à Alexandrie, Marcel, né en 1867 à Chaville.

Maurice Schwob (1859-1928)

Biographie

René Maurice Schwob naît le 7 mai 1859 à Strasbourg.

A Nantes, en 1877-78, il est élève de Mathématiques spéciales au lycée de la ville et réussit le concours de l'Ecole polytechnique[14], où il se trouve en même temps qu'Alfred Dreyfus. En 1892, étant précédemment administrateur du Phare[15], il succède à George Schwob à sa direction. Il dirige également l'Imprimerie du Commerce[16] (raison sociale : Maurice Schwob et Fils).

C'est un ami de l'avocat nantais Abel Durand, aux côtés de qui il agit pour favoriser le développement du port de Nantes.

Maurice Schwob donne au journal une tournure encore plus patriotique que son père ; il est l'auteur de plusieurs ouvrages qui montrent sont attention à la menace allemande.

L'affaire Dreyfus

Le journal condamne Dreyfus en 1894, comme tout le monde, et encore en 1896, quand Mathieu Dreyfus et Bernard Lazare commencent leur action en faveur d'Alfred Dreyfus. Marcel Schwob dénonce nettement les "intrigues" qu'il discerne en arrière-plan de cette action.

L'attitude du Phare change légèrement en octobre 1897, après l'intervention du sénateur Scheurer-Kestner : la possibilité de l'innocence de Dreyfus est évoquée.

À partir de là, Le Phare est le moins anti-dreyfusard des journaux de Nantes. Maurice Schwob prend parti ouvertement lorsqu'est décidée la révision du procès d'Albert Dreyfus. Pour rendre compte du procès de Rennes, il envoie son dessinateur Alexis de Broca[17] et recrute Jules Grandjouan, dreyfusard notoire. Durant cette période de crise, il perd un certain nombre de lecteurs et est de nouveau l'objet de marques d'hostilité lors des manifestations nationalistes de janvier 1898.

Evolution du journal

En 1901, les locaux de la rue Scribe sont abandonnés pour un immeuble de la place du Commerce ; la famille qui habitait rue du Calvaire au numéro 6[18], emménage dans le même immeuble (à l'emplacement actuellement occupé par le cinéma Gaumont).

Peu après, la pagination est augmentée et sont instituées des chroniques hebdomadaires régulières. En 1910, un chronique de rugby est tenue par un joueur du SNUC, Percy Busch (le rugby est alors le principal sport d'équipe). Un concours de vacance a lieu chaque été ; celui de 1914 est cependant interrompu après la huitième énigme.

Radicalisme et action sociale

Hostile au socialisme, Maurice Schwob apparaît dès lors comme un tenant du radicalisme, avec un souci assez fort de la question sociale. En 1907, il s'implique à travers le Petit Phare dans le combat mené par les pêcheurs du lac de Grand-Lieu contre le hobereau local, le marquis de Juigné, qui impose des droits d'accès exorbitants. Cette question est d'ailleurs assez ancienne puisque dès 1881, des juristes de Nantes, dont René et Pierre Waldeck-Rousseau, et de Rennes avaient conclu à la non légalité des pratiques du marquis. Ce combat se termine en 1907 par une victoire, avec la constitution d'une coopérative des pêcheurs, puis en 1908 d'une coopérative de consommation.

La Première Guerre mondiale

Au début du conflit, Maurice Schwob crée une édition anglaise, The Beacon, pour les soldats anglais alors présents dans la région. Il est interrompu le 10 octobre par les restrictions de papier ; le Petit Phare disparaît aussi, et Le Phare voit sa pagination très réduite.

Le journal participe tout de même à la propagande de guerre. Maurice Schwob apparaît dans le palmarès des "Bourreurs de crâne" du Canard enchaîné, avec 521 voix (Gustave Hervé et Maurice Barrès en ont plus de 5000 chacun).

L'après-guerre

Maurice Schwob meurt en 1928 ; ne pouvant compter sur une succession familiale, il revend le journal avant sa mort à une personnalité locale, Francis Portais.

Œuvres de Maurice Schwob[19]

Littérature

  • Bagatelles, Editions Flammarion, Paris, 1910 (nouvelles)

Essais et recueils d'articles

  • Le Danger allemand. Essai sur le développement industriel et commercial de l'Allemagne, Editions Léon Chailley, Paris, 1896, réédition par les Editions Flammarion, 1897
  • La Loire navigable, Imprimerie du Commerce, Nantes, 1898 (communiqué à l'Association française pour l'avancement des sciences).
  • La Guerre commerciale. Avant la bataille., Editions Flammarion, Paris, 1904
  • Pendant la bataille, Imprimerie du Commerce, Nantes (volumes regroupant ses articles de la période de la Première Guerre mondiale, du 27 juillet 1914 au 30 juin 1918[20].
  • La Question de la Ruhr, Imprimerie du Commerce, Nantes, 1923 (texte d'une conférence)

Famille

Il épouse d'abord Marie-Antoinette Courbebaisse (1865-après 1928), dont il a deux enfants : Georges (1888-1968)[21], et Lucy, née en 1894.

Le mariage de Maurice subit dès le départ l'hostilité de Mathilde Cahun. Assez vite, apparaissent les problèmes de santé mentale de Marie-Antoinette, qui est hospitalisée à plusieurs reprises, puis, après un séjour au Pradet en 1911, est interné dans une clinique parisienne. Maurice Schwob obtient le divorce et se remarie en 1917 avec Marie Rondet, veuve depuis 1915, mère de Suzanne Malherbe, la meilleure amie de Lucy[22].

Après la mort de Maurice, Marie-Antoinette Courbebaisse est sous la tutelle de Georges Schwob qui la fait sortir de clinique, peu avant sa mort[23]

Hommages

  • Square Maurice Schwob à Nantes

Marcel Schwob (1867-1905)

Article détaillé : Marcel Schwob.

Marcel Schwob, écrivain, est le second fils de George Schwob.

Marcel Schwob et Le Phare de la Loire

Il a apporté de larges contributions au journal familial : notamment les Lettres parisiennes, billets d'actualité, à partir de décembre 1891[24], des nouvelles (L'Insensible[25], Les Trois Hiboux). Sa plus ancienne date de 1878 : un petit compte-rendu sur Un capitaine de quinze ans.

Lucy Schwob/Claude Cahun (1894-1954)

Lucy Schwob, née à Nantes, plus connue sous le nom de Claude Cahun, photographe et écrivain, est la fille de Maurice Schwob. Elle aussi a contribué au Phare.

Article détaillé : Claude Cahun.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Charles Cozic et Daniel Garnier, La Presse à Nantes de 1757 à nos jours, Tome 1 : Les années Mangin (1757-1876), Editions L’Atalante, Nantes, 2008.
  • Jean-Charles Cozic et Daniel Garnier, La Presse à Nantes de 1757 à nos jours, Tome 2 : Les années Schwob (1876-1928), Editions L’Atalante, Nantes, 2008.
  • François Leperlier, Claude Cahun : l’exotisme intérieur, Fayard, Paris, 2006.

Liens externes

Etat civil : Archives municipales de Nantes.
  • Acte de naissance de Georges Paul Victor Schwob : Nantes, 1888, 5° canton, 17 avril, vue 36 (né la veille)
  • Acte de naissance de Lucy Renée Mathilde Schwob : Nantes, 1894, 5° canton, 26 octobre, vue 39 (née la veille) (témoins : Léon Brunschvicq, avocat, Donatien D'Avigneau, avoué)

Liens internes

Un certain nombre de personnalités ont le patronyme Schwob, sans avoir de lien avec les Schwob de Nantes ; en particulier :

Notes et références

  1. Cozic et Garnier, tome 1, page 299. Les auteurs indiquent que son père est un "ancien soldat de l'Empire", la naissance à Bâle pourrait être liée à un exil au début de la Restauration.
  2. Né en 1796 à Seppois-le-Bas (Haut-Rhin)
  3. Cozic et Garnier, tome 1, page 299.
  4. Date du mariage : Cozic et Garnier. Mathilde est la sœur de Léon Cahun, mais celui-ci, né en 1841, est d'une autre génération.
  5. Cf. Leperlier, Claude Cahun.
  6. "gérant de l'hôtel de la Monnaie", selon Cozic et Garnier. Indication à expliciter.
  7. Organisme à identifier.
  8. Correspondance inédite, page 53
  9. Cf. page Biens communaux, bibliographe. Il y a une rue Armand Rivière à Tours.
  10. Le Phare, 26 août 1892, cité dans Correspondance inédite, page 84.
  11. Cf. Assemblée nationale : [1]
  12. Où il était parti en vacances. Source : Correspondance inédite de Marcel Schwob, publiée par John Alden Green, page 84, en ligne sur Google Books [2]
  13. Marguerite semble avoir mené une vie non conforme aux conventions bourgeoises et avoir été rejetée par sa mère. Cf. Leperlier, Claude Cahun.
  14. Jean Guiffan, Joël Barreau et Jean-Louis Liters, dir., Le Lycée Clemenceau. 200 ans d'histoire, Nantes, Editions Coiffard, 2008, page 452 (fiche biographique).[ISBN 9782910366858].
  15. Acte de naissance de Georges Schwob, 1888.
  16. Ibidem
  17. Grand-oncle de Philippe de Broca
  18. Acte de naissance de Lucy Schwob, 1894.
  19. Cf. SUDOC : [3]
  20. Non catalogué au SUDOC, mais présent à la Médiathèque de Nantes : [4].
  21. Georges est élève du lycée de Nantes où il est ami avec Jean Malherbe, frère aîné de Suzanne. Il s'oriente vers le journalisme médical puis la diététique, fondant un magasin à Paris en 1952 et créant la revue : Petit Echo diététique. Cf. François Leperlier, Claude Cahun, page 19.
  22. Depuis 1909. Devenues compagnes, elles passeront leur vie ensemble et sont inhumées à Jersey : [5].
  23. Date non déterminée. Cf. Leperlier, Claude Cahun, pages 27-28.
  24. Certains sont disponibles en ligne (Editions Hibouc) : [6]
  25. Cf. site Perle Astrale [7]

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