Jean-François de Bertet de La Clue-Sabran

Jean-François de Bertet de La Clue-Sabran
Jean-François de Bertet de Sabran Comte de La Clue
Surnom La Clue-Sabran
Naissance 30 septembre 1696
à Moustiers
Décès 4 octobre 1764 (à 68 ans)
à Passy-lès-Seine
Origine Royaume de France Royaume de France
Allégeance Royaume de France Royaume de France
Arme Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Grade Lieutenant général des armées navales
Années de service 1715 - 1764
Conflits Guerre de Sept Ans
Distinctions Chevalier de Saint-Louis
Famille Maison de Sabran

Jean-François de Bertet de Sabran, comte de La Clue, né le 30 septembre 1696 à Moustiers et décédé le 4 octobre 1764 à Passy-lès-Seine, est un officier de marine et aristocrate français du XVIIIe siècle. Il commande la flotte française en Méditerranée pendant la guerre de Sept Ans et termine sa carrière avec le grade de lieutenant général des armées navales.

Sommaire

Biographie

Origines et jeunesse

Il est le troisième des six fils de Jean-François de Bertet et de Madeleine de Sabran. Son père est juge royal à Moustiers ; seigneur de La Clue, il est « inquiété dans sa noblesse » en 1697 car cette dernière est douteuse. Son grand-père, viguier à Moustiers avait déjà été condamné à payer des droits de francs-fiefs en 1655-1657 pour usurpation de noblesse.

Jean-François de Bertet est issu, par son père, d'une famille bourgeoise de Moustiers, dont l'origine remonte au milieu du XVIe siècle. Il descend par sa mère de la maison de Sabran, une des plus anciennes et illustres familles de la noblesse provençale, dont l'origine remonte au Xe siècle et qui compte deux saints catholiques, Saint-Elzéar et Sainte-Delphine.

Il est successivement page du comte de Toulouse, qui était également amiral de France, avant de devenir l'un de ses gentilshommes.

Carrière dans la marine royale

Sans être « enfant du corps[1] », il entre dans la marine royale en tant que garde-marine, à Toulon, le 12 mars 1715, à l'âge de 18 ans. Il est promu garde du pavillon amiral le 12 novembre 1716.

Il embarque pour la première fois sur Le Henry le 3 novembre 1717, jusqu'au 20 mars 1718. Le bâtiment est commandé par Abraham Duquesne-Monnier (1653-1726)[2], et mène campagne en Barbarie, à Alger. Il est à bord du vaisseau Le Toulouse, du 1er février 1720 au 15 novembre 1720 sous les ordres du chef d'escadre Charles de Vallette-Laudun (v. 1660-1736). Après des congés répétés au début des années 1720, pour fuir Toulon alors en proie à des épidémies de peste, il est promu enseigne de vaisseau, le 17 mars 1727.

Le 21 juillet 1730, il embarque sur le Triton « pour passer à Brest, par ordre du roi, du 10 juillet 1730 » pour aller croiser au large de Tunis et d'Alger. De retour à Toulon en 1732, La Clue-Sabran y reste le temps d'une campagne. Il embarque sur Le Tigre le 1er juin 1732, lequel désarme le 30 octobre 1732. Ce vaisseau compose, avec trois autres, L'Espérance, Le Léopard et L’Heureux, une petite escadre placée sous le commandement de Claude Aubery, bailli de Vatan (1664-1738), qui croise en Méditerranée.

Lieutenant de vaisseau le 15 mars 1734, il est nommé sous-gouverneur naval du duc de Penthièvre, à la mort de son père - le comte de Toulouse - en 1737. La Clue-Sabran est fait chevalier de Saint-Louis le 13 mai 1738.

Embarqué à bord du Neptune en 1741, il est promu capitaine de vaisseau le 1er janvier 1742. Il commande L'Aquilon du 29 avril 1742 au 31 mars 1743 ; puis la frégate L'Atalante, 30 canons, lors de la bataille du cap Sicié le 22 février 1744. Il appartient alors à l'escadre de Claude-Élisée de Court de La Bruyère (1666-1752), lieutenant général des armées navales depuis 1728, et futur vice-amiral du Ponant en 1750, lequel commande Le Terrible.

Le 7 avril 1751, il commande Le Triton pour une mission à destination de la Nouvelle-France. Il reçoit l'instruction de se rendre à Louisbourg, de s'y entendre avec le marquis de l'Estenduère, puis surveiller la pêche à la morue au large de Terre-Neuve.

Guerre de Sept Ans

Le Départ de la flotte française pour l'expédition de Port-Mahon le 10 avril 1756, par Nicolas Ozanne
Article détaillé : Guerre de Sept Ans.

Il est nommé chef d'escadre la 25 septembre 1755, une promotion qu'il doit davantage à ses protecteur qu'à ses talents d'officier de marine[3]. Il commande La Couronne en 1756 à Port-Mahon et une division de l'armée navale à la bataille de Minorque, au sein de la flotte - placée sous les ordres de La Galissonière - qui bat les Anglais le 20 mai 1756. Jean-François de Bertet se distingue à cette occasion et obtient du Roi « une pension de 100 pistoles sur la Croix de Saint-Louis » pour sa conduite devant Mahon.

Commandant la Marine à Toulon (1758-1759). En novembre 1757, parti de Toulon à la tête d'un division de quinze vaisseaux devant aller porter secours à Louisbourg en Nouvelle-France, assiégée par les Britanniques, il est prit dans une tempête le 30 novembre et doit se réfugier dans le port espagnol de Carthagène. Avant qu'il ne puisse en ressortir, l'amiral Osborne, venu de la base britannique de Gibraltar se présente devant ce port avec pour mission de l'y maintenir enfermé afin d'empêcher les secours français d'atteindre Louisbourg. Malgré les renforts français envoyés depuis Toulon, la flotte reste enfermée près d'un an et doit renoncer à se rendre en Amérique du nord. Les renforts conduits par le marquis de Menneville sont battus lors de la bataille de Carthagène et Louisbourg finit par tomber plus tard dans l'année. Comprenant qu'il ne pourrait franchir le barrage britannique au détroit de Gibraltar, La Clue est contraint de revenir à Toulon. Le 26 avril 1758, il est de retour au port, il désarme le 2 mai, ayant donc connu un premier échec. La flotte française est alors prisonnière en Méditerranée.

La bataille de Lagos, le 18-19 août 1759. Edward Boscawen poursuit l'escadre française de La Clue qui se disloque après le passage de Gibraltar. Malgré la neutralité portugaise, les vaisseaux français réfugiés à Lagos sont pris ou incendiés. (Gravure d'après Francis Swaine, 1786)

Un incident devait augmenter la tristesse de cette défaite. Le Samedi saint 1757, La Clue-Sabran fait tirer le canon à bord de L'Océan au Gloria in exelecis deo. Or « il se trouva au Redoutable des canons avec des boulets. II y en eut un qui donna au Lion, tua deux hommes et en blessa trois autres ; à l'Oriflamme, il y eut aussi deux hommes de tués, et plusieurs blessés ». Ces morts endeuillèrent Toulon, qui plus est, pour rien, puisqu'elles n'étaient même pas le fait de la guerre. En 1758, le commandeur Pierre-André de Glandevès-Castellet se démet du commandement du port de Toulon, et le ministre de la marine, Monsieur de Massiac lui écrit le 11 août : « Sa Majesté m'a chargé de vous marquer toute la satisfaction qu'Elle a du zèle avec lequel vous avez rempli la place qu'Elle vous avait confiée »[4]. La place de commandant de la marine, vacante, est alors donnée à La Clue-Sabran qui la conserve quinze mois. Glandevès en assurera à nouveau l'intérim lorsque La Clue-Sabran prendra la mer en mai 1759.

Il reçoit, à cette date, l'ordre de rallier depuis Toulon la flotte de Brest afin de mettre en œuvre le projet d'invasion de l'Angleterre. Mais il est surpris par la flotte de l'amiral Boscawen et subit une importante défaite en octobre 1759 à Cadix et à la bataille de Lagos. Cette bataille, et celle de la baie de Quiberon mettront un terme aux projets français d'invasion.

Retiré du service en 1764 avec lettres de provision de lieutenant général des armées navales. Il décède le 4 octobre 1764, à Passy-lès-Seine « au bout de quatre jours, de l'opération de la pierre ».

Mariage et descendance

Il est l'oncle du comte de Bertet-La Clue (1732-1815) et de Jean-Baptiste de Laugier, chevalier de Beaucouse (1717-1784), tous deux chefs d'escadre.

Notes et références

  1. À cette époque, les compagnies de gardes-marine sont réservées aux enfants de la noblesse, Jean-François de Bertet parvient à intégrer la Marine royale grâce à l'intervention des deux frères de sa mère, issue de la maison de Sabran.
  2. Chef d'escadre des armées navales depuis 1715
  3. « Page du comte de Toulouse, protégé par lui, par le duc de Penthièvre, et bientôt par le duc de Choiseul, c'est plus à eux qu'à ses talents, honnêtes mais non exceptionnels, que La Clue-Sabran doit sa carrière. » (Michel Vergé-Franceschi, p. 1197)
  4. Archives du Port de Toulon, lettre de Massiac à Glandevès du 14 août 1758,

Sources et bibliographie

Voir aussi

Liens internes

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