Catherine II de Russie

Catherine II de Russie
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Catherine II
Johann-Baptist Lampi d. Ä. 007.jpg
Catherine II la Grande

Titre
Impératrice de Russie
28 juin 176217 novembre 1796
&&&&&&&&&&01256134 ans, 4 mois et 19 jours
Couronnement 12 septembre 1762
Prédécesseur Pierre III de Russie
Successeur Paul Ier de Russie
Biographie
Dynastie Maison Romanov
Nom de naissance Sophie Auguste Frédérique d'Anhalt-Zerbst
Date de naissance 21 avril 1729
Lieu de naissance Stettin, Flag of Prussia (1701).gif Royaume de Prusse
(Saint-Empire romain germanique)
Date de décès 17 novembre 1796 (à 67 ans)
Lieu de décès Saint-Pétersbourg,
Flag of Russia.svg Empire russe
Père Christian Auguste, Prince d'Anhalt-Zerbst (1690-1747)
Mère Jeanne-Elisabeth de Schleswig-Holstein-Gottorp (1712-1760)
Conjoint Pierre III de Russie
Enfants Paul Ier de Russie
Signature SignatureEkaterina II.jpg

Lesser Coat of Arms of Russian Empire.svg
Monarques de Russie

Catherine II (en cyrillique : Екатерина II) (21 avril 1729 à Stettin en Poméranie - 17 novembre 1796 à Saint-Pétersbourg), née Sophie Augusta Fredericka d'Anhalt-Zerbst (en cyrillique : София Фредерика Августа Цербст-Ангальтская), surnommée Figchen, puis la Grande Catherine, fut impératrice et autocrate de toutes les Russies à partir du 28 juin 1762.

Sommaire

L'épouse

En 1744, Élisabeth Ire la choisit comme épouse pour son neveu le futur Pierre III dont elle souhaitait faire son héritier. Le mariage a lieu à Saint Petersbourg le 21 août 1745. Catherine, convertie à l'orthodoxie, n'eut pas un mariage heureux d'autant qu'elle prenait le parti de l'opposition et lisait Machiavel, Tacite, Voltaire et Montesquieu. Très à l'écoute des événements qui se déroulaient dans son nouveau pays, Catherine qui possédait l'affection du peuple russe réussit à faire détrôner son époux en 1762 avec la complicité d'officiers de la garde, dont son amant Grigori Orlov. Lors du coup d'État, l'empereur fut assassiné, probablement étranglé par Alexeï Orlov, « ce qui a fait dire à Germaine de Staël que la Russie était un despotisme tempéré par la strangulation »[1]. Son épouse régna alors sous le nom de Catherine II d'une manière exclusive.

Affaires extérieures

Le ministre des Affaires étrangères Nikita Panine exerça une influence considérable. Il dépensa des sommes importantes pour créer l'accord du nord entre la Russie, la Prusse, la Pologne, la Suède et peut-être le Royaume-Uni pour contrer la ligue des Bourbon-Habsbourg. Quand il apparut que ce plan ne pouvait réussir, Panine fut limogé en 1781. En 1764 Catherine plaça Stanislas Auguste Poniatowski, qui fut son amant, sur le trône polonais. Ensuite la Russie annexa de grandes parties de la Pologne dans les partitions de 1772, 1793 et 1795. En 1772 elle conclut avec la Prusse et l'Autriche un traité qui démembrait la Pologne et donnait à la Russie les gouvernements de Polotsket, de Moghilev, et le traité de Kutchuk-Kaïnardji, conclu en 1774 avec l'Empire Ottoman, lui assura plusieurs provinces méridionales et lui ouvrit la mer Noire.

Catherine fit de la Russie un pouvoir dominant au Moyen-Orient après la première guerre contre l'Empire Ottoman. Elle essaya de faire subir à ce dernier le même sort qu'à la Pologne, mais avec moins de succès: son projet visait in fine à rétablir un royaume grec ayant pour capitale Constantinople[2]. Elle enleva aux Turcs la Crimée et les forteresses d'Azov, de Taganrog, de Kinburn et d'Ismaêl. Elle annexa la Crimée, en 1783, neuf années après qu'elle eut obtenu son indépendance. L'Empire Ottoman déclencha une seconde guerre en 1787 qui se termina en 1792 par le traité de Iassy.

Elle agit comme médiateur pendant la guerre de succession bavaroise de 1778-79 entre la Prusse et l'Autriche. En 1780 elle monta un groupe afin de défendre les vaisseaux indépendants de la Grande-Bretagne pendant la guerre d'indépendance des États-Unis.

Entre 1788 et 1790, la Russie fut engagée dans la guerre contre la Suède dont le cousin de Catherine, Gustave III, tentait de reprendre les territoires perdus en 1720. Après la bataille de Svensksund (de nos jours Ruotsinsalmi en Finlande) des 9 et 10 juillet 1790, un traité de paix fut signé.

Elle avait ajouté 518 000 km2 au territoire de la Russie.

Politique intérieure

En même temps qu'elle étendait ainsi les limites de son empire, Catherine imprimait une activité nouvelle à l'agriculture et à l'industrie, fondée sur la pensée des Lumières. Catherine fit établir un canevas pour réformer les lois. Une commission législative représentant toutes les classes, sauf les serfs, fut instituée mais dissoute avant d'être effective, peut-être parce qu'elle était devenue trop conservatrice après l'insurrection de Pougatchev en 1773 - 1774. De cette commission, il ne reste que peu de traces. Cependant, Catherine avait rédigé un ouvrage intitulé "Instructions adressées par Sa Majesté l'impératrice de toutes les Russies établies pour travailler à l'exécution d'un projet d'un nouveau code de lois", plus connu sous le nom de "Nakaz", dans lequel sont réunies les lignes directrices de la codification.

Catherine réorganisa l'administration provinciale, donnant au gouvernement plus de contrôle sur les zones rurales à cause des révoltes paysannes. En 1785, elle édicta une Charte de la noblesse (Жалованная грамота дворянам), qui permettait aux nobles de présenter des pétitions au monarque, qui les exonérait du service militaire et qui leur donnait beaucoup plus de pouvoirs et de droits. La même année, elle publia une Charte des villes (Городовая грамота) qui leur reconnaissait une certaine autonomie locale. Elle encouragea la colonisation de l'Alaska, des Allemands de la Volga et des territoires conquis.

Portrait de Catherine II, par Fyodor Rokotov. 1763.

La Russie était devenue le premier producteur mondial de fer, de fonte et de cuivre. Elle comptait plus de 200 usines, ateliers, manufactures. La production industrielle avait doublé ; la valeur du commerce intérieur et extérieur, triplé. Les États occidentaux étaient désormais contraints d'accueillir la Russie dans le « concert européen ».

La volonté modernisatrice de Catherine II se heurtait toutefois à une situation de sous-développement économique, politique et culturel de la Russie impériale. À l'heure où l'Angleterre vivait sa révolution industrielle et inventait le capitalisme et où les États-Unis ouvraient l'ère de la démocratie et des libertés individuelles, la Russie restait bloquée dans un système féodal, fondé sur la rente foncière et un véritable esclavage paysan particulièrement peu productif et un pouvoir politique autoritaire régulé par assassinats.

Si la Russie de Catherine II fut l'âge d'or de la noblesse, jamais par contre dans l'histoire de la Russie les serfs ne se trouvèrent dans une plus grande misère. Soucieuse d'assouplir le servage, elle y renonça face à l'opposition de la noblesse et l'étendit même à l'Ukraine.

Catherine ne semblait pas vouloir admettre la situation réelle de son empire. Ainsi, on raconte (à tort) que lors de ses déplacements, les gouverneurs faisaient construire des faux villages modèles peuplés de faux paysans le long des routes où elle passait, afin de lui prouver que la Russie était moderne. On a donné à ces villages le nom de villages Potemkine, du nom du grand stratège russe, amant de l'impératrice.

Arts et culture

Portrait de Catherine II de Russie par Dmitri Levitsky, années 1780

Elle se présenta comme un mécène pour les arts, la littérature et l'éducation se basant sur l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Elle réussit à convaincre le mathématicien Leonhard Euler de revenir de Berlin.

Par l'entremise de l'ambassadeur de France, le comte de Ségur, elle fit venir de Paris de nombreuses troupes de théâtre et d'opéra, dont celle de Floridor, qu'elle faisait jouer notamment dans son théâtre de l'Ermitage.

Quand Alexandre Radichtchev eut publié son voyage de Saint Pétersbourg à Moscou en 1790 présentant les conditions de vie déplorable des serfs il fut pourtant exilé en Sibérie. C'est qu'entretemps la révolution avait éclaté en France et qu'il n'était plus question pour l'impératrice de laisser les pernicieuses idées françaises envahir la Russie.

Elle était en correspondance avec Voltaire, D'Alembert, Melchior Grimm et a reçu Diderot (dont elle acheta, à la mort du philosophe, la bibliothèque) à sa cour.

Vie personnelle

Pour introduire la variolisation, elle montra l'exemple en étant la première à se faire inoculer[3].

Catherine était connue pour son appétit sexuel et ses nombreux amants. Elle aurait vraisemblablement souffert d'une attaque cardiaque alors qu'elle était assise sur une commode le 5 novembre 1796, et elle mourut au lit sans avoir repris connaissance. L'amour de sa vie est le prince Grigori Potemkine, qu'elle épousa secrètement vers l'automne 1774. Elle avait un fils, Paul, qu'elle aimait peu, lui préférant ses petits-fils. Il lui succéda sous le nom de Paul Ier de Russie. D'un autre de ses amants, Grigori Orlov, Catherine II eut deux enfants naturels nés en secret : une fille Nathalie, née en 1758, adoptée par la famille Alexeev et qui épousa le Feld-maréchal de Buxhoeveden, et un fils, Alexeï Grigorievitch Bobrinski (1762-1816).

Catherine II ayant admis le Bouddhisme parmi les religions d'État, tous les chefs d'État russes sont considérés par les bouddhistes du pays comme les réincarnations des précédents[4].

Publications

Tombeau de marbre blanc de l'impératrice Catherine II de Russie (Екатерина II), sur la droite, celui de son époux l'empereur Pierre III de Russie
  • On a d'elle quelques écrits, des comédies, un drame d'Oleg
  • Correspondance avec Voltaire, Grimm, Oimin, etc.
  • Mémoires, 1859.
  • Le Nakaz, Code russe ou instructions adressées par sa majesté l'impératrice de toutes les Russies à la commission établie pour travailler à l'exécution d'un projet d'un nouveau code de lois 3e édition, Amsterdam 1775
  • Antidote, ou Examen du Mauvais Livre superbement imprimé intitulé : Voyage en Sibérie, fait par ordre du Roi en 1761. À Amsterdam chez Marc-Michel Rey 1771-1772. L'édition originale fut publiée en deux volumes imprimés à Saint-Petersbourg en 1770-1771. Quelques pages peu favorables à la Russie de Jean Chappe dans son "Voyage en Sibérie" lui attirèrent surtout une vive critique sous la forme d'un ouvrage rédigé et publié anonymement par Catherine II de Russie et le comte Chouvaloff, la jeune impératrice répondant à ce qu'elle considéra comme une attaque de son pays en reprenant chapitre par chapitre le livre de l'abbé pour le réfuter. Cette attribution fut combattue par Anguis qui « donne pour collaborateur à la comtesse Daschkof le sculpteur Falconet »

Postérité

Distinctions

Notes

  1. L'éducation des jeunes filles nobles en Europe: XVIIe-XVIIIe siècles Par Chantal Grell,Arnaud Ramière de Fortanier, page 157 sur books.google.fr
  2. Georges Florovsky, Les Voies de la théologie russe, Paris, 1937; trad. et notes de J.C. Roberti, Paris, Desclée de Brouwer, 1991, p150
  3. Voir Catriona Seth, Les Rois aussi en mouraient. Les Lumières en lutte contre la petite vérole, Paris, Desjonquères, 2008
  4. [1]

Bibliographie

Articles connexes

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Précédé par Catherine II Suivi par
Pierre III
Impératrice de Russie
1762-1796
Paul Ier


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