Chemins de Compostelle

Chemins de Compostelle
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Chemins contemporains en Europe pour se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle.

Depuis l'origine du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle (Santiago de Compostela en espagnol), les pèlerins ont emprunté les voies de communication de tous les autres voyageurs. Sauf à proximité immédiate des sanctuaires, il n'y avait donc pas à proprement parler de chemins de pèlerinage spécifiques.

C'est à partir de 1882, avec l'impression du dernier Livre du Codex Calixtinus, recueil composé au XIIe siècle, que s'est répandue la notion de chemins de pèlerinage. Ce livre commence en effet par ces mots : « Quatre chemins vont à Saint-Jacques ».

Très sommairement décrits, ces chemins sont désignés par les noms des villes qu'ils traversent (cf infra). Comme l'ensemble du manuscrit, ils sont décrits et dénommés en latin. L'habitude a ensuite été prise de donner des noms à consonance latine aux chemins contemporains. Ceci peut être justifié quand ils suivent d'anciennes voies romaines. C'est plus folklorique quand il s'agit de créations contemporaines.

Sommaire

Les itinéraires modernes

Itinéraire culturel européen

Ce n'est qu'après la définition des Chemins de Compostelle comme premier itinéraire culturel européen, officialisé en en 1987[1]que de véritables itinéraires et chemins ont été plus ou moins arbitrairement tracés et balisés jusqu'aux confins de l'Europe.

Paru dans l'enthousiasme de cette décision européenne, un livre de référence leur a donné une existence et une notoriété accrues. Ce « Guide européen des chemins de Compostelle » est à la fois un guide sommaire pour les randonneurs et un guide routier pour les automobilistes et autres touristes contemporains. Son titre de « Guide des chemins » est trompeur. C'est cependant de lui que sont inspirées les descriptions ci-dessous pour les chemins européens. Elles correspondent à une vision contemporaine, conforme aux projets culturels et socio-économiques des institutions qui souhaitent à nouveau promouvoir les chemins vers Saint-Jacques-de-Compostelle, en leur donnant une place privilégiée dans la culture européenne.

Patrimoine mondial

Le Camino francés d'Espagne (cf infra) été inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1993.

La situation de la France n'est pas comparable à celle de l'Espagne. Un dossier a été présenté à l'UNESCO sous le titre général « Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France », mais seulement 71 édifices ou ensembles architecturaux et 7 tronçons du GR 65 ont été inscrits le 5 décembre 1998.

Depuis lors, une présentation abusive fait écrire que « les chemins de Compostelle en France sont inscrits au patrimoine mondial. » L'UNESCO se prête à la diffusion de cette interprétation élargie en la laissant graver sur les plaques de marbre apposées sur certains des monuments inscrits.

Les itinéraires classiques

Les quatre principaux itinéraires classiques sont très sommairement évoqués dans le Codex Calixtinius, par les principales villes ou lieux remarquables traversés :

« Il y a quatre routes qui, menant à Saint-Jacques, se réunissent en une seule à Puente la Reina, en territoire espagnol ; l’une passe par Saint-Gilles du Gard, Montpellier, Toulouse et le Somport ; une autre par Notre-Dame du Puy, Sainte-Foy de Conques et Saint-Pierre de Moissac ; une autre traverse Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, Saint-Léonard en Limousin et la ville de Périgueux ; une autre encore passe par Saint-Martin de Tours, Saint-Hilaire de Poitiers, Saint-Jean d’Angély, Saint-Eutrope de Saintes et la ville de Bordeaux.

La route qui passe par Sainte-Foy, celle qui traverse Saint-Léonard et celle qui passe par Saint-Martin se réunissent à Ostabat et après avoir franchi le col de Cize, elles rejoignent à Puente la Reina celle qui traverse le Somport ; de là un seul chemin conduit à Saint-Jacques. »

Le dernier Livre du Codex Calixtinus ne décrivait que le chemin en Espagne. Dans ce qui était la grande Aquitaine du XIIe siècle, il ne donnait qu'une liste de sanctuaires balisant très imparfaitement les quatre routes qu'il mentionnait dès la première ligne.

Drapeau de France France

Article détaillé : Chemins de Compostelle en France.
Chemins de Compostelle contemporains en France, tracés à partir des années 1970 sur la base des lieux mentionnés par le Guide du pèlerin et d'hypothèses locales.

En France, depuis seulement la fin du XIXe siècle, l'habitude a été prise de ne considérer que les quatre chemins indiqués dans le Codex Calixtinus, traduit en 1938 avec le titre contemporain, inexistant dans le manuscrit, de Guide du pèlerin. Mais l'étude des itinéraires réellement suivis par des pèlerins qui ont laissé des écrits ne permet pas de leur accorder l'importance qu'ils ont acquise aujourd'hui.

Les quatre chemins contemporains ont été tracés à partir des années 1970, sous l'impulsion de la FFRP (Fédération française de randonnée pédestre). Ils passent par les grands sanctuaires qui bornaient la Grande Aquitaine, Tours, Vézelay, Le Puy-en-Velay, Arles, mentionnés dans le Codex Calixtinus. Contrairement à une idée très répandue, ces sanctuaires n'étaient pas des lieux de rassemblement. Le Codex Calixtinus ne le mentionne d'ailleurs pas. Cette idée récente est née au XIXe siècle.

  • 1 - La via Turonensis (1 460 km), qui passe par Paris et Tours. Aucun historien n'a jamais pu confirmer les indications de la plaque, donnée par l'Espagne à la ville de Paris en 1965, selon laquelle les pèlerins se rassemblaient à l'église Saint-Jacques-de-la-Boucherie à Paris (l'actuelle tour Saint-Jacques). Les pèlerins en provenance de Picardie, du Ponthieu, des Flandres, du Hainaut, des Pays-Bas, de Scandinavie ainsi que les Champenois, les Belges et les Allemands prenaient ce chemin et le prennent encore. Ils rejoignent ceux qui partent de Paris et empruntent la rue Saint-Jacques, le Faubourg Saint-Jacques et la Tombe Issoire.
C'est le Chemin de Paris. Il apparaît dans des récits de pèlerins médiévaux comme "grand chemin de Saint-Jacques". Il présente une certaine réalité historique de chemin de pèlerinage, tout en ayant été utilisé par quantité d'autres voyageurs. Il traverse aisément Paris, franchit la Loire, n'offre pas de difficultés particulières, et permet de cheminer sous un climat tempéré.
On parle aujourd'hui de Chemin de Vezelay. Une association créée vers la fin des années 1990 s'est progressivement installée comme gérante de cette voie dont elle prétend défendre une historicité qu'aucun historien sérieux n'a pu établir.
On parle aujourd'hui de Chemin du Puy. Au Puy-en-Velay, on dit « le Saint-Jacques », comme on dit « le Stevenson ».

Ces trois premiers chemins se rencontrent dans les Pyrénées-Atlantiques à Ostabat, au niveau du « Carrefour de Gibraltar ». Ce dernier ne doit rien à Tariq ibn Ziyad, c’est simplement une déformation phonétique du sanctuaire de Saint-Sauveur, sur la colline. Chabaltore en basque, est devenu Chibaltare, Chibraltare et enfin Gibraltar. En 1964, le docteur Clément Urutibehety, promoteur local des chemins de Compostelle a fait poser à ce carrefour une stèle discoïdale provenant d'un ancien cimetière.

La traversée de la frontière se fait actuellement par le col de Bentarte ou par Valcarlos, en amont du col de Roncevaux. La suite du chemin prend le nom de Camino navarro, selon les acceptions : à Roncevaux, à la frontière espagnole, à Saint-Jean-Pied-de-Port, à la jonction d'Ostabat, voire dès l'entrée en Basse-Navarre.

  • 4 - La via Tolosane, qui passe par Toulouse, d'où son nom ; mais elle s'est aussi appelée via Arletanensis, du sanctuaire d'Arles.
Elle a eu aussi comme nom via Aegidiana, ou route de Saint-Gilles, du nom du sanctuaire de Saint-Gilles du Gard.
Ce chemin rejoint l'Espagne par le col du Somport. On parle aujourd'hui de Chemin d'Arles.
Cette via Tolosane était précédée par
* la via Domitia – Chemin de Compostelle (ou GR 653D), qui va du col de Montgenèvre à Arles, appelé aussi la via Francigena ainsi nommée par les italiens puisqu'elle passe en France.
* la via Aurelia - Chemin de Compostelle (ou GR 653A), qui va de Menton à Arles. Cette voie a été balisée et ouverte officiellement en juin 2010[2].
La via Tolosane avait une variante parallèle, le Chemin du Piémont ou « El cami deu pé de la coste », qui recevait les pèlerins du début de la via Tolosane au niveau de Narbonne. Cet itinéraire continuait ensuite par Carcassonne, Fanjeaux, Mirepoix, Saint-Lizier, Saint-Bertrand-de-Comminges, L'Escaladieu, pour rejoindre la voie d'Arles à Oloron-Sainte-Marie.
Il pouvait aussi rejoindre l'Espagne par le Camino aragonés, ainsi nommé puisqu'il rejoint l'Aragon.

Camino navarro et Camino aragonés se rencontrent à Puente la Reina, finissant la jonction des quatre chemins français. La poursuite du chemin prend, à partir de là, le nom de Camino francés.

Il existe aussi des chemins de traverse qui permettent aux pèlerins de se rendre dans des lieux de pèlerinages, comme :

Drapeau d'Espagne Espagne

Pèlerinage de Saint-Jacques chemins contemporains en France et Camino francés

En Espagne le chemin le plus utilisé et qui regroupe les itinéraires venant d'Europe dans les Pyrénées prend le nom de « Camino francés » puisqu'il est emprunté par les « Francos », sans distinction de nationalité. En Espagne ce chemin est aussi appelé la « Ruta interior » par opposition à la « Ruta de la costa » ou « Camino del Norte », chemin historique des pèlerins européens avant que les rois catholiques ne favorisent le pèlerinage par les terres de Castille.

D'autres voies traversent le pays au départ de Barcelone, Madrid ou Séville pour rejoindre le « camino francés ».

Le chapitre de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle considère comme chemins (rutas) les plus utilisés par les pèlerins[3] :

  • Le Camino francés (Chemin français), au départ de Saint-Jean-Pied-de-Port ou Roncevaux ou Puente la Reina, selon que l'on y inclue ou pas le Camino navarro et la partie française.
  • Le Camino del norte (Chemin du Nord dit côtier), qui longe toute la côte cantabrique depuis le Pays basque.
  • Le Camino primitivo (Chemin du Nord dit primitif), historiquement le premier. Il s’agit du parcours utilisé par le roi de l’époque Alphonse II (IXe siècle) venu constater depuis Oviedo qu’il s’agissait bien du tombeau de l’apôtre Jacques le Majeur.
  • Le Camino inglés (Chemin anglais), qui commence au Ferrol ou à La Corogne, port de débarquement des pélerins anglais arrivant par bateau et poursuivant leur pèlerinage à pied.
  • Le Camino portugués (Chemin portugais), qui comprend plusieurs itinéraires, l'un par la côte via la province de Pontevedra, et un autre de l'intérieur via la province d'Ourense, qui se confond à Ourense avec la vía de la Plata.
  • La Vía de la Plata (Route de l'argent), qui vient d'Andalousie, prend plusieurs noms suivant des ramifications qui, soit mènent au Camino francés, soit comme l'entend le chapitre de la cathédrale après Zamora, entrent en Galice par la province d'Ourense et rejoignent le Chemin portugais de l'intérieur.

D'autres itinéraires secondaires de la péninsule ibérique rejoignent, à un moment ou à un autre, l'un des chemins principaux ci-dessus pour arriver à Saint-Jacques-de-Compostelle, tels :

Certains itinéraires sont des sections d'un chemin principal, tel :

Il existe aussi des chemins connexes, tels que :

  • Le Camino de Fisterra, de Muxia vers Saint-Jacques ; cet itinéraire, utilisé dans le sens de Saint-Jacques-de Compostelle vers l’Océan Atlantique, est un chemin hérétique, au regard du pèlerinage chrétien.

Drapeau du Portugal Portugal

  • Lisbonne est le point de départ obligé du chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle, passant par Coïmbre, Porto ;
  • Un autre chemin se situe plus à l'est, au départ de Faro, à l'extrême sud du pays ; il gagne le nord par Evora, Castelo Branco, et Guarda.

Drapeau de Suisse Suisse

La ViaJacobi à travers la Suisse est une partie du chemin de Compostelle européen longeant le pied des Alpes suisses, du lac de Constance à Genève. Les chapelles, les églises et les auberges s’alignent tout au long du parcours Suisse, offrant, avec le paysage culturel varié et une expérience formidable de la randonnée. (voir: description de la ViaJacobi sur le site de la Suisse à pieds (de: Wanderland Schweiz) et aussi Via Alpina

Drapeau : Pays-Bas Pays-Bas et Drapeau de Belgique Belgique

Aux Pays-Bas, il existe deux trajets principaux vers Saint-Jacques-de Compostelle. L'un part de Groningen et l'autre de Haarlem. Les villes traversées ensuite sont :

Drapeau du Danemark Danemark

C'est à partir des XIIe et XIIIe siècles que les pèlerinages vers Saint-Jacques-de-Compostelle ont débuté.

Pour les pèlerins du nord, le signe de reconnaissance était non seulement la coquille mais aussi des médailles, très souvent à l'effigie de Saint Léonard de Noblat, où celui-ci tient le livre de l'Évangile. À ses pieds se trouve un fou ou un prisonnier enchaîné (datant du XIVe siècle).

Drapeau de Pologne Pologne

En Pologne, il existe trois chemins.

Drapeau de Croatie Croatie

La route de la Croatie débute à Zagreb, passe par Ljubljana, Trieste, Venise et Parme et rejoint la route d'Italie.

Drapeau de Hongrie Hongrie

En Hongrie, il existe deux chemins.

Drapeau d'Italie Italie

En Italie, il existe deux chemins. Ils partent tous deux de Bari.

Drapeau d'Angleterre Angleterre

En Cornouailles, le chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle débute à Saint Michael's Mount, île romantique et mystérieuse par excellence. Les pèlerins traversaient la Manche et passaient par le Mont-Saint-Michel, avant de poursuivre leur route par Angers, Poitiers... Le plus grand nombre allait sans doute directement en bateau à La Corogne en Espagne.

Drapeau d'Autriche Autriche

Deux sentiers principaux traversent l'Autriche. D'abord un qui débute à Vienne et qui se dirige vers Linz puis descend près de la frontière avec l'Allemagne jusqu'à Salzbourg, puis Innsbruck et ensuite continuant en Suisse. De Linz à Innsbruck, il faut compter environ 345 km. Ce parcours est relativement plat jusqu'à Salzbourg, puis le sentier continue dans les Alpes autrichiennes, mais il reste dans les vallées. Le point de départ du second parcours est Graz pour se diriger vers Innsbruck. Le parcours étant plus au sud de l'Autriche, il est davantage dans les montagnes. Le sentier de Compostelle en Autriche a été rénové et balisé il y a environ 20 ans.

Notes et références

  1. www.coe.int Conseil de l'Europe : Les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle.
  2. Voir les cartes sur le site de l'association Jacquaire de PACA
  3. (es)www.catedraldesantiago.es Catedral de Santiago de Compostela.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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