Commanderie d'Arveyres

Commanderie d'Arveyres

44°53′13.91″N 00°17′38.19″O / 44.8871972, -0.2939417

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Commanderie d'Arveyres
Commanderie Arveyres.JPG
Commanderie
Pays France
Région Aquitaine
Département Gironde
Lieu Arveyres
Fondée en 1170
Protection Néant

La commanderie d'Arveyres se situe dans le département de la Gironde à 5 kilomètres au sud-ouest de Libourne sur la commune d'Arveyres. Elle est posée sur un modeste promontoire, surplombant une boucle de la Dordogne.

Sommaire

Historique

Jusqu'au XIVe siècle

Il faut attendre 1170 pour que le lieu d'Arveyres soit signalé dans des textes. Cette mention fait état d'une donation que fit Bertrand de Montault, l'archevêque de Bordeaux, avec l'accord du vicomte de Fronsac. Ce don comprenait l'église de Saint-Pierre des Vaux[1] avec toutes ses appartenances, sauf les quartières (redevances en céréales) que se réservait le prélat ainsi que le droit de passage des animaux (que conservait sans doute le seigneur de Fronsac)[2].

Quelques années après, en 1197, dans une transaction passée entre l'abbaye de La Sauve et les chevaliers du Temple, il fut question de la paroisse et de l'église d'Arveyres dans laquelle se trouvait implantée la maison de Monfayton[3]. Si ces deux textes prouvent l'installation des templiers sur la paroisse de Saint-Pierre des Vaux, dans le dernier quart du XIIe siècle, ils n'apportent pas la preuve qu'elle ait été suivie aussitôt par la création d'une nouvelle paroisse. Celle-ci n'a pu se constituer autour de la commanderie templière et du port d'Arveyres qu'à la faveur d'une augmentation de population sur ce secteur et à l'attribution de nouvelles concessions territoriales et juridiques. Il faut plutôt chercher les origines d'une telle fondation dans le courant du XIIIe siècle.

Le jour de la fête de Saint Félix, en 1231, le seigneur de Vayres, Raymond Gombaud concédait à l'Ordre du Temple, le territoire d'Arveyres, situé dans sa châtellerie[4]. C'est là qu'il faut voir la date de la fondation de la paroisse d'Arveyres dont l'assise territoriale fut démembrée vraisemblablement de la paroisse de Saint-Pierre des Vaux. Le fait que le seigneur de Vayres cède aux templiers un territoire issu de sa juridiction, et sur lequel il ne se réservait que le droit d'ost, abandonnant par conséquent tous les autres droits de justice, appuie la thèse d'une création paroissiale aux environs de cette date, jumelée avec la mise en place d'une sauveté[5].

Ce serait donc dans la première moitié du XIIIe siècle que les templiers firent édifier l'église Notre-Dame. Autour de l'église, ils délimitent un ressort paroissial et établissent, autour du château de la commanderie, une petite seigneurie autonome avec sa juridiction balisée par des croix formant sauveté. Vers 1235, le Temple d'Arveyres est cité pour la première fois alors qu'il venait d'être soumis aux hébergements des troupes du sénéchal de Gascogne, lesquelles avaient causé des dégâts s'élevant à plus de 100 livres[6].

En 1258, la commanderie[7] est attestée pour la seconde fois dans un acte rappelant que les templiers avaient reçu du vicomte de Fronsac, Guillaume, la moitié des dîmes perçues sur les "artigues" (terres défrichées) de la palu de Marcenay, près de Fronsac, mais qu'ils durent rendre après cette date au prieuré de Sainte-Geneviève de Fronsac, à qui appartenaient les terres[8].

En 1264, un accord fut passé confirmant les droits de haute, moyenne et basse justice et octroyant en plus à l'Ordre le bois de Tillède et l'utilisation d'une cale sur deux ports situées sur la Dordogne qui appartenait en propre au seigneur de Vayres. Celui-ci se réserva les redevances perçues habituellement sur les padovens[9].

Plusieurs litiges survinrent au cours de siècles à propos de cette enclave juridictionnelle dans la châtellerie, notamment lors des renouvellements des quatre croix en bois qui marquaient les limites de la sauveté templière[10]. Mais les templiers, puis les hospitaliers après 1314, surent à chaque fois faire prévaloir leurs droits et conserver leurs privilèges.

La commanderie prospéra, placée au bord de la Dordogne sur un axe économique fort et put étendre son emprise foncière, non seulement sur les paroisses voisines de Vayres, Saint-Germain-du-Puch, Nerigean, Génissac et Saint-Pierre-de-Vaux mais aussi sur celles plus éloignées de Saint-Quentin-de-Baron, Izon et Salleboeuf[11]. Elle servait de siège juridictionnel, de résidence aux chevaliers et aux religieux[12] chargés de la garde et l'entretien du patrimoine foncier et immobilier, de lieu d'accueil pour les pèlerins[13], de centre paroissial et d'établissement agricole où étaient versées les redevances des tenanciers qui en dépendaient.

Commandeurs templiers

Nous ne connaissons pas, excepté ceux cités ici, les noms des autres commandeurs de l'Ordre des Templiers qui avaient en charge la commanderie d'Arveyres.

Nom du commandeur Dates
Guillaume Panet 1170
Guillaume de Payressac 1289

La commanderie principale

La commanderie d'Arveyres regroupait plusieurs constructions autour d'une grande cour rectangulaire drainée par un égout central maçonné et appareillé[14].

  • une église voutée dédiée à Notre Dame, avec le cimetière qui se trouvait sur son côté sud, extérieurement à la cour,
  • des bâtiments annexes (chais à vin, cuvier, pigeonnier, écuries) formaient deux ailes perpendiculaires et qui fermaient la grande cour à l'ouest et au sud,
  • à l'est était bâtie la maison forte dont il ne subsiste qu'une construction en partie écroulée sur laquelle avaient été flanquées une grange et un appentis au XVIIIe siècle.

L'église Notre-Dame

L'église Notre-Dame fut détruite lors de la révolution française, peu après son rachat le 30 brumaire an II (soit le 20 novembre 1793) comme bien national[15] . Elle était située au sud est de la maison forte de la commanderie. Le bâtiment orienté à l'est était de petite taille d'une longueur de 17 mètres et d'une largeur inférieure à 6 mètres, selon les mesures données en 1687[16]. On pouvait y deviner la présence d'un clocher-tour en forme de flèche[17] devant l'église, à l'ouest. Recouvert d'une toiture à deux pentes supportées par deux arceaux[18] équipé d'une cloche, il était apparemment accolé au nord de la maison forte. Il existait une petite porte au fond de la nef, sous le clocher, qui communiquait avec le château de la commanderie. La porte principale à deux battants, devait se trouver aussi sous le clocher, devant le mur ouest. Le reste de l'église, construit en pierre de taille et voûté en arceau brisé[19] se composait d'une nef et d'un sanctuaire sans doute à chevet plat dont la façade au sommet à deux pentes devait s'élever au-dessus de la voûte de la nef.

De l'ornementation intérieure, on connaît l'existence de tableaux, autels et peintures de croix de Malte, placées sur les murs intérieurs blanchis. Quatre fenêtres vitrées s'ouvraient dans l'édifice, dont deux apparemment dans la nef. Une sacristie voûtée, carrelée et blanchie, se trouvait sur le côté droit de l'église. Le mobilier de l'actuelle église Notre-Dame comprend une Vierge et un Christ qui provient de la chapelle des templiers.

Bâtiments annexes

Seule l'aile sud est partiellement conservée et remonterait au XVIIe siècle ou au XVIIIe siècle. On peut y remarquer la présence d'une cave voûtée en berceau. Les écuries qui se trouvaient à l'ouest se prolongeaient par un mur qui était bordé de douves, protégeant ainsi ce côté où se trouvait l'entrée de la commanderie, marquée par une porte apparemment du XVIIe siècle siècle dont l'arche supportait un écusson aux armes de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem[20]. On remarquait aussi de ce côté la présence d'un pigeonnier carré à côté d'un cuvier. Tout cet ensemble occidental a aujourd'hui disparu.

La maison forte

Vue de côté de la maison forte de la commanderie d'Arveyres

À l'origine, la maison forte était appuyée au sud, sur une portion du mur de l'église, tandis qu'au nord, elle était bordée par un modeste ravelin et la Dordogne. Aujourd'hui, l'édifice très dégradé se distingue tout d'abord par son moyen et grand appareil calcaire à joint vif qui, par son allure générale, évoque le XIVe siècle. Le bâtiment a été cependant fortement remanié aux périodes postérieures, particulièrement au XVIe et XVIIe siècles où des ouvertures ont été agrandies et d'autres murées sur les façades; puis les parties hautes du bâtiment ont été rabaissées sans doute au XVIIIe siècle.

La maison forte possédait ainsi un escalier en pierre qui desservait l'étage où se trouvait des chambres et un grenier, tandis qu'au rez-de-chaussée existait un réduit voûté servant de prison[21]. Antoine du Bourg rapporte même à partir d'une de ses visites, l'existence de murailles entourant le château, garnies de créneaux avec un pont-levis protégé par un fossé[22].

Dans l'angle nord-ouest de cette bâtisse, surplombant la Dordogne, il y a peu de temps, subsistaient les restes d'une tourelle carrée rabaissée et qui paraissait rapportée.

État

Il ne subsiste de l'ancien établissement templier que le logis du château (photos) et une partie des chais à vin. Le reste des vestiges a été démoli ou est tombé en ruine entre le XIXe siècle et aujourd'hui. Les ruines sont encore visibles au nord de la commune, près de la Dordogne. La rue des Templiers ou l'impasse de la Commanderie nous rappellent encore la présence de l'Ordre.

La commanderie du viaduc

Vue du site de la commanderie du viaduc

À noter qu'à 1,5 kilomètre du bourg d'Arveyres en direction de Libourne, la présence d'un lieu-dit "La Commanderie du Viaduc".
Il s'agissait d'un ancien moulin dont il ne reste que peu de vestiges suite aux travaux pour la construction du viaduc des barrails pour l'autoroute A89 (en arrière-plan sur la photo).

Liens internes

Liste des commanderies templières en Aquitaine Prieuré et commanderie hospitalière

Références

Bibliographie :

  • Antoine Du Bourg, Histoire du grand prieuré de Toulouse, 1883, p. 444-445.
  • Henri de Marquessac, Hospitaliers de St Jean de Jérusalem en Guyenne depuis le XII jusqu'en 1793, 1866, p. 46.248.252.253.
  • Jean André Garde, « Les Hospitaliers de St Jean de Jérusalem appelés aussi Chevaliers de Malte, dans le Libournais », Revue historique et archéologique du Libournais, 1937, tome 5, p. 20.26.27.
  • R. Charpentier, « Quelques pages d'histoire », Bulletin officiel municipal d'Arveyres, 1972, p. 3.
  • Archives départementales historiques de la Gironde, série H, tome 1.
  • BMBX, MS 769 Grand cartulaire de l'abbaye de La Sauve Majeure, p. 236.273.
  • BMBX, MS 770 Petit cartulaire de l'abbaye de La Sauve Majeure, p. 134.
  • Jean Claude Huguet, Templiers et Hospitaliers dans l'Entre-deux-Mers, leurs rôle dans l'occupation du sol (XII˚ –XVI˚), TER de maîtrise d'histoire, université de Bordeaux III, 1980, p. 37.69.219.
  • Valérie Larock, Formation et évolution du réseau paroissial de l'Entre-deux-Mers et Bordelais (V˚-XIV˚) 1989 TER de maîtrise d'histoire, université de Bordeaux III tome 2, p. 215.
  • AHG, Cartulaire du prieuré de Sainte Geneviève de Fronsac 1903, tome 38, p. 30.
  • ADG, section H Malte p. 171.
  • ADG, section G p. 647.
  • Léo Drouyn, Promenades archéologiques dans le département de la Gironde. Bulletin et mémoire de la société archéologique de Bordeaux, tome 2, p. 157.
  • Charles Higounet et Jacques Gardelles, L'architecture des ordres militaires dans le sud-ouest de la France actes du 87e congres national des sociétés savantes. Poitiers 1962. Section archéologie, p. 178.
  • J.L.Piat, Rapport sur la commanderie d'Arveyres 2001
  • Jean-Luc Aubarbier, La France des Templiers, Éditions Ouest-France, 2007, p. 220.
  • Georges Bordonove, Les Templiers, p. 261.

Sites Internet :

Notes

  1. "…ecclesiam Sancti Petri Darbeiras … " Nous avons traduit par l'église de Saint-Pierre des Vaux et non pas d'Arveyres. En effet, les textes du XIIIe siècle nous montrent avant tout que le lieu d'Arveyres désignait un port avant d'indiquer par la suite une commanderie. Avant la création de la paroisse Notre-Dame, le lieu d'Arveyres situé par conséquent dans la paroisse de Saint-Pierre des Vaux, devait avoir un rôle plus déterminant que l'église. De sorte que les textes, dès la fin du XIIe siècle et au cours des siècles suivants, évoquent la paroisse Saint-Pierre autant sous le toponyme Arveyres que sous le toponyme Vaux. Cette confusion des termes montre que les deux paroisses concernées étaient étroitement liées par leur territoire.
  2. Voir Antoine Du Bourg, op. cit. p. 444, Henri de Marquessac, op. cit. p. 46 et 248, Jean André Garde, op. cit. p. 20, R. Charpentier, op. cit. p. 3.
  3. « …Domus de Monfaite ad ecclesiam de Arveriis in cujus parrochia domus illa posita est … ». Ici encore, il s'agit d'un amalgame entre le lieu d'Arveyres et le nom de la paroisse de Saint-Pierre des Vaux, sur le territoire de laquelle était implantée la grange de Montayton et non celui de Notre-Dame.
  4. Voir Antoine Du Bourg, op. cit. p444 et 445 ; Jean André Garde, op. cit. p20
  5. C'est ce à quoi concluent aussi J.Claude Huguet, op. cit. p37 et Valérie Larock, op. cit. tome 2, p215
  6. Voir BMBX MS 770 « …item Templo de Arberiis damna intulit ad valorem C. libris et amplius… »
  7. désignée sous les termes suivants : «…cavaraira deu temple d'Arbeiras.. » et « …maison deu temple d'Arbeiras… »
  8. Voir AHG, Cartulaire de Sainte Geneviève de Fronsac, tome 38, p30
  9. Voir Jean André Garde, op. cit. p20 et CHARPENTIER R. op. cit. p3.
  10. On retrouve ce principe identique de bornage avec la commanderie de Westerdale, en Angleterre
  11. Voir J.Claude Huguet, op. cit. p69
  12. Une maison dans le bourg d'Arveyres, appelée le Manoir ou encore Maison de la Cure, a pu servir de logement aux prêtres de la paroisse. C'est une construction formée d'un corps de bâtiment carré, à deux fenêtres à meneaux occultées, flanquée dans un angle d'une tourelle en encorbellement tronquée, percée de deux petites fenêtres à linteaux moulurées et contenant un escalier à vis. L'édifice doit dater du XVIe siècle
  13. Au XIVème siècle, les commandeurs d'Arveyres, hospitaliers, désignent couramment la commanderie par le mot 'hospital'
  14. Voir J.L Piat, "'Rapport sur la commanderie d'Arveyres"
  15. Voir J.Claude Huguet, op. cit. p. 219
  16. Voir Jean André GARDE, op. cit. p. 27
  17. Voir ADG section H Malte p171
  18. Voir ADG section G p647
  19. Voir Charles Higounet et Jacques Gardelles, op. cit. p. 178.
  20. Voir Henri de Marquessac, op. cit. p. 253, Jean André Garde, op. cit. p26 et Léo Drouyn, op. cit. p157
  21. Voir Henri de Marquessac, op. cit. p. 252, Jean André Garde, op. cit. p20 et ADHG, section H Malte p. 108.
  22. Voir Antoine Du Bourg, op. cit. p. 444.

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