Communisation

Communisation

La « communisation », pour simplifier, est le concept de l'abolition du capital, des classes, et du prolétariat par lui-même dans une révolution communiste, sans transition "socialiste", ni autogestion. La communisation se conçoit donc à la fois comme rupture et transition à partir de mesures directement communisatrices, c'est-à-dire ouvrant la voie au communisme.

Sommaire

Plusieurs définitions

« Si la révolution et le communisme sont bien l'œuvre d'une classe du mode de production capitaliste, il ne peut plus y avoir transcroissance entre le cours quotidien de la lutte de classe et la révolution, celle-ci est un dépassement produit dans le cours de la contradiction entre les classes, l'exploitation. La révolution communiste est communisation des rapports entre les individus qui se produisent comme immédiatement sociaux. Au-delà de l'affirmation du prolétariat, c'est toute la théorie du communisme qui est à reformuler contre les limites inhérentes à ce cycle de luttes que sont le « démocratisme radical » et les pratiques alternatives, mais aussi contre toutes les théories qui font leur deuil du programmatisme au nom d'un Humanisme théorique la Critique du travail pour lui-même, ou de celle de l’économie. »

  • La révolution sera l’abolition du mode de production capitaliste et de ses classes - le prolétariat comme la bourgeoisie - et la communisation des rapports sociaux. En deçà, il n’y a aujourd’hui que la promotion de la démocratie, de la citoyenneté, l’apologie de l’alternative. Ces pratiques et ces théories n’ont d’autre horizon que le capitalisme.
  • Pour les éditions SENONEVERO (Se non é vero, é ben trovato...), dans leur ligne éditoriale,

« Les éditions SENONEVERO s’attachent à la publication d’une théorie critique du capitalisme, c’est-à-dire une théorie de son abolition. Une époque est maintenant révolue, celle de la libération du travail, celle du prolétariat s’affirmant comme le pôle absolu de la société : l’époque du socialisme. De la période actuelle à la révolution, nul ne connaît le chemin à parcourir : il est à faire, donc à comprendre, par des analyses et des critiques diversifiées. Nous en appelons l’élaboration. Lutte contre le capital, lutte à l’intérieur de la classe elle-même, la lutte de classe du prolétariat n’est pas le fait de muets et de décérébrés : elle est théoricienne - ni par automatisme, ni par choix. Comme la production théorique en général, nos publications sont activités. Leur nécessité est leur utilité. »

« La perspective communisatrice »

Le concept de communisation, apparu au début des années 1970, dans la crise du programmatisme, exprimait alors le rapport entre luttes immédiates et révolution comme un rapport négatif. Il désignait l’hiatus entre la révolution comme abolition de toutes les classes, « autonégation du prolétariat », et les luttes immédiates. Ces dernières n’étaient pas « méprisées », mais, de leurs impasses et de la succession de leurs échecs, devait naître la nécessité de « faire autre chose ». Elles étaient un processus de « maturation négative » D’échecs en échecs jusqu’à l’aurore. L’élaboration de la théorie de la communisation s’est faite au cours de l’entrée en crise du mode de production capitaliste à la fin des années 1960 et du commencement du procès de restructuration contre-révolutionnaire du capital à partir du début des années 70. En tant qu’élaboration théorique, elle est le dépassement de la contradiction dans laquelle était enfermée l’ultragauche qui critiquait les formes de l’affirmation et de la montée en puissance du prolétariat (parti de masse, syndicat, parlementarisme) tout en conservant la révolution comme affirmation de la classe. Elle est également le dépassement de l’impasse de l’autonomie ouvrière. La critique partielle et formelle faite par l’ultragauche prônant encore l’affirmation directe par les conseils ouvriers se radicalise alors en théorie de l’autonégation d’un prolétariat toujours vu théoriquement comme révolutionnaire par nature, distingué de la classe ouvrière réelle aliénée, qui ne pouvait être vue que défendant le travail salarié. La critique de cette conception d’une contradiction prolétariat/classe ouvrière a débouché- la restructuration se poursuivant et l’identité ouvrière disparaissant - sur l’abandon de l’idée d’une nature révolutionnaire du prolétariat, même cachée sous la classe ouvrière. La contradiction prolétariat/classe ouvrière avait été une façon transitoire de sortir de l’impossibilité de l’affirmation de la classe, cette pure lutte de concepts supposait que la nature du prolétariat ne pouvait se manifester qu’en détruisant toutes les formes d’existence de la classe dans la société capitaliste, classe qui pouvait même être appelée simplement « capital variable ».

La situation à l’issue de la restructuration est telle que l’affirmation du prolétariat en vue de libérer le travail productif perd tout sens et tout contenu. Il n’existe plus d’identité ouvrière propre face au capital et confirmée par lui. Maintenant, l’existence sociale du prolétariat est, et reste, face à lui comme étant le capital même. La lutte du prolétariat contre le capital contient la contradiction à sa propre nature d’être une classe du capital.

Dans la révolution comme communisation, le communisme est produit contre le capital, tout simplement parce qu’il est consciemment nécessaire pour la lutte contre l’exploitation et contre la crise même de l’exploitation, c’est-à-dire crise de l’implication réciproque entre les classes. Toute affirmation d’une nature révolutionnaire du prolétariat, même sous la forme de l’affirmation d’une pure négativité, est dépassée quand la révolution comme production du communisme est le moyen même de la destruction du capital, et de l’abolition des classes. Production dans laquelle aucune nature du prolétariat ne s’exprime, dans laquelle la critique cohérente du capital, c’est-à-dire incluant son procès historique, est actuellement l’affirmation de la perspective communisatrice.

L’abolition du capital, c’est-à-dire la révolution et la production du communisme, est immédiatement abolition des classes et donc du prolétariat, dans la communisation de la société qui est ainsi abolie comme communauté séparée de ses membres. La société est toujours la communauté séparée de ses membres, toujours société de classes incarnée par la classe dominante. L’abolition de la classe dominante, la classe du capital, est abolition de l’État et de la société qu’il représente en tant qu’État du capital. Les prolétaires abolissent le capital en produisant contre lui une communauté immédiate à ses membres, ils se transforment en individus immédiatement sociaux. Relations entre individus singuliers et groupes affinitaires qui ne sont plus chacun l’incarnation d’une catégorie sociale, y compris les catégories supposées naturelles mais données par la société comme les sexes sociaux de femme et d’homme.

Ce procès de la révolution est communisation, production du communisme sans transition autre que la révolution elle-même. Il n’y a pas d’étape entre la révolution et le communisme : ni socialisme, ni une quelconque forme de pouvoir ouvrier ou de gestion ouvrière. Dans la restructuration du rapport de classes qui a eu lieu, le prolétariat n’oppose plus au capital la positivité que le capital lui confirmait : être la classe du travail productif. La situation actuelle du rapport de classe est le produit de l’ensemble du procès historique du capital : comme exploitation, comme mode de production, comme économie, comme société capitaliste, comme État, c’est-à-dire comme contradiction permanente (l’exploitation), irréductible et s’approfondissant, entre la classe capitaliste et le prolétariat.

Le « programmatisme »

Dans les cycles de luttes antérieurs, avec la perspective de sa propre affirmation et de la libération du travail, le prolétariat, en implication réciproque avec le capital, produisait le dépassement communiste de manière adéquate au contenu de sa contradiction avec le capital. Cette révolution - bien qu’impossible dans ses propres termes - était le dépassement réel, dont l’impossibilité n’existe comme évidente que du point de vue du dépassement que la contradiction de classe produit maintenant. Le prolétariat projetait son affirmation en programmant une étape historique de développement libre de la productivité et donc de la caducité de la valeur. Cette étape transitoire au communisme était l’intégration nécessaire par le prolétariat du devenir, sous son contrôle, de l’arc historique du capital. Cette période pouvait être conçue comme État ouvrier (par les marxistes) ou comme gestion communale ou syndicale (par les anarchistes), cela ne changeait rien à l’essentiel. L’impossibilité de cette intégration de l’arc du capital, était l’impossibilité de l’auto-exploitation car l’exploitation est toujours le rapport de classes distinctes.

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