Anarchisme

Anarchisme
Illustration du livre Le principe anarchiste de Pierre Kropotkine (1913)

L'anarchisme est un courant de philosophie politique développé depuis le XIXe siècle sur un ensemble de théories et pratiques anti-autoritaires[1]. Fondé sur la négation du principe d'autorité dans l'organisation sociale et le refus de toutes contraintes découlant des institutions basées sur ce principe[2], l'anarchisme a pour but de développer une société sans domination, où les individus coopèrent librement dans une dynamique d'autogestion[3].

Sommaire

Étymologie

Article détaillé : Étymologie du terme anarchie.

Le terme anarchie est un dérivé du grec « ἀναρχία » (« anarkhia »)[4]. Composé du préfixe a- privatif an- (en grec αν, « sans », « privé de ») et du mot arkhê, (en grec αρχn, « origine », « principe », « pouvoir » ou « commandement »)[5],[6]. L'étymologie du terme désigne donc, d'une manière générale, ce qui est dénué de principe directeur et d'origine. Cela se traduit par « absence de principe[7] », « absence de règle[7] », « absence de chef[8] », « absence d'autorité[2] » ou « absence de gouvernement[6] ». Ainsi, il est parfois dit que le contraire de l'anarchisme est l'hyérarchisme.

Dans un sens négatif, l'anarchie évoque le chaos et le désordre, l'anomie[9]. Et dans un sens positif, un système où les individus sont dégagés de toute autorité[9]. Ce dernier sens apparaît en 1840 sous la plume du théoricien socialiste Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865). Dans Qu'est-ce que la propriété ?, l'auteur se déclare anarchiste et précise ce qu'il entend par anarchie: « une forme de gouvernement sans maître ni souverain »[9].

Précurseurs de l'anarchisme

Article détaillé : Précurseurs de l'anarchisme.

Pour de nombreux théoriciens de l'anarchisme, l'esprit libertaire remonte aux origines de l'humanité[10]. À l'image des Inuits, des Pygmées, des Santals, des Tivs, des Piaroa ou des Merina, des sociétés fonctionnent, parfois depuis des millénaires, sans autorité politique (État ou police)[11] ou suivant des pratiques revendiquées par l'anarchisme comme l'autonomie, l'association volontaire, l'auto-organisation, l'aide mutuelle ou la démocratie directe[12].

Les premières expressions d'une philosophie libertaire peuvent être trouvées dans le taoïsme et le bouddhisme[13]. Au taoïsme l'anarchisme emprunte le principe de non-interférence avec les flux des choses et de la nature, un idéal collectiviste et une critique de l'État ; au bouddhisme, l'individualisme libertaire, la recherche de l'accomplissement personnel et le rejet de la propriété privée[9].

Un courant individualiste et libertaire peut également être trouvé dans la philosophie de la Grèce antique, dans les écrits épicuriens, cyniques et stoïciens[14].

Certains éléments libertaires du christianisme ont influencé le développement de l'anarchisme[15], en particulier de l'anarchisme chrétien[16]. À partir du Moyen Âge, certaines hérésies et révoltes paysannes attendent l'avènement sur terre d'un nouvel âge de liberté[9]. Des mouvements religieux, à l'exemple des hussites ou des anabaptistes s'inspirèrent souvent de principes libertaires[17].

Plusieurs idées et tendances libertaires émergent dans les utopies françaises et anglaises de la Renaissance et du siècle des Lumières[18]. Pendant la Révolution française, le mouvement des Enragés s'oppose au principe jacobin du pouvoir de l'État et propose une forme de communisme[19]. En France, en Allemagne, en Angleterre ou aux États-Unis, les idées anarchistes se diffusent par la défense de la liberté individuelle, les attaques contre l'État et la religion, les critiques du libéralisme et du socialisme autoritaire[9]. Certains penseurs libertaires américains comme Henry David Thoreau, Ralph Waldo Emerson et Walt Whitman, préfigurent l'anarchisme contemporain de la contre-culture, de l'écologie, ou de la désobéissance civile[20].

Définitions

Principes généraux

étoile anarchiste

L'anarchisme est une philosophie politique qui présente une vision d'une société humaine sans hiérarchie, et qui propose des stratégies pour y arriver, en renversant le système social actuel.

L'objectif principal de l'anarchisme est d'établir un ordre social sans dirigeant. Un ordre fondé sur la coopération volontaire des hommes et des femmes libres et conscients qui ont pour but de favoriser un double épanouissement: celui de la société et celui de l'individu qui participe au premier.

À la source de toute philosophie anarchiste, on retrouve une volonté d'émancipation individuelle et/ou collective. L'amour de la liberté, profondément ancré chez les anarchistes, les conduit à lutter pour l'avènement d'une société plus juste, dans laquelle les libertés individuelles pourraient se développer harmonieusement et formeraient la base de l'organisation sociale et des relations économiques et politiques.

Le « A » inscrit dans un « O », un des symboles de l'anarchisme de l'origine maçonnique

L'anarchisme est opposé à l'idée que le pouvoir coercitif et la domination soient nécessaires à la société et se bat pour une forme d'organisation sociale et économique libertaire, c'est-à-dire fondée sur la collaboration ou la coopération plutôt que la coercition.

L'ennemi commun de tous les anarchistes est l'autorité sous quelque forme qu'elle soit. L'État est le principal ennemi des anarchistes : l'institution qui s'attribue le monopole de la violence légale (guerres, violences policières), le droit de voler (impôt) et de s'approprier l'individu (conscription, service militaire). Les visions qu'ont les différentes tendances anarchistes de ce que serait ou devrait être une société sans État sont en revanche d'une grande diversité. Opposé à tout credo, l'anarchiste prône l'autonomie de la conscience morale par-delà le bien et le mal défini par une orthodoxie majoritaire, un pouvoir à la pensée dominante. L'anarchiste se veut libre de penser par lui-même et d'exprimer librement sa pensée.

Certains Anarchistes dits « spontanéistes » pensent qu'une fois la société libérée des entraves artificielles que lui imposait l'État, l'ordre naturel précédemment contrarié se rétablirait spontanément, ce que symbolise le « A » inscrit dans un « O » (« L'anarchie, c'est l'ordre sans le pouvoir », Proudhon). Ceux-là se situent, conformément à l'héritage de Proudhon, dans une éthique du droit naturel (elle-même affiliée à Rousseau). D'autres pensent que le concept d'ordre n'est pas moins « artificiel » que celui d'État. Ces derniers pensent que la seule manière de se passer des pouvoirs hiérarchiques est de ne pas laisser d'ordre coercitif s'installer. À ces fins, ils préconisent l'auto-organisation des individus par fédéralisme comme moyen permettant la remise en cause permanente des fonctionnements sociaux autoritaires et de leurs justifications médiatiques. En outre, ces derniers ne reconnaissent que les mandats impératifs (votés en assemblée générale), révocables (donc contrôlés) et limités à un mandat précis et circonscrit dans le temps. Enfin, ils pensent que le mandatement ne doit intervenir qu'en cas d'absolue nécessité.

Le rejet du centralisme, pour le fédéralisme, aboutit donc à un projet d'organisation sociale fondée sur la gestion directe de sa propre vie et la décentralisation, où chacun est en mesure de participer à la vie commune, tout en conservant son autonomie individuelle, selon les conceptions parfois diamétralement opposées que s'en font les différents courants anarchistes.[réf. nécessaire]

Courants

À la genèse de l'anarchisme politique, on trouve les travaux pionniers de William Godwin: en 1793, il publie Enquête sur la justice politique et son influence sur la morale et le bonheur (traduction française), œuvre largement inspirée par la Révolution française. Il y propose une critique radicale de la société et de toutes les formes de gouvernements qui, selon lui, empêchent l'épanouissement des individus et les mènent à leur corruption. Les travaux de Max Stirner (qui refusait l'appellation "anarchiste") auront également un rôle très important dans le développement de l'anarchisme individualiste. Celui-ci publie en 1845 L'Unique et sa propriété, une œuvre en réaction contre la pensée hégélienne et post-hégelienne, qui va marquer durablement la pensée anarchiste.

Les libertaires considèrent qu'une société anarchiste devrait être construite sans hiérarchie et sans autorité; les institutions telles que le capitalisme, la famille patriarcale, l'Église, l'État, l'armée sont qualifiées d'autoritaires (dans le sens d'une présence d'autorité par opposition au système libertaire qui s'en passe) et contraires aux libertés individuelles.

Trois mouvements principaux existent au sein de la mouvance anarchiste, l'un socialiste, l'autre individualiste et le dernier syndicaliste. Il existe également d'autres tendances peu connues et plus récentes.

C'est dans l'espace délimité par ces conceptions, globalement peu représentatives de l'ensemble, que se situe la pensée anarchiste.

Aujourd'hui, il existe donc de nombreuses théories anarchistes distinctes. Différents groupes peuvent donc se définir comme anarchistes et néanmoins avoir des positions (au niveau tactique, stratégique, organisationnel, comme au niveau de leur philosophie politique, économique et sociale) différentes, voire opposées.

Courants socialistes

Manifestation d'anarchistes contre le chômage à New-York, 1914

Les socialistes libertaires, selon les tendances, considèrent que la société anarchiste peut se construire par mutualisme, collectivisme, communisme, syndicalisme, mais aussi par conseillisme. L'abolition de la propriété et l'appropriation collective des moyens de production est un point essentiel de cette tendance libertaire. Par propriété, on n'entend pas le fait de posséder quelque chose pour soi, mais de le posséder pour d'autres afin d'en tirer des revenus (locations, lieux de travail...). Ces courants, composés initialement de Proudhon (et ses successeurs), puis de Bakounine, étaient présents au sein de l'Association internationale des travailleurs (Première internationale), jusqu'à la scission de 1872 (où Bakounine et Karl Marx se sont trouvés opposés). L'anarchisme socialiste est considéré comme une politique qui établit un pont entre le socialisme et l'individualisme (par le biais du coopérativisme et du fédéralisme libertaire) combattant tant le capitalisme que l'autoritarisme sous toutes ses formes.

Les cinq premières tendances (socialiste, communiste, syndicaliste, proudhonienne et insurrectionnelle) se rejoignent et coexistent au sein des différentes associations libertaires. L'ensemble de ces courants se caractérise par une conception particulière du type d'organisation militante nécessaire pour avancer vers une révolution. Ils se méfient de la conception centralisée d'un parti révolutionnaire, car ils considèrent qu'une telle centralisation mène presque inévitablement à une corruption de la direction par l'exercice de l'autorité.

Courants individualistes

Article détaillé : Anarchisme individualiste.

Les individualistes libertaires, selon les tendances, considèrent au contraire que seul l'individu peut légitimement posséder son bien propre, soit par l'abolition de la propriété, soit par la possession individuelle, soit par la propriété privée[21]. Selon cette tendance, les institutions autoritaires doivent être supprimées, en les désertant ou en les combattant, la question essentielle est la liberté de l'individu face à l'oppression de la société (et de ses composantes). Les institutions intermédiaires, nées de la collaboration entre individus et susceptibles de tenir l'État en échec, sont considérées avec bienveillance, pour autant évidemment qu'elles ne participent pas à l'oppression étatique (exemple typique : les fabricants d'armes).

Courants écologistes

Articles détaillés : Anarchisme vert et Anarcho-primitivisme.

L'anarchisme écologiste rejette toute forme d'économie industrielle et d'exploitation du monde naturel (mouvement proche de certaines composantes du communisme anarchiste) dans une mesure plus ou moins importante, et forme un troisième pôle de la pensée anarchiste. Les anarchistes écologistes proposent, selon la tendance, soit le retour à la nature (sous forme de société primitive; ce courant s'inscrit dans la tendance individualiste), soit la mise sous contrôle par les individus de la technologie.

Courants indéterminés

Des courants récents, peu connus ou ayant leur autonomie propre, et ne rentrant pas dans le cadre des tendances précédentes existent.

  • L'anarchisme épistémologique. Mouvement qui s'oppose à l'autoritarisme intellectuel et politique s'appuyant sur la transmission coercitive du savoir, la hiérarchie intellectuelle et la censure, et qui prône au contraire la liberté de pensée et d'expression, la diversité de pensée et de culte, et la libre adhésion aux idées. (Auteur : Paul Feyerabend)
  • L'anarcho-féminisme qui croise les idées féministes et anarchistes. (Auteurs : Emma Goldman, Voltairine de Cleyre, etc.)
  • Le mouvement anarcho-punk qui radicalise les idées du mouvement punk.
  • Le mouvement anarcho-skinhead.
  • Le crypto-anarchisme qui promeut l'utilisation de la cryptologie à des fins de protection sur internet contre une autorité internet qui devient de plus en plus présente.
  • L'anarchisme non-violent : mouvement dont le but est la construction d'une société refusant la violence. Les moyens utilisés pour arriver à cette fin sont en adéquation avec celle-ci : écoute et respect de toutes les personnes présentes dans la société, choix de non-utilisation de la violence, respect de l'éthique (la fin ne justifie jamais les moyens), place importante est faite à l'empathie et à la compassion, acceptation inconditionnelle de l'autre. Apolitique, profondément humaniste, il vise à rassembler les hommes et les femmes pour construire une société où chacun est poussé à se réaliser (la société est au service de l'individu) et en même temps incite l'individu à collaborer, à contribuer au bien-être de tous les acteurs de la société (l'individu est au service de la société).
  • L'anarchisme queer, ou le Pink Bloc — dans lequel se manifeste le mouvement anarcho-queer — qui cherche à radicaliser le mouvement gay et lesbien d'un côté, et de l'autre à « queeriser » les réseaux anarchistes à travers la mise en avant des questions d'homophobie et de transphobie.

Ces différents courants/tendances se rejoignent dans la volonté de mettre en place une société libertaire, où la liberté politique serait la règle, c'est-à-dire qu'aucune institution (syndicale, communautaire, droit, ou autre) ou individu n'aurait à contraindre des formes d'organisation politique libertaire différentes. Surtout après la Seconde Guerre mondiale, apparaissent d'autres courants dans différents domaines : politiques, philosophiques et littéraires. Ils se démarquent parfois assez radicalement des doctrines libertaires classiques.

Cette diversification de la philosophie anarchiste montre que l'anarchisme tend à se disperser en fonction de l'attachement des penseurs à des sensibilités politiques ou philosophiques très diverses. Certes, toutes ces tendances ont en commun de rejeter le pouvoir et l'autorité, mais les « programmes » des différents courants sont parfois incompatibles entre eux (cependant, l'anarchisme n'étant pas monolithique, cela n'altère en rien le mouvement).

Conflits entre courants

Les tendances de l'anarchisme historique (anarchisme socialiste/syndicaliste/proudhonien/communiste et individualiste stirnerien) sont également les plus actives politiquement et idéologiquement, et les mieux organisées. Elles peuvent en outre revendiquer un héritage historique très riche, qui s'est construit au fil des décennies autour d'un militantisme et d'un activisme très vivaces. Elles constituent encore de nos jours le noyau dur de l'anarchisme actif, et une majorité d'anarchistes considère que ce sont les seuls mouvements qui peuvent légitimement revendiquer l'appellation d'anarchisme. Ce sont ces mêmes courants qui s'associent parfois pour faire front commun aux seins d'organisations synthésistes.

Au sein du mouvement anarchiste, d'autres mouvements non traditionnels sont plus ou moins bien accueillis (selon les tendances), certains étant considérés comme un enrichissement de l'anarchisme, d'autres non. Néanmoins, les diverses tendances se rejettent parfois mutuellement, les individualistes libertaires pouvant rejeter la composante socialiste et réciproquement (notamment dans le cas d'une organisation politique de type plateformiste.

Pour les courants libertaires traditionnels, les courants tels que le national-anarchisme, l'anarcho-capitalisme et l'anarchisme de droite sont rejetés, considérant que les idées de ces mouvements sont extérieures à l'anarchisme politique et historique, et qu'elles n'ont aucun point commun avec les leurs et leur sont même fondamentalement opposées. La plupart estime également qu'ils emploient abusivement le terme « anarchisme ». Les nationalistes anarchistes sont pointés du doigt pour leur promiscuité politique d'avec l'extrême-droite (pour la branche proche du néonazisme) ou l'incompatibilité de défendre le nationalisme et l'internationalisme, critique également faite à l'encontre des anarchistes de droite (François Richard considère en effet qu'Édouard Drumont ou Lucien Rebatet sont anarchistes). L'anarchisme de droite est également critiqué pour son incohérence et son inexistence en tant que mouvement politique (la grande majorité des auteurs cités comme des anarchistes de droite ne se sont en effet jamais revendiqués de ce mouvement qui est né bien après eux). Les critiques des anarcho-capitalistes contestent la possibilité de combiner l'anarchisme et le capitalisme, ce dernier étant considéré par eux comme une source d'exploitation. L'anarchisme chrétien est critiqué par ceux qui estiment que la religion est source d'oppression et d'aliénation.

Les anarcho-capitalistes rejettent également le national-anarchisme et l'anarchisme de droite, mais contrairement aux autres anarchistes qui condamnent le capitalisme comme source d'inégalités, ils en sont explicitement les partisans et limitent leur critique à l'État. Cette doctrine qui se revendique anarchiste et libérale peut se trouver rejetée par chacune de ces deux familles.

Vers une société anarchiste

Exemple d'action directe: Le London Social Centre, un squat politique initié par des anarcho-syndicalistes à Russell Square.

Le rejet des contraintes qui entravent l'individu, dans ses désirs ou ses besoins, aboutit à une remise en cause des institutions qui ont été créées, selon les anarchistes, afin de perpétuer ces contraintes. L'État, le Capital, l'Armée et l'Église font partie de ces institutions que les anarchistes essaient de combattre (voire d'abattre). Ce combat contre l'autorité prend souvent la forme d'une action directe (un exemple en est le Do it yourself du mouvement punk), étrangère aux formes traditionnelles de la lutte politique. En fait, les systèmes politiques contemporains étant très souvent dotés d'un pouvoir centralisé, le passage à l'anarchisme implique un changement radical. C'est pourquoi les anarchistes proposent l'abolition de ce système par différents moyens : désobéissance civile, grève, résistance passive ou résistance active, hacktivisme, obstructionnisme boycott, etc. Certains anarchistes considèrent qu'il faut préparer l'avènement d'une révolution sociale radicale (le recours aux armes pouvant être aussi parfois nécessaire pour se défendre contre un système oppressif, qui lui n'acceptera pas le droit aux individus de s'organiser afin de déterminer par eux-mêmes leurs libertés), afin de laisser les sociétés s'organiser sans maîtres et selon leurs besoins et désirs; d'autres estiment qu'une révolution non violente est possible, avec une extinction progressive des pouvoirs.

Expériences historiques

L'anarchisme aurait influencé plusieurs expériences historiques.

Organisations primitives apparentées à l'anarchisme

  • L'organisation des Aeta où personne n'a de pouvoir.

En périodes révolutionnaires

En périodes non-révolutionnaires

Sur ces diverses périodes expérimentales

L'échec de ces expériences sera dû, selon les anarchistes, à plusieurs facteurs externes ou internes au mouvement anarchiste, dont la situation politique internationale défavorable, le trop faible soutien populaire ou international, la répression, les contraintes inhérentes à une situation de guerre révolutionnaire, les entraves de jacobins, de bolcheviques (pour les soviets en Russie), de staliniens lors de la Guerre d'Espagne.

Ces expériences parviennent toutefois à réaliser, selon les anarchistes, de nombreux principes anarchistes, en particulier en matière d'éducation libre, de libre collectivisation des terres et des usines, de liberté politique, etc.

Période contemporaine

En d'autres lieux et des périodes plus récentes, certains peuples se sont inspirés en partie de certains principes libertaires:

  • La commune libre Christiania à Copenhague au Danemark, expérience au bénéfice d'aides gouvernementales d'un squat autonome/autogéré au niveau d'un quartier;
  • La réponse à la crise argentine en décembre 2001 où une grande partie de la population manifeste quasi quotidiennement avec pour slogan « ¡ Que se vayan todos ! » (« Qu'ils s'en aillent tous ! »), s'organise en assemblées de quartier, et pratique l'autogestion tant dans les usines que dans les supermarchés[22],[23].
  • Diverses expériences lors de la révolte de mai 68.
  • Écovillage
  • En 2007, se fonde dans le monde virtuel de Second Life une Metaversial Anarchist Federation regroupant des militants de divers pays. Son premier colloque étant prévu pour mai 2007. Des discussions sont en cours en son sein pour demander une adhésion à l'IFA. Ce qui ne manque pas d'être complexe vue la nature électronique et anationale de cette fédération.

Culture contemporaine anarchiste

Les pratiques anarchistes sont entre autres le Do it yourself, le squat, la Free party, les rassemblements Rainbow Gathering ... L'ensemble de ces pratiques constitue une sous-culture qui est en grande partie une contreculture. Le web est utilisé pour partager sa bibliothèque (infokiosque) ou pour se tenir informé (indymedia).

Critiques de l'anarchisme

Selon le philosophe et historien des idées politiques d'orientation libérale Philippe Nemo, une société anarchiste est impossible à la fois sur le plan théorique et dans la pratique. Il constate que, tout au plus, on a pu observer uniquement « de brefs exemples historiques » mais aucune réalisation durable. Il estime que cette impossibilité est définitive en se basant sur les questions posées au XIXe siècle par Lord Acton concernant la politique: Qui doit exercer le pouvoir et quelles doivent être ses limites. Selon lui, la réponse anarchiste, en particulier des anarchistes socialistes, qui réunit un pouvoir sans limitation, exercé par le peuple dans son ensemble, sans que ce pouvoir ne soit confisqué par un individu ou un groupe d'individus, est fondamentalement instable. Pour Nemo, cette solution ne peut pas durer car elle tend à devenir soit un système totalitaire (prise de contrôle du pouvoir par un individu ou un groupe) soit une démocratie libérale (limitation des pouvoirs exercés par tous). À l'inverse de la réponse anarchiste, selon Nemo, ces deux réponses sont stables puisque, dans le premier cas, les pouvoirs de l'État sur tous permettent facilement son maintien au pouvoir, tandis que dans le second, le « libéralisme rend possible l'existence d'opposants politiques, faisant vivre la démocratie »[24].

Bibliographie

Histoire de l'anarchisme

Littérature anarchiste

Sources historiques

Philosophie

  • (en) Paul McLaughlin, Anarchism and Authority: A Philosophical Introduction to Classical Anarchism, Ashgate Publishing, Ltd., 2007.

Filmographie

Notes et références

  1. Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Gallimard, coll. « Tel », 1992
  2. a et b Sébastien Faure, Encyclopédie anarchiste, Paris, La Librairie Internationale
  3. Emmanuel de Waresquiel, Le siècle rebelle, dictionnaire de la contestation au XXe siècle, Larousse, coll. « In Extenso », 1999
  4. Sur l'étymologie du terme anarchie, voir :
    (fr) Grand dictionnaire encyclopédique, Paris, Larousse, 1982 ;
    (fr) Auguste Scheler, Dictionnaire d'étymologie française, Bruxelles, Auguste Schnée, 1862 ;
    (en) Ernest Weekley, An Etymological Dictionary of Modern English, Vol.1, Dover Publications, 1967
  5. Trésor de la langue française, Paris, CNRS Éditions
  6. a et b Pierre Kropotkine, Encyclopædia Britannica, Londres, 1910
  7. a et b Pierre Joseph Proudhon, Qu'est-ce que la propriété ?, Paris, 1840
  8. Le Nouveau Petit Robert, Paris, Éditions Le Robert, 1995
  9. a, b, c, d, e et f Sylvie Arend, Christiane Rabier, Le Processus Politique : Environnements, Prise de Décision et Pouvoir, Ottawa, University of Ottawa Press, 2000 (ISBN 978-2-7603-0503-8)
  10. Sur les origines de l'esprit libertaire voir :
    (fr) Jean Grave, La société mourante et l'anarchie, Paris, P. V Stock, 1893, p.3
    (fr) Max Nettlau, Bibliographie de l'Anarchie, Paris, Stock, 1897
    (fr) Émile Armand, Qu'est-ce qu'un anarchiste? Thèses et opinions, Paris, éditions de l'anarchie, 1908, p.43
    (fr) Pierre Kropotkine, La science moderne et l'anarchie, Paris, P. V Stock, 1913, p.3
  11. Francis Dupui-Déri, L'anarchie en philosophie politique; Réflexions anarchistes sur la typologie traditionnelle des régimes politiques, Les ateliers de l'éthique, Vol. 2, n°1, 2007
  12. David Graeber, Fragments of an Anarchist Anthropology, Prickly Paradigm Press, sur prickly-paradigm. com, 2004 (ISBN 978-0-9728196-4-0)
  13. Sur les racines taoïstes et bouddhistes de l'anarchisme, voir :
    (en) Robert Graham, Anarchism: A Documentary History of Libertarian Ideas, Black Rose, 2005 (ISBN 1551642506)
    (en) Peter Marshall, Demanding the Impossible: A History of Anarchism, Fontana Press, 2008 (ISBN 978-0-00-686245-1)
  14. Jean Préposiet, Histoire de l'anarchisme, Tallandier, coll. « Approches », 2005 (ISBN 978-2-84734-190-4)
  15. Pierre Kropotkine, La science moderne et l'anarchie, Paris, P. V Stock, 1913
  16. À propos de l'anarchisme chrétien, voir :
    (fr) Léon Tolstoï, Aux travailleurs, traduit du russe, par JW Bienstock, Paris, Stock, 1903
    (fr) Jacques Ellul, Anarchie et christianisme, Lyon, Atelier de création libertaire, 1988
  17. Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Tome I, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1992 (ISBN 978-2-07-072498-7)
  18. Michel Antony, Ferments libertaires dans quelques écrits utopiques, sur ac-besancon. fr, 2008
  19. À propos des Enragés, voir :
    Daniel Guérin, La lutte de classessous la première république, bourgeois et « bras nus » (1793-1797)
  20. (en) Peter Marshall, Demanding the Impossible: A History of Anarchism, Fontana Press, 2008 (ISBN 978-0-00-686245-1)
  21. La défense de la propriété privée se rapproche plus spécifiquement de l'anarcho-capitalisme, dont l'appartenance au courant anarchiste reste discuté.
  22. Argentine: leçons pour l’anarchisme - Actualité de l’Anarcho-syndicalisme
  23. Alternative libertaire - Dossier Argentine: Mouvement populaire: En attendant la nouvelle vague
  24. Philippe Nemo, Histoire des Idées Politiques, PUF, 2003, p.23-24.
  25. Increvables anarchistes
  26. ["Vivre l'Utopie - Vivir la utopía", documentaire sur l'experience anarchiste d'espagne 1936

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes


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