Edouard de Warren

Edouard de Warren

Edouard de Warren

Edouard de Warren
Parlementaire français
Naissance 4 avril 1871
Décès 22 mai 1962
Mandat député
Début du mandat 1919
Fin du mandat 1932
Circonscription Meurthe-et-Moselle
Groupe parlementaire URD
IIIe République

Le comte Edouard de Warren, né le 4 avril 1871 à Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime) et mort le 22 mai 1962 à Paris, est un homme politique français de la IIIe République.

Sommaire

Aristocrate et officier

Il est issu d'une vieille famille noble de Lorraine[1] . Son grand-père a été magistrat, son père, Lucien, comte de Warren, a été officier de cavalerie. Il suit des études au collège privé de La Malgrange, où il a comme condisciples François de Wendel, Louis Madelin et surtout Louis Marin, dont il est resté très proche par la suite. Il est élève à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr jusqu'en 1891. A cette date, il devient officier de cavalerie et est affecté au 16e dragons à Reims. Il quitte l'armée en 1900 pour raisons de santé, suite à un accident de cheval.

En 1914, il est rappelé et affecté à l'état-major de la brigade de réserve de la 71e division de la Ire armée. Il rejoint le front en Lorraine à sa demande comme capitaine en 1915. Il est affecté en 1916 à l'état-major du général de Maud'huy devant Verdun.

Intoxiqué par les gaz en 1917, il est nommé chef de mission au Ministère de l'agriculture, chargé d'organiser des syndicats, des associations agricoles et des coopératives dans les régions libérées. Il fonde la Confédération générale des associations agricoles en 1919 dont il devient commissaire général. En 1924, il est président de l'Union lorraine des syndicats agricoles.

Il est titulaire de la croix de guerre avec 3 citations.

Député de la Fédération républicaine et membre de la "garde lorraine" de Louis Marin

Elu en novembre 1919 sur la liste menée par Louis Marin et Albert Lebrun en Meurthe-et-Moselle, il est réélu en 1924 sur la liste de Louis Marin. Il est réélu en 1928, cette fois au scrutin d'arrondissement, à Nancy. Membre de la Fédération républicaine, il est secrétaire général du groupe URD à la Chambre, puis vice-président en 1930.

Il est aussi conseiller général du canton de Nancy-Ouest depuis 1925.

Il devient membre du conseil d'administration en 1925 puis président du conseil d'administration et administrateur-délégué en décembre 1927 de la Presse de l'Est , qui édite à Nancy le quotidien conservateur, catholique et patriote "L'Eclair de l'Est", contrôlé depuis 1925 par Louis Marin et François de Wendel[2] . Il cherche à convaincre ces derniers de la nécessité de fortifier la Fédération républicaine en Lorraine et de développer le quotidien, afin notamment de lutter contre l'essor du Parti démocrate populaire. Il écrit ainsi à Louis Marin en 1926 pour le persuader de constituer "notre groupe lorrain de l'Eclair de l'Est" ainsi qu'un "groupement de Fédération républicaine" en Meurthe-et-Moselle[3]. En 1927, il écrit à Jules Dassonville, l'animateur de La Presse régionale, pour lui faire part de ses projets : faire de "l'Eclair de l'Est" "un grand régional se conjuguant avec notre action politique dans les quatre départements lorrains", installer dans l'immeuble du quotidien, place Carnot à Nancy, "un bureau politique régional lorrain" de façon à constituer "une force complète réelle et visible de tous"[4] . Il fait venir des Vosges pour cela Emile Meyer, afin de seconder puis de remplacer à sa mort le directeur de "L'Eclair de l'Est", Paul Sordoillet, qu'Edouard de Warren trouve trop âgé et dont il déplore l'inertie[5]. mais un plan ambitieux de développement et de modernisation du journal achoppe sur les difficultés financières structurelles du quotidien, qu'Edouard de Warren n'avait pas prévu, de même qu'il ne se rendait pas compte que sa volonté de concurrencer "L'Est républicain" sur le terrain des ventes ne s'accordait pas avec son projet de faire de "L'Eclair de l'Est" un quotidien militant au service de Louis Marin et de la Fédération républicaine. Le besoin de capitaux fut chronique, or Edouard de Warren est réticent à reconnaître que François de Wendel et son argent sont en position de force. Il écrit par exemple à Marin : "Je resterai à L'Eclair que si François et toi vous y tenez, et si François me donne la possibilité d'y parler net et seul car François y a quelquefois parlé en dehors de moi, président, et pas dans notre sens"[6] .

Catholique pratiquant, il soutient la Fédération nationale catholique, et ses groupements affiliés en Lorraine, et notamment l'Union catholique et la Fédération des catholiques vosgiens, au moment de la lutte contre le cartel des gauches. A Nancy, il est surtout proche des Fraternités - il appartient à la Fraternité Saint-Sébastien - et de la génération marquée par l'Affaire Dreyfus et la crise de la Séparation de 1905, des anciens cadres de l'Action libérale populaire qui ont rejoint la Fédération républicaine et sont proches des ligues.

Il partage l'intransigeance de Louis Marin à l'égard de l'Allemagne, de la politique d'Aristide Briand et des partis de gauche. Il forme avec François de Wendel la "garde lorraine" de Louis Marin à la Chambre. En 1932, dans sa profession de foi, il affirme sa volonté de "mettre en échec la conjuration maçonnique et allemande", allusion à la politique de Briand et à l'action des démocrates-chrétiens. Il se déclare hostile au PDP et à son "oeuvre de désunion nationale" ainsi qu'à la "concentration républicaine qui mène au cartel"[7]. En novembre 1932, il écrit au maréchal Lyautey, à propos du numéro du 15 octobre des "Annales de la jeunessse française" de l'ACJF et de ses articles pacifistes : "Je partage nettement tous vos sentiments et toutes vos idées. La France se laisse décomposer ! Il est temps de réagir" alors que "le salut de la France est en jeu et aussi le sort de la religion en France"[8] .

Son intransigeance[9] et son hostilité à l'égard du Parti démocrate populaire l'amènent à un conflit avec ce parti, qui provoque de vives tensions au sein du monde catholique de Meurthe-et-Moselle, à Nancy surtout, entre les Fraternités et l'Union catholique affiliée à la Fédération nationale catholique, entre l'ancienne génération de catholiques traditionnels qui l'entoure, assez nationalistes, et une nouvelle génération, proche du PDP et favorable à la politique de Briand, qui veut se dégager de l'emprise des notables traditionnels. Ces tensions sont avivées par "L'Eclair de l'Est" et plus encore par les royalistes de Meurthe-et-Moselle et leur périodique "Le Courrier de Lorraine et de Franche-Comté" dirigé par Charles Berlet, qui partagent l'intransigeance d'Edouard de Warren à l'égard de la politique de Briand et en profitent pour règler des comptes, à la suite de la condamnation pontificale de l'Action française.

Ce conflit explique ses échecs électoraux. Il est battu en 1931 aux cantonales, vaincu par un candidat du PDP, l'adjoint au maire de Nancy Marchal qui l'emporte au second tour, puis en 1932 aux législatives : le maintien d'un candidat PDP au second tour, Pierre Fisson[10] , provoque la défaite du député sortant et l'élection d'un radical, Emile Seitz. Les journaux électoraux des candidats Pierre Fisson et Edouard de Warren se sont consacrés presque uniquement à s'entre déchirer. Eddouard de Warren est par exemple accusé d'évoluer vers "la droite extrême" et d'être soutenu par les royalistes de l'Action française[11] .

Il se retire alors de la vie politique et abandonne ses mandats de présidents en 1933, pour s'occuper de questions coloniales. Il quitte la fonction de président du conseil d'administration de la Presse de l'Est le 8 juillet 1933. Il quitte aussi la présidence de l'Union lorraine des syndicats agricoles. Son successeur, le colonel Lyautey, insiste pour lui attribuer le titre de président d'honneur.


Membre du "parti colonial"

Il s'est installé en 1901 en Tunisie, où il possède un domaine. Il est président fondateur de l'Association agricole de la Tunisie et de la fédération des œuvres de la mutualité de la Régence. Il obtient en 1911 la Légion d'honneur. Il demeure en Tunise jusu'en 1914.

En 1927, il fonde et préside la sous-commission du Transsaharien à la Chambre. En 1928, il préside le groupe de l'Afrique française. Il préside également le groupe extra-parlementaire d'Algérie-Tunisie-Maroc. Il est membre de l'Académie des sciences d'outre-mer, de l'Institut colonial français, de la Société de géographie commerciale, de l'Union coloniale française.

Il est enfin président du conseil d'administration de la Société générale d'immigration, fondée en 1924, dont la mission consiste à recruter et à acheminer en France des travailleurs étrangers afin de pallier le manque de main-d'oeuvre[12] .

Sources

  • Jean-François Colas, Les Droites nationales en Lorraine dans les années 1930 : acteurs, organisations, réseaux, thèse de doctorat, Université de Paris X-Nanterre, 2002, 3 volumes
  • Jean El Gammal (dir.), Dictionnaire des parlementaires lorrains de la IIIe République, Metz, Éd. Serpenoise, 2006, p. 188-189
  • Jean Jolly (dir.), Dictionnaire des parlementaires français, Paris, P.U.F., 1960
  • Jacques Nouel, "Carnets de route d'un officier lorrain, le capitaine Edouard de Warren dans les combats en Lorraine de l'automne 1914", in "Le Pays lorrain", 1977
  • Ali Mahjoubi, "Les origines du mouvement national en Tunisie (1904-1934)", Université de Tunis, 1982
  • Laurent Ducerf, "François de Menthon: un Catholique au service de la République, 1900-1984", Cerf, 2006


Notes et références

  1. Alain Petiot, "Les Lorrains et l'empire: Dictionnaire biographique des Lorrains et de leurs descendants au service des Habsbourg de la maison d'Autriche", Mémoire & documents, 2005
  2. Cf. La Presse régionale pour la fondation et l'évolution du quotidien.
  3. Lettre à Louis Marin, 17 mars 1926, in Jean-François Colas, op. cit., p. 15
  4. Lettre à Jules Dassonville, 3 août 1927, in Jean-François Colas, p; 15
  5. "C'est la faiblesse de ce brave vieillard de Sordoillet qui fait tout le mal : il décourage, il laisse se développer les jalousies, met l'indiscipline...", lettre à Louis Marin, 19 septembre 1927
  6. Cité par Jean-François colas, op. cit., p. 41. Edouard de Warren est allé jusqu'à qualifier François de Wendel de "féodal" dans une lettre adressée à Marin en 1930.
  7. In Jean-François Colas, op. cit., p. 518
  8. Lettres à Lyautey, 23 novembre 1932 et 27 novembre 1932; in Jean-François Colas, op. cit., p. 584-585. Le maréchal s'est ensuite rendu à Nancy pour prendre la parole contre les écrits des "Annales".
  9. Ainsi le R. P. Lejosne, fondateur et directeur du G.E.C. ( Groupe des étudiants catholiques ) à Nancy, qui n'est pourtant pas un partisan du PDP, dresse le portrait suivant d'Edouard de Warren : "Mais qu'il est difficile de parler avec celui ci ! de grands mots, des retours sur le passé, des visions horrifiques de l'avenir, des anathèmes, c'est tout..."; Lettre du R. P. Lejosne au maréchal Lyautey en 1929, cité par Jean-François Colas, op. cit., 326
  10. Il est le fils de Charles Fisson ( 1885-1917 ), propriétaire des cimenteries de Xeuilley, maire de cette commune et conseiller général, président du conseil d'administration de "L'Est républicain" de 1890 à 1903 et de 1911 à 1917, actionnaire de plusieurs entreprises.
  11. Jean-François Colas, op. cit., p. 330
  12. Ralph Schor, "L'opinion française et les étrangers en France, 1919-1939", Publications de la Sorbonne, 1985
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